Les kaïros : moments créateurs et niveaux de réalité de l`autoformation

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Les kaïros : moments créateurs et niveaux de réalité de l`autoformation
Pascal Galvani, 2009, Les kaïros, moments créateurs et niveaux de réalité de l’autoformation,
Publié sous le titre “Los kairos : momentos creadores y niveles de realidad de la autoformación”, dans Saturnino de
la Torre y Maria-Antonia Pujol (coord.) Educar con otra conciencia : una mirada ecoformadora y creativa de la
ensenenza, Barcelona : Davinci Continental.
Les kaïros : moments créateurs et niveaux de
réalité de l’autoformation
Pascal Galvani, Université du Québec à Rimouski, CIRET.
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1 L’exploration reflexive et dialogique de l’autoformation ___________________________________________ 2
1.1 L’autoformation comme prise de conscience réflexive et rétroaction à trois dimensions : pratique, symbolique et
théorique 3
1.2 L’exploration réflexive et dialogique de l’expérience vécue _______________________________________________ 3
1.2.1
La boucle réflexive _________________________________________________________________________ 4
1.2.2
L’exploration dialogique des interprétations _____________________________________________________ 4
1.3 Les niveaux de réalité de l’expérience vécue : la carte n’est pas le territoire __________________________________ 5
2 Les kaïros : moments créatifs d’autoformation pratique, théorique et existentielle ______________________ 6
2.1
2.2
2.3
Le kaïros ou l’instant créateur _____________________________________________________________________ 6
Kaïros et niveaux de réalité de l’autoformation ________________________________________________________ 7
Attention non-intentionnelle au cœur des kaïros d’autoformation -__________________________________________ 8
Conclusion : la créativité comme émancipation du connu ___________________________________________ 10
Quelque fois l’infini affleure, il frôle la surface. Ce sont les
instants particuliers où la vie, ralentie à l’extrême, proche de
l’état d’immobilité, devient plus dure, plus compacte, brille
d’un éclat presque blessant. (Le Clezio, 1978) p.62
L’exploration des moments créateurs (kaïros) dans un groupe de recherche-formation est en soi
un moment très intense. Dans cette exploration se révèle la richesse et la subtilité de ces moments
qui condensent les multiples niveaux de réalité pratiques, rationnelles et symboliques de
l’autoformation. Les moments créateurs (kaïros) sont des moments intenses, des concentrés de
sens. Ils condensent les différents niveaux de la pertinence pratique, de la compréhension
1
Pascal Galvani, 2009, Les kaïros, moments créateurs et niveaux de réalité de l’autoformation,
Publié sous le titre “Los kairos : momentos creadores y niveles de realidad de la autoformación”, dans Saturnino de
la Torre y Maria-Antonia Pujol (coord.) Educar con otra conciencia : una mirada ecoformadora y creativa de la
ensenenza, Barcelona : Davinci Continental.
rationnelle et de la symbolique existentielle dans des instants décisifs qui ponctuent
l’autoformation1.
Le concept de moment intense d’autoformation que je veux tenter d’approcher ici semble aussi
difficile à déplier théoriquement qu’il est facilement compris par les participants des groupes de
recherche-formation. Il suffit de poser des questions comme :
 « Qu’est ce qui a été formateur pour toi ?;
 Quels ont été les moments les plus intenses de ton autoformation ? ;
 Et dans ces moments, quels ont été le ou les instants essentiels, intenses, décisifs,
créateurs ?
Il suffit souvent d’une seconde pour que le regard du praticien se fixe dans le vide, et qu’un
sourire nous signifie que le souvenir d’un moment intense (kaïros) est remonté à sa mémoire.
C’est le début du processus de réfléchissement (Vermersch, 1996). C’est à dire un processus où
l’on revoit, ressent, revit, l’expérience. Le réfléchissement va permettre de conscientiser et de
décrire phénoménologiquement l’expérience2. Il ne s’agit pas de réfléchir délibérément
sur
l’action… c’est l’expérience du moment qui se réfléchie (reflète) dans la conscience. Il s’agit de
laisser advenir le souvenir sensoriel du moment à la conscience réceptive. On laisse le moment se
réfléchir dans une conscience passive.
La prise en compte de la réflexivité et de la conscientisation du sujet implique des démarches
auto-référentielles qui nous projettent dans une approche systémique complexe et
transdisciplinaire. Plusieurs programmes recherche-action-formation m’ont amené à développer
une démarche transdisciplinaire basée sur l’exploration réflexive et dialogique des moments
intenses de l’expérience3. Dans cet article nous voulons montrer que l’exploration des moments
créateurs intenses nous amène à distinguer plusieurs niveau de réalité.
