No 88 - 3e trimestre 2015
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No 88 - 3e trimestre 2015
LE JAPON a la page LE JOURNAL DE JETRO PARIS - NO88 / 3E TRIMESTRE 2015 TRIBUNE SOMMAIRE 1/ TRIBUNE 1/ LES BRÈVES 2 / ÉCONOMIE Vers un renforce- ment des échanges d’étudiants entre la France et le Japon 4/ L’INTERVIEW Catherine Simon, Innorobo-Innoecho 4 / FOCUS La célèbre mascotte Kumamon en tournée promotionnelle à Paris 6 / INVESTIR Revitalisation des zones rurales au Japon : une localité renaît grâce à sa connectivité internet 7 / À VOS AGENDAS 8 / HORIZONS JAPON Rapprochement Mie - Val d’Oise / « Soyeux Destins » à Lyon LES BREVES Les collaborations franco-japonaises dans le domaine de la robotique se sont multipliées ces dernières années. Pourtant, d’un point de vue historique, l’industrie de la robotique s’est développée d’une manière différente dans les deux pays. Il y a une vingtaine d’années, quand je travaillais au ministère de l’Economie, du Commerce et de l’Industrie, j’ai rédigé un rapport dans lequel j’avais identifié la robotique comme future industrie stratégique. En effet, son développement a vu le jour grâce à la combinaison de deux points forts de l’industrie japonaise : son savoir-faire en ingénierie mécanique et son expertise en informatique. De plus, on considère que les robots contribueront à résoudre les problèmes de l’archipel liés à la baisse de la population et à son vieillissement. Soutenue par un marché friand d’innovation, l’industrie de la robotique japonaise est la plus importante au monde, alors qu’en France le recours aux robots dans le secteur manufacturier reste limité à quelques secteurs comme l’automobile. Actuellement, ce sont les robots de service qui captent l’attention, donnant lieu à des rapprochements technologiques et commerciaux. Tandis que des robots d’assistance à la personne développés au Japon sont mis en service en France, des robots de compagnie, développés en France, ont été commercialisés au Japon où ils gagnent en popularité. Nous le constatons clairement avec l’arrivée du smartphone, l’avancée des technologies de la communication et de l’intelligence artificielle a le potentiel de transformer nos modes de vie. Comment, du fait de l’intégration de ces technologies, des robots au service de l’homme, fruit de la collaboration franco-japonaise, vont-ils enrichir notre vie quotidienne ? C’est avec de grandes espérances que j’observerai cette évolution. [Akio Ikemori, Directeur général] JN TO, l’o rgan is at io n j apo n ais e du t o uris me, a an n o n c é q ue le n o mbr e de vis it eurs ét ran ger s au Japo n a bat t u un n o uveau rec o r d en 201 4, avec 13,4 millions de personnes, soit une augmentation de 29,4 % par rapport à l’année précédente. Le déficit de la part du tourisme dans la balance des paiements (services uniquement) est ainsi passé de 6,8 milliards de do llar s en 2013 à 500 millio n s en 201 4. ////// La réfo rme du marc h é de l’én ergie au Japo n prévo it un e libér alis at io n c o mplèt e du mar c h é de dét ail de l’élec t ric it é et du gaz en 2017. Les part ic uliers po ur ro n t c h o is ir leur fo urn is s eur d’élec t r ic it é dès 201 6 , l’an n ée s uivan t e po ur le gaz . ////// D’an c ien s t er rain s de go lf, aban do n n és depuis q ue les Japo n ais délais s en t de plus en plus c e s po rt , s o n t rec o n vert is en c en t r ales s o lair es ph o t o vo ltaïques. La production du premier parc alimentera 8 000 foyers dès 2017. Un s ec o n d pro j et , lan c é en 201 4, c o uvr ira à t erme pr ès de 2 km 2 . ////// Le journal de Jetro Paris / 3e trimestre 2015 ÉCONOMIE VERS UN RENFORCEMENT DES ÉCHANGES D’ÉTUDIANTS ENTRE LA FRANCE ET LE JAPON La mobilité internationale universitaire est une opportunité qui offre aux étudiants la possibilité de se confronter à d’autres expériences pédagogiques, de s’initier à de nouveaux sujets d’études, de découvrir un pays, d’approfondir une langue et d’affiner leur projet professionnel. Malgré les liens étroits qui existent entre la France et le Japon et l’attractivité mutuelle de leur culture respective, le nombre d’étudiants participant à des échanges entre les deux pays n’a augmenté que modérément ces dernières années. Afin d’accroître significativement ces échanges, les gouvernements français et japonais ont passé un important accord. D 2 ’après JASSO (Japan Student Services Organization), sur les quelque 184 155 étudiants étrangers présents au Japon en mai 2013 – environ 16 000 de plus