Les approches de proximité - cedtc
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Les approches de proximité : un moyen pour rejoindre les jeunes les plus vulnérables à l’influence des gangs Par René-André Brisebois, M.Sc. Criminologie Centre d’expertise | Délinquance et troubles de comportement Centre jeunesse de Montréal - Institut universitaire Coordonnateur du RÉSAL-MTL Le rôle et mandat d’un intervenant en proximité : contexte gangs de rue Bulletin numéro 3 du Réseau d’échange et de soutien aux actions locales Février 2015 Ce bulletin est produit par le Centre d’expertise|Déliquance et troubles de comportement du Centre jeunesse de Montréal – Institut universitaire. Avec la contribution financière du ministère de la Sécurité publique Les travailleurs de rue ou de milieu sont souvent ceux que l’on identifie comme adoptant une approche de proximité dans leurs interventions quotidiennes. Ils permettent d’assurer un certain lien entre les jeunes associés aux activités de gangs et les institutions ou organismes de notre société. Pour ces organisations, ces intervenants en proximité peuvent devenir des interlocuteurs, des traducteurs, des modérateurs ou des facilitateurs. Aux yeux des jeunes, ils peuvent faire office de coachs, de mentors, de modèles positifs ou de médiateurs. Le but de ce type d’intervention est donc d’offrir du soutien aux jeunes à risque en tentant de les amener à changer certains aspects de leur vie qui leur causent des problèmes personnels ou du moins, qui ont des impacts très néfastes sur leurs différentes sphères de vie (ex. : famille, école, travail, amis). Ces changements qui sont souhaités doivent s’opérer dans le cadre d’une approche de réduction des méfaits puisque la finalité de l’intervention vise principalement à réduire les difficultés ou problèmes que les comportements des jeunes peuvent leur occasionner. Tous ces éléments ne peuvent être abordés ni répondus par un seul intervenant. L’intervenant en proximité doit donc être en mesure de déceler les différents problèmes ou éléments auxquels ils peuvent répondre, mais aussi auxquels peuvent répondre leurs partenaires de l’intervention. C’est en travaillant en partenariat que ces intervenants sont en mesure de répondre à un plus grand nombre de besoins exprimés par les jeunes à risque. Les cibles d’intervention qui requièrent une attention toute particulière de la part des intervenants en proximité sont : la scolarité, l’employabilité, les démêlés avec la justice, les loisirs, la toxicomanie et les conduites sexuelles à risque. Ces cibles d’intervention sont d’autant plus importantes qu’elles sont souvent associées à la diminution de la criminalité, à une insertion ou réinsertion sociale, en plus d’être étroitement liées au bien-être personnel de l’individu. N’oublions pas que si nous souhaitons voir un comportement adéquat ou une attitude positive se perpétuer, il est important de bien souligner les forces de l’individu, ses qualités et son potentiel. C’est avec les aspects positifs que nous pouvons travailler sur du plus long terme. En ce sens, les intervenants en proximité, par la qualité de la relation qu’ils peuvent entretenir avec les jeunes, sont souvent ceux qui sont les mieux placés pour apprécier les forces des jeunes, leurs intérêts et leurs passions. Ils peuvent ainsi aiguiller leurs partenaires vers ces pistes d’intervention afin de maximiser le potentiel de réussite de l’intervention souhaitée. Pour plus de renseignements concernant cette publication ou émettre des commentaires, visitez le site Internet du Résal au http://cedtc.cjm-iu.qc.ca/Fr/resal/ LE BULLETIN DU RÉSAL février 2015 Les approches de proximité : un moyen pour rejoindre les jeunes les plus vulnérables à l’influence des gangs (suite) Créer le lien : savoir être patient et observer son milieu de travail L’accompagnement : une façon de renforcer le lien de confiance Intervenir dans un quartier qui est touché par le phénomène des gangs, ou du moins qui est propice à son éclosion, n’est pas chose simple. La première étape, certes, est celle de créer des liens significatifs avec les jeunes que nous souhaitons interpeller. Pour ce faire, la présence continuelle et fréquente des intervenants de proximité dans leur milieu attitré est souvent le préalable à toute relation de confiance qui peut s’amorcer entre eux et les jeunes à risque. Il faut être au fait que la méfiance des jeunes, surtout ceux à risque ou déjà impliqués dans les gangs, peut se faire ressentir. Il est alors important pour ces intervenants de bien clarifier leur rôle et la raison d’être de leur travail dans le milieu ciblé. Il faut s’assurer que les jeunes ne les perçoivent