Pierres à légendes et pierres gravées de Vendée

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Pierres à légendes et pierres gravées de Vendée
GROUPE VENDEEN D'ETUDES PREHISTORIQUES, 27, 1992
PIERRE A LEGENDES ET PIERRES GRAVEES DE VENDEE
par Gérard BENETEA U
U.P.R. 403 C.N.R.S. Les Sables d'Olonne
Mégalithes de Vendée ... tout un programme!
Programme qui devrait s'orienter d'ici peu vers l'élaboration d'un inventaire de ces
monuments, effectué par le Service Régional de l'Archéologie en étroite collaboration avec
les préhistoriens vendéens.
Cette publication
complémentaires.
se
cadre
dans
l'optique
de
cet
inventaire,
sous
deux
aspects
Tout d'abord il s'agit de confirmer l'exi's tence de plusieurs petits monuments, mal connus et
cependant très intéressants, ainsi que d'en faire connaître d'autres ignorés jusqu'ici par les
archéologues.
Le second objectif est d'affiner le travail que nos prédécesseurs ont publié sur certaines de
ces pierres, et que pour d'autres ils n'ont pu achever.
Les modestes cailloux dont il est question, sont tous situés dans une zone comprise entre cinq
et quinze kilomètres environ, en retrait de l'océan, et disséminés de Champs Saint-Père à
Challans en passant par Olonne-sur-Mer et Saint-Maixent-sur-Vie.
Ils ne sont cependant pas représentatifs d'une situation géographique particulière, leur
singularité est de présenter pour certains un type de gravure que l'on se doit de considérer
avec plus de sollicitude qu'auparavant, et pour d'autres de posséder les dernières bribes de
légendes qui sous-tendent des pratiques ancestrales récemment disparues.
Comme nous le précisions plus haut, ces petits monuments ont tous fait (sauf un) l'objet
d'une publication ou parfois d'une courte note qui nous ont permis de les retrouver ...
1./ LA PIERRE DAU POTIAS: COMMUNE DE CHAMPS-SAINT-PERE.
Historique
La premier de ces quatre blocs est parvenu à notre connaissance grace à la publication qu'en
a fait notre collègue Jean-Loïc LE QUELLEC, paru dans le bulletin de la Société d'Etudes
Folkloriques du Centre Ouest (I).
Très intrigué par l'aspect et la situation originelle de ce bloc, nous avons voulu le retrouver
afin de le photographier et éventuellement d'en poursuivre l'étude.
Nous ne le détaillerons que très, succinctement, renvoyant le lecteur à la publication très
descriptive de J.L. LE QUELLEC.
C'est un bloc granitoide de 2,35m de longueur, 1,25 m pour sa plus grande largeur et d'une
épaiseur variant de 0,56 m à 0,52 m possédant un sillon annulaire très profond qui le sépare
presque en deux parties.
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La face la plus régulière et légèrement bombée, montre deu x cupules parfaitement circulaires
dont l'une possède sur son fond, une très petite "cupule" (nous y reviendrons).
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POSITION ORIGINELLE DE LA PIERRE DAU POTIAS
Ce bloc découvert et dégagé en 1941 par J . RAMBAUD, instituteur de la commune de
Champs-Saint- Père, fut dénommé par son inventeur : "la Pierre dau Potias" (la Pierre des
poteaux) du nom d'un tènement voisin, nom que nous lui conserverons.
Situé sur les calcaires du Lias, non loin des bords du Lay, ce monument fut transporté par
l'héritier du terrain sur lequel il se trouvait, sur la commune d'Olonne sur Mer dans le
camping "La Loubine", où l'on peut encore le voir actuellement (1992).
Interrogé sur les motivations de ce "transfert", le propriétaire nous expliqua que l'agriculteur
qui désirait acheter le champs en question, voulait casser le bloc pour empierrer un chemin
proche. Nous n'avons pas eu de peine à le croire, connaissant le sort fréquent de tels blocs.