que l’année précédente – 6 370 étaient originaires d’Europe, soit 3,5 % du total. L’Europe est en effet la deuxième zone pour l’envoi d’étudiants au Japon, mais bien qu’elle se place devant l’Amérique du Nord (1,4 %), elle reste très loin derrière l’Asie (92,7 %). Dans le détail, en 2014, on recensait 957 étudiant français au pays du Soleil-Levant, soit 63 de plus qu’en 2013. Cette hausse s’inscrit dans le cadre d’une politique du gouvernement Abe visant à accroître le nombre d’étudiants étrangers au Japon, surtout en provenance de certaines zones spécifiques avec lesquelles le Japon entretient des relations privilégiées. Bien qu’elle soit globale, l’augmentation ne concerne les pays européens que dans une moindre mesure. L’Allemagne, qui envoyait 629 étudiants en 2013, a fait passer ce chiffre à 713 en 2014 et l’Italie, de 327 à 431. On est loin des chiffres du Vietnam, avec environ 26 400 étudiants en 2014 contre 13 800 l’année précédente, ou encore du Népal (10 440 étudiants en 2014 contre 5 800 en 2013). Rayonnement international Ces dernières années, deux plans gouvernementaux se sont succédé afin de faire croître les effectifs d’étudiants étrangers LES ÉTUDIANTS ÉTRANGERS AU JAPON PAR NATIONALITÉ PAYS 1. Chine 2. Vietnam 3. Corée du Sud 4. Népal 5. Taïwan Nombre d’étudiants 94 399 26 439 15 777 10 448 6 231 6. Thaïlande 3 250 8. Malaisie 2 475 7. Indonésie 9. Etats-Unis 13. France TOTAL (2013) % du total 51,3 % 14,4 % 8,6 % 5,7 % 3,4 % 1,8 % 3 188 2 152 957 184 155 1,7 % 1,3 % 1,2 % 0,5 % 100 % Source : JASSO (« Result of an annual survey of international students in Japan 2014 ») (Photo : Direction de la communication - Université de Bourgogne) Signature en novembre 2013 d’un accord-cadre de coopération tripartite entre l’université de Sojo, l’université de Bourgogne et AgroSup Dijon dans le but de poursuivre la collaboration en matière de recherche et d’échanges d’étudiants. au Japon et développer une offre de plus en plus attrayante. Le premier, avec un objectif de 100 000 étudiants, a été concrétisé il y a plus de dix ans, en 2003. Puis, en 2008, le Premier ministre de l’époque, Yasuo Fukuda, a annoncé la mise en œuvre d’un second plan visant à accueillir 300 000 étudiants étrangers d’ici 2020. Cet objectif correspond plus ou moins à 10 % des étudiants de l’enseignement supérieur au Japon, ce qui lui permettra de rejoindre la France et l’Allemagne (environ 12 %) en tant pays dont le système éducatif rayonne vers ses principaux partenaires. Afin de mener à bien cet ambitieux programme, il est également prévu d’augmenter considérablement le nombre des enseignements dispensés en anglais. Ces chiffres peuvent être mis en corrélation avec le nombre d’étudiants japonais présents en France : 2 309 en 2013 (année fiscale) selon une étude de JASSO, qui évalue à 69 869 le nombre de Japonais partis étudier à l’étranger cette année-là (+ 5 % par rapport à 2012). Cette même étude place la France en 8e position des pays d’accueil des étudiants japonais. L’internationalisation est au Japon un des piliers de la stratégie de croissance du gouvernement Abe. Les entreprises japonaises, en quête de débouchés sur les marchés extérieurs, recherchent des profils bénéficiant d’une expérience à l’étranger et d’aptitudes linguistiques réelles. Le gouvernement a d’ailleurs pris la pleine mesure de ces défis et réfléchit actuellement aux moyens de rendre plus aisée la mobilité des étudiants japonais. Le journal de Jetro Paris / 3e trimestre 2015 Une volonté politique bilatérale Les gouvernements français et japonais souhaitent lever les obstacles à ces mobilités universitaires. Le 5 mai 2014, un pas important a été franchi dans la reconnaissance mutuelle des études, diplômes et crédits entre la France et la Japon, de sorte que des Japonais quittant le lycée peuvent désormais s’inscrire en cycle de licence dans des facultés françaises et que des Français ayant validé une licence peuvent poursuivre leurs études au Japon en niveau shûshi (équivalent au master). Il est à noter que si pour l’instant la plupart des étudiants français partant étudier au Japon sont versés dans les sciences humaines, l’accord vise l’ensemble des études supérieures publiques en France (universités, Ecole normale,…), ainsi que les écoles d’ingénieurs. Ce sont donc de nouvelles perspectives pour les partenariats franco-japonais qui s’ouvrent. Néanmoins, cette percée ne lève pas tous les obstacles. Nombre d’étudiants japonais expriment leurs réticences quant à