dossier individuel - Association Historique du Pays de GRASSE

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dossier individuel - Association Historique du Pays de GRASSE
CEUX DE
1914-1918
ANCIENS
ÉLÈVES
ANCIENS
PROFESSEURS
LYCÉE
« AMIRAL DE
GRASSE »
« MORTS POUR LA FRANCE »
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Valentin Louis SIAUD naît à GRASSE (Alpes-Maritimes) 20 Septembre 1895, à 9 heures du soir,
au domicile de ses parents, rue de la Poissonnerie.
Son père, François SIAUD est âgé de 46 ans ; il est ferblantier.
Sa mère, née Anne BOUSQUET, est âgée de 42 ans ; elle est sans profession.
Au recensement de la population, en 1911, le jeune Valentin SIAUD vit avec sa mère Anne et sa
sœur Thérèse (née en 1885 à Grasse), au domicile de sa sœur Marie Anna SIAUD, épouse de Ernest
Joseph LACAZE, à la place de la Poissonnerie à Grasse.
Sa mère, commerçante, a été recueillie à la mort de son mari François SIAUD (décès du
27.08.1909 – acte N° 209), par son gendre Ernest Joseph LACAZE et sa fille Marie Anna.
Sont donc sous le même toit, en 1911 :
• LACAZE Ernest Joseph
Né à La Turbie (Alpes-Maritimes) le 31 Mars 1875
Adjudant au 7ème Régiment du Génie en garnison en Avignon
(il est décoré de la Médaille Militaire)
• SIAUD Marie Anna, épouse du précédent
Née à Grasse le 1er Décembre 1882,
sans profession
• LACAZE Odette Louise Thérèse
Née à Grasse le 25 Août 1907
Fille du couple LACAZE-SIAUD précédent
• LACAZE Jane Thérèse Louise
Née à Grasse le 06 Janvier 1911
Fille du couple LACAZE-SIAUD précédent
• SIAUD Anne, née BOUSQUET
Née à Grasse le 21 Juillet 1853
Veuve de SIAUD François depuis le 27.08.1909
(avec lequel elle s’était mariée le 01.02.1875 à Grasse)
Belle-mère et mère du couple LACAZE-SIAUD précédent
Commerçante
• SIAUD Thérèse Joséphine
Née à Grasse le 18 Janvier 1886
(elle décèdera à Grasse le 19.04.1978)
Belle-sœur et sœur du couple LACAZE-SIAUD précédent
• SIAUD Valentin Louis
Né à Grasse le 20 Septembre 1895
(il décèdera sur le champ de bataille le 20.06.1915)
Beau-frère et frère du couple LACAZE-SIAUD précédent
La fratrie de Valentin Louis SIAUD se compose ainsi :
1. SIAUD Marie Jeanne Elisabeth Noëlie
Née à Grasse le 23.12.1875 (acte N° 224-1875)
2. SIAUD Marie Anna, épouse LACAZE
Née à Grasse le 1er Décembre 1882
3. SIAUD Thérèse Joséphine
Née à Grasse le 18 Janvier 1886
4. SIAUD Valentin Louis
Né à Grasse le 20.09.1895
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Le caporal Valentin Louis
SIAUD meurt à l’ambulance
N° 5/63, à la halte de
BUSSANG (Vosges) le 20
Juin 1915 des suites des
blessures reçues sur le
champ de bataille, lors des
terribles
combats
de
l’Hilsenfirst, prolongement
des
combats
de
l’Hartmannswillerkopf.
Il
n’a pas encore 20 ans !....
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Figure 1 - Vue partielle du champ de bataille de l'Hilsenfirst
Valentin Louis SIAUD, ancien élève du Collège municipal de Grasse (aujourd’hui « lycée Amiral de
Grasse »), est caporal (malgré son jeune âge…) au 7ème Bataillon de Chasseurs à Pied (devenu
Bataillon de Chasseurs Alpins au cours de la Guerre…). Ce bataillon est caserné en 1914 à Draguignan
(Var) ; il est rattaché à la 29ème Division d’infanterie, elle-même intégrée au 15ème Corps d’Armée.
Valentin Louis SIAUD tombe lors des combats de l’Hilsenfirst, sommet vosgien au-dessus de la
Commune de LINTHAL (Haut-Rhin) [le Hilsenfirst est la ligne de crête séparant la vallée de
Guebwiller de celle de Munster].
Voir ci-après les pages extraites du Journal de Marche et des Opérations (J.M.O.) du 7ème B.C.A.,
précédant la mort de Valentin Louis SIAUD
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LE HILSENFIRST
Au mois de juin 1915, la VIIème armée (général de Maud'huy) était chargée de mener dans les HautesVosges une vaste opération offensive qui, partant des contreforts est du Hohneck et des épaulements
nord du Grand-Ballon, devait aboutir à la plaine d'Alsace dans la région de Colmar. Dans le cadre
général de cette opération, la brigade Tabouis (Ire brigade de Chasseurs de la 66ème division
d'Infanterie), à laquelle appartenaient en particulier les 7ème et 13ème B.C.A., devait rompre le front
allemand dans la région au nord de l'Hilsenfirst et pousser en direction de Munster, sur l'axe Landersee
- Ilienkopf - Muhlbach.
Le 7e bataillon de Chasseurs formait « la pointe dure » de cette poussée profonde. À lui incombaient
en particulier la rupture du front adverse et l'exécution du premier bond jusqu'à Landersee. Son attaque
avait été montée, elle aussi, en forme de pointe triangulaire : la 6ème compagnie devait réaliser la «
percée » des lignes allemandes puis pousser jusqu'à la lisière du Bois-en-Brosse. Derrière elle :
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la 1ère compagnie devait profiter de la percée pour, prenant à revers les lignes allemandes, remonter
sur l'Hilsenfirst et s'en emparer ;
—
la 4ème compagnie devait rejoindre la 6ème sur son objectif et, de là, repartir avec elle sur Landersee
(objectif de fin de journée) ;
—
la 5ème compagnie, débouchant du front avec la 4ème, devait opérer le nettoyage des organisations
traversées, assurer leur conquête et leur occupation, puis, une fois relevée par des éléments réservés,
assurer la liaison entre l'Hilsenfirst et Landersee ;
—
les 2ème et 3ème compagnies étaient maintenues initialement en réserve. Promu capitaine en mai
1915, je commandais la 6e compagnie depuis quelque temps déjà. Précédemment, j'avais appartenu
comme lieutenant au 13ème B.C.A. où j'avais été affecté, venant de la Cavalerie, en février 1915.
—
Les chefs de section étaient :
1ère section : le lieutenant Guillermet, détaché de l'Infanterie coloniale, présent au bataillon depuis la
fin décembre 1914. Sorti de Saint-Cyr un an avant la guerre, merveilleusement brave, passionné pour
son métier, âme ardente et généreuse, c'était un chef magnifique.
2ème section : l'adjudant Duret, de légendaire bravoure ; c'était un entraîneur d'hommes étourdissant.
Ouvrier bottier, au bataillon, il était parti avec lui à la mobilisation et avait conquis tous ses grades et
sa médaille militaire au feu, le fusil à la main. Il était de la graine dont l'Empereur fabriquait ses «
Capitaine Coignet ».
3ème section : l'aspirant Martin, petit bonhomme de la classe 1915 qui n'avait pas encore vu le feu ;
intelligent, vibrant, plein de cœur et d'allant, d'une jeunesse fraîche, saine et joyeuse, beau soldat tiré à
quatre épingles, il avait tout ce qu'il fallait pour commander brillamment une section de Chasseurs. 4e
section : le sous-lieutenant de Benoist, maréchal des logis de Dragons de réserve passé dans les
Chasseurs sur sa demande, il était arrivé à la compagnie le 9 juin. Bien que peu connu encore, il nous
avait fait très bonne impression.
Le 12 juin, les ordres d'engagement arrivent. La 6ème compagnie a bien décidément l'honneur d'ouvrir
le bal. Parmi les prescriptions émanant du général commandant la division, celles-ci sont soulignées :
« Le mouvement en avant de chacun poussé sans répit, avec une volonté de progression farouche, est
le sûr garant du succès... Nul ne doit se soucier d'être en flèche ou débordé. On ne s'occupera des
camarades que pour les aider, jamais pour les attendre. »
Inutile d'insister sur l'effet produit par de telles phrases sur le « pur-sang » qu'est une unité de
Chasseurs.
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Le 14 juin, à 11 heures, la 6ème compagnie, à l'effectif de deux cent dix-huit fusils, prend place dans sa
tranchée de départ. À 12 h 30, les premiers obus de la préparation d'artillerie passent avec un long bruit
soyeux au-dessus de nos têtes. Devant nous, au-delà de la clairière de Wüstenrunz, ils tombent dans le
Bois- Inférieur ; impossible de se rendre compte de l'efficacité du marmitage. En revanche, vers le
sommet chauve de l'Hilsenfirst, où les ouvrages allemands sont très visibles — la terre rouge remuée
tranchant nettement sur le vert des pâturages — la précision du tir s'affirme très vite.
