Des rêves qui font tic-tac, tout droit venus du Tessin.

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Des rêves qui font tic-tac, tout droit venus du Tessin.
Des rêves qui font tic-tac, tout droit venus du Tessin.
Texte de Gisbert L. Brunner, journaliste allemand - Janvier 2011
Traduit de l’Allemand
Au début, il y eut l'idée
Le président américain Abraham Lincoln dit un jour : « Rien n’est plus puissant qu'une
idée pour laquelle les temps sont mûrs. ». C’est certainement ainsi que cela est arrivé un
jour pour un homme du nom de Giorgio Baiardi.
Ce tessinois doté d’une inépuisable passion pour l'art horloger exclusif avait dans la tête
de mêler le charme de la Suisse méridionale, imprégnée de l'influence italienne, et la
haute précision horlogère jurassienne. C’était toutefois plus facile à dire qu’à faire car il
s’agissait de faire cohabiter deux caractéristiques pratiquement opposées.
Pendant sa vie, l'ingénieur avait déjà affronté de plus grands défis qu’il a finalement
vaincus avec adresse. Pourquoi en aurait-il été autrement lorsque le temps est mesuré de
façon naturelle, mécanique, et représenté avec style? Giorgio Baiardi, à 48 ans, se lança
dans la première phase d'une aventure horlogère. Celle-ci consistait en la création d'une
maison du nom de « Ora Swiss Watch Company ». “Ora” signifiant “maintenant” constitue
donc un défi à notre propre relation avec le temps. Celui qui ne connaît pas l'italien reliera
tout de même aisément le mot « ora » à une importante, voire la plus importante unité de
mesure du temps : l'heure. Seule l’heure était indiquée sur les premières horloges
mécaniques à engrenages. Les artisans qui les construisaient à l’époque ne pensaient
pas encore, ne serait-ce que de manière lointaine, aux minutes ou même aux secondes,
puisque la précision de la mécanique élémentaire laissait encore beaucoup à désirer.
Même l'aiguille des heures nécessitait un ajustement régulier. Par ailleurs, les gens
disposaient alors de beaucoup de temps. Le slogan signé de Benjamin Franklin « Time is
Money » arriva en effet bien plus tard. De même la révolution industrielle, dont le vrai
protagoniste, selon Lewis Mumford, ne fut pas la machine à vapeur mais bien au contraire
l’horloge portable, était encore bien loin.
Passé, présent et futur
Par conséquent Baiardi, dans son audacieuse liaison Ticino - Jura, a créé une rupture,
toute sauf facile, entre tradition, présent et futur. Cet exercice périlleux préoccupe de
nombreuses personnes de la branche, mais réussit cependant à peu d’entre eux. Le motif
est qu'il requiert une fine compréhension des valeurs traditionnelles, une vision créatrice,
beaucoup de know-how technologique ainsi que le courage de mettre en pratique des
idées de design horloger hors du commun.
Toutefois - pour en revenir à Lincoln - les temps étaient donc mûrs. L'idée avait tellement
progressé qu'il ne restait qu’une seule direction : aller jusqu’au bout.
Dans la réalisation de son projet, Giorgio Baiardi a bénéficié du fait que, dans les années
quatre-vingt, après des études en micromécanique, il ait acquis une expérience horlogère
considérable auprès du Globalplayer Swatch Group.
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Vint ensuite une étape importante dans sa carrière professionnelle: plusieurs année au
service du constructeur tessinois de machines de précision Agie Charmilles auprès duquel
le technicien qui « a toujours eu une passion pour ce métier » a pu considérablement
développer ses connaissances et compétences particulières. Il a découvert le potentiel
caché en lui.
Dès 2003 plus rien pouvait l'arrêter : Baiardi entendait tenter le succès en se mettant à
son propre compte. A Locarno, il a donné vie à la Baiardi Industrial Engineering, une petite
étude d'ingénieurs, mais très précieuse pour des réalisations exigeantes. Avec un staff de
collaborateurs sélectionnés, il a développé des machines extraordinaires qui ont
rapidement conquis leur place dans la micromécanique ainsi que dans la technique
médicale et horlogère. Le succès espéré, mais pas nécessairement attendu, a créé une
sorte de dépendance. D’un côté en tant que concepteur il aimait agir en coulisses, mais
de l'autre cependant il lui plaisait d’avoir une certaine visibilité. « D’une certaine façon,
j'étais possédé par l'idée d'agrandir l’éventail des montres haut de gamme avec des
produits distincts, empreints d'une forte individualité à travers mes créations horlogères. »
Pas à pas vers un seul but
L'heure décisive est arrivée un jour de 2006. Après vingt ans d'activité professionnelle,
généralement dans l'ombre, et de continuelles études de marché axées sur le potentiel du
produit, est crée L’Ora Swiss Watch Company à Locarno, au Tessin, ce lieu où précision
du nord et fantaisie du sud convergent, route que tant de gens ont parcourue pendant des
siècles, véritable point de rencontre où eut lieu et se produit encore tout un brassage
d’idées. Ce sud si fertile en idées, d’où ce slogan affirmé, « Born in the Sun. »
Comme le lancement d'une collection de montres comporte des coûts considérables,
Giorgio Baiardi a fondé une nouvelle entreprise, Spin-off de l'étude d'ingénieurs déjà
existante. Cette simultanéité lui a permis l'espace d'action nécessaire pour soutenir cet
entrepreneur horloger débutant afin d’implémenter son projet de chronographe
automatique parfait, mais à l’aspect complètement différent, sans une insoutenable
pression financière.
