l`ex femme de ma vie - Cours de theatre Paris

Transcription

l`ex femme de ma vie - Cours de theatre Paris
L’EX FEMME DE MA VIE
de Josiane BALASKO
PERSONNAGES :
FRANKIE,
TOM,
JEAN-FRANCOIS
NB : Frankie est l’ ex femme de Tom.
On sonne. Tom, la tête bandée, ouvre la porte , pensant trouver Frankie
TOM. C'est ouvert ! Entre ! Donne-moi la boîte, vite !
JEAN-FRANÇOIS. Je suis désolé, je n'ai aucune boîte a vous donner.
TOM. Oh, excusez-moi Jean-François... Frankie est allée chercher des médicaments... Elle
ne va pas tarder... Je suis bien content que Frankie s'installe chez vous, ça m'ôte un poids.
Depuis, notre divorce, elle a jamais été aussi envahissante… Vous êtes venu avec la
camionnette de... comment il s'appelle?
JEAN-FRANÇOIS. De Lulu ?... Non…Il y a eu un petit contretemps.
TOM. Vous m'inquiétez... Il y a un problème ?
JEAN-FRANÇOIS. J'en ai peur... J'ai giflé ma mère.... Vous avez déjà giflé votre mère,
vous ?
TOM. Je n'en ai pas eu l'occasion.
JEAN-FRANÇOIS. Eh bien moi, je l'ai fait... Ça a commencé au sujet de la chambre de
bonne qui est inoccupée ou devait habiter Frankie…On a discuté des heures pour tomber
d'accord sur un prix raisonnable... Et puis à un moment, j'ai craqué... Le ton est monté et j'ai
perdu le contrôle... J'ai giflé ma propre mère, une femme de soixante-dix ans... Je me sens
totalement déstabilisé... J'ai pris un gros coup sur la tête.
TOM. Eh oui, ça arrive à tout le monde...
JEAN-FRANÇOIS. Je parle au sens propre... Regardez...
TOM. Votre mère s'est défendue...
JEAN-FRANÇOIS. Non, c’est…
Frankie arrive alors avec les médicaments.
FRANKIE. Salut, Jean-François... Tiens, Tom. (Elle lui tend les médicaments.) Excusez-moi,
j'ai très envie de faire pipi...Après je vous fais des œufs au bacon…
TOM. Attends Frankie, il y a un problème !
FRANKIE. Quoi ?
TOM. Jean-François s'est disputé avec sa mère, il n'y a plus de chambre de bonne !
FRANKIE. C'est pas grave, ça va s'arranger !
TOM. Vous pensez que ça risque de s'arranger sous huitaine ?
JEAN-FRANÇOIS. Vous plaisantez !... Maman m'a viré de l'appartement... Vivre dans une
chambre de bonne, à 37 ans, je suis grotesque !
TOM Ça, je ne vous le fais pas dire.
JEAN-FRANÇOIS. Vous pourriez pas me donner un petit whisky, j'ai les jambes coupées...
Tom va lui servir un whisky au bar et le lui porte.
TOM. Tenez ! Et reprenez-vous ! …
Frankie ré-apparait
FRANKIE. Qu'est-ce qui se passe, Fanfan ?
TOM. Il se passe que tu restes à la case départ, c'est-à-dire chez moi, à cause de deux
caractériels !
FRANKIE. Tom, sois sympa, regarde l'état de Jean-François ! Je suis sûre que si vous vous
parlez calmement, tout s’arrangera !
JEAN-FRANÇOIS. Mais je peux pas lui parler ! Elle serait capable de me tirer un coup de
carabine dans les couilles ! Elle a jeté toutes mes affaires sur le palier, pour pas que j'aie un
prétexte à rentrer dans l'appart. !
FRANKIE. C'est pas la première fois. Souviens-toi quand elle a mis ta mobylette au montde-piété parce que tu lui devais trois mois de loyer ! Ça s'est arrangé ! Et quand elle voulait
te faire rayer de l'ordre des médecins ! Ça s'est arrangé aussi !
TOM. Je ne voudrais pas casser l'ambiance, mais j'ai du travail, j'ai deux livres à écrire !
JEAN-FRANÇOIS. Excusez-moi de vous avoir déballé mon linge sale, je m'en vais.
FRANKIE. Non, Jean-François, je te laisse pas partir comme ça. Tom, tu ne peux pas laisser
Jean-François partir comme ça !
TOM. Et pourquoi pas ?
FRANKIE. Tom !...
TOM. Pourquoi n'allez-vous pas voir un psy? Ça vous détendrait.
JEAN-FRANÇOIS. Pour qu'il se foute de ma gueule ? Vous les connaissez pas !
TOM. Alors appelez s.o.s. amitié, c'est anonyme et c'est gratuit !
JEAN-FRANÇOIS J'ai simplement envie d'un peu de chaleur, de parler... comme ça...
Frankie prends-moi dans tes bras. Serre-moi très très fort.
FRANKIE. Viens mon Fanfan, assied toi sur mes genoux… Pleure un bon coup, ça fait du
bien...
