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« MONAETA DUCATUS BRABANTIAE 1584 », renvoyant à l’endroit où fut frappée
cette monnaie ainsi qu’à la date de fabrication.
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L’atelier de frappe anversois a produit 34.715 daldres « Robustus » entre septembre
1584 et juin 1585. Il existait également un demi-daldre « Robustus » portant la
même effigie. 288.145 exemplaires de celui-ci furent mis en circulation. Le projet
pour la frappe de ces monnaies était complètement neuf, on ne prit pas exemple
sur une monnaie existante pour les fabriquer. Pour les monnaies en or frappées par
les États de Brabant, on utilisa la monnaie d’or de Philippe le Bon comme exemple.
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Le Robustus
David Hesters, guide du musée
Bibliographie
Asaert (G.). 1585 : De val van Antwerpen en de uittocht van Vlamingen en Brabanders. Lannoo, Tielt, 2004.
Delmonte (A.). Le Bénélux d’argent. Schulman N.V., Amsterdam, 1967.
De Witte (A.). Histoire monétaire des Comtes de Louvain, Ducs de Brabant et Marquis du Saint Empire Romain. Drukkerij
Veuve De Backer, Antwerpen, 1896.
Hesters (D.). Zoot hier voortijds geweest hadde. De rol van de stedelijke corporaties in de Gentse calvinistische republiek
(1577-1584). Onuitgegeven licentiaatsverhandeling, Universiteit Gent, 2009.
Marnef (G.). Antwerpen in de tijd van de Reformatie. Ondergronds protestantisme in een handelsmetropool 1550‑1577.
Meulenhof, Amsterdam, 1996.
Van Beek (E.J.A) (red.). Encyclopedie van munten en bankbiljetten. Samsom, Alphen aan den Rijn, 1986.
Intéressé(e) par un suivi mensuel de notre rubrique « Sous la loupe » ?
Faites-le nous savoir par e-mail à [email protected]
F. Hogenberg (La Révolte iconoclaste à Anvers, 1567). N° d’inventaire I1967.
musée
de la
Banque nationale de Belgique
H i s t o i r e s d ’a r g e n t
rue du Bois Sauvage 10 à 1000 Bruxelles.
Ouvert tous les jours de 10 à 18 h. Fermé le lundi.
Pour plus d’informations, appelez le + 32 2 221 22 06 ou par e-mail [email protected]
www.nbbmuseum.be
L’objet mis en lumière ce mois est le daldre anversois dit « Robustus » de 1584.
Il s’agit d’une monnaie de nécessité qui illustre la situation difficile dans laquelle
se trouvait Anvers à cette époque. L’essor du protestantisme fut très important
aux Pays-Bas durant le 16e siècle. Les territoires réformés se heurtèrent cependant
rapidement à l’oppresseur catholique espagnol. Philippe II, roi d’Espagne et fils
de Charles Quint, était fermement résolu à imposer le catholicisme au détriment
du calvinisme. Cela a conduit à la guerre de Quatre-Vingts Ans qui opposa les
Dix-Sept Provinces à l’Espagne. Au-delà des motifs religieux, des facteurs socioéconomiques ont également joué un rôle dans le déclenchement de ce conflit.
Le soulèvement contre Philippe II, appelé la Révolte iconoclaste, commenca en
1566. Les protestants radicaux détruisirent des églises et des symboles catholiques.
En réaction à cette iconoclasme, Philippe II dépécha le duc d’Albe aux Pays-Bas
pour mettre bon ordre à la situation. S’ensuivit une période de répression et de
radicalisation de la révolte en réaction au comportement brutal des Espagnols. Ce
n’est qu’à partir du moment où le duc d’Albe fut rappelé que la situation se stabilisa.
Avec la désignation d’un nouveau gouverneur et la signature de la Pacification
de Gand (1576), un fragile équilibre fut rétabli. Lorsque le gouverneur suivant,
Don Juan d’Autriche, ne respecta pas le Traité, les calvinistes prirent le pouvoir
dans différentes villes flamandes et brabançonnes. Un régime calviniste fut établi à
Gand, Bruxelles, Malines, Bruges et Anvers, entraînant de facto leur indépendance.
