HISTOIRE DU PRINCE PIPO Dossier Pédagogique
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HISTOIRE DU PRINCE PIPO Dossier Pédagogique
HISTOIRE DU PRINCE PIPO Dossier Pédagogique Sommaire : p 1 : pourquoi conduire sa classe voir « l’histoire du Prince Pipo » ? p 2 : comment préparer ses élèves à voir « l’histoire du Prince Pipo » ? p 3-5 : comment exploiter le spectacle après la représentation de « l’histoire du Prince Pipo » ? Pourquoi conduire sa classe voir notre « prince Pipo » ? 1) D’abord pour le plaisir du théâtre : argument paradoxal quand on sait que ce texte est un conte, et non pas une pièce de théâtre. La théâtralité habite ce conte. Non pour la simple raison qu’il contient des scènes dialoguées ; c’est le cas de presque tous les contes. Mais parce qu’il induit dans les rapports entre les personnages qui participent à ces scènes un extraordinaire jeu de miroirs : le prince Pipo baptise son cheval Pipo ; il tombe amoureux de la princesse Popi ; il la rencontre dans un rêve qui le confronte à deux valets jumeaux ; à ses parents royaux se substitue le reflet dégradé d’un couple de nains misérables ; et Pipo finit par se prendre pour son père dans le miroir du château familial retrouvé. Le texte recèle une foule d’effets visuels et verbaux qu’il est plus que tentant de faire exister sur une scène. Rien de tel pour donner de « l’esprit » aux enfants, ou simplement l’exercer, car, tout naïfs qu’on les suppose, ils ne manquent pas du sens de l’humour. 2) Ensuite pour la beauté du texte : « L’histoire du Prince Pipo » est un vrai conte avec prince, princesse et château. C’est aussi l’œuvre d’un grand conteur, dont nous avons voulu faire entendre aux enfants la prose admirable. C’est pourquoi nous avons développé à plein le concept de « conte en scène », qui permet de faire « lire » le texte au spectateur tout en le jouant. Trop de beaux récits dorment dans les livres, auxquels les enfants, accaparés par les images qui défilent sur les écrans, n’accèdent plus. Le théâtre peut devenir le lieu de leur réveil, à condition que soit préservée la lettre du récit. La représentation ne doit pas amputer le langage de son pouvoir d’évocation. Le spectateur, au-delà de ce qu’on lui montre, est invité à imaginer ce qu’on lui dit. L’imagination verbale, dont procède le plaisir de lire, peut se cultiver sur la scène ; et c’est une des missions que nous avons envie de remplir auprès du jeune public. 3) Enfin pour l’originalité de la mise en scène : En renonçant à le représenter… dans sa littéralité. Comme l’auteur, nous désirons qu’après chaque épisode le spectateur dispose d’une page blanche pour y dessiner librement ce qu’il imagine. C’est pourquoi nous avons choisi le détour de la métaphore, et d’une métaphore plutôt insolite, celle du parapluie. L’objet s’est révélé étonnamment propice à la métamorphose, et par le fait du décalage toujours porteur d’humour. Tour à tour lustre, table, volcan, cheval, ou plus prosaïquement canne ou 1 ombrelle. On a dû le multiplier par 50 pour lui faire évoquer la façade du château ou les rayons chargés de livres d’une bibliothèque. Ou plus poétiquement les parois du couloir infini du rêve. Il est la pièce maîtresse de notre machine à jouer qui se caractérise surtout par sa simplicité , et sa mobilité , puisque nous disposons de cadres montés sur roulettes pour changer la structure de l’espace scénique. Rien ne doit faire obstacle à la vélocité du récit : nos parapluies ne représentent pas, ils suggèrent ; se pliant ou se dépliant au gré de l’imagination du conteur. Les enfants sont donc invités à décoder ce qu’ils voient, et ils y prennent le même plaisir- osons le dire – intellectuel que les adultes. Comment préparer ses élèves à voir « l’Histoire du Prince Pipo » ? Disons tout de suite que cette préparation n’est pas indispensable ; les quelques tests que nous avons effectués nous l’ont montré. 1) Si vous avez entamé un travail sur le conte , vous trouverez dans ce texte un modèle du genre: les enfances du héros, destiné au trône, l’événement perturbateur qui le destitue et fait de lui un paria, la rencontre d’une princesse non moins déchue que lui et l’amour de son petit cheval rouge, qui lui donnent le courage d’échapper à la sorcière, pour retrouver finalement le château de ses vrais parents où il est couronné roi en même temps que marié avec sa sœur en mésaventure…Mais Gripari introduit mille trouvailles qui constituent autant de variantes par rapport au conte traditionnel , la plus évidente étant le choc qu’il n’épargne pas à son jeune personnage de la mort de ses parents. 