Trans*: au-delà des préjugés
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Trans*: au-delà des préjugés
>> printemps 2014 #18 SUISSE Dossier Trans*: au-delà des préjugés II >> Sommaire 18 Suisse # S E ID A REM III III VI Comité de rédaction : Claude Bonjour, Hervé́ Coltel, Giancarlo Foglietta, Claire Fontaine, Deborah Glejser, Miguel Limpo, Diego Lindlau, Sascha Moore, David Perrot, Christel Rapo, Céline Schaer, Barbara Seck. III VI Edito Dossier Chargée du comité de rédaction : Anne Courvoisier-Fontaine Gratuité des dépistages VIH-IST : et la Suisse ? Trans*: au-delà des préjugés Chargé de publication : Nicolas Gevaert par Anne Courvoisier-Fontaine et Sascha Moore Coordination éditoriale : Deborah Glejser Tél. 022 700 15 00, courriel : [email protected] Diffusion, abonnements et petites annonces en Suisse : Tél. 022 700 15 00, courriel : [email protected] IV Actus News, société, santé, campagnes, associations, etc. Maquette : Nicolas Ducret. Il existe de nombreux termes pour désigner les personnes avec une identité de genre atypique – des termes appropriés et des termes inappropriés. Il est difficile d’utiliser un mot qui convienne à toutes les personnes concernées. Le terme de personne trans* semble être un bon compromis, car chaque personne est libre d’imaginer et d’exprimer ce qu’elle ressent derrière l’astérisque. X Rencontres Photos et illustrations avec nos remerciements : Nicolas Ducret, Samuel Killermann, Plonk et Replonk, Niels Rebetez, Alexandra Ryser. V Remerciements à Jean-François Laforgerie. Bons Plans Impression : Corlet Roto, 53300 Ambrières-les-Vallées. Trimestriel. Tirage : 2 500 ex., ISSN : 11620544. CPPAP N°1212 H 82735. Les articles publiés dans Remaides peuvent être reproduits avec mention de la source. La reproduction des photos, des illustrations et des témoignages est interdite, sauf accord de l’auteur. La reproduction des petites annonces est interdite. Boissons rafraîchissantes Rencontres entre PVA Deux associations romandes organisent des rencontres régulières pour créer des liens, pour se soutenir. Les vertus de la menthe. XI Droit Révision sur la loi sur les épidémies en Suisse : l’après votations Remaides Suisse Groupe sida Genève, 9 rue du Grand Pré, 1202 Genève. Fax : 022 700 15 47. Remaides sur internet : www.groupesida.ch/remaides www.aides.org/remaides Avec le soutien : Aide Suisse contre le Sida, Antenne sida Valais Romand, Dialogai, Empreinte, Fondation Profa, Groupe sida Jura, Groupe sida Neuchâtel, Santé Sexuelle Suisse, PVA Genève, Sid’Action, ainsi que de la République et canton de Genève. Nous regrettons de devoir vous annoncer le décès de Daniel, membre de Sid’action, Lausanne. Celui-ci avait évoqué sa vie en établissement médical dans le numéro 17. Coupon d'abonnement Abonnez-vous gratuitement à Remaides Suisse ( merci de bien vouloir écrire en majuscules ) Nom : _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ Je désire recevoir Remaides Suisse régulièrement. Prénom : _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ Je reçois déjà Remaides Suisse, mais j'ai changé d'adresse Adresse : _ _ _ __ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ __ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ ( indiquer l'ancienne et la nouvelle adresse ). Code postal : _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ Ville : _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ Edito << Pour Remaides Suisse à renvoyer à Groupe sida Genève. 9 rue du Grand Pré, CH-1202 Genève. Vous voulez soutenir l’édition de Remaides Suisse, adressez vos dons à la Banque Cantonale de Genève ( CCP 12-1-2 ) en faveur de notre compte A 0776.00.65 mentionner “Remaides”. REMAID ES Suisse # 18 Gratuité du dépistage VIH-IST : et la Suisse ? P ourquoi, en Suisse, la collectivité paierait-elle les frais de la prise de risque individuelle ? C’est dernièrement une question posée de plus en plus souvent dans notre pays. En effet, entre autres exemples, une initiative populaire visant à retirer de la couverture de l’assurance obligatoire l’interruption volontaire de grossesse a récemment abouti. Si elle était acceptée aux votations, ce serait un terrible retour en arrière vers une médecine à deux vitesses qui pénaliserait lourdement les personnes à revenus modestes ne pouvant pas s’offrir le soidisant "luxe" d’une interruption de grossesse. Il en est précisément ainsi, malheureusement, de la prise en charge des dépistages des infections sexuellement transmissibles, qui sont à la charge des personnes concernées. Plonk et Replonk Les tests de dépistage anonymes pour le VIH, pour ne citer que ceux-là, coûtent en Suisse, rappelons-le, CHF 50 et CHF 25 pour les