pas comme des délateurs (ce que les jeunes appellent snitch) ou des policiers infiltrés (undercover). Il faut donc que ces intervenants sachent se présenter comme tels, soit des professionnels pouvant apporter leur aide et leur accompagnement dans différents domaines de la vie (ex. : toxicomanie, santé mentale, sexualité à risque, domaine judiciaire, employabilité, scolarité, etc.). Par la suite, la clé du succès est d’être patients, attentifs aux besoins des jeunes et surtout respectueux de leur rythme et de leur volonté de changer. Il s’agira alors de trouver une façon d’entrer en contact avec la clientèle ciblée, soit les jeunes susceptibles de faire l’expérience des gangs. À titre d’exemple, certains intervenants utiliseront le prétexte du sport pour amorcer la discussion et l’éventuelle création du lien avec un jeune. Il faut savoir que la création du lien est réciproque, c’est -à-dire qu’elle provient autant des jeunes que des intervenants. Il devient alors nécessaire de reconnaître les caractéristiques que les jeunes considèrent le plus importantes chez les intervenants en proximité. Le respect, l’honnêteté, l’acceptation inconditionnelle de l’autre, l’écoute, la compréhension, l’ouverture d’esprit en sont des exemples. Ces qualités sont essentielles pour tout intervenant œuvrant dans une approche de proximité puisqu’elle facilite la création du lien de confiance et conséquemment, permet d’offrir un accompagnement efficace dans toute démarche de changement. Puisque le développement d’une relation significative avec les jeunes est au cœur de leur mandat, les intervenants en proximité doivent constamment saisir toutes les opportunités s’offrant à eux afin de permettre de renforcer leur relation avec cette clientèle vulnérable. Une invitation à rencontrer les parents, les frères et sœurs du jeune, à accompagner un jeune au tribunal (Chambre de la Jeunesse) ou à en aider un autre dans son processus d’inscription scolaire pour un éventuel retour aux études est un exemple très concret d’éléments pouvant contribuer à solidifier le lien de confiance qui s’établit entre un intervenant et un jeune. Néanmoins, l’accompagnement d’un jeune ne peut réussir qu’avec patience et détermination. En ce sens, un intervenant en proximité qui accompagnerait un jeune dans sa recherche d’emploi ne pourrait pas simplement passer la journée en compagnie du jeune en l’aidant à chercher un emploi. Il devrait pouvoir offrir à ce jeune un soutien plus assidu, et ce, de la recherche d’emploi à l’accompagnement au lieu de travail après l’embauche. C’est avec cette patience et cette détermination que l’accompagnement d’un jeune trouvera son sens. Page 2 La référence : entretenir ses liens avec ses contacts Bien qu’utile à certains moments, la référence n’est pas nécessairement la meilleure intervention. Pour des jeunes à risque, pour qui le lien avec les institutions et organismes est plutôt précaire, le simple fait de leur donner un numéro de téléphone ou de leur donner une adresse à laquelle se rendre n’est guère une intervention suffisante. Dans la majorité des LE BULLETIN DU RÉSAL février 2015 cas, cette information ne sera pas utilisée ni même considérée par le jeune. Lorsqu’une référence est faite, il importe de « personnaliser » ses liens. Ainsi, un intervenant qui dit à son jeune : « Appelle Julie du Carrefour Jeunesse Emploi, c’est une amie à moi, tu vas voir elle est vraiment gentille et attentionnée, elle va pouvoir t’aider dans ta recherche d’emploi » s’assure beaucoup plus concrètement que son jeune fasse les démarches. Étant donné que l’intervenant en proximité connait l’intervenante en employabilité, il pourra effectivement faire le suivi avec cette dernière et savoir si le jeune a bel et bien utilisé la référence qui lui a été donnée. Cette référence personnalisée est très utile pour faire en sorte que le jeune puisse faire confiance à la personne que l’on tente de lui présenter, et pour s’assurer que la référence proposée soit utilisée. La médiation de conflits : un art! La médiation en soi est une discipline. Toutefois, faire de la médiation devient un atout pour tout intervenant qui souhaite voir la résolution d’un conflit. La médiation suppose que l’intervenant en proximité peut, dans l’optique de résolution d’un différend, rencontrer une des parties impliquées (ex. : un jeune ou groupe de jeunes) et en deuxième temps, l’autre partie (ex. : autre jeune ou groupe de jeunes). Cela dans le but de recevoir les deux versions des faits. Par la suite, l’intervenant sera amené à faire un retour sur les discussions avec chacune des parties impliquées. Ce faisant, l’intervenant pourra proposer une rencontre