Jordanie.

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Jordanie.
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AVENTURE JORDANIENNE
Cet automne, deux groupes se sont lancés dans l’aventure jordanienne. Cela
commence par le vol TOULOUSE-PARIS où Air France ayant surbooké le vol PARISAMMAN une partie des partants a eu quelques frayeurs. Finalement tout le monde
embarque pour un vol sans histoire PARIS-AMMAN. Arrivé à AMMAN, les formalités de
débarquement et d’entrée dans le pays sont très simplifiées car c’est devenu une destination
très prisée des touristes. Nous avons eu un aperçu de la ville depuis l’autocar, une énorme
agglomération bâtie sur des collines et disposée en cercles concentriques ceinturés par des
routes à 4 voies.
Surprise aussi dans certains quartiers en voyant les maisons et surtout les voitures
garés devant : Mercedes, BMW et autres voitures de prestige devant des villas de la taille
d’un hôtel …de luxe.
Nuit au centre de AMMAN, difficile à apprécier la situation dans une ville aussi
complexe. Nous sommes en plein ramadan, d’où une fête nocturne qui se prolonge jusqu’à
l’aube puisqu’on ne mange que la nuit, la jeunesse dorée d’AMMAN vient faire la fête toute
la nuit dans l’annexe de l’hôtel, ce qui rend l’hôtel un peu bruyant.
An matin, départ pour AMMAN, guidés par un Abd El Salam qui semble avoir peu
dormi. Nous retraversons la métropole géante. De jour les contrastes sont plus forts en
fonction des quartiers, surtout lorsque nous traversons le quartier des réfugiés palestiniens le
long du ravin entre deux jbels, celui-ci reflète tout le problème de la pauvreté de ces
populations exilées et qui survivent dans le coin qui leur a été concédé. Nous parcourons les
48 km d’AMMAN à Jerash par une route sinueuse dans la vallée de NAHR EL ZERQUÂ (la
rivière bleue ou encore Yabbog de la Bible) affluent du Jourdain qui marquait la limite Nord
du pays Ammonite coupant en deux la pays de Galaad.
Jerash conserve une cité hellénistique, romaine et byzantine en bon état et bien
restaurée ; c’était une cité provinciale romaine comme l’attestent le forum, les théâtres, les
temples, les thermes et les voies à portiques. C’est une des dix villes de la décapole romaine
d’origine hellénistique qui tirait sa prospérité des mines de fer non loin d’AJLUN. Elle fut
nabatéenne puis annexée par Trajan en 106.
En arrivant, on découvre l’arc de triomphe construit en 129 après J.C. à l’occasion de la
visite de l’empereur Hadrien. Il est suivi de l’hippodrome, récemment remis en valeur et
restauré pour y réaliser des spectacles. La porte Sud perce le mur d’enceinte (3.550m de
périmètre englobant 95 hectares) et donne accès au forum quasi elliptique et très bien
conservé, les colonnades ont des chapiteaux ioniques. Le pavement de grosses dalles
calcaires est parfaitement conservé.
Le temple de ZEUS est bâti sur une éminence à gauche du forum, on y accédait par un
escalier monumental, il s’est sans doute substitué au culte voué à un dieu nabatéen. On
essaye de restaurer le temple périptère dont les colonnades ont été renversées par un
tremblement de terre.
Contournons cet ensemble cérémonial pour accéder au théâtre sud, splendide
monument de l’époque de Domitien (1er siècle), il est adossé à la colline du temple de Zeus.
Il devait contenir 5.000 places en 32 rangs de sièges en deux secteurs.
Les gradins inférieurs étaient réservés aux notables, des inscriptions en attestent. Le
bâtiment de scène est de style corinthien en calcaire rose et blanc. Nous pouvons apprécier
la qualité acoustique depuis le centre de la frons scaenae.
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Le Cardo maximus part du forum vers la porte Nord.
Près des tétrapyles , on peut voir les ornières que les roues des chars ont creusées. Il
y avait 260 colonnes de chaque côté supportant des portiques qui donnaient accès à des
boutiques. Il reste encore la fontaine aux nymphes avec une énorme vasque restaurée. Au
centre, sous les dalles, se trouve un collecteur d’égout.
Le tétrapyle sud coupe une autre artère bordée de portiques.
Le Nymphée est longé par un escalier qui permet d’accéder à la « Cathédrale ».