partir à l’étranger car cette expérience n’est pas forcément prise en compte dans leur cursus universitaire, de même que les stages qu’ils pourraient faire dans le pays d’accueil. La convention de reconnaissance devrait faciliter le rapprochement des établissements d’enseignement supérieur des deux pays. Il reste aussi à rendre possible l’apprentissage du japonais dans les écoles d’ingénieurs françaises, souvent plus réputées pour leur excellence technique que pour leur pôle linguistique. En effet, les élèves ingénieurs français qui partent au Japon n’ont que rarement acquis leurs compétences en cette langue au sein de leur école, mais plus sur la base d’affinités culturelles et de travail personnel. Au-delà des écoles d’ingénieurs l’offre générale en terme d’enseignement du japonais en France est faible comparativement à la demande. Si l’on se réfère au site de l’ambassade de France au Japon, cinquante-trois établissements du secondaire proposent le japonais en langue vivante, dont seulement six en première langue (LV1), quatorze en LV2 et trois en sections japonaises dans lesquels les cours se déroulent partiellement en japonais. De même dans le supérieur, le nombre de candidats est PRINCIPALES DESTINATIONS DES ETUDIANTS JAPONAIS À L’ÉTRANGER PAYS 1. Etats-Unis 2. Canada 3. Royaume-Uni Nombre d’étudiants 16 794 6 614 6 519 (2013) Année précédente 15 422 6 333 5 641 4. Australie 6 392 5 768 6. Chine 4 022 5 796 2 309 2 290 5. Corée du Sud 7. Allemagne 8. France 9. Thailande 10. Taiwan Autres pays TOTAL Source : JASSO 5 211 2 408 2 249 2 080 15 271 69 869 5 542 2 495 1 909 1 680 12 497 65 373 très largement au-dessus du nombre de places disponibles et se concentre dans des écoles de langues et civilisations sans y adjoindre les savoir-faire techniques recherchés par les futurs employeurs. Pourtant, le Japon est encore aujourd’hui le premier investisseur asiatique en France avec notamment 31 % d’investissement dans des outils de production (2013) et représente environ 70 000 emplois. La France est aussi le troisième investisseur au Japon. L’apprentissage du japonais, outre l’enrichissement culturel qu’il apporte correspond donc également à une nécessité économique. Il serait donc utile de développer son apprentissage et de le renforcer notamment dans les régions où les investissements japonais sont les plus forts, par exemple en Bretagne. En fonction du cursus d’études et de la finalité recherchée, il existe diverses bourses et programmes d’échanges, parfois mal connus, proposés par des fondations et organismes français et japonais, ainsi que par l’Union européenne. [Pierre Bellières] + D’INfOS : www.jasso.go.jp et www.studyjapan.go.jp/fr/ COOPERATION INEDITE ENTRE L'UNIVERSITE DE NAGOYA ET JETRO En signant en juin dernier un accord-cadre avec l’université de Nagoya, Jetro a franchi une nouvelle étape dans la mise en œuvre de sa politique de collaboration avec des établissements d’enseignement supérieur, les accords conclus jusqu’alors avec des universités se limitant à la promotion d’échanges académiques. D’une portée plus large, celui signé avec l’université de Nagoya met en place un partena- riat d’envergure entre l’institution, qui a abrité plusieurs lauréats de prix Nobel, et le réseau international Hiroyuki Ishige, président de Jetro (gauche) et Seiichi Matsuo, président de Nagoya University (Photo : Jetro) de Jetro. Par cet accord, les deux partenaires s’engagent à des efforts conjoints en vue d’utiliser les moyens humains et de valoriser les résultats des recherches et études conduites à l’université, dans l’objectif d’attirer les entreprises étrangères sur le territoire et de soutenir l’expansion à l'étranger d’entreprises issues de l’université à travers un programme mis en place par Jetro. + D’INfOS : www.jetro.go.jp/en/jetro/topics/2015/1506_topics5.html 3 Le journal de Jetro Paris / 3e trimestre 2015 L’INTERVIEW Catherine Simon Présidente Innorobo-Innoecho Photo : Innorobo Présidente de la société organisatrice d’Innorobo, salon entièrement dédié à la robotique, Catherine Simon fait le bilan de l’édition 2015, qui s’est tenue début juillet à Lyon, et analyse la place de la robotique japonaise. 