À 15 h 30 — l'heure H fixée — la 6ème compagnie débouche de sa tranchée de départ et traverse
rapidement la clairière parsemée de buissons et de jeunes sapins, qui se trouve immédiatement devant
notre front. La fusillade allemande s'allume, mais peu dense, trop haute ; aucune mitrailleuse ne tire
encore. Nous traversons le Bois-Neutre, et dévalons la pente du premier ravin, le Malchrunz ; la
fusillade reste très faible. Puis, nous débouchons dans la large clairière du Wüstenrunz, face aux
tranchées allemandes du Bois-Inférieur. Immédiatement, c'est un effroyable vacarme.
Trois mitrailleuses nous prennent à partie : une, située sur la tranchée en V très au-dessus de nous,
nous tire de haut en bas ; une autre en face de nous, la seule qui soit dans notre zone d'attaque, donc
menacée par nous, nous balaie de front ; la troisième, la plus mauvaise, qui, à elle seule, décimera
pratiquement ma compagnie, est située très bas, vers le fond de la clairière et nous prend en écharpe de
bas en haut. Quant aux autres, les fantassins « purs », à moitié sortis de leurs tranchées, ils nous tirent
dessus comme des lapins.
Tout de suite, les pertes sont lourdes. Les cadres disparaissent rapidement. L'adjudant Soppin
(adjudant de compagnie), qui vient de m'exprimer sur la situation une opinion dépourvue d'optimisme,
tombe la cuisse fracassée. Duret tombe les deux jambes traversées ; le vieux Cardot, sergent de
territoriale venu ici comme volontaire, est tué, la tête traversée par une balle ; plus de sergents, ni de
caporaux à la 3ème et à la 4ème sections.
À ce moment, notre premier bond s'achève, qui nous amène devant le ruisseau dont la clairière tire son
nom, le Wüstenrunz. Le temps de souffler, de remettre un peu d'ordre dans la compagnie, de museler
au plus vite les Allemands trop « culottés », trop visibles et dont le feu est réellement trop gênant, et il
est temps de repartir. La traversée du ruisseau — véritable trait de scie à bords verticaux tracé dans le
granit, protégé sur sa rive gauche par un réseau barbelé très bas et invisible dans les hautes herbes —
est extrêmement dure et pénible. Après l'avoir franchi, la 6ème compagnie, bien que très éprouvée,
reprend ardemment sa progression sous un feu d'enfer. Il fait une chaleur torride et cette marche sous
la grêle de balles qui nous décime est interminable. Au passage du ruisseau, les pertes ont été sévères ;
ma 2ème section y est pratiquement morte ; le caporal Pradel en est le seul gradé survivant, et il lui reste
cinq hommes à commander sur cinquante-six partis à l'attaque.
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Un deuxième réseau allemand traversé, nous abordons enfin la position ennemie. Le nettoyage en est
exécuté vivement à la grenade et à la baïonnette. Deux mitrailleuses nous restent entre les mains, ainsi
qu'une trentaine de prisonniers, aussitôt évacués vers l'arrière. Le reste jonche la tranchée et ses abords
de ses morts et de ses blessés ; quelques-uns s'enfuient à travers le Bois-Inférieur.
Mes hommes, surexcités par leur succès, sont littéralement déchaînés. Après l'enlèvement de quelques
abris allemands dans la profondeur de la position, nous arrivons enfin sur notre premier objectif et j'y
arrête ma compagnie. C'est d'ailleurs assez difficile ; je n'y réussis qu'un peu tard, trop tard pour
empêcher le petit Martin, chef de la y section, qui fait cavalier seul à la lisière du bois, d'être tué raide.
On vient de me rapporter ce pauvre gosse encore tout souriant ; il a une petite, toute petite rosette
sanglante à hauteur du cœur. De Benoist, qui détache sa haute silhouette sur le ciel, est criblé de balles,
mais rien de très grave heureusement. Plusieurs Chasseurs sont tués, quelques-uns blessés. Le calme
rétabli, j'envoie mes comptes rendus au commandant et fais rapidement creuser des trous de tirailleurs.
À ce moment, je suis rejoint par environ deux sections de la 4ème compagnie sous le commandement du
lieutenant Burdallet. Ce dernier m'informe que le capitaine Martin, commandant la compagnie, a été
tué pendant la traversée de Wüstenrunz ; il ne sait ce que sont devenues les deux autres sections. Le
sous-lieutenant Moreau, avec neuf éclaireurs du bataillon sur trente-six au départ, vient se mettre à ma
disposition, la progression vers le nord-ouest qui lui était prescrite étant devenue impossible.
Dans les ordres que j'ai reçus figure celui — formel — de faire ouvrir à la cisaille des brèches dans le
réseau de fil de fer couvrant la seconde ligne allemande, à la lisière du Bois-en-Brosse. Je désigne
deux équipes. Celle de gauche arrive au réseau sans difficultés majeures et commence à cisailler les
fils de fer. Celle de droite est fauchée en quelques minutes et n'atteint pas le réseau. Je demande des
volontaires pour la remplacer ; j'en trouve aussitôt plus qu'il n'en faut et l'équipe nouvelle part. Elle a le
même sort que celle qui l'a précédée. Sur ma demande, deux volontaires s'offrent encore et se
présentent au garde à vous, dans un port d'armes impeccable :
« Chasseur Lorenzi, mon capitaine ! » « Chasseur Marchal, mon capitaine ! » Une rapide inspection.
Deux bonnes figures ouvertes et souriantes de tous jeunes paysans français :
Marchal, un Cévenol ; Lorenzi, un Corse. Tous deux excellents types de Chasseurs alpins : ils sont de
taille moyenne, d'aspect très vigoureux et, malgré l'effort fourni au cours de l'attaque,
remarquablement ficelés. C'est une très belle, très vieille et très noble race guerrière que les terriens de
chez nous. Tous deux partent en rampant et atteignent le réseau ennemi ; mais Marchal est tué aussitôt
d'une balle dans la tête et Lorenzi est frappé d'une balle au ventre. Il revient en rampant péniblement
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jusqu'à moi et, là, s'allonge sur le dos, la tête sur mes genoux. Comme je lui dis quelques mots
d'encouragement pour adoucir son agonie, il me répond :
« Vous faites pas de bile pour moi, mon capitaine, je savais bien où j'allais, mais c'est pas mal de
mourir comme ça. »
Au cours des deux guerres que j'ai vécues, je n'ai pas vu beaucoup mieux.
Pendant ce temps l'équipe de gauche s'est fait héroïquement massacrer à la
grenade.
À ce moment — il est environ 17 h 30 — un des Chasseurs que j'avais envoyés
porter au commandant les exemplaires de mon compte rendu revient la figure
blafarde et convulsée et me dit :
« Mon capitaine, ça n'a pas suivi, les Allemands sont remontés derrière nous et
j'ai pas pu passer ; on est cerné » ;
Diable ! Si c'est vrai, c'est une aventure ! J'appelle Moreau et je l'envoie
immédiatement avec une patrouille voir ce qui se passe. Puis je rassemble
rapidement une section de la 4ème compagnie, section non engagée et assez
cohérente encore, celle de Burdallet, et je la charge d'essayer vivement de
réoccuper, au moins en partie, les tranchées allemandes derrière nous, puisque la compagnie chargée
de l'occupation et du nettoyage ne parait pas y être venue.
Moreau revient assez vite, il a perdu deux hommes et son seul gradé, mais ramène une mitrailleuse et
deux prisonniers. Burdallet est reçu par un feu d'enfer et revient ayant perdu plus du tiers de son
effectif. La compagnie de nettoyage et d'occupation n'est pas arrivée jusqu'à son objectif et nous
sommes bel et bien enfermés chez l'adversaire. Rien d'autre à faire pour le moment que de tenir où
nous sommes.
En réunissant par quelques éléments de tranchée très sommaires les trous des tirailleurs, nous nous
calons sur trois côtés : d'abord face au Bois-en-Brosse, puis face à l’Hilsenfirst, et enfin, en retour
flanquant, face au Wüstenrunz. Sur le côté nord, face à la Fecht, la pente descendante est si raide
qu'elle est un obstacle par elle-même et que l'organisation du terrain n'y présente aucun caractère
d'urgence.
Il y a une vingtaine de blessés. Au centre du carré on leur construit une cagna sommaire, mais solide,
qui leur offre un assez bon abri. Puis je fais faire l'appel : Valides :
6ème compagnie (la mienne) : 2 officiers et 79 Chasseurs (sur 218 au départ).
Appartenant à des éléments divers : 2 officiers et 28 gradés et Chasseurs de la 4ème compagnie ; 1
officier et 6 Chasseurs des éclaireurs du bataillon. Total : 5 officiers et 113 Chasseurs. Blessés :
1 officier et 16 Chasseurs de la 6ème compagnie, dont 3 sont dans un état grave.