Interprétation des gravures
L'intérêt premier de cette pierre réside dans le fait qu 'elle montre les empreintes de trois
types d'interventions humaines , qui à notre avis, ne sont pas forcément contemporaines.
6
Nous allons donc procéder par ordre, en définissant ce Qui (toujours selon notre avis), nous
paraît être les plus anciennes traces, puis ce Que nous considérons comme étant des
réaménagements postérieurs.
0
1 Ce bloc possède sur les faces constituant son épaisseur, plusieurs stigmates de ce Que nous
pensons être des traces d'extractions originelles de ce bloc. Car cela est une certitude, il ne
s'agit pas ici d'un bloc erratique Quelconque.
/
Ces stigmates sont comparables à ceux Que l'on peut voir sur la pierre à cupules de la
Boilière ou sur certains petits monolithes du Bois de Fourgons, à A vrillé.
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LA PIERRE DA U POTrAS
Commune de Champs Saint-Père (Vendée)
(Croquis G. BENETEAU)
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De plus, l'extrémité située du côté de la plus grande largeur, semble bien avoir été
bouchardée après le débitage d'origine.
2° / Le sillon annulaire qui ceinture parfaitement le bloc, reste le travail le plus insolite de
cette pierre (profondeur du sillon: 16 cm).
Nous ne soutiendrons pas dans ce cas, l'hypothèse d'une tentative de débitage du bloc en
deux parties, les stigmates en ce cas ont un tout autre aspect, et il aurait fallu un impératif
d'abandon brutal pour laisser le travail à ce stade, car actuellement un simple porte-à-faux
pourrait le sectionner facilement.
Cette action apparaît comme préhistorique dans la mesure ou nous connaissons plusieurs
rainures de ce type dans la région sur des monuments mégalithiques : par exemple sur la
dalle de fond du dolmen de la Pierre Couverte de la Frébouchère, au Bernard.
De plus, la coupe du sillon montre une action effectuée indiscutablement au percuteur de
pierre, ceci pour deux raisons principales.
Tout d'abord la concavité du fond du sillon ainsi que ses bords arrondis, aspect très
caractéristique de ce genre d'action que nous avons d'ailleurs expérimenté.
Alors que dans le cas d'un travail à l,'outil métallique (qu'il soit de bronze ou d'acier), les
traces sont plus aigües et montrent des arêtes vives et un fond effilé, très proches du
tranchant de l'outil utilisé (burin, ciseau, bédane).
Deuxièmement, l'aspect sinueux de la rainure n'apparaît pas comme un travail de carrier,
même très ancien, où les sectionnements sont effectués de façon rectiligne, après un probable
traçage préalable.
3° / Chacune des deux parties du bloc, séparé par le sillon annulaire montre une "cupule" d'un
type peu répandu dans notre région.
En effet, ces deux cupules d'un même diamètre CI 7 cm) et d'une profondeur voisine (2,5 cm
pour la cupule de "droite" et 3,8 cm pour la cupule de "gauche"), possèdent un fond plat.
Elles n'ont rien à voir avec les "traditionnelles" cupules à fond concave des concentrations de
pierres gravées vendéennes (Ile d'Yeu, Avrillé, le Poiré-sur- Vie).
La cupule de gauche (la plus profonde des deux), possède en position excentrée une petite
"cupulette", que nous interprètons comme la trace de l'action d'un "grain-d'orge", outil à
"pointe arrondie", en acier, utilisé en taille de pierre et en maçonnerie.
Nous sommes en effet persuadé, que les deux cupules ont été effectuées à l'aide d'un outil
métallique, qui peut à la fois, allier des angles vifs (ici les angles sont un peu érodés) et un
fond plats.
Le travail de ces cupules n'a donc rien à voir avec les techniques qui ont permi d'exécuter les
autres gravures précédemment décrites ; nous estimons que les angles intérieurs des cupules
sont trop peu concaves pour avoir été façonnées au percuteur de pierre.