Les propylées du temple d’Artémis (II ème siècle) ont une façade majestueuse un peu
en retrait du Cardo maximum.
Le théâtre Nord est accessible par le decumanus, voie à colonnes avec des chapiteaux
ioniques puis corinthiens et sur le decumanus s’ouvre cet odéon à sièges numérotés qui a
pris le nom de théâtre Nord et qui servait peut-être aux réunions politiques publiques.
Le temple d’Artémis est marqué par de hautes colonnes corinthiennes mais même si le
temple proprement dit est bien conservé ainsi que le temenos , des constructions parasites
ultérieures masquent l’ampleur et la majesté de ce temple..
Tout près de ce temple « païen » on voit le pavement en mosaïque d’une église
byzantine (VI ème siècle),contemporaine des deux autres églises St Jean et St Georges qui
conservent leur pavement en mosaïque.
L’église St Théodore est différente car son plan est basilical à 3 nefs, utilisant en
réemploi des édifices romains.
Le site de GERASH en perpétuelle restauration offre une magnifique exemple de cité
romaine d’orient.
Retour à AMMAN rapidement car les journées sont courtes, nous sommes en période
de Ramadan et dès le crépuscule, tout musulman peut rompre le jeûne, aussi les sites
ferment tôt. Nous avons juste le temps de gravir le Jbel El Qala’a (la citadelle), plateau
triangulaire qui constituait l’acropole à une centaine de mètres au dessus de la ville
proprement dite.
L’arrêt se fait en face de l’énorme soubassement du temple d’Hercule devant le musée
archéologique de Jordanie. Petit musée mais intéressant par la didactique qu’il offre sur les
diverses périodes bibliques (royaumes ammonites, moabites, édomites) puis nabatéenne et
finalement romaine.
Rapide visite et nous découvrons El Qasr, palais ommeyade (VIII ème siècle) en forme
de croix grecque, avec des décorations formés par des moulures mais qui ne représentent
que des motifs floraux et géométriques.
L’ensemble domine la ville basse où l’on peut déceler : la mosquée El Hussein (deux
minarets ottomans 1924), le nymphée (fontaine monumentale) et le théâtre adossé au Jbel
El Tâj (II ème siècel ~ 6.000 places) soigneusement restauré.
Départ pour MADABA, le lendemain, bref trajet de 33 km, dans ce qui pourrait être la
banlieue agricole d’AMMAN, cultures, fruits, élevages de volaille.
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Cette petite ville de 50.000 habitants comprend une importante communauté
chrétienne de rite grec orthodoxe, elle s’est installée sur l’emplacement d’une ancienne cité
et a connu son heure de gloire à l’époque byzantine, témoin la fameuse carte de la Palestine
dans l’une des 14 églises byzantines de la ville. MADABA est devenue, dans le passé, une
véritable école de mosaïstes qui a essaimé dans toute la région. Elle retrouve peu à peu
cette vocation de nos jours.
C’est l’église St Georges qui abrite la fameuse carte de la Palestine (appelée aussi
carte de Madaba) datée du VI ème siècle. Les fragments qui ont pu être sauvés de cette
mosaïque sont d’un grand intérêt car ils nous permettent de connaître la carte de la
Palestine à l’époque byzantine. On peut y voir entre autre Jérusalem au centre avec ses
murailles, le Saint Sépulcre, puis à droite BETHLEEM, le JOURDAIN qui se jette dans la mer
Morte avec une inscription « Bethsaraba où Jean baptisait ».
De MADABA, nous gagnons le Mont NEBO (836 m d’altitude) c’est là, selon la bible,
que Yahvé avait commandé à Moïse de monter pour voir le pays de CANAAN avant de
mourir. C’est un véritable point de vue qui permet de distinguer (quand il n’y a pas trop de
brume) la mer Morte (1.230 m plus bas) la vallée du Jourdain avec l’oasis de Jéricho sur la
rive ouest, les monts de Judée qui masquent Jérusalem à 50 km à vol d’oiseau.
Le monastère et la basilique ont été peu à peu restaurés et les mosaïques ainsi
abritées. On peut voir à gauche en entrant un magnifique mosaïque de l’an 531 qui
représente des scènes de la vie champêtre et de chasse, toute une série d’autres
mosaïques ont été restaurées et montrent la richesse historique du lieu.