commune si les acteurs impliqués s’entendent sur des règles claires telles que d’éviter le conflit ou les altercations pendant la rencontre, demeurer respectueux, puis écouter l’autre sans l’interrompre. Ces règles de base permettront d’assurer un climat sécuritaire pendant la rencontre de médiation. Bien que très utile, il va de soi que cette technique d’intervention requiert une préparation très importante pour celui qui souhaite y avoir recours. Animer des ateliers de discussion… dans un cadre formel ou informel? de cibler les problèmes ou méfaits que cette réalité engendre. Par exemple, la drogue, la sexualité, la prostitution, la délinquance, la violence et l’intimidation sont des thèmes très liés au phénomène des gangs et qui peuvent servir à alimenter la discussion. Bien sûr, il est possible d’aborder directement la question des gangs de rue, mais tout est question de savoir comment le faire et surtout, quel est l'objectif visé. Si l’intervenant souhaite aborder directement la question des gangs de rue, il doit éviter le discours moralisateur ou suscitant la peur, car ces façons de faire ont très peu d’impacts sur les jeunes, plus précisément les jeunes les plus à risque. C’est avec cette clientèle qu’il peut être plus pertinent d’aborder directement la question des gangs de rue, tout en étant en mesure de reconnaitre les différents aspects positifs de l’expérience des gangs (ex. : amis, plaisir, reconnaissance, expériences positives liées à la sexualité et à la consommation d’alcool/drogue, etc.) et en soulignant les aspects plus négatifs (ex. : violence, décès, arrestation, etc.). Néanmoins, quand vient le temps d’animer une discussion sur la question des gangs et les thèmes qui l’entourent, il demeure préférable de constituer un groupe de jeunes à risque et surtout d’éviter de composer un groupe hétérogène regroupant des jeunes à risque et des jeunes « non à risque ». Cette situation risquerait de créer un effet contraire à ce qui est souhaité, c’est-àdire de voir les jeunes « non à risque » devenir plus à risque. De plus, le fait de cibler un groupe homogène de jeunes à risque afin de participer à la discussion permettra d’utiliser les propos positifs d’un des jeunes du groupe dans le but d’influencer la perception de ses pairs. Il faut savoir que d’autres thèmes, souvent un peu plus négligés, ont tout intérêt à être abordés avec les jeunes à risque. On parle de la pression des pairs, la résolution de problèmes ou de conflits, la gestion de l’agressivité et de la colère et les habiletés interpersonnelles de communication. Ce sont là les éléments les plus souvent associés à la délinquance et à la criminalité des gangs. Effectivement, des jeunes qui se laissent influencer par leurs pairs, qui ne contrôlent pas leur colère ou qui ne savent pas comment résoudre les conflits ou les problèmes rencontrés peuvent devenir vulnérables à l’influence des gangs. Donner des moyens concrets, simples et surtout, prosociaux (c.-à-d. non délinquants ou violents) à ces jeunes peut les aider face à la problématique. C’est pourquoi dans une optique de prévention gang de rue, ces thématiques deviennent aussi importantes à aborder au cœur de discussions avec les jeunes. Peu importe la préférence de l’intervenant quant à l’aspect formel ou informel de l’animation de groupe, l’animation de discussion est une pierre angulaire dans la motivation au changement chez les jeunes. Parler de gangs pour parler de gangs ne sert strictement à rien, sinon que de raviver les passions ou les intérêts pour ce phénomène. Les discussions doivent donc cibler des thèmes bien précis dans le but d’amener les jeunes à réfléchir sur leurs comportements ou sur leurs choix. Ainsi, les discussions se doivent LE BULLETIN DU RÉSAL février 2015 Page 3 Transmission des informations : clarifier notre rôle et nos limites? Il arrive parfois que les intervenants en proximité reçoivent des confidences ou des informations qui pourraient compromettre la sécurité ou la vie d’un autre individu. Au plan formel, il s’avère important de bien être au fait de la politique de son organisme en matière de transmission d’informations. Il faut donc savoir que de transmettre l’information essentielle sur une situation qui a été portée à notre attention pourrait éventuellement prévenir la commission d’un crime grave ou violent. Toutefois, le fait de dévoiler de l’information sans avoir avisé le jeune des limites du travail accompli avec lui pourrait briser le lien de confiance définitivement. Sans compter que celui-ci pourrait avoir des réactions négatives à notre égard. D’où l’importance de mettre au clair, auprès des jeunes accompagnés, notre rôle dans