Ces cupules ont donc probablement été gravées postérieurement aux deux premières
interventions qui peuvent être contemporaines, et la présence du sillon semble avoir
déterminé la répartition des deux cupules.
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LA PIERRE DAU POTIAS
dans le camping "La Loubine" à Olonne-sur-Mer
SILLON ANNULAIRE DE
LA PIERRE DA U POTIAS
9
Situati on géographique originelle.
Situé à l'origine sur les calcaires des bords du Lay à 31 m d'altitude, ce bloc de granite est
issu au plus près, des contreforts du massif primaire de Champs Saint-Père - Saint Vincentsur-Graon, distant de quelques cinq kilomètres plus au nord- nord-ouest.
On est donc bien en présence d'une roche exogène.
Sa position dans les tènements "Les Rogers - Les Potias", la place dans une possible relation
avec quelques mégalithes voisins, disparus actuellement.
La Pierre dau Potias n'est en effet qu'à deux kilomètres au nord-ouest de la Fontaine SaintGré, près de laquelle se trouvait le menhir des Bélinières dit: la Pierre d u Saint, actuellement
in trouvé (2), mais très précisément situé (une étude approfondie de ce secteur est en cours).
En conclusion , et malgré le fait que l'institutueur ~. RAMBAUD "n'a pas trouvé de traces de
blos de calages", nous penchons pour l'hypothèse d'un menhir "particulier.... qui aurait subi
des agencements postérieurs (peut-être après sa chute).
La présence du sillon annulaire nous laisse dans l'expectative, aucun élément probant
nous orienter vers une fonction précise de cette rainure.
peut
De même que "l'âge" des cupules ne ,peut être précisé, si ce n'est pour ce cas, qu'elles
semblent bien avoir été façonnées par un outil de métal.
II./ La Pierre des Serments: commune d'Olonne-sur-Mer.
On est loin de se douter, lorsque l'on voit pour la première fois ce petit "dolmen" sur un
parking d'Olonne-sur-Mer, qu'on est bien en présence d'un authentique mégalithe .
Son érection en ce lieu date du début du siècle, à l'époque ou le parking était encore le
jardin public.
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LA PIERRE DES SERMENTS
Olonne-sur-Mer
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Une carte postale colorée de cette pierre, éditée par Jehly Poupin, circulait encore au début
des années cinquante.
Nous n'avons pu réunir que peu d'informations à son sujet, même à la malne, les personnes
que nous avons interrogées ne connaissaient pas l'histoire du "dolmen", hormis qu'elles étaient
persuadées de sa fausseté.
Une des rares notes que l'on possède sur cette pierre, a été publiée entre les deux guerres par
le Docteur Marcel BAUDOUIN, dans le journal "Le Phare".
- "D'abord dans le jardin public, où elle a été transportée, la Pierre à Plages de Polissage,
trouvée dans le chemin descendant au Marais.
Elle a été placée là sur deux supports en même roche
polies sont sur la face inférieure et presque invisibles.
mais malheureusement, les cuvettes
Ce bloc a dû être jadis une Pierre cultuelle à pélerinage" (3).
Qu'en est-il exactement?
En 1977, nous avions déjà enquêté sur les ongmes de cette pierre et nous avions alors
rencontré une dame âgée, décédée maintenant, qui nous avait donné le nom de cette pierre:
la Pierre des Serments, situées "autrefois" sur le bord du chemin du marais.
D'après ce témoin, les jeunes gens qui voulaient se marier, venaient en couple près de cette
pierre et prononçaient là leur voeux de fidélité mutuelle.
Il semble bien que le Docteur BAUDOUIN fOt informé sur ces pratiques anciennes, mais à
notre connaissance il ne doit pas avoir publié un texte plus complet sur cette pierre.
Description et état actuel.
C'est un bloc tabulaire granitoïde en forme de losange, de 2,10 m de long et 1,35 m dans sa
plus grande largeur, d'une épaisseur assez régulière de 30 cm.