Nous descendons par une route nouvelle (et très surveillée) vers la mer Morte, que les
arabes appellent « el arol el maqlûba » (le pays renversé) car c’est le lieu de la planète le
plus bas au-dessous du niveau des mers (- 394 m) , c’est aussi l’un des plus mythiques
marqué par de sombres et tragiques légendes (ex Sodome et Gomorrhe). Elle détient aussi
le record des noms donnés à un site : mer de la steppe (Araba) pour les Hébreux, la mer du
sel, la mer orientale, Asphalite pour les Grecs, Mer Morte pour les Croisés, lac mort pour les
géographes musulmans, lac puant, lac de Sodome et Gomorrhe, lac renversé, Bahr Lût (la
mer de Lot) pour les modernes. Dimensions : 76 km de long sur 15.7 km au plus large, 399
m de profondeur maximale, elle date de la fin de l’ère tertiaire soit (1 million d’années). La
partie la plus méridionale, peut être plus récente, est liée à un séisme qui peut avoir donné
naissance au récit biblique de l’anéantissement de Sodome et Gomorrhe. Le niveau a varié
au cours des âges mais il n’y a jamais eu de communication avec le golfe d’Aqaba. L’eau
contient 8 à 15% de chlorure de magnésium, 5 à 9 % de chlorure de sodium, 2.3 à 3.7 % de
chlorure de calcium, 0.3 à 1 % de chlorure de potassium et du bromure de magnésium, du
chlorure de manganèse, du sulfate de carbonate de chaux et des traces d’aluminium,
d’ammoniaque, d’acide silicique, d’oxyde de fer et d’iode ; donc une véritable saumure qui a
des densités minérales plus importantes en profondeur, la densité varie donc de 1,021 à
1,256. Il est bien évident qu’il n’y a nulle vie dans ce milieu, mais par contre il y a une
exploitation de plus en plus importante des sels minéraux, et plus récemment une
exploitation touristique avec un complexe balnéaire ( !) en pleine expansion. Nous sommes
en octobre et la température est supportable, mais nous essayons d’imaginer ce que ce doit
être l’été.
Après un déjeuner sur les bords de la Mer Morte, nous reprenons l’ascension de la
montagne vers Kerak (+ 949 m). C’est un château qui se dresse sur un promontoire
surveillant 3 vallées. Cette zone, dès l’époque byzantine, est peuplée par des populations
chrétiennes et donc les Croisés pourront s’y implanter facilement.
Dès 1115 c’est Baudoin 1er qui prend possession du pays. Payen le Bouteiller, héritier,
échanson du roi Foulques, transfère le siège de la seigneurie vers 1140 à Kerak et, pour sa
défense, construit la forteresse.
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En 1176 Etiennette, héritière de Philippe de Milly et de Niles de Plancy successeur de
Payen épouse de Renaud de Châtillon, transfère à son époux le comté et le château. Celuici va en faire un repaire de bandits qui ont razzié toutes les caravanes, qu’elles soient
infidèles ou chrétiennes. Il va résister au siège de Saladin en 1181, mais succombe après le
désastre de Hattin (1187) Renaud de Châtillon est exécuté et sa veuve doit livrer le château
en 1188, contrainte par la famine. Celui-ci échoit au frère de Saladin, Malek el Adil et ensuite
passera de main en main depuis l’émir el Mughîth, jusqu’aux Ottomans en passant par les
Mamelouks. Il faut compter au moins 3 heures de visite de l’ensemble : citadelle, front nord,
cour supérieure, basse cour et donjon.
Nous allons prendre une partie de la route des rois pour nous rendre à Pétra.
Pétra était une étape attendue car elle est un double symbole.
- celui que peut donner la puissance de la nature en façonnant la planète par les
séismes, la pluie, le vent, l’infiltration des eaux, l’écoulement de celle-ci : écorce de grès
rouge, mauves, jaunes verts, bleus, répartis comme des draperies, gorges très sombres
(sikh).
- celui de l’adaptation de l’homme à ces données géologiques : les Nabatéens, une
tribu arabe de culture araméenne venue des déserts du Nord de l’Arabie qui va se
positionner au centre d’un réseau de routes caravanières qui font le commerce de l’encens,
de la myrrhe, des épices, de l’or, de l’argent, des pierres précieuses venant de l’Inde, de
l’Arabie vers Pétra qui sert de centre d’éclatement du trafic et redistribue vers l’occident la
formidable richesse accumulée. Ceci va se traduire par des palais, des temples, des
mausolées à façades monumentales, le tout taillé dans les falaises de grès.