8 Chasseurs de la 4ème compagnie. Total : 1 officier et 24 Chasseurs.
Comme armement : chacun de mes hommes a son fusil et environ 150 cartouches ; j'ai rassemblé, en
outre, 160 grenades. Enfin, nous avons pris à l'ennemi 32 fusils et 4.000 cartouches, une mitrailleuse et
5 caisses de cartouches sur bandes.
Les Chasseurs ont chacun, sur eux, environ un jour de vivres de réserve. Pour le moment, ça va.
La nuit du 14 au 15 a été mauvaise et horriblement froide. Mes hommes sont nerveux. L'amalgame
assez hétérogène qu'ils forment n'est pas encore bien en main. Au cours de la nuit, j'ai fait une
sommaire répartition de mon front ; j'ai confié à mes Chasseurs, dont je suis sûr, la défense du côté est
et de l'angle nord-est du carré face au Bois-en-Brosse, endroit que j'estime le plus délicat. Au coin sudest et du côté sud, face à l'Hilsenfirst, j'ai placé ceux de la 4ème compagnie. À peine ces dispositions
sont-elles prises qu'au tout petit jour, le matin du 15, un peu après 3 heures, les Allemands
déclenchent, en partant du Bois-en-Brosse, une vigoureuse attaque sur la face est de mon carré.
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Cette attaque est durement menée par un gros effectif. Malgré notre fusillade, je les vois avancer à vue
d'œil, et j'ai l'impression que le feu de mes Chasseurs a autant d'efficacité que s'ils tiraient dans une
motte de beurre. En voyant mes pauvres éléments de tranchées, qui ont à peine 0,70m de profondeur,
là où ils existent, qui sont discontinus et sans un brin de fil de fer, en sentant mes hommes
impressionnés et inquiets, en voyant la vague ennemie rouler vers moi sans arrêt, j'ai la gorge sèche...
Les premiers Allemands sont à peine à 50 mètres — je
distingue nettement la couronne sur leurs boutons —
lorsqu'un flottement se marque dans leur progression et
que, sous notre tir, ils se mettent à « bafouiller »
nettement. À ce moment, une batterie de 75
providentielle, dont l'observateur les a vus déboucher
dans la grande clairière, ouvre sur eux un feu en «
roulement de tambour » qui transforme leur hésitation en
retraite. Mais du fond des rangs jaillit sur les éléments de
tête un grand diable d'officier qui, avec une vigueur et un
cran vraiment admirables, ramène vivement les fuyards
dans le mouvement en avant. S'il continue, nous sommes liquidés. Allongé à mes pieds, dans son trou
de tirailleur, le Chasseur Baudun, un Bas-Alpin, braconnier terrible et tireur exceptionnel, fait avec
calme des cartons sur les gens d'en face. Je lui dis : « Baudun, tu vois ce grand type, vite, tue-le. »
Avec son flegme habituel, Baudun épaule, vise, me semble-t-il interminablement, et je sens dans la
jambe droite une furieuse démangeaison de lui envoyer un solide coup de pied dans le derrière.
Heureusement je me contiens et, soudain, en même temps que j'entends le départ du coup, je vois
tomber à la renverse l'officier allemand, tué raide d'une balle en pleine tête. Le coup de grâce est porté
à l'attaque ennemie ; les assaillants regagnent au plus vite le Bois-en-Brosse et abandonnent la clairière
littéralement jonchée de morts et de blessés. Chez nous, peu de pertes : deux tués et trois blessés.
Personnellement, une balle allemande a tracé un bon trait de gouge au sommet de ma tête, mais un
crâne d'Auvergnat n'est pas endommagé pour si peu et je me borne à bénir les dieux favorables de
m'avoir donné une aussi modeste taille.
Vers midi, venant de nos arrières, un marmitage solide s'abat sur les organisations allemandes entre
notre carré et nos premières lignes. Il paraît vraiment très sérieux, surtout à nous qui sommes à peu
près en plein dedans ; j'ai très vite quelques blessés. Vers 16 heures je vois assez loin, sur la pente audessous de la crête Hilsenfirst - Langenfeldkopf des gens déboucher en tirailleurs, très proprement :
Puis la bagarre parait s'étendre. Au-dessous de nous et derrière nous, mitrailleuses et fusils crépitent
avec un bruit étourdissant. À 19 heures, tout est fini, un immense silence plane sur les grands sapins...
et nous restons cernés. Loin et très au-dessous de nous, je vois filtrer sous les arbres de gros renforts
acheminés vers les Allemands du ravin. J'envoie sur eux quelques patrouilles qui leur tuent une
quinzaine d'hommes.
Dans la nuit, j'achève de me clôturer sur mes quatre faces et répartis ainsi mon monde :
— face
est et angles nord-est et sud-est : 6ème compagnie sous les ordres du lieutenant Guillermet ;
— angle
sud-ouest : 4ème compagnie sous les ordres du lieutenant Burdallet ;
— angle nord-ouest : détachement mixte composé d'un amalgame des sections très démolies de la 6e
compagnie et de quelques hommes de la 4ème sous les ordres de l'aspirant Thiveau, de la 4ème
compagnie, un « jeune » de la classe 1915, remarquable d'allant, de bon sens, d'autorité, et d'un chic au
feu magnifique ;
— sûreté
générale, patrouilles, etc., sous la direction du sous-lieutenant Moreau et de ses éclaireurs.
J'ai fait rassembler les vivres ; ils sont déjà fortement entamés. En réduisant la ration à un taux de
famine, j'ai de quoi donner quelques miettes à mes hommes pendant deux jours. D'accord avec les
intéressés, je décide que les officiers vivront de souvenirs jusqu'à la fin de l'aventure. Reste la question
de la boisson. Au cours de la progression, le 14, j'avais repéré au passage une source à environ 400 à
500 mètres de notre carré. Avec trois Chasseurs je vais la reconnaître. Quatre Allemands l'occupent.
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On les bouscule à la grenade et j'y installe mes trois bonshommes en petit poste. J'appelle leur attention
sur la nécessité pour nous de conserver la libre disposition de cette source. J'ajoute que, si je n'envisage
pas un seul instant qu'ils puissent l'abandonner, je leur prescris néanmoins de démolir bien entendu
l'adversaire éventuel, mais aussi de ne pas se laisser stupidement démolir par lui, comme viennent de
l'être par nous les premiers occupants. Leur mission est de se battre efficacement, donc de vivre. Ils
m'ont parfaitement compris et me le prouveront très prochainement.
La nuit du 15 au 16 a été meilleure, mais toujours extrêmement
froide. J'ai essayé en vain de faire passer vers le 7ème et le 13ème
B.C.A. deux patrouilles. La ligne allemande est continue et
bien occupée ; la tentative me coûte trois blessés.
Comme l'aube commence à peine à filtrer sous les sapins, je
suis alerté par une vive fusillade à la source. Sept à huit coups
de fusil éclatent précipitamment, puis le bois se remplit de
clameurs sauvages. Avec le caporal Hecht, de la 4ème
compagnie, qui est à côté de moi, je saute vers le point d'eau et
y trouve mes trois chasseurs triomphants. Dans la pénombre du
petit matin, ils ont vu confusément monter vers eux une grosse
patrouille allemande.
Au cours d'un rapide conseil de guerre, ils ont estimé que s'ils
ouvraient le feu tout de suite, ils avaient toutes les chances de
manquer leurs objectifs et de se faire repérer par l'adversaire,
qui pourrait alors les posséder à volonté ; ils ont donc décidé de ne tirer qu'à bout portant. Les trois
premiers coups de feu ont tué le sous-officier chef de patrouille et deux hommes à ses côtés à moins de
4 mètres de mes tireurs ; devant la surprise totale de l'adversaire, ils ont aussitôt récidivé deux fois et,
quand je suis arrivé, ils avaient devant eux sept cadavres et un blessé grave qui hurlait de douleur.
Je fais relever mes trois vainqueurs et ils
ramènent dans une toile de tente le malheureux
blessé que mon infirmier soigne de son mieux.
Dès mon retour dans le carré, des guetteurs me
signalent une vingtaine d'Allemands descendant
de la région de l’Hilsenfirst vers le Wüstenrunz.
J'envoie vers eux une patrouille de cinq
Chasseurs commandée par Moreau, décidément
magnifique de courage joyeux, d'entrain et de
mordant.
Moreau part, leur saute dessus et, après une
courte bagarre, en tue trois, dont le chef de
patrouille, un magnifique sous-officier, en blesse
deux, disperse le reste et ramène trois prisonniers
valides, ainsi que les deux blessés.
Pendant ce temps, l'infirmier de la compagnie, le
jeune Malfay, en exploration dans les abris
allemands situés entre le carré et la ligne adverse
réoccupée, abris où il va chercher des couvertures
et différents objets pour les blessés, revient avec
un prisonnier. Il s'est trouvé nez à nez avec lui en
entrant dans une cagna, lui a sauté à la gorge et
me le ramène pliant sous le poids d'un
chargement hétéroclite, résultat des fouilles
opérées. Me voici à la tête de huit prisonniers ;
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pas pour longtemps d'ailleurs, car deux des blessés sur trois meurent avant la fin de la matinée.