On ne peut y voir aucune arête vive, tout le bloc semble bouchardé, on dirait un gros galet
plat.
Plusieurs plages polies (au moins cinq) se chevauchant, existent effectivement sur sa face
inférieure, appuyée sur deux "supports" en roche granitique.
Vu sa forme, cette pierre a pu être érigée à l'origine, mais il a été impossible de nous le faire
confirmer par notre témoin.
Actuellement, cette petite architecture paraît bien menacée sur son parking, où elle a déjà
fait les frais de chocs plus ou moins répétés ...
Espérons tout le même que la Municipalité saura la préserver des soubresauts de notre société
parfois ... très agitée!
I1L/ La Pierre de Criée: commune de Saint Maixent-sur-Vie.
Répertoriée comme mégalithe exceptionnel par le Docteur BAUDOUIN, la Pierre de Criée
(pseudonyme du bloc) de Saint ·Maixent-sur- Vie laisse un peu rêveur quand on la voit la
première fois, surtout après avoir lu le descriptif allèchant de son inventeur !
Il nous est donc nécessaire de reproduire ce texte, paru dans le journal "Le Phare", dans les
années 1920 (4).
11
- "Mais si les Pierre mégalithiques existantes encore sont rares il y en a au moins une, qui est
superbe!
Elle se trouve dans le cimetière devant l'église et sert actuellement de Pierre de Criée.
Nous l'avons découverte il y a quelques années et nous l'avons fait de suite classer comme
Monument Historique !
C'est un splendide bloc de grès cénomanien ressemblant à une table, à surface plate bien
polie ! La face visible est couverte de sculptures ! Il y a là de nombreuses cuvettes de
polissage, une rainure, des cupules typiques, demi-cuvettes, etc ... etc ...
Qui plus est, les dites cupules représentent une Grande Ourse, et à côté de la rainure il y a
un petit signe Glozélien , en forme de Lambda grec.
Cette pierre n'a pas toujours été à cette place. Elle a été apportée là autrefois
sait quand !
mais on ne
Cependant elle devait se trouver dans le bourg; et c'est peut-être elle qui est la cause de sa
constitution, en ce point.
Nous avons pris des empreintes au plâtre, des principales cavités. Nous en avons tiré des
épreuves en ciment, qui figurent désormais au Musée de Plein Air de Croix-de-Vie : en
particulier de la plage de polissage à Rainure et les cupules formant le corps de la Grande
Ourse.
Nous avons décalqué tout l'ensemble et pris de nombreuses photographies. La description de
ce magnifique spécimen des Pierres à Cuvettes cultuelles de la Vendée Maritime est terminée.
Mais ce mémoire ne pourra jamais sans doute désormais, être publié malgré son intérêt hors
pair!
Des plaques indicatrices, dans le bourg même, signalent aux Touristes l'existence de cette
curiosité rare et très bien conservée, qui mérite une visite attentive.
Ces sculptures, vu le poli de la pierre, doivent être de l'âge du cuivre, en réalité, ou tout au
moins de l'extrême fin de la pierre polie".
La description très ... orientée de Marcel BAUDOUIN ne peut malgré cela masquer la réalité,
même si l'on se perd en conjectures sur l'origine de certaines "sculptures".
Cette plaque de schiste (et non de grès cénomanien), de 1,95 m de longueur et 0,71 m de
largeur constante, présente en effet sur sa face visible, toute une série de cupules et de plages
polies (l'autre face ne présente aucune anomalie).
Comme on peut le voir sur le croquis ou sur photo, les plages polies latérales montrent une
disposition assez régulière tout autour de cette plaque.
Un ensemble de trois plages, quatre cupules profondes (20 mm de prof.) et trois "cupulettes",
composent l'essentiel des autres "gravures". Près d'une extrémité, une entaille rainurée, d'une
vingtaine de centimètres de long, ef fectuée avec un outil tranchant métallique, paraît
relativement récente, du moins par rapport au reste de la composition.
