JPC6

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JPC6
JPC6
29 juin – 1er juillet 2015
Université Paul-Valéry – Montpellier III
Site Saint-Charles
Salle des colloques 2
6e Journées
de Phonétique Clinique
- Résumés des Communications :
le Laboratoire Praxiling
Organisée par
UMR 5267 CNRS & Université Paul-Valéry - Montpellier III
En collaboration avec :
l’institut des Neurosciences de Montpellier
INSERM Unité 1051
les Facultés de Médecine et de Pharmacie de Montpellier
Ecole d’Orthophonie / Ecole d’Audioprothèse
le CHRU Gui de Chauliac de Montpellier
Service des troubles de la voix et de la déglution / Service ORL et Chirurgie Cervico-Faciale
Avec le concours de
Les Organisateurs des JPC6
tiennent à exprimer leurs sincères remerciements
à l’ensemble des conférenciers pour leur participation
ainsi qu’aux différents partenaires financiers qui ont aidé à
au montage de cette manifestation.
Dr. B. Amy de la Bretèque
M. Barkat-Defradas
Ch. Dodane
F. Hirsch
Dr. R. Garrel
J. Sauvage
S. Moritz-Gasser
J.-L. Puel
J. Bourien
Les Journées de Phonétique Clinique
– 6e édition –
***
Organisées pour la première fois à Paris en 2005 puis rééditées successivement à Grenoble
(2007), Aix-en-Provence (2009), Strasbourg (2011) et Liège (2013), cette 6° édition des
Journées de Phonétique Clinique (JPC6) est organisée conjointement par le laboratoire
Praxiling (CNRS UMR 5267, Université Paul-Valéry Montpelier), le Département Universitaire
d’Orthophonie (Université de Montpellier), l’Institut des Neurosciences de Montpellier
(INSERM U1051) et le CHRU Gui de Chauliac de Montpellier (Service des troubles de la voix
et de la déglutition).
L’objectif de ces Journées interdisciplinaires est de faire progresser les connaissances
fondamentales relatives à la communication parlée, dans le but de mieux comprendre,
évaluer, diagnostiquer et remédier aux troubles de la production et de la perception de la
parole, du langage et de la voix chez les sujets pathologiques, c’est pourquoi nous avons
tenu à ce qu’elles soient portées par des chercheurs en sciences du langage mais
également par des praticiens (ORL, phoniatres, audiologistes et orthophonistes)
s’intéressant tous aux questions liées aux pathologies de la parole et du langage.
Dans ce contexte, les JPC représentent une opportunité pour les professionnels, les
chercheurs confirmés et les jeunes chercheurs de formations différentes de présenter des
résultats expérimentaux nouveaux et d’échanger des idées de diverses perspectives. De
cette manière ; les données sur la production et la perception de la parole chez le sujet
sain et chez le sujet pathologique peuvent être analysées de manière adéquate et des
modèles peuvent être développés, de sorte que les mécanismes qui gouvernent la
production et la perception de la parole puissent être mieux compris, et exploités
efficacement, en particulier dans le cadre d’applications cliniques.
Nous vous souhaitons un agréable séjour et de très belles Journées à Montpellier !
Le Comité d’Organisation
PROGRAMME
Journée 1 - Lundi 29 Juin 2015
Matin
8h30
9h
9h30
10h30
10h50
Accueil des participants
Ouverture des 6ème Journées de Phonétique Clinique
Conférence invitée
Rudolph Sock – Université de Strasbourg, UR1339 LiLPa
La parole : une histoire de catégories sensori-motrices viables
Pause-café
Session orale 1 – Le larynx
Effort vocal, résistance et traumatisme laryngés en voix chuchotée
Yohann Meynadier & Antoine Giovanni
Un modèle simple du débit du flux d’air glottique interactif
Jean Schoentgen
Modification de la parole après laryngectomie partielle de Tucker : réduction de l'assimilation régressive de
voisement
Camille Galant, Aude Lagier, Laure Santini, Antoine Giovanni & Nicolas Fakhry
Approches phonétiques du reflux laryngopharyngé
Jérôme R Lechien, Kathy Huet, Veronique Delvaux, Myriam Piccaluga, Mohamad Khalife, Anne-Francoise Fourneau, Sven
Saussez & Bernard Harmegnies
Etude des différences de pression trans-glottique lors de la production de consonnes fricatives en
français. Comparaison entre voix modale, voix « claire » et voix forte
Anita El Hajj, Michel Pitermann, Thierry Legou, Yohann Meynadier & Antoine Giovanni
12h30
Déjeuner
Après-midi
14h
15h
16h
Conférence invité
Hugues Duffau - responsable du département de neurochirurgie au CHU de Montpellier
L'erreur de Broca: du localisationnisme à la connectomique
Session orale 2 – Parole de seniors
Évolution des capacités d’apprentissage phonétique entre 45 et 80 ans : une perspective lifespan
Clémence Verhaegen, Véronique Delvaux, Kathy Huet, Caroline Leclef, Myriam Piccaluga & Bernard Harmegnies
Augmentation de l'intensité vocale : comparaison des paramètres aérodynamiques entre patients
parkinsoniens et sujets sains
Danièle Robert
Apraxies manuelles et de la parole en voix parlée et voix chantée chez les personnes atteintes de la maladie
d’Alzheimer
Diane Caussade, Fanny Gaubert, Maud Sérieux, Nathalie Henrich-Bernardoni, Nathalie Vallée & Jean-Marc Colletta
Pause-Café
16h20
17h40
18h
Session orale 3 – Développement et trouble du langage
Les bases neurales du langage, un nouvel éclairage apporté par la cartographe cérébrale
peropératoire
Sylvie Moritz-Gasser
Production de parole chez l’enfant de 4 ans : données articulatoires et modélisation biomécanique
de la langue, pistes et applications pour la rééducation orthophonique
Guillaume Barbier, Pascal Perrier, Lucie Ménard, Yohan Payan, Louis-Jean Boë & Guillaume Captier
Dyslexie : La pause, indice de planification syntaxique en narration
Muriel Lalain, Robert Espesser, Alain Ghio & Luciana Mendonca-Alves
L’entraînement audio-visuel pour les enfants dyslexiques avec un trouble du traitement auditif
Diana Guillemard, Marie-Thérèse Le Normand, Evelyne Veuillet, Alexandre Louys & Hung Thai-Van
Fin de la 1ère journée
Visite de la Faculté historique de médecine de Montpellier et de son célèbre Musée
d’Anatomie
Attention : cette visite est strictement interdite aux femmes enceintes et déconseillée aux
âmes sensibles
Journée 2 – Mardi 30 Juin 2015
Matin
9h
10h40
11h
12h20
Session orale 4 – La dysarthrie
Traitement automatique de la parole dysarthrique: Étude de la variabilité inter-pathologique
Imed Laaridh, Corinne Fredouille & Christine Meunier
Caractérisation des altérations rythmiques dans la parole de patients dysarthriques français
Cécile Fougeron & Claire Pillot-Loiseau
Localisation ciblée des réductions phonétiques dans la dysarthrie
Christine Meunier, Aurélie Dolcemascolo, Mathilde Faure & Laurianne Georgeton
La parole spontanée chez des locuteurs dysarthriques: organisation temporelle et débit de parole
Laurianne Georgeton & Christine Meunier
Adaptation en français du test d’intelligibilité de la version révisée du « Frenchay Dysarthria
Assessment » (FDA-2)
Laurence Giusti, Emilie Blanc, Alain Ghio & Serge Pinto
Pause-café
Session orale 5 – Phonétique et remédiation
Retour articulatoire visuel pour la rééducation orthophonique : approches basées sur l’échographie
linguale augmentée
Diandra Fabre, Thomas Hueber, Mélanie Canault, Nathalie Bedoin & Pierre Badin
Bilan orthophonique en neuroimagerie pour l’évaluation de la production du langage oral chez des
patients aphasiques : mise en place auprès d’une population de sujets sains
Audrey Acher, Diandra Fabre, Thomas Hueber, Olivier Detante, Emilie Cousin, Cédric Pichat, Pierre Badin &
Monica Baciu
Comparaison visuelle, perceptive et acoustique de la réhabilitation
Nicolas Héloire, Elise Khoury, Marion Dehurtevent, Didier Maurice & Lise Crevier-Buchman
Champ de pression en amont d’une constriction du tractus vocal durant la production d’exercices
vocaux
Benoit Amy de La Bretèque, Nathalie Henrich, Thierry Legou & Antoine Giovanni
Déjeuner
7
Après-midi
14h
15h30
15h50
17h30
19h00
20h
Session posters
Pause-café
Session orale 6 – La voix et ses troubles
Modifications acoustiques de la voix d’enseignantes au cours de la journée et de l’année scolaire
Angélique Remacle, Caire David, Caroline Petillon & Maëva Garnier
Analyse acoustique et aérodynamique de la voix d'enfants euphoniques : particularités du seuil de
pression phonatoire
Jennifer Gasparoux, Mylène Satgé, Dr Benoît Amy de la Bretèque, Pr Renaud Garrel
Simulation numérique de vidéo-kymogrammes de voix non modales
Jean Schoentgen
Morphing vocal et sensibilité perceptive de la dysphonie
Joana Revis, Pascal Belin & Sophie Dufour
Étude rétrospective longitudinale perceptive et acoustique des voix de substitutions après laryngectomie
partielle
Emeline Roques, Nicolas Audibert & Lise Crevier Buchman
Conférence invitée
Renaud Garrel – responsable du service ORL du CHRU de Montpellier
La phonochirurgie : concepts et applications pratiques
Départ en Bus 19h00 pour le Restaurant Le Spot, Plage des Aresquiers, Frontignan.
Repas de Gala
Journée 3 – Mercredi 1er Juillet 2015
Matin
9h30
10h30
10h50
11h50
12h00
Conférence invité
Jean-Luc Puel - Institut des Neurosciences de Montpellier-Inserm U1051, Université de
Montpellier
J'entends mais je ne comprends pas ... pourquoi?
Pause-café
Session orale 7 – Troubles de l’audition
Codage neuronal des vocalisations dans le nerf auditif
Jérôme Bourien
Segmentation des séquences ambiguës à cause de l'élision chez des adultes implantés cochléaires
Anahita Basirat & Fanny Heurtebise
Perception des voyelles nasales par les adultes devenus sourds implantés cochléaires
Stéphanie Borel, Olivier Sterkers & Jacqueline Vaissière
Mot de clôture des 6ème Journées de Phonétique Clinique & Remise du Prix du Meilleur
Poster
Déjeuner
***
8
Conférences invitées
9
Lundi 29 juin à 9h30
***
La parole : une histoire de catégories sensori-motrices viables
Pr. Rudolph Sock [et alii]1, 2
1
Université de Strasbourg – UNISTRA, E.A. 1339 Linguistique, Langues et Parole LiLPa
Institut de Phonétique de Strasbourg & 2Université Pavla Jozefa Safarika, Faculté des Lettres Košice,
Slovaquie
L’objectif principal de nos recherches collaboratives est de démontrer l’existence de relations sensori-motrices
en parole, en tentant de mettre au jour une relation systématique et forte entre, d’une part, certains événements
articulatoires, cinématiques et acoustiques qui apparaissent dans les phases anticipatoires et rétentrices d’un
geste linguistique. D’autre part, et comme semblent le suggérer certains de nos résultats, les efficiences
auditives et visuelles de ces événements spécifiques permettent de renforcer l’idée de l’existence d’un
couplage étroit entre le niveau articulatoire ou moteur, le niveau acoustique et le niveau sensoriel, que celui-ci
soit auditif, visuel ou audio-visuel. On constate par ailleurs la dégradation de ces relations sensori-motrices
dans le cas de la parole pathologique. Nous tâcherons, en outre, de montrer que le comportement perceptif des
auditeurs est calé sur ces événements articulatoires et acoustiques.
On retrouve ici la notion de l'action guidée par la perception, compatible avec une théorie que nous avons
appelée « La Théorie de la Viabilité en Production-Perception de la Parole », où des propriétés sensorimotrices d’une langue émergeraient grâce à une histoire viable de couplage entre le niveau de la production et
celui de la perception.
Lundi 29 juin à 14h
***
L’erreur de Broca : du localisationnisme à la connectomique
Pr. Hugues Duffau
Département de Neurochirurgie - CHRU de Montpellier
Institut des Neurosciences de Montpellier (IMN)
Université de Montpellier
Pendant plus d'un siècle, il a été clamé que le fonctionnement du cerveau humain était rigide, à savoir avec
une zone spécifique correspondant à une fonction précise (par exemple, la parole au sein du lobe frontal
gauche, aire dite de "Broca"). Cette vision "localisationniste" était source de limitation pour la chirurgie
cérébrale, puisque l'ablation d'une lésion dans une zone a priori "cruciale" allait, selon ce dogme,
inéluctablement déboucher sur des séquelles. Les avancées méthodologiques et conceptuelles actuelles ont
permis de proposer une organisation dynamique du cerveau, constituée en réseaux complexes,
interconnectés et capables de se compenser (du moins dans une certaine mesure) au fur et à mesure du
vieillissement mais aussi en cas de pathologie cérébrale. En effet, il est désormais possible de réaliser de
véritables "cartes de la fonction" chez chaque individu, à la fois grâce à l'essor de l'imagerie fonctionnelle
non-invasive, ainsi qu'en pratiquant les interventions cérébrales sous anesthésie locale pour les patients
porteurs de tumeur. Cet éveil tout au long de la chirurgie permet ainsi d'identifier les "nœuds" et les
"câbles" essentiels pour chaque fonction afin de les préserver et ainsi éviter des complications
neurologiques. L'interaction étroite entre le patient, l'équipe neurochirurgicale et les
neuropsychologues/orthophonistes débouche sur une cartographie des réseaux pour le mouvement, la
sensibilité, la vision, le langage, les fonctions cognitives, et même le comportement (mentalisation,
émotion, etc...). La chirurgie éveillée nous a enseigné que les cerveaux humains étaient organisés de façons
différentes d'un patient à l'autre, et que ce fonctionnement en réseaux parallèles distribués permettait une
modification de la carte individuelle (chez le même patient) au cours du temps. Il s'agit du phénomène de
"plasticité cérébrale", qui rompt définitivement avec le principe d'une organisation figée. Une telle vision
"connexionniste" a d'importantes implications en neurosciences, puisqu'elle remet en question les modèles
classiques de la cognition, notamment le schéma du langage. De plus, cette connaissance a changé la
conception de la chirurgie cérébrale, en particulier dans le cadre des tumeurs. Il est désormais possible
d'opérer dans des zones classiquement considérées comme intouchables avec un risque minime d'engendrer
une aggravation, tout en augmentant significativement l'étendue de l'excision tumorale - et donc en
améliorant à la fois l'espérance de vie des patients ainsi que leur qualité de vie. La neurochirurgie va ainsi
évoluer vers une "chirurgie des réseaux neuronaux", avec des perspectives thérapeutiques innovantes. Les
interactions vont de fait se renforcer entre la recherche fondamentale en neurosciences et les implications
cliniques - non seulement en neurochirurgie, mais également en neurologie, neuro-réhabilitation et
psychiatrie.
Mardi 30 juin à 17h30
***
La phonochirurgie : concepts et applications pratiques
Pr. Renaud Garrel
Professeur des Universités-Praticien Hospitalier
Département ORL et Chirurgie Cervico Faciale
Responsable d'Unité de Cancérologie Tête et Cou - Laryngologie
Responsable de la Structure Interne d'Hospitalisation
Pôle Hospitalo-universitaire Neurosciences Tête et Cou - CHRU Montpellier
Directeur du Département Universitaire d'Orthophonie
Le larynx, en tant qu’organe effecteur de la phonation est parfois le siège d’anomalie de production vocale.
Cette dysphonie peut être améliorée par une intervention de rééducation et ou de chirurgie. L’analyse
préalable et la compréhension du trouble sont nécessaires pour la prise en charge thérapeutique. Les modèles
de production de la voix ont évolué des modèles harmoniques à masse et à ressort vers des modèles de tubes
collabables, fonctionnant selon un principe d’oscillations à relaxation. Dans cette approche, les cordes
vocales forment un ensemble fonctionnellement indissociable. Les anomalies glottiques doivent alors être
envisagées dans leur ensemble. L’approche chirurgicale est souvent bilatérale dans des pathologies
dysfonctionnelles comme les polypes, les kystes et autres anomalies congénitales. Dans les paralysies
laryngales la restauration d’une fermeture efficace en phonation selon des techniques de modélisation de la
corde vocale paralysée permet une amélioration significative de la fonction vibratoire du larynx. L’évolution
des concepts de modélisation de la vibration des cordes vocales sera abordée ainsi que les implications
thérapeutiques qui en découlent.
Mardi 1er juillet à 9h30
***
J'entends mais je ne comprends pas ... pourquoi?
Jean-Luc Puel
Institut des Neurosciences de Montpellier-Inserm U1051 / Equipe « Surdités, Acouphènes et thérapies »
Université de Montpellier
Une série de travaux récents montre que les tests cliniques d’exploration fonctionnelle de l’audition manquent
de sensibilité diagnostique. Par exemple, les seuils auditifs mesurés avec la technique des potentiels évoqués
auditifs précoces peuvent être absolument normaux malgré la perte de 50% de fibres dans le nerf auditif. Ce
type de surdité appelée « hidden hearing loss » se caractérise chez le patient par une audiométrie tonale dans
le silence normale associée à de sévères difficultés de compréhension dans un environnement bruyant. Pour
dépister cette nouvelle forme de surdité qui peut survenir après une surexposition sonore par exemple, il est
important de développer de nouveaux tests auditifs. L’objet de cette présentation est de présenter les tests
actuellement en développement à l’Institut des Neurosciences de Montpellier et dans le service ORL du CHU
Gui de Chauliac de Montpellier.
Sessions orales
SESSION ORALE 1 – LE LARYNX
***
Effort vocal, résistance et traumatisme laryngés en voix chuchotée
Yohann Meynadier & Antoine Giovanni
Aix Marseille Université, CNRS, LPL UMR 7309, 13100, Aix-en-Provence, France
Cliniquement, la voix chuchotée est soit la conséquence de pathologies touchant le vibrateur laryngé
(laryngite, dysphonie, paralysie laryngée), soit une phonation supplétive à la voix modale utilisée en
rééducation orthophonique, notamment après chirurgie laryngée. Cependant, le chuchotement est (1) parfois
prescrit, (2) parfois proscrit par les cliniciens et les orthophonistes (Crevier-Buchman 2012).
(1) Cette
activité pneumo-phonatoire et articulatoire de faible tension favoriserait la récupération
physiologique du larynx.
(2) Cette phonation
de faible énergie acoustique pourrait conduire le sujet
à un comportement hypophonique et hypoarticulatoire récurrent, dommageable à la rééducation
orthophonique de l’intelligibilité de la parole (Babin et al. 2005) ;
(ii) ou au contraire à un comportement risqué d’effort, voire de forçage, vocal pour maintenir une
communication intelligible à distance (Rubin et al. 2006, Klein-Dallant 2006, Grosdemange &
Malingrëy 2010).
(i)
Les mesures aérodynamiques permettent d’étudier le niveau physiologique de production de l’effort vocal
dans différentes conditions de phonation et d’intensité vocale. Ainsi, les pressions (hPa) sous- (Psg) et
supraglottiques (Pio) et le débit d’air buccal (Oaf en l/s) de fricatives voisées [v z ʒ] et sourdes [f s ʃ] ont été
simultanément enregistrées avec la station EVA (Ghio & Teston 2004) en phonation modale (mod),
chuchotée
‘douce’ (chu) et chuchotée forcée (chF). L’absence de vibration laryngée en chuchoté a été vérifiée sur le
signal EGG. Alternativement dans ces 3 conditions, un sujet sain a lu 5 fois une liste de 6 logatomes
/eC1eC2e/, où C1 et C2 s’opposent par le seul trait de voisement : [eseze], [evefe]… L’amplitude de Psg, Pio
et Oaf a été mesurée au pic de Pio de la consonne, puis les indices de résistance glottique (Rglo = ΔPsgPio/Oaf) et supraglottique (Rsup = Pio/Oaf) calculés (en hPa/l/s).
Différences significatives (valeurs en italique ; moyennes croissantes de droite à gauche ; ‘ >’ :
pour p < 0,05 ; ‘ >>’ pour p < 0,0001) entre phonations à chaque niveaux de production.
Les résultats (ci-dessus) montrent que l’effort vocal significativement croissant de la voix chuchotée ‘douce’
à modale et à chuchotée forcée est bien soutenu par un effort expiratoire sous-glottique (Psg), en lien avec
l’intensité vocale ciblée (Lagier et al. 2010). L’effort vocal particulier à la parole chuchotée forcée se
distingue également par une pression (Pio) et une résistance (Rsup) supraglottiques beaucoup plus
importantes. Par contre, chuchotement ‘doux’ et voix modale ne montrent pas réellement de différences
systématiques de ce point de vue. Le plus intéressant reste le fait que l’effort vocal ne se traduit pas par une
résistance glottique significativement différente. En effet, la seule distinction significative en termes de degré
de constriction laryngée (estimé par Rglo) concerne le geste d’abduction particulier aux fricatives voisées en
phonation modale. L’effort vocal ne semble pas spécifiquement supporté par une constriction laryngée plus
résistante à l’air en voix chuchotée, forcée ou non. Elle ne présenterait donc pas nécessairement le risque
traumatique d’hypertension laryngée reporté par Rubin et al. (2006).
Références
Babin, E., Lemarchand, V., Comoz, F.& E. Edy (2005). Laryngites chroniques de l’adulte. EMC Otorhinolaryngologies, 2(4), 420-431.
Crevier-Buchman, L. (2012). Phonétique clinique. Contribution à la compréhension de la parole normale
et pathologique. Université d’Aix-Marseille : Thèse HDR.
Grosdemange, M. & M. Malingrëy (2010). Prise en charge du patient ayant subi une laryngectomie
totale : élaboration d’un guide à l’usage des orthophonistes libéraux. Faculté de Médecine de Nancy :
mémoire d’orthophonie.
Ghio, A., Teston, B. 2004. Evaluation of the acoustic and aerodynamic constraints of a pneumotachograph
for speech and voice studies. Proc. 4th Int. Conf. on Voice Physiology and Biomechanics Marseille, 55–58.
Klein-Dallant, C. (2006). Voix parlée et chantée. Avray: Klein-Dallant.
Lagier, A., Vaugoyeau, M., Legou, T., Ghio, A., Amy de la Bretèque, B., Assaiante, C. & A. Giovanni
(2010). Études expérimentales préliminaires de la voix chuchotée : pression sous-glottique et étude
posturale. Revue de Laryngologie, Otolaryngologie et Rhinolaryngologie, 131(1),1–4.
Rubin, A. D., Praneetvatakul, V., Gherson, S., Moyer, C. A. & R. T. Sataloff (2006). Laryngeal hyperfunction
during whispering: Reality or myth? Journal of Voice, 20(1), 121–127.
21
Un modèle simple du débit du flux d’air glottique interactif
Jean Schoentgen
Laboratoire de Phonologie
Université Libre de Bruxelles
Le contexte de la soumission est la synthèse numérique des troubles de la voix. L’objet est le développement
d’un modèle quasi-algébrique du débit du flux d’air à la glotte qui inclut l’effet de la charge présentée par le
conduit vocal. Le modèle initial a été proposé par Rothenberg [2]. Il a été étudié plus en détail par Titze [3] et
il fait partie d’une famille plus large de modèles qui a été étudiée par Fant [1]. Son intérêt putatif pour la
synthèse numérique de la voix réside dans la possibilité d’obtenir le débit du flux d’air à la glotte, interaction
entre source et conduit vocal incluse, sans faire appel à un modèle de la propagation de l’onde acoustique dans
le conduit vocal. Un synthétiseur à formants ou un autre modèle de la fonction de transfert du conduit vocal
suffisent.
En pratique, ces modèles ont un intérêt limité pour la synthèse numérique car ils prennent la forme
d’équations différentielles qui sont délicates à résoudre numériquement et qui ne permettent pas d’obtenir des
solutions pour la glotte fermée. Ces difficultés causent des instabilités numériques incontrôlables qui sont
inacceptables, même sans débordement numérique, car toute fluctuation parasite risque d’être audible.
Nous proposons une solution approximative quasi-algébrique qui permet de calculer le débit du flux d’air
glottique à partir de la morphologie de la glotte et de la pression pulmonaire ainsi que de l’impédance d’entrée
de la trachée et du conduit vocal. L’impédance comporte des termes résistifs et inertifs. La solution
approximative repose sur l’observation que le modèle proposé par Rothenberg est identique à une équation
dite de Riccati qui désigne une famille d’équations différentielles non-linéaires qui admettent des solutions
analytiques formelles. Celles-ci suggèrent que le débit du flux d’air glottique est équivalent à une somme de
deux termes. Le premier terme est le débit sans la charge inertive. Le calcul de ce terme ne nécessite pas la
solution d’une équation différentielle. Le deuxième est un terme correctif impliquant les charges inertives qui
est petit par rapport au premier. Sa petitesse suggère qu’un calcul approximatif est acceptable.
