Forum de la CRRNTO sur planification stratégique de la gestion
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Forum de la CRRNTO sur planification stratégique de la gestion
Forum de la CRRNTO sur Outaouais : exercice bâclé planification stratégique de la gestion forestière en Le 1ier et 2 octobre, la CRRNTO réunissait, lors d’un Forum régional, divers partenaires afin de discuter des « Enjeux et stratégies d’aménagement forestier en Outaouais ». Or l’exercice s’est révélé une séance de masturbation forestière stratégique où des fonctionnaires de haut niveau (CRRNTO, MFFP, Bureau du forestier en chef) sont venus s’auto-gratifier devant public avec des présentations sur la possibilité forestière et les stratégies d’aménagement « tendances » sur forêt publique. Il faut souligner l’approche professionnelle et académique des présentateurs face aux tâches qu’on leur a confiées. J’ai particulièrement apprécié la présentation de Sébastien Lefebvre qui souhaite développer des chaines de valeurs qui avantageraient tous les utilisateurs. Par contre, je pointe du doigt les organisateurs et les responsables de structures gouvernementales et paragouvernementales qui travaillent en silo, organisent des consultations bidon et nous font tourner en rond. Les membres de la Commission avaient pourtant été clairs. Ils souhaitaient « parler des vraies affaires». Plusieurs ont été déçus. Une consultation des partenaires et du public sur les « Enjeux et stratégies d’aménagement forestier en Outaouais » déborde des mandats « forêt publique » que s’est dotée la CRRNTO et devrait de toute évidence couvrir tout le territoire forestier et même le territoire agricole et non forestier partout où les sites sont propices à l’optimisation des investissements sylvicoles. Il faut d’abord dégrossir le problème, attribuer des tâches à chacun et envoyer tout le monde faire ses devoirs. Un des points forts du Forum, le développement d’AIPL (Aires d’intensification de la production ligneuse) requiert de bien connaître la vocation à privilégier pour l’ensemble du territoire (agriculture, récréation, conservation, aménagement forestier pour la récolte, milieux humides, secteurs habités) et les contraintes pour les affectations déjà convenues (parcs, ZECs, allocations industrielles, récréotouristique, aires fauniques, territoires autochtones). Ensuite on pourrait cibler les meilleurs sites où investir en fonction des sols, de la proximité des usines et de la main-d’œuvre. Une planification stratégique doit réunir tous les acteurs du milieu et leur donner un poids relatif et proportionnel à leur importance dans la « consultation » sur l’optimisation des investissements. Une réelle consultation stratégique aurait d’abord déplié toute la « mappe » devant les participants et présenté une vue d’ensemble du territoire de l’Outaouais (terres agricoles et terres forestières, terres publiques et terres privées, usages et vocations du territoire, contraintes d’usage, etc.). Ensuite, on aurait demandé aux acteurs des diverses structures qui regroupent les partenaires de bien vouloir partager l’état de leur planification forestière respective. Les comités PDZA (Plan de développement et de zonage agricole) doivent exposer une cartographie mise à jour des territoires prioritaires pour l’agriculture et quels sont les territoires « zonés agricoles » qui peuvent être libérés pour encourager l’agroforesterie ou la foresterie intensive sur d’excellents sols productifs et à proximité des villes et des usines. L’Agence des forêts privées de l’Outaouais (AFPO) détient les résultats du dernier inventaire forestier sur forêts privées en Outaouais, le plus récent calcul de possibilité (1,6 millions de mètres cubes en possibilité forestière annuelle à rendement soutenu), et peut dresser le portrait de la disponibilité des bois en connaissance des habitudes de récolte et de la gentrification de la propriété forestière privée et des priorités d’aménagement forestier sur le territoire des boisés privés dans un rayon proche des usines. Les Municipalités régionales de comtés (MRC) responsables de la gestion des TPI (terres publiques intra-municipales) auraient exposé la cartographie des lots sous gestion, et le potentiel de ces quelques 60,000 hectares disponibles pour l’aménagement intensif. Les partenaires qui cogitent sur des projets de forêt habitée et de forêts de proximité auraient aussi exposé leurs projets. Enfin, les fonctionnaires du MFFP, ils sont les seuls qui ont pu le faire, ont présenté les modes de gestion intensive préconisés et les superficies forestières qui se prêtent au développement d’AIPL sur terres publiques. Les partenaires qui travaillent en silo devraient reconnaître que le territoire public est la dernière place où on devrait investir dans une sylviculture intensive parce que, de façon générale, ces territoires sont plus au nord, sont moins productifs, sont plus éloignés des usines et des travailleurs. La forêt publique se doit d’être un acteur des AIPL de façon complémentaire dans un modèle intégré. Le Forum du 1ier et 2 octobre a piégé les partenaires du secteur forestier de l’Outaouais, les chercheurs et les académiciens présents et le public invité dans un exercice malhonnête. Autres que les fonctionnaires, chercheurs et ingénieurs forestiers, la plupart des participants comprenaient peu ou rien au charabia technique et académique des présentateurs, au point où on a dû déposer une feuille d’acronymes pour éduquer les spectateurs. Espérons que la CRRNTO fera mieux la prochaine fois et que nos élus et décideurs seront plus inclusifs dans une approche stratégique et intégrée. Victor Brunette, ingénieur forestier.