la belgique, 33 000 km2 etonnants

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la belgique, 33 000 km2 etonnants
LA BELGIQUE, 33 000 KM2 ETONNANTS
Les belges ne font rien comme les autres. Et c’est souvent bon signe.
Alors, comme on dit ici, « alors » c’est un pays qui ne ressemble à aucun autre, ni politiquement, ni culturellement. Pour un expatrié français, vivre en Belgique
c’est tenter de comprendre un pays presque incompréhensible, surprenant, désarmant et attachant. Pour reprendre une expression sur le nord de la France
« on pleure quand on arrive et on pleure quand on repart ».
Et tout commence par la géographie et la politique.
Dont l’objectif consiste à orchestrer quotidiennement une improbable équation : fait vivre 3 populations avec 3 langues officielles, le français, le néerlandais
et l’allemand, dans un pays grand comme un confetti et pourtant le plus densément peuplé en Europe (ex-aequo avec les Pays-Bas).
Ici on dit que « la distance c’est le bout de la rue », c’est vrai, la preuve : la superficie de la Belgique est comparable à celle de la région Bourgogne, Il y
autant de belges que de franciliens. Ici les flamands néerlandophones, ici les wallons francophones et ici les germanophones. Enfin, à part quelques
communautés francophones ici, germanophones ici et flamandes là. A part aussi Bruxelles, la capitale, qui est en région flamande mais est une ville où le
bilinguisme est obligatoire. Vous suivez ?
3 langues mais aussi 3 systèmes politiques regroupés dans un système fédéral le tout sous l’œil d’une royauté constitutionnelle. on dénombre en Belgique 6
parlements, 50 ministres parlant trois langues différentes. Sans compter à Bruxelles le parlement et la commission européenne, l’OTAN qui attirent jusqu’à 150
nationalités dans la capitale, autant qu’à New-York - Résultat : un vrai casse-tête institutionnel.
Accrochez-vous : ici une famille francophone peut dépendre du gouvernement central pour les pensions, d’une institution francophone pour l’école de
musique, et d’une institution germanophone pour certaines écoles, du gouvernement de Bruxelles pour les poubelles … Donc 4 gouvernements
d’organisation et de langues différentes peuvent travailler pour cette seule famille. Incroyable ? Non, belge.
Ici on est en Flandres et le courrier est distribué par la poste flamande. Mais ici on est en Wallonie et c’est un postier francophone.
La question est : par quel miracle cette construction politique et sociale tient-elle ?
Les belges parlent, impossible de faire autrement, on appelle même cela le consensus belge et c’est une spécialité nationale.
Une curiosité qui consiste enfermer un groupe de politiques jours et nuit dans un lieu isolé avec pour obligation de n’en sortir qu’après avoir trouvé un accord.
Morts ou vifs mais avec un accord. .. Ici la patience et la placidité sont de rigueur. Car le consensus prend du temps, comme pour faire un bon Waterzoi. Les
belges détiennent un étonnant record mondial : 541 jours sans gouvernement.
Une conception de la chose politique parfois étonnamment créative. En 1990, le roi des belges s’est opposé à la loi sur l’avortement et à évité l’implosion du
pays en abdiquant… pendant deux jours… le temps de laisser la loi être adoptée avant le reprendre tranquillement a couronne. Quel autre pays au monde
aurait envisagé une solution politique aussi acrobatique et pragmatique ?
Quelle est l’origine de cet état d’esprit si singulier, manifestement imprégné d’ouverture. En Belgique, l’euthanasie est légale depuis 13 ans, le mariage gay
depuis 12 ans, l’éducation est obligatoire jusqu’à 18 ans, avoir 3 g de cannabis dans sa poche laisse la police indifférente. Dans le monde, c’est aussi le pays
qui accorde le plus de naturalisations avec le Canada. Et on peut choisir sa caisse de sécurité sociale en fonction ou non de ses convictions religieuses ou
politiques.
Vivre dans une telle complexité doit probablement exiger de compenser par une volonté de simplicité et une bonne dose d’humour.
Pas étonnant que la Belgique soit le pays comptant le plus de dessinateurs de bd au mètre carré.
A Bruxelles, l’humour est partout. La première blague étant de connaitre le nom de la ville dans les 3 langues.
Les peintres primitifs, les surréalistes se sont épanouis ici, leur héritiers ont fait de la ville la capitale de la bd.
