RWANDA, LA VIE APRES

Transcription

RWANDA, LA VIE APRES
RWANDA, LA VIE APRES
De Benoit Dervaux et André Versaille
Documentaire
Belgique/Rwanda– 2014
1h12
SYNOPSIS
Six femmes tutsies, violées dès avril 94 par des
génocidaires hutus, racontent leur calvaire : le viol, la
grossesse, l’accouchement, l’errance, la condamnation à
vivre avec un être issu de la barbarie des hommes. Vingt
ans après, nous suivons ces femmes et leurs enfants
devenus jeunes adultes.
HISTOIRE D’UN FILM
André Versaille, éditeur, commence à
s’intéresser au génocide rwandais en 2001, lors
du procès de quatre Hutus pour génocide en
Belgique.
En 2004, il part 3 semaines dans le pays
accompagner une auteure avec laquelle il
travaille. Il rencontre alors des dizaines de
rescapés qui lui font prendre conscience de la
douleur du silence et de leur besoin de
témoigner.
Face à la difficulté de traduire la souffrance par
écrit, André Versaille choisit le format filmé. Il
fera alors la rencontre, dix ans plus tard de
Benoit Dervaux qui apportera au film son regard
aguerri de professionnel du cinéma.
A cette rencontre décisive, il faudra aussi
rajouter celle avec Godelieve Mukasarasi,
fondatrice et coordinatrice de l’ONG SEVOTA
(Solidarité pour l’épanouissement des veuves
et des orphelins visant le travail et l’autopromotion) qui permettra à Dervaux et Versaille
de rencontrer les femmes qui témoignent dans
ce film.
Cadreur des frères Dardenne mais aussi documentariste
reconnu internationalement (Gigi, Monica… et Bianca,
La Devinière), Benoît Dervaux, en collaboration avec
André Versaille à l’initiative du projet et avec le soutien
d’une ONG, SEVOTA, a mené un vrai travail de cinéaste
pour recueillir les témoignages de ces femmes meurtries
en trouvant une juste distance. En contrepoint de ces
paroles terribles, viennent à la fin les mots d’une fille et
d’un fils qui, à leur tour, parlent de leur enfance.
CONTEXTE HISTORIQUE
Le génocide des Tutsis au Rwanda (Afrique de l’Est) a eu
lieu entre début avril et juillet 1994. Il s’est déroulé dans
le cadre d’une guerre civile opposant le gouvernement
rwandais, constitué d’Hutus, au Front patriotique
rwandais (FPR), accusé par les autorités d’être
essentiellement « tutsi ». Si les autorités rwandaises ont
perdu la guerre civile au profit du FPR, il faut bien en
revanche considérer comme atteint leur objectif
génocidaire contre les Tutsis. Plus de 800 000 Rwandais,
en majorité tutsi, ont, d’après l’ONU, perdu la vie au
cours de ces trois mois meurtriers, ce qui fait de ces
événements le génocide le plus rapide de l’histoire mais
aussi le plus dense quant au nombre de morts
journaliers.
CRITIQUE
« Pour aborder, affronter presque, ce qui touche
à l’impensable et s’apparente à l’indicible,
Benoît Dervaux semble avoir décidé de tout
poser : les mots, le cadre, les personnages, les
armes. L’immobilité étant la moins agressive
des
offenses,
la
caméra
s’interdira
pratiquement, à l’intérieur des témoignages, le
moindre mouvement, et même – a fortiori – le
moindre zoom. Ensuite, montage souple et
fluide, bruits d’ambiance ténus. Le dispositif
pour lequel il opte est celui d’un cinéma posé,
frontal et statique ; un cinéma d’accueil de la
parole, de recueillement du témoignage.
Rwanda, la vie après est un film bouleversant,
éprouvant même. Mais Rwanda, la vie après
n’est pas pour autant un film minant : sa
violence, même si elle puise au plus sombre des
pulsions négatives et des impasses tragiques,
est sans nuisance, tant Dervaux réussit ici,
comme dans ses autres films, à préserver la
dignité des êtres, mieux même, à assembler leur
noblesse. Sans les idéaliser toutefois, et en
laissant s’exercer le libre-arbitre et le
positionnement du spectateur face à certains
propos excessifs, à certaines attitudes
interpellantes.
Devant la faillite ou l’insuffisance de la lucidité
rationnelle, longtemps après l’indifférence ou
l’impuissance, et face à l’incompréhensible et à
l’inacceptable, Rwanda, la vie après semble
prendre le parti de nous faire ressentir plutôt
qu’assimiler ; de s’adresser à la conscience des
tripes, viscérale, plutôt qu’à nos facultés
d’entendement ou d’intégration. »
POURQUOI L’INTERET POUR LES
MERES ?
« Parce que si l’on sait les atrocités dont furent victimes les
Tutsis pendant le génocide de 1994, on perçoit généralement
très mal les séquelles qui empêchent encore souvent les
femmes rescapées de se reconstruire.
En juillet 1994, le génocide est stoppé du fait de la victoire des
forces du Front patriotique rwandais (FPR). À partir de ce
moment, pour les hommes, le calvaire a pris fin. Ils peuvent
commencer à se reconstruire.
Par contre, pour les femmes, rien n’est terminé. Des centaines
de milliers d’entre elles ont été violées – et donc frappées du
sida ; ces viols ne sont pas les « dégâts collatéraux habituels »
d’une guerre, ce sont des actions de destruction massive,
encouragées, voulues, destinées à désespérer une population
minoritaire avant de l’exterminer avec une insoutenable
cruauté.
Le film est constitué des témoignages de six femmes provenant
du Rwanda profond. Ces femmes racontent leur parcours, de la
fin du génocide à aujourd’hui : la maladie ; l’accouchement d’un
enfant de génocidaire qu’elles ont eu toutes les peines à aimer ;
le rejet par ce qui leur restait de famille pour qui il était
inconcevable d’accueillir le fils ou la fille d’un tueur ; leur
solitude ; la difficulté pendant des années d’assumer
cet « enfant de la haine », avant d’apprendre à l’aimer…
En contrepoint, une fille et un garçon issus des viols de ces
femmes, racontent à leur tour ce que fut leur enfance. »
Extrait du site internet d’André Versaille.
Emmanuel d’Autreppe , extraits du dossier de
presse
Un programme présenté dans le cadre du 33e FESTIVAL CINEMA D’ALES ITINÉRANCES - 20 MARS - 29 MARS 2015