moins de 25 ans. Les tests non anonymes, en principe facturés à la caisse maladie, seront pourtant répercutés sur les assurés qui n’auront pas encore épuisé leur franchise ou leur quote-part. D’une manière ou d’une autre, le dépistage en Suisse se paie. Si, selon la formule consacrée "mieux vaut prévenir que guérir", le dépistage étant une mesure de prévention autrement moins chère à mettre en œuvre que les diverses prises en charge post infection, ne serait-il pas logique de rendre ces mesures aussi accessibles que possible ? La plupart des pays avoisinants pratiquent eux, gratuitement, les tests de dépistages des IST. Le dépistage du VIH connaît un autre obstacle de taille : en maintenant des sanctions pénales contre les personnes séropositives, on entrave non seulement le dévoilement du statut séropositif, mais aussi la volonté même de le connaître et ceci a pour conséquences le refus du dépistage, l’absence de traitement, le manque de mesures de protection et potentiellement des cas de nouvelles contaminations parfaitement évitables. Le dépistage est le premier maillon de la chaîne de prise en charge, c’est un maillon essentiel pour stratégiquement endiguer si possible l’épidémie et arriver un jour, espérons-le, à l’éradiquer complètement. Encourager les personnes les plus à risque à se faire dépister est déjà difficile, ajouter des obstacles artificiels revient à ne pas prendre les responsabilités qui incombent à une société : celles de défendre les moins chanceux en ne les pénalisant pas doublement, par une sanction non seulement morale, mais financière ! Car au pays du Swiss Statement, apparemment, la médecine curative est privilégiée au profit d’une médecine préventive. Il semble dès lors que si l’on veut à la fois faire des économies dans le domaine de la santé et tenter de diminuer les nouveaux cas de contamination au VIH et par d’autres IST, il est impératif de promouvoir des tests de dépistages gratuits ou en tous cas nettement moins chers. Anne Courvoisier-Fontaine Sascha Moore Lire à ce sujet la brève en page 4 "Des députés genevois demandent à rendre gratuits les tests de dépistage VIH" IV >> Actus 18 Suisse # S E ID A REM Lipoatrophie : Prise en charge du comblement du visage, en Suisse Bonne nouvelle ! Depuis le 1 er juillet 2013, les coûts pour un traitement de la lipoatrophie faciale découlant d’un traitement médicamenteux ou d’une maladie sont à la charge des assurances-maladie. Le traitement se fait par des produits de comblement et il faut que – avant le début du traitement – l’assurance donne une garantie spéciale avec l’autorisation de son médecin-conseil. Par ce système, c’est donc bien l’assurance de base LAMal qui prend ces frais en charge. Une consultation pluridisciplinaire pour la prise en charge des personnes séropositives sous trithérapie est proposée aux Hôpitaux Universitaires de Genève. Plus d’informations sur le Groupe Lipo : 022 372 98 12 ou [email protected] Assurance-maladie : les transfrontaliers vont passer à la caisse Selon les projets actuels du gouvernement français, l'assurancemaladie des frontaliers devrait beaucoup évoluer. La possibilité de souscrire un contrat d'assurance privée disparaîtrait. Cette nouvelle disposition aura de nombreuses conséquences dès le 1 er juin 2014. Les frontaliers ou les rentiers, ayant fait le choix de l’assurance-maladie obligatoire (LAMal) en Suisse, ne sont pas concernés par cette réforme et continueront à être couverts par la LAMal. Les frontaliers en emploi, s'ils ont fait le choix de s'assurer auprès d'une caisse d'assurance-maladie privée, avant le 1 er juin 2014, basculeront automatiquement au régime de la Sécurité sociale. Les personnes qui trouveront un emploi en Suisse pourront, quant à elles, choisir entre la Sécurité sociale ou la LAMal, pour leur couverture d'assurance-maladie. Le Groupement transfrontalier européen et l’Association des Transfrontaliers franco-suisses a mis à disposition un calculateur afin d’évaluer les conséquences financières de ces changements : www.frontalier.org/cmu.htm Assurance-invalidité : pas de compromis sur la 6b) L’évaluation de la 5 e révision publiée fin 2012 par l’Office fédéral des assurances sociales révèle que l’objectif de 20 % de nouvelles rentes en moins jusqu’en 2025 est largement atteint (baisse de 50 % par rapport à 2003), mais l’essentiel de cette diminution a été réalisé avant son entrée en vigueur en 2008. L’objectif de la réintégration n’a pas non plus été vraiment atteint, le nombre de personnes employées à la fin d’une procédure AI reste relativement modeste passant de 40 % en 2006 à 44 % en 2010. La 6 e révision devait permettre d’économiser 320 millions de