penser le zouk - Bowdoin College

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penser le zouk - Bowdoin College
PENSER LE ZOUK
Symposium pluridisciplinaire
avril-novembre 2010
Martinique
Bibliothèque Schœlcher, Fort-de-France
18h00
PROGRAMME
Vendredi 9 Avril
Vendredi 30 avril
La musique créole : un marqueur de l’identité
Zouk et communication : marquer le monde en musique à l’ère de la
grande écoute
(Jean-Georges CHALI – Université des Antilles et de la Guyane,
Martinique)
Bibliothèque Schœlcher, 18h00
Modérateur : Karl SIVATTE, journaliste
Quand on évoque la question de la musique moderne et
de sa fonction dans la société créole antillaise, il est évident
que les approches divergent d’autant que la musique
n’est toujours pas considérée comme élément culturel et
économique déterminant. Comme tout ce qui constitue
l’identité culturelle et l’appartenance au monde caribéen
et panaméricain, la musique et spécifiquement le zouk,
est reléguée au plan de l’insignifiance. Musique le plus
récemment créée, donc moderne, le zouk subit les mêmes
rejets qu’ont subis en leur temps la musique et la danse
traditionnelles, le conte ou la figure du nègre marron.
L’opinion publique refuse de croire que cette expression
culturelle moderne peut, dans un premier temps, amplifier et consolider l’identité
culturelle. Dans un deuxième temps, qu’elle est émettrice de valeurs montrant au
reste du monde les potentialités peu exploitées et l’ingéniosité culturelle et artistique
relativement reconnue des peuples de la Caraïbe. En matière musicale, c’est par le
zouk que, durant les dernières décennies nous avons fait relation avec les mondes
américains, européens, africains et asiatiques. Cela dit, le zouk n’est pas une voie
inédite. Bien au contraire, il s’agit là d’une adaptation nouvelle, heureuse, productive
et créatrice de ce que savaient faire les aînés dans les fameux bals des casinos
parisiens par exemple. Ainsi, s’agit-il en somme de la continuation d’une tradition
bien ancrée dans les consciences et dans l’inconscient collectif. Les agents du zouk
ont su démontrer une grande capacité progressiste et combinatoire d’alliance
signifiante entre l’ancien et le nouveau pour l’équilibre et l’identification culturelle. En
nous reposant principalement sur les matières littéraires et orales, nous démontrerons
comment le zouk s’inscrit dans la continuité d’une tradition ancrée et qu’ainsi, bien
que produit postmoderne, il est syllogistiquement un produit traditionnel.
Jean-Georges CHALI est maître de Conférences en Littérature comparée à
l’Université des Antilles et de la Guyane en Martinique. Il est diplômé de l’université
Paris Sorbonne (Paris IV), a été successivement Directeur du Département des Lettres
Modernes, Directeur du CERALEC (Centre de Recherches et d’Etudes en Langues et
Littératures Comparées), Directeur de publication des Cahiers du CERALEC et de la
Revue Carilang et Doyen de la Faculté des Lettres de 2000 à 2005. Il est l’auteur
de nombreux articles sur les contes créoles et caribéens ainsi que sur la littérature
américano-caraïbe et panaméricaine. En 2006, il a publié Vincent Placoly : conteur
ou la projection esthétique d’un écrivain panaméricain et Le rapport à l’œuvre avec
Dominique Berthet.
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(Olivier PULVAR – Université des Antilles et de la Guyane, Martinique)
Bibliothèque Schœlcher, 18h00
Modératrice : Imaniyé (Dalila DANIEL),
auteure, compositeure, interprète, Martinique
Aux Antilles françaises, on oppose souvent le zouk
à d’autres formes musicales plus traditionnelles
pour remettre en cause sa place dans l’identité des
acteurs de ces territoires. Pourtant, cette musique
moderne antillaise est née à la fois d’une réaction
de résistance culturelle et de retour aux sources,
ainsi que d’un besoin d’innovation musicale en
matière de rythmes et par l’intervention d’instruments
nouveaux.