L’approximation consiste à remplacer la dérivée du débit total qui est inconnue par la dérivée du premier
terme qui a été obtenu précédemment. Cette substitution permet d’obtenir une approximation du débit total
sans résoudre une équation différentielle.
La présentation examine la simulation numérique de plusieurs qualités de voix à l’aide du flux d’air glottique
interactif ainsi calculé à partir d’un modèle morphologique de la glotte. Une analyse dimensionnelle et une
analyse des cas limites confirment que la solution est physiologiquement plausible. La solution, quoique très
simple, explique l’allure générale du signal de source glottique ainsi que le rôle joué par la section droite de
l’épi-larynx dans la production de voix brillantes en présence de pressions pulmonaires et tensions des plis
vocaux modérées.
[1] T.V. ANANTHAPADMANABHA et G. FANT, Calculation of the true glottal flow and its components,
Speech Communication, 1, 1982, 167-184
[2] M. ROTHENBERG, An interactive model for the voice source, STL-QPSR, 22, 4, 1981, 001-017
[3] I. R. TITZE, The myoelastic aerodynamic theory of phonation, The National Center for Voice
and Speech, 2006
22
Modification de la parole après laryngectomie partielle de Tucker :
réduction de l'assimilation régressive de voisement
Camille Galant, Aude Lagier, Laure Santini, Antoine Giovanni & Nicolas Fakhry
Laboratoire Parole et Langage UMR 6057 CNRS et Université de Provence
Introduction : Nous avons recours à la laryngectomie frontale antérieure reconstructrice (LFAR) dites de
Tucker pour réaliser l’exérèse complète d’une tumeur laryngée tout en préservant les principales fonctions du
larynx (phonation, respiration, déglutition). Les laryngectomies partielles engendrent une dysphonie moyenne
à sévère qui a fait l’objet de nombreuses études. Ainsi Crevier a démontré une modification du tractus vocal et
des formants induite par la chirurgie. Cependant l’étude de la parole n’a pas fait, à notre connaissance, l’objet
de nombreuses études, particulièrement en français. Le but de notre étude était donc une analyse acoustique de
l’assimilation régressive de voisement après laryngectomie partielle de Tucker.
Matériel et Méthode : 11 patients (LP) ayant eu une laryngectomie partielle ont été enregistrés et comparés à
10 sujets sains appariés en sexe et en âge. Nous avons mesuré l’assimilation régressive de voisement avec
trois indices : le taux de voisement et la durée de la consonne assimilée et la durée de la voyelle préconsonantique. Les patients ont été enregistrés à débit de parole spontané et accéléré.
Résultats : L’analyse statistiques retrouve une modification significative du taux de voisement de la consonne
assimilée chez les sujets sains (p<0,05) et chez les patients (p<0,05) à débit de parole accéléré. La durée de la
voyelle pré-consonantique est significativement modifiée chez les sujets sains seulement en contexte
d’assimilation (p<0,05). La durée de la consonne ne s’est pas significativement modifiée à la fois pour les
sujets sains et les patients.
Discussion : Le corpus permet la mise en évidence du phénomène d’ARV chez les sujets sains. Chez les
patients seule l’accélération du débit de parole permet l’identification de l’ARV.
Conclusion : L’ARV semble diminuée chez les patients après laryngectomie partielle de Tucker.
L’accélération du débit de parole permet sa ré-apparition. La laryngectomie partielle engendre un
ralentissement et des saccades du débit de parole responsables de la disparition de l’ARV.
23
Approches phonétiques du reflux laryngopharyngé
Lechien Jérôme, Huet Kathy, Delvaux Véronique, Piccaluga Myriam, Khalife Mohamad, Fourneau AnneFrancoise, Saussez Sven#, Harmegnies Bernard#
Métrologie et Sciences du Langage
Université de Mons
Notre travail propose une réflexion méthodologique sur l’impact du choix de l’intervalle temporel du signal de
parole (la plupart du temps extrait d’un [a] tenu) soumis à l’analyse acoustique dans l’étude de pathologies
menant à un handicap communicationnel. En effet, aucun consensus n’existe actuellement dans la littérature
quant à la méthode la plus adéquate à utiliser afin de sélectionner le segment de signal qui fera l’objet de
l’analyse (quelle partie du signal ? à quel endroit de la production ? de quelle durée doit être l’échantillon
prélevé pour analyse ?) (Kent, 2003; Maryn, 2009), alors que ces choix pourraient potentiellement influencer
les résultats obtenus. Notre analyse méthodologique a pour cadre une étude centrée sur les modifications du
signal vocal (avant et après traitement médical) dans une population de patients atteints de reflux
laryngopharyngé (RLP), modifications évaluées par le biais d’évaluations subjectives et d’une approche
acoustique objective. Au terme de cette analyse, nous avons développé une approche statistique originale via
l’élaboration d’un coefficient d’informativité permettant des analyses acoustiques à vocation inférentielle à
l’échelle individuelle. Pour cette étude, 21 patients souffrant de RLP ont été recrutés et traités par mesures
hygiénodiététiques couplées à la prise de pantoprazole 20 mg, deux fois par jour pendant 3 mois. Des autoévaluations (VHI, RSI (Reflux Symptom Index)) et des hétéro-évaluations (RFS (Reflux Finding Score),
GRBASI) subjectives ont été effectuées au moment du diagnostic initial et après 3 mois de traitement, ainsi
que l’évaluation objective de différents paramètres acoustiques (via le logiciel MDVP®) mesurés en
sélectionnant divers intervalles temporels d’une voyelle orale tenue [a]. Afin d'étudier l’impact de la durée de
l’intervalle temporel sur les mesures des paramètres acoustiques, cinq intervalles (1s à 5s) ont été sélectionnés
dans la partie la plus stable de la voyelle, définie comme la partie caractérisée par les valeurs de jitter,
shimmer et NHR les plus faibles.
Globalement, une amélioration clinique significative sur le plan symptomatique (RSI), sémiologique (RFS) et
vocale (VHI et GRBASI) a été observée après la période de traitement (p <.05), malgré la présence de
variabilité inter-individuelle. Lorsque l’analyse acoustique porte sur l’intervalle temporel le plus stable d’une
durée de 1s, divers indices acoustiques (jitter, percent jitter, RAP, PPQ, vF0, shimmer, percent shimmer, et
APQ) s’améliorent significativement après 3 mois de traitement (p <.05). Pour certains indices (vF0, jitter,
PPQ), l’amélioration significative est constatée quelle que soit la durée de l’intervalle temporel analysé, mais
pour la majorité d'entre eux le degré de significativité varie en fonction de l’intervalle temporel choisi.
Dès lors, nous avons élaboré un coefficient d’informativité pour chaque indice acoustique, calculé sur
l’ensemble des productions des patients. Ce coefficient correspond au rapport entre le nombre de patients
guéris cliniquement (RSI et RFS) présentant une amélioration significative de l’indice acoustique étudié, et le
nombre total de sujets guéris sur le plan clinique. Il peut donc être vu comme un indicateur de la sensibilité de
l’indice acoustique dans le cas de la pathologie étudiée. Pour notre étude, l’analyse de ce coefficient indique
que les indices acoustiques mesurant la perturbation de la F0 à court terme (jitter, percent jitter, et PPQ) sont
les indices les plus sensibles à l’amélioration du signal acoustique après traitement, avec un coefficient
d’informativité supérieur à 75%.
Références
Kent RD, Vorperian HK, Kent JF, Duffy JR. Voice dysfunction in dysarthria: application of the Multi-Dimensional
Voice Program. J Commun Disord. 2003 ; 36(4):281-306.
Maryn Y, Roy N, De Bodt M, Van Cauwenberge P, Corthals P. Acoustic measurement of overall voice quality: a metaanalysis. J Acoust Soc Am. 2009 ; 126(5):2619-34.
Les auteurs ont contribué de façon égale à l’encadrement du travail
24
Etude des corrélats aérodynamiques de l’effort vocal :
étude expérimentale de la production des consonnes fricatives par un locuteur normal francophone
Anita El Hajj, Michel Pitermann, Yohann Meynadier, Antoine Giovanni
Laboratoire Parole et Langage UMR 6057 CNRS & Université de Provence
L’effort vocal dans la parole a été étudié lors de la production de voyelles notamment sous l’angle de
l’élévation de la pression sous-glottique (PSG) et de la Résistance Laryngée (RL=PSG divisée par le débit
d’air phonatoire DAB) [1] [2]. Mais peu d’études ont été consacrées à l’étude des mêmes phénomènes lors de
la réalisation des consonnes qui sont pourtant des éléments clés de l’intelligibilité (voir notamment [3]). Notre
objectif général est de vérifier que, lors de la réalisation d’un effort vocal, au moins chez les sujets normaux, il
existe également une élévation de la résistance de l’articulateur caractéristique de la consonne. Pour des
raisons pratiques, nous avons choisi de réaliser une étude de faisabilité concernant les consonnes fricatives
(/f/, /v/) dans lesquelles il existe un débit d’air constant, d’une part, et une constriction très antérieure d’autre
part [4].Nous avons utilisé le principe de la mesure directe de la pression sous-glottique, de la pression intraorale et du débit d’air phonatoire avec l’appareillage EVA. Nous avons étudié sur le même locuteur, 6
productions successives d’une série de non mots incluant le contraste /f/-/v/ dans 12 contextes vocaliques
différents et dans 4 modalités de parole caractérisées par un effort vocal croissant. Nous avons demandé au
sujet d’être lui même le juge de la réalisation correcte de la consigne pour ces modalités de parole. Pour la
parole au seuil, nous lui avons demandé l’intensité la plus basse possible, pour la voix confortable, nous lui
avons demandé l’intensité spontanée qui ne lui demandait pas d’effort, pour la parole « claire », nous lui
avons demandé de penser à une dictée, pour la parole forte, nous lui avons demandé d’imaginer un auditeur
situé à 4 mètres. Les productions étaient demandées de façon aléatoire. Notre hypothèse était qu’il existe, en
voix forte et en voix claire une augmentation de la résistance de l’articulateur considéré c’est-à-dire les lèvres
pour la consonne sourde /f/ et dans une moindre mesure pour la consonne voisée /v/ (du fait d’une perte de
charge au niveau glottique en raison du voisement). Nos résultats sont parfaitement cohérents:
- pour la consonne sourde /f/, les valeurs de la résistance aux lèvres sont parfaitement cohérentes 13,67
cm3/hPa pour la voix au seuil, 17,75 pour la voix confortable, 27,61 pour la voix claire et 35,62 pour la voix
forte. Toutes les différences sont significatives deux à deux (avec p<0,01). Par ailleurs nous avons retrouvé
également des différences significatives des valeurs de différence de pression (PSG-PIO) retrouvées pour les
différents modes de parole sont 3,63 hPa pour la voix au seuil, 4,19 pour la voix confortable, 7,14 pour la voix
claire et 16,87 pour la voix forte. Les autres résultats seront donnés lors de la communication.
- nous avons également étudié, dans les consonnes sourdes, la corrélation entre les mesures de PIO et de PSG
dans le but de déterminer une méthode indirecte d’estimation de la pression sous glottique analogue à la
méthode dite des /papapa/ mais laissant plus de place à l’étude de l’articulation de la parole. Cette corrélation
est excellente avec un coefficient de détermination supérieur à 0.92.
Ces résultats démontrent que l’utilisation d’une voix « claire » qui a pour objectif d’améliorer l’intelligibilité
repose sur un fonctionnement plus couteux en énergie que la voix confortable aussi bien en ce qui concerne
les voyelles que les consonnes. Ces résultats préliminaires devront être confirmés par des études sur différents
sujets normaux et pathologiques. Mais ils confirment que l’effort vocal doit être intégré dans une conception
unifiée de la production de parole incluant des voyelles et des consonnes et non pas considéré uniquement au
niveau du fonctionnement glottique.
Références
[1] Hertegard S., Gauffin, J., and Lindestad, P. (1995). A Comparison of Subglottal and Intraoral Pressure
Measurments during Phonation. J. Voice 9, 149-155
25
[2] Grillo, E. U. & Verdolini, K. (2006). Evidence for Distinguishing Pressed, Normal, Resonant, and
Breathy Voice Qualities by Laryngeal Resistance and Vocal Efficiency in Vocally Trained Subjects. J. Voice,
22(5), 546-552.
[3] Garnier M. (2007). Communiquer en environnement bruyant : de l’adaptation jusqu’au forçage vocal.
Linguistics. Université Pierre et Marie Curie - Paris VI.
[4] Amy de la Bretèque (2014). L'aérodynamique de la voix: à propos des exercices de rééducation avec
constriction du tractus vocal. Projet de thèse en Sciences du langage – linguistique, Aix Marseille Université.
[5]Smitheran, J. R. & Hixob, T. J. (1981). A clinical method for estimating laryngeal airway resistance during
production. J. Speech. Hear. Disord., 46(2), 138-146.
26
SESSION ORALE 2 – PAROLE DE SENIORS
***
Évolution des capacités d’apprentissage phonétique entre 45 et 80 ans : une perspective lifespan
Clémence Verhaegen1, Véronique Delvaux1, Kathy Huet1, Caroline Leclef1, Myriam Piccaluga1, Bernard
Harmegnies1
1
Laboratoire de Phonétique & Institut de Recherche en Sciences et Technologies du Langage,
Université de Liège, Belgique
Notre projet investigue les mécanismes cognitifs liés à la production et à la perception de la parole dans une
perspective "lifespan" (Baltes, Staudinger & Lindenberger, 1999). Plus précisément, nous étudions l’évolution
avec l’âge des capacités d’apprentissage phonétique chez des participants sains francophones âgés de 45 à 80
ans, en évaluant leur aptitude à produire et percevoir des variantes non familières en langue française (ici, une
occlusive initiale non voisée avec un VOT positif long). Les résultats obtenus permettront d'établir une ligne
de base en vue d'étudier ultérieurement ces mécanismes chez des personnes présentant des troubles de la
parole à étiologie cérébrale. Dans des études antérieures (Delvaux, Huet, Piccaluga, & Harmegnies, 2013 ;
Delvaux et al., 2014), les capacités d’apprentissage phonétique de participants âgés de 55 à 80 ans (14
hommes et 13 femmes), de langue maternelle française et ne rapportant pas d’antécédent d’atteinte
neurologique, neuropsychologique ou langagière ont été évaluées. Les auteurs ont proposé des tâches de
perception (discrimination AX) et de reproduction (répétition la plus fidèle possible) de pseudo-mots CV dont
le VOT variait entre 20 ms (typique du français) et 100 ms (VOT extra-long: Cho & Ladefoged, 1999). Les
résultats ont montré la présence d’un potentiel d’apprentissage phonétique chez les participants. Cependant,
les performances restaient modérées et étaient influencées par d’autres variables liées aux participants, dont
les pertes auditives (non déclarées, mais mises en évidence à l’aide d’un test d’audiométrie tonale aérienne),
en partie liées à l’âge des sujets. Dans la présente étude, actuellement en cours de recueil de données, nous
présentons le même paradigme expérimental que celui décrit ci-dessus à 20 participants non pathologiques,
âgés de 45 à 55 ans, de langue maternelle française et avec une perte auditive maximale de 40 dB (surdité
légère), mesurée en audiométrie tonale aérienne, ce qui permet de limiter l’effet parasite potentiel des troubles
auditifs (liés ou non à l’âge) sur les performances des participants. Ces résultats, combinés à ceux recueillis
auprès de participants âgés de 55 à 80 ans dans les études antérieures (Delvaux et al., 2013, 2014) nous
permettront d’observer l’évolution avec l’âge des capacités d’apprentissage phonétique, inscrivant dès lors
cette étude dans le débat plus large relatif au déclin potentiel lié à l’âge des 2 mécanismes cognitifs impliqués
dans la perception et la production du langage (e.g., Burke, MacKay, & James, 2000).
Références
Baltes, P.B., Staudinger U.M. & Lindenberger, U. (1999). Lifespan psychology: Theory and application to
intellectual functioning. Annual Review of Psychology, 50, 471-507.
Burke, D. M., MacKay, D. G., & James, L. E. (2000). Theoretical approaches to language and aging. In T.
Perfect & E. Maylor (Éds.), Models of cognitive aging (pp. 204-237). Oxford, U.K.: Oxford University Press.
Cho, T. & Ladefoged, P. (1999). Variation and universals in VOT: Evidence from 18 languages. Journal of
Phonetics, 27, 207-229.
Delvaux V., Cano-Chervel J., Huet K., Leclef C., Piccaluga M., Verhaegen C., & Harmegnies B. (2014).
Capacités d’apprentissage phonétique et vieillissement [Abstract]. Congrès de l'Association Francophone de
Psychologie de la Santé (AFPSA), 209.
Delvaux V., Huet K., Piccaluga M., Harmegnies B. (2013). Capacité d'apprentissage phonique et troubles du
langage à étiologie cérébrale. In R. Sock, B. Vaxelaire & C. Fauth (Éds.), Travaux en phonétique clinique,
Collection Recherches en PArole, CIPA (pp. 257-270). Mons : Éditions du CIPA.
Augmentation de l'intensité vocale :
comparaison des paramètres aérodynamiques entre patients parkinsoniens et sujets sains
Danièle Robert, Alain Ghio
Laboratoire Parole et Langage UMR 6057 CNRS et Université de Provence
L'hypophonie est le paramètre acoustique le plus souvent et le plus précocement perturbé dans la dysphonie
parkinsonienne. Pour y remédier, la méthode de rééducation orthophonique LSVT est largement employée.
Celle-ci vise par une rééducation intensive du mouvement d’adduction cordale en phonation, à diminuer
l’hypophonie. Avant de proposer une rééducation vocale de type LSVT, les cliniciens aimeraient savoir quels
sont les facteurs prédictifs de l’efficacité de cette méthode. On peut supposer que la capacité à augmenter
l’intensité vocale avant la rééducation est un de ces facteurs prédictifs. Le but de ce travail est de rechercher
si tous les patients peuvent augmenter leur intensité vocale et quels sont les mécanismes spontanés mis en
place par les patients parkinsoniens.
Matériel et méthodes : On a mesuré chez 27 patients masculins présentant une maladie de Parkinson
idiopathique (MPI) dysphoniques (14 patients jugés grade 1 et 13 patients jugés grade 2 en expression
spontanée) n’ayant pas eu de rééducation vocale, en phase « ON » et chez des sujets témoins masculins
appariés en âge, les paramètres acoustiques (Fo, intensité) et les paramètres et aérodynamiques (débit d'air
phonatoire, pression sous-glottique estimée, résistance laryngée) sur la réalisation de "papapa" à intensité
normale et à intensité forte. Les patients ont une durée moyenne d’évolution de leur maladie de 13 ans; 11
patients ont bénéficié d’une chirurgie de stimulation sous-thalamique, 16 n’ont pas été opérés.
Résultats : Les patients parkinsoniens ont une intensité plus faible que les sujets témoins en consigne voix
normale. L’intensité des patients parkinsoniens en consigne forte est significativement inférieure à celle des
sujets témoins mais les patients sont capables, comme les sujets témoins, d’augmenter de 10 dB leur intensité
en consigne d’intensité forte. La pression sous-glottique en consigne voix normale et voix forte et la variation
de pression sous-glottique entre les deux conditions sont significativement plus faibles chez les patients
parkinsoniens. Les débits d’air phonatoires sont plus faibles chez les patients parkinsoniens dans les deux
conditions, de façon significative en condition d’intensité normale. La variation de débit d’air phonatoire entre
les deux conditions est semblable chez les sujets parkinsoniens et les témoins. Les résistances laryngées sont
plus élevées chez les patients parkinsoniens dans les deux conditions, mais la variation de résistance entre les
deux conditions est plus faible chez les patients parkinsoniens. Les patients parkinsoniens ont des résultats très
dispersés avec un certain nombre de patients qui diminuent leur résistance laryngée quand ils augmentent
l’intensité vocale. Les sujets témoins semblent augmenter leur intensité en augmentant les débits d’air
phonatoires et en augmentant les résistances laryngées par le biais de la tension des cordes vocales ; la
variation de fréquence entre les deux consignes est significativement plus élevée chez les sujets témoins que
chez les patients parkinsoniens.
Discussion : Les résultats sont confrontés aux résultats de Ramig (1996), Jang (1999), au modèle de
Goberman et Coelho (2002), et aux travaux de Stathopoulos (2014).
Références
Ramig LO, Dromey C. Aerodynamic mechanisms underlying treatment-related changes in vocal intensity in
patients with Parkinson disease. J Speach Hear Res 1996; 39:798-807.
Jiang J, O’Mara T, Chen HJ and al. Aerodynamic measurements of patients with Parkinson’s disease. J Voice
1999;13:583-591.
Goberman AM, Coelho C. Acoustic analysis of parkinsonian speech I: speech characteristics and L-Dopa
therapy. NeuroRehabilitation. 2002; 17(3), 237–246.
Stathopoulos ET, Huber JE,Richardson K et al. Increased vocal intensity due to Lombard effect in speakers
with Parkinson’s disease: simultaneous laryngeal and respiratory strategies. J Communications Disord 2014;
48:1-17.
29
Apraxies manuelles et de la parole en voix parlée et voix chantée
chez les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer
Diane Caussade (1, 2)*, Fanny Gaubert (3), Maud Sérieux (3), Nathalie Henrich-Bernardoni (1), Nathalie
Vallée (1), Jean-Marc Colletta (2)
(1) GIPSA-lab (CNRS). Saint Martin d’Hères, France
(2) LIDILEM. Saint Martin d’Hères, France
(3) Centre de formation en orthophonie, ISTR, Université Claude Bernard Lyon 1, Lyon, France
Les études sur les troubles communicatifs des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer (MA) décrivent
des apraxies manuelles et de la parole (Rousseau, 2011). Dans ce contexte, et à partir d’une étude de cas pilote
(Caussade et al., 2013), nous proposons une exploration de ces troubles en faisant l’hypothèse qu’ils incluent
des apraxies gestuelle et de la parole concomitantes à différents degrés selon que la modalité vocale est parlée
ou chantée. Pour ce faire, nous proposons un protocole original composé de tâches de répétition de 4
comptines par modalité – à savoir voix parlée, voix chantée et lallation – de 6 phrases de 8 syllabes chacune.
La moitié des comptines en voix parlée et voix chantée est composée de gestes manuels iconiques et
déictiques imposés, et la moitié des comptines en lallation de gestes rythmiques imposés. Au préalable, nous
avons évalué les praxies de la parole grâce à l’épreuve de répétition du protocole MT86 (Joanette et al., 1998),
ainsi que les praxies gestuelles via la batterie brève d’évaluation des praxies gestuelles pour consultation
mémoire (BBEPG) (Mahieux-Laurent et al., 2009). Nous avons également adapté le logiciel MBLF afin de
faire le bilan de la motricité buccolinguofaciale (Gatignol & Lannadère, 2011). Ce protocole a été testé auprès
de 8 femmes francophones âgées de 62 à 81 ans : 4 sont atteintes de troubles neurocognitifs (TNC) légers
(19 < MMSE < 24) de la MA et 4 ne sont pas atteintes de TNC (29 < MMSE < 30). Les enregistrements ont
été effectués à l’aide de 2 caméscopes (1 de profil, 1 de face) au domicile des participantes afin d’avoir la
situation la plus écologique possible. Pour la parole, nous avons annoté les erreurs phonologiques via Praat© et
pour les gestes manuels nous avons analysé leur qualité d’exécution via ELAN©.
Les résultats obtenus aux tâches de répétition en voix parlée et voix chantée sont concordants avec les scores
obtenus à la MT86 et mettent en avant le fait que les patientes commettent significativement (p < 0.001) plus
d’erreurs que les contrôles au niveau des mots et notamment des phonèmes : des ajouts, et majoritairement des
substitutions et des omissions. En lallation, les patientes ont fait davantage d’erreurs d’omission que les
contrôles, nous observons également chez certaines patientes un phénomène de persévération. Les résultats
des patientes à la MBLF ont mis en évidence que leurs erreurs phonologiques n’étaient pas liées à une apraxie
buccolinguofaciale. Au niveau des gestes manuels, les résultats observés dans les tâches de répétition vont
dans le sens des scores obtenus à la BBEPG : les patientes font également plus d’erreurs que les contrôles,
surtout au niveau des gestes iconiques. Selon nos résultats, les troubles des personnes atteintes de la MA
incluent des apraxies manuelles et de la parole concomitantes. Chez les patientes nous observons un effet de
double tâche certainement dû à un trouble de l’attention partagée, en effet les patients font plus d’erreurs
phonologiques que les contrôles dans les tâches de répétition en voix chantée qu’en voix parlée, dans celles
avec gestes imposés que sans gestes imposés, et d’autant plus en voix chantée avec gestes imposés.