francs supplémentaires par année, réduire des rentes pour enfants, durcir les conditions d’accès à une rente ainsi que réduire les frais de voyage. En juin 2013, le deuxième volet de la 6 e révision a été enterré par les chambres fédérales. Tiraillé entre la droite et la gauche, le Conseiller fédéral Alain Berset et les centristes n’ont pas réussi à trouver un compromis. Les rentes resteront donc soumises au système actuel des ¼ de rente, ½ rente, ¾ de rente et rente entière. Les rentes ne seront pas non plus amputées de quelques 320 millions d’économies. Guide sur l’assurance invalidité : www.groupesida.ch/ai Des députés genevois demandent à rendre gratuits les tests de dépistage VIH Initiée par le président du parti socialiste genevois, Romain de Sainte Marie, une motion interpartis, réunissant des signatures du PS, mais aussi des Verts, d'Ensemble à Gauche, du MCG et de l'UDC, demande de rendre gratuits les tests de dépistage du VIH effectués aux Hôpitaux Universitaires de Genève (HUG). La motion prend acte de l'augmentation de cas positifs au VIH en 2012, et note que Genève a, pour cette même année, le pourcentage de cas VIH le plus élevé en Suisse, et souligne par ailleurs que, selon les estimations de l'Office fédéral de la santé publique, les 15 à 25 % des personnes séropositives non diagnostiquées seraient à l'origine de 80 % des cas de transmission du VIH. Elle rappelle aussi que les voisins européens de la Suisse, la France, l'Allemagne, l'Autriche, l'Italie, l'Espagne et le Portugal notamment, pratiquent la gratuité des tests du VIH. Pour les députés signataires, "tant que la Confédération ne prend pas la décision de rendre gratuit les tests VIH, il est nécessaire pour le canton de Genève d'agir en tant que canton le plus touché de Suisse". Lire la motion : bit.ly/Kaqmf6 L’équipe de Remaides suisse a décidé de rajouter une nouvelle rubrique à son cahier. Celle-ci sera dédiée aux petits trucs et astuces santé. Elle sera rédigée selon l’humeur, par les uns ou les autres et aura, pour le coup, une saveur différente à chaque numéro. V Bons Plans << REMAID ES Suisse # 18 Boissons rafraîchissantes Voici deux recettes de boissons fraîcheur qui ont le triple mérite de procurer des vitamines, de soulager les problèmes digestifs et d’être aphrodisiaques (si on en croit l’herbier érotique de Bernard Bertrand) (1). Sirop de menthe Thé froid "maison" Pour environ 2 litres de sirop, il vous faut : - 2 bols de feuilles de menthe - 1 litre d’eau bouillante - 1 kg de sucre - Bouteilles vides Pour un récipient d’environ 2 litres, il vous faut : - 4 sachets de tisane aux fruits - quelques pétales d’hibiscus (vendus en sachets ou en vrac) - une lampée de jus d’orange ou pulco - une poignée de plantes aromatiques comme la menthe, la verveine ou la mélisse 1. Laver les feuilles de menthe et bien les égoutter. 2. Les mettre dans un récipient et verser dessus l’eau bouillante. 3. Laisser infuser à couvert pendant quelques heures. 4. Filtrer et ajouter le sucre puis cuire pendant une heure à feu doux. 5. Mettre en bouteilles. Le sirop est de couleur brune, contrairement aux sirops des magasins qui contiennent des colorants ! Il faut réfrigérer les bouteilles une fois ouvertes. Cette boisson rappelle le goût du thé de menthe marocain ultra sucré. 1. On fait bouillir de l’eau que l’on verse sur les plantes. 2. On peut ajouter du sucre ou du sirop d’agave, lequel édulcore tout en contenant peu de calories. 3. On laisse infuser jusqu’à ce que le liquide soit refroidi et on réfrigère. Vous verrez, cette tisane est vraiment délicieuse et possède une belle couleur rouge grâce aux fleurs d’hibiscus. De plus ce mélange est bien vitaminé ! Les vertus de la menthe "La menthe incite tant à l’amour qu’elle diminue le courage !" disaiton en Grèce où l’on interdisait aux soldats d’en consommer. En réalité, il existe plus de 200 variétés de menthes différentes et si toutes ont des vertus stimulantes de la digestion et sont rafraîchissantes, la menthe poivrée est la seule à stimuler les sens ! Ne vous trompez pas en préparant vos tisanes ou alors, vos nuits, au lieu d’être paisibles et reposantes pourraient bien être torrides ! Il est bien clair que l’automédication doit être surveillée et que vous ne devez rien essayer de votre propre chef, sans en parler à votre médecin, car les risques d’interactions néfastes de substances existent et peuvent être dangereux. Anne Courvoisier-Fontaine (1) L’herbier érotique, Histoires et légendes des Plantes Aphrodisiaques de Bernard Bertrand aux éditions plume de carotte. VI >> Dossier 18 Suisse # S E ID A REM VII Le sexe est déterminé, au plan juridique, sur la base de huit critères : les chromosomes, les gonades (testicules ou ovaires), la morphologie interne (utérus, prostate), la morphologie externe (pénis, clitoris), les hormones, le phénotype (seins, pilosité, hanches), le sexe assigné à la naissance et le sentiment psychique d’appartenance. Mais tout n’est pas si simple… Bien au contraire, la complexité semble plutôt être la règle ! Trans*: au-delà des préjugés Propos recueillis par Miguel Limpo et Diego Lindlau S elon certaines études, les caractéristiques d’une personne sur 4 000 ne correspondent pas aux huit critères énoncés (ci-dessus). On peut donc avoir des seins et pas d’utérus, se sentir homme alors qu’on est biologiquement femme, ou inversement. Les corps qui ne répondent pas anatomiquement à la classification médicale occidentale en vigueur sont catalogués sous les termes d’intersexualité et de transsexualité. Les termes "transgenre" ou "travesti" sont souvent employés dans la presse écrite, mais pas toujours à bon escient. Il existe de nombreux termes pour désigner les personnes avec une identité de genre atypique – des termes appropriés et des termes inappropriés. Il est difficile d’utiliser un mot qui convienne à toutes les personnes concernées. Le terme de personne trans* semble être un bon compromis, car chaque personne est libre d’imaginer et d’exprimer ce qu’elle ressent derrière l’astérisque. Les termes d’intersexualité et de transsexualité sont inappropriés, puisqu’ils font référence à la sexualité, alors qu’il s’agit d’un côté de l’identité sexuée, de l’autre côté de l’identité de genre. On préfère donc parler d’intersexuation ou de variation du développement sexuel et de transidentité. De plus, le terme transsexualité fait référence à la littérature psychiatrique et pathologisante des identités de genre atypiques (IGA) rejetée par une grande partie des personnes trans*. Le terme "transgenre" est parfois également utilisé pour parler des personnes avec une IGA, puisqu’il met l’accent sur le genre. Quant aux personnes travesties, c’est-à-dire qui adoptent un style vestimentaire et une attitude considérés socialement comme appartenant au sexe opposé à celui de naissance, elles sont souvent dénigrées par la population en général, y compris par les personnes trans* avec lesquelles elles sont régulièrement confondues. Remaides Suisse a souhaité connaître les luttes, les combats et les préoccupations des trans* dans notre pays et a donc interrogé un spécialiste de la question, Niels Rebetez, membre du comité de Transgender Network Switzerland et consultant pour les personnes trans* au Checkpoint Vaud et à la fondation Agnodice. Combien de personnes trans* vivent en Suisse ? Niels Rebetez : Il n’existe à ce jour aucune donnée sur le nombre de personnes trans* dans notre pays. Les questionnaires de recensement de l’OFS (Office Fédéral de la Statistique) par exemple ne les prennent pas en compte, puisqu’on ne peut être qu’homme ou femme, et aucune question ne permet de déceler les personnes vivant une IGA. On peut évaluer leur nombre entre 4 600 (1) et 35 000 (2). Les estimations dépendent énormément de la méthodologie et de la définition de "personne trans*". Vous animez une permanence d’accueil et de conseil au sein du Checkpoint Vaud s’adressant spécifiquement aux personnes trans*. Comment fonctionne-t-elle ? La permanence propose des informations, du soutien et de l’écoute, et si mes compétences ne sont pas suffisantes, j’oriente la personne demandeuse dans un réseau de personnes concernées et de professionnel-le-s compétent-e-s et bienveillant-e-s. Depuis l’ouverture du Checkpoint et de la permanence en juillet 2013, une vingtaine de personnes environ se sont adressées cette permanence. J’occupe un poste similaire pour la fondation Agnodice (dont la mission est de promouvoir en Suisse une société considérant les variations de l’identité de genre et du développement sexuel comme une richesse relevant de la diversité humaine), où je reçois en moyenne trois à quatre nouvelles demandes par mois. Les demandes concernent surtout les aspects qui touchent à une transition de genre : comment démarrer, où trouver un-e médecin bienveillant-e, quels sont les effets des hormones, que faire si une assurance maladie refuse un remboursement, etc. Cette année, il y a particulièrement beaucoup de demandes d’informations sur la procédure de changement d’état civil. Il existe trois permanences de ce type en Suisse : au Checkpoint Vaud, au Checkpoint Zurich et la fondation Agnodice à Lausanne. Quelles sont les personnes de cette communauté les plus vulnérables et les principales données épidémiologiques (VIH/sida et autres IST) les concernant ? Les plus vulnérables sont