Comme d’autres courants musicaux antillais, le zouk autorise une diffusion
élargie des représentations identitaires de pratiques culturelles plus traditionnelles.
D’un côté, il opère un métissage qui répond à l’exigence contemporaine de
l’internationalisation ; de l’autre, il élabore une conceptualisation devant satisfaire
à la maîtrise d’un savoir culturel qui alimente les arts et la vie sociale dans les
frontières intérieures des territoires.
Dans un monde de marchandisation, les cultures au fondement d’identités collectives
minoritaires sont confrontées à des enjeux sociaux d’importance. Comment peuventelles s’inscrire dans des sociétés travaillées par la standardisation et l’uniformisation?
Si le zouk assure la relation avec les modèles standardisés, ce rapprochement suffit-il
aux porteurs des identités antillaises pour organiser socialement l’intérieur de leurs
frontières?
Olivier PULVAR, est sociologue et maître de conférences en Sciences de
l’information et de la communication à l’Université Antilles-Guyane (Martinique).
Il est membre du Centre de Recherche sur les Pouvoirs Locaux dans la Caraïbe
(UMR 8053 CNRS) et l’auteur de plusieurs articles sur la place des identités
collectives dans les organisations et l’espace public. Chercheur associé au
Laboratoire Communication et Politique (UPR 3255 CNRS), ses travaux analysent
les transformations sociales des mondes créoles en liaison avec le développement
généralisé des phénomènes d’information et de communication.
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Mercredi 26 mai
Vendredi 9 juin
L’esthétique du zouk : entre vacuité annihilante, délire signifiant et
réalisme novateur
Table ronde: «Le texte du zouk»
(modifications possibles)
(Patricia DONATIEN-YSSA – Université des Antilles et de la Guyane,
Martinique)
(Jocelyne BEROARD, interprète, auteure ;
Harry DIBOULA, interprète, auteur et
compositeur de musique; Wilfrid FONTAINE,
auteur et metteur en scène dramatique,
auteur et compositeur de musique)
Bibliothèque Schœlcher, 18h00
Modératrice : Dominique AURELIA, Chercheure, UAG,
Martinique
Tel qu’il existe aujourd’hui dans ses expressions musicales
autant que dans ses constructions discursives, la qualité
esthétique du zouk est aussi variée que surprenante.
S’inscrivant dans le quotidien des îles françaises de la Caraïbe
et plus largement de la diaspora nègre, cette musique se
construit d’un extrême à l’autre, sur la base de critères et de
choix esthétiques l’inscrivant dans un continuum allant de
la plus affligeante des médiocrités à la recherche la plus créative et novatrice.
Héritier des musiques pierrotines et des rythmes caribéens, africains et américains,
le zouk est une construction interstitielle qui se nourrit des apports multiples et
de la grande diversité culturelle. Dans cette musique d’un Tout-monde créolisé,
les choix des créateurs sont illimités et dans cet immense chaudron, résister à la
facilité de la reproduction semble aussi difficile que se lancer dans une création qui
saurait à la fois se fixer dans les sources traditionnelles et explorer les ouvertures
contemporaines. La voie est donc celle de tous les possibles.
Bibliothèque Schœlcher, 18h00
Modératrice : Hanétha VETE-CONGOLO, chercheure,
Bowdoin College, Maine, USA
Discussion critique sur l’acte d’écrire avec des auteurs reconnus.
Quel(s) textes pour quel zouk ? Pourquoi, pour quoi, pour qui et
comment écrit-on des textes destinés à être chantés sur le rythme
zouk ?
L’inspiration et l’émotion spontanées menant à l’écriture d’un
texte doivent-elles se combiner avec une prise en compte
raisonnée et critique du caractère historique, sociologique,
psychologique, politique, culturel de la société à partir de
laquelle ou pour laquelle on écrit ?
Patricia DONATIEN-YSSA est Maître de Conférences dans le département
d’anglais de l’Université des Antilles et de la Guyane en Martinique. Peintre et
chercheure tout à la fois, elle jongle avec ses deux casquettes qui se complètent et
s’influencent mutuellement.