1 L’EXPLORATION REFLEXIVE ET DIALOGIQUE DE L’AUTOFORMATION
La réflexion sur l’expérience est en elle-même une expérience d’autoformation parce qu’elle est
une démarche réflexive d’auto-conscientisation et d’auto-compréhension. Il s’agit littéralement
d’une démarche d’autoformation par la recherche (ou la réflexion) sur l’action (ou l’expérience).
1
L’autoformation désigne ici l’ensemble des processus récursif et de rétroaction qui permette à une personne de se
mettre en forme et de se transformer dans son interaction avec les autres (hétéroformation social et culturelle( et
avec les choses (écoformation physique et cosmique). Voir à ce sujet Galvani, Autoformation et fonction de
formateur, Chronique Sociale, 1991, Galvani, Quête de sens et formation, anthropologie du blason et de
l'autoformation, L'Harmattan, 1997b, Pineau, Temporalités en formation, Anthropos, 2000.
2
La pratique phénoménologique consiste pour l’essentiel à suspendre ses jugements, représentations et intentions
pour laisser apparaître le vécu de l’expérience. Le phénomène, c’est : ce qui apparaît. Voir à ce sujet : Depraz,
Varela and Vermersch, On becoming aware, advances in consciousness research, John Benjamins Publishing
Company, 2003.
3
Galvani, Autoformation et fonction de formateur, Chronique Sociale, 1991, Galvani, Quête de sens et formation,
anthropologie du blason et de l'autoformation, L'Harmattan, 1997b, Galvani, Pour une phénoménologie
herméneutique des moments d'autoformation : Une démarche transdisciplinaire de formation-recherche-action,
Université François Rabelais, mémoire d'Habilitation à Diriger des Recherches, 2005, Galvani, L'exploration des
moments d'autoformation : prise de conscience réflexive et compréhension dialogique, 2006a, Galvani, La
conscientisation de l'expérience vécue : ateliers pour la recherche formation, Chronique Sociale, 2006b.
2
Pascal Galvani, 2009, Les kaïros, moments créateurs et niveaux de réalité de l’autoformation,
Publié sous le titre “Los kairos : momentos creadores y niveles de realidad de la autoformación”, dans Saturnino de
la Torre y Maria-Antonia Pujol (coord.) Educar con otra conciencia : una mirada ecoformadora y creativa de la
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La formation désigne ici le processus vital et permanent de mise en forme par interaction entre
soi (auto), les autres (socio, hétéro, co) et le monde (éco). L'autoformation se définit alors comme
la prise de conscience, la compréhension et la transformation par le sujet de cette interaction.
C’est la transformation du rapport à soi aux autres et au monde. L'autoformation n'est donc pas
un processus indépendant, mais un processus de rétroaction sur l’environnement et de récursivité
sur soi-même qui met en forme et en sens des éléments temporels différents : expériences de vie
et connaissances, pratiques et savoirs théoriques, expérience existentielle et significations
symboliques…
L'autoformation est ici comprise comme processus d'émancipation et de déconditionnement par
prise de conscience réflexive de ce qui nous forme. Dans cette perspective, l'autoformation se
présente comme un double mouvement de prise de conscience (action de soi sur soi,
subjectivation) et de rétroaction réflexive sur les éléments de l'environnement social et culturel
(socialisation) et/ou naturel (écologisation).
1.1
L’autoformation comme prise de conscience réflexive et rétroaction à trois
dimensions : pratique, symbolique et théorique
L’exploration de l’autoformation par la réflexion sur l’expérience permet d’articuler la réflexivité
que chacun porte sur son expérience avec la mise en dialogue des interprétations et des
productions de sens issues de cette réflexivité. Elle articule aussi l’autoréférence du point de vue
en première personne avec les savoirs des différentes disciplines scientifiques, philosophiques,
artistiques et traditionnelles. Dans cette perspective, l’autoformation désigne la réflectivité du
sujet sur les conditions de production de sa connaissance. Dès lors la question de l’autoformation
et des conditions de son déploiement dans les institutions éducatives et de formation me semble
devoir se poser sous la forme d’un processus réflexif et dialogique d’exploration de l’expérience
des moments de formation (Galvani, 2005, 2006a, 2006b). De ce point de vue, on comprend que
les démarches réflexives soient elles-mêmes en tension entre différents intérêts de connaissance
relevant de différents types de raisons.
