FlashTransport | Le quotidien d`un contrôleur terrestre

FlashTransport | Le quotidien d'un contrôleur terrestre
04/06/12 09:34
04/06/2012 | Social
Le quotidien d'un contrôleur terrestre
Laurent Deguines exerce son métier de contrôleur des transports terrestres depuis 1998. En poste à la DREAL MidiPyrénées depuis dix ans, il nous raconte son métier entre deux contrôles routiers.
Laurent Deguines, contrôleur terrestre
Ce matin-là, plusieurs services de la DREAL (Direction régionale de l'environnement, de l'aménagement et du logement) se sont
donné rendez-vous à 9h sur le point de contrôle du péage près de Saint-Martory (Haute-Garonne) sur l'A64, comme l'explique
Laurent : "Je viens des Hautes-Pyrénées pour travailler aujourd'hui avec des collègues du 09, du 32 et du 31. Nous avons fait une
demande préalable aux services de gendarmerie pour pouvoir réaliser l'interception de véhicules qui se présentent." Aujourd'hui,
les contrôleurs ont pour consigne d'orienter leurs vérifications sur certains types de transport. "On peut orienter le contrôle sur du
transport de marchandises comme sur celui du transport de personnes qui est ciblé aujourd'hui avec la saison de Lourdes qui
commence et le transport de pèlerins." Côté marchandises, Laurent Deguines précise ses cibles : "Le trafic le plus courant que
nous avons ici correspond principalement aux flux avec l'Espagne, le Portugal et l'Italie. Nous faisons beaucoup de contrôles de
conducteurs étrangers puisqu'ils dominent l'international à présent." En fin de la matinée, quatre contrôles de véhicules plus tard,
si Laurent n'a pas trouvé matière à verbaliser, un de ses collègues vient de verbaliser un conducteur italien qui a minoré les
enregistrements de son chrono. Selon Laurent Deguines : "Le contrôle du cabotage est permanent et systématique lors des
contrôles de conducteurs étrangers. Les infractions relevées sont liées à la réglementation sociale européenne, les temps de
conduite, les temps de repos et puis quelques fraudes."
Faussement inscrits à l'étranger
Que le contrôle s'effectue sur route ou en entreprise, Laurent Deguines expose son approche du métier de contrôleur et sa
sensibilité : "J'ai un intérêt plus particulier sur ce qui touche à la réglementation sociale, le travail illégal avec dissimulation de
salariés et les faux statuts", explique-t-il. Il poursuit : "J'estime que les enjeux sont importants pour le fonctionnement global du
marché du transport à la fois pour les entreprises et pour les salariés. Il ne peut pas y avoir d'un côté ceux qui respectent la
réglementation et qui paient leurs charges et de l'autre, ceux qui sont en permanence dans la fraude. Cela se joue sur plusieurs
tableaux : la concurrence déloyale, la fraude aux cotisations et les intérêts des salariés qui ne sont pas respectés." À propos du
travail illégal, Laurent Deguines trouve sur le terrain "des données dans les chronos des conducteurs, qui ne se rapportent pas aux
entreprises qui les emploient". Le contrôleur parle "d'entreprises faussement inscrites à l'étranger alors qu'elles travaillent en
permanence sur le territoire français", comme le cas récent d'une entreprise de transport inscrite au Luxembourg qui exerçait en
réalité son activité principale sur le territoire français. "Son dossier est parti au parquet compétent dans le Nord de la France",
précise l'agent de la DREAL.
Dur pour les conducteurs
Après quatorze années d'expériences, comment juge-t-il son travail au quotidien ? "Il y a des petites fraudes de confort, assez
minimes et facilement détectables, qui sont faites par les chauffeurs. Les fraudes à l'aimant sont devenues des classiques. En
entreprise, c'est plus délicat car il faut faire des recoupements avec les points d'arrivée et les points de départ." Les acteurs
concernés jouent-ils le jeu ? D'après Laurent Deguines : "Si les contrôles en entreprises se déroulent sans animosité particulière,
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les contrôles sur route sont parfois plus tendus. Ça dépend de la personnalité des gens qui sont pris et parfois viennent s'ajouter
des difficultés de compréhension de la langue. Ça ne dégénère pas car nous sommes bordés par les forces de l'ordre avec
lesquelles nous travaillons conjointement." Laurent reconnaît néanmoins que la tension reste présente : "C'est un peu dur pour les
conducteurs. Ils sont toujours sous pression quand on les arrête, ils doivent aller livrer puis recharger. Alors, sur le site de
l'infraction, quand on leur retire des points et qu'on leur demande de l'argent, on n'est pas forcément sympathiques."
Arnaud Ilié
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