Discours du ministre de la Défense au CERH Toulon

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Discours du ministre de la Défense au CERH Toulon
MINISTÈRE DE LA DÉFENSE
M. Jean-Yves Le Drian,
Ministre de la défense
Discours à l’occasion de la visite du CERH de Toulon
À Toulon, le mercredi 22 avril 2015
– Seul le prononcé fait foi –
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Mesdames et Messieurs les élus,
Amiral,
Mesdames et Messieurs les officiers généraux,
Mesdames et Messieurs,
Je suis heureux de vous retrouver aujourd’hui. Le logiciel Louvois,
qui est sans doute ma préoccupation la plus constante, la plus tenace
même, depuis que j’ai pris mes fonctions, est bien connu ici. Comme
j’avais pu le constater, en juin 2013, lors de ma première visite, vous
œuvrez sans relâche pour en pallier les déficiences. Vous le faites avec
une grande efficacité, que je veux souligner et saluer.
L’enjeu, c’est que nos militaires – ici nos marins – soient payés
convenablement, ce qui est bien la moindre des choses au moment où
ils sont engagés sur de nombreux théâtres d’opérations tout en étant
déployés, en permanence, au sein de vastes zones maritimes.
Mois après mois, Louvois continue de générer des milliers d’erreurs
brutes, avec des soldes quasiment à zéro dans les situations les plus
extrêmes, ou des soldes excessivement élevées, ce qui serait aussi
problématique pour nos marins lorsqu’il faut rendre le trop perçu. Ces
erreurs, vous les identifiez avant qu’elles aient un effet concret, et
vous les contrez, une à une, avec une ténacité qui est digne d’éloges.
Grâce à vous, ce qui pourrait être un cataclysme parvient à être
contenu. C’est le fruit d’une mobilisation de chaque instant, qui doit
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d’ailleurs se poursuivre. Je tenais à profiter de ma venue pour vous en
remercier personnellement.
A travers vous, qui travaillez à Toulon, je veux plus largement
remercier l’ensemble de ceux qui œuvrent, au sein du ministère, à la
mise en œuvre du plan de bataille que j’ai lancé dès que j’ai identifié
le problème Louvois. Je pense ici aux différents centres d’expertise
RH d’armées et à celui du service de santé des armées, mais aussi à la
direction des ressources humaines du ministère, aux entités du service
du commissariat des armées (le service ministériel opérateur des droits
individuels et sa cellule « Solde Assistance », les services
d’administration du personnel des GSBdD), et plus généralement à la
grande communauté des soldiers de la Défense.
Les dysfonctionnements de Louvois ont fédéré cette communauté, qui
est depuis lors pleinement engagée dans la résolution de la crise. Je
vous l’ai dit, les résultats sont au rendez-vous : à force de procédures
de contournement, d’actions de réécriture de pans entiers du logiciel,
d’une collaboration sans faille entre les acteurs et surtout du travail
acharné de vous tous, la situation s’est largement améliorée, et même
si tout est loin d’être réglé, le système est dorénavant sous contrôle.
A ce jour, le nombre de défauts graves qui nécessitent un traitement
indépendamment de Louvois se stabilise aux alentours de 2 000
dossiers, sur un total de près de 180 000 soldes concernées. Dans le
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même temps, le recours au plan d’urgence ministériel est devenu
exceptionnel, avec environ 70 cas par mois pour des sommes en
diminution constante. Cependant, je note que les 5 000 appels reçus en
moyenne sur le semestre par la cellule « Solde Assistance »
démontrent qu’il subsiste des problèmes techniques et surtout que la
confiance entre les militaires et leur système de rémunération est
durablement ébranlée. C’est pourquoi nous devons continuer notre
mobilisation collective.
J’ai parlé des efforts considérables que vous fournissez. Je voudrais
évoquer à présent le travail que nous conduisons pour le
remplacement de Louvois.
Les faits que je viens de rappeler me confortent dans l’analyse qui m’a
conduit, dès la fin de l’année 2013, à demander ce remplacement, et à
lancer à cette fin l’opération du nouveau logiciel Source Solde.
L’objectif de cette opération est de nous doter d’un calculateur de
conception radicalement nouvelle. Mois après mois, nous avançons, et
nous approchons maintenant de l’issue.
Ce projet était lourd d’enjeux. Parce que nous n’avions pas d’autres
choix que de réussir, nous avons mis tous les moyens nécessaires. J’ai
ainsi demandé que soit constituée une équipe de projet selon les
méthodes éprouvées pour les plus grands programmes d’armement :
une équipe d’experts techniques de la DGA, pilotée par l’ingénieure
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générale Caroline Gervais, et une équipe d’experts fonctionnels sous
la direction du colonel Mérian. Ils sont tous les deux présents ici, et je
tiens à les saluer, ainsi que l’ensemble de leurs collaborateurs, pour le
travail exceptionnel qu’ils font au quotidien.