4 Quel bilan dressez-vous de la dernière édition d’Innorobo ? Pour sa 5e édition, Innorobo 2015 a réuni 200 exposants de vingt nationalités et démontré la réalité de la transformation robotique à une audience de 10 000 décideurs économiques de l’industrie et des services, d’investisseurs, d’acteurs de l’innovation et d’institutionnels de plus de trente pays. Plus de 350 conférenciers, experts mondiaux, grands patrons des sociétés qui conçoivent les robots d’aujourd’hui et de demain étaient rassemblés pour établir des liens commerciaux ou de partenariat, mais aussi co-définir, dans une démarche d’innovation ouverte, une société réinventée par ces progrès technologiques. Le Japon s’impose comme le leader mondial de la robotique. Comment s’explique cette position ? Le Japon est le leader mondial en robotique, dominant la scène internationale en robotique industrielle avec 23 % des stocks mondiaux de robots en opération malgré une tendance à la baisse de 5 % par an des achats de robots depuis 2005. Il fournit plus de 54 % des achats mondiaux de robots industriels annuels avec une production d’environ 95 000 robots par an dont 74 % pour l’export. Le Japon est également un pionnier avec la volonté affirmée d’être la vitrine mondiale pour l’utilisation de robots tant dans l’industrie que dans notre vie quotidienne. La stratégie japonaise s’appuie sur trois piliers : devenir le hub mondial de l’innovation robotique ; être la société leader mondial dans l’utilisation des robots (PME, robots médicaux et de santé, infrastructure, etc.); et enfin conduire la transformation robotique mondiale en intégrant la robotique et le numérique du big data, des réseaux et de l’internet des objets. Cela requiert une forte ouverture et coopération à l’international, en amont de l’exportation des robots japonais dans le monde. Photo : Innorobo Ainsi, le Japon était présent à Innorobo pour démontrer ses innovations en robotique industrielle collaborative avec notamment le CR-35iA de Fanuc et le Nextage de Kawada, mais aussi les applications dans le domaine de la santé par exemple, avec Paro du professeur Shibata de l’AIST. Les représentants de la Japan Robot Association (JARA) étaient aussi présents pour échanger sur leur vision de l’impact des technologies robotiques sur notre société avec leurs pairs américains et euro- péens. Lors d’un atelier à Innorobo, sur le thème « Fostering robotics worldwide », l’Europe, l’Asie et les Etats-Unis ont présenté les opportunités et contraintes du marché robotique mondial et les forces et faiblesses de leur pays ou continent dans cette révolution technologique en émergence. Tous s’accordent sur le besoin de soutien de l’entrepreneuriat en robotique, tous affichent une profonde volonté de coopération mondiale pour accélérer l’adoption des robots par notre société dans le respect de valeurs éthiques et humanistes. A quel niveau cette coopération peut-elle être mise en œuvre ? Innorobo a réuni des personnalités éminentes de la robotique, de l’activité économique et d’institutions de plus de 20 pays en un véritable « G20 » sur les enjeux sociétaux auxquels la robotique répond, mais aussi ceux qu’elle pose : une première mondiale, au plus haut niveau, qui doit continuer de se développer au sein des quelques évènements mondiaux qui réunissent la communauté robotique internationale. C’est pourquoi JARA et Innoecho ont signé un accord de coopération croisée pour leurs évènements respectifs, Innorobo et IREX - International Robot Exhibition - le plus grand salon mondial de la robotique, qui se tient tous les deux ans à Tokyo. Les technologies robotiques requièrent la dynamique partenariale d’un vaste écosystème international pour délivrer la promesse d’impact sur le monde pour une société réinventée et une humanité durable. [Propos recueillis par Isabelle Comtet] 2e trimestre 2015 2014 Le journal de Jetro Paris / 3 FOCUS LA CÉLÈBRE MASCOTTE KUMAMON EN TOURNÉE PROMOTIONNELLE À PARIS Qui connaît Kumamon ? Très populaire au Japon, où l’on compte pas moins de 1 700 mascottes locales, Kumamon est un sympathique ours brun qui promeut la préfecture de Kumamoto, dans le sud-ouest du Japon. Les images de cette mascotte, créée en 2011 à l’occasion de la mise en service des lignes du Shinkansen dans la région de Kyûshû, sont libres d’exploitation par les entreprises locales dans la mesure où elles vendent des produits locaux ou des produits présentant la préfecture de Kumamoto. D’ailleurs, Kumamon a fortement contribué à redynamiser la région et la succursale de la Banque du Japon à Kumamoto a estimé qu’il avait généré 124 milliards de yens de chiffre d’affaires entre novembre 2011 et octobre 2013. En 2011, il a même gagné le grand prix Yuruchara, concours des meilleures mascottes locales japonaises. A l’origine fabricant d’uniformes, Unix