Je fais enterrer les morts. Dans notre petit carré, il y a déjà deux cimetières : en haut, sous les grands
sapins, le cimetière français ; en bas de la clairière, en bordure du sentier, le cimetière allemand.
Hier soir, j'ai fait instruire à l'emploi de la mitrailleuse allemande une équipe de mes Chasseurs. Ils
commencent à s'en tirer très proprement. Vers 9 heures, nous avons subi deux attaques successives sur
notre front est. La première, d'effectif assez faible, mais très brutale, est arrivée au corps à corps et a pu
être repoussée finalement à la grenade ; mais la deuxième, menée par un assez gros effectif, a été, bien
avant l'abordage, fauchée net par notre mitrailleuse allemande, très efficacement servie par mes
hommes.
Un peu avant 10 heures, les Allemands ont remis ça, mais en progressant péniblement le long des
pentes extrêmement raides de la face nord. Sur une astucieuse initiative de Moreau, mes Chasseurs
avaient rassemblé le long du sentier qui se trouve juste au changement de pente un amas d'assez gros «
cailloux », de vrais rochers de grès et de granit. On bascule le tout sur la pente et c'est une véritable
avalanche, réellement impressionnante, qui vient déferler sur l'adversaire en pleine ascension. Rochers
et Allemands disparaissent à toute allure vers les fonds.
Les hommes ont d'ailleurs nettement repris le
dessus. Depuis l'échec de l'attaque allemande du
15, ils ont un moral flamboyant et maintenant,
quoi qu'il arrive, j'ai l'impression que j'en ferai
ce que je voudrai.
Vers 10 h 30, nous voyons, loin derrière, un peu
au-delà de notre ligne de départ du 14 juin, des
Chasseurs de chez nous s'agiter. Je fais faire
immédiatement des signaux avec nos fanions de
signalisation. Nous attirons enfin l'attention de
nos camarades et nous finissons par entrer en
communication. Nous leur apprenons notre
situation : encerclés, mais non prisonniers et
décidés à lutter jusqu'à ce que nous puissions
être dégagés. Puis nous échangeons quelques
indications précieuses ; on nous promet une
grosse attaque pour ce soir et, comme
conséquence, la délivrance. En prévision d'un
marmitage solide dont nous recevrons les
éclaboussures, je fais creuser des « terriers »
pour mes hommes et renforcer le toit de la
cagna des blessés.
À midi, le marmitage commence ; il est assez
quelconque. Vers 16 heures, on aperçoit des
gens filtrer tout en haut de la clairière du
Wüstenrunz. Dans le bas, on entend une attaque
dont on ne voit rien. Fusillade, mitrailleuses,
grand bruit. Puis tout se tait et l'on n'entend plus que les appels et les cris des blessés. Quelques
Allemands sans arme montent vers nous. Nous engageons avec eux un dialogue assez amusant, les
invitant à venir se rendre et deux ont déjà cédé à nos conseils quand un sous-officier jaillit de derrière
un sapin, tire un coup de pistolet en pleine figure à Moreau, qui en conçoit une certaine stupeur, le
manque heureusement et, en un clin d'œil, ramène chez eux sans ménagements ceux qui étaient encore
hésitants. Je fais aussitôt tirer dessus, mais sans efficacité apparente.
À 21 heures, attaque française vers le sud-ouest. Nous entendons sonner la charge précédée du refrain
du 13ème B.C.A. En réponse, je fais sonner par mes deux clairons le refrain de la Sidi-Brahim. Mais
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encore une fois, après un très grand bruit, le silence revient et nous constatons l'échec des efforts tentés
pour nous rejoindre.
Le moral reste bon dans ma petite troupe. Mais un profond découragement s'empare des pauvres
blessés qui souffrent abominablement. La plupart ne cessent de délirer.
Toute la nuit, les Allemands travaillent assez bas au-dessous de nous. Je fais exécuter sur eux des tirs
systématiques au jugé, mais sans obtenir aucun résultat appréciable ; les munitions diminuant, j'arrête
les frais.
Somme toute, le cercle se resserre et se précise autour de nous. Les vivres sont complètement finis
depuis ce soir. Si, demain, nous ne sommes pas délivrés, je décide de tenter la percée par nos propres
moyens, et j'en étudie l'exécution avec Guillermet, Burdallet et Moreau.
Le 17 avant le lever du jour, la source est de nouveau attaquée. Les trois Chasseurs de service tiennent
bon et nous enterrons quatre de nos adversaires. Vers 7 h 30, une attaque se déclenche partant une fois
de plus du Bois-en-Brosse. Auparavant l'ennemi avait tenté un marmitage de mon carré, assez
maladroitement d'ailleurs. La progression sur ce terrain, jonché déjà de ses morts, n'est pas
extrêmement vigoureuse et nous l'arrêtons assez vite. Encore une fois la mitrailleuse allemande nous
aide puissamment.
Un peu plus tard nous reprenons la liaison par fanions avec l'arrière et le commandant de l'artillerie
divisionnaire. Le chef d'escadron Verguin, me fait demander ce qu'il peut faire comme marmitage. Je
signale sommairement ce que je connais des organisations allemandes au plus près de nous. Puis
j'indique qu'à 11 heures je ferai tirer deux fusées-signaux, espacées de deux minutes, à chaque coin de
notre carré pour permettre à l'artillerie de le délimiter aussi nettement que possible. Je signale que nous
préférons tous risquer des coups en plein chez nous que de risquer perdre la partie par des tirs trop
prudents.
À 13 heures, notre marmitage commence et, cette fois, a l'air réellement sérieux. Puis, très vite, il
devient effarant. Nous sommes littéralement au centre d'un cyclone et ça manque de charme. Les gros
obus nous encadrent avec une extraordinaire précision et le carré et ses environs immédiats sont battus
par une grêle d'éclats et de pierraille impressionnants.
Vers 15 heures, mes vedettes me signalent des Allemands qui s'enfuient sur notre front ouest. Je les
fais saluer au passage par la mitrailleuse et quelques coups de fusil ; une dizaine restent sur le carreau.
Mais mes tireurs non protégés risquent gros sous la grêle qui s'intensifie et j'ai deux blessés ; je fais
rentrer tout le monde, sauf les vedettes, dans les abris.
La fumée et la poussière rendent l'atmosphère irrespirable. Mes blessés étouffent ; deux sont en pleine
agonie. Un énorme « pavé » vient s'abattre sur leur cagna ; heureusement, les renforcements opérés
permettent au toit de tenir à peu près et il n'y a pas de casse.
À 18 heures, l'artillerie allonge son tir. Quelques minutes après, comme une trombe, au milieu des cris
et des hurrahs de mes Chasseurs enthousiasmés, un détachement, composé
de deux sections du 7ème et de deux sections du 13ème B.C.A., sous les ordres
du capitaine Regaud, du 13ème débouche dans notre petite clairière en
dévalant du sommet de l'Hilsenfirst.
Nous sommes délivrés et c'est dans tout le carré une émotion indescriptible.
Puis le calme se rétablit et tout le monde coopère aux travaux qui englobent
notre position dans la nouvelle ligne. Nous évacuons vers l'arrière nos
pauvres blessés enfin sauvés et nos huit prisonniers survivants, dont un
blessé léger. Au cours de cet encerclement à l'intérieur des lignes allemandes
qui dura environ quatre jours, le détachement du 7ème B.C.A., dont la 6ème
compagnie composait les quatre cinquièmes, a repoussé cinq attaques, a
conservé ses prisonniers et ses prises, en a même fait de nouveaux et, sans
vanité excessive, peut dire que, fidèle aux vieilles traditions de l'arme, il a tenu comme à Sidi-Brahim.
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Aussi, le grand Chasseur qui commandait l'armée des Vosges l'a-t-il proclamé lui-même dans les
termes suivants :
« Par ordre du général commandant l'armée, la 6ème compagnie du 7ème Bataillon de Chasseurs sera
dénommée : « Compagnie Sidi-Brahim », en souvenir de l'exploit qu'elle a accompli dans le
Wüstenrunz.
Les officiers, sous-officiers, caporaux et chasseurs de cette compagnie sont dignes de leurs ancêtres,
les héros du 7ème bataillon de Chasseurs qui ont défendu le marabout de Sidi-Brahim. Honneur à eux !
Q.G., le 28 juin 1915.
Le Général commandant la VIIème Armée, Signé: DE MAUD'HUY.»
