Usines Center veut bosser le dimanche

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Usines Center veut bosser le dimanche
Le travail du dimanche
Usines Center veut bosser le dimanche
Usines Center veut travailler le dimanche. C’est le titre original de cet acticle, paru dans La Croix du 9/7/06.
Usine Center, c’est M. Christian Liagre, fondateur d’Usines center, et tellement passionné d’avancées sociales et de bienêtre populaire qu’il a été jusqu’à fonder une association dénommée “Le dimanche”, qu’il a l’altruisme de présider
bénévolement, et qui milite.... pour l’ouverture d’Usines Center le dimanche, évidemment.
Mais M. le Président Liagre n’a pas dit combien de ses salariés étaient membre de son association ;=) !
La décision de justice concernant le centre commercial de Villacoublay illustre la complexité de la législation sur le
travail dominical
«C’est incroyable ! Des personnes veulent travailler et on leur met des bâtons dans les roues », témoigne Aurélie, 25 ans,
salariée depuis plus de quatre ans au centre commercial Usines Center de Villacoublay, près de Paris. Après la
décision de la cour d’appel de Versailles, le 14 juin, d’interdire aux salariés des 63 boutiques de vêtements et de
chaussures, de travailler le dimanche, elle est inquiète pour son avenir : « Avec 20 % de salaire en moins, je ne sais pas
comment je vais pouvoir payer mon loyer et mes factures. » Un peu désabusée, elle s’efforce de garder le sourire mais
ne comprend pas cette législation qui empêche de travailler des personnes qui le veulent.
Beaucoup de salariés, des étudiants pour la plupart, sont dans la même situation. Julien, jeune homme dynamique,
travaille en extra le samedi et le dimanche depuis quatre ans : « Je suis payé double le dimanche. Comme j’habite
encore chez mes parents, j’utilise mon salaire pour mes loisirs mais aussi pour les aider. » L’inquiétude est palpable car,
il le sait, il va devoir partir. Son patron lui a déjà annoncé qu’il allait se séparer de lui. « Si je perds mon emploi, je perds
une partie de mon indépendance. »
Les licenciements ont commencé. Le responsable d’une boutique a dû se séparer de deux personnes : « Dans cette
histoire, les seuls perdants sont les salariés. » Mohamed, un des membres de son équipe, est dans l’attente : « Je
devais passer en CDI à la fin du mois. Tout est remis en question. Je n’ai pas de famille à nourrir mais, ici, il y en a qui ont
deux voire trois enfants. Comment vont-ils faire ? » Surtout, Mohamed aime son travail et n’a pas envie d’en changer : «
J’apprécie vraiment ce que je fais et en plus je gagne bien ma vie. Je ne veux pas quitter mon emploi et le seul fait d’y
penser m’angoisse déjà. » L’ambiance n’est donc pas à l’optimisme, et la musique qui passe dans les allées ne parvient pas
à redonner le moral aux équipes.
Les clients aussi se posent des questions
Personne dans le centre ne comprend cette décision car seuls les salariés qui dépendent des fédérations de
l’habillement et de la chaussure sont visés. La loi interdit le travail du dimanche aux salariés, mais pas au gérant, à ses
associés et à sa famille. Pour faire face à la décision, certains envisagent donc de faire travailler des proches. Stéphane,
responsable d’une boutique de vêtements, y a pensé : « S’il le faut, je ferai appel à ma femme, mes cousins pour qu’ils
viennent m’aider. »
Les clients aussi se posent des questions. En ce vendredi après-midi, ils ne sont pas très nombreux à arpenter les allées.
Cécile et Monique, deux sœurs à la retraite, ne mâchent pas leurs mots : « Cette décision est complètement idiote. C’est un
non-sens absolu. Pourquoi veut-on mettre dans la difficulté un centre qui marche bien ? »
La plupart n’approuvent pas cette décision, car ils savent qu’à plus long terme, c’est toute l’activité du centre qui est
menacée : « Si les salariés ne peuvent pas travailler, il y aura moins de personnel pour satisfaire les clients, moins
d’activités, moins de recettes et une possible fermeture en vue. » L’ouverture le dimanche, c’est la particularité du centre.
Toutes les boutiques réalisent 30 à 40 % de leur chiffre d’affaires ce jour-là. Du lundi au samedi, les clients vont à Vélizy 2,
autre centre commercial à proximité : « Les clients ont leurs habitudes, ça a toujours fonctionné comme ça », témoignent
plusieurs salariés.
Tous n'ont pas la possibilité d'être replacé ailleurs
Le deuxième étage, avec ses boutiques d’habillement et de chaussures, est donc le premier concerné par cette
décision, mais les conséquences vont atteindre tous les commerçants. Chantal, responsable d’un magasin au premier
niveau, pâtit déjà de la situation : « Les clients font le tour du centre. S’il y a moins d’activités au deuxième, tout va fermer
car c’est l’étage qui draine le plus de clients. Dimanche dernier, il y avait déjà beaucoup moins de monde que d’habitude.
» Et elle n’est pas la seule à s’inquiéter.
Olivier, lui, a demandé sa mutation dans un autre magasin de l’enseigne où il travaille : « Je ne vois pas l’intérêt de
rester, on va droit dans le mur. » Tous n’ont pas la possibilité d’être replacé ailleurs. C’est une différence majeure entre
les salariés qui travaillent dans des enseignes et les indépendants. « Cette décision va rajouter du chômage. Comme s’il
n’y en avait pas assez ! » s’offusque une salariée. Certains concèdent que cette décision ne les dérange pas, car ils
vont pouvoir consacrer plus de temps à leur vie familiale. Mais ils ne sont pas nombreux à envisager ainsi la situation.
Beaucoup dénoncent l’attitude des dirigeants du centre qui ne les informent pas : « On est dans le flou total. Il n’y a rien
de concret. Dimanche dernier par exemple, nous n’avons pas vu un seul huissier qui aurait pu nous sanctionner et nous
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faire payer l’amende de 1 000 € par salarié », déclare un responsable de magasin. Mais ils évoquent aussi les mesures à
envisager face à la confusion qui s’est installée : « Il faut réadapter la loi à la société d’aujourd’hui en demandant aux
salariés s’ils veulent travailler le dimanche et les laisser le faire s’ils sont d’accord. On peut avancer sur la base du
volontariat », indique Olivier. Un avis que semblent partager la plupart des salariés du centre commercial.
Mathilde WATINE
Les étapes de la procédure judiciaire
Le 8 juin 2005, la Chambre syndicale des commerces de l’habillement de Paris Île-de-France, la Fédération nationale
des détaillants de chaussures et deux autres organisations ont déposé une assignation devant le tribunal de grande
instance de Versailles (TGI) pour demander que le repos dominical soit respecté au centre commercial Usines Center
de Villacoublay. L’audience a eu lieu le 19 juillet et le TGI, dans sa décision du 28 juillet 2005, avait donné raison aux
commerçants du centre : ils pouvaient faire travailler leurs salariés le dimanche. Les fédérations ont fait appel le 16 août
2005. La 14e chambre de la cour d’appel de Versailles a décidé d’interdire aux salariés de travailler ce jour-là au nom de
l’article L 221-5 du code du travail qui stipule que « le repos hebdomadaire doit être donné le dimanche ».
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