HDA 2:ARTS, ETATS, POUVOIRS *** Étude des pavillons soviétique

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HDA 2:ARTS, ETATS, POUVOIRS *** Étude des pavillons soviétique
HDA 2:ARTS, ETATS, POUVOIRS
***
Étude des pavillons soviétique et allemand
lors de l'exposition universelle de Paris de 1937
Une Exposition universelle a « un but principal d'enseignement pour le public, faisant
l'inventaire des moyens dont dispose l'homme pour satisfaire les besoins d'une civilisation et
faisant ressortir dans une ou plusieurs branches de l'activité humaine les progrès réalisés ou
les perspectives d'avenir » (définition tirée de l'article 1 de la Convention de 1928 rédigée par le
Bureau international des expositions, organisateur des Expositions Universelles).
En 1937, c'est la ville de Paris qui organise une Exposition Universelle sur le thème:
"Arts et Techniques dans la vie moderne". Tous les pays qui le souhaitaient ont pu participer à la
manifestation et créer des pavillons.
Illustration 1: Affiche officielle de l'exposition de
Paris,1937
Le gouvernement de Léon Blum tente d’y démontrer que l'Art et la Technique ne s'opposent pas
mais que leur union est au contraire indispensable : le Beau et l'Utile doivent être, dit-il,
indissolublement liés. Dans un contexte de crise économique et de tensions politiques
internationales(guerre civile d'Espagne), l'exposition de 1937 doit également promouvoir la paix.
Illustration 2: Monument de la Paix, Place du Trocadéro (aquarelle de Bazin,
L’Illustration)
Pourtant ,certains états profitent de l'exposition pour promouvoir leur régime politique et leur
idéologie. Ainsi,les pavillons de l'URSS et de l'Allemagne se font face sur l'esplanade du
Trocadéro.
Ces deux régimes totalitaires ont profité de l'Exposition pour faire de la "propagande extérieure" à
destination des populations européennes. Ainsi, en mettant leur pays en valeur et en affichant les
piliers de leur politique, Hitler et Staline espèrent donner une bonne image de leur pays !
Illustration 3: Les Allemands avaient attendu que le pavillon soviétique soit achevé
pour finaliser le leur, ajoutant au dernier moment une dizaine de mètres à la hauteur
prévue pour placer l'aigle nazi dominant les Soviétiques.
L' Allemagne nazie présente l'une des colonnes les plus élevées de l'Exposition.
Le pavillon allemand est constitué d’un long bâtiment abritant un grand hall et d’une tour de 54
mètres de hauteur formée de huit piliers d’acier recouverts de dalles de pierre et de plaques de
céramique. Il a été dessiné par l’architecte officiel du Reich, Albert Speer. Le visiteur est accueilli par
deux groupes sculptés de nus athlétiques ("Camaraderie" et "la Famille"), réalisés par Josef Thorak.
Celui-ci est également l’auteur de l’emblème du Reich (un aigle et une croix gammée) surmontant la
tour. Rappelons que l'aigle du Reich (en allemand: Reichsadler) est le symbole du IIIème Reich nazi,
symbolisant la puissance, la force et le « bonheur ». Il est, avec la croix gammée ou encore la Croix de
fer, l'un des symboles les plus souvent utilisés par le régime nazi dans ses documents de propagande.
L’édifice respecte les canons de l’ "art" nazi : destiné à l’édification du peuple et devant être
exclusivement l’expression figurée de la "race aryenne", de la patrie allemande et de l’idéologie nazie.
Au moment même où l’Allemagne participe ainsi à une manifestation consacrée aux arts et aux
techniques, Hitler inaugure en juillet 1937 à Munich une grande exposition consacrée à l’art,
confrontant les œuvres d’art moderne -présentées comme "dégénérées"- aux œuvres correspondant
aux critères esthétiques des nazis.
Quant à l'URSS stalinienne, elle propose un monument dit "de l'ouvrier et de la kolkhozienne".Il a
été dessiné par l'architecte Boris Iofan. Ce long bâtiment (160 mètres), croissant par degrés
successifs et se terminant par une tour faite de métal, de béton, et recouverte de marbre, est célèbre
pour le « couple » sculpté par Vera Moukhina. Côte à côte, deux personnages symbolisent les deux
piliers de la politique économique stalinienne. D'un côté, l'homme, marteau à la main, représente les
usines et la politique de développement de l'armement. De l'autre, une femme, faucille à la main,
symbolise les travaux agricoles dans les fermes collectives (appelées kolkhozes). Ainsi, les deux
symboles du régime (la faucille et le marteau), présents sur la drapeau de l'URSS, sont
présents...Lorsque l'assemblage fut fini, Staline en personne vint voir l'Ouvrier et la Kolkhozienne.
Une rumeur disait qu'en certains endroits, on pouvait voir des effigies de Trotski, « ennemi des
classes soviétiques », par brillance ou en ombre chinoise en se plaçant à certains points. Il se
pourrait que ces rumeurs distillées par le directeur de l'usine Tambostev, aient été la raison véritable
de la venue de Staline sur le chantier. Le bâtiment de 160 mètres de longueur, imaginé par Iofan,
présente une façade recouverte de marbre où s’inscrivent deux dates, 1917-1937, comme pour
signifier que l’histoire du pays a réellement commencé il y a vingt ans et qu’en dehors de la
Révolution, il n’est point de Russie.
La conception, la réalisation, et l’acheminement de cette œuvre en acier inoxydable de 25 mètres de hauteur
a posé de nombreux problèmes techniques, du fait des nombreux éléments métalliques devant être soudés
entre eux, et parce que certaines parties (bras, étoffes) disposées sur un plan horizontal devaient tenir sans
se fracturer malgré leur longueur et leur poids (plusieurs tonnes). Le matériau utilisé (acier chromé) rend la
surface des deux personnages brillante comme un miroir. Au pied de la tour deux blocs massifs sont ornés
de bas-reliefs sculptés par Joseph Tchaïkov : ils sont une représentation allégorique des républiques de
l’URSS.
Les pavillons de l’Allemagne et de l’URSS ont valu à leurs architectes d’être récompensés d’une médaille
d’or, au moment même où dans leurs pays respectifs les artistes dont les œuvres ne sont pas en conformité
avec les critères esthétiques des nazis et des soviétiques sont persécutés.