est une des sociétés qui créent, fabriquent et vendent des produits textiles, notamment des peluches, vêtements, tabliers et sacs, à l’effigie de Kumamon. Elle a commencé cette activité dès les premiers pas de la mascotte. Le succès a été immédiat dans la région du Kansai, ce qui a motivé Unix à poursuivre sur cette voie. Kumamon s’exporte Depuis le mois de juin 2014, date à laquelle la préfecture a déposé la marque en Europe, aux Etats-Unis, en Chine, à Taïwan, en Corée du Sud et à Singapour, les entreprises telles qu’Unix peuvent exporter dans ces pays. Unix s’impose comme une des sociétés les plus actives et compte parmi ses clients le grand magasin Yata à Hong-Kong. Cependant, elle n’avait encore jamais tenté l’aventure en Europe et particulièrement en France avant cette année. A Paris, après avoir participé début juillet à la Japan Expo, le plus grand salon consacré à la pop culture japonaise, elle a dans la foulée ouvert pour trois semaines un magasin éphémère, dans lequel ont été proposés des articles originaux à l’effigie de Kumamon tels que des sacs en sashiko (tissu en coton renforcé utilisé pour les tenues d’arts martiaux), des vêtements pour bébés, enfants et adultes et, en édition spéciale pour le magasin éphémère, des polos sur lesquels Kumamon se cache derrière la tour Eiffel. Si Kumamon a participé pour la troisième fois à la Japan Expo, il s’agissait de la première tentative de vendre des articles à son effigie, une occasion pour tester les réactions des consommateurs français et chercher des partenaires potentiels en France et en Europe. Pour ce faire, il a fallu qu'Unix mette ses produits en conformité avec les normes européennes, notamment en termes d’étiquetage. La préparation a demandé beaucoup de temps, d’autant qu’Unix manquait d’informations sur les conditions générales de vente en France, les fourchettes de prix ou encore les démarches administratives et douanières. Jetro lui a apporté son aide et fourni les informations nécessaires afin de permettre l’ouverture de la boutique. 55 Photo : Jetro Paris Conquérir Paris A la fermeture du magasin éphémère fin juillet, l’heure du bilan a sonné. Bien que les T-shirts de petite taille se soient très bien vendus – clientèle en majorité féminine oblige –, de même que la vaisselle à l’effigie de Kumamon, les ventes n’ont pas réussi à couvrir tous les frais. Comparées à la Japan Expo, les ventes au magasin ont été meilleures en moyenne journalière. 90 % des personnes qui ont franchi le seuil de la boutique ont acheté au moins un article. La majorité de la clientèle était similaire, essentiellement des otaku entre 12 et 30 ans, mais aussi des familles japonaises venues visiter le magasin. La participation à la Japan Expo, ainsi que la promotion du magasin éphémère sur le site internet de Japan Lifestyle ont été primordiales pour attirer les acheteurs. Grâce à cette visibilité, la société a conclu un partenariat avec la librairie japonaise Junku, située dans le 1er arrondissement de Paris, où l’on trouve dorénavant des produits Kumamon. Pour Jun Iwahashi, responsable des ventes et des affaires internationales chez Unix, cet accord est une première étape dans sa recherche d’autres réseaux de vente en France. [Caroline Artus, avec Moe Mukaide] eN SAvOIR + : www.kumamon-sq.jp/en/ Le journal de Jetro Paris / 3e trimestre 2015 INVESTIR REVITALISATION DES ZONES RURALES AU JAPON : UNE LOCALITÉ RENAÎT GRÂCE À SA CONNECTIVITÉ INTERNET S Etranglée par le vieillissement de ses habitants et le dépeuplement de son territoire, la ville de Minami, située dans la préfecture de Tokushima, a réussi à attirer plusieurs entreprises en les persuadant d’ouvrir des bureaux satellites dans la région. Parmi les initiatives locales de revitalisation, elle fait figure d’exemple à suivre. ituée dans le sud de la préfecture de Tokushima sur l’île Company, Ltd. – qui se consacre à la revitalisation de Minami et marines. Bien que la région ait été longtemps prospère attraits. est réputée pour ses aires de reproduction des tortues du fait de l’abondance de ses ressources naturelles et de la puis- sance de son commerce et des industries de la pêche, la population de la ville a baissé et a commencé à vieillir rapidement. Pourtant, depuis quelques années, Minami fait l’objet d’une d’autres régions rurales japonaises en préservant leurs multiples Les bureaux d’Awae sont installés dans un espace rénové qui auparavant faisait partie de Hatsune-yu, un bain public datant de l’ère Meiji. Le bassin