Dans les rues, le regard est accroché par les murs entiers recouverts de planches. L’œil sourit en lisant les noms de rues rebaptisées. Ici, le plus célèbre des
monuments historiques mesure 20 c m de haut, fait pipi devant vous et a un dressing à faire frémir toute fashionista. Les belges s’amusent aussi à dire que le
Mannekenpiss est l’attraction à aller voir absolument pour entendre dire « Oh il est tout petit » en dizaines de langues différentes. Un monument national en
forme d’atomes ? Oui c’est possible, mais derrière la blague se cache souvent de sérieuses constructions intellectuelles.
Dans le domaine des TICE, on pense à Cailleau qui fut l’inventeur du web avec XXX. Le premier journal imprimé dans le monde le fut à Anvers en 1607. A
croire qu’ils avaient anticipé le besoin d’impression d’un pays où tt est imprimé en deux langues ou presque...
Un dynamisme aussi créatif. La Belgique compte le plus grand nombre de châteaux au m2 en Europe, aux architectures imprégnées d’influences françaises,
néerlandaises, allemandes, espagnoles, bourguignonnes, traces des invasions constantes. Plus nombreux, plus vastes, plus hauts : le Palais Royal est plus grand
que Buckingham Palace, qui n’est pas connu pour avoir la taille d’une boite à chaussures. A Anvers, le premier gratte-ciel européen a avoir été construit est
le « Torengebow ».
Un peuple qui est capable de consensus et aime rigoler sait se retrouver autour des fondamentaux de la vie, dont ceux de la table. Impossible d’ailleurs de ne
pas parler de la Belgique sans évoquer la bière, les frites et le chocolat.
De l’alcool, du gras, du sucre. Sans surprise, L’IMC, le chiffre redouté qui vous dit si votre poids est normal ou si le régime vous guette, a été inventé par un
belge. De là à penser qu’il a réalisé que la Belgique est finalement une grande friteuse… Le cornet est à chaque coin de rue et vous nargue. Le chocolat est
forcément meilleur qu’en Suisse évidemment, l’argument étant qu’il est plus fort en cacao.
Savez-vous quel est l’endroit où l’on vend le chocolat dans le monde ? C’est à l’aéroport de Zaventem., à Bruxelles !
Enfin la bière pardon les bières. De 0 à 10 degrés, de toutes les couleurs, à tous les gouts, il en existe plus de 700, les amateurs parlent de plus de 1000 sortes
différentes.
C’est presque cela la Belgique. Un pari, politique, économique, sociologique, culturel...
La parole, le consensus, sont déterminants pour favoriser l’accord, stimuler la créativité, indispensable pour rester debout, solidement ancré au cœur de
l’Europe.
Autour d’une bière, Sans sombrer dans l’ivresse mais avec un cœur et un esprit léger, l’humour belge et la créativité pétillent, moussent, nourrissent les
échanges, l’imaginaire, le consensus. S’il est 20h, c’est l’heure du souper parce que diner c’est déjeuner, une légère drache (pluie fine) commencer à
tomber. Ce matin, il faisait froid, à midi, soleil, cet après midi une tempête rapide, ce soir, c’est l’inconnu. On s’installe à une table commune ; En dégustant
une « crasse », une délicieuse saleté de chips, chocolat, sucrerie, ou un « pistolet »., on parle du « brol » du pays (désordre) où l’on s’entend pas tant que ça
mais qui fonctionne plutôt pourtant bien, de l’athénée (collège) où les enfants ont pour obligation d’apprendre le néerlandais mais différemment de celui
parlé aux Pays-Bas, du taux d’imposition le plus élevé d’Europe, des quartiers ou villages en mal d’intégration. On grignote un spéculoos offert partout, les
bocks se remplissent, on parle des enfants encore, dixit l’Unicef le pays numéro un pour le bien-être des enfants. Et on répond « ca va » expression belge n°1
intraduisible littéralement mais qui veut dire que oui, on est d’accord. Voilà, tout est dit : En Belgique, pour dire qu’on est d’accord, on dit que ca va. Et ça va
bien aussi.
Ecriture, montage, audio : Stéphanie Courgey IPM EAD 2014-2016 « Journal d’une cocotte française à Bruxelles »
Blague belge : Quelle est la différence entre Dieu et un français ? Dieu ne se prend pas pour un français … espérant n’avoir effleuré aucune susceptibilité, ni
caricaturé, …