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RACINES
PROJET
GIPTIS
POLYPTYQUE
NATUR AL
KILLER
OPEN ENLUMINURES
TAR ASQUE
S A I N T- G A B R I E L
MARLON BRANDO
GRATTE-SEMELLE
MÉRIMÉE
REINE DES NEIGES
RECAMPAR
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ACCENTS DE PROVENCE N°232 :: RACINES
RACINES
L’INVITÉ
L’ancien capitaine
de l’équipe de France
a démarré sa carrière
de tennisman
professionnel en
1996, la même année
que fut créée
l’association
Fête le mur*,
dont il parraine
l’antenne
du Jas de Bouffan
à Aix-en-Provence.
€* Association créée en 1996
par Yannick Noah pour permettre aux
enfants des cités de jouer au tennis au
cœur même de leur quartier - 28 sites
aujourd’hui dont un à Aix-en-Provence
et un à Marseille soutenus depuis leur
création, en 1996 et 1997, par le CD13.
Les premières fois où vous avez
touché une raquette ?
J’ai commencé le tennis à 7 ans parce
que ma mère, qui elle-même a commencé tardivement à jouer, était prof
de tennis. Mais je jouais comme ça, 3
fois par semaine, pas plus. Je ne rêvais
pas de devenir pro !
Vos débuts sur le circuit professionnel,
c’était comment ?
Mes parents m’ont dit, “si tu as ton
bac du premier coup, on t’offre une
année pour ne faire que du tennis.”
J’ai eu mon bac et je suis passé de 3
entraînements par semaine à deux par
jour. J’ai progressé à la vitesse grand V,
rattrapé les gars de mon âge qui
avaient déjà un gros niveau. Et j’ai
commencé les tournois en France.
Puis en Europe. Puis dans le monde !
C’était assez déstabilisant, parce que
je n’étais jamais parti de chez moi, à
Aix, plus d’une semaine et demi !
Etiez-vous intimidé quand vous
croisiez les stars de votre époque ?
Pas vraiment. En fait pas du tout !
J’étais peut-être un peu spécial, mais
je ne regardais pas le tennis à la télé
quand j’étais petit. Ce qui fait qu’au
tout début, quand je croisais un top
ten, je ne pouvais pas être trop intimidé ! Je n’avais aucune idole !
Et la peur avant d’entrer sur un court,
vous avez connu ?
Oui, une fois. C’était à Roland-Garros,
contre André Agassi, qui était une
sacrée légende du tennis. Ma première
fois sur le central également. J’étais
très impressionné !
Quel est votre plus beau souvenir ?
Il y en a 3. Ma finale en 2001 à l’Open
d’Australie. Puis ma victoire à l’Open 13
en 2006, un souvenir incroyable, parce
qu’à chaque fois que je levais les yeux,
dans les loges, je voyais mes copains,
© audecepika
Arnaud CLÉMENT
ma famille, mes grands-parents !
C’était génial ! Enfin notre victoire en
Coupe Davis en 2001. J’étais remplaçant, mais cette victoire de la France,
cette balle de match de Scud (Escudé,
NDR), il y avait aussi Seb (Grosjean),
c’était incroyable !
Êtes-vous souvent sollicité pour de
belles causes comme celle de
l’association Fête le mur ?
J’ai été tellement occupé de par le
monde par mes activités de joueur
puis de capitaine de l’équipe de France
de Coupe Davis que je n’ai fait jusqu’à
présent que répondre à des invitations ponctuelles. Pour Fête le mur, je
rencontre les enfants, je joue un peu
avec eux. Je trouverais bien aussi que
le milieu du tennis se bouge pour une
cause comme celle du Téléthon.
Propos recueillis par Ch. François-Kirsch
ACCENTS DE PROVENCE N°232 :: RACINES
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VISAGES
RACINES
NICOLAS LÉVY
La carte gènes
D
epuis des études médicales à Marseille, un engagement humanitaire en Afghanistan, un post-doc
effectué aux États-Unis, la création et la direction
de la Fondation maladies rares à Paris pendant 5
ans : rien n’y fait, le Professeur Nicolas Lévy revient
toujours à Marseille. “J’y suis chez moi, je fais le
choix d’y rester. Cette ville, je l’aime, elle mérite
qu’on s’y investisse. Et en matière de santé, nous avons un potentiel
extraordinaire avec tout un écosystème que l’on ne retrouve quasiment nulle part ailleurs : des compétences complètes (recherche,
soins, prise en charge) sur des thématiques très fortes (génétique,
maladies infectieuses, immunologie, neurosciences, oncologie,…)”.
Et c’est à Marseille que ce médecin et chercheur de renommée internationale pour ses travaux sur le vieillissement prématuré, directeur du département de génétique médicale à la Timone enfants,
directeur d’une unité de recherche mixte Aix Marseille Université
- Inserm, va porter sur les fonts baptismaux le projet qui est l’aboutissement d’une vie : la création de l’Institut GIPTIS, “Genetics Institute for Patients, Therapies, Innovation and Science”. À l’horizon
2020, sortira de terre sur le campus hospitalo-universitaire de la
Timone, ce “ lieu unique”, qui réunira ce qui se fait de mieux en
matière de soin et de recherche sur les maladies génétiques rares,
“qu’il s’agisse d’équipes en recherche fondamentale ou appliquée,
de prise en charge des malades comme de développements thérapeutiques avec la présence dans l’institut de start-up et d’industriels du médicament”.