Références
CAUSSADE, D., VALLEE, V., HENRICH, N. et COLLETTA, J.-M. (2013). Coordination/synchronisation
gestes-voix dans la démence de type Alzheimer : un protocole expérimental original utilisant la parole et le
chant. Journées de Phonétique Clinique 2013, Lièges.
GATIGNOL, P. & LANNADERE, E. (2011). MBLF. Adeprio logiciels.
JOANETTE, Y., NESPOULOUS, J.-L. et ROCH LECOURS, A. (1998). MT 86 – Protocole MontréalToulouse d’examen linguistique de l’aphasie. Ortho Edition, Paris.
30
KALAFAT, M., HUGONOT-DIENER, L. & POITRENAUD, J. (2003). Standardisation et étalonnage
français du ‘Mini Mental State’ (MMS) version GRECO. Revue de Neuropsychologie, 13 (2) : 209-236.
MAHIEUX-LAURENT, F., FABRE, C., GALBRUN, E., DUBRULLE, A. et MORONI, C. (2009).
Validation d’une batterie brève d’évaluation des praxies gestuelles pour consultation mémoire. Evaluation
chez 419 témoins, 127 patients atteints de troubles cognitifs légers et 320 patients atteints d’une démence.
Revue neurologique, 65 : 560-567.
PARAKH, R., ROY, E., KOO, E. et BLACK, S. (2010). Pantomime and imitation in limb gestures in relation
to the severity of Alzheimer’s disease. Brain and Cognition, 55 : 272-274.
ROUSSEAU, T. (2011). Maladie d’Alzheimer et troubles de la communication. Elsevier-Masson, Issy-lesMoulineaux.
31
SESSION ORALE 3 – DEVELOPPEMENT ET TROUBLES DU LANGAGE
***
Les bases neurales du langage,
un nouvel éclairage apporté par la cartographe cérébrale peropératoire
Sylvie Moritz-Gasser1,2,3, Orthophoniste, Dr en Neurosciences, Montpellier
(1) Départements de neurologie et de neurochirurgie, CHU Montpellier
(2) Département Universitaire d’Orthophonie, Université Montpellier 1
(3) Institut des Neurosciences de Montpellier, U1051
Nous proposons de revisiter les bases neurales du langage à la lumière de résultats d'études basées sur la
cartographie cérébrale peropératoire pratiquée lors de chirurgies menées en condition éveillée chez des
patients porteurs d'un gliome diffus de bas-grade. Ce nouvel éclairage, confronté aux résultats d’études
récentes en imagerie fonctionnelle, permet de mettre en évidence, à l’image de l’architecture cognitive, une
organisation cérébrale fonctionnelle du langage en réseaux distribués de zones corticales et sous-corticales
interconnectées par des faisceaux d’association de substance blanche. L’intervention orthophonique auprès de
patients cérébro-lésés se doit de mettre en lien les connaissances actuelles en neurosciences cognitives et en
neuroanatomie fonctionnelle afin d’être aussi efficiente que possible, par la potentialisation des mécanismes
de réorganisation fonctionnelle cérébrale.
Production de parole chez l’enfant de 4 ans :
données articulatoires et modélisation biomécanique de la langue, pistes et applications pour la
rééducation orthophonique.
Guillaume Barbier 1, Pascal Perrier 1, Lucie Ménard 2, Yohan Payan 3, Louis-Jean Boë 1, Guillaume Captier 4
(1) GIPSA-lab, Département Parole et Cognition, UMR 5216 CNRS, Grenoble, France
(2) Laboratoire de Phonétique, Université du Québec à Montréal, Montréal, Canada
(3) Laboratoire TIMC-IMAG, Grenoble Universités & CNRS, La Tronche, France
(4) Université de Montpellier, Laboratoire d’Anatomie, Montpellier, France
La morphologie de l’appareil vocal du jeune enfant est très différente de celle de l’adulte [1]. Il est donc
important de caractériser les mouvements articulatoires des jeunes enfants dans leur espace, afin d’observer
comment ils articulent les sons de parole et de mieux comprendre les troubles de l’articulation et d’aider à leur
remédiation.
L’imagerie ultrasonore linguale offre cette possibilité. Utilisée en phonétique théorique et clinique depuis
quelques années, l’imagerie ultrasonore permet en effet de rendre visibles les mouvements de la langue et a
déjà permis de mettre en évidence quelques caractéristiques de l’articulation de la parole chez des jeunes
enfants par rapport aux adultes [2-4]. L’exploitation de ces données nécessite de notre point de vue, pour être
complète, d’être interprétées à la lumière de modèles de production de la parole [5-6].
Dans ce contexte, notre travail expérimental a permis d’évaluer la maturité du contrôle moteur de la
production de la parole chez des enfants québécois francophones de 4 ans. Pour ce faire, des données
acoustiques et articulatoires (ultrasonographie linguale dans le plan sagittal médian) des productions
enfantines ont été recueillies, concernant des voyelles isolées et des séquences voyelle-consonne-voyelle.
Ces données permettent : (1) d’étudier les réalisations acoustiques des productions enfantines, (2) de les
caractériser articulatoirement, (3) de mesurer la variabilité associée à chaque phonème, et donc de renseigner
sur la stabilité du contrôle, et (4) d’observer comment les enfants planifient et exécutent une séquence de
phonèmes, nous renseignant sur la maturité du contrôle. La confrontation des prédictions d’un modèle de
production avec les données expérimentales nécessite une modélisation satisfaisante des propriétés physiques
du conduit vocal. Ceci passe selon nous par le développement d’un modèle biomécanique du conduit vocal
prenant en compte des caractéristiques fondamentales telles que l’inertie et les contacts.
Ce travail contribue ainsi à la construction du schéma développemental typique de la production de la parole.
De nombreuses études se sont attachées à caractériser le développement précoce de cette faculté, mais peu
d’études concernent son développement après la seconde année de vie. Or, ce développement est très
progressif, et semble prendre fin tard durant l’adolescence [7]. Il parait donc indispensable d’étudier le
développement de la production de parole, autant pour construire un schéma développemental typique que
pour permettre la détection aussi précocement que possible de dysfonctionnements liés à cette fonction.
En plus de ce volet expérimental, nous pensons que notre travail offre une nouvelle piste pour améliorer la
lecture de ces données. Du fait qu’un modèle biomécanique intègre des principes généraux de génération de
mouvement à partir de données morphologiques, on peut en effet penser que le recours à des modèles adaptés
aux locuteurs permettra de comprendre les difficultés d’articulation de certains enfants, par des principes de
simulation, sans avoir recours à une grande quantité de données expérimentales. Dans ce sens, un premier
modèle a été proposé, qui a ensuite été adapté aux morphologies de huit enfants de 4 ans sur la base de
données radiographiques.
Références
[1] Barbier, G., Boë, L.-J. & Captier, G. (2012). Croissance du conduit vocal du fœtus à l'adulte : une étude
longitudinale. Biométrie Humaine et Anthropologie, 30, pp. 11-22.
[2] Zharkova, N., Hewlett N. & Hardcastle, W. J. (2011). Coarticulation as an indicator of speech motor
control development in children: An ultrasound study. Motor Control, 15, pp. 118–140.
33
[3] Noiray, A., Ménard, L. & Iskarous, K. (2013). The development of motor synergies in children:
Ultrasound and acoustic measurements. Journal of the Acoustical Society of America, 133, pp. 444-452.
[4] Barbier, G., Perrier, P., Ménard, L., Payan, Y., Tiede, M. K. & Perkell, J. S. (2013). Speech planning as an
index of speech motor control maturity. Proceedings of Interspeech, Lyon, France, pp. 1278-1282.
[5] Tourville, J. A. & Guenther, F. H. (2011). The DIVA model: A neural theory of speech acquisition and
production. Language and Cognitive Processes, 25, pp. 952-981.
[6] Perrier P. (2014). « GEPPETO » : A target-based model of speech production including optimalk planning
and physical modeling, Adventures in Speech Science, Tokyo, Japan.
[7] Walsh, B. & Smith, A. (2002). Articulatory movements in adolescents: Evidence for protracted
development of speech motor control processes, Journal of Speech, Language and Hearing Research, 45, pp.
1119–1133.
34
Dyslexie :
la pause, indice de planification syntaxique en narration
Lalain, Muriel 1, Espesser Robert 1, Ghio, Alain 1, Mendonca-Alves Luciana 2
1
Aix Marseille Université, CNRS, LPL UMR 7309, 13100, Aix-en-Provence, France
2
Izabela Hendrix Methodist Institute, Belo Horizonte, Brazil
La dyslexie développementale est un déficit spécifique d’apprentissage du langage écrit [1,2].
Quatre théories [3, 4, 5, 6, 7] expliquent l’origine du trouble et placent au coeur du déficit, les capacités
phonologiques segmentales [8, 9, 10]. Récemment, des travaux sur les relations entre prosodie et lecture ont
mis en évidence le rôle de la phonologie suprasegmentale dans le développement de représentations
phonologiques saines [11], en examinant la lecture et la sensibilité prosodique [12, 13, 14, 15].
L’objectif de cette étude est la mise en évidence de possibles particularités en langage oral, notamment au
niveau rythmique, chez les enfants dyslexiques. En effet, en nous appuyant sur le modèle intégré de
production/perception de la parole, la PACT [16], nous considérons que dans une pathologie caractérisée par
un déficit des représentations phonologiques, on devrait pouvoir observer des « marqueurs » témoignant d’un
système de production altéré.
Nous avons ainsi examiné les productions (corpus DySpoLec [17]) en lecture (lect) et en narration (narr) de 9
dyslexiques (Dys, 10 Ans) et 10 normolecteurs (Ndc, 11 ans). Le corpus a fait l’objet d’une transcription
orthographique et d’une annotation semi automatique multiniveaux [18, 19].
Une première analyse qualitative a concerné la précision et la vitesse de lecture.
Les analyses quantitatives se sont déroulées en deux étapes :
La première étape a concerné l’analyse des pauses (fréquence, type et durée), des IPUs (durée) et des syllabes
(durée). Au terme de ces analyses, les résultats révèlent des capacités de décodage correctes chez tous les
sujets mais un défaut d’automatisation de cette procédure chez les dyslexiques. Les différences de fréquence,
de durées des pauses et des IPUs observées entre les groupes confirment le lien entre lecture prosodique et
défaut d’automatisation. Les durées des pauses en narration, plus importantes chez les Dys, constituent une
particularité temporelle de leur production [20]. Cette caractéristique temporelle reflète le coût cognitif
engendré par une tâche de génération de parole, et témoigne de difficultés au niveau des processus de
sélection lexicale et de planification syntaxique.
Au cours de la seconde étape, nous nous sommes donnés pour objectif de préciser l’analyse des pauses afin
notamment de mieux décrire et comprendre les différences observées entre les groupes au niveau de la
planification syntaxique. Pour ce faire, nous avons examiné l’alignement syntaxique des pauses à l’aide de
l’analyseur syntaxique Marsatag [21]. Nous avons identifié trois grandes catégories de pauses (Interphrases,
Interchunks et Intrachunks), dont nous avons examiné la fréquence et la durée. Les résultats montrent que les
pauses ne correspondent pas à la structuration syntaxique de l’énoncé chez les Dys qui présentent également
des durées de pauses atypiques, supérieures à 4s. Ce sont les résultats de cette seconde étape que nous nous
proposons de présenter aux prochaines JPC de Montpellier.
Références
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speech transcriptions. Speech Asia Pacific corpus Linguistics Conference (2014 March 7-9: Hong
Kong).
36
L’entraînement audio-visuel pour les enfants dyslexiques avec un trouble du traitement auditif
Diana Guillemard 1,2,5, Marie-Thérèse Le Normand 5,Alexandre Louys 2,6, Evelyne Veuillet 1,2,3, Hung
Thai-Van 1,2,3, 4
1
4
Centre de Recherche en Neurosciences de Lyon, INSERM U1028 CNRS UMR5292 Lyon,
Université Claude Bernard Lyon 1
2
Service d'Audiologie & d'Explorations Orofaciales - Hôpital Edouard Herriot, Lyon
3
INSERM, Laboratoire de Psychopathologie et des processus de Santé, Université Paris
Descartes, Sorbonne Paris Cité
Sechenov Institute of Evolutionary Physiology and Biochemistry, Russian Academy of Sciences,
Saint-Petersburg, Russia. 6 Société Itycom, Lyon,
Le but de ce programme de recherche innovant est la mise au point d’une nouvelle méthode de rééducation
centrée sur le trouble du traitement auditif (TTA) chez l’enfant dyslexique. La dyslexie développementale est
un désordre neurobiologique à l’origine de difficultés persistantes d’apprentissage de la lecture (Ramus,
2003). Avec des taux de prévalence compris entre 5 et 17,5% (Shaywitz, Shaywitz, 2005), la dyslexie est un
problème majeur de santé publique. Selon l’ASHA (2005) et la BSA (2007, 2011). Le diagnostic du TTA est
utilisé pour décrire des difficultés variées dans la localisation, la discrimination, la reconnaissance et
l’extraction de messages auditifs, plus particulièrement en milieu peu favorable d’écoute (bruit de fond,
locuteurs multiples...). Sa prévalence exacte reste à ce jour mal connue. D’abord estimée à 2-3% (Chermak,
Musiek (1997), une étude britannique plus récente l’évalue TTA à 7% (Bamiou et al., 2001). Il a été montré,
qu’un trouble de traitement auditif central peut influencer la capacité d'un enfant à lire (Gillet, 1993; Sharma
et al., 2006; Billiet, Bellis, 2010). Les associations entre TTA et compétences phonologiques pauvres reflètent
plutôt la base commune du développement que la causalité (Veuillet et al., 2011). La comorbidité entre TTA
et dyslexie a été observée chez les adolescents (King et al., 2003), les enfants (Sharma et al, 2009;Iliadou et al,
2009; Dawes, Bishop, 2010; Veuillet et al, 2011) ainsi que les adultes (Ramus et al, 2003). A cette
comorbidité s’ajoute très certainement des interactions néfastes dues au fait qu’un TTA peut être un facteur
aggravant qui va contribuer à amplifier la diminution de certaines compétences acoustico-phonétiques, comme
par exemple celles dépendantes de la perception des transitions spectro-temporelles rapides ou celles
nécessaires pour percevoir la parole dans le bruit. Les résultats de Veuillet et al. (2004), confirmant des
anomalies de fonctionnement des Voix Auditives Descendantes (VAD) chez l'enfant, présentant des troubles
des apprentissages (Veuillet et al. 1999), sont les premiers à objectiver l'existence d'une latéralisation altérée
du fonctionnement des VAD chez certains dyslexiques droitiers manuellement. Probablement cette
latéralisation soit le reflet d'asymétries centrales (Khalfa, Collet, 1996; Khalfa et al., 1998; Veuillet et al.,
2001), des liens entre cette latéralité et les compétences en lecture sont possibles.
Nous faisons l’hypothèse que ce nouvel entraînement audio-visuel, présentée comme un "serious game",
permettra d'éliminer ou d'atténuer le TTA chez les enfants souffrant de dyslexie et d'améliorer leurs
compétences en lecture. Il s’agit d’entrainer les processus auditifs centraux en vue d’améliorer les fonctions
suivantes : séparation et fusion binaurale, intégration binaurale, traitement auditif des stimuli acoustiques
dégradés, coordination audio-visuelle et motrice. En outre, les différents exercices de remédiation ont pour but
d’améliorer les fonctions exécutives comme l’attention auditive (partagée ou divisée), les processus de
déplacement attentionnels et la mémoire auditive. Cette méthode informatisée est fondée sur l’approche «
37
bottom-up » et « top-down » associée à une connaissance approfondie en audiologie expérimentale ainsi qu’en
phonétique et linguistique.
Références
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38
SESSION ORALE 4 – LA DYSARTHRIE
***
Traitement automatique de la parole dysarthrique :
étude de la variabilité inter-pathologique
Imed Laaridh 1, 2, Corinne Fredouille 1, Christine Meunier 2
(1) Université d'Avignon, CERI/LIA, Avignon, France
(2) Université d'Aix Marseille, CNRS, LPL UMR 7309, 13100, Aix-en-Provence, France
Malgré le niveau avancé atteint par les outils de traitement automatique de la parole, en particulier dans les
applications destinées au grand public, ces derniers éprouvent de grandes difficultés face à des cas de parole
non "standard" comme la parole produite par des enfants ou des locuteurs atteints de trouble de la parole.
Nous nous intéressons dans ce travail à la parole dysarthrique. La dysarthrie est un trouble de la réalisation
motrice de la parole ayant comme origine une lésion du système nerveux central ou périphérique. La
dysarthrie peut être le résultat de plusieurs pathologies et affecter différents niveaux de production de la
parole. Plusieurs travaux se sont interessés à l’évaluation et la classification de la dysarthrie, les plus connus
au niveau international étant ceux de Darley et al. [1] qui ont conduit à l’élaboration d'une organisation en 6
classes sur la base des caractéristiques les plus déviantes définies perceptivement. Le travail présenté ici a
pour objectif l'observation et l'analyse du comportement d’un système d'alignement automatique de la parole
contraint par le texte face à la variabilité observée dans la parole dysarthrique.
L'alignement automatique de la parole contraint par le texte consiste à retrouver, à partir d'un signal de parole
et de sa transcription en mots, les frontières de début et de fin de chaque phonème prononcé. Cette tâche est
basée sur un décodage Viterbi [2] utilisant des modèles acoustiques (Modèles de Markov Caché - HMM)
représentant les 37 phonèmes du Français appris sur des enregistrements radiophoniques [3].
Le corpus de données utilisé dans cette étude est composé de 25 enregistrements réalisés par 12 patients
dysarthriques et 13 contrôles sains. Tous les locuteurs ont lu le même texte: "tic tac" de la batterie C. ChevrieMüller. Les patients sont équi-repartis sur 4 pathologies différentes: la maladie de Parkinson, Sclérose
Latérale Amyotrophique, Maladies Lysosomales et ataxies cérébelleuses. Ils présentent des grades globaux de
sévérité de dysarthrie variables au sein du même groupe de dysarthrie légère-modérée. Tous ces
enregistrements ont été segmentés manuellement (moyennant l'outil Praat [4]) afin de délimiter les frontières
de début et de fin de chaque phonème.
Nous avons analysé et comparé le comportement du système d'alignement automatique, dans un premier
temps entre les sujets contrôles et patients, et dans un deuxième temps entre les différentes pathologies. Nous
avons étudié aussi les différences observées entre les catégories phonétiques: voyelles et consonnes,
occlusives et fricatives, consonnes sourdes et consonnes sonores, etc. Ces analyses et comparaisons ont reposé
sur les décalages de frontières en début et milieu des phonèmes et les différences de durée observés entre les
alignements automatiques et manuels. Les résultats ont montré une variabilité inter-pathologique importante:
une meilleure performance d'alignement sur des catégories phonétiques chez certaines pathologies ainsi que
des décalages plus importants sur l'ensemble des catégories phonétiques pour d'autres (les patients atteints
d'ataxies cérébelleuses). Un futur travail consistera à étudier le comportement du système face à la parole
spontanée ainsi que le lien entre les anomalies observées sur les phonèmes et la qualité de l'alignement.
Remerciements
Ce travail est soutenu par le Labex BLRI (ANR-11-LABEX-0036), le projet A*MIDEX (ANR-11-IDEX0001-02) financé par le programme "investissements d'avenir" du gouvernement Français géré par l'ANR et le
projet Typaloc (ANR-12-BSH2-0003-03)
Références
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September 2005, pp. 1149-1152.
[4] P. BOERSMA AND D. WEENINK, ''Praat : doing phonetics bu computer'', http://www.praat.org/.
41
Caractérisation des altérations rythmiques dans la parole de patients dysarthriques français
Cécile Fougeron & Claire Pillot-Loiseau
Laboratoire de Phonétique et Phonologie, UMR 7018, Univ. Paris 3-CNRS
Les troubles moteurs de la parole (TMP) sont caractérisés par des altérations affectant sa fluence. Les
différences perceptives entre les patterns rythmiques anormaux peuvent être utilisées pour distinguer les
différents types de dysarthries (Darley et al. 1969) : la parole dysarthrique associée à la maladie de Parkinson
(MP) est produite avec un soutien respiratoire faible entraînant une réduction de la longueur de l'énoncé, des
accélérations locales de la parole et parfois un débit de parole accéléré. Dans la dysarthrie ataxique (DA), la
détérioration irrégulière des mouvements articulatoires contribue à une diminution du débit et l'impression de
parole scandée; dans la Sclérose Latérale Amyotrophique (SLA), la parole peut être extrêmement lente et
prolongée, avec une égalisation du rythme. Principalement concernée par les langues germaniques, la
littérature sur les altérations rythmiques des TMP mentionne aussi la perte de la distinction entre syllabes
accentuées et non accentuées, importante caractéristique des langues accentuelles. Le plus grand défi dans
l'étude du rythme, que ce soit pour sa comparaison entre les langues, les apprenants, ou les patients, est de
trouver la façon de caractériser et de quantifier précisément ses aspects spécifiques. Diverses mesures
rythmiques issues de comparaisons inter-langues ont été appliquées pour distinguer les types de dysarthries en
anglais, avec succès (Liss 2009, 2013) ou non (Lowit 2014). Nous examinons ici l'altération rythmique en
français, langue syllabique dépourvue d’accent lexical. 28 dysarthriques (12 SLA, 8 MP, 8 DA) et 11 sujets
sains contrôle (Ctrl) ont été enregistrés lisant un paragraphe de 71 mots. Après une segmentation manuelle en
phonèmes, les mesures rythmiques classiques ont été calculées dans chaque unité inter-pausale (UIP) sur trois
types d'intervalles : segments consonantique et vocalique, séquences entre les voyelles, et syllabes CV. Le
débit articulatoire, la durée de l'UIP, la durée moyenne des intervalles, la variabilité de la durée (Δ et Varco),
l’indice de variabilité par paires entre des intervalles successifs (nPVI, rPVI) ont ensuite été calculés
manuellement ou avec Correlatore (Mairano, http://www.lfsag.unito.it/correlatore/). Pour tester lequel de ces
21 indicateurs discrimine le mieux les trois populations de dysarthriques, une analyse discriminante linéaire a
été effectuée avec R. Les neuf mesures les plus importantes pour optimiser les distances entre les distributions
de populations sont : le débit articulatoire (contribution plus forte), la durée des voyelles, consonnes et UIP, la
variabilité des consonnes et voyelles, et la durée syllabique (VarcoV-int, ∆V-int, ΔVseg, ΔCseg, Δsyll).
Associées, ces mesures prédisent l’appartenance à une population avec une précision globale de 62%
(validation croisée). Les productions du groupe Ctrl ont été classées avec le plus de précision (78%) ; le
groupe MP était le moins bien discriminé des autres groupes (61% de leurs productions mal classées,
appartenant au groupe Ctrl ou au groupe DA). Les productions des patients DA et SLA sont légèrement mieux
discriminées (34% et 39% des cas mal classés, souvent confondus l’un avec l'autre). Ces résultats seront
discutés lors de la conférence en lien avec les particularités spécifiques aux populations trouvées sur les
dimensions quantifiées, et en comparaison avec les résultats des langues accentuelles.
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42
Localisation ciblée des réductions phonétiques dans la dysarthrie
Christine Meunier 1, Aurélie Dolcemascolo 2, Mathilde Faure 2 et Laurianne Georgeton 1
1
Aix-Marseille Université, CNRS, LPL UMR 7309, 13100, Aix-en-Provence, France
2
Aix-Marseille Université, 13000 Marseille, France
Les patients atteints de dysarthrie souffrent de troubles moteurs qui invalident, entre autres, leur production de
parole. L'affaiblissement des consonnes est notamment l'une des caractéristiques majeures de la parole de ces
patients [1]. Une étude récente [2] montre que l’omission des consonnes occlusives est plus fréquente dans des
positions propices à l’élision (consonnes de liaison ou consonnes précédant un schwa). Ces résultats suggèrent
que les locuteurs dysarthriques pourraient « contrôler » leur déficit moteur de manière à omettre ou à réduire
les consonnes se trouvant dans des positions où la réduction est fréquente et donc attendue, préservant ainsi
l’intelligibilité de la parole. Dans cette perspective, l'étude de la consonne /r/ est particulièrement intéressante.
En effet, cette consonne est souvent réduite, omise ou assimilée chez le locuteur sain. C'est, en outre, le
phonème du français qui comporte le plus de réalisations allophoniques. En d'autres termes, sa nature autorise
des productions variées sans qu'il y ait de fortes conséquences sur l'intelligibilité. Notre hypothèse est donc
que cette consonne pourrait être plus altérée chez les locuteurs dysarthriques. Cette altération "stratégique"
permettrait une réduction de l'effort articulatoire en limitant la réduction de l'intelligibilité.