L'autoformation combine en effet au moins trois dimensions : une dimension théorique
d’articulation de l'expérience de vie et des savoirs formels, une dimension pratique de
conscientisation des gestes dans le flux de l'action, et une dimension symbolique de résonances
entre les formes de l'environnement et les formes symboliques personnelles. Le mouvement de
prise de conscience et de rétroaction prend ainsi des formes différentes selon les dimensions de
l'autoformation. L’autoformation suppose la prise de conscience émancipatrice des habitus et des
schèmes d'interaction action que chacun développe avec le monde physique et social aux
différents niveaux de l’expérience : pratique, émotionnel, symbolique et cognitif.
1.2
L’exploration réflexive et dialogique de l’expérience vécue
L’exploration réflexive et dialogique des moments intenses de l’expérience s’organise autour de
deux noyaux : le retour réflexif sur l’expérience, et la mise en dialogue des interprétations dans
les groupes de recherche-action-formation (Pineau, 2007a, 2007b).
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Publié sous le titre “Los kairos : momentos creadores y niveles de realidad de la autoformación”, dans Saturnino de
la Torre y Maria-Antonia Pujol (coord.) Educar con otra conciencia : una mirada ecoformadora y creativa de la
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1.2.1
La boucle réflexive
Dans la première étape, il est proposé aux participants d’opérer une boucle réflexive sur
l’expérience. La réflexion sur l’expérience peut porter sur l’expérience professionnelle, sociale,
personnelle. L’ingénierie des différents programmes de recherche-action-formation auxquels j’ai
contribué nécessite de combiner souvent plusieurs techniques réflexives en fonction des objectifs
et des intérêts de connaissance visés. Selon les cas, le support réflexif peut porter sur le long
terme avec l’autobiographie raisonnée (Desroche, 1990) et l’histoire de vie socio-professionnelle
(Le Grand & Pineau, 1993; Pineau, 1983).
A d’autre moment le support réflexif doit au contraire se centrer sur des moments singuliers de la
pratique pour analyser finement ce qui se passe dans les moments décisifs d’un parcours ou d’un
processus de formation. Dans ce cas le choix des outils réflexifs dépendra de l’objet et de l’intérêt
de connaissance visé. Pour comprendre le savoir d’action et l’intelligence pratique, il faut utiliser
des descriptions phénoménologique centrées sur la dimension sensori-motrice par des récits de
pratique, des ateliers d’écriture phénoménologique de l’expérience (Galvani, 2006b), ou encore
des entretiens d’explicitation (Vermersch, 1996).
Enfin s’il s’agit d’explorer le sens existentiel, qui s’exprime par l’imaginaire mytho-poétique
(Barbier, 1997), on devra plutôt utiliser des supports réflexifs de type sensible et symbolique
comme l’atelier de blasons (Galvani, 1991, 1997b; Peretti, 1994), ou l’atelier de haïkus
(Lhotellier, 1991),.
Quelle que soit la méthode utilisée, ce retour réflexif va permettre de transformer l’expérience par
la prise de conscience. C’est cette réflexion sur l’expérience qui permet à chacun de produire une
description de son expérience qui sert de base à une problématique de formation personnelle.
1.2.2
L’exploration dialogique des interprétations
La mise en dialogue intersubjectif des productions réflexives personnelles et de leurs
interprétations est le second mouvement fondamental de la démarche (Pineau, 2007a). Cette
exploration intersubjective se fait en groupe : chercheur collectif, groupe de pairs, coopérative de
production de savoirs (Champagne & Payette, 1997; Desroche, 1990; Groupe de recherche Quart
Monde-Université, 1999; Héber-Suffrin, 2004). Ce temps d’échange en collectif est fondamental.
En pluralisant les compréhensions de l’expérience, il favorise la prise de conscience et la
décentration des « a priori » et des « évidences » subjectives. L’autoformation suppose en effet
un double processus d’émancipation des déterminismes sociaux hérités et incorporés.
L’étymologie du mot dia-logue nous renvoie d’une part au préfixe dia, qui indique l’entre-deux,
et au substantif logos qui signifie à la fois raison, sens et parole. Le dialogue, c’est la pratique qui
fait émerger un sens entre les paroles des uns et des autres. C’est le lieu ou l’on tient conseil
plutôt qu’un lieu ou l’on donne conseil (Lhotellier, 2001). Avec la tradition herméneutique en
formation, le dialogue devient le lieu de la co-formation, de la réciprocité.
La démarche du groupe de dialogue (Bohm, 1996) vise l’intercompréhension et le dépassement
des points de vue particulier par prise de conscience de leur limites dans une vision globale.
L’objectif est la compréhension globale du phénomène par l’ensemble des participants plutôt que
le débat et la défense d’un point de vue.