d’origine a été transformé pour être intégré dans la table de réunion et les ordinateurs sont alignés le long des attention croissante grâce à sa capacité à inciter les entreprises murs, à côté de casiers en bois anciens. Fusion entre tradition et sation des villages (Village Restoration Project) mis en place par Minami en vue de sa revitalisation. à ouvrir des bureaux satellites dans le cadre du projet de revitali- la préfecture de Tokushima. Lorsqu’en 2011 le Japon est passé à la diffusion de la télévision numérique, Tokushima est allée en- modernité, ce bureau témoigne de la direction empruntée par Un environnement parfait core plus loin en investissant dans la télévision par câble et les ré- Motoharu Yoshida a une profonde affection pour sa ville natale. le meilleur accès internet de tout le pays, un outil puissant dans ment parfait pour des activités extérieures. « J’adore pêcher et seaux de fibre optique. Aujourd’hui la préfecture se vante d’avoir 6 à Minami et a créé parallèlement une nouvelle société – Awae de Shikoku, face à l’océan Pacifique, la ville de Minami ses efforts pour revitaliser le territoire en invitant les entreprises des grandes villes à y installer des bureaux satellites. Première tentative avec Minami Lab Motoharu Yoshida, un jeune entrepreneur Pdg de Cypher Tech, a Pays de montagnes, rivières et océan, Minami est un environne- jardiner » explique-t-il rayonnant. « Ici mes activités profession- nelles et mes loisirs s’entremêlent ». Il prône un style de vie où cha- cun peut se consacrer pleinement tant à ses hobbies qu’à son travail. Sa conception de la vie a motivé des candidats de tout le Japon lorsqu’il a cherché à recruter pour sa société, redynamisée. été élevé à Minami avant de quitter la région pour Tokyo où il a Quand elle ne développe pas de logiciels, l’équipe de Yoshida touché par le déclin de Minami. « Nous voulons briser la tendance qui pousse à l’exode vers la capi- fondé sa société. Plus que tout autre, il a été douloureusement Inspiré par une réussite similaire à Kamiyama, une autre ville de aime surfer, pêcher et chasser. tale à la recherche d’un emploi », ajoute-t-il. Sa propre vision et la préfecture de Tokushima, il a pris l’initiative en mai 2012 d’ou- l’empressement actif de Minami ont porté leurs fruits : neuf en- En une année, il a transféré les activités de Cypher Tech de Tokyo ville. Pour la première fois en trente-cinq ans, Minami profite d’un vrir dans sa ville natale un bureau satellite baptisé Minami Lab. 3 AXES treprises ont maintenant ouvert des bureaux satellites dans la POUR LA REVITALISATION DES ZONES DEPEUPLEES Genkai shûraku (littéralement « localité marginale ») désigne en japonais les communes où la majorité de la population a plus de 65 ans. Menacées de dépeuplement, elles sont confrontées au problème du maintien des services publics et des infrastructures. Bien qu’il touche l’ensemble du pays, le déclin de la population sera plus accentué et rapide dans les régions rurales, et davantage encore dans les zones de montagnes ou les îles isolées. Les mesures prises par les pouvoirs publics pour revigorer ces régions se déclinent en trois axes : - Créer des emplois : en identifiant et utilisant les ressources locales, valorisant les produits locaux, facilitant les collaborations entre les différents secteurs économiques, et développant les énergies nouvelles et les économies solidaires ; - Renforcer les liens entre les communautés : dans l’aménagement du territoire et la gestion des ressources locales ; en regroupant les services publics et sociaux et améliorant les réseaux entre communautés ; - Promouvoir des interactions entre zones rurales et zones urbaines : par des publicités vantant les valeurs de la ruralité ; par la promotion du tourisme vert, des maisons secondaires et des migrations. eN SAvOIR + : www.stat.go.jp/english/data/nenkan/ 1431-02.htm afflux d’habitants venus s’installer dans la région et enregistre un gain net de sa population en âge de travailler. Suzuki Shûten, une start-up techno- logique d’Osaka, y a ouvert son bu- reau satellite en septembre 2013, sous le nom de Mikumoya. Takeyo- shi Kobayashi, qui travaille à Miku- moya, raconte qu’il a entraîné sa mère avec lui quand il a déménagé à Minami. « Cela n’a rien à voir avec une grande ville, où vous êtes constamment assailli par votre travail sans opportunité de vous reposer », explique ce jeune homme énergique qui aime Le journal de Jetro Paris / 3e trimestre 2015 pêcher et faire du