les femmes trans* migrantes travailleuses du sexe, car elles cumulent plusieurs facteurs de vulnérabilité comme le stigma social, la migration et le travail du sexe. Les études internationales montrent des prévalences alarmantes, de 7 % à 35 %, voire plus, de prévalence au VIH/sida. Les personnes trans* sont également plus touchées par la dépression/le suicide que la moyenne des personnes de la population générale, dans la mesure où elles vivent une situation de mal-être dans une société qui les rejette encore massivement. Deux études européennes ont donné des taux de 29,9 % (3) et 35 % (4) de tentatives de suicide VIII Gender is one of those things everyone thinks hinks they understand, but most people don’t. t. Like Inception Inception.. Gender er isn’t binary binary.. It’s It’s not either/or. either/orr. In many cases it’s it’s both/and. h/and. A bit of this, a dash of that. This tastyy little guide is meant to o be an appetizer for gender understanding. that’ss the idea. tanding. It’s It’s okay if you’re u’re hungry for more. In n fact, that’ IIdentity dentity ntity chez les personnes trans*. Dans la grande majorité des cas, le fait de faire une transition et/ou le fait de vivre dans le genre ressenti permettent aux personnes concernées de se sentir mieux et en accord avec elles-mêmes, ce qui réduit drastiquement ces phénomènes. Parlons santé. En Suisse, la jurisprudence du Tribunal Fédéral des Assurances a progressivement imposé la prise en charge par la LAMAl d’une partie des frais médicaux liés à un parcours de transition médicale de genre. Quelles sont les conditions à réunir pour en bénéficier ? Il est aujourd’hui obligatoire de suivre une psychothérapie pendant deux ans pour bénéficier de la prise en charge, puisque c’est un-e psychothérapeute (le plus souvent un-e psychiatre) qui donne le feu vert pour un traitement hormonal et/ou des opérations chirurgicales. Cette exigence ne devrait pas se faire de manière systématique et doit être étudiée au cas par cas. Pour les opérations, une condition supplémentaire est qu’elles aient lieu en hôpital public. Les assurances-maladie disposent également de la possibilité arbitraire de refuser la prise en charge d’une opération chirurgicale aux personnes de moins de 25 ans, mais la plupart des assurances n’appliquent plus cette disposition qui date des années 1980. Pouvez-vous donner quelques exemples de traitements et actes chirurgicaux pris en charge, ainsi que leurs coûts moyens ? Une hormonothérapie est en principe prise en charge avec certaines restrictions concernant les produits disponibles, qui ne sont pas tous remboursés. Quant aux IX Person The Genderbread derbread ead P ersonn v3.23 2 opérations, la chirurgie génitale et la mastectomie (construction d’un torse masculin) sont prises en charge. D’autres opérations existent, comme par exemple la chirurgie de féminisation du visage, mais il est pratiquement impossible d’en obtenir un remboursement, alors que beaucoup de femmes trans* souffrent d’avoir un visage qui reste très masculin dans les traits. Les hormones coûtent maximum quelques dizaines de francs par mois et certaines personnes choisissent de les payer elles-mêmes, car certains produits non remboursés leur conviennent mieux. Quant aux opérations, les coûts sont variables et dépendent beaucoup de leur qualité. Ils peuvent varier de quelques milliers à plusieurs dizaines de milliers de francs, en fonction de l’opération et des éventuelles complications. Enfin, une partie non négligeable des personnes trans* ne prennent pas d’hormones ou ne se font pas opérer. D’après les estimations, la proportion d’opérations génitales se situe aux alentours des deux tiers pour les parcours masculin vers féminin, et probablement pas au-delà de 25 % pour les parcours féminin vers masculin. Un vrai problème pour les femmes trans* est l’épilation. La plupart des assurancesmaladie ne l’acceptent qu’après que la personne a obtenu son changement d’état civil. C’est absurde : comment une femme trans* peut-elle être reconnue comme femme si elle ne peut pas bénéficier d’un traitement qui fait disparaître sa pilosité faciale ? D’autant qu’il faut souvent compter plusieurs années jusqu’à un changement d’état civil. En Suisse, depuis le 1 er février 2012, la stérilisation ou les opérations chirurgicales ne doivent pas être exigées comme préalable au changement de Plot a point on both oth continua in each cat category egory ory ttoo represent your identity; combine ine all ingredients to to form form m your Genderbread ○{ Woman-ness W oman-ness Gender Expression ○{ Feeminine Feminine Sex ○{ Feemale-ness Female-ness S Sexually Attracted A ttracted e to to N