Dans cette perspective réflexive et dialogique l’apprentissage transformateur opère selon une
dialectique des niveaux de conscience. Le premier niveau de conscience réflexive sensori-motrice
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Pascal Galvani, 2009, Les kaïros, moments créateurs et niveaux de réalité de l’autoformation,
Publié sous le titre “Los kairos : momentos creadores y niveles de realidad de la autoformación”, dans Saturnino de
la Torre y Maria-Antonia Pujol (coord.) Educar con otra conciencia : una mirada ecoformadora y creativa de la
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fonctionne dans l’adhésion adaptative de l’action au flux de l’évènement. La mise en récit de
l’expérience vécue produit un second niveau de conscience réflexive que Ricoeur nomme
l’identité narrative (Ricoeur, 1986, 1990). Les pratiques d’histoires de vie en formation ont
montré comment la mise en dialogue intersubjectif des récits de l’expérience vécue permet une
distanciation critique en révélant les points aveugles et les conditionnements des points de vue
particuliers (Le Grand & Pineau, 1993). A ce second niveau de conscience critique la dialectique
des points de vue produit un renforcement de l’autoréférence et une émancipation du soi par
rapport aux conditionnements socio-historiques dans lesquels il s’est constitué. Mais le processus
réflexif et dialogique de la formation ne s’arrête pas là. Après la constitution d’un soi autoréférent et son émancipation par rapport aux conditionnements sociaux, il reste une troisième
dimension émancipatrice de prise de conscience des déterminations opérées par l’intentionnalité
égocentrique du soi lui-même. Sans ce troisième moment, l’apprentissage reste pris dans ce que
Morin appelle l’illusion centrale de la connaissance lorsqu’elle reste inconsciente des distorsions
produites par l’identification du sujet aux déterminations de son point de vue égocentrique
particulier (Morin, 2000). La pratique du dialogue dialogique4 s’ouvre donc sur ce troisième
niveau réflexif ou le soi prend conscience de ses propres déterminations, de ces propres illusions
égocentriques. La réciprocité dialogique des points de vue intersubjectifs permet au soi d e
conscientiser et de suspendre son intentionnalité égocentrique fondamentale. Il ne s’agit plus
alors d’émancipation externe par rapport aux conditionnements de l’environnement socioculturels
mais d’émancipation intérieure par rapport à l’intentionnalité égocentrique
L’émergence de l’autoformation est donc dialectiquement liée, à la fois au front extérieur de
l’émancipation des conditionnements socio-historiques hérités ; mais aussi au front intérieur de
l’émancipation de l’intentionnalité qui, à la source même du sujet, opère sans cesse une distorsion
dans la perception du réel.
1.3
Les niveaux de réalité de l’expérience vécue : la carte n’est pas le territoire
L’expérience vécue est par nature transdisciplinaire, complexe et eco-formatrice. Si
l’expérience vécue doit être réfléchie, c’est parce qu’elle ne se limite pas à ce que nous en
connaissons consciemment et conceptuellement à travers le langage. L’expérience vécue est
toujours plus immédiate, plus complexe, plus profonde que toutes les descriptions que l’on peut
en faire. L’illusion qui nous fait confondre la description conceptuelle et l’évènement est
d’ailleurs pour Korzybski la source même des erreurs et des conflits intersubjectifs et
interculturels.
En s’inspirant de Korzybski (Korzybski, 2007) on peut distinguer au moins cinq niveaux de
réalité impliqués dans toutes expérience vécue :
1.
4
Le niveau de l’événement : c’est la limite de l’inconnaissable, l’événement dans sa réalité, la
chose ‘en soi’
Nous définissons le dialogue dialogique comme une pratique de dialogue orienté
vers la compréhension. Dans ce
sens le dialogue signifie l’émergence du sens entre les paroles. Le dialogue dialogique à pour finalité de se
comprendre (soi-même et les autres). Il se distingue ainsi du débat et de la discussion, dont l’étymologie renvoie à
percussion qui à pour finalité de « se convaincre » (soi-même et les autres). Voir à ce sujet les travaux de Bohm,
On dialogue, Routledge, 1996., et de Panikkar dans Raine, Le chaman et l'écologiste : veille environnementale et
dialogue interculturel, L'Harmattan, 2005.
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2. Le niveau de la perception sensori-motrice de l’événement. La perception du phénomène est
orientée par l’intentionnalité du sujet. Elle n’est pas une pure réception de la forme dans la
conscience. Les neurosciences estiment qu’elle est déjà pour 80% une construction du système
neuronal (Varela, Thompson, & Rosch, 1993).
3. Le niveau affectif qui relève des émotions et réactions plaisantes et déplaisantes associées à au
sensations.