Sans attendre, ils ont lancé un dialogue compétitif réunissant les trois
groupements industriels les plus performants du domaine. Pendant
environ un an, ces trois groupements ont appréhendé la complexité du
sujet. Au travers de trois prototypes, ils ont démontré leur capacité à
maîtriser cette complexité. Les résultats de ce travail ont été
absolument remarquables. J’étais d’ailleurs allé moi-même à
Bagneux, sur le site de la DGA, pour m’en assurer.
Ce dialogue compétitif est désormais terminé, puisque les trois
groupements ont remis leurs dernières propositions. Elles ont été
évaluées sur la base de critères techniques, d’engagements sur les
délais, et de performance économique. A l’issue de cette évaluation,
un choix a été fait : c’est ce choix que je suis en mesure de vous
annoncer maintenant.
C’est aujourd’hui, en effet, je notifie le marché à son attributaire : il
s’agit de la société SOPRA. A la tête d’un ensemble de sous-traitants,
c’est elle qui a donné les meilleures garanties de parvenir au résultat
recherché, c’est-à-dire de calculer une solde juste et à temps, dans les
meilleures conditions. La solution proposée par SOPRA se base sur un
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progiciel qui aujourd’hui effectue le pré-calcul de la paie d’une grande
partie des fonctionnaires. Ce logiciel traite aussi la gestion RH et la
paie de la plupart des grandes entreprises françaises.
Je tiens à féliciter l’ensemble des compétiteurs pour la qualité de ce
qu’ils ont produit. C’était une compétition de très haut niveau que la
société SOPRA a fini par emporter. Mon engagement est maintenant
de lui rappeler autant qu’il le faudra qu’elle n’a pas le droit à l’erreur,
et qu’elle aura en ma personne un observateur très vigilant.
Les délais pour parvenir à ce jalon ont été tenus par l’équipe de projet
intégrée, rassemblant la DGA et la DRH-MD. C’est un début
prometteur. Dans ce même format, ils vont désormais piloter la
réalisation du nouveau système, qui va consister à paramétrer le
logiciel, c’est-à-dire l’adapter à nos spécificités. Je rappelle que la
solution retenue est basée sur des logiciels éprouvés, sans
développement spécifique. Ce paramétrage sera terminé à la fin de
l’année. Nous passerons ensuite à la phase de fonctionnement en
double avec Louvois.
Source Solde assurera de manière autonome la paie des soldes des
militaires seulement lorsque nous aurons obtenu toutes les garanties
de bon fonctionnement du système. Cette phase qui avait été sacrifiée
dans le cas du système précédent ne le sera pas cette fois : la décision
de bascule sera prise collégialement, en concertation avec l’équipe de
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programme et les utilisateurs, quand tous les risques seront maîtrisés,
quand toutes les assurances seront acquises.
En accord avec son chef d’état-major, l’amiral Rogel, j’ai décidé que
la Marine serait la première armée à utiliser le nouveau système. C’est
donc à vous, personnels du CERH de Toulon, que nous allons confier
la tâche exaltante et difficile à la fois de conduire les travaux dont
l’aboutissement sera déterminant pour l’ensemble de la communauté
militaire.
Ce choix, mûrement réfléchi, doit beaucoup à la qualité de votre
travail actuel et à la compétence dont vous faites preuve au quotidien.
Votre excellence sera à nouveau déterminante pour mener de front la
conduite des opérations de solde sous Louvois et la montée en
puissance de Source Solde.
Je n’ignore rien de la charge de travail qui va incomber au CERH de
Toulon, à l’équipe projet, au SMODI. Ce travail est à la hauteur de
l’enjeu. Je sais aussi la fierté que vous allez pouvoir ressentir dans
l’accomplissement de cette mission pionnière. Dans cette entreprise,
vous pourrez compter sur notre soutien le plus ferme. C’est ainsi que
nous allons rendre possibles les renforcements humains, techniques et
financiers, qui sont nécessaires dans cette perspective, notamment ici
au CERH de Toulon.
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Mesdames et Messieurs,
Le problème Louvois n’est pas derrière nous, chacun ici le vérifie au
quotidien. Mais aujourd’hui plus que jamais, j’ai confiance dans sa
résolution prochaine. J’ai confiance parce que grâce à des équipes
comme celles que j’ai rencontrées aujourd’hui au CERH de Toulon, je
constate que l’on sait maîtriser les effets néfastes de ce logiciel fou.
Mais j’ai aussi confiance car le projet Source Solde que j’avais lancé il
y a quelques mois est pleinement sur les rails. Tous les jalons
annoncés depuis le départ sont parfaitement tenus. C’est la preuve que
les équipes que nous avons mises en place sont à la hauteur du défi, et
qu’elles le seront également pour la dernière ligne droite, celle qui
conduira à mettre en place le nouveau système. Je pense que vous
l’avez compris : ma mobilisation à vos côtés est totale. Vous avez
toute ma confiance.
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