l’intervention, et ce, dès le départ. Transmission des informations : répercussions possibles! Au plan informel, il est tout aussi important, sinon plus, de connaitre les répercussions possibles d’une transmission d’informations. Par exemple, le fait de donner de l’information à une victime concernant son agresseur pourrait conduire à d’éventuelles représailles. Certes l’intention peut être de sensibiliser la victime au risque élevé d’agression qu’elle encoure, mais l’effet pourrait être dévastateur si celle-ci décidait de régler ses propres comptes ou d’appeler quelques amis pour s’en prendre à l’agresseur. Autre exemple aussi questionnable est celui de transmettre de l’information « sensible » à un partenaire (ex : employabilité) concernant la situation juridique d’un individu (ex : expériences passées de détention/garde). Ce genre de dévoilement ne devrait pas provenir de l’intervenant, mais du jeune directement et seulement si ce dernier souhaite ouvrir lui-même sur le sujet avec ce partenaire. Ainsi, aux yeux du jeune, l’intervenant en proximité occupera davantage un rôle d’accompagnateur plutôt que de délateur. La sécurité des jeunes: bien comprendre leur réalité Pour certains jeunes faisant l’expérience des gangs, leur sécurité peut être compromise. Ils peuvent percevoir un danger ou une menace pour leur vie que ce soit réel ou non. Cette dimension doit donc être considérée par l’intervenant qui souhaite travailler entre autres sur des zones de réinsertion socioprofessionnelle Page 4 (ex. : école, travail). Par exemple, si l’école ou l’emploi est situé dans un quartier rival, où les jeunes ont déjà eu des embrouilles par le passé, il peut être préférable de privilégier un autre endroit. Il n’en reste pas moins qu’il demeure important d’aller sonder les craintes des jeunes qui bien souvent, ne sont pas fondées ou du moins, sont exagérées. Des jeunes pourraient donc ne jamais vouloir aller dans un quartier donné puisque leurs ennemis y sont installés. Pour l’intervenant, il devient donc nécessaire de découvrir si ces jeunes ont déjà personnellement (et non le gang) vécu des problèmes avec des gens de ce quartier, s’ils ont déjà agressé quelqu’un de ce quartier ou s’ils ont déjà été agressés eux-mêmes. C’est ce genre de questions qui permettra aux intervenants de proximité de reconnaitre de réelles menaces de craintes irrationnelles de la part des jeunes. Ainsi, le fait de départager le réel du perçu permet à l’intervenant de travailler sur les faits, sur des stratégies concrètes veillant à assurer sa sécurité, ou de travailler sur les émotions, sur des stratégies visant à diminuer l’anxiété ou la peur ressentie. La sécurité des intervenants de proximité : toujours y penser! L’autre pendant de la sécurité est celui de l’intervenant. Avec une clientèle qui fait l’expérience des gangs, sa sécurité personnelle doit toujours être au cœur de l’intervention. Il est clair que d’aller dans des endroits privés (sans la présence de parents, de tuteurs ou d’adulte significatif) peut devenir une situation critique et dangereuse. Ainsi, l’intervenant peut être exposé à des risques d’agression, de représailles de groupes ennemis, d’arrestation, etc. Il est peu souhaitable que l’intervenant de proximité soit présent ou témoin lors de la commission d’un délit. Conséquemment, il doit chercher à éviter les lieux moins recommandables en ce sens (ex. : piaules, crack house, etc.). Les endroits publics sont donc des espaces à privilégier pour faire des rencontres plus informelles. Cependant, il faut noter que certains endroits publics peuvent tout de même être considérés comme des lieux plutôt dangereux et considérés comme à haut risque d’altercation (ex : certains restaurant fast-food). Dans ces cas bien précis, ces lieux connus pour être propices à des altercations peuvent être à proscrire, surtout si une rencontre est souhaitée en fin d’après-midi ou soirée. Les intervenants de proximité connaissent habituellement ces milieux plus à risque et devraient privilégier un endroit moins susceptible d’être visé par d’éventuelles représailles violentes. D’autres éléments sont à prendre en considération dans la dimension sécurité de l’intervenant. Par exemple, le fait d’intervenir uniquement auprès des jeunes associés à un seul gang peut s’avérer dangereux. Un intervenant de proximité dans cette situation pourrait être perçu comme « un des leurs » LE BULLETIN DU RÉSAL février 2015 tant par les jeunes de groupes rivaux que par la police. Pour éviter toute confusion, mais surtout pour éviter de mettre leur vie en danger, les intervenants ne devraient pas travailler auprès d’un groupe en particulier, mais plutôt s’adresser à