2) Dans l’un des épisodes, notre héros est soumis à l’épreuve du conte ; il est obligé pour sauver sa peau de raconter une histoire, mais qui soit nouvelle ; il commet l’erreur de commencer « Le Petit Chaperon Rouge », puis « Barbe Bleue » de Perrault. La connaissance de ces deux histoires occasionneront un effet de reconnaissance qui peut procurer aux élèves un plaisir culturel de complicité avec l’auteur. 3) Enfin si vous les initiez au texte de théâtre, vous le ferez sans doute en l’opposant au texte de récit, qui ne se réduit pas comme le premier à un enchaînement de répliques, dites par des personnages qu’il est nécessaire d’incarner par des acteurs différents. Ils verront facilement sur un exemple aussi simple que « Le Petit Chaperon Rouge » la nécessité de biffer les parties narratives, au risque de rendre incompréhensible la représentation du conte, si on ne garde que les dialogues. Cet exercice, effectué sur de toutes petites séquences, se révélera particulièrement intéressant quand ils verront le spectacle. Vous verrez en effet que nous avons procédé d’une toute autre manière pour adapter le conte à la scène, puisque nous avons intégré le récit au jeu des comédiennes. 4) On pourra aussi, à condition de ne pas utiliser l’objet-clé du spectacle ( le parapluie), rendre les enfants sensibles à la métaphore visuelle. Il suffit de les 2 faire jouer « à la devinette » avec un objet banal, comme on peut en trouver dans une salle de classe : la brosse à effacer peut devenir une voiture qui se déplace sur la surface d’une table, la poubelle renversée un chapeau haut-de-forme, un balai une antenne de télévision etc. Ce jeu de métamorphose est le pain quotidien de l’imagination ludique ; c’est pourquoi nous l’avons mis au centre de notre représentation. Comment exploiter le spectacle après la représentation de « l’Histoire du Prince Pipo ? Les enseignants qui l’ont fait, à la suite des représentations-tests, ont exploré plusieurs pistes de lecture de ce spectacle, qui à cause de la richesse du texte et des particularités de la mise en scène, sont nombreuses. Indiquons-en quelques-unes. 1) le compte rendu de l’histoire : a) il peut se faire à partir de l’identification des personnages, qui n’est pas évidente dans la mesure où les deux comédiennes en incarnent un grand nombre, et surtout, de manière parfois très ludique, échangent leurs rôles. Les enfants se prêtent volontiers à ce jeu de repérage, et prennent la mesure du pouvoir de métamorphose d’un acteur . b) il peut se faire aussi à partir de l’énumération des lieux occupés par les personnages, et surtout de la manière dont le spectacle les suggèrent, sans recourir à des éléments autres que ceux qui sont présents dès la première minute de la représentation. On leur fera ainsi prendre conscience de la plasticité d’un espace, que le simple déplacement d’un cadre suffit à transformer. c) Il peut se faire également par l’étude de la lumière, dont les variations suivent de très les péripéties de l’histoire de Pipo ; on peut même facilement dégager la structure à travers l’évolution de l’éclairage : une première séquence lumineuse ( jusqu’au « volcan ») qui évoque l’enfance prometteuse du héros ; une deuxième séquence sombre qui touche au noir pour représenter la mésaventure de Pipo qui perd sa route, ses parents, et presque son identité ; une dernière séquence qui le ramène sur le chemin du château paternel s’achève sur les pleins feux des noces royales. d) Il peut enfin se faire plus subtilement encore par l’étude des couleurs, que l’éclairage met en évidence, puisque ce sont les parapluies qui leur servent de supports, lesquels accrochent merveilleusement la lumière, surtout lorsqu’ils sont déployés . 3 2) Le sens du texte : a) on aura sans doute le souci de vérifier si les élèves ont bien perçu les deux plans de la représentation : 1) le plan de « l’histoire de l’histoire » ,comme l’appelle Gripari, plan qui n’apparaît qu’au début et à la fin du spectacle, sous la forme d’un prologue qui nous fait rentrer dans le conte, et d’un épilogue, qui nous en fait sortir. Cette histoire de l’histoire se déroule dans « le magasin de parapluies ». Les personnages en sont : le client et la marchande. 