De façon à évaluer si le /r/ est spécifiquement altéré, sa production est observée en parallèle avec celle d'une
autre consonne, la plosive /t/. 4 groupes de locuteurs ont été analysés dans le cadre de ce travail: des locuteurs
sains (SN), des locuteurs atteints de la maladie de Parkinson (PAR), des locuteurs atteints d'ataxie cérébelleuse
(CER) et des locuteurs atteints de Sclérose Latérale Amyotrophique (SLA). 12 locuteurs de chaque groupe ont
été enregistrés au cours de la lecture du texte Le Cordonnier (45 /r/ et 41 /t/). Les enregistrements ont été
transcrits puis alignés automatiquement. Des experts ont ensuite corrigé l'alignement des deux types de
consonnes (/r/ et /t/), puis ont relevé les omissions. Les analyses présentées ici concernent le pourcentage de /r/
et de /t/ omis au cours de la lecture du texte.
Toutes les SN PAR CER SLA
occurrences
omissions
1,5% 8,9% 8,1% 9,5%
/r/ (n=45)
omissions
0,4% 1,3% 1,1% 2,2%
/t/ (n=41)
En
contexte SN PAR CER SLA
schwa
omissions
2,8% 15% 17% 19%
/r/ (n=12)
omissions
0,7% 2,1% 2,8% 4,9%
/t/ (n=4)
Tous contextes de réalisation confondus, les résultats montrent clairement que l'omission du /r/ est
surreprésentée par rapport à celle du /t/ chez les trois populations dysarthriques. Le nombre d’omissions est
également plus élevé pour le /r/ que pour le /t/ chez les locuteurs sains mais dans une moindre mesure. On note
également que le pourcentage d'omission des /r/ augmente plus nettement lorsqu'il précède un schwa,
particulièrement chez les locuteurs dysarthriques.
Ces résultats vont dans le sens de notre hypothèse: les locuteurs dysarthriques montrent les mêmes tendances à
la réduction que les locuteurs sains mais l'altération des phonèmes est plus prononcée sur des zones
naturellement plus variables et instables. Il semble donc que, dans une situation de déficit moteur, le maintien
de l'intelligibilité impose des choix stratégiques (même si inconscients) quant au relâchement des contraintes
articulatoires.
43
Ackerman H. & Ziegler W. (1991) "Articulatory deficits in Parkinsonian dysarthria: an acoustic
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Liège, Belgique, octobre 2013.
[1]
44
La parole spontanée chez les locuteurs dysarthriques :
organisation temporelle et débit de parole.
Laurianne Georgeton & Christine Meunier
Aix-Marseille Université, CNRS, LPL UMR 7309, 13100, Aix-en-Provence, France
Les aspects temporels jouent un rôle important dans l’intelligibilité de la parole. Pour des locuteurs
dysarthriques, les contraintes motrices dues à la pathologie entraînent une réorganisation des paramètres
temporels de la parole pouvant affecter son intelligibilité [1,2]. De plus, la dysarthrie est composée de
pathologies variées. Cette diversité peut induire des patterns temporels très hétérogènes et rendre la distinction
entre parole normale et pathologique floue. Dans cette étude, nous avons cherché à comparer les
caractéristiques temporelles de l'énoncé dans la production de la parole spontanée chez des locuteurs
dysarthriques et sains.
Deux populations dysarthriques et un groupe de locuteurs sains ont été comparées, soit trois groupes
différents : 12 locuteurs atteints de Sclérose Latérale (SLA), 8 patients parkinsoniens (PAR) et 8 locuteurs
sains (SN). La moyenne d’âge est comparable entre les groupes (66 à 69 ans). La tâche de production est une
tâche de production spontanée dans le cadre d’une interview. Les locuteurs dysarthriques ont été évalués sur
une échelle de sévérité allant de 0 (normal) à 3 (très sévère). La sévérité moyenne est de 0.99 pour les PAR et
de 2.02 pour les SLA.
Les corpus enregistrés ont été transcrits, puis alignés automatiquement et enfin corrigés par un expert. Quatre
types de mesure ont été retenus pour cette étude:
1- La durée des unités inter-pausales (séquences langagières séparées par des pauses supérieures à
250ms)
2- La durée des mots
3- Le nombre de syllabes par seconde
4- Le nombre de mots par IPU
Concernant les deux premières mesures (durées), un test par modèle mixte a été effectué. Pour les deux autres
mesures une ANOVA à trois niveaux (PAR, SAL, SN) a été menée.
Les résultats montrent des différences entre les populations, mais toutes les mesures ne permettent pas de
distinguer les locuteurs sains des locuteurs dysarthriques. La différence la plus nette entre les populations
sains et dysarthriques est le nombre de mots produits à l'intérieur des IPU (SN: 10, PAR: 6, SLA: 6.5). De
plus, chaque groupe est caractérisé par des patterns temporels bien distincts. Les SLA se distinguent nettement
des deux autres groupes par leur débit très lent (nombre de syllabes par seconde : SLA : 3.5, SN : 4.7, PAR :
5.3). Alors que les PAR se distinguent des deux autres groupes par des IPU plus courts (i.e PAR : 1.4, SLA :
2.5, SN : 2.8).
En conclusion, la caractéristique majeure des locuteurs sains par rapports aux locuteurs dysarthriques est leur
capacité à produire un grand nombre de mots au sein d'une séquence de parole. Pour les locuteurs
dysarthriques, l’organisation temporelle de la parole est telle que chez les PAR, le débit est rapide et les IPU
plus courts et, chez les SLA, le débit est très lent dans des IPU de taille comparable à celles des locuteurs
sains. Cette étude met en évidence une organisation temporelle spécifique à chaque groupe, permettant à la
fois de distinguer la parole dysarthrique de la parole saine, mais aussi, de spécifier les caractéristiques très
différentes des deux populations pathologiques.
Ramig, L. (1992). The role of phonation in speech intelligibility: a review and preliminary data from patients with
Parkinson's disease. In R. D. Kent (Ed.) Intelligibility in Speech Disorders: Theory, Measurement, and
Management Amsterdam: John Benjamin, 119-156.
[1] Bunton, K., Kent, R. D., Kent, J. F. & Duffy, J. R. 2001. The effects of flattening fundamental frequency contours on
sentence intelligibility in speakers with dysarthria. Clinical Linguistics and Phonetics, 15(3), 181-93.
45
Adaptation en français du test d’intelligibilité de la version révisée du
« Frenchay Dysarthria Assessment » (FDA-2)
Giusti Laurence, Blanc Emilie, Ghio Alain, Pinto Serge
Aix-Marseille Université, CNRS, Laboratoire Parole et Langage,
LPL UMR 7309, 13100, Aix-en-Provence, France
L’intelligibilité de la parole se définit comme le degré de précision avec lequel un message est compris par un
auditeur. A ce titre, la perte d’intelligibilité représente souvent une plainte importante des patients
dysarthriques, puisqu’elle participe à la diminution de la qualité de vie au niveau communicationnel. Plusieurs
outils existent actuellement pour évaluer l’intelligibilité. En France, la Batterie d’Evaluation Clinique de la
Dysarthrie (Auzou et Rolland-Monnoury, 2006) est l’outil standardisé le plus fréquemment utilisé pour
évaluer la dysarthrie dans son ensemble. On retrouve dans cette batterie un test d’intelligibilité, qui est
directement adapté d’un test anglo-saxon, celui inclus dans le Frenchay Dysarthria Assessment (Enderby,
1983). Une nouvelle version de ce test anglo-saxon est maintenant disponible (FDA-2, Enderby et Palmer,
2008). A ce jour, aucune adaptation française n’a été effectuée.
Le but de notre travail a été d’adapter ce test d’intelligibilité à la langue française. La première étape a
consisté en la création d’un nouveau corpus de mots et de phrases, en s’appuyant sur les critères définis dans
le FDA-2. Nous avons notamment contrôlé :
(1) la fréquence des mots (supérieure à 10 apparitions par million de mots),
(2) la place des consonnes en position initiale, médiane et finale,
(3) la structure phonotactique des mots cibles,
(4) la répartition des sons vocaliques.
Dans un deuxième temps, le test a été validé auprès de sujets sains, à partir des enregistrements de cinquante
locuteurs sains qui ont fourni les stimuli pour un jury d’écoute composé de dix-huit auditeurs. Afin de
démontrer que le test est sensible à la dégradation du signal de parole, chaque item (mot ou phrase) a été
présenté avec et sans bruit.
Les résultats montrent que le test est valide pour les sujets sains car le score d’intelligibilité est de 96% en
condition normale. La sensibilité à la dégradation est aussi observée dans la mesure où les scores sont
significativement réduits pour les stimuli dégradés par du bruit (score de 54 % en moyenne). Divers effets
relatifs à la longueur et la structure des mots ont été analysés, ce qui nous permet de proposer diverses
recommandations quant à l’utilisation du test en situation clinique.
L’étude doit maintenant se poursuivre avec une validation du test auprès de patients dysarthriques. Il pourrait
aussi être utile dans d’autres situations de troubles de la parole comme en cancérologie ORL.
46
SESSION ORALE 5 – PHONETIQUE & REMEDIATION
***
Retour articulatoire visuel pour la rééducation orthophonique :
approches basées sur l’échographie linguale augmentée
Diandra Fabre 1, Thomas Hueber 1, Mélanie Canault 2, Nathalie Bedoin 2, Pierre Badin 1
1
2
GIPSA-Lab / DPC, UMR 5216, CNRS – Grenoble - Alpes University
Laboratoire Dynamique du Langage, UMR 5596, CNRS, Université Lumière Lyon 2
Durant les séances traditionnelles de rééducation orthophonique des troubles articulatoires, il est parfois
difficile pour le patient d’appréhender les mouvements de sa langue. De même, l’orthophoniste n’a un accès
que limité à cette information. L’échographie est un moyen inoffensif et non-invasif d’accéder aux
mouvements de la langue pendant la production (la sonde est placée sous la mâchoire). Bien qu’encore peu
nombreux, certains travaux ont montré l’impact positif du retour visuel par échographie pour la rééducation
orthophonique (Modha, Bernhardt et al. 2008), (Bernhardt, Bacsfalvi et al. 2008), (Adler-Bock, Bernhardt et
al. 2007), (Bernhardt, Gick et al. 2005), (Richmond, Renals et al. 2013), (Cleland, Wrench et al. 2011).
Cependant, l’image échographique est souvent difficile à interpréter, non seulement parce que la langue
n’apparaît pas toujours clairement, mais aussi parce qu’aucune information n’est apportée sur les autres
structures du conduit vocal (palais, paroi postérieure du pharynx, etc.). Nous avons donc proposé deux
méthodes pour améliorer le retour visuel basé sur l’échographie.
La première méthode met en œuvre une tête virtuelle, c’est-à-dire un clone logiciel d’un locuteur de référence
(Badin, Elisei et al. 2007). Cette tête permet d’afficher « par transparence » les mouvements de la langue
pendant la production de la parole. Notre objectif est de piloter automatiquement la langue de cette tête
virtuelle, à partir des mouvements linguaux d’un utilisateur capturés par échographie. Le système proposé
comporte deux phases :
- Une première phase de « calibration » pendant laquelle il est demandé à l’utilisateur de prononcer un
certain nombre de logatomes. Ces données sont ensuite utilisées pour l’apprentissage d’un modèle
statistique, permettant la mise en correspondance de l’espace acoustique de l’utilisateur avec l’espace
articulatoire de la tête virtuelle (modèle de type GMM).
- Une phase « d’utilisation » pendant laquelle l’utilisateur anime automatiquement la langue de la tête
virtuelle à partir de n’importe quel type de phrases/logatomes/etc.
Les résultats expérimentaux (Fabre, Hueber et al. 2014) montrent qu’une calibration basée sur quelques
dizaines de VCVs permet d’animer efficacement la tête virtuelle (évaluation basée sur une méthode
automatique et sur un jugement d’experts phonéticiens), comme illustré Figure 1a.
La seconde méthode vise à montrer à l’utilisateur son geste lingual dans son propre espace articulatoire (et
non dans celui de la tête virtuelle). Il s’agit de proposer une version « augmentée » de l’image échographique,
en extrayant automatiquement le contour de la langue. Bien qu’abordé dans différentes études, (Li,
Kambhamettu et al. 2005), (Roussos, Katsamanis et al. 2009), (Fasel and Berry 2010), il s’agit d’un problème
encore non complétement résolu (i.e. pas de méthodes robustes complètement automatiques). Nous proposons
une nouvelle approche, basée sur une modélisation de type « réseaux de neurones », des relations entre la
position du contour de langue et la distribution statistique de l’intensité des pixels observée sur cette image.
Des tests préliminaires montrent que cette approche fournit des résultats encourageants ; une évaluation sur un
corpus multi-locuteurs est en cours (Figure 1b).
(a)
(b)
Figure 1 - Tête virtuelle (a) ; image échographique avec contour automatique (b)
Remerciements
Ce travail a été financé par la Région Rhône-Alpes/ARC6, dans le cadre de la thèse doctorale de Diandra
Fabre.
Références
Adler-Bock, M., B. M. Bernhardt, B. Gick and P. Bacsfalvi (2007). "The use of ultrasound in remediation of
north American English /r/ in 2 adolescents." American Journal of Speech-Language Pathology 16: 128 - 139.
Badin, P., F. Elisei, G. Bailly, C. Savariaux, A. Serrurier and Y. Tarabalka (2007). "Têtes parlantes
audiovisuelles virtuelles : données et modèles articulatoires - applications." Revue de Laryngologie, Otologie,
Rhinologie - European Review of ENT 128(5): 289-295.
Bernhardt, B. M., P. Bacsfalvi, M. Adler-Bock, R. Shimizu, A. Cheney, N. Giesbrecht, M. O'connell, J.
Sirianni and B. Radanov (2008). "Ultrasound as visual feedback in speech habilitation: Exploring consultative
use in rural British Columbia, Canada." Clinical Linguistics & Phonetics 22(2): 149-162.
Bernhardt, B. M., B. Gick, P. Bacsfalvi and M. Adler-Bock (2005). "Ultrasound in speech therapy with
adolescents and adults." Clinical Linguistics & Phonetics 19(6-7): 605-617.
Cleland, J., A. A. Wrench, J. M. Scobbie and S. Semple (2011). Comparing articulatory images: An MRI /
ultrasound tongue image database. 9th International Seminar on Speech Production, ISSP9, Montreal, Canada.
Fabre, D., T. Hueber and P. Badin (2014). Automatic animation of an articulatory tongue model from
ultrasound images using Gaussian mixture regression. 15th Annual Conference of the International Speech
Communication Association (Interspeech 2014).
Fasel, I. and J. Berry (2010). Deep belief networks for real-time extraction of tongue contours from ultrasound
during speech. Pattern Recognition (ICPR), 2010 20th International Conference on, IEEE.
Li, M., C. Kambhamettu and M. Stone (2005). "Automatic contour tracking in ultrasound images." Clinical
linguistics & phonetics 19(6-7): 545-554.
Modha, G., B. M. Bernhardt, R. Church and P. Bacsfalvi (2008). "Case study using ultrasound to treat /r/."
International Journal of Language & Communication Disorders 43(3): 323-329.
Richmond, K., S. Renals, J. Cleland, J. M. Scobbie and A. A. Wrench (2013). Ultrax: vocal tract imaging for
speech therapy and research. Ultrafest VI, Edinburgh, UK.
Roussos, A., A. Katsamanis and P. Maragos (2009). Tongue tracking in ultrasound images with active
appearance models. Image Processing (ICIP), 2009 16th IEEE International Conference on, IEEE.
49
Bilan orthophonique en neuroimagerie pour l’évaluation de la production du langage oral chez des
patients aphasiques :
mise en place auprès d’une population de sujets sains
Audrey Acher ¹ ², Diandra Fabre ³, Thomas Hueber ³, Olivier Detante ² ⁴, Emilie Cousin ¹, Cédric Pichat ¹,
Pierre Badin ³, et Monica Baciu ¹
¹ Laboratoire de Psychologie et NeuroCognition (LPNC), UMR CNRS 5105/Université Grenoble-Alpes
² Unité neuro-vasculaire, Pavillon de Neurologie, CHU de Grenoble
³ GIPSA-lab, Dpt. Parole & Cognition, UMR CNRS 5216/Université Grenoble-Alpes
4
Grenoble Institut des Neurosciences (GIN), Inserm U 836-UJF-CEA-CHU
Les patients ayant subi un accident vasculaire cérébral (AVC) peuvent présenter des troubles du langage
regroupés sous le terme « aphasie ». Leur évaluation est faite par des orthophonistes au moyen de batteries de
tests dont les plus connues sont le protocole Montréal-Toulouse (MT86) mis au point en 1986 par Nespoulous,
Joanette et Lecours [1] et le Boston Diagnostic Aphasia Examination (BDAE) mis au point en 1972 par
Goodglass et Kaplan [2]. Le développement de la neuroimagerie a permis de clarifier le réseau cérébral de la
production de la parole [3], réseau très complet faisant intervenir des régions motrices mais également des
régions sensorielles impliquées dans la perception de la parole (voir par exemple [4] [5] portant sur des
voyelles et des syllabes). Nous avons voulu étudier les corrélats cérébraux de la production de parole lors de la
passation d’un protocole court et simple proche d’un bilan orthophonique de l’aphasie. Ce protocole, centré
sur l’expression orale, est composé de 4 tâches (lecture de syllabes, répétition de syllabes, dénomination
d’images, fins de phrases).
Notre but final est d’appliquer ce protocole pour étudier la plasticité cérébrale du réseau de la parole
concomitante à une rééducation exploitant le retour visuel du mouvement de la langue par échographie pour
des patients aphasiques de Broca présentant des troubles arthriques. Nous pensons que la visualisation de sa
propre langue permettra au patient de mieux planifier et coordonner ses mouvements linguaux. Les examens
en neuroimagerie auront lieu avant et après l’application d’un protocole intensif de rééducation augmentée par
échographie durant un mois. Le projet prévoit également une évaluation comportementale et une analyse
acoustique. La validation du protocole expérimental utilisé en IRMf et l’implication des différentes aires
cérébrales activées lors de 4 tâches de langage oral couramment utilisées en bilan orthophonique seront
présentées pour une cohorte de sujets sains.
Références
Nespoulous, J. L., Lecours, A. R., Lafond, D., Lemay, M.A., Puel, M., Joanette, Y., Cot, F., & Rascol, A.
(1992). Protocole Montréal-Toulouse d'examen linguistique de l'aphasie : MT-86 module standard initial,
M1b (2e édition révisée par Renée Béland et Francine Giroux), Ortho Editions.
Goodglass, H., & Kaplan E. (2001). The assessment of aphasia and related disorders, Lippincott Williams &
Wilkins.
Riecker, A., Mathiak, K., Wildgruber, D., Erb, M., Hertrich, I., Grodd, W., & Ackermann, H. (2004).
Functional magnetic resonance imaging (fMRI) reveals two distinct cerebral networks subserving speech
motor control. Neurology, 64, 700-706.
Acher, A., Sato, M., Vilain, C., Lamalle, L., Krainik, A., Attyé, A., & Perrier, P. (2014). Méthodologie en
IRM fonctionnelle pour l'étude des activations corticales associées au réapprentissage de la parole. In La voix
et la parole perturbées, Travaux en Phonétique Clinique, R., Sock, B., Vaxelaire, C., Fauth (Eds), (pp. 227240), Collection « Recherches en Parole » (RPA), 320 pages, Mons : Editions du CIPA.
50
Grabski, K., Schwartz, J.-L., Lamalle, L., Vilain, C., Vallée, N., Baciu, M., Le Bas, J.-F., & Sato, M. (2013),
Shared and distinct neural correlates of vowel perception and production. Journal of Neurolinguistics, 26(3),
384-408.
51
Comparaison visuelle, perceptive et acoustique de la réhabilitation prothétique
d’une incompétence vélopharyngée acquise.
Dr. Nicolas Heloire 1,2, Dr. Elise Khoury 3, Dr. Marion Dehurtevent 2, Dr. Didier Maurice 3, Dr. Lise Crevier
Buchman 1,4
1
Laboratoire de Phonétique et Phonologie LPP – ILPGA, UMR 7018, CNRS-Sorbonne Nouvelle, Paris 3
2
Service de Prothèses, UFR d’Odontologie Lille 2
3
Service de Prothèses, UFR d’Odontologie Paris 7, Denis Diderot
4
Unité d’exploration Voix-Parole-Déglutition, Hôpital Européen G. Pompidou
Le sphincter vélopharyngé joue un rôle central lors de la production de la parole. Une incompétence
vélopharyngée (IVP) acquise induit un trouble de la fermeture et donc de l’étanchéité au niveau des
articulateurs en mettant en résonnance de manière involontaire la cavité nasale. Le traitement de ce trouble
peut être chirurgical. Cependant, la difficulté et la complexité tissulaire des organes en présence rendent les
résultats incertains. Ainsi, le traitement de choix repose sur la prothèse maxillo-faciale (PMF). Cette discipline
odontostomatologique va permettre de confectionner une prothèse obturatrice permettant de retrouver une
étanchéité vélopharyngée nécessaire pour restaurer, notamment, la phonation et la déglutition.
L’objectif de notre étude est de caractériser les modifications temporelles, acoustiques et perceptives de la
parole chez un patient atteint d’une IVP acquise de manière iatrogène avec et sans prothèse obturatrice. Ainsi,
il est possible d’observer les modifications phonatoires et articulatoires apportées par celle-ci d’une part et
d’autre part, d’objectiver les changements induits par les différents rebasages et rectifications apportées à la
pièce obturatrice.
Elle compare les données recueillies lors de trois séances d’enregistrement audio précédées chacune par une
nasofibroscopie, chez un même patient, avec et sans obturateur vélopharyngé de Schiltsky : à la pose de
l’artifice prothétique (T1) puis après deux rajouts de résine de rebasage à trois et quatre mois d’intervalle (T2T3).
Notre travail permet de mettre en évidence une concordance entre les résultats des différentes analyses :
visuelles, perceptive et acoustique. Les fuites, encore très présentes à T1, disparaissent quasiment à T2 puis
T3. L’analyse perceptive des voyelles est confirmée par l’acoustique qui montre la persistance de traces de
formants supplémentaires et d’anti-formants sur les spectres. Néanmoins, concernant les consonnes, les
résultats sont excellents. L’analyse perceptive montre que les fuites d’air, sans prothèse, engendrent une
confusion fréquente des occlusives [b], [d] et [g] avec leurs correspondantes nasales [m], [n] et [G].
L’obturateur rend la perception de toutes les consonnes parfaite, notamment à T3. L’analyse acoustique
rapporte notamment que leur durée diminue pour la plupart et que le centre de gravité des fricatives tend à
augmenter avec la prothèse, surtout à T3.
Les résultats des différentes analyses tendent vers une amélioration indéniable de la qualité de vie du patient.
La pose de la prothèse remplit avec succès ses objectifs en rétablissant son élocution et sa déglutition avec des
améliorations constantes des paramètres étudiés lors des modifications et rebasages de l’obturateur.
52
Champ de pression en amont d’une constriction du tractus vocal
durant la production d’exercices vocaux
Benoit Amy de La Bretèque1, Nathalie Henrich , Thierry Legou & Antoine Giovanni1
1
Aix-Marseille Université, CNRS, Laboratoire Parole et Langage,
LPL UMR 7309, 13100, Aix-en-Provence
2
GIPSA-lab, Dpt. Parole & Cognition, UMR CNRS 5216/Université Grenoble-Alpes
Parmi les exercices proposés pour traiter les troubles vocaux, certains utilisent des constrictions du tractus
vocal, comme une paille fine placée entre les lèvres. Pour étudier le champ de pression généré par ces
exercices, on a utilisé jusqu’ici soit le calcul théorique, soit un modèle physique du tractus, soit des mesures in
vivo. Titze et al. (1) ont calculé les caractéristiques aérodynamiques de quelques pailles, puis étudié les
productions de deux sujets. On trouve une autre étude de Titze (2) sur modèle physique. Story et al. (3), ont
mesuré l’impédance d’entrée du pavillon dans plusieurs conditions, dont l’usage d’une paille. Pour notre part,
nous nous sommes intéressés à la Méthode de la paille (4), qui a la particularité de demander au sujet un débit
de sortie régulier. Pour cela, nous avons capté simultanément la pression sousglottique directe (PSG), la
pression intraorale (PIO) et le débit de sortie sur un homme euphonique expert dans la méthode. La plage de
fréquences étudiée va de 98 à 640 Hz.
