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Dominique Guérin
FDI Groupe réfléchit à la ville de demain
Pour le Directeur Général, il est nécessaire de rendre accessible
la propriété au plus grand nombre, en assurant
un équilibre global et une architecture moins coûteuse.
Quelle place accordez-vous
à la réflexion sur l’habitat
de demain ?
Nous menons cette réflexion depuis
un certain temps. Nous avons participé, ces dernières années, à plusieurs
réunions sur le développement de
l’habitat dans la ville et son agglomération, avec la Serm notamment
(Société d’équipement de la région
montpelliéraine, ndlr), dans le cadre
du Plan local de l’habitat et de la Réflexion 2020-2040, menée par la Ville
de Montpellier. Nous avons apporté
notre vision en tant qu’opérateur
reconnu qui possède une véritable
expertise sur l’ensemble du parcours
résidentiel : locatif social, accession
abordable et accession libre.
Qu’est-ce qui impose,
selon vous, la réflexion
sur l’avenir de la ville ?
Cette réflexion est globale. Il s’agit,
d’abord, de prendre en compte les
attentes et les besoins liés aux flux
démographiques. Il faut également
réfléchir à une plus grande cohérence
dans la mixité d’occupation des logements. De nombreuses ZAC se sont
développées en périphérie de la villecentre. Aujourd’hui, il convient de les
relier entre elles. On sait que l’automobile va, à terme, sortir de la ville.
Il existe un réseau de transports en
commun. Il faut donc réfléchir également à des liaisons douces. On sait
aussi que toutes les ZAC ne correspondent pas aux mêmes attentes et
ont des attractivités différenciées. Il
est nécessaire de réfléchir à un rééquilibrage. Il est également important de prendre en compte la ville
historique, le grand centre-ville. Il y a
des îlots qui ont des problèmes d’occupation, d’insalubrité. Il faut bien se
dire qu’il faut arriver à reconstruire
dessus, dans le cadre de la Mission
Grand Cœur. La mixité ne doit pas se
faire uniquement dans les ZAC, mais
sur l’ensemble du territoire de la ville
et de son agglomération.
À quel niveau se situe
aujourd’hui cette réflexion
au sein de FDI Groupe ?
Notre réflexion est permanente,
puisque nous la menons même quand
nous n’y sommes pas contraints. Dans
le groupe FDI, nous avons l’ensemble
des métiers, ce qui est une de nos forces.
Nous menons cette réflexion très en
amont, sur les parties construction et
réalisation, avec les architectes et les
entreprises, les BET et les entreprises.
L’habitat doit-il évoluer ?
Bien sûr. Nous devons aller vers un
habitat plus économe en énergie, qui
soit peu coûteux en entretien. Aujourd’hui, nous avons des logements
avec de fortes performances énergétiques. Il faut aussi nous interroger
sur leurs coûts d’exploitation.
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Quelle sera la place de
la dimension architecturale
dans l’habitat de demain ?
On doit arriver à un équilibre entre
l’architecture, la beauté, la qualité
et le prix de revient d’un logement.
Nous ne devons pas perdre de vue
qu’il faut parvenir à commercialiser
nos produits. Or, qu’observe-t-on ?
De plus en plus de candidats à l’accession à la propriété ne peuvent devenir propriétaire faute de moyens
financiers suffisants. Nous sommes
dans une région où une grande
majorité des utilisateurs finaux n’a
pas les moyens de se payer des logements aux prix auxquels nous les
proposons. Il faut comprendre que
la beauté a un coût, y compris dans
l’immobilier. Il y a des endroits où
l’on ne peut pas absorber tous les
surcoûts, ceux liés aux différentes
réglementations et ceux liés à la
beauté architecturale. Nous sommes
vite hors marché.
Comment agir ?
Il faut d’abord tenir compte de deux
éléments. Lorsqu’un ménage s’engage dans une démarche d’acquisition de sa résidence principale, il est
non seulement dans une logique : se
loger mais également investir dans
un capital. Ce qu’il veut, c’est que
son capital ne soit pas dévalorisé
lorsque viendra le moment de la
revente.
La parole aux professionnels
« Il faut donner
de l’air et de l’espace
à l’urbain. »
Cela veut-il dire être moins
ambitieux sur la dimension
architecturale ?
Pas du tout. On a, jusque-là, souvent
cherché à satisfaire une vision globale extérieure. Je pense qu’il faut
maintenant penser à satisfaire l’utilisateur. Il n’y a pas que l’esthétique
extérieure. Il faut aussi être en capacité de pouvoir répondre à l’attente
globale de l’utilisateur, notamment
à l’intérieur du logement. D’autant
que notre marché, aujourd’hui, est
majoritairement composé de propriétaires occupants et non plus
d’investisseurs. Les gens posent
d’autres questions : les parties communes, l’éclairage, autrement dit
tout ce qui représente l’exploitation
du logement et le vécu intérieur. Ce
qui est beau a souvent un coût, y
compris dans l’entretien.
Votre secteur de la promotion
immobilière est-il dans
une phase de mutation ?
Nous sommes dans une phase d’évolution forte. Montpellier a toujours
été devant en matière de réflexion.
Notamment par rapport aux flux de
populations qui viennent s’installer. Il
y a d’autres territoires en France où les
flux sont stables et où l’on connaît plus
facilement les attentes et les besoins
en matière de logement et d’habitat.
Face à la pression
démographique, la tendance
est-elle de repartir vers la
verticalité des constructions ?
Je pense qu’au niveau du territoire,
on ne doit pas parler que de verticalité et de ville-centre. Il faut réfléchir
d’abord à une notion d’équilibre sur
le territoire de toute l’agglomération.
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Voir la ville de demain ne doit pas
se réduire à ne voir que Montpellier.
J’ai entendu le nouveau maire de
Montpellier et Président de l’Agglomération, Philippe Saurel, parler d’un
rééquilibrage en matière de logement
locatif social. Il faut aussi un rééquilibrage au niveau de l’accession abordable. On sait que l’accession libre
fonctionne bien sur les communes
périphériques. En matière d’urbanisation, nous devons fonctionner sur
un territoire qui est celui de l’agglomération, voire de la métropole. La
verticalité ne doit pas concerner
que Montpellier. Il faut que dans les
communes des premières couronnes
et au-delà, on accepte de construire
en verticalité. Par contre, à l’avenir, on devrait se poser la question
de la densification de la verticalité
et l’élargissement des axes. Ce qui
est en train de se faire sur l’avenue
Raymond-Dugrand à Montpellier. Il
faut donner de l’air et de l’espace à
l’urbain. Si on avait deux niveaux de
plus dans les constructions et si on
pouvait élargir davantage les rues,
peut-être n’aurions-nous pas l’effet
de concentration et la promiscuité
que l’on observe aujourd’hui dans
certains secteurs géographiques. •
Le Magazine du Club des 500 • N°86

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