Le 19 juin devant tous les éléments non engagés de la brigade Tabouis, le général Serret, commandant
la 66ème division, remettait à la 6ème compagnie du 7ème B.C.A. et à ses cadres les récompenses qui leur
étaient décernées. Avec eux, étaient aussi décorés ceux qui s'étaient acharnés à les délivrer et que l'âme
ardente du colonel Tabouis, commandant la brigade, avait inlassablement projetés vers nous. Cette
prise d'armes, sur le champ de bataille où l'on se battait encore, avec la fusillade et la canonnade pour
ianiares a fait vivre à ceux qui y ont participé quelques instants d'une très sobre, mais intense et
magnifique grandeur. Certes, les braves gens de chez nous qui avaient tenu quatre jours et trois nuits
dans les bois de l’Hilsenfirst n'avaient accompli, ce faisant, que leur devoir le plus strict. La Patrie
impose à l'Armée — cette émanation d'elle-même la plus pure et la plus désintéressée — des devoirs
dont le sacrifice volontaire de sa propre vie constitue la base élémentaire. Mais elle sait aussi
récompenser ses fils avec tant de noble, généreuse et émouvante simplicité que le don de soi-même en
devient vraiment facile et qu'il en est, pour toute âme bien née, profondément illuminé des rayons
ardents du bonheur.
Général MANHES.
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LISTE DES CHEFS DE CORPS du 7ème B.C.A.
PENDANT LA GUERRE de 1914-1918
Commandant GOUBEAU, du 2 Août 1914 au 25 Septembre 1914 ;
Commandant HELLÉ, du 1er Octobre 1914 au 14 Juin 1915 ;
Commandant LARDANT, du 15 Juin 1915 au 2 Avril 1916 ;
Commandant CLÉMENT-GRANDCOURT, du 3 Avril 1916 au 27 Juillet 1917 ;
Commandant ROSE des ORDONS, du 2 Août 1917 au 19 juillet 1918 ;
Commandant BARBEYRAC de SAINT-MAURICE, du 22 Juillet 1918 au 3 Août 1918 ;
Commandant BURTAIRE, du 5 Août 1918 au 15 Mars 1919.
LES VOSGES. - L'ALSACE
(6 Août-18 Septembre 1914)
----- »« -----
Le Bataillon débarque à la Chapelle et prend contact avec l'ennemi le 10 Août au Col de Sainte-Marie-auxMines (Alsace). Il reçoit le baptême du feu au Col des Bagenettes où se livre un sanglant combat dans lequel les
lre et 2e Compagnies se distinguent par leur bel entrain.
LES BAGENETTES : (15 Août). - Il prend une part active à la prise du Col des Bagenettes. Le 16, il occupe
Sainte-Marie-aux-Mines où la population Alsacienne, qui n'a pas vu de soldats Français depuis 40 ans, lui fait
un accueil enthousiaste.
RANRUPT : (21 Août). - Après une série de marches très pénibles, le Bataillon arrive à Ranrupt où s'engage un
violent combat ; les pertes sont lourdes : 15 Officiers et 140 hommes tués ou blessés.
RAHON-L'ETAPE : (26 Août). - Après s'être reformé, le Bataillon se porte sur Rahon- l'Etape qu'il reçoit
l'ordre d'attaquer. Dès le début son offensive est arrêtée net par les feux puissants de l'Infanterie ennemie. Au
cours de cet engagement, le Commandant GOUBEAU avec une fraction de la 5e Compagnie, ses agents de
liaison et un détachement du Génie, charge à la baïonnette une Compagnie ennemie, et arrête sa progression.
SAINT-RÉMY : (28-29 Août). - Le Bataillon se dirige ensuite sur Saint-Rémy, où de durs combats vont se
dérouler. Le Sergent SIGNORET, avec une patrouille de trois hommes capture un Sergent-Major et neufs
soldats Allemands ; la journée n'est qu'une succession d'attaques et de contre-attaques le village est évacué et
repris plusieurs fois ; les pertes sont sévères, mais n'ébranlent pas le moral des Chasseurs.
Un détachement de cent hommes venant de Draguignan arrive en pleine fournaise ; il est presque entièrement
décimé avant d'être mis en ligne.
LA BOURGONCE. - NOMPATELIZE : (30 Août-ler Septembre). - A la suite de ce combat, le gros du
Bataillon se dirige sur la Bourgonce et Nompatelize où il est de nouveau engagé. Entre temps, la 6e Compagnie
est revenue à Saint-Rémy où elle tient tête à une formidable attaque.
Le Bataillon est très dispersé ; le Commandant GOUBEAU réunit aux fractions disponibles du 7e, des éléments
des 52e et 75e R. I., et résiste à plusieurs attaques dirigées sur la Bourgonce.
LA SALLE : (3 Septembre). - A la suite d'une vigoureuse attaque ennemie exécutée de nuit, le Bataillon est
contraint d'évacuer La Salle ; le Chef de Bataillon GOUBEAU qui a pu rallier deux Compagnies du 7e B. C. A.,
une Compagnie du 75e R. I., des éléments du 52e R. I., quelques Artilleurs et Sapeurs du Génie, forme trois
colonnes qui progressent rapidement baïonnette au canon ; les clairons sonnent « En Avant », puis la charge ;
les Chasseurs chantent la « SIDI-BRAHIM ».
Les Allemand ne résistent pas à cette contre-attaque impétueuse ; ils abandonnent le village après avoir essuyé
de grosses pertes.
Il faut citer dans cette affaire la belle conduite du Lieutenant FABRE de LAMAU- RELLE et du clairon NEU
qui a sonné la « Charge » et le refrain de la « Sidi-Brahim » avec un entrain magnifique.
Cette charge est une des plus glorieuses que le Bataillon ait exécutées. Malgré les dures journées précédentes les
Chasseurs ont fait preuve d'un allant remarquable.
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HAUT-du-BOIS : (6-9 Septembre). - Série de durs combats, où le Bataillon éprouve des pertes importantes.
LA SOMME
(20 Septembre-11 Novembre 1914)
—)>«—
Le Bataillon quitte le Secteur des Vosges le 19 Septembre pour venir dans la Somme. Après plusieurs
étapes, il arrive à Rozières en Santerre où il reçoit l'ordre de marcher sur Lihons et Chaulnes. De part et
d'autres, les attaques se succèdent sans répit. Les journées des 25 et 26 Septembre sont meurtrières : 402
hommes hors de combat Le Chef de Bataillon GOUBEAU est blessé le 25 ; le Lieutenand FABRE de
LAMAURELLE grièvement blessé refuse de se laisser évacuer ; il meurt le lendemain dans la Chapelle de
Rozières.
Le 1er Octobre, le Commandant HELLE prend le Commandement du Bataillon. Le front se stabilise ; la
guerre de tranchées commence.
L'ennemie continue ses attaques sur Maucourt et Lihons.
La 5e Compagnie et un Peloton de la 3e Compagnie participent à une contre-attaque dans les rues de Lihons,
au cours de laquelle le Sous-Lieutenant BRETON amène une pièce de 75 qui tire à bout portant sur
l'ennemi. A Maucourt, tenu par le 14e B. C. A., la 3e Compagnie contre-attaque violemment l'ennemi sur son
flanc droit et lui inflige de lourdes pertes.
BELGIQUE
(12 Novembre-6 Décembre 1914)
—»((—
Après quelques jours de repos à Harbonnières, le Bataillon s'embarque à Villers- Bretonneux.
Il débarque à Poperinghe le 12 au matin et le 12 au soir il est déjà en ligne au Sud d'Ypres.
Jusqu'au 6 Décembre, il tient tête avec une énergie farouche aux meilleures Troupes Allemandes dont les
attaques en masse sont nombreuses et violentes.
Le 17 Novembre, le Bataillon fait subir un grave échec à la lre Division de la Garde qui laisse plus de 1.600
morts, devant le front du Bataillon.
Au cours de ces combats, il faut citer pour leur belle conduite : Les Capitaines BAUDOT et MARTIN ; le
capitaine BARTHÉLÉMY et le Lieutenand DURAND, tombés au Champ d'Honneur ; l'Adjudant ROSELEUR
qui, grièvement blessé commande le feu de sa Section jusqu'à son dernier soupir.
MONT SAINT-ELOI
(6 Décembre-6 Janvier 1915)
Le Bataillon n'est pas engagé et tient les tranchées pendant trois jours.
HARTMANNSWEILERSKOPF
(23 Janvier-26 Mai 1915)
))((
Le Bataillon arrive dans les Vosges et stationne à Cornimont en réserve d'Armée.
Le 22 Janvier, il est alerté et reçoit l'ordre, le 23, de débloquer une Compagnie du 28e Chasseurs encerclée, puis
de s 'emparer du sommet de l'Hartmannsweilerskopf.
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Le Bataillon se porte à l'assaut avec un entrain magnifique, mais son élan est brisé par de puissants réseaux de
fil de fer, et par la raideur des pentes. Une deuxième attaque est tentée sans plus de succès ; l'ennemi a déjà de
bonnes tranchées et les tient solidement. Nos pertes sont élevées : 86 blessés et 41 tués, dont le brave Capitaine
BAUDOT.
Après ce combat, on organise solidement le terrain, puis on déclanche une série d'attaques (27 Février, 5 Mars,
17 Mars, 23 Mars), à la suite desquelles on progresse de 50 en 50 mètres. Malgré les pertes et les privations de
toutes sortes, malgré la neige et le froid atteignant parfois 25° au-dessous de zéro, nos Chasseurs sont
admirables d'activité et de courage.