Résultats
-
la PSG et la PIO sont moins élevées quand la paille est large ; c’est l’inverse pour le débit de sortie.
la PSG augmente régulièrement avec la fréquence
dans la paille large, quand la fréquence augmente, le débit et la PIO baissent légèrement ; c’est
l’inverse quand elle est fine.
- la différence [PSG – PIO] (ΔP) est indépendante du diamètre de la paille ; elle augmente régulièrement
avec la fréquence
- à une fréquence donnée, le ΔP est égal au seuil de pression phonatoire (SPP), défini comme la PSG
nécessaire et suffisante pour initier et entretenir la vibration.
- le comportement sur les constrictives est comparable, mais le ΔP est au-dessus du seuil
Nos résultats confortent le modèle stick-slip (5) de la vibration glottique en validant l’existence du SPP et en
montrant qu’il augmente avec la fréquence. Les exercices vocaux dans une paille selon la méthode
contraignent le sujet à se placer précisément au seuil, tandis que ceux sur les constrictives l’en éloignent
légèrement.
Références :
1. Titze IR, Finnegan EM, Laukkanen AM and Jaiswal S: Raising Lung Pressure and Pitch In Vocal
Warm-Ups: The Use of Flow-Resistant Straws, Journal of Singing, March/April 2002, 58 4: 324-338
2. Titze IR: Voice Training and Therapy With a Semi-Occluded Vocal Tract: Rationale and Scientific
Underpinnings, Journal of Speech, Language, and Hearing Research April 2006, 49: 448–459
3. tory BH, Laukkanen AM, and Titze IR: Acoustic impedance of an artificially lengthened and
constricted vocal tract Journal of Voice, Vol. 14, n°. 4, 2000: 455~469
4. Amy de la Bretèque B: L’aérodynamique de la voix, à propos des exercices de reeducation avec
contriction du tractus vocal, sous la direction de Giovanni A et Henrich N, Thèse de Sciences du
Langage, Université de Provence, décembre 2014
5. Garrel R, Sherer R, Nicollas R, Giovanni A, Ouaknine M : Using the Relaxation Oscillations Principle
for Simple Phonation Modeling, J Voice, 2006.
53
SESSION ORALE 6 – LA VOIX ET SES TROUBLES
***
Modifications acoustiques de la voix d’enseignantes au cours de la journée et de l’année scolaire
Angélique Remacle 1, 2, Claire David 3, Caroline Petillon 3, Maëva Garnier 1
1
GIPSA-lab, Département Parole et Cognition - Grenoble - FRANCE
Université de Liège, Unité Logopédie de la Voix - Liège - BELGIQUE
3
Université Claude Bernard Lyon1, Institut des Sciences et Techniques de Réadaptation - Lyon - FRANCE
2
Introduction
Les enseignants font partie des professionnels de la voix, définis comme des travailleurs qui ne peuvent se passer de leur
voix dans l’exercice de leur profession, et qui à ce titre nécessitent une qualité de vocale constante1. Cette population est
particulièrement à risque et constitue le groupe de travailleurs le plus nombreux à consulter les ORL pour cause de
dysphonie2. Dans ce contexte, la recherche tente d’identifier les indices acoustiques de la fatigue vocale dans le but
d’améliorer le dépistage précoce des problèmes de voix, leur traitement et leur prévention.
Cette étude menée in situ a pour objectif de mettre en évidence des modifications acoustiques et prosodiques
consécutives à 1) une journée de travail et 2) cinq mois de travail en milieu scolaire.
Méthode
La population est constituée de 22 enseignantes du primaire ayant moins de 5 années d’expérience. Pour chaque
participante, cinq /a/ tenus ainsi que la lecture d’un texte ont été enregistrés 1) à deux moments de la journée de travail,
soit au matin et au soir, et 2) à trois temps de l’année, soit en octobre (T0), en décembre (T1) et en février (T2).
Sur les voyelles tenues, nous avons mesuré le temps maximum phonatoire (TMP), la fréquence moyenne, le jitter, le
shimmer, et le rapport harmoniques/bruit (HNR). Sur les textes, nous avons mesuré la fréquence moyenne, la variation
de fréquence et d’intensité (écart-type), ainsi que des paramètres relatifs au débit de parole (nombre de syllabes par
seconde, nombre de pauses et durée moyenne des pauses).
Pour chaque paramètre, une ANOVA en mesure répétées (2 moments * 3 temps) a été réalisée.
Résultats
L’effet principal du moment montre une augmentation de la fréquence moyenne mesurée sur les voyelles et sur le texte
suite à une journée de travail (p<.01). Parallèlement, le TMP et le HNR augmentent (p<.01), tandis que le jitter et le
shimmer diminuent en fin de journée (p<.05). Les mesures de débit montrent que les enseignantes tendent à faire moins
de pauses lors de la lecture de texte en fin de journée, et que ces pauses sont de plus courte durée (p<.05).
L’effet principal du temps montre une augmentation de la fréquence moyenne des voyelles et du texte au cours de
l’année (p<.01), avec des valeurs plus élevées observées en décembre (T1). Les mesures relatives au débit montrent
également une augmentation du nombre de syllabes par seconde (p<.01) et une tendance des locutrices à faire moins de
pauses.
Conclusion
L’évolution des paramètres observés suggère une augmentation de la fatigue vocale et un comportement phonatoire
davantage hyperfonctionnel au cours de la journée et au cours de l’année. Les résultats montrent une dégradation vocale
majorée au mois de décembre, en comparaison avec les autres moments de l’année.
Bibliographie
1.Titze IR, Lemke J, Montequin D. Populations in the U.S. workforce who rely on voice as a primary tool of trade: A
preliminary report. Journal of Voice. 1997;11(3):254-259.
2. Remacle, A., Petitfils, C., Lejeune, L., Finck, C., & Morsomme, D. Quel est le profil professionnel des patients
consultant en phoniatrie ? 70e Congrès de la Société Française de Phoniatrie, Paris, France. (13 octobre 2014).
Analyse acoustique et aérodynamique de la voix d'enfants euphoniques :
particularités du seuil de pression phonatoire
Jennifer Gasparoux1, Mylène Satgé, Dr Benoît Amy de la Bretèque2, Pr Renaud Garrel2
1
Ecole d’Orthophonie de Montpellier, Faculté de Médecine, Université de Montpellier
2
CHRU Gui de Chauliac, Montpellier
Service des troubles de la voix et de la déglution / Service d’ORL et de Chirurgie cervico-faciale
La phonation est un phénomène multiparamétrique mettant en jeu des mécanismes complexes. Les
pathologies vocales affectent plusieurs aspects de la voix à des degrés différents. Cette étude contribue à
l'analyse et à l'établissement de données de référence concernant les paramètres acoustiques et
aérodynamiques de la voix d'enfants euphoniques, particulièrement le seuil de pression phonatoire, indice
pertinent pour le diagnostic de dysphonie.
17 voix d'enfants âgés de 6 à 15 ans (10 garçons et 7 filles) ont été enregistrées grâce au logiciel EVA 2
(Évaluation Vocale Assistée). Les paramètres acoustiques ont été analysés à partir d'échantillons de voix
conversationnelle et sur texte lu ; de la production d'une sirène et d'une fusée. L'analyse des paramètres
aérodynamiques s'est appuyée sur des mesures de temps maximum de phonation sur les voyelles /a/ et /i/ ainsi
que la production de chaînes de syllabes /pa/ à fréquence et intensité confortables puis decrescendo. Enfin
l'évaluation perceptive a été menée par un jury d'experts (un phoniatre et une orthophoniste) à partir des
échantillons de texte lu et de voix conversationnelle, en utilisant la composante G de l'échelle GRBAS
d'Hirano, afin de déterminer, par consensus, le degré de dysphonie des enfants participant à l'étude.
Les résultats montrent qu'en dessous de 13 ans, garçons et filles présentent le même profil vocal. Les
paramètres acoustiques et aérodynamiques étudiés pour caractériser la voix d'enfants euphoniques présentent
des différences significatives comparativement aux valeurs de la littérature concernant une population
d'adultes. Ces modifications s'expliquent principalement par les modifications anatomiques et histologiques
de l'appareil phonatoire au cours de la croissance. En revanche, le seuil de pression phonatoire semble rester
similaire quel que soit le sexe et l'âge du sujet (adultes ou enfants).
55
Simulation numérique de vidéo-kymogrammes de voix non modales.
Jean Schoentgen
Laboratoire de Phonologie
Université Libre de Bruxelles
L’objet de la présentation est la simulation numérique de vidéo-kymogrammes et son application à l’étude de
voix diplophoniqes modélisées. Le vidéo-kymogramme désigne une représentation graphique comprimée
d’une séquence vidéo, enregistrée à une cadence élevée, de la vibration des plis vocaux ou, alternativement,
une représentation à fréquence d’échantillonnage élevée à l’aide d’une caméra qui opère à une cadence
normale. La technique consiste à sélectionner une ligne par image vidéo et d’aligner toutes les lignes d’une
séquence. L’utilisation de vidéokymogrammes à des fins cliniques ou de recherche est de plus en plus
répandue, mais l’interprétation des vidéo-kymogrammes exige une expérience reposant sur la confrontation de
vidéo-kymogrammes à des séquences non-comprimées.
C’est pourquoi nous avons exploré la simulation numérique de vidéo-kymogrammes à des fins didactiques.
La simulation repose sur un modèle 3D de la glotte, la projection de l’entrée et de la sortie dans un plan 2D,
l’occultation éventuelle de l’entrée de la glotte par la sortie, la sélection d’une coupe 1D perpendiculaire à
l’axe longitudinal de la glotte projetée, suivie de l’alignement temporel des coupes 1D.
La représentation 3D de la glotte est une généralisation du recouvrement de sinusoïdes à phases décalées
(angl. PDOS) qui a été proposé initialement par I. Titze [1]. La généralisation du modèle de la glotte comporte
13 paramètres qui sont la fréquence et l’amplitude instantanée des vibrations de l’entrée et de la sortie, des
parois gauche et droite et des parois antérieure et postérieure, ainsi que le déphasage dû à la propagation à
vitesse finie de l’onde mucosale entre l’entrée et la sortie de la glotte. La forme 2D de la glotte projetée est
rectangulaire ou elliptique. Nous avons exploré, à l’aide de kymogrammes modélisés, des voix
diplophoniques simulées numériquement afin de mieux comprendre les motifs vibratoires des bords de la
glotte observés à l’aide de caméras vidéo à haute vitesse lors de la phonation non modale. La diplophonie a été
définie comme la perception simultanée de deux hauteurs lors du voisement. Une definition compatible, mais
plus large, est l’observation de structures glottiques différentes qui vibrent à des fréquences distinctes. Les
simulations (ainsi que des observations directes) suggèrent que des asymétries fréquentielles entre l’entrée et
la sortie, la gauche et la droite ainsi qu’entre l’antérieur et le postérieur causent des motifs qualitativement
distincts au niveau des kymogrammes et des formes d’ondes de l’aire glottique et du débit du flux d’air. Les
simulations montrent aussi que des décalages entre les phases de vibrations à la même fréquence de l’entrée et
de la sortie ou de la glotte antérieure et postérieure peuvent causer des pulsations doubles (c.à-d. deux
ouvertures inégales par cycle glottique) ainsi que des sous-harmoniques dans le spectre du signal acoustique.
Ces observations suggèrent que des définitions reposant exclusivement sur le comptage du nombre de
pulsations par métacycle glottique ne permettent pas de distinguer la diplophonie d’autres asymétries
glottiques.
Référence
[1] I. R. TITZE, The myoelastic aerodynamic theory of phonation, The National Center for Voice and Speech,
2006
56
Morphing vocal et sensibilité perceptive de la dysphonie
Joana, Revis *, Pascal Belin **
& Sophie Dufour *
*Laboratoire Parole et Langage, CNRS UMR 7039 (Aix en Provence, France)
**Institut de Neurosciences de la Timone, CNRS UMR 7289 (Marseille, France)
57
Étude rétrospective longitudinale acoustique et perceptive des voix de substitution
après laryngectomie partielle
Emeline Roques 1, Nicolas Audibert 2,
Lise Crevier-Buchman 1&2
1
Unité Voix, Parole, Déglutition, Service ORL &CCF, Hôpital Européen G. Pompidou
2
Laboratoire de Phonétique et de Phonologie, UMR7018 CNRS/Sorbonne-Nouvelle
Le but de notre étude longitudinale des voix dites de « substitution » après laryngectomie partielle verticale et
horizontale était de décrire i) des altérations perceptives et leurs corrélats acoustiques ainsi que ii) des mesures
acoustiques originales des voyelles permettant d’analyser la qualité vocale et son évolution dans le temps en
post-opératoire.
Matériel et méthodes : Nous avons analysé la voix de 30 patients masculins opérés d’une laryngectomie
partielle verticale fronto-latérale (FL), horizontale supracricoïdienne avec cricohyoïdoépiglottopexie (CHEP)
et cricohyoïdopexie (CHP) et 15 sujets témoins. Les enregistrements ont été réalisés à 3, 6 et 12 mois postopératoires. Notre étude s’articulait autour de deux axes : un volet perceptif pour lequel ont été réalisés des
évaluations expertes de la voix des patients par le biais de deux échelles (GRBAS et IINFVo [1]) ainsi qu’un
test d’identification des voyelles /a e i o u/ par des auditeurs naïfs ; et un volet acoustique pour lequel nous
avons réalisé une analyse formantique des voyelles. Enfin nous avons mesuré le spectre moyenné à long terme
(LTAS) sur au moins 40 secondes de texte lu, dans l’optique d’étudier la répartition d’énergie spectrale dans
les hautes fréquences et de mieux caractériser le bruit important associé aux voix issues de ces différentes
chirurgies. La mesure des paramètres temporels (le temps maximum phonatoire et débit phonatoire) complète
notre étude.
Résultats : l’évaluation perceptive experte révèle que les voix de substitution sont instables, irrégulières à la
fois en fréquence et en intensité. La cohérence inter et intra-juge est aussi élevée pour l’échelle IINFVo, plus
nuancée et incluant la description du timbre, que pour le GRBAS (0.91≤α≤0,97 dans tous les cas). De plus,
les dimensions représentées dans l’échelle IINFVo se sont révélées plus pertinentes pour caractériser les voix
de substitution. Pour les CHEP et CHP, la conservation de 2 aryténoïdes améliore la qualité vocale (p<0,05).
Pour l’identification des voyelles, on note une confusion entre les paires [i-e] et [o-u]. Le triangle vocalique
confirme ces résultats avec un recouvrement entre les valeurs de formants F1 et F2 des voyelles confondues.
La voyelle [a] reste bien identifiée malgré une augmentation des valeurs de F1/F2 en rapport avec un
raccourcissement du conduit vocal [2]. Le LTAS montre un pic d’intensité dans les hautes fréquences (5700
Hz – 6800 Hz) pour toutes les laryngectomies, qui semble lié à la qualité vocale soufflée des voix de
substitution [3].
La confrontation de l’ensemble des résultats nous a permis de dresser différents profils vocaux.
Conclusions : Les premiers six mois post-opératoire peuvent être considérés comme une étape d’adaptation
pour l’installation du voisement [4]. Les variations observées lors de l’évaluation des voix après différentes
chirurgies, nous ont permis d’une part de suggérer qu’il n’y a pas une voix de substitution mais bien « des »
voix de substitution, d’autre part d’orienter plus finement la rééducation orthophonique selon le type
d’altération vocale et le délai post opératoire.
Références
[1] MOERMAN M, MARTENS JP, CREVIER-BUCHMAN L, DE HAAN E, GRAND S, TESSIER C, WOISARD V,
DEJONCKERE PH (2006) The INFVo perceptual rating scale for substitution voicing: development and reliability.
Eur Arch Otorhinolaryngol; 263(5):435–439
[2] CREVIER-BUCHMAN, L., LACCOURREYE, O., WEINSTEIN, G., GARCIA, D., JOUFFRE, V.,
BRASNU, D. (1995b) Evaluation of speech and voice following supra-cricoïd partial laryngectomy. The journal of
laryngology and otology,109, 410-413
58
[3] HILLENBRAND, J., HOUDE, R., 1996. Acoustic correlates of breathy vocal quality: dysphonic voices and
continuous speech. Journal of Speech and Hearing Research 39, 311–321.
[4] CREVIER BUCHMAN L., LACCOURREYE O., MONFRAIS PFAUWADEL M-C., MENARD M.,
JOUFFRE D. ; BRASNU D. (1994) Evaluation informatisée des paramètres acoustiques de la voix et de la
parole après laryngectomie partielle supra-cricoïdienne avec crico-hyoïdo-épiglottopexie. Annales
d’otolaryngologie et de chirurgie cervico-faciale, 111 (7) ; 397-401.
59
SESSION ORALE 7 – TROUBLES DE L’AUDITION
***
Codage neuronal des vocalisations dans le nerf auditif ?
Jérôme Bourien
Institut des Neurosciences de Montpellier
Inserm U1051 - Equipe « Surdités, Acouphènes et thérapies »
En clinique, le test auditif de référence pour évaluer l’intégrité du nerf auditif repose sur l’analyse de l’onde I
des potentiels évoqués auditifs précoces. Ce test qui mesure la réponse synchrone des fibres du nerf auditif à
un clic acoustique ne permet cependant pas d’évaluer la réponse des fibres à des sons plus écologiques comme
des signaux modulés en amplitude ou des vocalisations. En couplant des enregistrements expérimentaux
(enregistrement de fibre unitaire et potentiel cochléaire global) acquis chez le rongeur et des simulations
mathématiques, il est possible de mieux comprendre comment les indices acoustiques de vocalisations sont
codés dans le nerf auditif.
Segmentation des séquences ambiguës à cause de l'élision chez des adultes implantés cochléaires
Anahita Basirat (a,b) & Fanny Heurtebise (b)
(a)
(b)
SCALab, UMR 9193
Département d'orthophonie, Faculté de médecine, Université Lille 2
Cette étude porte sur la capacité à trouver les frontières entre les mots lorsque celles-ci sont ambiguës à cause
de l'élision en français (par exemple, « l'avis » versus « la vie ») chez des adultes implantés cochléaires. Les
adultes normo-entendants sont capables d'exploiter des indices acoustiques telle que la montée de la fréquence
fondamentale (Spinelli, Grimault, Meunier & Welby, 2010) et le contexte sémantique (Kim, Stephens & Pitt,
2012) afin de trouver les frontières entre les mots dans des séquences phonologiquement identiques comme «
l'affiche » versus « la fiche » en français et « apart » versus « a part » en anglais. Notre objectif dans cette
étude était de vérifier si des adultes implantés cochléaires pouvaient utiliser des indices acoustiques afin de
segmenter des séquences ambiguës à cause de l'élision dans des phrases sémantiquement neutres. Nous avons
également vérifié si la présentation du visage du locuteur produisant ces phrases en plus de la présentation du
son pouvait être bénéfique à la segmentation. Nos résultats montrent que le nombre de réponses correctes des
sujets implantés cochléaires était en moyenne de 57.5 % en modalité auditive et de 58.6 % en modalité
audiovisuelle. Même si les sujets implantés cochléaires trouvait la tâche en modalité audiovisuelle plus facile
qu'en modalité auditive, leur performance n'était pas différente en modalité auditive et audiovisuelle. En ce
qui concerne les phrases sans élision (par exemple, la reconnaissance de « draps » versus « bras »), la
performance des sujets était plus élevée que lorsque les phrases portaient des séquences ambiguës. Pour ces
phrases non ambiguës, la modalité audiovisuelle avait un rôle facilitateur. Nos résultats chez un groupe
contrôle normo-entendant montre que les normo-entendants sont très performants dans la segmentation des
séquences ambiguës (80.6 % en modalité auditive et 82.1 % en modalité audiovisuelle). Nous n'avons pas
observé de différence entre la modalité auditive et la modalité audiovisuelle. En résumé, ces résultats
proposent que des indices acoustiques pertinents pour segmenter des séquences ambiguës à cause de l'élision
ne sont pas tout à fait exploités par des implantés cochléaires. En effet, la segmentation des séquences
ambiguës est moins bonne chez des adultes implantés cochléaire que chez des sujets normo-entendants.
L'observation du visage du locuteur produisant ces séquences n'a pas apporté plus d'informations pour la
segmentation ni chez des implantés cochléaires ni chez notre groupe contrôle. Il serait intéressant d'étudier
dans quelle mesure des indices prosodiques fins nécessaires pour la segmentation de la parole sont transmis
par des implants cochléaires.
Références :
Kim, D., Stephens, J. D. W., & Pitt, M. A. (2012). How does context play a part in splitting words apart?
Production and perception of word boundaries in casual speech. Journal of Memory and Language, 66(4),
509–529.
Spinelli, E., Grimault, N., Meunier, F. & Welby, P. (2010). An intonational cue to word segmentation in
phonemically identical sequences. Attention Perception et Psychophysics 72(3): 775–787.
61
Perception des voyelles nasales par les adultes devenus sourds implantés cochléaires
Stéphanie Borel, Olivier Sterkers & Jacqueline Vaissière
Laboratoire de Phonétique et Phonologie
UMR 7018, CNRS/Sorbonne-Nouvelle
Ces trois études portent sur la perception des voyelles nasales par les adultes devenus sourds implantés
cochléaires (IC). La première étude mesure le taux d’identification, par 82 adultes IC, de voyelles en contexte
CV avec C = [p] et V = [a, o, i, u, y, ø, e, ɛ, ɑ̃, ɔ,̃ ɛ]̃ , prononcés à voix directe de femme, sans répétition, à un
délai post-implant « précoce » (situé entre 1 et 4 mois post-IC ; Moy±SEM=2,6±0,01 mois) et à un délai «
tardif » (entre 12 et 120 mois post-IC ; Moy=35±0,3 mois). Les résultats montrent que les voyelles nasales
sont significativement moins bien reconnues que les voyelles orales, précocement après l’implantation (36%
pour les nasales vs. 77% pour les orales, p<0.05) mais également à distance de l'implantation (57% vs. 87%,
p<0.05). Dans 98% des cas (84/86 des confusions exprimées) au stade précoce et 94% des cas (64/68 des
confusions exprimées) au stade tardif, les confusions s’orientent vers une voyelle orale: [ɑ̃] est
majoritairement confondu avec [a] (69% des confusions exprimées au stade précoce/60% au stade tardif), [ɔ]̃
avec [o] (73%/92%), [ɛ]̃ avec [a] (61%/70%). La seconde expérience perceptive a pour objectif l’évaluation
de la détection de voyelles nasales parmi des voyelles orales. Deux exemplaires des voyelles [i, a, ɛ, ɔ, o, ɔ,̃ ɑ̃,
ɛ]̃ prononcées par deux locutrices francophones parisiennes ont été utilisées pour tester la discrimination des 9
paires de voyelles orale-nasale : trois paires contrôles associant les voyelles nasales [ɑ̃], [ɔ]̃ et [ɛ]̃ à la voyelle
[i], trois paires correspondant aux trois alternances morpho-phonologiques habituelles ([ɑ̃]-[a], [ɔ]̃ -[ɔ], [ɛ]̃ -[ɛ])
et trois paires basées sur la distance phonétique entre les voyelles et les confusions les plus fréquentes
retrouvées l'étude précédente ([ɑ̃]-[ɔ], [ɔ]̃ -[o], [ɛ]̃ -[a]). Quinze adultes IC, âgés de 26 à 79 ans (moy=61±4,3),
et 6 adultes normo-entendants, âgés de 22 à 72 ans (48±9,7 ans) ont participé à l'étude. Les résultats montrent
que la paire [ɑ̃]-[ɔ] est significativement moins bien différenciée que la paire [ɑ̃]-[a] (44%±6,7 vs. 67%±6,9,
p=0,0038). La paire [ɔ̃]-[o] est significativement moins bien différenciée que la paire [ɔ̃]-[ɔ] (53%±6,9 vs.
76%±6,0, p=0,0109). La paire [ɛ]̃ -[a] est significativement moins bien différenciée que la paire [ɛ]̃ -[ɛ]
(56%±6,2 vs 74%±5,9, p=0,0476). Une enquête auprès de 21 orthophonistes (non-méridionaux) spécialisés
dans la prise en charge rééducative de l’adulte implanté cochléaire montre que pour le travail de
discrimination auditive du trait de nasalité vocalique, la voyelle [ɑ̃] est opposée à [a] dans 71% des cas (et à
[ɔ] dans 19% des cas). Pour la voyelle [ɛ]̃ , 57% des orthophonistes l’opposent à [ɛ] (19% l’opposent à [a]).
Pour la voyelle [ɔ]̃ , 76% l’opposent à [o] (19% à [ɔ]).
Ces trois études montrent que les adultes devenus sourds implantés cochléaires ont une difficulté spécifique et
durable à percevoir les voyelles nasales, qu’ils confondent avec une voyelle orale proche. Pour les voyelles [ɛ]̃
et [ɑ̃], les paires orale-nasale travaillées en rééducation orthophonique ne correspondent pas aux erreurs
réelles des adultes implantés cochléaires. Une liste de paires minimales a été élaborée pour orienter la
rééducation.