Ceci excita la convoitise de Rome et Pompée envoie ses légions assiéger Pétra mais
celle-ci achète la paix contre une forte somme. Mais ces habiles commerçants doivent faire
face à un trop grand nombre de problème géopolitiques et peu à peu ils sombrent dans la
vassalité de Rome et Pétra finit par être annexée à l’empire romain par Trajan qui l’incorpore
à la province romaine d’Arabie. Son déclin commence lorsque Palmyre va accroître son
influence qrâce à la voie de l’Euphrate et lorsque on saura naviguer en Mer Rouge contre le
vent du Nord, supplantant ainsi le commerce caravanier.
Pétra va sombrer dans l’oubli jusqu’à la visite de Johan Ludwig Burckhardt en 1812.
Notre hôtel se trouve pratiquement à l’entrée du site, celle-ci se fait par le Wadi Mûsa.
Les parois de la vallée se resserrent peu à peu et on voit les premières grottes
sépulcrales de la nécropole de Gaïa et les tombeaux monolithes isolés du rocher d’origine,
puis deux tombeaux superposés à obélisques et triclinium (chambre centrale, murs nus et 3
larges banquettes pour les banquets funéraires). Nous entrons dans le sîq, gorge étroite
creusée par l’oued Mûsa. A bab (porte) el Sîq, un barrage reconstitué protège le défilé des
inondations, il reste les vestiges d’un arc qui reliait les 2 parois à 16 m de haut. Le sîq donc,
ancien lit d’oued, avait été transformé par les Nabatéens en voie pavée grâce à un tunnel de
140 m de long sur 7 m de large qui évacuait les eaux vers le ravin el Moslem.
Cette voie était parsemée de stèles. Parfois le sîq ne dépasse pas 2 m de large dominé
par des parois abruptes de 60 à 100 m de haut, ce qui nous fait cheminer dans un clair
obscur quelque peu mystérieux et, soudain, brutalement, dans l’interstice de la fente du sikh,
il est là, la merveille de Pétra, dans une luminosité matinale quasi irréelle, qui fait ressortir le
rose du grès dans cet écrin de montagnes. Ce monument est grandiose : 39.50 m de haut
sur 28 m de large, son architecture baroque est fantaisiste mais harmonieuse. Au centre du
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monument « EL KHAZNEH » l’urne qui a longtemps été supposée être le réceptacle du
trésor du pharaon (d’où le nom de monument) la statue d’Isis/Tyché de type alexandrin a fait
penser à un temple d’Isis mais d’autres archéologues penchent pour un tombeau.
L’ensemble est composé de deux éléments Corinthiens superposés et orné de
colonnes, de reliefs et de statues.
La salle principale est grande avec un plafond très haut mais nue, il y a 3 portes qui
ouvrent sur des cellules vides et sans ornements.
Lorsqu’on se penche sur les reproductions remarquables, lors de la redécouverte du
site, on voit mieux les éléments de la façade qui maintenant sont fortement érordés.
L’urne était censée contenir le trésor, d’où les impacts de projectiles des individus
dépités de n’avoir rien trouvé.
De part et d’autre de celle-ci on voyait Isis - Tyché drapée et avec la corne
d’abondance à la main gauche et un sistre à la main droite.
Les bas-reliefs sur les faces latérales sont des Amazones en tunique courte
brandissant la hache d’arme.
Les niches contiennent la victoire ailée.
Arrachons-nous à cet émerveillement et continuons dans le sîq, les parois sont
entièrement creusées de grottes sépulcrales et de tombeaux, avec une immense variété de
façades, certains tombeaux peuvent s’étager sur quatre niveaux.
Le sîq s’élargit peu à peu, et ceci a permis la mise en place d’un théâtre de 33 rangs de
gradins taillés dans le grès bigarré, il avait donc une capacité de 3 à 4.000 places ; il date
sans doute du tout début du 1er siècle.