L’un de ses axes de recherche privilégié concerne les questions relatives aux
rapports entre l’art et l’identité ainsi qu’à celles de l’esthétique. Ses nombreux
articles académiques traitent des questions articulées dans la littérature caribéenne
anglophone. Patricia Donatien-Yssa examine notamment les questions féminines
comme liées, entre autres, aux thèmes de la souffrance, de la spiritualité ou de la
violence historique et sociale. Elle est l’une des spécialistes reconnues des auteures
d’Antigue et de Trinidad, respectivement Jamaïca Kincaid et Shani Mootoo. Ses
articles ont paru dans les meilleures revues académiques de la Caraïbe, d’Europe et
d’Amérique du Nord. Son ouvrage, L’exorcisme de la blès (2007) a obtenu le Prix
Frantz Fanon du Caribbean Philosophical Association en 2008.
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Vendredi 25 juin
Vendredi 24 septembre
La femme et l’homme du zouk : vers une vision postmoderne de la
relation ou l’‘envisionnement’ d’une socialité autre?
Le zouk : courroie de transmission de malaises qui ne sont pas
« exportables » ? (Juliette SMERALDA – Université des Antilles et de la
Guyane, Martinique et Gabriel CIBRELIS, musicien, écrivain)
(Hanétha VETE-CONGOLO – Bowdoin College, Maine, USA)
Bibliothèque Schœlcher, 18h00
Modératrice : Milka VALENTIN, chercheure,
Université des Antilles et de la Guyane, Martinique
Nous proposons une critique thématique de textes
de zouk traitant de la question de la relation entre
l’homme et la femme de Martinique pour en cerner
les signifiances discursives et les implications sur le
plan de l’imaginaire, du conscient, de l’inconscient,
du symbolique, de la sociatrie et de la psychologie de même que pour en situer la
valeur épistémologique et herméneutique. La sémiologie de ces textes dénote t-elle
un processus introspectif psychologique et philosophique de nature à renseigner
sur l’état de la masculinité et la féminité martiniquaises? Quel (s) discours les textes
de zouk pensés par les auteurs, hommes et femmes, profèrent-ils quant à la vision,
les aspirations et l’état de la relation qui les lie entre eux dans un espace organisé
selon des paramètres historiques, sociaux, épidermo-raciaux, économiques et
politiques problématiques. Comment la textologie structure t-elle le discours du texte.
Le zouk illustre t-il, propose t-il ou convoite t-il un plus grand éloignement collectif
des usages et des goûts reçus de la culture plantationnaire quant aux behaviorismes
masculin et féminin de la Martinique ou favorise t-il le statu quo à cet égard. En
quoi est-ce que cette forme musicale moderne se fait l’agent de développement
psycho-social personnel et collectif postmoderne, en quoi est-il un agent constructeur
ou un indicateur de la socialité martiniquaise? Sur le plan méthodologique, nous
sélectionnerons des textes d’auteurs dont la qualité est généralement reconnue
et l’analyse critique s’appuiera sur des théories empruntées aux courants
postmodernes, poststructuralistes, féministes, philosophiques de même qu’à des
arguments tirés des faits de l’histoire, de la sociologie, de l’anthropologie et de la
psychologie.
Hanétha VETE-CONGOLO est Associate Professor of Romance Languages
à Bowdoin College dans le Maine aux Etats-Unis. Elle a obtenu un Doctorat de
l’Université des Antilles et de la Guyane en littérature générale et comparée et
est spécialisée en littératures et oralités d’Afrique de l’Ouest et de la Caraïbe.
Elle s’intéresse particulièrement aux questions relatives au sujet féminin africain et
caribéen. Les nombreux travaux d’Hanétha Vété-Congolo ont paru dans des revues
académiques internationales. Son ouvrage, L’interoralité caribéenne : le mot conté
de l’identité, est à paraître aux éditions Ibis rouge.
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Bibliothèque Schœlcher, 18h00
Modératrice : Marie-Denise GRANGENOIS,
Enseignante à l’IUFM
Nous proposons une analyse sociologique des
« problématiques » traitées dans et par le zouk, en prenant
en compte les catégories générationnelles qui les traitent et les
modes de traitements auxquels ces générations soumettent ces
problématiques.
