chanter Dieu à pleine voix. Alors « les neuf autres où sont

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chanter Dieu à pleine voix. Alors « les neuf autres où sont
Dimanche 9 octobre 2016
28° dimanche ordinaire C
Evangile Luc 17, 11-19
Homélie P. Patrick Rollin
Dites-moi, les dix ont été guéris, et d’une sale maladie, la lèpre, cette
horrible maladie qui mange les chairs, déforme les membres et les
visages, et qui met les malades à l’écart comme les maudits de Dieu.
Oui, les dix ont été guéris… mais un seul est revenu vers Jésus pour
chanter Dieu à pleine voix. Alors « les neuf autres où sont-ils ? »
Eh bien, voyez-vous, ce matin c’est la même question que je me pose à
propos de la célébration de la confirmation. En vous voyant, vous les
jeunes confirmands, je m’interroge : « Et les autres où sont-ils ? ». Oui,
vous avez été nombreux de votre génération à avoir des parents qui
comme ceux de ce matin ont demandé à l’Eglise le baptême pour leurs
enfants. Eh bien, « où sont-ils, tous ces jeunes baptisés ? » Comment se
fait-il qu’ils ne soient pas revenus sur leurs pas, sur le chemin de leur
baptême, pour chanter Dieu à pleine voix, pour le fêter, le louer, le
célébrer pour toute la vie nouvelle qu’il a déjà suscitée en eux ?
Bon, rassurez-vous, je ne veux pas répondre à cette question, car il
faut bien reconnaître que si dans l’Eglise il y a un sacrement qui ne va
pas de soi, c’est bien celui de la confirmation. Nombreux sont les
baptisés qui ne voient pas en quoi ce sacrement les initie à la foi.
Alors, après tout, peu importe que comme dans l’évangile de ce
dimanche, un sur dix seulement revienne à Jésus, car c’est à peu près la
proportion pour le sacrement de confirmation. Laissons plutôt l’Esprit
faire son travail de guérison, de purification dans le cœur des autres et
réjouissons-nous plutôt que l’Esprit vous donne, à vous les jeunes, de
revenir ce matin sur les pas de votre baptême pour être confirmés dans
la foi de l’Eglise qui veut faire résonner en vos cœurs l’appel du Christ :
« Relève-toi, va ta foi t’a sauvé ! »
« Relève-toi » : voilà un appel du Seigneur que j’ai entendu dans la
lettre que chacun d’entre vous a écrit à notre évêque. Avec votre
histoire, votre chemin, vos mots à vous, vous témoignez que depuis
votre baptême vous avez déjà fait l’expérience que le chemin d’humanité
à la suite de Jésus est un chemin de guérison, de libération, de
relèvement, de résurrection, de vie. Oui, pour vous, la confirmation, c’est
raviver en vous le don de cette vie de Dieu qui nous délivre, nous relève,
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nous sauve de toutes les lèpres qui menacent constamment de défigurer
notre humanité. Et nous savons qu’elles sont nombreuses, tenaces,
sournoises, les lèpres de notre temps. Oui, chacun sait combien le péché
nous colle à la peau !
Eh bien, je ne crois pas me tromper en disant que la confirmation, c’est
comme un second souffle, un nouveau souffle, un nouvel élan qui vous
est donné pour inscrire dans votre chair, comme l’huile qui pénètre les
pores de la peau, de manière plus vive encore cette parole de Jésus :
« Relève-toi », pour que vous la viviez en actes comme une parole qui
rend libre. Car, voyez-vous, comme le dit l’apôtre Paul « on n’enchaine
pas la Parole de Dieu ». Enchainer la Parole reviendrait à emprisonner
l’amour. Mais l’amour échappe aux murs qu’on érige, aux frontières
qu’on ferme, aux mesures d’exclusion, aux pierres qui lapident, aux croix
qu’on dresse. Oui, l’Esprit de Dieu nous est donné pour libérer l’homme
de tout ce qui l’emprisonne. L’histoire de Dieu avec les hommes est
toujours celle de notre libération pour la vie.
« Relève-toi, ta foi t’a sauvé ! » La confirmation, c’est aussi le
sacrement de la foi qui sauve. L’Esprit de Pentecôte vous est donné
pour mettre le feu à votre vie, ou plutôt à votre cœur. L’Esprit, tel un
feu qui ne s’éteint jamais, veut marquer vos cœurs du sceau de l’amour
du Père ; il veut faire chanter en vous le beau nom du Père. Il veut
faire en vous ce qui est impossible que nous fassions sans lui : avoir
assez de souffle pour oser prendre la parole, trouver les mots de la foi
et avoir l’audace des gestes, des choix, des engagements qui font signe
de l’espérance qui nous anime. En un mot, l’Esprit nous inspire à écrire
avec l’encre de nos vies l’impossible de l’Evangile, c’est-à-dire la joie de
croire qui devient la joie d’agir, le pardon qui va au-delà du don,
l’amour plus fort que toutes les forces de mort, bref toutes ces
manières de vivre chargées de tant de promesses et qui font signe de
la « Parole digne de foi », de la foi qui sauve.