Nobody { “genderqueer” “butch” “butch h “femme” “androgynous” “androgynous androgynouss” “gender gender neutral” “male” “female” “intersex” “int ersex” “MtF FFemale” emale” Male-ness charact haracteristics you’re born rn with and develop, including uding The physical sex characteristics pe, voice voice pitch, body hair, hairr, hormones, chromo somes, es, etc. genitalia, body shape, chromosomes, oor a bigger bite, bite, read read more at http://bit.ly/genderbread FFor bit.ly/genderbread “two-spirit” “tw o-spirit” Masculine sent gender ur actions, dress, and demeanor emeanorr, The ways you present gender,r, through your demeanor, how th ose presentations esentations are interpreted interpretted based on gender norms. orms. and how those Expression sion “man” Man-ness gender,r, based on how how much you How Ho w you, in your head, define your gender ou align or gender. gender enderr. (or don’t align) withh what you understand ttoo be the options ffor Attraction A ttraction ction 4 (of of infinit infinite) e) po possible ssible comboss plott and label combo “woman” “w oman” Romantically R omantically A Attracted ttract ttracted to to (Women/Females/Femininity) (W Women/Females/F es/Feemininity) (Men/Males/Masculinity) Masculinity) Nobody { (W (Women/Females/Femininity) Woomen/Feemales/F ales/Feemininity) (Men/Males/Masculinity) /Masculinity) In each grouping, circ le all he aspects of gender ttoward oward w which you experience circle a that apply to to you and plot a point, depicting the experiencce attraction. illermann at www .ItsPronouncedMetrosexual.com ouncedMetrosexual.com www.ItsPronouncedMetrosexual.com cbna by Samuel KKillermann "The genderbread person", par Sam Killermann. Pour voir l’illustration dans sa version complète, nous vous invitons à la télécharger depuis le lien suivant : itspronouncedmetrosexual.com sexe. Qu'en est-il de la procédure à suivre pour changer d'identité ? Il existe actuellement deux possibilités : soit demander d’abord un changement de prénom puis plus tard un changement d’état civil, ou alors faire le double changement en même temps. Dans le premier cas, la demande de changement de prénom est adressée à l’Office d’état civil du canton de résidence. Un changement de prénom peut être accordé s’il y a "motifs valables" à la demande. Dans un système fédéral comme le nôtre, cela implique des conditions parfois très variables d’un canton à l’autre. La plupart du temps cependant, une lettre d’un-e médecin certifiant que la personne requérante est trans* est requise. Certains cantons exigent un traitement hormonal, d’autres de prouver que la personne est connue sous son prénom d’usage. Dans le deuxième cas de figure, soit le changement d’état civil (après ou avec une demande de changement de prénom), c’est le tribunal de première instance du canton de domicile (5) qui se prononce. Avant l’avis de droit de l’OFEC (Office Fédéral de l’Etat Civil) de février 2012, il était effectivement quasiment impossible d’obtenir un changement d’état civil sans stérilisation chirurgicale irréversible, condi- tion fréquemment couplée à l’obligation de construction d’organes génitaux opposés à ceux de naissance, et de divorce pour les personnes mariées avant transition. Depuis cet avis de droit, plusieurs tribunaux ont accordé des changements d’état civil à des personnes non stérilisées et/ou mariées. La tendance pour les prochaines années va dans le sens d’un plus grand respect de l’intégrité physique des personnes et d’un plus grand pragmatisme : une personne qui possède des documents d’identité qui contredisent son apparence physique risque fortement la désinsertion sociale. Il faut en principe compter quelques mois pour la procédure, pour autant qu’il n’y ait pas de recours contre une décision négative. Les coûts varient d’un canton et d’un dossier à l’autre. Les frais pour un changement de prénom se situent à 300 francs suisses environ. Pour un changement d’état civil, la fourchette va en général de 200 à 1 500 francs suisses. Pourtant, certaines personnes concernées voient un avantage non négligeable à la pathologisation, lié au remboursement de certains frais médicaux lors du parcours de transition, et craignent un changement de statut. Quels sont les enjeux ? de genre atypique, mais leur reclassement dans une catégorie non-pathologique. A titre de comparaison, la maternité n’est pas une maladie, mais fait l’objet d’un remboursement. Pour les personnes trans*, l’idée de base reste que le fait d’être transgenre implique très souvent une souffrance importante – en partie liée à la stigmatisation sociale et à des dispositions juridiques et administratives restrictives – qui nécessite