Enfin le 26 Mars, le Bataillon enlève le sommet de l'Hartmann, au chant de la « Sidi- Brahim » après avoir
franchi un chaos de fils de fer, de tranchées, d'arbres abattus par la mitraille et fait une centaine de prisonniers.
Pour ce brillant exploit le Bataillon est cité à l'Ordre de l'Armée.
Il est relevé le 4 Avril.
Depuis le 22 Janvier, les pertes ont été dans ce Secteur de l'Hartmann, de : 927, dont 244 tués.
Du 14 au 20 Avril, le Bataillon occupe le Secteur de Faux-Sihl, Rehfelsen. Relève le 21 Avril et repos.
Le 28 Avril, la cannonade fait rage dans la direction de l'Hartmann ; les Allemands ont repris le sommet. Le
Bataillon est alerté et part avec mission de réoccuper la position perdue.
L'attaque préparée par un bombardement de deux heures réussit complètement, et en très peu de temps les
objectifs sont atteints. Une quinzaine de prisonniers restent entre nos mains.
Pertes : 20 tués dont 1 Officier et 72 blessés.
Le Bataillon reste en position jusqu'au 23 Mai.
L'ennemi ne réagit que par son artillerie qui cause au Bataillon de très lourdes pertes : 27 tués dont 1 Officier, et
114 blessés.
Après relève, et au cours d'une revue passée à Weiller, le Général SERRET exprime au Bataillon son admiration
et sa reconnaissance pour sa belle conduite au cours des derniers combats.
L'HILSENFIRST
(4 Juin-21 Juin 1915)
)>«—
Du 4 au 13 juin, reconnaissances et préparatifs d'attaque sur l'Hilsenfirst. La lutte commence le 14 Juin. Les
journées des 14, 15, 16 sont marquées par de violents combats contre un ennemi bien organisé et de
beaucoup supérieur en nombre. Ses meilleurs retranchements lui sont enlevés, et il ne peut, malgré ses
assauts furieux et répétés, venir à bout d'un détachement, qui, par suite de circonstances malheureuses, se
trouve encerclé. Pendant quatre jours et trois nuits, la 6e Compagnie complètement cernée résiste
héroïquement, malgré le manque de vivres et de munitions, à toutes les attaques dirigées contre elle.
Le Lieutenant MOREAU, par sa bravoure et son activité a été l'âme de la défense. Pour
commémorer ce bel exploit, le Général de MAUD'HUY Commandant la 7e Année, décide que la 6e
Compagnie s'appellera désormais : « Compagnie SIDI-BRAHIM ».
Le Bataillon prend encore une large part aux opérations qui se déroulent jusqu'au 21 Juin. Attaques
et contre-attaques s'exécutent avec le même entrain et le même esprit de sacrifice.
Pertes pendant cette période : 89 tués, dont 6 Officiers ; 272 blessés, dont 5 Officiers.
MATTLE. - METZERAL. - FACHWEILER. HIRTZSTEIN
(24 Juin 1915-8 Janvier 1916)
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------»(( -----
Dans cette région le Bataillon occupe fréquemment les tranchées de 1ère ligne et participe aux travaux
de défense, ainsi qu'à diverses opérations offensives, en particulier à Mattle et à Fachweiler. Pertes : 17
tués, 120 blessés.
Le 26 Décembre, le Bataillon relève le 28e Bataillon de Chasseurs à l'Hirtzstein : Secteur
excessivement pénible et dont la défense est très difficile.
Après un bombardement de dix jours et d'une violence inouïe, l'ennemi déclenche le 8 Janvier, une
formidable attaque ; le Bataillon résiste vigoureusement ; mais, menacé d'être complètement encerclé,
il est, contraint de se replier.
Les pertes du 19 Décembre au 9 Janvier sont assez considérables, en particulier : 56 tués, dont 1
Officier et 161 blessés.
HILSENFIRST. - LINGEKOPF. - LES LACS
(12 Février-23 Juin 1916)
»«—
Après les mauvaises journées de l'Hirtzstein, le Bataillon se reforme à Odern.
Le 12 Février, il réoccupe le glorieux Secteur de l'Hilsenfirst. Malgré le froid et les tourmentes de
neige, il y fait preuve des plus belles qualités d'endurance et de ténacité.
Le 21 Avril, il est au Lingekopf : Secteur très mouvementé, où la lutte d'artillerie et d'engins de
tranchée, s'y poursuit sans trêve, violente et meurtrière.
Le Bataillon montre dans ce Secteur une grande activité ; les luttes quotidiennes se terminent toujours
à son avantage et il inflige à l'ennemi des pertes très sensibles.
Relevé le 30 Mai, il a perdu pendant cette période : 17, tués, 43 blessés.
Le 2 Juin, il est au Secteur des Lacs.
Le 24 Juin, il est transporté en chemin de fer au Camp de Saffais pour une période d'Instruction et de
réentrainement en vue de futures offensives.
LA SOMME
(18 Août-12 Novembre 1916)
)>«
MAUREPAS : (30 Juillet). - Le Bataillon est transporté dans la Somme pour prendre part à l'offensive.
Le 20 Août, il entre en ligne au Sud de Maurepas.
L'artillerie ennemie, par ses multiples et violents tirs de barrage, nous cause des pertes sérieuses.
Le 24, les Compagnies débouchent de leurs tranchées de départ et se précipitent sur leurs objectifs avec un élan
admirable.
Malgré le feu nourri des mitrailleuses ennemies, l'attitude des Chasseurs est superbe de bravoure et de
discipline.
La 2e Compagnie après avoir perdu tous ses Officiers, la presque totalité de ses Sous- Officiers et les 3/4 de son
effectif, s'arrête devant les tranchées ennemies intactes et s'accroche au terrain. (Citée à l'Ordre de la Division).
Les autres Unités progressent également, mais ne tardent pas à être arrêtées par la violence des tirs de
mitrailleuses et de l'artillerie ennemies.
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Au cours de cet engagement, le Sous-Lieutenant ALLÈGRE est tué en entraînant sa Compagnie à l'assaut.
Le Bataillon est relevé le 5 Septembre.
Après quelques jours de détente au Camp de Fouilloy, il revient en ligne et occupe les positions de la ferme de
l'Hôpital.
Le 20 Septembre, les Allemands prononcent une attaque qui subit un échec complet, mais au cours de laquelle
leur artillerie nous inflige des pertes sérieuses.
Pendant cette première période des combats de la Somme, le Bataillon a perdu : 13 Officiers et 440 hommes.
SAILLY-SAILLISEL : Après un long repos à Aumale (Seine-Inférieure), le Bataillon revient en ligne à SaillySaillisel, dans la nuit du 4 au 5 Novembre.
La bataille fait rage, le tir de l'artillerie ennemie est extrêmement violent ; le terrain bouleversé par les obus et
détrempé par les pluies, n'est plus qu'une vaste mer de boue ; les hommes s'enlisent ; la marche est
excessivement pénible. Les Chasseurs font preuve d'une rare énergie.
C'est sur ce terrain que le 5 Novembre, le Bataillon se porte à l'assaut avec une impétuosité remarquable, sous
une grêle de balles et les barrages de l'artillerie les plus violents. Mais ce bel élan vient se briser contre des
tranchées intactes et un adversaire non ébranlé.
Le Bataillon relevé le 6, vient occuper le 8, les tranchées du Bois Saint-Pierre Waast où il subit de dures
épreuves et de lourdes pertes.
Depuis le 5, le Bataillon a perdu : 8 Officiers et 275 hommes.
LES VOSGES
(8 Décembre 1916-23 Janvier 1917)
))«—
Après les opérations de la Somme, le Bataillon est transporté dans les Vosges.
Il prend quelques jours de repos à Saulxures et va occuper les tranchées de l'Hilsenfirst.
L'Offensive du 16 Avril 1917
)>«
e
La 46 Division quitte la région des Vosges en fin Janvier et séjourne au Camp du Valdahon jusqu'au 8 Avril
pour y perfectionner son instruction militaire et se préparer à la grande offensive projetée.
Le Bataillon débarque à Epernay et vient se rassembler par étapes près de Mézy le 16 Avril, où il se tient prêt à
franchir l'Aisne en vue de l'exploitation stratégique du succès.
Les lignes Allemandes n'ayant pu être rompues, le Bataillon reçoit l'ordre de se reporter plus en arrière.
SECTEUR DE BRIMONT : (30 Avril-22 Mai). - La 46e Division est mise à la disposition du VIIe C. A. Le
Bataillon occupe le Secteur de Brimont qu'il organise défensivement ; une attaque projetée sur le fort de
Brimont est différée.
Pertes : 7 tués, 45 blessés, dont 5 Officiers.
SECTEUR DE SAPIGNEUL : (7-24 Juin). - Le Bataillon occupe les tranchées de lre ligne près de Sapigneul et
participe aux travaux de défense.
Pertes : 13 tués, 15 blessés.
