Voir Tourisme et festivals : le cas de Rock en Seine
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Les Jeudis du Cluster Conférence de novembre 2013 Tourisme, musique et festivals : le cas de Rock en Seine Introduction de Nathalie Fabry tymologiquement, le mot festival vient de « fête ». D’un point de vue anthropologique, un festival est un temps, sacré ou profane, de célébrations marqué par des observances spéciales. De nos jours un festival est une série de manifestations culturelles et de représentations artistiques qui couvrent des champs aussi variés que la musique, le théâtre, la danse, l’opéra, le cinéma, voire la gastronomie. E Le festival, dans sa conception la plus ancienne et traditionnelle, est une combinaison entre trois éléments : un lieu qui porte un produit culturel et vibre de l’interaction avec un public de festivaliers souvent très ciblé et spécialisé. Ce public a des attentes fortes en matière de découverte de nouveaux artistes ou de confirmation de talents. Pour les festivaliers comme pour les artistes, le festival est le terrain d’une expérience et d’une émotion uniques : lieux marquants (arènes, parcs, sites historiques) ; moment solennel rythmé par une cérémonie ou un concert d’ouverture et par une clôture, en raison de son caractère éphémère. Si un festival est borné dans le temps, il est voué à être répété tous les ans. Il repose donc sur une idée qu’il va falloir décliner et renouveler d’édition en édition afin que le festival puisse continuer à rencontrer voire renouveler « son » public. Un festival, dans cette acception, est une exigence et une destination. Les festivals d’Aix-en-Provence, de Bayreuth, de la Roque-d’Anthéron ou de Salzbourg pour l’Opéra et la musique classique ; de Cannes, de Berlin ou de Venise pour le cinéma rentrent dans cette catégorie. Il y a bien sur Rock-en-Seine dans un autre registre. Si les festivals sont aussi nombreux et variés de nos jours c’est que les festivals qui « entrent sur le marché », bien qu’à caractère culturel, tendent à se vendre comme des évènements à vocation touristique. Le festival devient le produit d’une destination. Le montage de festivals répond alors à une logique de gestion de projets. Montréal est l’exemple phare de cette stratégie de conception, de gestion, de production et de mise en marché des festivals grâce à l’activité de deux agences de production de spectacles (l’équipe Spectra et le groupe Juste pour rire). L’impact d’un festival pour un territoire se mesure en deux temps. Il y a d’abord les retombées économiques, il y a ensuite les retombées en termes d’image, de réputation, de renommée et de notoriété à la fois du festival mais aussi de la destination qui le porte. 1/ 2 LES JEUDIS DU CLUSTER Le nombre des festivals est en forte croissance depuis ces dernières années, tant en France qu’à l’étranger. Cette évolution nous invite à distinguer deux types de festivals. Il y a d’abord, le festival-destination qui porte la renommée du territoire qui l’héberge. Il y a ensuite les destinations qui s’inventent des festivals pour exister et bénéficier de leurs retombées. La cohabitation de ces deux tendances explique pourquoi la palette des festivals est particulièrement riche et variée de nos jours. Les Jeudis du Cluster Conférence de novembre 2013 Selon la Fédération française des festivals internationaux de musique1, les 3 000 spectacles qui ont été présentés et soutenus par les collectivités territoriales, l’Etat ou encore le mécénat en 2010 ont permis à plus de 30 000 artistes de se produire. Cette dynamique a contribué à créer des milliers d’emplois dans les domaines artistiques, de l’administration des spectacles, la technique et la communication, nombres d’emplois étant cependant réservés aux intermittents du spectacle. Mais les temps sont durs pour les festivals ces derniers temps. Le festival des Vieilles Charrues vient de connaître cet été 2013 son premier déficit financier en 22 années d’existence. Pour son directeur, Jean-Luc Martin, la baisse de fréquentation n'est pas uniquement à mettre sur le compte de la crise mais aussi sur la banalisation de l’offre. « Aux Vieilles Charrues, au fil des ans, on a mis la barre très haut, et le public est peut-être aussi un peu blasé (...) Le but pour nous n'est pas d'être le plus gros festival mais le plus magique, de faire rêver ». Le festival n’est pas qu’une attraction touristique temporaire. Mettre le sens de la manifestation avant ses retombées attendues est encore le meilleur gage de réussite et de pérennité d’une stratégie de développement territorial. Notons, pour conclure, un heureux télescopage dans l’actualité : c’est aujourd’hui la clôture du colloque « Festudy 2011-2013 » sur le thème « Festivals de musique(s), un monde en mutation » qui se tient depuis le 19 novembre 2013 sous le patronage de la France et de la Belgique. Il vise à établir une connaissance commune des politiques festivalières, ainsi que de leur management et leur insertion dans le développement territorial (http://www.festudy.com). Le thème de notre conférence ce soir est donc en parfaite résonnance avec l’actualité ! 1 2/ 2 Chiffres pour 2010, fédération française des festivals internationaux de musique (http://www.francefestivals.com/index.php) LES JEUDIS DU CLUSTER Les recettes propres dégagées par les festivals s’élèvent à plus de 50 millions d’euros grâce à la billetterie, les droits audiovisuels et la vente de produits dérivés. Les organisateurs de festivals ont dépensés plus de 15 millions d’euros en fournitures de biens et services auprès d’entreprises locales. Un festival génère donc un effet multiplicateur pour une destination.