Participent à ce projet: son épouse, Corinne Koller-Baiardi, une brillante avocate ainsi que
l’indispensable collaborateur et designer Marco Mariotta, reconnu internationalement.
Celui-ci revêt même auprès d’Ora Swiss Watch Company la fonction d’ Art Director.
Les premières esquisses sont devenues des dessins de construction détaillés. Le premier
prototype a ensuite inspiré une grande confiance en l’avenir et, en 2009, les premiers
exemplaires ornaient les poignets des membres de l'équipe. Entretemps cependant, le
secteur horloger pâtissait d’une atmosphère lourde. La crise des marchés financiers avait
clairement amorti l'euphorie liée au boom de la branche. Giorgio Baiardi ne s’est pas
découragé pour autant et a présenté, à la barbe de tous les scénarios négatifs, son « Ora
#1»… et a pu récolter 25 commandes en très peu de temps.
Un manifeste horloger
La décision de donner une forme carrée à cette Ora #1 n'a pas été le fruit du hasard.
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Confucius enseignait alors : « S'orienter selon le carré signifie agir correctement. »
Parmi toutes les formes géométriques, il en est probablement une seule qui représente
l'équilibre statique aussi clairement et a, en outre, les critères des proportions
harmonieuses. Les quatre côtés du carré renvoient à l'équivalence des quatre saisons et
des quatre points cardinaux. Ils rappellent les quatre éléments, feu, air, eau et terre, qu’
Empedocle croyait immuables. Même les manifestations plus voyantes de la lune, les
phases lunaires, sont représentées par une division par quatre : la nouvelle lune, le
premier quart, la pleine lune et le dernier quart. En outre, même l'aire du cercle peut être
établie seulement avec la quadrature. Et enfin le carré, symbole de l’ordre formel, a
régulièrement été le parrain de l'architecture, de l'urbanisme et du design fonctionnel.
La forme puriste avec les attaches cachées du bracelet n’est pas l’unique spécificité de
l'« Ora #1». Le cadran y est tout aussi important ; les designers confirmés soutiennent qu'il
contribue pour les quatre cinquièmes à l'impression générale de la montre. Dans ce
manifeste horloger, la boîte et le cadran consistent en un unique morceau de titane. Mais
il y a davantage : à travers ce traitement appelé également procédé « EDM », où de
minuscules étincelles frappent fortuitement le matériel en travail en produisant de très
petits cratères, chaque cadran peut se targuer d’un caractère unique. Ce procédé de
transformation, appelé également érosion par étincelles, est également utilisé dans
l’industrie médicale ainsi que dans l’aviation civile et spatiale : Des millions d'étincelles
donnent à la montre son unicité, chaque pièce est ainsi « sculpted by the stars ».
Le complexe procédé de fabrication garantit ainsi que n'existeront jamais deux cadrans
identiques. Il n’y aura jamais 2 montres similaires contrairement aux montres, aussi
coûteuses soient-elles, qui sortent de presse chaque jour. Cette unicité, appuyée d’un
purisme créateur, d’ une très grande fidélité du détail ainsi que d’une réélaboration
personnelle raffinée et de très haut niveau du mécanisme du chronographe utilisé, le
calibre Valjoux 7753, fait de la « Ora #1 » un authentique produit d'exception en ces
temps de standardisation. Il n'y a pas de quoi s’étonner lorsque l’on sait que le
photographe neuchâtelois internationalement connu Joël von Allmen, s'est senti
particulièrement attiré par cet objet horloger. Il a assumé sans hésitation le shooting
publicitaire de cette montre.
Le rêve entre en scène
Avec un prix de base de 12'000 francs suisses environ, « Ora #1 » n'est pas un produit
bon marché, mais un instrument de mesure qui vaut son prix, cela sous tous ses aspects.
Outre un haut niveau d'individualité, les clients obtiennent également une expérience
d'achat spéciale. Il n'existe pas - encore – d’intermédiaires. Qui visite le showroom de la
Piazza Grande à Locarno, suite à un rendez-vous préalable, comprendra rapidement quel
charme est lié aux montres signées « ORA » car l'objet lui-même n’est que la première
face de la médaille.
L'autre face contient une promesse : à l'achat est lié un séjour dans un hôtel de la région
ainsi qu’un dîner raffiné. La montre vous est délivrée là où elle est née, de façon à
produire une émotion à des niveaux différents. La perspective de visiter l’une des plus
belles régions de Suisse et de pouvoir partager la passion horlogère avec le fondateur
d'« Ora » est ainsi unique, comme le chronographe lui-même qui, ensuite, ornera votre
poignet.
Celui qui aura la patience d'attendre Baselworld 2011 aura même le choix parmi « Ora
#1 », « Ora # 2 », une montre de plongée très bien étudiée qui unira caractère et habile
manufacture horlogère, ainsi que « Ora #3 » une montre tonneau bombée sphérique qui
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fera une place d’honneur au sertissage de diamants sur le titane. Le tout dans le style de
Giorgio Baiardi lequel, par expérience personnelle, sait quelles sont les choses que les
individualistes exigeants de nos temps frénétiques apprécient : les rêves qui deviennent
réalité.
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