TOM. Vous avez remarqué que je suis resté calme ! Mais ça pourrait évoluer parce que vous
commencez à me faire chier un tantinet tous les deux !
FRANKIE. On va te laisser travailler, t'inquiète pas ! On va dans la chambre ! Viens, Fanfan !
JEAN-FRANÇOIS. Je comprends ses réactions... Je suis ignoble...
Frankie l'entraîne dans la chambre.
JEAN FRANCOIS (off) :Je suis IGNOBLE !
TOM : Fermez vos gueules ! … Frankie !
FRANKIE Qu'est-ce qui se passe encore, on n'a pas fait de bruit !
TOM. C'est toi qui as touché à mes papiers ? T’as fouillé partout ?
FRANKIE. Pas du tout.
TOM. Frankie, ne mens pas, tout est en désordre.
FRANKIE. J'ai pas fouillé, j'ai juste commencé à lire ce que tu écrivais hier soir. Mais j'ai tout
remis en ordre.
TOM. Tu as tout remis en ordre ! C'est ce que tu appelles tout remettre en ordre ? Page 1,
ensuite page 32, et on continue sur la 68 ! Sans-gêne ! Je déteste qu'on lise un manuscrit
qui n'est pas terminé ! C'est une question de politesse élémentaire !
FRANKIE. J'en ai lu à peine 30 pages, je me suis endormie tout de suite.
TOM. Merci ! Trois pages et elle dort !
FRANKIE Trente pages, pas trois pages ! J'ai pas bien suivi d'ailleurs... J'ai pas compris
pourquoi le docteur, qui est si sympa, ouvre le ventre de sa fiancée et le remplit de saucisses
sèches...
TOM. Quoi ? Mais c'est pas vrai ! Tu as mélangé deux romans ! « Le Cuistot sanglant » avec
« Coup de cœur aux Urgences »! Mais c'est monstrueux !
FRANKIE Ah c’est pour ça que c’était pas très clair…
JEAN-FRANÇOIS (ré-apparaît) Frankie... s'il te plaît...
FRANKIE. Qu’est ce qui t’arrive ?
JEAN-FRANCOIS : Rien, je voulais me suicider…
TOM. Quoi ? (Il va dans la salle de bains)
FRANKIE T’es tout rouge ! Viens t’asseoir sur mes genoux !
TOM (off) . Mais c’est une vraie plaie ce type !
FRANKIE. Pleure un bon coup, ça fait du bien... Ca va aller…
Tom, réapparaît :
TOM. Il a fini le tube de tranxène.
FRANKIE. Oh, mon Dieu !
TOM. Il en restait trois ; avec ça il risque rien, sinon de se calmer, ce qui arrangerait tout le
monde...
FRANKIE. Jean-François ?
JEAN-FRANÇOIS. Aaarghhhh a va bien...
FRANKIE. Il a plein de sang autour de la bouche !
TOM C'est du mercurochrome ; il a bu la moitié de la bouteille et comme il est pas con,
emmerdeur mais pas con, il a ingurgité toute la boîte de phosphalugel !
FRANKIE. C'est très nocif ?
TOM C'est un pansement gastrique... alors là, évidemment, il gonfle ! Et c'est contagieux
parce qu'il commence aussi à me gonfler sérieusement ! Voilà une très bonne phrase que je
vais noter immédiatement... (Il va à nouveau dans la salle de bain)
FRANKIE. Tu vas appeler l'hôpital ?
TOM, sortant de la salle de bains :
Je vais appeler les flics ! Je viens de m’en apercevoir : Il m'a ruiné la salle de bains ! Je vais
l'attaquer en dommages et intérêts! Il a voulu se pendre au pommeau de la douche, la
tuyauterie est descellée, c'est un coup à 2000 euros, et encore, au noir !
FRANKIE. Ah ça me rassure ! … J'ai eu tellement peur … Reste sur mes genoux Fanfan…
TOM Sortez de chez moi !
FRANKIE Tom !
JEAN FRANCOIS Laisse Frankie, il refoule en lui le désir inconscient de …
TOM Je refoule surtout le désir de vous mettre mon poing dans la gueule !
FRANKIE Arrête tes conneries, Tom !
JEAN-FRANCOIS . Je vous présente... mes plus plates excuses... Je me suis conduit
comme un porc. Je suis prêt à en payer le prix...
TOM Deux mille euros !!
JEAN-FRANÇOIS. Je vous enverrai mon plombier... L'abcès a crevé, l'esprit est dégagé, je
suis de nouveau maître de moi... Maman ! Maman ! (Tom se jette sur lui et le traîne jusqu’à
la porte)
JEAN-FRANCOIS (Off) Le sein ! Donne ton sein, maman !!!....
FRANKIE Ca t’ennuie que je reste une nuit de plus ici ?
TOM : OUI !
FRANKIE Pas de problème, j’avais déjà retenu une chambre à l’EXCELSIOR…
TOM (se reprenant) Frankie, si tu promets de pas trop envahissante, tu peux rester…
FRANKIE Pas de problème…. Je vais vite te faire des œufs au bacon, je sais qu’t’ adore
ça….
TOM Oh non….