4. Le niveau des associations symboliques qui donnent sens aux formes de l’expérience. Avec
l’imagination symbolique anthropologique les schèmes d’action entre en résonances avec les
formes de l’environnement (Durand, 1969; Galvani, 1997a)
5. Le niveau du langage dans et par lequel le sujet met en récit (Ricoeur, 1986) interprète nomme
et découpe la globalité de la réalité vécue. C’est le champ des représentations, des explications
véhiculées dans le langage et les savoirs conceptuels d’une culture ou d’un groupe social.
Dans l’attitude naturelle nous avons tendance à confondre le niveau 1 et le niveau 5 sans prendre
conscience des filtres des inférences et des réductions opérées aux différents niveaux
intermédiaires. L’apprentissage transformateur implique la prise de conscience des multiples
niveaux de réalité de l’expérience. Il s’agit de se dés-identifier des représentations construites et
héritées de l’expérience qui confondent la carte et le territoire(Korzybski, 2007).
Dans la conscience intentionnelle ordinaire, la veille restreinte limite le plus souvent l’attention à
un seul des niveaux de l’expérience. Cette limite est déterminée par l’intentionnalité, les
habitudes, les conditionnements qui prédéfinissent ce que le sujet s’attend à trouver dans
l’expérience. Au contraire, dans les récits descriptifs des moments intenses (kaïros)
d’autoformation et de moments décisifs de la pratique, montrent que la conscience intentionnelle
semble alors se résorber dans ce type d’attention généralisée qui est une présence simultanée aux
différents niveaux de l’expérience.
2 LES KAÏROS : MOMENTS CRÉATIFS D’AUTOFORMATION PRATIQUE, THÉORIQUE
ET EXISTENTIELLE
Pour désigner ces moments intenses et créateurs, on peut utiliser la notion grecque de kaïros
« moment opportun ». Kaïros est un des dieux grecs qui personnifie le temps. Si Chronos est le
dieu de la durée, du temps linéaire irréversible, et Aïon celui de l’éternité, Kaïros est le dieu de
l’instant créateur, du moment intense, où l’essentiel se joue.
Le kaïros est lié à la sagesse pratique (mètis), subtil mélange de prudence et de présence attentive
au flux de l’instant présent. Il faut avoir acquis la sagesse pratique de l’expérience pour savoir
être attentif au présent. Le kaïros est le moment signifiant qui révèle l’intelligence pratique par la
réussite qu’il permet.
2.1
Le kaïros ou l’instant créateur
Le kaïros c’est aussi le moment qui révèle l’habilité et la sagesse pratique de la mètis (Certeau,
1990; Denoyel, 1998; Detienne & Vernant, 1993). Le praticien qui a de la mètis est celui qui peut
saisir le kaïros. Mais la mètis, comme capacité à saisir le moment favorable est elle-même un
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savoir de l’ombre. C’est une intelligence oublieuse d’elle-même au-delà de la conscience
réflexive.
D’une part la mètis compte et joue sur le « moment opportun » (le kaïros) : c’est une
pratique du temps. D’autre part, elle multiplie les masques et les métaphores. Enfin,
elle disparaît dans son acte même, comme perdue dans ce qu’elle fait, sans miroir qui
la re-présente : elle n’a pas d’image de soi. (Certeau, 1990, pp., p.124)
Porter attention aux moments intenses, aux kaïros, de notre expérience, c’est se donner une
chance d’apercevoir notre mètis, cette intelligence rusée et cachée, l’habileté à la vie créative. Le
kaïros est un moment d’inspiration.
Le kaïros est l’instant créateur. Pour Jankélévitch le kaïros c’est le sens de l’opportunité présente,
le sens de l’immédiat. La vie est toujours immédiatement donné dans la présence. C’est la
conscience réflexive qui nous met à distance, qui crée une médiation entre soi et le monde entre
le sujet et l’objet. La conscience intentionnelle, préoccupée, encombrée par le langage ne peut pas
saisir le Je-ne-sais-quoi qui ouvre à la vie vivante et créative. Pour entrer dans l’immédiateté de
l’instant créateur il faut suspendre le souci du futur et le regret du passé. Saisir le kaïros c’est
saisir, à chaque instant, l’occasion unique de renaître vivant.
Il n'est rien de si précieux que le temps de notre vie, cette matinée infinitésimale, cette
fine pointe imperceptible dans le firmament de l'éternité, ce minuscule printemps qui
ne sera qu'une fois et puis jamais plus. (...) Tout à l'heure, il sera trop tard, car cette
heure là ne dure qu'un instant. Le vent se lève, c'est maintenant ou jamais. Ne perdez
pas votre chance unique dans toute l'éternité, ne manquez pas votre unique matinée
de printemps. (Jankélévitch, 1980)147
Vivre l’immédiateté de l’instant c’est vivre poétiquement. L’instant poétique est une participation
immédiate et sans distance avec le monde (Bachelard, 1960) p.149).