En nous appuyant sur l’étude de faits sociologiques, culturels, économiques et
politiques, nous tenterons de comprendre pourquoi le zouk antillais – martiniquais plus
spécifiquement –reste peu connu hors les communautés antillaises.
Juliette SMERALDA est Docteure en sociologie et Chargée d’enseignement à
l’Université des Antilles et de la Guyane en Martinique. Sociologue extrêmement active
sur le terrain, elle est l’auteure d’une dizaine d’ouvrages et d’une trentaine d’articles et de
communications scientifiques parus dans des revues nationales et des actes de colloques.
Ses ouvrages académiques suivants ont paru respectivement en 2008 et 2009 ; La
société martiniquaise entre ethnicité et citoyenneté : Etude empirique ; Guadeloupe,
Martinique, des sociétés en révolte : Morphologie d’un conflit social et Philibert Duféal,
militant communiste et syndicaliste martiniquais.
Elément de notre culture, le zouk a connu une réelle évolution ces vingt
dernières années, avec alternativement, des temps forts symbolisés par
les concerts de Kassav au Zénith, le Grand méchant zouk ou encore
par une grande production d’albums et enfin, une réappropriation
par les émigrés antillais de la deuxième ou troisième génération. De
la productivité et la créativité du zouk découlent des genres comme le
zouk-love, le zouk-konpa nouvelle génération, le ragga-zouk, le rap-zouk, la soul-zouk et
même le zouk brésilien. Ainsi, convient-il d’analyser sur les plans mélodique, rythmique,
harmonique, textuel et économique, les éléments dynamiques et adynamiques de cette
musique et de s’interroger sur ce qui l’appauvrit ou l’enrichit. Nous identifierons la situation
actuelle du zouk et tenterons d’en dégager des perspectives indicatives de l’avenir?
Gabriel CIBRELIS est diplômé en musicologie. La tradition et la richesse de
l’imaginaire local sont des aspects centraux de sa recherche. En plus de contes pour
enfants, il a publié un roman jeunesse, Vanilla-Soleil et La Yole volante. Passionné de
percussions (peau et clavier), il joue du tambour, du balafon et du xylophone. Ses
compositions sont orientées sur la rencontre entre l’Afrique et les Antilles, les rythmes
locaux tels que le bèlè et le gwo ka de même que ceux d’Afrique de l’Ouest, le
tambour déjanbé et les instruments africains comme le dudumba ou le jembé.
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Vendredi 22 octobre
Vendredi 26 novembre
Ti-bwa, chacha et tanboudibas dans la zoukans : l’identité d’hier
dans l’identité d’aujourd’hui
Café littéraire : Zouki : d’ici danse (Ibis rouge, 2007)
(Dominique CYRILLE – Lehman College, CUNY, New York, USA ;
Université des Antilles et de la Guyane, Guadeloupe)
Bibliothèque Schœlcher, 18h00
Modérateur : Philippe SIMEON, gérant
d’entreprise
Le zouk est probablement l’un des représentants
et illustratifs identitaires des populations françaises
caribéennes le plus adéquat et pertinent à l’époque
postcoloniale en ce qu’il magnifie bien les influences
musicales, donc culturelles, croisées, multiples et
hétéroclites. A son origine se trouvent autant les
musiques autochtones martiniquaises singulièrement
et caribéennes plus largement, qu’allochtones comme
celles du monde non caribéen et mondialisé. Il s’agira
pour nous de mettre en évidence la manière selon
laquelle la formation particulière du zouk a répondu aux caractéristiques singulières
marquant indéniablement les propriétés identifiantes intrinsèques aux peuples de
Martinique et de Guadeloupe. En somme, dans notre communication, il reviendra à
démontrer combien les perceptions ayant conduit à la longue mésestime publique du
zouk procèdent du fourvoiement.
