Septembre: coeur de maman - Agence Artistique Duchesne

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Septembre: coeur de maman - Agence Artistique Duchesne
Publié le 13 septembre 2015 à 10h00 | Mis à jour le 13 septembre 2015 à 10h00
Septembre: coeur de maman
Mario Cloutier
La Presse
Premier grand coup de coeur de la
saison théâtrale pour la
pièce Septembre, superbement écrite et
jouée par Evelyne de la Chenelière.
C'est la rentrée à l'école. Elle se passe
une journée après le 11 septembre, mais
n'est pas pour autant exempte de petits
et de grands bobos, de petits et de
grands drames.
Quatre ans après leur dernière collaboration au Nouveau Théâtre
Expérimental, Evelyne de la Chenelière retrouve son complice Daniel
Brière dans la pièce Septembre, présentée à l'Espace libre.
Photo fournie par Espace libre
Une mère doit interrompre son travail à
la maison pour aller chercher sa fille, qui
a mal au ventre, à l'école. Dans la cour
de récréation, elle observera les enfants
et leur imaginera une vie, des plaisirs et
des malheurs, comme seule une mère
peut le faire.
Une mère qui navigue entre les écueils
des « il faut », des « on dit » et des « ne pas ». Une mère qui se souvient du meilleur de son enfance et qui imagine le
pire du présent.
Une femme au coeur en alerte qui a toujours « peur de se tromper » et qui a, pourtant, tout compris de la vie des
nombreux exclus des cours d'école, de la fillette honteuse de sa mère alcoolique jusqu'au plus faible des garçons,
victime de taxage.
La mise en scène sobre de Daniel Brière met l'accent sur un texte juste et sensible, parfois incandescent de poésie.
« C'est tout de suite qu'il nous faut décider de notre malheur, car, plus tard, être malheureux passera inaperçu », dira
une fillette solitaire. Brière accorde cette belle partition avec de magnifiques projections et une bande constituée de la voix de l'interprète et
des effets sonores d'Alexander MacSween.
L'impuissance d'une mère
Avec comme décors un mur entièrement couvert de post­it et une clôture métallique amovible, Evelyne de la
Chenelière joue admirablement certains des élèves, mais surtout toutes ces mères angoissées, qui voudraient être
plus, tellement plus, pour leur enfant. Jusqu'à se faire marcher sur le corps pour que le fils devienne un petit caïd comme les autres. Jusqu'à imaginer que le
pire pourrait arriver dans cette école ouverte à tous les « oiseaux vengeurs ». En ces temps difficiles dans nos établissements scolaires, Evelyne de la Chenelière ne critique personne, ne dénonce
rien. Elle écrit en lettres rouges l'impuissance d'une mère devant les abysses de douleur de l'enfance ainsi que les
menaces réelles ou imaginaires à la tendre, mais nécessaire innocence.
Septembre, c'est toute la beauté d'un coeur de mère qui noue la vie à partir de tressaillements invisibles.
Septembre. Écrit et joué par Evelyne de la Chenelière. Mise en scène de Daniel Brière. À l'Espace libre
jusqu'au 3 octobre.
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