L'extase est le comble de l'accomplissement de soi et du dépassement de soi, de la
fusion bienheureuse de soi avec autrui ou avec le monde, de la béatitude de
communion. C'est le paroxysme existentiel, l'accomplissement extrême et la vérité
suprême de l'état poétique (Morin, 2008)2025
2.2
Kaïros et niveaux de réalité de l’autoformation
L’exploration des moments intenses d’autoformation révèle plusieurs dimensions théoriques
pratiques et existentielle. Les kaïros prennent donc des formes différentes selon les niveaux de
réalité d’autoformation concernés.
Dans la dimension cognitive de l’autoformation, le kaïros se manifeste comme compréhension,
comme intuition heuristique qui permet la théorisation. Les kaïros d’autoformation théoriques
sont les instants où jaillit la compréhension d’un problème. Les différentes études des
découvertes scientifiques et des moments d’intuitions convergent pour dire que les kaïros
heuristiques jaillissent dans des moments de relâchement, d’abandon. Les exemples sont
nombreux depuis l’eurêka qui surprend Archimède au moment où il se glisse dans son bain, en
passant par le récit d’Einstein qui reçu son intuition de la relativité un jour où, en désespoir de
cause, il s’allongea pensant abandonner ces travaux ; ou encore celui de Poincaré qui reçu une de
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ces plus fortes intuitions mathématique en posant le pied dans le train qui l’emportait en vacances
(Holton, 1981; Jankélévitch, *; Koestler, 1963; Petitmengin, 2001). Il semble que les moments
privilégiés de l’intuition théorique soit précisément les moments d’abandon de l’intentionnalité :
les moments où le chercheur, après avoir beaucoup pensé au problème, relâche sa tension.
Dans la dimension pratique de l’autoformation, le kaïros se manifeste au jaillissement de l’acte
pertinent et décisif (mètis). Les entretiens d’explicitation des moments d’action réussie montrent
que les praticiens expérimentés font preuve d’une attention globale totale et non-intentionnelle
(Faingold, 2004; Petitmengin, 2001).
Dans la dimension existentielle de l’autoformation, le kaïros se manifeste comme émergence
créative d’une fusion harmonique du sujet et de l’objet. C’est le surgissement du sens symbolique
qui relie le sujet dans sa participation poétique au monde (Dostoievski; Morin, 2008, T.6
l'éthique). Il suppose aussi un abandon de l’intentionnalité pour développer une contemplation
réceptive qui permet au sujet d’entrer en résonance symbolique avec l’événement de la vie
vivante, au cœur de l’instant.
Les trois niveaux de réalité de l’autoformation (symbolique, pratique et théorique) doivent être
distingués sans confusion, mais aussi reliés entre eux transversalement. Une information circule
entre ces niveaux qui assure la cohérence du vivant. Les moments intenses d’autoformation sont
des révélateurs de cette cohérence. La cohérence assurée par le tiers inclus d'un niveau à l'autre se
manifeste par les résonances harmoniques et les transductions symboliques entre les moments
d’autoformation. Ce sont précisément dans les moments créateurs kaïros que se manifestent le
plus clairement le processus d’autoformation, c’est à dire l’émergence d’une forme originale et
pertinente. Dans ces moments, un soi-même (auto-ipse) prend forme.
2.3
Attention non-intentionnelle au cœur des kaïros d’autoformation -
Le kaïros est un instant d’émergence, un moment créateur, l’émergence d’une mise en sens,
d’une nouvelle forme. L’habileté à percevoir le kaïros semble bien dépendre d’une suspension de
la conscience intentionnelle discursive pour que ce déploie une attention non-intentionnelle à
chaque instant. En effet, la conscience intentionnelle discursive est trop pré-occupée pour être
disponible à l’occasion favorable. D’une part parce qu’elle fonctionne sous le mode de la
distanciation du sujet et de l’objet ; d’autre part parce que les projections égocentriques
intentionnelles déforment la perception de la situation ; mais enfin et peut-être surtout parce que
l’intentionnalité est en-elle même constitutive de la projection temporelle du chronos tendu entre
le passée et le futur.
Toute véritable habileté est un savoir incorporé caractérisé par une forme d’oubli de la
conscience intentionnelle. L’habileté se manifeste par le fait que l’on peut effectuer l’acte sans
mobiliser sa conscience intentionnelle. Lorsque l’on sait faire du vélo, on ne pense plus à ce que
l’on fait. La maîtrise et la haute compétence combinent paradoxalement l’oubli de l’intention
avec une attention non-intentionnelle à ce qui advient.