surf. « La vie à Minami vous laisse apprécier chaque journée pleinement, au travail comme dans les loisirs. La pro- ductivité est en définitive plus élevée ici. » A la fin de l’interview, Kobayashi a d’ailleurs été vu à l’arrière de son bureau en train d’ai- der des pêcheurs à plier un filet de pêche. Fidèle à ses propos, il semble vivre une vie comblée. Minami, une ville impliquée La communauté de Minami accueille chaleureusement les nouveaux résidents, les encourageant à prendre part aux fêtes du vil- lage ou aux réunions et à se rassembler pour aller pêcher ou surfer. Pour leurs anniversaires, la ville leur offre aussi des thons fraîchement pêchés et parfois de nouveaux arrivants reçoivent même des vieux bateaux de seconde main. Le village d’Itaibara, dans la préfecture de Tottori, menacé de dépeuplement (Photo : Etsuko Fukui-Meerssemann) commerciaux. Il veut trouver de nouveaux modèles économiques « Ici la communication entre tous est facile », déclare Motoharu Yo- capables de s’enraciner dans les campagnes. membre à part entière de la communauté ». Minami est également cycle secondaire de la région, afin d’employer au sein même de la shida. « Les hobbies et les festivals vous permettent de devenir la ville de Yakuji, le 23 arrêt du célèbre pèlerinage des quatree vingt-huit temples de Shikoku, d’où un état d’esprit habitué depuis longtemps à l’accueil des visiteurs. « La concentration urbaine excessive et le vieillissement de la po- De son côté, Minami recrute de manière active des jeunes issus du préfecture des diplômés enthousiastes qui deviendront les talents de la prochaine génération. Comme les nouveaux résidents cher- chent à exprimer leur reconnaissance vis-à-vis de leur nouveau foyer, des collaborations prennent forme qui permettront à toute pulation dans les régions ne sont pas des problèmes qui touchent la région de prospérer. [Traduction : Isabelle Comtet] explore aujourd’hui diverses directions pour aider les économies wasaki publié dans Highlighting Japan, Juin 2015 : www.gov-on- uniquement le Japon », explique le fondateur de Cypher Tech. Il locales en utilisant les technologies de l’information, par exemple en transformant des traditions rurales insoupçonnées en produits SOURCe : « A Town Reborn through IT Connectivity » par Tami Ka- line.go.jp/eng/publicity/book/hlj/ Les titre et intertitres sont de la rédaction. A VOS AGENDAS DU 2 AU 5 OCTOBRE 2015 Avec le soutien de Jetro, seize créateurs japonais participent à Paris aux salons internationaux de la mode Tranoï femme et Paris sur Mode. Première Classe, salon dédié aux accessoires de mode, accueillera également quatre exposants japonais. CONTACT : [email protected] 15 ET 16 OCTOBRE 2015 Dans le cadre du programme de collaboration interrégionale RIT de Jetro entre Japan Cosmetic Center (JCC) de la préfecture de Saga et Cosmetic Valley côté français, seize entreprises japonaises du secteur de la cosmétique participent à Paris à Cosmetic 360, premier salon international du savoir-faire et de l’innovation pour la filière de la parfumerie-cosmétique. CONTACT : [email protected] PROGRAMMES DE FORMATION EN EUROPE ET AU JAPON Le Centre Ue-Japon pour la coopération industrielle, fondé par la Commission européenne et le Meti, propose des programmes de formation au Japon et en Europe : • A l'attention de managers de clusters européens et de leurs PME : <NANO CLUSTeR MISSION to Japan> Dates de la mission au Japon : 25 – 29 Janvier 2016 - Date limite de candidature : 29 octobre 2015 Dans le cadre de la mission du Centre de promouvoir et de soutenir la coopération UEJapon entre clusters, le Centre organise deux missions de 5 jours au Japon pour les managers de clusters européens et leurs PME membres. La mission ciblant le secteur de la biotechnologie sera organisée en marge du salon Nanotechexpo 2016 à Tokyo. (http://www.nanotechexpo.jp/) + D’INfOS : www.eu-japan.eu/detail-business-programmes/NANOTECH-Cluster-SME-Mission • Appel à candidatures < vulcanus en europe > : Les sociétés industrielles européennes ont une occasion unique d’accueillir un étudiant japonais pendant 8 mois (stage d’août à mars). Le stagiaire est sélectionné selon les besoins et desiderata de la société d’accueil, parmi les meilleurs étudiants (master ou post-master) dans les disciplines suivantes : ingénierie (ingénieur civil, mécanique, électrique, électronique, nucléaire etc), sciences (biologie, chimie, biotechnologie, physique, science des matériaux, nanotechnologie), ICT, applications