Dominique CYRILLE est ethnomusicologue à Lehman College à CUNY (New
York, USA) et à l’UAG en Guadeloupe. Elle est responsable de la mission
patrimoine du centre régional des musiques et danses traditionnelles et populaires
de Guadeloupe. Elle est auteure de nombreux articles sur les traditions de musique
et de danse de Martinique, de Guadeloupe et des petites Antilles créolophones
en général publiés entre autres dans, Latin American Music Review, Black Music
Research Journal ou Dance Research journal. Son étude académique, Alarepriz a
paru aux éditions Nestor en Novembre 2009.
Auteur: Judes DURANTY
Rapporteur critique: Marie-Denise GRANGENOIS, enseignante, IUFM
Des bouquets sonores pour accueillir la belle et ravissante
Zouki. « Cette si belle donzelle, à son passage, vous
peignait les yeux d’une couleur si spéciale ». La musique
proposée par les gens d’ici n’étant pas à son goût.
Très vite elle délaisse « bò lakay » sa terre natale, terre
d’accueil des sinistrés du volcan et terre de l’insolite
cocotier à deux têtes, pour gagner l’en ville puis l’Autre
bord. Elle connaîtra la célébrité et se verra comme par
enchantement issue d’une grande famille. Mais toute cette
« famille » l’aime-t-elle vraiment? Pourra-t-elle supporter les
jalousies suscitées par sa notoriété? Saura-t-elle résister
au terrible fléau du dénigrement? Elle veut faire partager
son succès aux siens. Elle revient rencontrer sa famille et
nous ouvre son album photos ou faire connaissance de
sa véritable génération. Zouki est contrainte de revenir au pays parce qu’elle est
convaincue que « c’est ici qu’elle pourra trouver un homme dous kon siro ». Peut-on
préparer en dehors d’ici, un café qui n’est pas que du tjòlòlò?
Judes DURANTY (Jid DIRANTI) est directeur de
la bibliothèque municipale de Schœlcher. Auteurcompositeur, il a obtenu un troisième prix de Valse au
Concours de la chanson créole en 1998 organisé par
Carnaval Foyal et un troisième Prix de composition chorale
organisés par l’AMIC.
Il a publié, Zouki d’ici danse et La fugue de Sopaltéba en
2007 ; Ti-diko, Brevet de Brillance, Yé krik yé krak,
Bouladjel, et Louna et le sorcier/Louna ek tjenbwazè
a en 2008 et Les contes de Layou en 2009. Il publie
dans l’hebdomadaire Antilla les rubriques en créole,
« Kréyolad » et « Bèl Povèb kréyòl ».
Ce roman qui, à première vue se présente
comme une fiction sur le zouk personnifié par le
protagoniste Zouki, ne se contente pas d’interroger
la hiérarchisation que nous établissons entre
nos diverses créations musicales. Il met à nu des
états psycho-sociaux dont les caractéristiques
renseignent sur les complexités du rapport et du
regard que les Martiniquais ont avec et sur des
artéfacts culturels censés les représenter parce
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que produits par eux. Le dénigrement qu’assume le collectif à l’encontre de Zouki
qui fonctionne également comme un trope de la population martiniquaise, est la
métaphore de l’autodénigrement martiniquais. Ce fait psychologique et sociatrique
est minutieusement analysé par Judes Duranty. Au dénigrement, Zouki oppose la
mémoire donc la conscience, l’exigence, la rigueur, le travail et l’amour. Tout en
posant de cruciales questions concernant l’actuel statut et l’avenir du zouk, Zouki
d’ici danse nous renvoie à la fois à nos insuffisances et à nos grandeurs.
Marie-Denise GRANGENOIS est formatrice à l’Institue Universitaire de
Formation des Maîtres (IUFM) de Martinique. Elle est passionnée de littérature et
plus particulièrement de littérature du monde noir. De 2000 à 2008 Marie-Denise
Grangenois a présenté sur des chaînes de TV locales des chroniques littéraires et a
animé pendant deux ans sur Antilles télévision une émission littéraire « Danse avec
les mots ».
