Les effets des traitements sur l`apprentissage procédural dans la

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Les effets des traitements sur l`apprentissage procédural dans la
Psychomotricité
Les Entretiens
de
Psychomotricité
2015
POSTER
Les effets des traitements sur
l'apprentissage procédural dans
la maladie de Parkinson : données
préliminaires
A. Gutierrez*, E. Martin*, J. Dupouy**, J. Tallet***
* Institut de Formation en Psychomotricité, 133 Route de Narbonne, 31062 Toulouse, France
** S ervice de Neurologie, Pôle Neurosciences, CHU Purpan, Place du Docteur Joseph Baylac - TSA
40031 - 31059 TOULOUSE Cedex 9
*** P RISSMH-LAPMA, Université Toulouse III Paul Sabatier, 118 Route de Narbonne, 31062 Toulouse,
France
Plusieurs travaux ont montré les bénéfices de la réhabilitation sur les symptômes moteurs des
patients parkinsoniens (Goodwin, 2008) et plus particulièrement au travers de techniques
telles que le Taï Chi ou la danse (Li et al., 2012 ; Hackney et al., 2007). Les noyaux gris centraux étant impliqués dans les apprentissages moteurs (Doyon 2009 ; Meier 2013), il est
surprenant que les patients, qui présentent une lésion neurodégénérative de ces noyaux,
soient capables de réaliser les apprentissages nécessaires à la pratique de ces techniques.
Cette étude vise à tester les effets des traitements médicamenteux et/ou de la stimulation
cérébrale profonde (SCP) sur l’apprentissage procédural. Pour cela, 6 patients parkinsoniens
(4 femmes ; 64 +/- 6,5 ans) sans de troubles cognitif (MMSE>25) ou sensoriels (ou corrigés)
ont réalisé une tâche de temps de réaction sériel qui consiste à répondre le plus rapidement
possible et sans erreur à l’apparition d’un stimulus lumineux avec le doigt correspondant
(Figure 1) et ceci dans les 4 conditions : OFF/OFF : absence de SCP et absence de traitement
médicamenteux, OFF/ON : absence de SCP et traitement médicamenteux , ON/OFF : SCP et
absence de traitement médicamenteux et ON/ON : SCP et traitement médicamenteux. La
tâche a été réalisée avec la main la moins affectée. Chaque condition consistait à répéter une
séquence pendant 5 Blocs (B1 à B5) avant l’introduction d’une séquence aléatoire (B6) permettant de mesurer l’apprentissage de la séquence répétée. Les données mesurées sont les
moyennes et écart-types des temps de réaction (TRmoy et TRds) et du nombre d’erreurs (N).
Figure 1 – Tâche de Temps de Réaction Sériel
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Des t-tests appariés ont été réalisés pour tester (1) la différence de performance entre B1 et
B5, une diminution du TRmoy, TRds, Nmoy témoignant d’un amélioration générale de la
performance, et (2) la différence de performance entre B5 et B6, une augmentation du
TRmoy, TRds, Nmoy reflétant l'apprentissage spécifique de la séquence répétée. Le seuil de
significativité a été ajusté avec la correction de Bonferroni (p<0.0125).
Les résultats indiquent (1) aucune diminution du TRmoy, TRds et Nmoy entre B1 et B5 et (2)
une augmentation significative du TR entre B5 et B6 pour la condition ON-OFF seulement
(Figure 2).
Figure 2 – TR (ms) à B5 (bleu) et B6 (rouge) pour les conditions OFF-OFF, OFF-ON, ON-OFF
et ON-ON. Les barres d’erreur représentent l’écart-type (variabilité inter-individuelle).
Les patients parkinsoniens n’ont pas démontré d’amélioration significative de la performance entre le premier et le dernier bloc de pratique de la séquence répétée, et cela quel
que soit le type de condition. Ceci suggère une altération de l’apprentissage général chez
ces patients (Siegert et al, 2006 ; Wilkinson et al., 2009). Par contre, l’augmentation significative du temps de réaction suite à l’introduction de la séquence aléatoire après le dernier
bloc de pratique de la séquence répétée témoigne d’un apprentissage spécifique de la
séquence répétée. Ce résultat n’est trouvé que dans la condition ON-OFF, ce qui suggère
que les patients parkinsoniens ont de meilleures capacités d’apprentissage procédural sous
SCP et sans médication (Feigin et al., 2003). Contrairement à ce que l’on aurait pu penser
au départ, il n’existe pas d’effet synergique de la stimulation cérébrale et de la médication
sur la performance motrice (McNeely & Earhart, 2013). Compte tenu du nombre réduit de
participants, ces résultats restent à confirmer.
RÉFÉRENCES
1 – Doyon, J., Bellec, P., Amsel, R., Penhune, V., Monchi, O., Carrier, J., ... & Benali, H. (2009). Contributions of the
basal ganglia and functionally related brain structures to motor learning. Behavioural brain research, 199(1),
61-75.
2 – Feigin, A., Ghilardi, M. F., Carbon, M., Edwards, C., Fukuda, M., Dhawan, V., ... & Eidelberg, D. (2003). Effects
of levodopa on motor sequence learning in Parkinson’s disease. Neurology, 60(11), 1744-1749.
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3 – Goodwin, V. A., Richards, S. H., Taylor, R. S., Taylor, A. H., & Campbell, J. L. (2008). The effectiveness of exercise
interventions for people with Parkinson's disease: A systematic review and meta‐analysis. Movement Disorders,
23(5), 631-640.
4 – Hackney, M. E., Kantorovich, S., Levin, R., & Earhart, G. M. (2007). Effects of tango on functional mobility in
Parkinson's disease: a preliminary study. Journal of Neurologic Physical Therapy, 31(4), 173-179.
5 – Li, F., Harmer, P., Fitzgerald, K., Eckstrom, E., Stock, R., Galver, J., Maddalozzo G. & Batya, S. S. (2012). Tai chi and
postural stability in patients with Parkinson's disease. New England Journal of Medicine, 366(6), 511-519.
6 – McNeely, M. E., & Earhart, G. M. (2013). Medication and subthalamic nucleus deep brain stimulation similarly
improve balance and complex gait in Parkinson disease. Parkinsonism & related disorders, 19(1), 86-91.
7 – Meier, B., Weiermann, B., Gutbrod, K., Stephan, M. A., Cock, J., Müri, R. M., & Kaelin-Lang, A. (2013). Implicit
task sequence learning in patients with Parkinson's disease, frontal lesions and amnesia: The critical role of
fronto–striatal loops. Neuropsychologia, 51(14), 3014-3024.
8 – Siegert, R. J., Taylor, K. D., Weatherall, M., & Abernethy, D. A. (2006). Is implicit sequence learning impaired in
Parkinson's disease? A meta-analysis.Neuropsychology, 20(4), 490.
9 – Wilkinson, L., Khan, Z., & Jahanshahi, M. (2009). The role of the basal ganglia and its cortical connections in
sequence learning: evidence from implicit and explicit sequence learning in Parkinson's disease. Neuropsychologia, 47(12), 2564-2573.
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