62
Session Communications Affichées
Retour visuel en rééducation orthophonique : étude d’un cas d’aphasie-non fluente
Audrey Acher, Diandra Fabre, Thomas Hueber, Sophie Amen, Carole Lagarde, Pierre Badin et Monica Baciu
Après un accident vasculaire cérébral (AVC), des troubles du langage affectant l’expression et/ou la
compréhension du langage oral et/ou écrit peuvent survenir lorsque la lésion a lieu dans l’hémisphère dominant
pour le langage (en général l’hémisphère gauche chez un droitier). Ces troubles sont regroupés sous le terme «
aphasie ». Notre projet de recherche est dédié à une population de patients aphasiques non-fluents de type
Broca, notre objet d’étude étant la composante arthrique de la parole. Notre but est d’étudier l’effet d’une
rééducation de la parole exploitant le retour visuel du mouvement de la langue par échographie sur la
récupération de la composante motrice du langage oral (parole). Nous pensons que la visualisation de sa propre
langue permettra au patient de mieux planifier et coordonner ses mouvements linguaux. Les travaux
précurseurs de Bernhardt et al., ont démontré que la rééducation orthophonique avec retour visuel par
échographie améliorait la qualité de la production d’enfants présentant des troubles articulatoires isolés [1].
Cette technique a été également utilisée avec succès pour des troubles neurologiques acquis, comme l’apraxie
de la parole [2].
Dans cette étude, nous comparerons deux groupes de patients : un groupe bénéficiant d’une rééducation
augmentée avec échographie et un second groupe bénéficiant d’une rééducation non augmentée c’est-à-dire
sans échographie. Pour les deux groupes, la rééducation débutera précocement en phase aiguë post-AVC et
durera un mois, à raison de 3 séances hebdomadaires, afin de dispenser une rééducation intensive survenant
lors du premier mois où la moitié de la récupération a lieu [3].
L’effet de la rééducation sera évalué dans un premier temps en comportemental avec des bilans de langage et
une analyse acoustique. Le projet prévoit également une étude de la plasticité cérébrale avec des examens en
IRM fonctionnelle. Une étude préliminaire a été réalisée chez une patiente aphasique de Broca en phase
chronique. La patiente a bénéficié de 10 séances de rééducation intensive de la parole avec échographie
d’environ 10 minutes pendant un mois. Un test de dénomination et un enregistrement acoustique ont été
réalisés avant la rééducation augmentée, après 6 séances et à la fin du protocole de rééducation augmentée.
Après les 10 séances de prise en charge, les analyses acoustiques montrent une production plus canonique des
voyelles /y/ et //, ces voyelles étant très postérieures sur le plan du F2 avant le protocole de rééducation
augmentée. Une analyse qualitative des consonnes montre une meilleure répétition des consonnes /t/, /d/ et /k/
en intervocalique, produites substituées par la liquide /l/ lors de la première évaluation.
Références
[1] Bernhardt, B.M., Bacsfalvi, P., Adler-Bock, M., Shimizu, R., Cheney, A., Giesbrecht, N., O’Connell, M., Sirianni, J.,
& Radanov, B. (2008). Ultrasound as visual feedback in speech therapy: Exploring consultative use in rural British
Columbia. Clinical Linguistics and Phonetics, 22(2), 149-162.
[2] Preston, J. L., & Leaman, M. (2014). Ultrasound visual feedback for acquired apraxia of speech: A case report.
Aphasiology, 28(3), 278-295.
[3] Bhogal, S.K., Teasell, R., & Speechley. M. (2003). Intensity of aphasia therapy, impact on recovery. Stroke,
34(4), 987-993.
63
Patterns of pauses in Arabic (L1) and French (L2) bilingual patients with Alzheimer's disease
Melissa Barkat-Defradas & Frédérique Gayraud
A recent estimate reported 765,000 immigrants over 65 years old in France. As the proportion of this bilingual
population grows, there is an increasing need for a comprehensive care of these populations characterized by a
low educational background and a late bilingualism The decline in the ability to use 2 languages proficiently
has been documented in both normal & pathological aging (Hyltenstam & Obler 1989). As L2 becomes more
effortful to produce for AD patients (Barkat-Defradas & Gayraud, 2013), we hypothesize that dysfluencies’
frequency and duration should more important in L2. To test this hypothesis, 4 Arabic-French bilingual AD
patients were tested in both L1 (Arabic) and L2 (French) using adapted versions of the MMSE (Folstein &
Folstein, 1975), sub–tests of the BAT (linguistic history questionnaire) (Gomez et al., 2013) and through the
spontaneous production of a personal narrative. Our goal was to evaluate the relevance of dysfluencies to assess
bilingual patients’ language proficiency in L1 and L2. Our findings first show that intra-turn dysfluencies are
not appropriate to evaluate patients’ language proficiency (i.e. no difference between French and Arabic)
whereas inter-turn pauses reveal a different pattern in L1 vs. L2. The observed difference suggests dysfluencies
are more related to comprehension difficulties in L2 than to planification process.
[1] The authors contributed equally to this work and the order of authorship is alphabetical. We are grateful to Farida
Benmouffok and to Hector Berlioz EHPAD (Bobigny) for allowing access to the patients.
Discussion autour d’une méthodologie adéquate pour des tests de perception adaptés aux productions de
la parole d’enfants porteurs de fente palatine
Béchet Marion, Fauth Camille & Sock Rudolph
Cette étude propose, sur la base de résultats préliminaires, une discussion des différentes méthodologies
possibles pour la conception de tests de perception afin de cibler la plus adaptée à l’analyse de la production de
la parole de locuteurs enfants opérés d’une fente palatine.
Les articulations compensatoires, visant à remplacer une consonne ou une voyelle qu’un locuteur ne parvient
pas à produire, sont couramment utilisée par les locuteurs porteurs de fente, pour pallier leur difficulté à
produire des occlusives. Le locuteur tente alors de prononcer le son le plus proche possible de la cible
recherchée, sur le plan phonétique. Tant qu’aucune confusion n’est possible entre deux phonèmes dans une
même langue, l’auditeur peut rapprocher aisément le son entendu du son désiré par le locuteur, car il conserve
au maximum les propriétés phonétiques caractéristiques de ce son. Les enfants atteints de fente palatine vivant
avec cette gêne dès leur premier âge, la mise en place de compensations persiste malgré les opérations
chirurgicales et, quelques fois, ces locuteurs ont recours à des gestes inattendus pour produire certains sons.
Par exemple, la double articulation est une articulation compensatoire identifiée dans de nombreuses études
portant sur la parole de porteurs de fente palatine ([6], [5], [7], [1], [2] et [8]). Une autre étude [3] démontre la
variabilité de l’effet perceptif ; souvent, la double articulation est perçue comme correcte par les auditeurs dans
certains mots. D’autres chercheurs [4] ont également identifié cette double articulation comme réalisation
possible des consonnes simples [t] et [d]. Ils confirment en plus les résultats trouvés précédemment [3] au
niveau perceptif, puisque les auditeurs peuvent détecter aussi bien les erreurs relatives à la production de [k] et
de [g], qu’ils peuvent entendre une prononciation correcte, correspondant à ces deux dernières occlusives.
Ainsi, il est particulièrement intéressant de tester ces sons au niveau perceptif. Il s’agira de contrôler si ces
consonnes compensatoires, qui semblent jouer leur rôle au niveau de l’intelligibilité de la parole en général,
permettent au locuteur de produire un son qui peut être reconnu en contexte. Au niveau perceptif, le son peut-il
être correctement perçu hors de son contexte ?
Deux contraintes apparaissent : il s’agit de locuteurs pathologiques qui de plus sont des enfants. Ces deux
64
paramètres doivent donc être pris en compte. Tant le choix des segments à écouter qu’une sélection variée
d’auditeurs sont des paramètres à sélectionner avec précision. Aussi, il convient d’être attentif à prendre en
compte la spécificité des pathologies de chacun des locuteurs évalués. Aussi, chaque âge et chaque type de
fente est représenté dans le test.
L’étude est menée sur les 6 occlusives orales du français analysées au niveau acoustique, placées dans les 3
contextes vocaliques [i], [a] et [u] et des segments de différentes tailles. Pour chaque occurrence, les
productions de sons des locuteurs pathologiques, mêlées à ceux de locuteurs sains, sont évalués par des
auditeurs naïfs et des experts.
Les premiers résultats présentés permettent de mettre en exergue les principaux paramètres à surveiller lors de
la mise en place de tels tests.
Références
[1] Grunwell P. (1993), Analysing cleft palate speech. London: Whurr. 184 p.
[2] Dent H., Gibbon F. and Hardcastle W. (1992), Inhibiting an abnormal lingual pattern in a cleft palate child using
electropalatography. In M.M. Leahy and J.L. Kallen (Eds.) Interdisciplinary Perspectives in Speech and Language
Pathology. School of Clinical Speech and Language Studies, Dublin, 211-221.
[3] Hardcastle W.J., Morgan Barry R.A. & Nunn M. (1989), Instrumental articulatory phonetics in assessment and
remediation: case studies with the electropalatograph. In Stenglehoffen J. eds. Cleft palate: the nature and remediation of
communicative problems. Edinburgh. Churchill Livingstone. 136-164.
[4] Harding A., Grunwell P. (1996), Characteristics of cleft palate speech. European Journal of Disorders of
Communication, 31, 331-357.
[5] McWilliams B.J., Morris H.L. & Shelton R.L., (1990), Cleft palate speech. 2nd ed. Philadelphia: BC Decker, 428 p.
[6] Trost, J.E. (1981), Articulatory additions to the classical description of the speech of persons with cleft palate. Cleft
Palate Journal, 18, 193-203.
[7] Tros, J.E. (1990), The development of speech: assessing cleft palate misarticulations. In Kernahan DE, Rosenstein
SW, eds. Cleft lip and palate: A System of management. Baltimore: Williams and Wilkins, 227-235.
[8] Whitehill, T., Stokes S., Hardcastle, F. (1995), Electropalatographic and perceptual analysis of the speech of
Cantonese children with cleft palate. European Journal of Disorders of Communication, 30, 193-202.
Détection dans le bruit et vieillissement
Lucie Billet, Anaïs Etourneux, Jean-Luc Puel, Jérôme Bourien
De récents travaux expérimentaux menés chez le rongeur montrent que le vieillissement cochléaire affecte
préférentiellement les neurones auditifs à haut seuil d’activation à un stade (~demi-vie) où les cellules
sensorielles et les neurones auditifs à bas seuil d’activation sont intacts. Transposés à l’homme, ces résultats
suggèrent que les performances supraliminaires (notamment dans le bruit) devraient être affectées avant les
performances liminaires (seuil tonal) au cours du vieillissement. Dans cette étude menée chez 108 sujets âgés
de 13 à 85 ans, nous montrons, qu’en effet, les performances de détection dans le bruit se dégradent avant les
performances liminaires confirmant ainsi les résultats obtenus chez le rongeur.
65
Relations entre coordinations articulatori-acoustiques et productions verbales
d’enfants dyslexiques phonologiques de CE1
Amel Naïma Derbal, Pierre North, Béatrice Vaxelaire & Rudolph Sock
Introduction : la dyslexie est une difficulté d’apprentissage de la lecture, non liée à un retard mental, à un
déficit sensoriel et ni à l’environnement social ou familial défavorisé. L’enfant dyslexique présente un écart de
(18 à 24) mois par rapport aux réalisations scolaires d'un sujet en lecture et ses potentialités intellectuelles
mesurées par une échelle d'intelligence (Q.I.). Il peut souffrir d’un dysfonctionnement des structures cérébrales
entravant ses capacités cognitives avec une mauvaise identification des mots. Le diagnostic repose sur
l’évaluation de l’habileté de la parole, de la lecture et de l’écriture. Dans ce travail, nous nous sommes
intéressés aux enfants dyslexiques phonologiques. Cette dernière se caractérise principalement par une
altération de la voie phonologique. Ces enfants présentent une sensibilité intra catégorielle supérieure. Si nous
acceptons l’hypothèse du couplage entre la perception et la production de la parole, nous pouvons parler d’une
perturbation de l’exécution articulatoire et de la perception des entités produites, ce qui expliquerait leur retard
de parole et leur trouble du langage. En effet, la parole obéit à certaines contraintes phonétiques et
phonologiques ; la variation d’un phonème coarticulé serait à la source de la difficulté de sa discrimination chez
l’enfant dyslexique car ce phonème présente plusieurs variantes allophoniques.
Hypothèse : en raison de la variabilité articulatoire du phonème produit, il y aurait un retard de production et
de perception de la parole : les enfants dyslexiques soufreraient donc d’un trouble de contrôle temporel, soit de
la non maitrise de la coordination oro-laryngée. Notre hypothèse se résume ainsi à un dysfonctionnement de du
timing entre gestes glottiques et gestes supraglottiques.
Méthodologie : Nous avons procédé à une analyse acoustique de la production verbale de 6 enfants
dyslexiques, à la recherche des marqueurs articulatori-acoustiques qui diffèreraient de ceux des enfants du
groupe contrôle, avec appariement en âge et en genre.
Le matériel linguistique choisi sont des occlusives sourdes et sonores suivies ou précédées par le segment
vocalique [a], ces mots et logatomes insérés correspondant à des séquences de types
(CV, CVCV, VCVCV et VCVCCV) en lecture à haute voix et en vitesse d’élocution normale. Les paramètres
temporels étudiés pour les occlusives sourdes sont : 1) VTT ; 2) le silence acoustique et 3) le VOT (de Klatt,
1975). Pour les occlusives sonores, nous avons retenu l’occlusion et le VOT. Nous avons aussi mesuré les
segments vocaliques adjacents.
Résultats : les analyses révèlent : 1) lors de l’identification des mots, que la voie d’assemblage peut
partiellement être opérationnelle chez les enfants dyslexiques ; 2) au niveau de la production, une déformation
de mots partielle ou totale ; 3) des oppositions de sonorité ou de lieu d’articulation problématiques. En outre, les
durées segmentales sont plus élevées que chez l’enfant normo-lecteur, traduisant une lenteur dans la réalisation
articulatoire, ce qui correspond à des durées segmentales remarquablement allongées. Les paramètres
intrasegmentaux (VTT, VOT, silence acoustique) et intersegmentaux (durées vocaliques, tenues
consonantiques) n’affichent pas des valeurs habituellement attestées dans la littérature, par rapport aux
exigences imposées par les caractéristiques du lieu d’articulation et de la qualité des catégories phonétiques et
phonologique (Abramson, 1977 ; Lisker, 1977 ; Sock, 1998). Cependant, ces catégories peuvent préserver leur
intelligibilité globale. Cette étude a ainsi permis de mettre en relief la notion de couplage entre la perception et
le trouble articulatoire, voire le retard de la parole et du langage, en termes de négociation entre le locuteur et
l’auditeur (Lindblom, 1987).
Références
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Laboratoire Cogni-Sciences IUFM de l'Académie de Grenoble, Centre de référence et de diagnostic du langage,
département de pédiatrie, CHU de Grenoble.
Description articulatoire des disfluences normales et sévères
Ivana Didirkova, Fabrice Hirsch, Ľubomíra Štenclová
Les accidents de parole jalonnent toute production orale, surtout lorsque celle-ci n’est pas préparée à l’avance
(Corley & Stewart, 2008). La fréquence d’apparition ainsi que la nature de ces disfluences dépendent de
nombreux critères et il arrive parfois que la sévérité de ces accidents de parole entrave l’intelligibilité de
l’énoncé (MacGregor et al., 2009). C’est d’autant plus le cas pour les pathologies affectant la fluence comme le
bégaiement qui se caractérise notamment par des répétitions, des prolongations, des blocages, etc. (Van Riper,
1973). Différentes caractéristiques de ces disfluences sont étudiées dans la littérature : à titre d’exemple, sont
traitées les dimensions linguistique, perceptive ou encore acoustique, comparant parfois les disfluences sévères
et normales.
67
Quant au niveau articulatoire, des recherches sur le fonctionnement laryngé en phase de disfluences normales et
sévères ont révélé des mouvements inappropriées des plis vocaux ou encore des spasmes de la cavité laryngée
lors de disfluences sévères chez des personnes qui bégaient, alors que ces comportements n’étaient pas présents
en phases de disfluence normale (Hirsch et al., 2012). De fait, si les disfluences sévères présentent des
spécificités au niveau laryngé, il semble intéressant de se focaliser également sur le niveau supraglottique.
L’objectif de cette proposition est ainsi d’analyser les gestes articulatoires en phases de disfluence normale et
sévère et ce, chez une personne qui bégaie et une locutrice normo-fluente. Notre hypothèse est que la parole
produite par les personnes qui bégaient devrait se caractériser par un temps de réaction articulatoire plus élevé
ainsi que par une altération des gestes de la parole. Pour mener à bien notre étude, deux locutrices ont été
enregistrées : une locutrice normo-fluente âgée de 26 ans et une locutrice qui bégaie de 23 ans, toutes deux de
langue maternelle française. Les données ont été recueillies au Laboratoire Lorrain en Recherches en
Informatique et ses Applications (Nancy). Au total, neuf capteurs ont été placés sur la langue (3), les lèvres (4),
le front (1) et la mandibule (1) de nos sujets, permettant de recueillir des données sur les mouvements des
articulateurs à l’aide d’un articulatographe électromagnétique Carstens AG501 3D. Un enregistrement
acoustique au format .wav (44100 Hz - 16 bits) a été réalisé de manière synchronisée avec les données
articulatoires. Les données ont ensuite été transcrites et traitées à l’aide du logiciel Visartico (Ouni et al., 2012).
Nos premiers résultats révèlent la présence de mouvements articulatoires dans les disfluences silencieuses
normales et sévères (pauses et blocages). La différence se situe au niveau des caractéristiques desdits
mouvements : tandis que lors d’une disfluence normale des gestes préparatoires du ou des sons suivants
peuvent être observés, cette extension du geste anticipatoire est moindre lors d’une disfluence sévère durant
laquelle des mouvements « accessoires » sont présents. De même, une discoordination des gestes articulatoires
lors des disfluences sévères a été constatée. Enfin, lors des séquences durant lesquelles il a été demandé au sujet
de répéter une phrase après qu’elle ait été énoncée par l’interlocuteur, le temps de réaction du sujet a été
moindre en séquence fluente qu’en séquence disfluente. Ici encore, si en phase fluente l’anticipation des gestes
articulatoires peut être observée, des mouvements parasites sont présents tout au long du blocage qui précède la
répétition de la phrase demandée.
Références
Corley, M., & Stewart, O. W. (2008). Hesitation disfluencies in spontaneous speech : The meaning of um. Language and
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Van Riper, C. (1973). The treatment of stuttering. Englewood Cliffs, N.J: Prentice-Hall.
68
Mécanisme d'adaptation cochléaire dépendant du niveau sonore ambiant
Caroline Dryburgh, Antoine Huet, Charlène Batrel, Florian Hasselmann, Jean-Luc Puel & Jérôme Bourie
Résumé: La cochlée est capable de coder les sons sur une dynamique de 120 dB avec une acuité de ~1 dB. Pour
assurer cette excellente dynamique, de récents travaux ont montré que chaque fibre du nerf auditif était capable
d'adapter sa dynamique de codage en fonction du niveau sonore ambiant. Dans de cette étude menée sur des
gerbilles de Mongolie, nous montrons que l'on peut grâce à l’enregistrement du potentiel d'action composite du
nerf auditif, mettre en évidence ce mécanisme d’adaptation. Cette méthode offre un cadre expérimental pratique
et robuste pour déterminer l'origine cochléaire de ce mécanisme d'adaptation chez l’animal et ensuite chez
l’homme.
La pause : un indice de fatigue vocale dans les productions de patients dysphoniques ?
Camille Fauth, Béatrice Vaxelaire, Jean-François Rodier, Pierre-Philippe Volkmar & Rudolph Sock
L’évaluation de la fatigue vocale ou de l’inconfort vocal chez des professionnels de la voix1 ou chez des
patients dysphoniques ou dysarthriques a souvent été traité dans la littérature en utilisant des mesures
anatomiques2,3, d’(auto-) évaluation subjective ou de mesures acoustiques4,5,6. Le but de notre travail est
d’étudier les stratégies rythmiques qu’emploient des patients souffrant de paralysies récurrentielles postthyroïdectomie lors de la lecture d’un passage de la Chèvre de Monsieur Seguin. Ces patients souffrent de
troubles de la voix plus ou moins importants7. Notre étude se veut longitudinale, puisqu’il s’agit d’analyser les
productions des patients afin de déceler les différentes perturbations qu’entraine l’ablation de la glande thyroïde
et de mettre au jour les possibles stratégies de compensation ou réajustements que le patient est capable de
mettre en place seul à l’aide d’une rééducation orthophonique.
Le présent travail porte sur la voix de 7 patients (5 femmes et 2 hommes). Il n’a pas été possible, en raison des
contraintes hospitalières, d’acquérir des données préopératoires. Les premiers enregistrements n’ont pu être
réalisés qu’à partir de la phase post-opératoire, soit 15 jours après l’intervention (post-opératoire 1). Les
patients sont ensuite enregistrés une fois par mois (post-opératoire 2 et 3) durant leur rééducation vocale chez
l’orthophoniste de leur choix. Il leur a été demandé de lire le texte à une intensité confortable comme s’ils
racontaient l’histoire à un enfant.
Dans les productions des patients, ont été notamment mesurés la durée des pauses (en ms), la durée des prises
de respiration audible et le débit de la parole (en nombre de syllabes par secondes). Nous supposons que, dans
les phases post-opératoires précoces en raison de la dysphonie, le débit de la parole serait plus lent et la durée
des pauses plus importantes que dans les phases d’enregistrement plus tardif. De plus, en raison des difficultés
aérodynamiques rencontrées par ces patients, il est également possible que les prises de respirations audibles
soient plus longues. L’on pourrait alors considérer la durée de ces éléments comme un indice de fatigue vocale
dans les productions des patients souffrant de paralysies récurrentielles. Les mesures dégradées en lecture
pourraient alors être couplées à celles que l’on pourrait obtenir à partir de mesures acoustiques ou spatiotemporelles et ainsi être une indication du degré de dysphonie du locuteur.
Les premiers résultats correspondent à la tendance attendue, à savoir que la durée des pauses est plus importante
dans la première phase d’enregistrement post-opératoire, le débit de parole étant également plus lent. La durée
des prises de respiration audibles reste à quantifier, cet indice étant loin d’être un élément homogène. Il semble
donc que la pause ainsi que le débit soient des indices efficaces pour évaluer la fatigabilité dans les productions
des patients souffrant de paralysie récurrentielles.
69
Références
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Codage de l’enveloppe temporelle dans le nerf auditif
Florian Hasselmann , Antoine Huet , Charlène Batrel , Lucie Billet, Gilles Desmadryl, Jean-Luc Puel et Jérôme
Bourien
L’information contenue dans l’enveloppe temporelle d’un signal de parole est primordiale pour reconnaitre de
la parole. Cependant, les anomalies de codage de l’enveloppe sont difficilement détectables actuellement car les
tests cliniques mesurent la synchronisation (PEA, ECoG). C’est pourquoi nous développons une méthode
capable de mesurer l’aptitude de la cochlée à coder l’enveloppe temporelle. Chez 3 modèles animaux, l’activité
du nerf auditif a été enregistrée à l’aide d’enregistrements unitaires (microélectrode placée dans le nerf auditif)
ou globaux (électrode à la fenêtre ronde de la cochlée). Le stimulus sonore était une bande de bruit modulée en
amplitude ou une vocalisation de rongeur. Nos résultats montrent que les indices de l’enveloppe temporelle
(profondeur de modulation, fréquence de modulation) sont fidèlement transmis par les fibres du nerf auditif.
Notre méthode permet également d’observer la réponse du nerf auditif à une vocalisation ce qui représente une
avancée diagnostique significative. Cette méthode applicable à l’homme pourrait permettre de mieux
comprendre certaines surdités cochléaires qui affectent préférentiellement le codage de l’enveloppe temporelle.
70
Cochlear sound encoding in background noise
Antoine Huet, Gilles Desmadryl, Jean-Luc Puel & Jérôme Bourien
Le codage du son est réalisé par les cellules cillées internes (CCI) localisé au niveau de l’épithélium cochléaire.
Chaque CCI est innervée par ~20 fibres afférentes du nerf auditif avec différents seuils d’activation : les sons
faibles activent les fibres à haute activité spontanée (AS), et l’augmentation progressive du niveau recrute les
fibres à moyenne et basse AS. Alors que le codage du son dans le silence a déjà été largement étudié, très peu
de choses sont connues à propos du codage du son en présence d’un bruit de fond. Cette étude a pour objectif
d’étudier cette problématique à l’aide de la technique des enregistrements unitaires des fibres du nerf auditif.