Pourquoi penser le zouk:
S’étant manifesté au public à la fin des années soixante-dix, le zouk qui procède
de l’ingéniosité artistique et créatrice de Martiniquais et de Guadeloupéens, est
survenu dans des sociétés en transmutation économique, politique, sociologique
et psychosociologique. Bousculant les idées admises sur les concepts, la
représentativité et la représentation de l’identité et de la culture ; contribuant
de manière inattendue à situer la Martinique et la Guadeloupe dans leur ère
postmoderne et constituant irréversiblement le phénomène témoignant le plus
patemment de la gémination des rythmes du passé et de ceux envisageables à
l’avenir ; le zouk a, dès son introduction, constitué un stimulus provoquant des
réactions extrêmes articulées discursivement par la génération la plus adulte. Les
réactions sont à ce jour vives mais surtout dichotomiques et indiquent les états
d’esprits générationnels. Il est de même commun que le zouk soit préjudicié au
profit de formes musicales allochtones. Pourtant, cette manifestation culturelle
présente d’une part, une homothétie culturelle et identitaire directe puisqu’elle prend
source dans le centre homothétique traditionnel et d’autre part, elle survient comme
survinrent en leur temps les attributs qui distinguent la personnalité martiniquaise
et guadeloupéenne, soit de manière imprévisible, étonnamment grandiloquente,
confondante et originale. Ainsi, dans le contexte de la société martiniquaise de
plus en plus en relation élargie avec le monde globalisé, il est essentiel d’en étudier
les linéaments, d’en examiner la signifiance sur le plan culturel, sociologique,
philosophique, ethnologique, économique et psychologique.
« Penser le zouk », symposium pluridisciplinaire organisé et dirigé
par Hanétha VETE-CONGOLO, avril-novembre 2010, Bibliothèque
Schœlcher, Martinique
Commission scientifique
Présidente, Hanétha VETE-CONGOLO
Jean-Georges CHALI
Dominique CYRILLE
Patricia DONATIEN-YSSA
Olivier PULVAR
Juliette SMERALDA
La Commission scientifique remercie la Bibliothèque Schœlcher, Jocelyn CATAN pour la captation vidéo et
René-Charles (Benny) SUVELOR pour la prise de photos
Renseignements : 001-207-725-3826 – [email protected] – (596) 696 27 38 19
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Programme
Vendredi 9 avril
La musique créole : un marqueur de l’identité
(Jean-Georges CHALI – Université des Antilles et de la Guyane, Martinique)
Vendredi 30 avril
Zouk et communication : marquer le monde en musique à l’ère de la grande écoute
(Olivier PULVAR – Université des Antilles et de la Guyane, Martinique)
Vendredi 26 mai
L’esthétique du zouk : entre vacuité annihilante, délire signifiant et réalisme novateur
(Patricia DONATIEN-YSSA – Université des Antilles et de la Guyane, Martinique)
Vendredi 9 juin
Table ronde: « Le texte du zouk »
(Jocelyne BEROARD, interprète, auteure ; Harry DIBOULA, interprète, auteur et
compositeur de musique; Wilfrid FONTAINE, auteur et metteur en scène dramatique,
auteur et compositeur de musique)/ (modifications possibles)/
Vendredi 25 juin
La femme et l’homme du zouk : vers une vision postmoderne de la relation ou
l’‘envisionnement’ d’une socialité autre?
(Hanétha VETE-CONGOLO – Bowdoin College, Maine, USA)
Vendredi 24 septembre
Le zouk : courroie de transmission de malaises qui ne sont pas « exportables » ?
(Juliette SMERALDA – Université des Antilles et de la Guyane, Martinique et Gabriel
CIBRELIS, musicien, écrivain, Martinique)
Vendredi 22 octobre
Ti-bwa, chacha et tanboudibas dans la zoukans : l’identité d’hier dans l’identité
d’aujourd’hui
(Dominique CYRILLE – Lehman College, CUNY, New York, USA ; Université des
Antilles et de la Guyane, Guadeloupe)
Vendredi 26 novembre
Café littéraire : Judes DURANTY,/ Zouki : d’ici danse/ (Ibis rouge, 2007)
Rapporteur critique : Marie-Denise GRANGENOIS, enseignante, IUFM

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