une prise en charge pour mener ces personnes à un mieux-être. Quels sont les axes prioritaires ces prochaines années pour les personnes trans* ? L’intégration sur le marché du travail, la sensibilisation à la thématique des transidentités, notamment dans les écoles et la lutte contre les discriminations, qui sont encore peu prises en compte officiellement, mais omniprésentes sur le terrain. Le risque de licenciement abusif et de mobbying est également très élevé lors d’une transition, et le sujet mal connu et entouré de nombreux mythes et préjugés. Il y a donc encore beaucoup de travail ! Informations, conseils et soutien Fondation Agnodice CP 121 1000 Lausanne 22 + 41 (0) 79 855 78 42 www.agnodice.ch Checkpoint Vaud Rue du Pont 22, 1003 Lausanne + 41 (0) 21 631 01 76 www.checkpoint-vd.ch Transgender Network Switzerland 8000 Zurich www.transgender-network.ch Association 360 Groupe Trans 36, rue de la Navigation Case postale 2217 1211 Genève 2 + 41 (0)22 732 03 60 [email protected] Le principal conflit se situe entre la volonté de s’affranchir de la pathologisation et la crainte de se voir supprimer le remboursement d’une transition médicale. Un compromis défendu par de nombreuses organisations militantes est non pas la déclassification des identités 1) D’après Olyslager et Conway (2007), une personne sur 1 500 aux Etats-Unis fait une réassignation génitale. Le calcul se fonde sur une population en Suisse de 8 millions d’habitant-e-s. 2) Conron (2011), dans une enquête de population générale, a obtenu qu’une personne sur 200 se définit comme transgenre. 3) Transgender Euro Study (2008). 4) Trans Mental Health Study (2012). 5) En principe, c’est le canton de résidence qui fait foi. Dans certains cas, il se peut toutefois que ce soit le canton d’origine. X Par le passé, Remaides Suisse a publié plusieurs cahiers consacrés a différentes associations romandes, cahiers dont la réalisation a été le théâtre d’échanges vivants et de véritables mobilisations de membres d’associations. Il y eut le numéro 71 ou cahier suisse 3, consacré au 8 1 canton de Vaud, celui sur du numéro 80 ou 12 suisse, dédié au Valais # et ses problématiques spécifiques mais aussi le numéro 83, cahier 14 consacré aux projets de trois associations, PVA Genève, Sid’Action Lausanne et Groupe sida Genève, unies à l’occasion de la 6 e conférence francophone de Genève, autour d’un projet d’atelier d’écriture culminant par la prise de parole publique de personnes séropositives. >> Rencontres e ES Suiss REMAID L L es associations Groupe sida Neuchâtel et Groupe sida Jura ont décidé, à la demande de certains de leurs membres, de mettre sur pied des rencontres régulières entre usagers des deux associations. L’idée étant de rassembler les personnes de façon conviviale autour d’un repas afin de pouvoir partager des idées, du vécu, des envies… Groupe Sida Neuchâtel (GSN) Grand-Rue 18 CH – 2034 Peseux (NE) Tél. 032 737 73 37 Fax : 032 737 73 39 E-mail : [email protected] Web : www.sida-ne.ch www.info-sida.ch En attendant que ces projets de plus grande envergure se concrétisent, nous espérons que nos petites rencontres se poursuivront dans une ambiance chaleureuse devant un apéro (sans alcool) et un repas simple dans un lieu rassurant. Sans a priori, sans jugement et dans l’anonymat s’il est souhaité, afin de de recréer des moments de solidarité sans "frontières". Concrétiser des idées et coucher par écrit des témoignages ou des projets concernant les personnes séropositives. Partager avec les autres, participants ou lecteurs éventuels, ses expériences de vie et parallèlement trouver une valorisation au travers d’un travail de témoignage ou de rédaction. Voilà qui pourrait être aussi, un des buts de ces rencontres, auquelles vous êtes chaleureusement conviés. Claude Bonjour (Collaboratrice au GSN), Anne Courvoisier-Fontaine Pour connaître la prochaine date de rencontre, vous pouvez appeler le numéro suivant : 032 737 73 37, les matins, du lundi au jeudi (ou merci de laisser vos coordonnées sur le répondeur). Groupe Sida Jura Case postale 459 Route de Porrentruy 6 2800 Delémont 1 Permanence téléphonique : +41 (0) 32 423 23 43 Le lundi et le mercredi de 13h30 à 17h30 Fax : +41 (0) 32 423 23 76 [email protected] XI Droit << REMAID ES Suisse # 18 Une lueur au bout du long tunnel de la pénalisation du VIH a version antérieure de la LEp datait de 1971 et, selon le Conseil fédéral, ne répondait plus de façon adéquate aux enjeux actuels des épidémies. Par ailleurs, elle présentait de nombreuses lacunes de répartitions des compétences entre autorités cantonales et fédérales. La nouvelle version introduit, en outre, certaines nouveautés telle une