2) le plan de l’histoire proprement dite, qui fournit le corps du spectacle, et qui se déroule dans un grand nombre de lieux que les éléments du magasin de parapluie vont permettre de figurer métaphoriquement. Les personnages en sont très nombreux ; ils gravitent autour du prince Pipo. b) on pourra inviter les enfants, après qu’ils auront récapitulé les aventures successives de Pipo, à interpréter son parcours, à partir de questions simples : 1) Ce qui lui arrive ne peut-il arriver que dans les contes ? le magasin d’enfants/choix des parents par les bébés / un cheval rouge / un volcan dans lequel on tombe sans brûler / une princesse dont on tombe amoureux en rêve et qu’on retrouve telle quelle dans la réalité / son nom qui est celui du héros renversé / celui du cheval qui est le même que celui du cavalier/ la sorcière du bord de l’eau qui se révèle être la fausse mère et l’aubergiste / le rat vert etc. 2) Ce qui lui arrive ne peut-il arriver qu’à un prince de conte de fées ? il aime les animaux, il parle à son petit cheval, il va trop loin, ne tient pas compte des avertissements de sa mère, et se perd, il devient un orphelin maltraité dans une mauvaise famille d’accueil, il tombe amoureux, est effleuré par la jalousie, et apprend quand il revient chez lui que ses parents sont morts, et qu’il doit devenir ce que fut son père, c’est-à-dire au fond un adulte qui ne peut plus compter que sur lui. 3) Comment ont-ils compris certains épisodes mystérieux ? comme la confrontation de Pipo avec le miroir, ou la lecture par Pipo du livre de sa vie, avec les jeux de télescopage temporel qui existe aussi au moment de la lecture du conte. Il y a mille petits mystères à éclaircir, ne serait-ce que le nom du héros que nous nous avons pris l’initiative de décomposer dans la scène du berceau « Pi-pi / Po-po » On amènera ainsi les enfants à prendre conscience de la profondeur du conte, c’est-à-dire de son rapport indirect, symbolique avec le réalité. Ils comprendront, sans le conceptualiser bien sûr, que le conte a une portée initiatique : il ne raconte pas seulement comment un prince devient roi, il montre surtout comment un enfant devient adulte ; le héros passe par les étapes qui attendent le jeune spectateur ; comme lui, il passera par l’épreuve excitante et angoissante de la transgression, qui lui fera perdre ses repaires au point de se sentir coupé de son passé ; comme lui il connaîtra la surprise de l’amour qu’il vivra à la manière d’un rêve, comme lui enfin il devra faire le deuil symbolique ou réel de ses parents ; et son accession à l’âge 4 adulte lui procurera peut-être comme à Pipo l’impression en grandissant d’être devenu son propre père … 3) La représentation : a) Combien de comédiennes ? combien de personnages ? qu’en conclure ? le pouvoir de métamorphose de l’acteur / la capacité d’imagination du spectateur b) A quoi servent les parapluies ? Que représentent-ils tour à tour ? lustre/ table / volcan / cheval / livre etc. c) Quelles sont les chansons du spectacle ? berceuse/ chanson enfantine / rap / berceuse / pseudo chanson des jumelles Quel épisode chacune connote-telle ? d) Quelles sont les couleurs dominantes ? jaune- orange – rouge- grenat- bleu roi – bleu pétrole – vert bouteille - noir du clair au foncé, du chaud au froid pourquoi changent elles ? occultation des parapluies clairs avec la séquence égarement / parapluies transparents du rêve/ parapluie irisé ( toutes les couleurs car elle sait tout)de la sorcière du Bord de l’eau / parapluie vert pomme du rat( livre de la vie) e) comment l’éclairage évolue-t-il ? lumière-bonheur / obscurité-malheur intérieur / extérieur ou NB : les rubriques d) et e) recoupent les entrées c) et d)suggérées pour l’établissement du compte- rendu. 4) La lecture du texte original de Gripari : a) permettrait aux enfants de découvrir d’autres épisodes de « l’histoire du Prince Pipo » que notre transcription scénique a dû sacrifier au format nécessairement court de la représentation théâtrale. b) Permettrait aux enfants d’exercer leur imagination théâtrale sur l’un de ces épisodes (par exemple l’histoire du dragon ou celle du faux ami) sur le modèle de ce que nous avons fait, c’est-à-dire en recourant à la métaphore du parapluie , et à la technique du narré/joué. c) Permettrait aux enfants de faire eux-mêmes un petit travail de transposition théâtrale sur un petit conte comme « Le Petit Chaperon Rouge », ou sur une fable comme « La Cigale et la Fourmi », selon les principes que nous avons mis en œuvre dans notre spectacle. NB : la Compagnie « ça vient de se poser » est prête à intervenir dans vos classes pour participer avec vos élèves à cette relecture du spectacle. 5 6