Comparaison des performances de démasquage binaural et de localisation sonore azimutale
Johann Lahai, Anthony Gentil, Jean-Charles Ceccato & Frédéric Venail
Démasquage binaural et localisation sonore sont basés sur des indices interauraux similaires bien que les
phénomènes diffèrent selon la fréquence et le type de perte auditive. La présente étude vise à confronter les
performances pour ces deux phénomènes chez l’humain afin de vérifier l’existence d’une corrélation à travers 4
épreuves (démasquage tonal et vocal, localisation, intelligibilité vocale dans le bruit. Les données révèlent qu’il
n’y a pas de corrélation dans le paradigme utilisé. D’autres paramètres seraient intéressants à tester pour valider
ou infirmer notre hypothèse.
Détection automatique d'anomalies dans la parole dysarthrique
Imed Laaridh, Corinne Fredouille , Christine Meunier
La dysarthrie est un trouble de la réalisation motrice de la parole résultant d'une lésion du système nerveux
central ou périphérique. Elle peut être associée à plusieurs pathologies et affecter différents niveaux de
production de la parole.
L’évaluation perceptive reste la méthode la plus utilisée pour évaluer la parole dysarthrique. Cependant, cette
évaluation reste une tâche non triviale, assez coûteuse et subjective (variabilités intra et inter-juges importantes)
même lorsqu'elle est réalisée par des experts. Le but de ce travail est la mise en place de méthodes objectives et
fiables pour l'assistance des cliniciens dans l’évaluation de la dysarthrie et de son évolution. Deux corpus de
données sont utilisés dans cette étude. Le premier est composé d'enregistrements longitudinaux de 8 patients
atteints de maladies de surcharges lysosomales d'origine génétique. Ces enregistrements ont été annotés par un
expert, précisant pour chaque phonème s'il est "normal" ou non. Ce corpus dispose aussi d’enregistrements de 6
contrôles sains utilisés pour modéliser la parole normale. Le deuxième corpus comprend des enregistrements de
89 patients atteints de plusieurs pathologies (Maladie de Parkinson, Sclérose Latérale Amyotrophique, ataxies
cérébelleuses) ainsi que de 29 contrôles. Pour ce corpus, on dispose, pour chaque patient, d'une évaluation
perceptive de la parole réalisée par un jury de 11 experts sur divers critères tels que le grade global de sévérité,
la réalisation articulatoire et l'intelligibilité [1] [2]. Les locuteurs des deux corpus ont lu le même texte: "tic tac"
de la batterie C. Chevrie-Müller.
Ce travail fait suite à une étude précédente [3] et présente l'originalité de modéliser à la fois la parole normale et
la parole dysarthrique. Différentes techniques et outils issus du traitement automatique de la parole sont utilisés
dans ce travail. Ces outils fournissent, dans un premier temps, un alignement automatique de la parole contraint
par le texte résultant en des frontières de début et de fin pour chaque phonème. Plusieurs paramètres et scores
71
acoustiques sont ensuite calculés pour chaque phonème et utilisés pour modéliser la parole dysarthrique
(patients) et la parole normale (contrôles) suivant différentes catégories phonétiques (consonnes sourdes,
consonnes sonores, voyelles orales, voyelles nasales). Une classification automatique basée sur des SVM
(Support Vector Machine) [4] permet finalement de labelliser tout phonème donné en entrée comme normal ou
déviant.
Cette nouvelle approche a prouvé sa pertinence et la capacité du système à détecter les anomalies. En effet,
l'analyse des résultats sur le premier corpus montre que le système arrive à détecter la majorité des anomalies
annotées par l'expert (81%). Ce résultat est conforté par le deuxième corpus pour lequel le taux de phonèmes
annotés comme anormaux pour chaque patient présente une très forte corrélation avec les différentes mesures
d'évaluation perceptive pour les différentes pathologies. Cependant, le système a tendance à être plus sévère
que l’expert en détectant plus d'anomalies. Dans cet optique, de futurs travaux permettront d'étudier la relation
entre la précision de l'alignement automatique et la détection d’anomalies. Le comportement du système face à
la parole spontanée sera également étudié.
Remerciements
Ce travail est soutenu par le Labex BLRI (ANR-11-LABEX-0036), le projet A*MIDEX (ANR-11-IDEX-0001-02)
financé par le programme "investissements d'avenir" du gouvernement Français géré par l'ANR et le projet Typaloc
(ANR-12-BSH2-0003-03)
Références
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d'expertise du jury et différenciation entre types de dysarthrie ; PhD. Thesis, Speech therapist thesis, University of Paris
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BONASTRE, A. COLAZO-SIMON, C. DELOOZE, D. DUEZ, C. GENDROT, T. LEGOU, N. LEVEQUE, C. PILLOT-LOISEAU, S.
PINTO, G. POUCHOULIN, D. ROBERT, J. VAISSIERE, F. VIALLET AND C. VINCENT (1998). The DesPho-APaDy Project:
Developing an Acoustic-phonetic Characterization of Dysarthric Speech in French in Proceedings of the Seventh
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1995.
Evolution temporelle de la parole chez trois types de dysarthriques :
apports de la Transcription Orthographique Enrichie
Thierry Legou, Claire Pillot-Loiseau
Cette étude s’intéresse aux aspects dynamiques de la parole en fonction du temps chez trois populations de
dysarthriques. La littérature a montré qu’il existait certains changements vocaux et de parole en fonction du
temps chez de tels patients. Certaines conditions de traitement de parkinsoniens augmentent la fatigue car la
coordination pneumo-phonatoire est plus difficile à ce stade. La fatigue est alors mesurée en montrant la
diminution et l’instabilité d’intensité de /a/ tenus, et celle de leur temps de tenue (Pinto et al. 2005). Skodda et
al. (2011) ont constaté que la variation de la fréquence fondamentale de 138 parkinsoniens diminuait
significativement entre la première et la quatrième et dernière phrase lues. Nishio et Niimi (2000) ont constaté
chez deux patients atteints de sclérose Latérale Amyotrophique (SLA) que le débit déclinait grandement en
fonction du temps par rapport au groupe contrôle, même quand l’intelligibilité de parole était encore conservée.
Concernant l’indice de fatigabilité de la parole, Makashay et al. (2015) ont constaté que 12 parkinsoniens
ressentaient autant de fatigue après une heure d’exercice de parole que 13 sujets sains, mais des auditeurs
expérimentés n’ont pas détecté de différences dans la précision articulatoire dans les productions avant et après
72
une heure d’exercice entre les deux populations. Peu de différences acoustiques entre ces contextes et sujets ont
été également trouvées. Cependant, aucune étude ne s’est consacrée à l’évolution temporelle du nombre
d’erreurs de parole chez des dysarthriques français. Nous proposons donc d’évaluer l’évolution de la parole
dans le temps en lecture à partir des transcriptions orthographiques enrichies (TOE) d’enregistrements audio.
Ces TOE initialement établies pour améliorer les performances des systèmes d’analyse automatique,
contiennent des informations quant aux éventuelles suppressions, insertions ou substitutions produites lors de la
lecture du texte. L’opérateur transcrit ces éléments en fonction d’une convention d’annotation et note le dernier
mot lu ainsi que la durée de lecture. Cette étude porte sur les TOE d’enregistrement de 83 patients dysarthriques
français (22 cérébelleux, 22 parkinsoniens et 39 SLA) enregistrés en voix et parole, dont la lecture du texte « le
cordonnier » (19 phrases et 170 mots ; durant entre 0:57 et 3:37 minutes, durée variable selon les patients,
Pillot-Loiseau et al. 2014). La durée de lecture normale de ce texte est estimée à 1:05 minutes. Certains patients
atteints de SLA n’ont pas pu lire ce texte en entier en raison d’une importante fatigabilité. Pour les textes lus
intégralement, on note une corrélation positive entre le grade global de dysarthrie perçu par quatre auditeurs
experts (Pillot-Loiseau et al. 2014) et la durée de lecture (r39=0,7 ; p <0,0001) pour les patients SLA. Dans 9
cas (1 cérébelleux et 8 SLA) le texte n’a pas été lu entièrement. La position et les écarts de positions dans le
texte des suppressions, insertions ou substitutions, renseignent sur la fatigue croissante au cours de la lecture.
Les premiers résultats montrent que le taux d’erreurs est relativement constant du début à la fin du texte, mais
que cette tendance varie selon le type de dysarthrie.
Remerciements : Ce travail est soutenu par une aide de l’ANR TyPaLoc (ANR-12-BSH2- 0003).
Références
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73
Effet des variations de l’intervalle inter stimulation sur l’amplitude et la latence du potentiel d’action
composite du nerf auditif chez l’homme
Elsa Legris, Antoine Huet, Jean Luc Puel, Frédéric Venail, Jérôme Bourien & Jean Charles Ceccato
Introduction
Les fibres du nerf auditif se distinguent par leurs constantes de temps de récupération post stimulation qui est
plus longue pour les fibres à basse activité spontanée (>1s) que pour les fibres à haute activité spontanée
(<200ms).
L’objectif de ce travail a été d’étudier chez l’homme l’effet de l’intervalle inter stimulation (IIS) sur l’amplitude
et la latence de l’onde I enélectrocochléographie (EcoG) trans méatique, avec des bouffées tonales de fréquence
1kHz et 4kHz.
Résultats
Les résultats montrent une amplitude décroissante et une latence croissante plus l’IIS diminue, pour des
bouffées tonales de 1 et 4kHz. Pour les deux types de stimuli, l’amplitude N1-P1 et la latence de P1 se
stabilisent à partir d’IIS entre 100 et 333ms. L’analyse de l’amplitude de N1-P1 en fonction de l’IIS a été
décrite par un modèle à une composante exponentielle caractérisée par une constante de temps de 134ms à
1kHz et de 154ms à 4kHz.
Discussion
La constante de temps de récupération post stimulation peut être associée à la composition du nerf et atteste de
la présence des fibres à bas et moyensseuils. Ces constantes de temps de récupération sont respectivement
de 134 ms à 4kHz et 154 ms à 1kHz.
Conclusion
Le développement de cette technique pourrait, à terme, fournir un outil de diagnostic des troubles auditifs liés à
une perte sélective des fibres du nerf auditif.
Différences vocales entre 11 bilingues sinophones et 12 monolingues françaises
Claire Pillot-Loiseau, Si Si Ye
Actuellement, il n’est plus rare de recevoir en rééducation vocale des patients polyglottes. Certains se plaignent
d’une déficience vocale en fonction de la langue parlée. A la suite d’une enquête auprès de 564 bilingues et
apprenants du Français Langue Etrangère d’origines linguistiques diverses (PillotLoiseau et al. 2012), des
changements vocaux sont ressentis entre le français et la langue d’origine des sujets : 57% des sinophones de
cette population ressentent leur voix plus élevée en français mais plus faible par rapport au mandarin. Plus de la
moitié de ces sujets, pourtant non dysphoniques, ressentent parfois une voix cassée après avoir parlé français
longtemps. Nous validons ici ces ressentis par l’analyse de plusieurs paramètres acoustiques de la voix des
femmes sinophones bilingues et françaises monolingues.
Plusieurs études sont consacrées à l’analyse de la voix de bilingues (notamment : Bruyninckx et al., 1994,
Altenberg et Ferrand, 2006 ; Abu-Al-Makarem et Petrosino, 2007, Ng et al., 2010). Parmi les trois groupes
étudiés par Altenberg et Ferrand (2006), neuf sujets bilingues cantonais/anglais américain n’ont pas montré de
changements dans la fréquence fondamentale moyenne (F0) de la parole spontanée en utilisant le code
switching. Cependant, aucune étude de ce type n’a été menée avec des bilingues parlant français d’une part, et
peu d’études ont mesuré des différences de timbre chez ces sujets bilingues d’autre part.
74
11 femmes bilingues chinois mandarin/français de 18 à 44 ans et 12 monolingues françaises de 18 à 41 ans ont
été enregistrées en chambre sourde. Cinq des bilingues sont nées en Chine, et l’une au Cambodge. Les bilingues
habitent en France depuis 2000, près de Paris, et parlent français quotidiennement. Deux d’entre elles parlent
aussi mandarin tous les jours. Trois répétitions de /a/, /i/ et /u/ tenus, la lecture deux fois de « la bise et le soleil
» (français et mandarin pour les bilingues), et de la parole spontanée (dans les deux langues pour les bilingues)
ont été enregistrées pour chaque sujet.
Nos résultats montrent que : 1) sont significativement supérieurs chez les bilingues : F0 (18Hz de différence
pour /u/, 33Hz pour /a/ et 30Hz pour /i/), le jitter et le shimmer (restant dans des valeurs normales) des voyelles
tenues, F0 en lecture en français (230Hz versus 211Hz, p<0,05), suggérant un parler « plus tendu » comme
l’expriment les sujets ; la pente spectrale des spectres moyennés à long terme (LTAS) toutes voyelles et sujets
confondus (LTAS sur 15 minutes environ : en moyenne -20 dB chez les bilingues et -23dB chez les
monolingues). 2) Sont significativement inférieurs chez les bilingues : le centre de gravité spectral de /a/
(p=0,014) et /i/ (p=0,038) et la différence H1-H2 de /a/ (10,3 Hz, écart-type 2,8 pour les bilingues, et 11,3 Hz,
écart-type 4,1 pour les monolingues, p <0, 05). Ces différences acoustiques ressenties suggèrent des stratégies
vocales différentes d’une langue à l’autre chez ces sujets. Il est prévu la poursuite de ces mesures chez des
bilingues dysphoniques.
Remerciements : Ce travail a bénéficié d'une aide gérée par l’ANR (programme Investissements d’Avenir) ANR10LABX-0083.
Réréfences :
Pillot-Loiseau, C., Benoist-Lucy, A., Vaissière, J. (2012). Fréquence fondamentale moyenne, qualité vocale et
bilinguisme :
quelles implications pour la rééducation vocale ?, chapitre 3, « Bilinguisme et biculture : nouveaux défis »,
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Bruyninckx, M., Harmegnies B., Listerri J. (1994). Language induced voice quality variability in bilinguals, Journal of
phonetics, 22(1): 19-31.
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Cantonese- English bilingual children, International Journal of Speech Pathology, 12(3): 230-236
Effets d’un système de communication augmentée sur le développement langagier :
étude de cas d’un enfant présentant un retard de langage
Caroline Masson & Jeanne-Marie Moisson
La présente étude propose d'examiner les effets d’une intervention langagière chez un enfant présentant un
retard de langage. Ce type de « méthodes », les systèmes de communication augmentée, ont été développées
pour permettre à des individus souffrant de troubles sévères de la communication et du langage de compenser
leurs déficits et d’avoir accès à un mode de communication. Leur but est de favoriser les échanges et la
socialisation du sujet mais également de faciliter son expression et sa compréhension du langage oral grâce à
plusieurs canaux de communication. En fonction des capacités cognitives, langagières et motrices de l’enfant
un système sera préféré à un autre : ainsi, on ne proposera pas à un enfant présentant des difficultés motrices
et/ou d’imitation graves un système de communication augmentée impliquant la réalisation de gestes.
Le système présenté ici combine gestes issus de la langue des signes française, parole et pictogrammes. Ce type
d’intervention suppose un apprentissage conjoint de l’enfant et des parents du système par le biais des
professionnels accompagnant l’enfant (orthophoniste, éducateurs, professionnels du soin, etc.). Les
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pictogrammes et les signes, centrés sur des concepts de la vie quotidienne, sont complémentaires et doivent être
simultanés à la parole. L’enfant est ainsi aidé par la multimodalité de la communication qui permet de rendre
l’information complémentaire ou redondante. Si l'enfant éprouve des difficultés à reproduire un énoncé, il a la
possibilité de le faire par le canal gestuel comme lui a montré l'adulte. Il pourra, par la suite et dans certains cas,
accéder petit à petit à la forme orale.
L’intérêt d’un système combinant signes, parole et pictogrammes est avancé depuis plusieurs années par les
orthophonistes (Franc, 2010 ; Hooper & Walker, 2002). Par ailleurs, plusieurs études anglo-saxonnes ont
cherché à déterminer, dans des cadres expérimentaux, les effets de ce type de stimulation (notamment
Konstantareas, 1984 ; Tincani, 2004). Néanmoins, aucune étude, à notre connaissance, n’a examiné de manière
longitudinale l’évolution d’enfants en situation naturelle. Les analyses que nous souhaitons présenter porteront
sur les enregistrements vidéos de séances de rééducation menées pendant deux années par un professionnel
formé au système et un enfant présentant un retard sévère de langage de l’âge de 2;11 à 3;09.
Nous proposons d’évaluer l’impact de la combinaison simultanée des gestes, de la parole et des pictogrammes
dans la progression langagière de l’enfant, particulièrement au niveau phonologique et syntaxique, afin de
déterminer dans quelle mesure ils constituent ou non une aide pour l’enfant étudié. A travers cette question,
nous mettrons aussi en évidence la particularité des interactions entre l'enfant et l'adulte qui mène les séances et
les stratégies mises en place par ce dernier pour faciliter l’acquisition des formes linguistiques.
Références
Franc, S. (2010). Des signes pour mieux communiquer. Le programme Makaton au service de l'enfant présentant un
trouble du langage ». Entretiens de Pédiatrie et de Puériculture.
Hooper, H. & Walker, M. (2002). Makaton peer tutoring evaluation : 10 years on. British Journal of Learning
Disabilities, 30, 38-42.
Konstantareas, M.M. (1984). Sign Language as a Communication Prosthesis with LanguageImpaired Children, Journal of
Autism and Developmental Disorders, 14(1), 9-25.
Tincani, M. (2004). Comparing the Picture Exchange Communication System and Sign Language Training for Children
with Autism. Focus on Autism and Other Developmental Disabilities, 19(3), 152-163.
Etude de l’intonation chez des enfants porteurs d’un implant cochléaire
Clara Mazeyrat
L’implantation cochléaire pédiatrique, avancée scientifique majeure des années 90, permet un rétablissement
satisfaisant des perceptions auditives de la parole. La parole d’enfants sourds profonds congénitaux, autrefois
inintelligibles, a ainsi pu nettement s’améliorer. Cependant, l’intelligibilité de ces patients n’a encore jamais
été étudiée avec un recul suffisant, bien qu’il s’agisse de l’une des attentes principales des familles. Cette étude
analyse donc à long terme l’intelligibilité et le caractère naturel de la parole de 54 sujets implantés cochléaires
depuis dix à vingt ans à partir d’outils d’évaluation récents et complémentaires, dont le Score d’Intelligibilité,
issu de la Batterie d'Evaluation Clinique de la Dysarthrie (Auzou et Rolland-Monnoury, 2006). Il s’agit
d’étudier les facteurs susceptibles d’influencer les bénéfices post-implantatoires et de mesurer l’influence
respective des perturbations phonémiques et prosodiques sur la réduction de leur intelligibilité afin de mieux
comprendre - et donc de mieux maîtriser - les variations interindividuelles constatées. Enfin, une autoévaluation des conséquences associées à leur parole à travers un questionnaire souhaite définir les bénéfices et
les difficultés qu’ils perçoivent. Les résultats obtenus sont très encourageants puisque nous observons qu’une
majorité des patients développe une parole naturelle et parfaitement intelligible. Cependant, les approches
perceptivo-acoustiques mettent en évidence la persistance de troubles phonémiques et prosodiques spécifiques
fortement associés à une réduction de leur intelligibilité dont les conséquences négatives sont directement
perçues par les patients sur la qualité de leur autonomie et de leur intégration sociale. Sept facteurs influencent
significativement l’intelligibilité à long terme dont, principalement, le niveau de perception de la parole et
76
l’entourage familial et social du patient. Cette étude souligne enfin la nécessité d’utiliser des outils d’évaluation
plus sensibles que la SIR (Speech Intelligibility Rating Scale) habituellement utilisée, et l’intérêt de
l’accompagnement parental et de la rééducation des paramètres prosodiques de la parole dans l’amélioration de
l’intelligibilité de ces patients.
Caractérisation de la fréquence et de la profondeur du tremblement vocal
chez des sujets parkinsoniens et témoins
Christophe Mertens, Jean Schoentgen, Francis Grenez
Le tremblement vocal (vocal tremor) désigne les modulations lentes et involontaires de la fréquence phonatoire.
Les causes sont physiologiques (respiration, battement cardiaque) ou neurologiques. Le tremblement vocal est
présent chez tous les locuteurs mais on peut s'attendre à observer un tremblement plus prononcé chez des
patients atteints de certaines maladies neurologiques comme la maladie de Parkinson.
L'objectif de l'étude consiste à caractériser l'amplitude et la fréquence de la modulation ainsi que sa distribution
fréquentielle au moyen d'indices numériques obtenus à partir de voyelles soutenues. La profondeur du
tremblement est évaluée par la variabilité de la fréquence phonatoire dans le domaine spectral adéquat. La
fréquence de modulation est plus difficile à caractériser car le spectre de modulation est généralement à large
bande. De plus le tremblement est non-stationnaire. La démarche proposée comprend les étapes décrites cidessous. La détection des cycles vocaux est basée sur la proéminence des échantillons du signal, qui est la
longueur du plus grand intervalle sur lequel un échantillon est maximum. La série temporelle des durées de
cycle est ensuite déterminée par un algorithme de programmation dynamique ne nécessitant aucune
connaissance a priori de la durée de cycle moyenne. La série temporelle des durées de cycle est décomposée en
une somme de fonctions oscillantes, appelées modes, au moyen de la décomposition en modes empiriques.
L'amplitude et la fréquence instantanée de chaque mode sont obtenues par une décomposition AM-FM. Les
modes sont regroupés, en fonction de leur fréquence instantanée moyenne, et sommés pour former 4
composantes : tendance (intonation), tremblement physiologique, tremblement neurologique et gigue (jitter).
Les profondeurs de modulation résultent des variabilités de chacune des 4 séries temporelles issues de la
décomposition. La fréquence caractéristique du tremblement neurologique est obtenue par une moyenne
pondérée des fréquences instantanées des modes appartenant à la catégorie correspondante. La distribution
fréquentielle (largeur de bande) du tremblement est calculée par une méthode de quantification scalaire
appliquée à la densité de fréquences instantanées pondérée. Les évolutions temporelles de ces indices
(fréquence caractéristique et largeur de bande) sont également obtenues. La méthode est appliquée à un corpus
de voyelles soutenues par 252 locuteurs Parkinsoniens et 78 témoins.
77
Episode de dysfluence dans le langage enfantin :
considérations prosodiques sur son rôle dans l'acquisition du langage
Angelina Nunes de Vasconcelos, Ester Scarpa et Christelle Dodane
Durant le processus d’acquisition du langage, il est possible d’observer l’existence d’une période, qui s’étend
approximativement de l’âge de 2 à 3 ans, durant laquelle les enfants “bégaient”, autrement dit, produisent
beaucoup de répétitions, d’hésitations ou de faux départs. Cette période de dysfluence, qualifiée de “bégaiement
physiologique” est transitoire et coïncide avec le début de la production d’énoncés plus longs (combinaison de
plusieurs mots, puis complexification de la syntaxe). Lorsque qu’elle se maintient après un certain âge, elle est
généralement l’indice d’un bégaiement persistant. Ce phénomène pose des questions sur ce qui peut être
considéré comme pathologique dans la parole des enfants et sur la dichotomie entre fluence et dysfluence. En
effet, de tels épisodes de dysfluence dans la parole de l’enfant pourraient-ils être considérés comme des erreurs?
Ou encore, ne constitueraient-ils pas des traces de l’activité cognitive en cours lors de la construction des
énoncés ? Il est donc très important de discuter des notions de dysfluence et de fluence. Dans la littérature, il
n’y a pas de définition unanime de ce que serait la dysfluence. La posture la plus fréquemment adoptée est de la
considérer comme une absence de fluence, en la définissant donc par son contraire. Les marques de dysfluence
généralement considérées sont : les hésitations, les pauses, les fauts départs, les interruptions du flux de la
parole, les répétitions (syllabes, mots, phrases) et les autocorrections. Selon Scarpa, une parole dénuée de tels
éléments, ou une parole fluente est en réalité un idéal dérivé de l’écrit, une abstraction fondée sur la lecture
préalable d’un texte écrit ou de textes oraux récités et répétés (SCARPA, 1995; 2006; SCARPA & NOVAESPINTO, 2012). De plus, selon l’auteure, l’apparition d’épisodes de fluence correspond en réalité à des parties
crystalisées, récités et figées d’un énoncé. A partir de cette perspective, l’objectif de notre étude est de décrire
les catactéristiques des épisodes de dysfluence dans la parole de l’enfant, en tant qu’élément constitutif du
processus d’acquisition du langage. Pour cela, nous avons analysé les enregistrements vidéo d’un enfant
brésilien « Valentino », filmé en situation d’interaction naturelle avec ses parents (bain, repas, jeux), entre
l’âge de 2,5 et 2,8 ans. Chaque vidéo dure en moyenne une heure. Cet enfant est âgé actuellement de 4 ans et ne
souffre pas de bégaiement persistant. Nous avons relevé 18 épisodes de dysfluence dans la parole de Valentino.