CHEMIN DES DAMES : (23 Août-20 Septembre). - Relevé du Secteur de Sapigneul, le Bataillon se rend par
étapes à Chevry-Cossigny (Région de Meaux), où il passe 15 jours au repos. Après une période d'instruction au
Camp de Chéry-Chartreuse, le Bataillon occupe le Secteur du Chemin des Dames, (Craonne, Plateau des
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Casemates) : période très dure, pendant laquelle les Allemands cherchent constamment à reprendre les positions
qui leur ont été enlevées le 16 Avril au cours de notre offensive.
Pertes : 7 tués et 24 blessés.
Le Bataillon est relevé le 20 Septembre et se porte dans la région de Fismes ; repos jusqu'au départ pour l'Italie,
le 1er Novembre.
CAMPAGNE D'ITALIE
(1er Novembre 1917-8 Avril 1918)
»«
e
La 46 Division est désignée pour faire partie de l'Armée Française d'Italie.
Le 7e Bataillon s'embarque à Fismes le 1er Novembre et débarque le 6 dans la Région de Vérone (Pescautina,
Sommacampagna, Parona).
La Division qui devait être concentrée dans la région de Vérone reçoit l'ordre de se grouper vers Brescia.
Le Bataillon fait mouvement vers l'Ouest pra Palazolo, Castelnuovo, Pieschiera, Ponti sul Mincio, Rivoltella
(Région du Lac de Garde).
Le 13 Novembre, le Bataillon est transporté en T. M. à Valdagno, puis cantonne à Malo, Montecchio, Pianezze
et Thiene où il séjourne.
Reconnaissances d'Officiers dans la montagne (E. de Cornédo ; N.-E. de Marostica ; N. de Thiene).
Du 12 Février au 22 Mars, le Bataillon complète les défenses du Tomba, Montfenera et exécute de nombreuses
reconnaissances.
Le 8 Avril, le Bataillon s'embarque à Fontavina à destination de la France.
DICKEBUSCH
(28 Mai-28 Juin 1918)
»«
Le Bataillon débarque en France le 11 Avril à Chaumont en Vexin. La Division, en réserve stratégique est
acheminée progressivement, avec des missions diverses, dans la région Sud de Poperinghe (Belgique).
Dans la nuit du 27 au 28 Mai, elle relève la 14e Division qui a enrayé, le 26, une puissante attaque Allemande,
au point de jonction des Armées Françaises et Anglaises au Sud d'Ypres.
Le Bataillon d'abord en réserve du 1er Groupe, relève le 8 Juin, le 13e Bataillon à l'Est de Scottischwood, au N.
de l'Étang de Dickebusch.
Le 29 Juin, il s'embarque à Heidebeck pour être transporté en Champagne.
Pertes pendant cette période : 22 tués, 158 blessés, dont 5 Officiers.
CHAMPAGNE
(5 Juillet-1er Août 1918)
—))«—
Le Bataillon arrive à Somme-Tourbe le 5 Juillet et va occuper la 2e Position à l'Ouest de Wargemoulin.
Après l'échec de la grande attaque Allemande du 15 Juillet, le Bataillon est en lre ligne entre Jonchéry et Souain.
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Le 22 Juillet, les Allemands prononcent sans succès trois attaques sur le front du Bataillon.
Le 25 Juillet, le Bataillon attaque le Bois de la Côte 139 et réalise une avance de 1.000 mètres sur un Front de 2
kilomètre ; la 4e Compagnie qui a mené ce combat avec un entrain magnifique, est citée à l'Ordre du Corps
d'Armée ; elle a fait 68 prisonniers et capturé 6 mitrailleuse.
Pertes en Champagne : 17 tués, 46 blessés.
OFFENSIVE A L'EST DE MONTDIDIER
Canal du Nord
(9 Août-4 Septembre 1918)
—»<(—
Le Bataillon s'embarque en chemin de fer le 5 Août et débarque le 6 à Verberie.
A partir du 9 Août, il talonne l'ennemi sans relâche jusqu'au canal du Nord et s'empare successivement de
Faverolles (9 Août), du Château de Tilloloy (Cie S. B.-ll Août) de Crapeaumesnil (22 Août) et plus tard, du Bois
Casimir à l'Est de Beaulieu-les-Fontaines (30 Septembre).
Au cours de ces dures journées, le Bataillon a fait plus de 150 prisonniers et capture 3 canons, 40 mitrailleuses
et un minenwerfer.
Pertes : 51 tués et 344 blessés, dont 6 Officiers.
A la suite de ces combats, le Bataillon est cité à l'Ordre de la Division.
MORCOURT
(5 au 8 Octobre 1918)
»((
Après un repos d'un mois environ, à Maignelay, le Bataillon est transporté en chemin de fer et débarque à Nesle.
En réserve de Division avec le 1er Groupe, il marche sur Morcourt par Roupy, Le Fayet, Omissy.
Après l'enlèvement de Morcourt par le 47e Bataillon, il livre les 6 et 7 Octobre de furieux assauts aux troupes
Allemandes entre Morcourt et la ferme de Tilloy. Il réussit à entamer sérieusement la position ennemie garnie
de mitrailleuses et de minenwerfer.
Pertes : 35 tués, dont 3 Officiers et 150 blessés.
Attaque du Canal de la Sambre et poursuite
(11 Octobre-11 novembre 1918)
»«—
Après l'enlèvement de la ligne Hindenburg, la Division participe en 2e ligne à la poursuite dans la direction
générale d'Hanappes.
Le 20 Octobre, le Bataillon est en ligne à l'Est d'Etreux, sur la rive gauche du Canal de la Sambre, dont l'ennemi
défend la rive Est ; tous les ponts de passage sont détruits.
Dossier constitué par l’Association Historique du Pays de Grasse ([email protected])
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Le 4 Novembre, a lieu l'attaque générale ; le Bataillon traverse le Canal à Etreux, nettoie les Bois de la Queue de
Bouée et se porte sur le Nouvion évacué sans défense par l'ennemi et où les habitants pleurent de joie en voyant
arriver nos Chasseurs.
A partir de ce jour, les Allemands n'opposent plus qu'une faible résistance.
Le 9 Novembre, le Bataillon se porte sans combat d'Etrouyht sur Glageon ; il est relevé le soir même et vient
cantonner à Garmousset, où il apprend la signature de l'Armistice.
Dans cette période, les pertes du Bataillon ont été de 5 tués, dont 1 Officier et 48 blessés.
PERTES
e
DU 7 BATAILLON DE CHASSEURS
du 2 Août 1914 au 11 Novembre 1918
TABLEAU NOMINATIF
des
OFFICIERS TOMBÉS AU CHAMP D'HONNEUR
Capitaine
BAUDOT
Capitaine
Capitaines
Capitaine
PIQUARD
BOUFFART
Capitaine
MARTIN
Capitaine
BARTHELEMY
Capitaine
JUILIAN
Capitaine
TIERSONNIER
Lieutenants
Lieutenant
FABRE de LAMAURELLE
Lieutenant
POMMET
Lieutenant
POMMIER LAYRAGUES
Lieutenant
ABBO
Lieutenant
BURLE
Lieutenant
DURAND
Lieutenant
MOREL
Lieutenant
LASSAUZE
Lieutenant
LOQUES
Lieutenant
CORRIN
Lieutenant
BRUNET
Lieutenant
CHEVALIER
Lieutenant
MOREAU
Sous-Lieutenant
KLIPPFEL
Sous-Lieutenant
Sous-Lieutenants
Sous-Lieutenant
CHAVAND
REGNAULT de la SUSSE
Sous-Lieutenant
GAUTRAT
Sous-Lieutenant
DANIEL
Sous-Lieutenant
JOZAN
Sous-Lieutenant
ALBERTINI
Sous-Lieutenant
ALLÈGRE
Sous-Lieutenant
D’HEUDIÈRES
Sous-Lieutenant
BIBAL
Sous-Lieutenant
DUFRICHE
Sous-Lieutenant
ESTÈVE
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Sous-Lieutenant
MALLET
Sous-Lieutenant
SAHURE de GOTY
Sous-Lieutenant
PAUCHARD
Sous-Lieutenant
DELVAUX de CHAMBORD
Sous-Lieutenant
DE LA CROIX
Sous-Lieutenant
HIOCO
Note après numérisation : Le Capitaine MARTIN Paul (14-08-15) et le Lieutenant GAUTRAT Joseph (12-0715) sont inhumés dans le cimetière communal de RANSPACH (vallée de la Thur, HAUT RHIN) au côté des
Sous-Lieutenants MERCADIER. BERNARD Marcel, DUCROS Hélie. POTTÏER Jean et de l'Adjudant
tambour-major MIGNAULT du 152e R.l.