LES PATIENTS AU CŒUR DE CE NOUVEL INSTITUT
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Plusieurs grandes équipes de recherche internationales ont déjà
manifesté leur intérêt pour rejoindre l’Institut GIPTIS qui est en
cours de création avec l’AP-HM, Aix-Marseille Université et l’Inserm. Cet institut de 22 000 m2 fédèrera 450 médecins, soignants
et chercheurs, et placera les patients au cœur de son organisation.
“C’est ma conviction de départ : tout malade doit avoir accès à des
soins. Or s’il existe plus de 8 000 maladies rares, moins de 5% des
malades peuvent aujourd’hui bénéficier d’un traitement spécifique.
Pourtant, rien qu’en France, nous comptons 3 millions de malades.” Qu’est-ce qui permet d’espérer une accélération des développements thérapeutiques grâce à GIPTIS ? “La mise en place du
continuum indispensable entre soin et recherche et une proximité
entre chercheurs académiques et entreprises sont les facteurs clés
d’accélération de développement de médicaments pour ces maladies. Nous sommes par ailleurs en mesure de démontrer que les
maladies rares nous apprennent énormément sur des pathologies
plus communes et sur des mécanismes de fonctionnement du vivant en général.” Et parce qu’il faut toujours revenir à Marseille,
celui qui a mis en évidence le gène de la Progéria -maladie rare du
vieillissement- abat une dernière carte : “ l’ouverture sur la Méditerranée -d’où le clin d’œil à Gyptis et au mythe fondateur de Marseille- où ces maladies sont plus souvent rencontrées du fait de pratiques sociales et culturelles telles que les unions entre apparentés.”
Notre objectif : Faire de Marseille la capitale euro-méditerranéenne
à la pointe de la santé et ensuite dupliquer le modèle de Institut
GIPTIS en Méditerranée.
Jean-Michel Amitrano
ACCENTS DE PROVENCE N°232 :: RACINES
© Jean Marie Huron
ILS INVENTENT LA MÉDECINE DE DEMAIN
VISAGES
ÉRIC VIVIER
I
Scientifique révolutionnaire
l fait partie des scientifiques les plus influents de la planète
selon le dernier classement Thomson Reuters 2015. À la
tête du Centre d’Immunologie de Marseille-Luminy
-CIML-, Éric Vivier a posé ses valises ici, aux portes des
Calanques, en 1993, en provenance directe de l’Université
d’Harvard, pour ne plus repartir. “Parisien de souche,
j’étais un pur produit des grandes écoles. Je ne connaissais
pas Marseille, je ne regrette rien. Car en immunologie,
c’est ici, sur ce territoire, que ça se passe”, explique t-il. Et
l’année 2016 ne viendra pas le contredire. C’est son année,
l’Année de l’Immunologie, avec les 40 ans du CIML, la
mise en place opérationnelle de Marseille Immunopôle, les
50 ans de la Société française d’Immunologie, le Congrès
mondial de l’Immunologie. Beau programme comme une
preuve, s’il en fallait une, que la révolution thérapeutique
que constitue l’immunologie contre les cancers et les
maladies inflammatoires se joue aussi ici. “L’immunologie
est une science qui soigne. En effet, chez chacun d’entre nous,
l’immunité est en lutte constante contre toutes les infections.
Notre système immunitaire constitue donc un médicament
multicarte. C’est pourquoi, il faut l’étudier de près.” Et c’est
ce que s’attache à développer, avec succès, le CIML dans ses
recherches. “Ici, on regarde la cellule, la molécule. On observe
comment les cellules immunitaires reconnaissent les cellules
tumorales et essaient de les éliminer”, explique patiemment
Éric Vivier. Ces cellules, baptisées Natural Killer, disposent en
effet de récepteurs de surface spécialisés dans la reconnaissance
de certaines molécules tumorales. C’est là l’une de ses
grandes découvertes qui aboutira demain à des innovations
thérapeutiques majeures dans le traitement des cancers. “Le
CIML s’est trouvé au début de l’histoire de ces découvertes”,
précise le scientifique, non pas pour s’approprier la paternité des
recherches mais pour expliquer que la recherche fondamentale
est un investissement de long terme qui comprend un risque.
“Investir dans la recherche en fonction d’une application
directe, ça ne marche pas. Les médicaments d’aujourd’hui, on
les a rêvés il y a 20 ans ! L’histoire des sciences montre que bien
souvent la connaissance est collective et qu’aucune révolution
scientifique n’a été prévisible.”
“C’EST ICI QUE ÇA SE PASSE !”
À la tête du CIML, Éric Vivier insuffle cette philosophie et
cette culture du risque. Et ça marche. En quelques années,
l’Institut a essaimé des pépites parmi lesquelles des entreprises
biopharmaceutiques innovantes : Ipsogen, Immunotech ou
encore Innate Pharma, cotée en bourse, dont Éric Vivier est l’un
des co-fondateurs. L’essaimage, les synergies, les partenariats,
c’est un peu son ADN. “L’union fait la force” clame t-il. Il
conçoit d’ailleurs le CIML comme le maillon indispensable
pour passer de la recherche purement fondamentale aux
applications cliniques et industrielles qui feront les thérapies
de demain. “C’est aussi la force de Marseille Immunopôle qui
fédère toutes les expertises du territoire, soit une trentaine de
structures publiques et privées, autour d’un objectif : accélérer
le développement de l’immunothérapie contre les cancers et
les maladies inflammatoires. C’est ici que ça se passe et c’est
unique en France.”
Pascale Hulot
Le CIML regroupe 185 scientifiques issus de 24 nationalités différentes.
ACCENTS DE PROVENCE N°232 :: RACINES
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