Lorsque les praticiens évoquent leurs actes les plus pertinents, ils semblent décrire des gestes qui
s’effectuent presque à l’insu de leur conscience. Les sportifs et les artistes de hauts niveaux
savent bien d’ailleurs que le geste le plus pertinent ne peut pas être piloter par la conscience
délibérative car celle-ci est toujours par définition à distance de l’objet. Elle est toujours en
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retard, mal-adaptée, malhabile. Au contraire le geste doit émerger dans une présence nonintentionnelle (Herrigel, 1998). Le praticien expérimenté décrit souvent son action sous la forme
d’un pilotage automatique, c’est à dire une forme d’acte quasi autonome, quasi-automatique, qui
libère une attention flottante à la situation.
Dans les groupes d’exploration phénoménologique de la pratique on voit par exemple que
l’action créative émerge lorsque les praticiens sont absorbés dans l’attention à l’évènement. Le
geste efficace et ajusté aux changements de l’environnement semble émerger d’une attention
globale, non-fragmentée. Une attention fusionnelle, sans distance entre le sujet et l’objet. Une
perception qui n’est pas déformée par l’intention de réussir ou la crainte d’échouer.
L'accès à un comportement adéquat ou à un geste qui réconcilie, implique le passage
d'un type de perception à un autre, de la perception des êtres et des choses, dans la
maîtrise et l'objectivité, à une perception de tout à la fois, à sentir partout à la fois,
qui emporte le sujet dans l'objet et par lequel l'objet constitue à nouveau le sujet sans
qu'il ait à savoir comment et pourquoi. S'il le savait d'un savoir distancié et explicite,
il ne pourrait pas se laisser mouvoir dans le cours des choses. Or le passage d'un
mode de perception à l'autre ne peut se faire que par la cécité de la conscience
réfléchissante et par la dissolution du vouloir. (Roustang, 2004)77
Le déploiement d’un geste réussi nécessite une attention non-intentionnelle silencieuse. Les
sportifs de haut niveau, les musiciens, ou les praticiens des arts martiaux, savent bien que le
contrôle de la pensée et l’intention de réussir sont en eux-mêmes des obstacles au déploiement du
geste pertinent. Paradoxalement, les moments où l’action est la plus originale et créatrice sont des
moments de silence de la pensée, des moments vide d’intention et d’intérêt propre à l’agent.
Mieux un organisme "connaît" quelque chose, moins il est conscient de cette
connaissance-c'est-à-dire qu'il existe un processus par lequel la conscience (ou
l'« habitude » d'action, de perception ou de pensée) s'enfonce à des niveaux de plus
en plus profonds de l'esprit. (Bateson, 1977, p. 146)
Les praticiens expérimentés sont capables de décrire très précisément les détails de la situation et
de leurs mouvements. Dans les moments intenses le régime de la conscience semble plus diffus.
La perception peut par exemple s'étendre aux cinq sens. La vision et l'audition sont très fines.
Elles ne sont pas concentrées sur un objet par l'intention mais sont au contraire généralisé et
global. On peut dire que dans les moments intenses, l'activité consciente semble totalement
absorbée par une attention non-intentionnelle à soi, aux autres et aux choses.
Tout le paradoxe du moi humain est là : nous ne sommes que ce dont nous avons
conscience, et pourtant nous avons conscience d’avoir été plus nous même dans les
moments précis où, nous haussant à un niveau plus puissant de simplicité intérieure,
nous avons perdu conscience de nous-même. (…) Plus une activité est intense, moins
elle est consciente. (Hadot, 1997, p. 40)
Un des premiers intérêts de l’exploration des kaïros d’autoformation est d’éclairer l’émergence
d’apprentissages transformateurs et de gestes créateurs. Elle permet de conscientiser les intuitions
et les gestes pertinents. Mais la capacité de suspension de l’intention peut aussi développer la
capacité à être simultanément présent aux différents niveaux de l’expérience dans la l’expérience
vécue au quotidien. Le développement de l’attention non-intentionnelle à aussi un effet de trans-
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Pascal Galvani, 2009, Les kaïros, moments créateurs et niveaux de réalité de l’autoformation,
Publié sous le titre “Los kairos : momentos creadores y niveles de realidad de la autoformación”, dans Saturnino de
la Torre y Maria-Antonia Pujol (coord.) Educar con otra conciencia : una mirada ecoformadora y creativa de la
ensenenza, Barcelona : Davinci Continental.
formation. Elle offre la possibilité d’un apprentissage transformateur dépassant les schèmes et
habitus ordinairement intégrés par l’acteur.