Dossier constitué par l’Association Historique du Pays de Grasse ([email protected])
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TABLEAU NUMÉRIQUE
des
SOUS-OFFICIERS, CAPORAUX ET CHASSEURS
TOMBÉS AU CHAMP D'HONNEUR
---------------)>(( ------------------
Sous-Officiers ................. 126
Caporaux......................... 112
Chasseurs ......................... 904
Citations Collectives
----------------------- XX ------------------------------
CITATION A L'ORDRE DE L'ARMÉE DES VOSGES, N°26 du 3 Avril 1915
----- ))« ----
« Le 152e Régiment d'Infanterie, commandé par le Lieutenant-Colonel JACQUEMOT et les 7e, 13e, 27e et 53e
Bataillons de Chasseurs, ont rivalisé d'énergie et de courage sous la direction du Lieutenant-Colonel TABOUIS,
Commandant la lre Brigade de Chasseurs pour se rendre maîtres, après plusieurs semaines de lutte pied à pied et
une série d'assauts à la baïonnette, de tous les retranchements accumulés par l'ennemi sur la position de
l'HARTMANNSWEILERKOPF ».
CITATION A L'ORDRE DE LA DIVISION, N° 96 19 Octobre 1918
----- »(( ----
« Bataillon d'élite qui s'est particulièrement distingué en CHAMPAGNE où il a prêté un précieux concours à la
..e D. I.
S'est de nouveau confirmé sous les ordres du Chef de Bataillon BURTAIRE, comme un Bataillon d'un allant,
d'un mordant et d'une endurance remarquables.
Pendant trois semaines presque sans interruption a lutté avec acharnement, mordant le Boche, résistant à ses
contre-attaques, le repoussant constamment en lui infligeant des pertes sensibles. A capturé dans cette période :
150 prisonniers, 40 mitrailleuses, 3 canons et 1 minenwerfer ».
CITATION A L'ORDRE DE LA lre ARMÉE, N°223
»«
« Le 1er Groupe de Chasseurs, commandé par le Lieutenant-Colonel BEAUSER, et comprenant le 7e Bataillon
(Commandant BURTAIRE), le 47e Bataillon (Commandant TISSOT) et le 13e Bataillon (Commandant
CORNIER).
« A résisté en 1917, sans lâcher un pouce de terrain et malgré les pertes considérables, à de nombreuses attaques
allemandes dans le Secteur de Courcy et sur les Plateaux de Craonne.
« Jeté le 27 Mai 1918, dans la bataille devant YPRES, a, par une contre-attaque fougueuse, en pleine nuit dans
un terrain inconnu, arrêté une offensive Allemande, puis par d'incessants efforts, dégagé en 15 jours le flanc
droit de l'Armée Anglaise. A ainsi contribué puissamment à sauver YPRES.
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Le 25 Juillet, en CHAMPAGNE, engagé par Bataillons séparés, a repris à l'ennemi une partie des points d'appui
volontairement abandonnés le 15.
Au mois d'Août a enlevé TILLOLLOY, entamé la puissante position Allemande de CRAPEAUMESNIL,
harcelé l'ennemi dans une poursuite victorieuse jusqu'au Canal du Nord. En octobre, a percé la position
Hindenburg. A terminé la Guerre à l'avant-garde de la poursuite, bousculant les mitrailleuses ennemies et
gagnant 11 kilomètres en 4 heures ».
ORDRE GÉNÉRAL, N° 142 «F»
------».«-----
Par application des prescriptions de la Circulaire N° 2-156/D, du 22 Février 1918, le Maréchal de
France, Commandant en Chef les Armées Françaises de l'Est, a décidé que les Unités ci-dessous auront
droit au port de la FOURRAGÈRE
Aux couleurs du Ruban de la CROIX de GUERRE:
« LE 7 me BATAILLON DE CHASSEURS ALPINS »
Au Grand Quartier Général, le 1er Janvier 1919.
Le Maréchal Commandant en Chef les Armées de l'Est. Signé : PÉTAIN.
Citations des Unités ou Groupes Divers
CITATION A L'ORDRE DE LA 66e DIVISION, N° 151 du 12 Mars 1915
------)>((----
« Le Capitaine MARTIN PAUL, le Lieutenant TRISTANI TRISTANT, le Sous-Lieutenant BESANÇON LÉON,
le Sergent MOÏSE RENÉ, les 3e, 4e Compagnies et les Eclaireurs du 7e Bataillon de Chasseurs Alpins :
« Ont réussi malgré les pentes neigeuses et un feu violent à s'approcher jusqu'au réseau de fils de fer ennemi et à
s'y maintenir ».
CITATION A L'ORDRE DE LA BRIGADE, N°5 du 30 Mars 1915
------))<(---e
Equipe de brancardiers de la 6 Compagnie du 7e Bataillon de Chasseurs Alpins :
« Ont travaillé toute la nuit au transport des blessés bien que deux d'entre-eux aient été grièvement blessés ».
CITATION A L'ORDRE DE L'ARMÉE, N°26 du 5 Juillet 1915
------))« -----
La 5
ème
e
Compagnie du 7 Bataillon de Chasseurs Alpins :
« Après avoir expulsé l'ennemi de plusieurs lignes de tranchées et avoir entraînée par son ardeur dans la
poursuite de cet ennemi, s'est subitement trouvée cernée dans une tranchée conquise à l'effectif de 5 Officiers,
dont 1 blessé et de 137 hommes, dont 24 blessés ; a immédiatement organisé la position, obligeant l'adversaire
de se livrer à un véritable siège ; a résisté à toutes les attaques et à tous les bombardements, le harcelant sans
cesse, et, par son activité, prêtant un précieux concours à la colonne envoyée pour la dégager ; après quatre jours
et trois nuits de siège, de résistances et de privations, a réussi à rejoindre son Bataillon avec son effectif presque
au complet, ramenant en outre 10 prisonniers, une mitrailleuse, des fusils et des munitions. Dignes émules de
SIDI-BRAHIM ».
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CITATION A L'ORDRE DE L'ARMÉE, N°26
du 5 Juillet 1915
Les Eclaireurs du 7ème Bataillon de Chasseurs Alpins :
« Chargés d'opérer en liaison avec la gauche d'une colonne d'attaque et s'étant heurtés à un blockaus ennemi très
fortement organisé, l'ont enlevé au prix des plus lourds sacrifices, puis pendant quatre jours et trois nuits n'ont
cessé d'assurer avec un mordant et une audace admirables la direction des patrouilles, faites par un détachement
de 2 Compagnies cernées dans un bois. A l'offre du repos qui leur était faite, ont répondu qu'ils ne sauraient
payer trop cher l'honneur de porter leur étoile d'éclaireurs. Ont perdu 75 pour cent de leur effectif ».
CITATION A L'ORDRE DE L'ARMÉE, N°26
du 5 Juillet 1915
L'Adjudant CIAIS JEAN, le Caporal LACOMBE HENRI et les Téléphonistes du 7ÈME Bataillon de
Chasseurs Alpins :
« Ont assuré depuis le début de la Campagne le fonctionnement des lignes téléphoniques du Bataillon,
de la Brigade et de la Division. Malgré de violents bombardements ont toujours effectué la réparation
des lignes détruites et ont poussé dans différentes attaques les postes téléphoniques jusqu'au contact de
la première ligne. Le détachement a perdu les trois quarts de son effectif depuis le début de la
Campagne ».
CITATION A L'ORDRE DE L'ARMÉE, N°26
du 5 Juillet 1915
La Compagnie des volontaires des 7e et 13e B. C. A., sous les ordres du Capitaine REGAUD:
« Compagnie d'élite, ayant reçu l'ordre de se porter au secours d'une Compagnie cernée depuis trois
jours et trois nuits par l'ennemi, a rempli sa mission avec enthousiasme et l'a pleinement réussie grâce
à la vigueur et à la rapidité de son attaque. Après avoir crevé les lignes ennemies, dégagé ses
camarades et fait plus de 60 prisonniers, a élargi son succès et s'est organisée avec ardeur, sur le terrain
conquis ».
CITATION A L'ORDRE DE LA DIVISION
e
e
La 2 Compagnie du 7 Bataillon de Chasseurs Alpins, sous les ordres du Capitaine CHAILLET:
« Unité d'élite aux ordres d'un Chef remarquable.
Le 24 Août 1916, chargée d'enlever un petit bois fortement organisé, s'est élancée à l'attaque avec un
élan admirable, sous un feu croisé de mitrailleuses et au travers d'un violent barrage d'artillerie. A
pénétré de force dans le bois, tuant sur leurs pièces ou bousculant les mitrailleurs ennemis.
Ayant perdu tous ses chefs et réduite à une poignée d'hommes, s'est organisée sur place et a résisté
toute la nuit aux contre-attaques d'un ennemi particulièrement tenace et mordant ».
CITATION A L'ORDRE DU 21e C. A., N° 2733/3
du 27 Juillet 1918
La 4e Compagnie du 7e Bataillon de Chasseurs Alpins, sous les ordres du Capitaine PIQUARD :
« Après avoir brisé la violente offensive Allemande du 15 Juillet 1918, a dans la nuit du 24 au 25
Juillet, après une courte préparation d'artillerie, enlevé d'un seul élan malgré la vigoureuse résistance
de l'ennemi, les objectifs qui lui avaient été assignés sur un front de plus de 2 kilomètres et une
distance d'environ 1 kilomètre de sa base de départ, capturant plus de 200 prisonniers et un important
matériel ».
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