Les corporations communales et guildes de ces villes jouèrent un rôle important et
virent leurs privilèges issus du Moyen-Age renouvelés.
Anvers a connu, durant le 16e siècle, une importante croissance économique dont
le point culminant se situe vers 1570. La ville totalisait à elle seule près de 75 %
de l’exportation depuis les Pays-Bas espagnols. Cette métropole commerciale ne
fut cependant pas épargnée par les bouleversements politiques et religieux qui
ravageaient les Pays-Bas. Le régime calviniste fut institué à Anvers le 12 décembre
1577, c’est à ce moment-là que la ville fut déclarée indépendante de l’Espagne et
de Philippe II. Ce dernier envoya cependant un de ses stratèges les plus compétents,
Alexandre Farnèse, aux Pays-Bas afin de reconquérir les territoires perdus. Grâce à
son génie militaire et à ses capacités de négociateur, Farnèse parvint à progresser vers
le nord et à reprendre les villes les unes après les autres. La fin du régime calviniste à
Anvers survint le 19 août 1585 quand la ville capitula en faveur d’Alexandre Farnèse
après 14 mois de siège pour se soumettre à nouveau à l’autorité espagnole. Farnèse
avait notamment fermé l’Escaut afin que la ville dissidente ne puisse plus être
ravitaillée. Il offrit également, par le biais de négociations, la chance aux éléments les
plus radicaux de quitter la ville et de s’établir ailleurs. Cependant, Philippe II ordonna
par la suite à Farnèse de diriger ses armes vers les Français et d’arrêter sa reconquête
des Pays-Bas. Par conséquent, le nord échappa au sort infligé aux villes méridionales.
La chute d’Anvers fut un moment clé dans la séparation des Pays-Bas entre
provinces du nord et du sud. Les frontières entre celles-ci délimitent encore les
contours des Pays-Bas actuels. Les provinces méridionales redevinrent catholiques
et furent à nouveau incorporées au royaume des Habsbourg. Les provinces du
nord restèrent protestantes et s’affranchirent de l’autorité espagnole. Avec l’exode
vers le nord de l’intelligentsia des villes flamandes et brabançonnes vaincues, les
provinces septentrionales se révélèrent une nation commerciale prospère durant les
17e et 18e siècles avec Amsterdam comme point central. Anvers perdit sa position
commerciale privilégiée en raison du blocus de l’Escaut et vit d’un mauvais oeil le
déplacement du centre de gravité économique vers Amsterdam. Dans le nord, le
conflit avec l’Espagne se poursuivit jusqu’en 1648, date à laquelle fut conclue la
Paix de Münster qui mit fin à la guerre de Quatre-Vingts Ans.
Lors de la révolte et de l’indépendance des différentes villes, la frappe des monnaies
fut également décentralisée. À cet égard, le daldre « Robustus » fut frappé en
1584, l’année précédant la chute d’Anvers. Cette monnaie pesait 28,6 grammes
et avait une teneur en argent de 83,3 %. Un daldre est une monnaie d’argent qui
fut frappée pour la première fois vers 1500 à Joachimsthal (Tyrol), de là provient le
nom « Joachimstaler » qui donna plus tard « taler » ou « daalder ». Ces monnaies
devinrent vite très populaires car elles constituaient une valeur intermédiaire entre
les monnaies d’or et la petite monnaie en argent.
Sur le revers est représenté un guerrier portant un équipement antique avec un
casque sur la tête. Il tient une épée dans la main droite et un bouclier dans la
gauche. Derrière ce soldat, se trouve le lion brabançon menaçant. Le texte sur
cette face est issu du livre de Josué, un extrait de l’Ancien Testament. On peut lire :
« CONFORTARE ET ESTO ROBUSTUS », que l’on peut traduire par : « Sois fort et
courageux ». Ces symboles font référence à la période difficile qu’Anvers traversait
lors du siège espagnol.
Sur l’avers, le lion brabançon apparaît de nouveau. Cette fois, il est représenté sur
le blason du duché de Brabant. De chaque côté de celui-ci, est représenté un « B »
couronné faisant également référence au Brabant. Autour de cette image est écrit
Robustus (avers et revers).
N° d’inventaire N718.