Interprétation
Que Marcel BAUDOUIN nous pardonne, nous ne sommes pas partisan de la théorie de la
Grande Ourse et nous n'a vons pas vu de petit signe Glozélien en forme de Lambda grec ;
mais peut-être avons nous mal regard é ...
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LA PIERRE DE CRIEE
Commune de Sa int-Maixent-sur- Vie (Vendée)
(croquis G . BEN ETEAU)
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Ce que nous constatons, c'est que les "plages de polissage" latérales malgré un "effet" de
quinconce (qui peut être fortuit), semblent bien représenter un décor, agencé sur le contour
complet de cette table de pierre. En effet, aux deux extrémités on observe les mêmes
aménagements.
L'épaisseur de cette plaque, qui varie de 9 cm à l'extrémité fracturée, à 15 cm (c'est
l'épaisseur quasi constante du bloc) à l'extrémité la plus régulière, montre une rainure
horizontale qui en barre toute la largeur.
Les petites "cupulettes", profondes, (3,5 cm de prof.), de coupe très effilée, pourraient être le
résultat de gravures de "désoeuvrement", façonnées à l'aide d'un objet métallique pointu
(stylet, canif) ; l'entaille rainurée a peut-être d'ailleurs la même origine (le schiste est une '
roche qui se taille très facilement) .
Quant aux cupules et aux plages polies , nous estimons ne pas être devant un travail
préhistorique, et cela devient intéressant pour l'étude des cupules.
Voici donc ce que nous pensons de ce bloc.
Vu sa régularité et la disposition ondoyante du décor de pourtour nous pouvons être en
présence d'une dalle de sarcophage ou de tombeau très ancien.
Souvenons-nous de ce qu'écrit Marcel BOUDOUIN: "Elle se trouve dans le cimetière devant
l'église .. .".
Lorsque nous l'avons vu pour la première fois en 1976, elle était à plat sur le sol devant une
cabine téléphonique, devant la mairie qui se trouve ... devant l'église!
Et il s'agit bien de la même église!
L'environnement à changé bien sûr. Actuellement (I992), elle est derrière la petite mairie,
toujours devant l'église.
Mais ce que nous voulions amener à la réflexion, c'est le fait qu'elle se trouvait tout de même
bien en contexte funéraire lorsqu'elle a été repérée par BAUDOUIN!
Quant à son lieu d'origine, il n'est peut-être pas très éloigné.
Sous la butte entourant l'église, par exemple ...
Et les cupules me direz-vous?
Et bien, il faut quand même admettre que si nous sommes en présence d'un couvercle de
tombeau, les dites cupules ne sont pas préhistoriques
Alors quelle époque ?
Nous ne nous risquerons pas à les attribuer à la même main qui a façonné le décor sinueux,
rien n'est moins sûr, d'autant qu'il n'y a pas d'organisation perceptible, du moins à notre
avis.
De toute façon, cela laisse supposer qu e les cavités cupulaires que nous observons en maint
endroit, peuvent dater de périodes historiques et cela reste à considérer de très près dans
l'études de ces petites cavités.
Marcel BAUDOUIN regrettait de n'avoir pu publier son étude sur cette pierre, c'est
maintenant chose faite, bien qu'il ne soutiendrait sans doute pas notre hypothèse 1
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LA PIERRE DE CRIEE
. Saint-Maixent-sur-Vie
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LA PIERRE AU VINAIGRE
Commune de Challans (Vendée)
(Croquis G . BENETEAU)
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Mais nous lui devions bien çà. La Pierre de Criée de Saint Maixent-sur-Vie fut classée le 8
Juillet 1926, grâce à la volonté du Docteur BAUDOUIN. Et c'est certainement grâce à cette
démarche, que ce témoin bien fragile de notre histoire est encore là !
