Le nucléaire et la catastrophe Hollande

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Le nucléaire et la catastrophe Hollande
vendredi 15 avril 2016
Le nucléaire et la catastrophe Hollande
Crédits photo : schoella
La France va donc poursuivre dans le nucléaire à tout va.
Au prix du risque de catastrophe.
Et jusqu’à ce qu’
finisse par mourir sous le coup des dépenses
insupportables pour l’entreprise comme je l’ai souligné récemment sur ce blog.
Il en est ainsi de l’investissement dans les 2 réacteurs
anglais de
, un investissement
de 16 (26 ???) milliards d’euros pour
! La décision de poursuivre cet investissement doit être
prise le 11 mai par un Conseil d’administration. Le gouvernement pousse pour continuer dans cette
impasse, notamment par la voix d’Emmanuel Macron. Mais je sais qu’à l’intérieur d’
des voix
s’élèvent contre ce projet. Le directeur financier a démissionné le mois dernier. Les organisations
syndicales demandent toutes au moins le report du projet, quand elles ne réclament pas son
abandon pur et simple. Comme moi. D’autres initiatives sont en préparation sur ce dossier. La
poursuite dans le nucléaire prend de plus en plus les allures d’un sabordage industrialo-financier
d’
. Et François Hollande y participe activement.
Il vient de prendre une décision que je juge désastreuse. Il enterre la loi de transition énergétique. Et
cela quelques jours avant d’aller fanfaronner à New York le 22 avril pour la cérémonie de signature
de l’accord conclu à Paris lors de la
de décembre dernier. En matière d’écologie comme sur le
reste, la mauvaise foi de l’équipe Hollande est un incroyable facteur de disqualification de la parole
politique et des institutions politiques. Dernier épisode en date :
"
".
C’est la une du journal
de ce jeudi 14 avril. Le gouvernement a décidé de renvoyer à 2019
tout arbitrage sur des fermetures de centrales nucléaires hormis Fessenheim. C’est le naufrage total
de l’accord PS-EELV de 2012 négocié par Martine Aubry et Cécile Duflot et de la loi de transition
énergétique voté par les députés PS et EELV. Emmanuelle Cosse et les autres ministres écolos du
gouvernement ont intérêt à avoir une bonne digestion vu la taille de la couleuvre.
La baisse de la part de l’énergie nucléaire dans la production d’électricité de 75% à 50% d’ici 2025
rejoint les autres promesses envolées de François Hollande et ses alliés. Ainsi en a décidé la
ministre Ségolène Royal, en accord évidemment avec le président. La loi de transition énergétique
votée en 2015 reprenait la promesse de 2012 de baisser la part du nucléaire dans la production
d’électricité. Certes, elle se contentait de geler la production d’électricité nucléaire à sa capacité
actuelle. Il n’y avait pas de baisse de cette capacité. Et encore moins de fermeture de réacteurs.
C’était un marché de dupes. Il permettait à
de continuer les travaux du réacteur
de Penly
sans avoir à fermer de centrales nucléaires avant sa mise en service. Mais la loi renvoyait les
modalités d’application de la réduction de la part du nucléaire à une "
" de
l’énergie fixée par décret, c’est-à-dire par le gouvernement.
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C’est cette programmation que prépare Ségolène Royal. Cette programmation couvre deux périodes,
2016-2018 d’une part et 2019-2023 d’autre part. Dans cette programmation en préparation, tous les
arbitrages sur les centrales nucléaires sont repoussés à 2019. Deux ans après la fin du mandat de
François Hollande ! Or selon la loi, la programmation pluriannuelle doit fixer "
". Il est donc clair que la réduction de la part du nucléaire n’est pas une "
" du gouvernement ! En effet, la ministre Royal vient de présenter un projet d’arrêté ministériel
portant uniquement sur les capacités de production d’énergies renouvelables.
Pas question de nucléaire donc. La ministre botte en touche et gagne du temps alors que le
quinquennat touche à sa fin. Le décret de fermeture de la centrale de Fessenheim n’est toujours pas
pris et sa fermeture ne peut plus être effective avant l’élection présidentielle. Dans la logique de
Hollande, elle ne devrait fermer qu’à l’occasion de la mise en service d’un nouveau réacteur, l’
de
Flamanville. Laquelle est prévue pour 2018. Un horizon d’ailleurs purement théorique car il y a déjà
eu plusieurs reports.
Et pour les autres réacteurs ? Aucune fermeture avant plusieurs années !
Fermez le ban, rien ne sera décidé avant la présidentielle. Et encore, les décisions à prendre sont
elles-mêmes très floues. Elles seront prises
Ségolène Royal ajoute, toujours aussi imprécise, qu’
"il y aura des réacteurs prolongés et des réacteurs fermés, sous le contrôle de l’Autorité de sûreté
nucléaire (ASN)".
Mais Le Monde évoque une autre hypothèse pour faire baisser la part du nucléaire sans fermeture
de centrale. Comment ? En "
" pour maintenir la puissance actuelle
tout en faisant de la place à de nouveaux réacteurs ! Où l’on mesure la mauvaise foi de la loi de
transition énergétique, véritable carte blanche laissé au gouvernement.
Ségolène Royal explique qu’elle dissocie le développement des énergies renouvelables de la
fermeture des centrales nucléaires pour donner la priorité au développement des renouvelables. Elle
affirme avoir "
" pour, dit-elle,
C’est une manière d’avouer que sur le nucléaire, Hollande cherche à gagner du temps pour que rien
ne soit irréversible. Le Monde relève que
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Plus c’est gros, plus ça passera doit se dire Ségolène Royal ! Car prétendre développer les
renouvelables en les séparant du nucléaire est une mauvaise plaisanterie. C’est renoncer à toute
transition énergétique globale et cohérente. Surtout, tous les spécialistes du secteur savent que les
énergies renouvelables ne peuvent franchir un palier de développement qu’en ayant la garantie de
remplacer le nucléaire au moins en partie. C’est ce que dit Cyrille Cormier, de
:
Pourquoi ? Parce que
La ministre est d’une totale mauvaise foi. Car à toutes les considérations que je viens d’évoquer s’en
ajoute une décisive : il ne sera pas possible de développer massivement les énergies renouvelables
tout en engageant les dépenses exorbitantes que suppose la poursuite du nucléaire. En effet, la
Cour des Comptes a estimé à 100 milliards d’euros les dépenses nécessaires pour la mise aux
normes du parc nucléaire si l’on veut prolonger sa durée de vie de 40 à 50 ans, soit dix ans de
fonctionnement supplémentaires par rapport au maximum qui avait été prévu à l’origine. Et ce chiffre
n’intègre ni la poursuite du fiasco industriel et financier de l’
en France et à l’étranger, ni les
sommes à investir pour démanteler les centrales, reconvertir les sites nucléaires actuels, former les
salariés des centrales à de nouveaux métiers. La catastrophe est commencée, c’est celle de cette
politique !
Cette annonce du gouvernement intervient à quelques jours du 30e anniversaire de la catastrophe
nucléaire de Tchernobyl. Plusieurs manifestations anti-nucléaires seront organisées notamment le
samedi 23 avril. Cet anniversaire aurait pu coïncider avec la fermeture de Fessenheim et
l’engagement d’un plan de sortie du nucléaire sur plusieurs années. Pour cela, il aurait fallu une
volonté plus grande que les accords électoraux du PS et d’EELV en 2012. Au lieu de quoi, le
gouvernement décide de continuer dans le nucléaire. Ce quinquennat aura vraiment été cinq ans de
perdus en matière de transition énergétique.
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