satellitaires, et architecture. Prochaine session : août 2016–mars 2017 - Date limite de candidature : 23 septembre 2015 + D’INfOS : www.eu-japan.eu/host-trainee-0 7 HORIZONS JAPON Rapprochement Mie - Val d’Oise 8 Le Val d’Oise entretient avec le Japon des relations de longue date. La signature le 3 juillet dernier d’un accord-cadre avec la préfecture de Mie vient conforter l’action du CEEVO, l’agence de développement économique du département, qui coopère depuis plusieurs années avec la région de Nagoya et possède par ailleurs un bureau de représentation à Osaka. C’est à l’occasion de la venue en France du gouverneur de Mie que l’accord a été signé, en clôture d’une journée de présentation des atouts de Mie. Les premiers liens se sont noués en novembre 2014 lors de la visite au Japon d’une délégation valdoisienne. Mie, qui compte l’automobile, les industries électriques et électroniques, ainsi que la pétrochimie parmi ses piliers industriels, mise aujourd’hui sur l’aéronautique pour son développement. C’est cet axe qui sera au cœur des relations avec le département francilien, berceau de nombreuses entreprises aéronautiques. La préfecture japonaise partage aussi avec le Val d’Oise le fait d’accueillir sur son territoire un aéroport : Roissy-CDG côté français et Chubu International Airport dans l’archipel. Mie ambitionne de devenir une des clés de voûte du plus important cluster aéronautique en Asie, aux côtés d’autres préfectures dont ses voisines Gifu et Aichi. Mitsubishi Heavy Industries vient ainsi d’annoncer la construction dans la ville de Matsusaka d’une usine de production de pièces du futur jet régional MRJ. La signature de l’accord par Arnaud Bazin, Président du Val d’Oise (à gauche) et Eikei Suzuki, Gouverneur de Mie. (Photo : Préfecture de Mie) L’accord prévoit la mise en place d’initiatives conjointes afin de favoriser les avancées technologiques, les relations commerciales et les investissements, chacune des deux parties s’engageant notamment à faciliter l’accueil des entreprises du pays partenaire. Mie accorde diverses aides et subventions pour soutenir l’implantation d’entreprises étrangères. Le groupe international BASF, le français Mag Isover, l’américain SanDisk ou encore le belge Promat se sont déjà installés dans la préfecture. Rappelons également que la ville de Shima, située à l’est de la préfecture, accueillera le prochain Sommet du G7 en mai 2016. [Isabelle Comtet] « Soyeux Destins » à Lyon Le commerce de la soie est à l’origine des échanges commerciaux franco-japonais, inaugurés par la signature d’un traité en 1858. A cette époque, c’est au Japon que la soierie lyonnaise, dont les vers à soie ont été décimés par une épidémie, s’est réapprovisionnée, tandis que Paul Brunat, originaire de la région, a été missionné pour la construction de la filature de soie de Tomioka, symbole de l’entrée de l’archipel dans le monde moderne industrialisé et récemment classée au patrimoine mondial de l’Unesco. Afin de célébrer l’événement, une exposition retraçant cet héritage est organisée à Lyon à l’occasion du festival Label Soie, mettant sous le feu des projecteurs cette nouvelle route de la soie, ainsi que le savoir-faire textile des deux pays. Au-delà de l’évocation historique et artistique, l’exposition abordera les perspectives économiques de la filière de la soie et de l’industrie textile. En mai 2014, la France et le Japon ont en effet signé un mémorandum de coopération sur les textiles. Le partenariat franco-japonais s’est établi sur des bases solides tant au niveau industriel que politique. Grâce notamment à la contribution de sociétés partenaires, « Soyeux Destins » se veut la vitrine technologique des deux pays, témoignage vivant de ces liens séculaires. [Miki Kadomoto-Barrat] exposition « Soyeux Destins » - Du 6 au 21 novembre 2015 organisée par le Bureau consulaire du Japon à Lyon, avec la ville de Tomioka à la Mairie de Lyon 6e et au Musée des Tissus et des Arts décoratifs de Lyon + D’INfOS : www.lyon.fr.emb-japan.go.jp/fr Directeur de la publication : Akio Ikemori. Rédacteur en chef : Kôtaro Kodama. Rédaction/publication : Isabelle Comtet ([email protected]). Les articles expriment les opinions des rédacteurs et ne reflètent pas nécessairement l’opinion du Jetro. Dépôt légal : 3 e trimestre 2015. N° ISSN : 1254-6666. Publication Jetro Paris - Organisation japonaise du commerce extérieur 27, rue de Berri 75008 Paris. Tél. : 01 42 61 27 27. 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