l’ensemble des jeunes à risque, peu importe leur groupe d’origine ou leur affiliation. Dans le même sens, il va de soi que les intervenants en proximité ne devraient pas porter de couleurs ou de signes associés aux gangs, ne devraient pas non plus porter d’armes sur eux ni consommer drogue ou alcool avec les jeunes. Effectivement, ces intervenants devraient toujours se positionner comme modèles positifs, comme modèles à suivre sans chercher à devenir comme les jeunes avec qui ils travaillent. Cette image de professionnels et de mentors devrait donc toujours être à l’esprit de ces intervenants, surtout considérant que des attitudes ou comportements inverses risqueraient de mettre leur propre sécurité en péril. Un exemple d’intervention en employabilité Prenons l’exemple de l’employabilité. C’est une chose de dire à un jeune qu’il doit se trouver un emploi, c’en est une autre de l’accompagner à travers tout le processus. D’abord, il faut souligner que l’intervenant ne devrait pas prendre pour acquises certaines évidences. Il faut donc voir avec les jeunes en processus de recherche d’emploi certains aspects tels que : comment souhaitent-ils s’habiller pour aller chercher un emploi? savent-ils comment remplir une application ou comment faire un CV? comment entrevoient-ils le fait de devoir se lever tous les matins à la même heure, et ce, toute la semaine? comment conçoivent-ils l’autorité dans le travail (ex. : recevoir des ordres)? comment réagiraient-ils dans un éventuel conflit au travail avec un collègue ou avec le patron? etc. Ce sont là quelques exemples de questions qu’il peut être pertinent de travailler avec les jeunes à risque en leur faisant des mises en situation/jeux de rôle afin de les exposer, le plus que possible, aux réalités du marché du travail. Ce type d’exercice permet de mettre en pratique les jeunes face à des situations auxquelles ils pourraient être confrontés dans leur environnement concret, réel. Ainsi, l’intervention souhaitée est de faire prendre conscience aux jeunes qu’ils doivent considérer différents aspects de l’employabilité et conséquemment, travailler sur ceux-ci. On cherche donc à travailler la demande d’embauche (ex. : formulaire, CV), l’entretien pré-emploi et les attitudes à adopter en milieu de travail. La pensée magique, chez les jeunes à risque, est souvent omniprésente; ceux-ci étant convaincu que s’ils le veulent réellement, ils trouveront un travail sans problème sans nécessairement connaitre toutes les étapes pré-embauche et post -embauche. Page 5 Pour être efficace avec une approche de proximité, il faut… Bien comprendre la problématique ciblée (ex. : gangs de rue) et la population qui est touchée par celle-ci; Travailler aux heures et aux moments les plus propices à la criminalité (fin de semaine, fin des classes, en soirée, etc.); Travailler dans les endroits les plus propices aux rassemblements (métros les plus achalandés par les jeunes, les parcs, terrain de jeux, etc.); Bien comprendre le rôle et mandat des différents partenaires institutionnels et communautaires; Recevoir un soutien de l’équipe d’intervenants en proximité et pouvoir partager son expérience et les difficultés rencontrées; Recevoir une supervision clinique permettant de réajuster certaines interventions, mais surtout, permettant à l'intervenant de recevoir le soutien nécessaire dans la réalisation de son mandat, de sa tâche; Pour chacune des interventions réalisées, se poser les questions : Qui?, Quoi?, Où?, Quand?, Comment? et Pourquoi? Ces questions très simples permettent de faire le suivi des interventions réalisées et ainsi, de mieux cerner ce qui est à privilégier comme stratégie. Sources : Arciaga, M. et Gonzalez, V. (2012). Street Outreach and the OJJDP Comprehensive Gang Model. Office of Juvenile Justice and Delinquency Prevention, Office of Justice Programs, U.S. Department of Justice, Washington, DC. Prince, J. (2008). Intervenir auprès des jeunes à risque d’adhérer à un gang de rue : un guide à l’intention des intervenants communautaires. Société de criminologie du Québec pour la Direction de la prévention et du soutien (DPS), ministère de la Sécurité publique du Québec. Savard, C. (2008). Le travail de rue : une pratique préventive auprès des jeunes à risque d’adhérer à un gang ? Société de criminologie du Québec. Pour la Direction de la prévention et de la lutte contre la criminalité ministère de la Sécurité publique du Québec. Paquin, P. et Perreault, A. (2013). Cadre de pratique pour le travail de rue en Montérégie. Regroupement du travail de proximité en Montérégie (RTPM) et l'Agence de la santé et des services sociaux de la Montérégie. LE BULLETIN DU RÉSAL février 2015