Stage dans l`ONG “CARE PERÚ” à Lima
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Stage dans l`ONG “CARE PERÚ” à Lima
Stage dans l’ONG “CARE PERÚ” à Lima Par Elisabeth Suciu, étudiante en Master 2 sciences politiques, relations internationales. Lorsque mon maitre de stage a accepté ma candidature pour devenir stagiaire au sein du programme eau et assainissement (agua y saneamiento), j’étais très enthousiaste pour deux raisons. D’une part, j’allais partir travailler dans une ONG, secteur dans lequel je voulais me diriger à la fin de mes études. De plus, la gestion de l’eau est un domaine qui attise ma curiosité puisqu’il est au croisement de plusieurs niveaux de pouvoirs (international, national et régional) et au croisement d’enjeux multidimensionnels; la santé, le développement, l’environnement et la paix, entre autres. D’autre part, faire un stage dans un pays d’Amérique latine représentait un défi car j’ai commencé à apprendre l’espagnol avant de me rendre sur place et je voulais vivre sur le terrain quelques mois, dans un environnement international. Ce fut aussi très enrichissant pour réaliser mon mémoire, directement en lien avec la gouvernance de l’eau. L’eau au Pérou, comme dans bien d’autres pays en Amérique latine, en Afrique ou en Asie est un thème très sensible étant donné qu’il s’agit d’un bien public précieux dont dépend directement le développement des êtres humains. Généralement administrée de manière publique, l’eau a cependant connu une vague de privatisation sous l’impulsion de la Banque Mondiale dans les années ’90, ce qui provoqua d’ailleurs “la guerre de l’eau” en Bolivie. Au Pérou, la gestion est restée publique malgré plusieurs projets de concession. Néanmoins, la situation actuelle reste assez délicate car une importante partie de la population, surtout dans les régions rurales, n’a pas accès à l’eau potable. L’eau à Lima, deuxième plus grande ville construite sur un désert (après le Caire), constitue aussi un problème et laisse beaucoup de personnes sans eau potable. Ceci contraste fort par rapport au PIB du pays qui a explosé durant les dernières années. Par ailleurs, il est important de mentionner qu’il y a de nombreux conflits autour de l’eau entre les populations locales et les entreprises d’extractions minières. Le projet “Conga”, dans le Nord du Pérou, illustre ce type de conflit. Ce projet de mines d’or et de cuivre à ciel ouvert est la cause de violentes manifestations depuis 2011. En effet, l’entreprise extractive entend assécher des lacs millénaires qui alimentent des populations locales. C’est dans ce contexte que CARE a développé un programme de gouvernance et de 1 dialogue avec les industries extractives qui vise à renforcer la gouvernance démocratique au niveau local. Ce programme a aussi pour objectif de travailler avec différents groupes sociaux, afin de promouvoir le dialogue autour d’intérêts communs. Dans le cadre de ce stage, j’ai pu observer de plus près cette réalité. Mon travail au sein de l’équipe eau et assainissement de CARE s’est déroulé durant deux mois, d’octobre à décembre 2013, à Lima, où se trouve le siège de l’ONG (plusieurs antennes locales sont basées dans les villes principales du Pérou). J’ai travaillé directement avec la coordinatrice nationale des projets eau et assainissement dans les bureaux de l’ONG, ainsi qu’avec d’autres collaborateurs. Mes missions peuvent se résumer en trois points. Premièrement, j’ai participé au développement des projets qui étaient en route à ce moment là. Mon travail s’est concentré surtout autour de deux projets. Le premier est un projet qui a lieu dans la région de Madre de Dios (en Amazonie). CARE en association avec COSUDE, l’agence suisse pour le développement et la coopération, et la municipalité de Madre de Dios ont mis en place ce projet qui vise une meilleure autogestion de l’eau dans cette région. Dans le cadre de ce projet, j’ai pu observer de plus près son processus de réalisation, depuis les réunions avec des consultants externes, experts sur le sujet, jusqu’à la négociation et la signature des contrats ainsi que la préparation de l’équipe sur le terrain. Même si pour ce projet je n’ai pas été sur place, j’ai beaucoup appris et j’ai pu développer des compétences organisationnelles et de développement de projet. Un deuxième projet sur lequel j’ai travaillé est celui qui, en association avec l’entreprise belge Eternit, finance des biodigesteurs à Manchay, dans les pueblos jovenes du Sud Est de Lima. Ce projet est au stade de projet pilote. Par conséquent, il était important de faire du monitoring et vérifier sur le terrain comment les six familles qui bénéficiaient des biodigesteurs adoptaient cette nouvelle méthode de traitement des eaux usées. Ce genre de visite sur le terrain et la rencontre avec les familles ont été des moments forts de mon stage. Par ailleurs, lorsque CARE travaille avec des entreprises externes, elle s’assure que ces dernières sont en ligne avec les valeurs et principes de l’ONG. C’est pour cela que nous avons eu fréquemment des réunions avec les ingénieurs ainsi que des visites de l’entreprise et son usine de fabrication. Dans un deuxième temps, j’ai appris l’importance du networking dans le développement de projets ainsi que le maintien de bonnes relations avec d’autres organisations, 2 gouvernementales ou non. C’est pour cela qu’un autre aspect de mon travail de stagiaire fût de représenter CARE lors de conférences, forums et autres évènements. A titre d’exemple, j’ai participé à la semaine de l’intégration sociale, organisée en octobre 2013 par le Ministère du développement et de l’intégration sociale ( MIDIS ). Le thème central de cette semaine était la priorité à l’enfance dans les politiques publiques et l’importance d’investir dans ce secteur. Enfin, le développement de connaissances est central pour un tel programme au sein d’une ONG. C’est pour cette raison qu’à plusieurs reprises, j’ai effectué des recherches portant sur des sujets qui nécessitaient d’être approfondis. A cet égard, j’ai rédigé un rapport en espagnol qui fait l’état des lieux de la situation de l’accès à l’eau et aux sanitaires dans les zones périurbaines de Lima. J’ai aussi aidé d’autres personnes de l’ONG à traduire ou corriger des documents en anglais, effectuer des travaux de bureaux, retravailler des documents didactiques afin d’améliorer les ressources en ligne du programme agua y saneamiento. Si ce genre de tâches peuvent paraitre rébarbatives pour beaucoup de stagiaires, travailler au jour le jour avec des Péruviens ou d’autres personnes de diverses nationalités, m’a beaucoup apporté. C’est sur cette dernière remarque que je voudrais terminer cet article. Au terme de mon expérience de quelques mois au Pérou, ce que je retiens principalement est le côté humain. Côtoyer au quotidien des personnes qui font la réalité d’une ONG, être immergée dans une autre culture, ont fait que je suis sortie « grandie » de ce stage. Néanmoins, j’aurais aimé rester plus longtemps pour mieux m’intégrer dans d’autres projets de CARE. En conclusion, ce stage a confirmé la voie que je veux prendre l’année prochaine. Malgré les critiques souvent émises à l’égard des ONG (comme le manque d’autonomie), j’aimerais continuer à travailler dans le développement de projets pour une ONG ou d’une autre organisation active dans le développement durable. C’est aussi avec plus de confiance en moi que j’aborde l’avenir. J’encourage donc vivement d’autres étudiants à faire un stage à l’étranger dans une ONG, car je pense que c’est vraiment sur le terrain que l’on peut appréhender la réalité avec un autre regard. 3