compétence fédérale dans le domaine de la prévention des infections nosocomiales (infections contractées dans un établissement de santé). Rencontres : Neuchâtel – Jura Il y a, d'une part, des personnes ayant fait de leur vie avec le VIH, une vie de fierté, de défis réussis, de pieds de nez, de jolies erreurs et de belles surprises et, d'autre part, des personnes avec un besoin accru d'encouragements, d'exemples à suivre et une confiance à retrouver. Vérifier que c'est possible de vivre avec le VIH, la tête haute. Les rencontres entre plusieurs associations permettent de créer de la solidarité et de l’entraide entre les participants. Idéalement, ces rencontres pourraient aussi, un jour, s’étendre aux PVA de Romandie, de Suisse-allemande, du Tessin et des Grisons, qui uniraient leurs forces pour faire front commun devant toutes les discriminations et les injustices encore en vigueur dans ce pays. Le 22 septembre 2013, le peuple suisse a accepté en votation populaire la révision de la Loi fédérale sur les épidémies (LEp), avec une marge de oui confortable de 60 %. Une avancée en faveur des droits des personnes vivant avec le VIH en Suisse. Or, un élément-clé de la révision de la LEp est l'abolition des poursuites pénales pour transmission ou exposition à la transmission du VIH au titre de l'article 231 du code pénal, sauf en cas de comportement caractérisé par une "bassesse de caractère". Cet article est l’une des deux dispositions du code pénal, avec l’article 122 qui sanctionne les lésions corporelles graves, fondant la plupart des poursuites pénales à l'encontre de personnes séropositives depuis la fin des années 80. En tout, plus de 40 condamnations ont été prononcées en Suisse au titre de ces deux dispositions. Une grande partie de ces condamnations concernaient des affaires où le partenaire séronégatif n’avait pas été infecté. En 2008, la Commission fédérale pour les problèmes liés au sida CFPS (aujourd’hui Commission Fédérale pour la Santé Sexuelle CFSS) publia un avis sur l'effet préventif des traitements démontrant l’absence de tout risque de transmission aussi bien pour l’individu que pour la santé publique. Celui-ci a très rapidement eu un impact direct sur la jurisprudence suisse. En effet, en 2009 deux acquittements ont été prononcés sur la base de l’avis par la justice genevoise. L’avis servit aussi aux partisans de la dépénalisation à justifier la révision de l’article 231 repris dans le projet de loi sur les épidémies. La modification de cet article représente donc une avancée importante, souhaitée par l'ONUSIDA, l'OMS, l'Aide Suisse contre le Sida et les experts nationaux et internationaux de la prévention du VIH. Elle ouvrira la porte à un meilleur dépistage et une meilleure prise en charge des personnes qui ne connaissent pas leur statut sérologique et qui évitaient de chercher à le savoir de peur d'être poursuivies pénalement. Elle réduit aussi la discrimination dont étaient jusqu'à présent victimes uniquement les personnes vivant avec le VIH, seul et unique groupe de personnes porteuses d'une maladie transmissible faisant l'objet de poursuites pénales aussi systématiques dans notre pays. Attention toutefois : la loi sur les épidémies et la modification du code pénal n’entreront pas en vigueur avant 2016. Et la transmission ou l'exposition à la transmission du VIH restera punissable, au titre des articles du code pénal sanctionnant les lésions corporelles (art. 122 ss). L'information préalable du statut séropositif au/à la partenaire fera obstacle aux poursuites qui devront, en outre, prendre en compte la récente jurisprudence du Tribunal fédéral (avril 2013) admettant que la transmission du VIH n'est plus nécessairement qualificative en lésion corporelle grave. La modification de l'art. 231 est un pas de plus en direction de la responsabilité partagée des partenaires sexuels. Le peuple en dernière instance a ainsi supprimé une disposition légale contre-productive et parmi les plus sévères en Europe à l'égard des personnes séropositives. Sascha Moore Dans le jargon juridique… L’absence de consentement en tant que fait justificatif découle de la jurisprudence du Tribunal fédéral concernant l’article 231 CPS. Cette dernière disposition protège la santé publique, un bien juridique collectif selon cette jurisprudence. Un individu ne peut à lui tout seul et au nom de la collectivité, consentir en une atteinte à la santé publique. Et ce contrairement à l’article 122 CPS (lésions corporelles graves) qui protège l’intégrité corporelle de l’individu. Le Tribunal fédéral admet ici le consentement comme fait justificatif en raison du caractère hautement personnel de l’intégrité corporelle.