Cette vigilance en suspens, parce qu'elle est sans contenu déterminé, est en rapport
potentiel avec n'importe quoi. Sous l'effet de cette potentialité tous les n'importe quoi
communiquent, et ils sont susceptibles de constituer de nouvelles connexions exigées
pour la recomposition du contexte de l'existence. Les déterminations de cette dernière
ne sont plus figées et soumises à des restrictions d'habitude. (Roustang, 2006)105
Apprendre quelque chose de nouveau ou laisser émerger une forme nouvelle implique une
négation, un dépouillement des savoirs et des formes connus. L’exploration des expériences de
trans-formation au cours de plusieurs programme de recherche-action montre comment les
moments les plus significatifs de l’expérience vécue sont souvent caractérisés par une forme de
conscience-inconsciente vide de contenus (Galvani, 2005, 2006a, 2006b). La description des
expériences d’apprentissages transformateurs montre que l’évènement de la compréhension jaillit
dans les moments où la conscience discursive et l’intentionnalité du sujet sont suspendues.
CONCLUSION : LA CRÉATIVITÉ COMME ÉMANCIPATION DU CONNU
L’autoformation suppose de dépasser les limites du déjà connu, c’est à dire les actes déjà
réfléchis, verbalisés et mémorisés. Cela implique une suspension des représentations, une
nouvelle immersion dans les différents niveaux sensori-moteurs, affectif, symbolique de
l’expérience. C’est bien la conscientisation et l’appropriation consciente de nouveaux éléments
de l’expérience qui étaient resté pré-réfléchis ou déformés par l’intentionnalité qui peut ouvrir de
nouvelles compréhensions et conceptualisations.
La perception de l’expérience vécue est ordinairement profondément réduite et conditionnée par
l’intentionnalité du sujet, c’est à dire les buts qui motivent son inter-action avec l’environnement.
L’approche phénoménologique montre comment toute expérience est configurée par la
conscience intentionnelle. Celle-ci sélectionne, et juge sans cesse, les éléments de l'expérience, en
fonction de leur utilité pour le maintien de l'organisation physique et psychologique du sujet. Ce
mouvement intentionnel de la conscience constitue le sujet en même temps qu’il isole certains
éléments de l’environnement comme des objets désirables ou indésirables.
La prise de conscience des influences du langage, du conditionnement culturel et de
l’intentionnalité sur notre perception et notre compréhension de l’expérience vécue est l’enjeu
essentiel de l’autoformation. L’apport majeur de la phénoménologie est ici de permettre de
‘suspendre’ cette intentionnalité dans un travail réflexif sur ‘l’apparaître du phénomène’.
De la manière dont jusqu'alors nous avons perçu et de ce que nous croyons savoir, il
s‘agit de nous défaire pour que nos oreilles, nos yeux, nos mains abandonnent leurs
habitudes et nous permettent d’appréhender le réel avec plus d’acuité. (Roustang,
2002)159
Les kaïros, les instants créateurs d’autoformation sont donc paradoxalement des moments où
l’ego (moi) et s’oublie lui-même pour laisser jaillir un auto (soi) original et originel.
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Pascal Galvani, 2009, Les kaïros, moments créateurs et niveaux de réalité de l’autoformation,
Publié sous le titre “Los kairos : momentos creadores y niveles de realidad de la autoformación”, dans Saturnino de
la Torre y Maria-Antonia Pujol (coord.) Educar con otra conciencia : una mirada ecoformadora y creativa de la
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L'état créateur n'existe qu'en la connaissance de soi. La plupart d'entre nous en sont
privés : nous sommes des machines à répétition, des disques de gramophone, de
sempiternelles chansons enregistrées par nos expériences, nos souvenirs ou ceux des
autres. (…) En celui-ci le moi est absent, l'esprit n'est plus centré sur ses expériences,
ses ambitions, ses poursuites, ses désirs. L'état créatif est discontinu ; il est neuf
d'instant en instant ; c'est un mouvement en lequel le "moi", le "mien" n'est pas là, en
lequel la pensée n'est pas fixée sur un but à atteindre, une réussite, un mobile, une
ambition. Mais cet état ne peut pas être conçu ou imaginé, formulé ou copié ; on ne
peut l'atteindre par aucun système, aucune philosophie, aucune discipline, au
contraire, il ne naît que par la compréhension du processus total de nous-mêmes.
(Krishnamurti, 1955)
Tout l'enjeu des kaïros d’autoformation réside dans la suspension de la conscience intentionnelle
qui configure l'expérience et le sujet. Alors s’ouvre la possibilité créative du surgissement d'une
nouvelle perception, d’une nouvelle intuition de sens, d’une nouvelle co-émergence de soi et du
monde.
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