La large voie pavée a portique que nous suivons ensuite devait être le cardo maximus
de ville romaine peut être du temps du Trajan. Au confluent de deux wadi on voit les restes
d’un nymphée. La wadi Musa devait être enjambé par de larges ponts qui donnaient accès à
un sanctuaire (temple du lion ailé) ravagé par un tremblement de terre en 365. sur ce même
site des fouilles récentes ont mis à jour 3 églises byzantines dont une est bien restaurée et
possède un pavement extraordinaire.
La porte monumentale à triple baie donne sur un temenos (aire sacrée), elle est
décorée de motifs hellénistiques.
Nous arrivons devant Qasr el bint (le château de la fille). C’était un temple dédié à
Dushara divinité principale sans représentation physique et sans doute matérialisée par une
pierre noire cubique ; elle recevait sacrifices et libations (peut être de sang). Les murs
devaient être recouverts de peintures dont il reste quelques traces très pâles.
Au dessus de notre restaurant (rustique) se trouve un petit musée qui présente des
fragments de sculptures, de la céramique, des figurines, du plâtre peint, mais surtout une
paroi de grès aux irisations extraordinaires.
Après le repas, c’est l’escalade vers EL DEIR, en partant de Qasr el bint, après avoir
traversé le lit du wadi Musa, en contournant la montagne el Habis nous attaquons une
montée à travers des gorges sur des sentiers aux marches taillées dans le roc. A mesure
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que nous montons de splendides panoramas s’offrent à nous. Finalement nous arrivons sur
une esplanade devant un splendide temple en grès jaune taillé à même le rocher.
Cette esplanade semble avoir été un lieu sacré d’où le nom de EL DEIR (le
monastère).
La façade est impressionnante 40 m de haut pour 47 m de large, c’est un monument
imposant qui n’a pas la finesse d’el Khazneh, c’était peut-être le temple d’Obodas. L’urne
mesure 9 m de haut.
L’entrée a 4 m de large sur 8 m de haut pour une salle de 10 m de hauteur sous
plafond et 12 m de côté. Apparemment au fond dans une niche, il y aurait eu une statue qui
aurait été enlevée lors de la conversion du temple en église. Allons jusqu’à Wiew point et de
là nous pouvons contempler le Wadi Araba, le désert de Cadis et le Jbel Harun surmonté
d’un petit marabout.
En redescendant nous faisons une petite halte au triclinium aux lions dans un étroit
ravin où on peut voir 2 lions en relief et deux têtes de méduses dans la frise dorique. Au
tympan, il y a une urne et une hydre.
En redescendant dans un éclairage extraordinaire nous allons vers la falaise de el
Khubtha pour voir de plus près les tombeaux royaux :
Le tombeau à urne est peut-être le sépulcre du roi Malichos II, le tombeau corinthien, le
tombeau à étages qui a la plus vaste façade, le tombeau de Sextus Florentinus qui a la
façade la plus harmonieuse.
Notre retour s’effectue dans la pénombre dans le Sîq déserté, mais dans une ambiance
extraordinaire et quasi magique.
Le lendemain nous renouvelons notre expédition à travers le Sîq avant d’arriver au
théâtre nous prenons la montée du massif Zibb Attuf vers le haut lieu des sacrifices. Nous
passons devant une plate-forme artificielle marquée par deux obélisques sans doute
Dushara et Al Uzza (nabatéennes) identifiées ensuite sous le nom de Vénus. Des restes de
murs effondrés témoignent de la présence d’une ancienne forteresse qu’on ne sait à qui
attribuer nabatéenne ? byzantine ? croisée ?
Dernière montée pour atteindre l’espace sacré, sur la partie tabulaire de la montagne
qui offre une vue à 360 degrés sur l’ensemble de Pétra, vallées aux tombeaux, massifs
fracturés par les séismes et repris par l’érosion. Il est normal que sur ce lieu de création du
monde le site soit sacré (haram) sur l’esplanade de 64 x 20 m, on trouve l’impluvium qui
récupérait les eaux pluviales, puis une cour à triclinium (3 banquettes surbaissées), un autel
à trois marches d’accès, un estrade peut-être table d’offrande. Le sang des victimes
récupéré dans une cuvette devait servir à badigeonner les pierres sacrées.