« Relève-toi, va, ta foi t’a sauvé ! », « Va ». Enfin, avec le sacrement
de confirmation, l’Esprit vous est donné pour « sortir » de vous, aller au
devant des autres, faire de votre vie un « je t’aime », une histoire
d’amour, une histoire sainte. Oui, le sacrement de confirmation veut
porter à son plein déploiement votre baptême. Il vient le parachever en
faisant de vous désormais des disciples-missionnaires selon l’expression
du pape François. L’Esprit, le don de Dieu, veut faire de vous
d’authentiques chrétiens, c’est-à-dire d’humbles serviteurs de son
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amour. Et vous savez combien les hommes, les femmes ont faim et soif
d’amour, et beaucoup plus que le monde ne peut leur en donner. Eh
bien, l’Esprit vous est donné pour annoncer, à temps et à contretemps
de quel amour les hommes sont aimés, car Dieu est à l’œuvre en notre
temps, il ne cesse de susciter des énergies nouvelles, il travaille sans
cesse dans le cœur des hommes… La confirmation veut raviver en vous
le don de l’Esprit pour faire de vous des envoyés de cette Bonne
Nouvelle, car l’Evangile est une parole de plein vent, une parole de feu,
un livre grand ouvert, une parole au grand jour.
Et pour conclure, permettez-moi de vous confier trois petits messages
pour bien vivre dans le souffle de votre confirmation. Car je n’aime pas
quand on dit « j’ai été confirmé »… comme si c’était du passé ! Non, on
doit plutôt dire « je suis confirmé », car l’Esprit ne se conjugue jamais au
passé, il pousse toujours à écrire l’Evangile au présent. Il veut faire de
nos vies nous un grand livre ouvert où les autres puissent y lire la Bonne
Nouvelle de Dieu.
Alors trois petits messages pour que votre confirmation ne soit pas
l’histoire d’un jour mais l’histoire de chaque jour.
Le premier : « Je suis avec toi ! ». A l’époque de Jésus, la lèpre excluait
le malade de la société. Si la lèpre a disparu, le chômage, certaines
maladies du corps, certains troubles de l’esprit sont les lèpres
d’aujourd’hui. Elles tendent à nous isoler quand elles nous touchent. Eh
bien, l’Esprit veut toujours nous pousser à revenir sur nos pas pour
contempler la bonté de Celui qui veut être le médecin de nos maux,
Celui qui se fait l’ami et le compagnon de nos vies. « Je suis avec toi »,
c’est une Promesse, celle du Ressuscité à ses apôtres. Elle est
importante, et plus qu’importante, elle est vitale. Cette Promesse, c’est
une Parole d’amour. Elle veut être votre assurance, votre appui intérieur,
votre force dans la vie. Aujourd’hui, le Seigneur vous donne son Esprit,
qui sera toujours en vous une force, une lumière, un guide. Ne l’oubliez
pas, surtout dans les moments difficiles, dans les périodes douloureuses,
dans les inévitables épreuves de votre vie. Oui, tel un avocat, un
défenseur, l’Esprit veut plaider inlassablement sur les chemins de votre
cœur, la fidèle Présence de Dieu. Alors, laissez-vous conduire par l’Esprit
dans la vérité d’une vie qui ne déçoit pas, parce qu’elle sait mettre sa
confiance en Celui qui ne trompe pas, le Maître de l’impossible, le Dieu
vivant.
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Et maintenant le second message : « Prends le temps de respirer ». Ne
vous laissez pas étouffer par le bruit, le vacarme de ce monde, envahir
par la valse des mots et des modes de ce temps. Mais sachez prendre le
temps de vous arrêtez, de faire silence, le silence de la prière. Apprenez
à prendre racine en profondeur, à rejoindre les nappes souterraines de
votre cœur, à écouter au plus profond de vous le murmure de l’Esprit, ce
maître intérieur qui veut vous initier aux mœurs de Dieu, à la générosité
du Père, à la fidélité du Fils. Oui, prenez le temps de respirer afin de
laisser l’Esprit faire vôtre la prière des dix lépreux de l’Evangile : « Jésus,
Maître, prends pitié de nous » et aussi façonner en vous un cœur d’où
pourra jaillir l’action de grâce, c’est-à-dire faire de votre vie une louange
et un merci, « glorifier Dieu à pleine voix ! »
Et enfin, troisième message : « Ne reste pas seul ! ». Ce n’est pas
facile d’être chrétien aujourd’hui. Cela ne l’a jamais été d’ailleurs. Sachez
que l’Esprit vous donne des frères et des sœurs pour faire votre chemin
de foi car on n’est jamais chrétien tout seul, on le devient ensemble.
« Que demandez-vous à l’Eglise de Dieu ? » A cette question posée lors
de votre baptême, vos parents ont répondu : « la foi ! » Eh bien, le
sacrement de confirmation vous incorpore plus encore à l’Eglise pour
confesser et fortifier votre foi qui n’est ni un droit, ni le fruit de nos
efforts, mais qui porte la marque de la gratuité du don de Dieu, son
souffle Saint.
Voilà ces trois petits conseils d’amis, qui s’adressent en fait à nous tous.
Prions donc l’Esprit afin qu’il vienne faire du neuf en nos vies. Et à vous
les confirmands, bon vent, bonne route, car la confirmation c’est la
Pentecôte de votre vie. Que vienne l’Esprit de Sainteté !
P. Patrick Rollin, vicaire général
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