Une petite restauration à peu de frais, et son installation dans l'église proche, assurerait sa
protection définitive.
Cela aussi on le doit bien au brave docteur. ..
IV /. LA PIERRE AU VINAIGRE: COMMUNE DE CHALLANS.
Cette modeste pierre située sur le plateau surplombant le village de la Bloire, tout près de la
ville de Challans, semble inconnue des archéologues, même s'il y a peu d'années elle fut
inclue dans un petit rallye touristique.
C'est un membre de notre famille qui nous le signala, ainsi que deux des détenants du
légendaire de ce petit "caillou".
Situé à 31 m d'altitude, sur le plateau au-dessus du lieu dit "le Gué Monnier", cette pierre
par sa position presque au sommet d'un petit éperon et surplombant un ancien gué, fait
penser à un bornage médiéval.
Descriptif.
C'est un modeste bloc de grès cénomanien (nous sommes ici sur le bassin cénomanien de
Challans) qui paraît en grande partie enfoui dans le talus d'un sentier: "un sentier de travers"
(de traverse) nous dira un témoin.
Il fait environ 1 m de longueur pour 0,40 m à sa plus grande épaisseur et 0,65 m pour sa
largeur connue.
Sur une de ses faces (voir croquis), on observe très nettement la présence d'une grande plage
polie. Ce qui n'a rien d'étonnant en soit, le grès étant une roche très abrasive.
Cependant son principal intérêt (pour un si petit bloc) est Qu'il possède plusieurs légendes Qui
méritent l'attention.
10/Légende de fondation
Au cours du XIXème siècle, nous rapporte un témoin Qui le tient lui même de sa grandmère, "on se disait dans le hameau de la Bloire Que cette "Pierre au Vinaigre", et bien, elle
avait été transportée là pour la construction de l'église de Challans".
L'ancienne église bien sur ; l'église actuelle ayant été construite à la fin du XIXème, le
témoin le précise bien.
On peut rapprocher ceci des mythes de fondation, connus dans tous les peuples et Qui font
référence à une action précise passée, maintenue dans un "éternel présent" par un référent
immuable (forêt, rocher, lac, etc ... ) Qui sert de "réceptacle".
2° /Légende de création
Une autre version du même témoin (toujours transmis par la grand-mère), rapporte Que: "la
mer était venue là, et Que lorsqu'elle s'était retirée, elle avait laissé cette pierre, plantée là."
On retrouve là, le schéma de la création du Monde, par la Mère (l'allusion reste confinée au
second degré, mais est belle et bien présente) Qui fixe en terre un Centre du Monde; bien
sur le Centre du Monde de ceux qui connaissent la Pierre.
17
Et cela nous amène à une troisième version.
3° / Depuis le début du XXème siècle, peut-être même la fin du XIXème (mais le témoin
n'est plus sOr de lui), "on dit que cette pierre est au centre géographique de la commune de
Challans".
Le "Centre" est toujours présent, mais son sens n'est plus le même sans doute par adaptation
face à l'évolution des avis sur la transmission des légendes.
Mais ce nom de "la Pierre au Vinaigre" ?
Un second témoin nous raconta qu'entre les deux guerres, l'instituteur du lieu, "le père
Aristide Péault", instituteur public, emmenait régulièrement ces élèves voir cette pierre quand
il leur faisait "les leçons de choses", en milieu naturel!
Il disait comme cela: "Sentez mes enfants, la pierre sent le vinaigre !"
Au-delà de ce témoignage nous ne possédons pas d'autres éléments.
Mais au siècle dernier cette pierre s'appelait déjà par ce pseudonyme, et l'on connaît dans le
Maine et Loire, par exemple, deux mégalithes portant ce nom.
Voici donc quelques "pierres" particulières, à engranger dans l'inventaire des mégalithes
vendéens; ce ne sont pas des pierres colossales mais elles aussi font partie, plus humblement,
des jalons de notre histoire.
G.B. Avril 1992
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