Redescendons de l’autre côté vers Qasr el bint, nous passons devant le monument au
lion, un lion de 4.50 m de long en saillie marque l’emplacement d’une ancienne fontaine. La
descente (raide) contourne le long du ravin Farasah (bête féroce), on passe devant un
tombeau de style hellénistique du 1er siècle avec un triclinium et’une citerne ; il a pris le nom
de tombe du jardin ; un peu plus loin un autre tombeau de style hellénistique a des hauts
reliefs qui présentent un personnage en tunique courte, cotte de cuir, manteau agrafé. C’est
un nabatéen et ses deux fils qui ont voulu être représentés en posture héroïque, d’où le nom
de tombeau du soldat romain. Un autre tombeau à triclinium a dû appartenir à une riche
famille.
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Nous revenons au restaurant près de Qasir el Bint et l’après-midi sera consacré à
revoir les sites les plus extraordinaires.
Le lendemain avant de partir pour Agaba nous faisons une petite visite à Little Pétra.
C’est une autre entrée vers le site de Pétra avec cette fois non pas des tombeaux mais des
pièces taillées dans le roc et des citernes, le lieu facile à fermer grâce à des défilés étroits
semble avoir été une halte pour les caravaniers et leurs caravanes.
Au passage nous rendons visite à un bédouin sous sa tente, tout près de vestiges
néolithiques ; une longe route nous mène vers le Wadi Rum, c’est un ensemble de vallées
de type saharien dans lesquelles nous allons faire un trek de trois jours en campement sous
tente avec des bédouins.
Deux véhicules 4x4 transportent notre matériel et notre nourriture. Deux cuisiniers
assurent notre subsistance et nous allons marcher parfois 8 h par jour dans un décor
extraordinaire, seule ombre au tableau le sable est mou et rend parfois la progression
pénible. L’érosion qui a dégagé le sable a laissé en saillie des étranges formations
rocheuses, en tour, tables, plateaux ou arches.
Les couleurs peuvent être ocre, rose, noirâtre et varient à chaque heure du jour.
L’érosion éolienne a repris les restes abandonnés par l’érosion fluviatile, il y a longtemps que
les oueds ont cédé la place à des vallées envahies par le sable et fossilisées. Cette érosion
éolienne a sculpté la roche en nid d’abeille, en couches stratifiées semblables à des
escaliers géants. Il nous faudra une matinée pour les uns, une après-midi pour les autres
pour réaliser l’escalade que tous attendaient : la montée à la grande arche : un dénivelé de
plus de 400 m avec des passages en escalade qui nous emmène au bout de 2 heures de
montée sur une arche naturelle impressionnante du haut de laquelle nous pouvons voir la
vallée 40 m plus bas et l’ensemble du massif gréseux. Cette promenade sur les pas de
Lawrence d’Arabie, rassemblant ici ses légions arabes, nous mène devant le massif qui
inspira à l’auteur, les sept piliers de la sagesse juste à l’entrée du Wadi Rum Au bout des 3
jours nous sommes émerveillées par la symphonie des couleurs, par le calme paisible de
ces wadi, par les nuits transparentes sous la voûte étoilée. C’est le cœur apaisé que nous
gagnons notre dernière étape Agaba. C’est une ville moderne sur un site particulièrement
stratégique puisque c’est le port de la Jordanie sur la mer rouge, c’est le poumon
économique du pays, de même que son frère jumeau de l’autre côté de la baie en terre
d’Israël : Eilath. Les deux pays ne sont séparés ici que par un pont. D’Agaba une voie ferrée
et une route en voie rapide desservent le pays jusqu’à Annam.
Une promenade en bateau dans ce golfe d’Agaba, sur le Mer Rouge nous fait découvrir
des fonds marins fantastiques avec coraux, poissons, algues etc.…, mais aussi prendre
conscience des problèmes du Moyen Orient. Nous avons quitté le port d’Agaba aussitôt
surveillé par une vedette jordanienne, elle-même suivie de loin par une vedette israélienne.
Dans un véritable mouchoir de poche nous sommes à la limite entre les côtes israéliennes et
jordaniennes au Nord, égyptiennes à quelques kilomètres à l’Ouest avec Taba et Nuweiba,
saoudiennes à quelques kilomètres au Sud Est, yéménites un peu plus loin. Ce carrefour
tant convoité par des intérêts divergents est à lui seul un raccourci des problèmes du Moyen
Orient.
Nous quittons Agaba tard dans la nuit pour un bref repos à Annam avant de repartir
pour la France, les yeux pleins d’image extraordinaires.
Michel Marty
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