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Jean-Claude Delage (ALLIANCE) à La Réunion :
« Les collègues sont désespérés... Ca va péter»
SYNDICATS DE POLICE
"Les collègues sont désespérés... Ça va péter"
Jean-Claude Delage, secrétaire général du syndicat Alliance
police nationale CFE-CGC et Gérard Demarcq, son délégué
général à l’outre-mer, ont terminé hier leur tour de La Réunion.
Une visite à quelques semaines des élections professionnelles
visant à prendre la température des fonctionnaires.
Bilan : le tableau qu’ils dressent est très noir. Rencontre.
I
l est remonté. Jean-Claude
Delage, secrétaire général du
syndicat Alliance Police nationale, ne mâche pas ses mots. En
déplacement dans le département
pour préparer les élections professionnelles, il nous a dressé, hier, un
tableau noir du métier de policier :
"Les collègues sont désespérés." Le représentant syndical a fait le tour de
tous les services, de jour, comme de
nuit, avec un message clair : si les
policiers veulent que la situation
change, il faut voter pour eux.
"Le matricule, la plateforme de dénonciation... Le syndicat majoritaire (Unité
SGP-FO NDLR) a voté pour", lâche-til. Le responsable d’Alliance considère, lui, que ces outils coûteux
contribuent un peu plus à stigmatiser la profession : "Le matricule a coûté
1,3 million d’euros à mettre en place.
C’est la bonne conscience du pouvoir.
Mais actuellement, les délinquants sont
de moins en moins condamnés alors que
les policiers sont de plus en plus contrôlés. Ce n’est pas normal qu’on suspecte
plus le policier."
Jean-Claude Delage continue en attaquant la réforme pénale : "Notre
préoccupation quotidienne, ce sont les
violences contre les forces de l’ordre. La
Réunion n’est pas plus calme que la
Seine-Saint-Denis. Il y a une violence
latente dans la société. Aujourd’hui, ça
peut très vite dégénérer et on a plutôt
tendance à excuser le délinquant. Le policier lui est peu soutenu par une certaine hiérarchie et il est peu soutenu par
une certaine justice qui pense que comprendre le délinquant est plus important
que de soutenir le policier."
Une position très droitière mais
Jean-Claude Delage s’en défend :
"Alliance n’est pas un syndicat d’opposition. Si les 31 000 voix d’Alliance
étaient des voix de l’UMP, l’UMP se porterait bien. Nous avons des gens qui votent pour nous et qui sont de gauche."
Pour le syndicat, la visite de Jean-
Saint-Pierre, le point noir
Pour Alliance, la solution à l’augmentation de la délinquance sur le front
de mer de Saint-Pierre réside dans la création d’une section de la compagnie
d’intervention installée dans la capitale du sud. "Nous avons des besoins en
effectifs de ce côté", insiste Jean-Claude Delage, secrétaire général du syndicat
Alliance. "Cela permettrait de gérer l’ordre public". Il y a trois mois, la direction
départementale de la sécurité publique avait annoncé la création d’une brigade anti-criminalité dédiée au front de mer. Elle n’est pas encore entrée en
fonction, et pour cause : "Les policiers qui y ont été affectés doivent être formés.
Pour cette idée, nous disons ‘pourquoi pas’. Mais ça ne va pas suffire compte tenu
du nombre de fêtards."
Plus largement, concernant les effectifs, Jean-Claude Delage juge : "Il en
va de la sécurité des fonctionnaires et de celle des habitants."
Jean-Claude Delage (au centre) entourré des représentants locaux du syndicat Alliance police nationale.
Claude Delage a été avant tout l’occasion de faire le point sur les sujets
qui fâchent. Et ils ne manquent pas.
À commencer par le thème de
l’avancement : "Entre 2004 et 2012,
il y avait un plan pluriannuel. Cela permettait aux collègues de se projeter.
Depuis 2012, il n’y a plus rien. Des
fonctionnaires ont réussi leur examen
mais ils ne savent pas quand ils auront
leur avancement. Cela s’accompagne
d’une baisse du pouvoir d’achat.
Ensuite, on va toucher aux retraites des
policiers. Ça va péter. Mais avant que
ça pète, on va se mobiliser dans la rue."
"IL Y A UNE
DÉMOBILISATION"
Alliance annonce notamment un
mouvement le 13 novembre et éventuellement "un troisième tour social"
après les élections professionnelles.
"Les policiers sont fiers d’être policiers
et l’Etat connaît cet engagement. Mais
les collègues n’acceptent plus. Ils n’ont
plus d’espoir. Ça se ressent peut être un
peu moins ici. Si en métropole, la situation est noire, ici c’est gris foncé. Mais
ce n’est pas blanc. Il y a une démobilisation."
Avancement et violences ne sont
pas pour Alliance les seuls sujets qui
font tousser dans les rangs.
Localement, la question de l’immobilier fait grincer des dents. Si JeanClaude Delage est confiant concernant le futur nouveau commissariat
de Saint-André dont les travaux
pourraient commencer en 2017, il
l’est moins au sujet du Port. "Rien
n’est inscrit au budget concernant ces
travaux." Gérard Demarcq, délégué
général pour l’outre-mer, remarque :
"Les seuls travaux inscrits au budget
2015 pour l’outre-mer auront lieu à
Fort-de-France." Jean-Claude Delage
reprend à propos du Port : "Nous doutons que dans les 10 ans quelque chose
soit fait." Si les bâtiments sont vieillissants, les véhicules le sont aussi.
"Nous avons des voitures à plus de 200
000 kilomètres au compteur. On met
des sous marques pour les pneus et des
pièces d’occasions quand il faut changer
quelque chose. C’est de la sécurité des
collègues dont il est question là."
Enfin, Jean-Claude Delage ne pouvait pas rencontrer les policiers réunionnais sans évoquer la modification du système des mutations avec
le retour à l’ancienneté de la demande annoncé lors de la visite en
août du président de la République.
Aldo Bègue, le secrétaire départemental note : "Rien n’a été signé."
Jean-Claude Delage reprend : "Il n’y
a pas eu de concertation et de négociation avec les organisations syndicales.
On attend de voir. Nous sommes favorables à un système qui permette aux
originaires de revenir chez eux. On est
dans la République française, il faut
que cela se fasse dans les règles."
Hier soir, il a décollé pour
Mayotte où d’autres problématiques l’attendaient...
Nicolas Goinard
23 Octobre 2014
Le Journal de l’Île
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Edition du 23 Octobre 2014
Jeudi 23 octobre 2014
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