Les analyses ont été menées sur l'emplacement et la durée des pauses, le débit de la parole, la localisation et le
nombre de répétitions et l’alignement des différents points d’inflexion du contour de Fo et du contour
d’intensité avec l’accentuation. Les analyses ont été réalisées avec le programme PHON (Rose et al, 2005), qui
comprend un module d’analyse acoustique avec le programme PRAAT. Les données ont été analysées
acoustiquement avec PRAAT. Ce programme permet de représenter la forme de l’onde, le spectrogramme,
mais aussi l’évolution de la FO et de l’intensité. Le spectrogramme à bandes étroites a été utilisé pour observer
si la courbe de F0 était correctement détectée par PRAAT. Comme Scarpa (1995; 2006; 2014), nous avons
observé que les épisodes de dysfluence dans la parole enfantine se caractérisent par de faux départs, l’insertion
de syllabes, des variations du débit de parole (ralentissement sur certaines parties et accélération sur d’autres) et
des variations dans la qualité de la voix (utilisation d’une voix craquée par exemple). Les observations
préliminaires suggèrent que les hésitations et les répétitions rencontrées dans la parole de l’enfant paraissent
refléter ses connaissances linguistiques et son processus d’entrée dans la dynamique naturelle de la parole, qui
recouvre aussi bien la fluence que la dysfluence. L’enfant va devoir apprendre à gérer la complexité croissante
de ses énoncés, en prenant des décisions sur la façon de les produire et de les modifier pour se faire comprendre
par son entourage.
Références:
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persistence and recovery: Pathways of childhood stuttering. Journal of communication disorders, 29(1), 51-77.
Utilisation d'algorithmes de Goodness of Pronunciation pour l'évaluation de la compréhensibilité de la
parole pathologique
Thomas Pellegrini & Lionel Fontan
L'évaluation des capacités de production de la parole de locuteurs ayant une pathologie de la parole d'origine
motrice repose presque exclusivement sur des tests subjectifs tels que des tests d'intelligibilité. Ces tests
consistent à demander à un locuteur de lire des listes de mots ou de phrases tandis qu'un ou plusieurs juge(s)
évaluent leur production. Ils ont deux inconvénients principaux : ils sont très coûteux en temps et, de plus, ils
sont subjectifs par nature. Dans ce contexte, des méthodes automatiques peuvent constituer des solutions
pratiques pour l'évaluation des locuteurs. Les progrès récents dans la reconnaissance automatique de la parole
(RAP) -- en particulier dans le domaine de l'apprentissage des langues assisté par ordinateur -- ont contribué au
développement de techniques qui peuvent être d'un grand intérêt à cette fin. Dans des études précédentes, nous
avons montré que l'algorithme du Goodness Of Pronunciation (GOP) [1, 2] pouvait être adapté et utilisé dans le
contexte de la parole pathologique [3, 4]. Cet algorithme consiste 1) à aligner une séquence de phones attendue,
de référence, à un signal audio de parole et 2) à comparer cet alignement à la séquence de phones obtenue lors
d'une phase de reconnaissance dite « libre », c'est-à-dire sans contraindre le système de RAP à reconnaître une
séquence de phones donnée. Dans le présent article, nous décrivons l'application d'une nouvelle méthode
(Forced-Aligned GOP ou F-GOP [2]) qui vise à prédire des mesures de tests subjectifs à partir des scores de
prononciation obtenus automatiquement. Nous avons utilisé un corpus de parole enregistré par 12 locuteurs
souffrant de pathologies de production de la parole d'origine neurologique ou anatomique. Chaque locuteur a
prononcé dix phrases correspondant à des commandes verbales telles que « Mettez l'ours à gauche du
kangourou ». Deux juges experts ont évalué les productions des locuteurs sur une échelle de 1
(compréhensibilité nulle) à 7 (compréhensibilité parfaite). La moitié du corpus a été utilisée comme corpus de
développement et l'autre de corpus de test. Dans le corpus de développement, une forte corrélation entre les
mesures subjectives et automatiques (F-GOP moyen) a été trouvée (r=0,81). Un modèle de régression linéaire a
permis de définir des valeurs attendues pour la seconde moitié du corpus. Les valeurs prédites s'écartent des
valeurs des juges de 16.3% relatifs. Le modèle utilisé a globalement tendance à sous-estimer la
compréhensibilité des locuteurs. Cela pourrait être dû à une quantité de données insuffisante pour estimer le
modèle linéaire. Ces résultats très encourageants, sous réserve de confirmation sur un panel plus important de
79
locuteurs, sont un premier pas vers la mise en place d'un outil d'évaluation automatique destiné au domaine
clinique.
Effort vocal et effort articulatoire :
Auto-perception pendant la production de 12 consonnes du français
Camille Robieux, Christine Meunier
L’étude des variations de l’effort articulatoire pendant la production des consonnes peut éclairer le tableau
clinique de certaines atteintes dysarthriques. Cependant l’effort vocal, correspondant à la réalisation du trait de
voisement, est également à prendre en compte dans l’étude des consonnes car la constriction du tractus vocal
restreint l’adduction des plis vocaux et l’augmentation de la pression transglottique qui sont toutes deux
nécessaires à l’initiation et au maintien de la vibration des plis vocaux, donc à la production de la voix. La part
jouée par les contraintes articulatoires et celle jouée par les contraintes vocales dans l’effort de production de la
parole ne sont pas connues. Nous avons choisi de les évaluer en utilisant une technique d’auto-perception chez
des sujets sains. Nous avons utilisé deux paradigmes expérimentaux : d’une part, la comparaison des consonnes
voisées (effort vocal +) mais relâchées (effort articulatoire –) et non voisées (effort vocal –) mais tendues
(effort articulatoire +) et, d’autre part, la comparaison des consonnes occlusives (effort articulatoire +) et
fricatives (effort articulatoire –) en fonction du voisement.
Nous avons demandé à 96 sujets (48 hommes ; 48 femmes), nés entre 1960 et 1998, de lire à voix haute 336
paires d’items en marquant une pause silencieuse entre les deux puis d’entourer celui qu’ils trouvaient le plus
facile ou le plus difficile à produire selon la consigne donnée. Les items étaient composés de 12 consonnes
françaises /p, b, f, v, t, d, s, z, ʃ, ʒ, k, g/ opposées par le voisement et le mode articulatoire, réparties en fonction
du lieu articulatoire (antérieur ; médian ; postérieur) et placées dans 4 contextes avec la voyelle /a/ (non
vocalique ; postvocalique ; pré-vocalique ; intervocalique). Nous avons étudié les 96 paires d’items portant sur
les contrastes de voisement et de mode articulatoire.
Il y a un effet simple du voisement (voisées > non voisées). Cet effet est modulé par le mode articulatoire
(occlusives > fricatives) car plus la constriction est grande et plus la pression supraglottique augmente
fortement. L’effet est également modulé par le lieu articulatoire (postérieur > antérieur) car plus l’articulation
est postérieure et plus la pression supra-glottique augmente rapidement. Il y a un effet simple du mode
articulatoire (occlusives > fricatives). Cet effet est modulé par le lieu articulatoire (antérieur > postérieur), peutêtre du fait de la précision articulatoire requise. Les effets simples du voisement et du lieu articulatoire sont
modulés par le contexte vocalique (moins vocalique > plus vocalique), car moins il y a de voyelles et plus la
durée consonantique augmente. Pour les consonnes voisées, l’effet d’interaction du mode articulatoire et du
contexte vocalique est atténué alors que l’effet d’interaction du mode articulatoire avec le lieu articulatoire est
accentué.
Les résultats indiquent que, dans cette tâche particulière d’auto-perception, la sensation d’effort vocal
supplante celle d’effort articulatoire pendant la réalisation des différentes consonnes voisées du français. Ceci
suggère que l’utilisation des consonnes non voisées est préférable pour l’étude des paramètres influant sur
l’effort articulatoire, voire pour l’étude plus générale des troubles articulatoires. Mots-clés : production, effort
articulatoire, effort vocal, consonnes, mode articulatoire, voisement
80
Analyses aérodynamiques et acoustiques
chez le patient thyroïdectomisé une étude préliminaire
Ming Xiu, Camille Fauth, Béatrice Vaxelaire, Jean-François Rodier
Pierre-Philippe Volkmar, Rudolph Sock
Le présent travail se veut une contribution à l’étude des conséquences de la chirurgie de la glande thyroïde sur
la voix des patients. Préalablement, une étude acoustique (Fauth, 2011 ; 2012) avait montré des perturbations à
court et moyen termes pour les patients thyroïdectomisés présentant ou non une immobilité laryngée postthyroïdectomie. Le présent projet propose d’étudier, outre des données acoustiques, des données
aérodynamiques et des analyses perceptives (auto-évaluation).
Ce projet de recherche vise à étudier les conséquences d’une ablation (totale ou partielle) de la glande thyroïde
suite à un dysfonctionnement thyroïdien. Ce type d’intervention perturbe généralement le système de
production de la parole et conduit souvent à une dégradation de la qualité vocale de façon permanente ou
passagère, notamment si le nerf récurrent, responsable de la mobilité des plis vocaux est touché pendant
l’opération chirurgicale.
Cette étude entend suivre une cohorte de patients opérés de la glande thyroïde pendant une année au moins, à
raison d’une acquisition de données par mois. Deux groupes de patients sontsuivis : 1) un premier groupe de
patients pour lesquels l’examen post-opératoire a révélé un défaut de mobilité de l’un des plis vocaux ; 2) un
second groupe de patients pour lesquels l’examen post-opératoire ne révèle pas de perturbation de la mobilité
laryngée. L’originalité de l’étude repose sur l’utilisation d’un protocole expérimental identique pour une
population de patients ayant en commun l’ablation de la glande thyroïde. En outre, la mise en relation de
données articulatoires, acoustiques et perceptives, devrait nous permettre de tirer des conclusions sensorimotrices dans le domaine de la parole pathologiques.Ce protocole devrait alors permettre d’identifier une
palette quasi exhaustive des troubles vocaux (en voix parlée uniquement) post-thyroïdectomie et d’étudier leur
évolution au cours du temps.
Notre corpus comprend actuellement des voyelles soutenues, des logatomes (VCV, où V est soit une occlusive
[b d g p t k] soit une fricative [s z f v ∫ ʒ], ainsi que la lecture d’un texte court. Les mesures sont effectuées sur
le plan acoustique et sur le plan aérodynamique, grâce à la plateforme d’acquisition EVA2™ (Ghio & Teston,
2002 et 2004). Outre ces données, un questionnaire d’auto-évaluation vocale V.H.I. (Jacobson et al., 1997) est
également rempli par le patient avant chaque enregistrement.
Nos hypothèses de recherche sont les suivantes : en post-opératoire précoce, les patients pourraient présenter
une fatigue vocale qui se traduirait par des temps maximum de phonation diminués pour toutes les voyelles
investiguées et un essoufflement en situation de lecture. Ces changements, conformément aux travaux de
Keilmann & Hülse (1992) ou Stojadinovic et al. (2002), ne seraient pas significatifs pour les patients ne
présentant pas d’atteinte laryngée post-thyroïdectomie, mais ils pourraient être importants pour les patients
présentant une atteinte du nerf récurrent. De plus, les mesures de pression intra-orale (Pio) seraient également
modifiées en post-opératoire reflétant ainsi les difficultés de voisement, les mesures pourraient alors être
proches de celles du chuchotement forcé (voir Meynadier & Gaydina 2013 ou Sundberg et al 2010). Enfin, les
scores de V.H.I pourraient être corrélés aux modifications acoustiques et aérodynamiques observées.
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produites par des patients présentant une paralysie récurrentielle après thyroïdectomie. Revue de Laryngologie d’Otologie
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and Aerodynamics. Journal of Voice, 24(5), 574–584. http://doi.org/10.1016/j.jvoice.2009.01.001
Perturbations & réajustements en production de la parole après glossectomie partielle
chez des patients atteints de cancer endo-buccaux
Hasna Zaouali, Béatrice Vaxelaire, Christian Debry, Fabrice Neveu, Camille Fauth,
Melissa Barkat-Defradas, Rudolph Sock
Résumé : L'étude de la production et de l’intelligibilité de la parole chez des patients atteints d’un cancer endo
buccal est une problématique suscitant un intérêt certain pour la recherche en phonétique clinique. La chirurgie
de la cavité orale peut générer de fortes dépréciations des trois fonctions de base de la vie humaine, à savoir
mastiquer, avaler mais également des difficultés durables au niveau de l’articulation de la parole, ce qui induit
une diminution notable de la qualité de vie des patients (Savariaux et al., 2001). De plus, l’effet des traitements
complémentaires tel que la radiothérapie, qui a généralement lieu entre le 1er et le 3ème mois après l’opération,
s’ajoute à la chirurgie. Le processus de récupération dépend à proprement dit de l’étendue de la lésion, de l’âge
des patients et de l’impact de la chirurgie sur les muscles de la cavité orale (Buchaillard et al., 2007). Les
patients doivent être capables d’adapter leur parole à un réajustement spatio-temporelle de leur cavité orale.
Objectifs : nous souhaitons, à partir des analyses acoustico-articulatoires, affiner nos connaissances du degré de
flexibilité du système de production et de perception de la parole normale mais surtout mieux appréhender les
stratégies de compensation qu’un patient peut mettre en place après une exérèse plus ou moins importante de la
langue. Dans ce cadre, nous sommes en quête de nouveaux marqueurs articulatoires au niveau du timing des
gestes de la production de la parole. Pour ce faire les paramètres de mesure pris en compte sont : pour les
segments consonantiques, le VOT (Voice Onset Time ou délai d'établissement du voisement, Klatt, 1970), le
VTT (Voice Termination Time ou le délai d'arrêt du voisement, selon Agnello, 1970) et, au plan vocalique, la
durée du segment. Ces mesures permettent de nous éclairer quant aux stratégies de compensation ou
réajustements que les patients peuvent éventuellement mettre en place, seuls ou avec l’aide d’une rééducation
orthophonique ; l’étude de ces aspects dynamiques imposant une étude longitudinale.
Hypothèses : nous formulons deux hypothèses. Premièrement, nous supposons des modifications importantes
de la structure formantique de (F1, F2) qui pourraient se manifester au niveau de la forme et la taille des
espaces vocaliques qui pourront être plus restreints que ceux obtenus auprès de locuteurs contrôles.
Deuxièmement, nous pensons pouvoir mesurer une perturbation du timing au niveau inter et intra segmental.
Méthodologie : la production des locuteurs ayant subi une ablation partielle de la langue et des locuteurs sains
a été enregistrée à (l’Hôpital de Hautepierre de Strasbourg) pour les patients pathologiques et à l’Institut de
Phonétique de Strasbourg pour les personnes saines. Le matériel linguistique retenu est une série de logatomes
(de type VCV) où C : est une occlusive non voisée : [p], [t] ou [k] ; ou voisée : [b], [d] ou [g] et où V1= [i] et
V2= [a] (et inversement). Ces logatomes ont permis les mesures spatio-temporelles. Le corpus est également
composé de voyelles soutenues [i, a, u] dans lesquelles la structure formantique (F1 et F2) a été mesurée au
82
milieu de chaque voyelle. Nous avons obtenu 10 répétitions de l’ensemble du corpus. Les mesures acoustiques
ont ensuite été effectuées grâce au logiciel Praat© (Boersma, 1996).
Résultats : au niveau formantique, nous observons que le triangle vocalique est centralisé chez les locuteurs
glossectomisés, l'aire du triangle vocalique étant plus restreinte pour ce groupe de locuteurs par rapport aux
sujets de contrôle. Au niveau temporel, les résultats montrent des différences de timing pour les séquences
VCV entre les locuteurs sains et pathologiques. Ce qui rejoint les travaux de (Acher, 2009). Les divergences
sont tant qualitatives que quantitatives puisque les paramètres mesurés sont non seulement plus longs pour les
patients mais également modifiés puisque, dans certaines productions, la tenue consonantique disparait au profit
d’un VTT et d’un VOT plus longs, soit un ratage dans le contrôle du geste glottique et un problème de
coordination oro-laryngée, respectivement.
Bibliographie :
ACHER, A. (2009) Etude perceptive et articulatoire de la parole à partir de données échographiques en 2d : comparaison
de la parole normale et de la parole pathologique de patients hémiglossectomisés. Mémoire de Master, Université de la
Sorbonne Nouvelle, Paris III.
ACHER, A., PERRIER, P., SAVARIAUX, C., & FOUGERON, C. (2014). Speech production after glossectomy:
Methodological aspects. Clin Linguist Phon 28 (4), 241–256.
AGNELLO, J. (1975). Voice Onset and Voice Termination features of stutterers. In L. M. Webster & L.C. Furst (Eds.),
Vocal tract dynamics and dysfluency. New York: Speech and Hearing Institute, 940-954.
BUCHAILLARD, S., BRIX, M., PERRIER, P. & PAYAN, Y. (2007). Simulations of the consequences of tongue surgery
on tongue mobility: Implications for speech production in post-surgery conditions. International Journal of Medical
Robotics and Computer Assisted Surgery, 3(3):252-261.
CREVIER-BUCHMAN, L., SMADJA.M., TESSIER, C., MENARD, M., BRASNU, D. (2007). Evaluation de la qualité
de vie après glossectomie partielle. Revue Française d'ORL, pp.288-301.
FAUVET, F., SCHULTZ, P., DEBRY, C., HIRSCH, F., & SOCK R. (2006). Intelligibilité de la parole après glossotomie
totale et réhabilitation orthophonique précoce, in Actes des XXVI èmes. Journées d’Étude sur la Parole, 451-454
KLATT, D.H. (1975). Voice onset time, frication and aspiration in word-initial consonant clusters. Journal of Speech and
Hearing Research, 18, 686-706.
SAVARIAUX, C., PERRIER, P., PAPE, D. et al (2001). Speech production after glossectomy and reconstructive lingual
surgery: a longitudinal study. In Proceedings of the 2nd International Workshop on Models and Analysis of Vocal
Emissions for Biomedical Applications, Firenze.
83
INDEX DES AUTEURS
A
Acher Audrey ................................................................................ 50, 63
Amen Sophie .......................................................................................... 63
Amy de La Bretèque Benoit............................................................ 53
Amy de la Bretèque Benoît ............................................................. 55
Audibert Nicolas.................................................................................. 58
B
Baciu Monica ................................................................................. 50, 63
Badin Pierre .......................................................................................... 48
Badin Pierre .......................................................................................... 50
Badin Pierre ............................................................................................ 63
Barbier Guillaume .............................................................................. 33
Barkat-Defradas Melissa ......................................................... 64, 82
Basirat Anahita .................................................................................... 61
Batrel Charlène .............................................................................. 69, 70
Béchet Marion ....................................................................................... 64
Bedoin Nathalie ................................................................................... 48
Belin Pascal............................................................................................ 57
Billet Lucie ..................................................................................... 65, 70
Blanc Emilie........................................................................................... 46
Boë Louis-Jean...................................................................................... 33
Borel Stéphanie ................................................................................... 62
Bourien .................................................................................................... 74
Bourien Jérôme ...................................................... 60, 65, 69, 70, 71
C
Canault Mélanie ................................................................................... 48
Captier Guillaume ............................................................................... 33
Caussade Diane .................................................................................... 30
Ceccato Jean-Charles ................................................................. 71, 74
Colletta Jean-Marc .............................................................................. 30
Cousin Emilie ........................................................................................ 50
Crevier Buchman Lise ....................................................................... 52
Crevier-Buchman Lise ...................................................................... 58
D
David Claire ........................................................................................... 54
Debry Christian .................................................................................... 82
Dehurtevent Marion .......................................................................... 52
Delvaux Véronique ..................................................................... 24, 28
Desmadryl Gilles ......................................................................... 70, 71
Detante Olivier ..................................................................................... 50
Didirkova Ivana ................................................................................... 67
Dodane Christelle ............................................................................... 78
Dolcemascolo Aurélie ....................................................................... 43
Dryburgh Caroline ............................................................................... 69
Duffau Hugues ...................................................................................... 12
Dufour Sophie....................................................................................... 57
E
El Hajj Anita ........................................................................................... 25
Espesser Robert ..................................................................................... 35
Etourneux Anaïs .................................................................................. 65
F
Fabre Diandra....................................................................................... 48
Fabre Diandra ....................................................................................... 50
Fabre Diandra......................................................................................... 63
Fakhry Nicolas ....................................................................................... 23
Faure Mathilde ..................................................................................... 43
Fauth Camille .................................................................. 64, 69, 81, 82
Fontan Lionel ........................................................................................ 79
Fougeron Cécile .................................................................................... 42
Fourneau Anne-Francoise............................................................... 24
Fredouille Corinne ........................................................................ 40, 71
G
Galant Camille ....................................................................................... 23
Garnier Maëva ...................................................................................... 54
Garrel Renaud............................................................................... 14, 55
Gasparoux Jennifer ............................................................................. 55
Gaubert Fanny ...................................................................................... 30
Gayraud Frédérique ........................................................................... 64
Gentil Anthony ..................................................................................... 71
Georgeton Laurianne................................................................. 43, 45
Ghio Alain ................................................................................29, 35, 46
Giovanni Antoine.................................................................................. 23
Giovanni Antoine................................................................................. 20
Giovanni Antoine................................................................................. 25
Giovanni Antoine................................................................................. 53
Giusti Laurence .................................................................................... 46
Grenez Francis...................................................................................... 77
Guillemard Diana ................................................................................ 37
H
Harmegnies Bernard ................................................................. 24, 28
Hasselmann Florian ..................................................................... 69, 70
Heloire Nicolas ..................................................................................... 52
Henrich Nathalie ................................................................................. 53
Henrich-Bernardoni Nathalie ........................................................ 30
Heurtebise Fanny ................................................................................ 61
Hirsch Fabrice ...................................................................................... 67
Hueber Thomas ................................................................................... 48
Hueber Thomas ................................................................................... 50
Hueber Thomas ..................................................................................... 63
Huet Antoine ................................................................... 69, 70, 71, 74
Huet Kathy ............................................................................................. 28
Huet Kathy ............................................................................................. 24
K
Khalife Mohamad ................................................................................ 24
Khoury Elise .......................................................................................... 52
L
Laaridh Imed .................................................................................. 40, 71
Lagarde Carole ...................................................................................... 63
Lagier Aude ............................................................................................ 23
Lahai Johann.......................................................................................... 71
Lalain Muriel .......................................................................................... 35
Le Normand Marie-Thérèse ........................................................... 37
Lechien Jérôme .................................................................................... 24
Leclef Caroline ...................................................................................... 28
Legou Thierry ............................................................................... 53, 72
Legris Elsa .............................................................................................. 74
R
Louys Alexandre.................................................................................. 37
M
Remacle Angélique ............................................................................. 54
Revis Joana ............................................................................................. 57
Robert Danièle ..................................................................................... 29
Robieux Camille ................................................................................... 80
Rodier Jean-François ..................................................................... 69, 81
Roques Emeline ................................................................................... 58
Masson Caroline .................................................................................. 75
Maurice Didier ..................................................................................... 52
Mazeyrat Clara ..................................................................................... 76
Ménard Lucie ........................................................................................ 33
Mendonca-Alves Luciana .................................................................. 35
Mertens Christophe ........................................................................... 77
Meunier Christine ................................................... 40, 43, 45, 71, 80
Meynadier Yohann ............................................................................. 20
Meynadier Yohann ............................................................................. 25
Ming Xiu .................................................................................................. 81
Moisson Jeanne-Marie ...................................................................... 75
Moritz-Gasser Sylvie1 ........................................................................ 32
S
Santini Laure .......................................................................................... 23
Satgé Mylène ......................................................................................... 55
Saussez Sven ......................................................................................... 24
Scarpa Ester........................................................................................... 78
Schoentgen Jean .................................................................................. 22
Schoentgen Jean .................................................................................. 56
Schoentgen Jean .................................................................................. 77
Sérieux Maud ........................................................................................ 30
Sock Rudolph .................................................. 10, 64, 66, 69, 81, 82
Štenclová Ľubomíra ........................................................................... 67
Sterkers Olivier .................................................................................... 62
N
Naïma Derbal Amel ............................................................................. 66
Neveu Fabrice....................................................................................... 82
North Pierre ............................................................................................ 66
Nunes de Vasconcelos Angelina ................................................... 78
T
P
Thai-Van Hung ..................................................................................... 37
Payan Yohan.......................................................................................... 33
Pellegrini Thomas............................................................................... 79
Perrier Pascal ....................................................................................... 33
Petillon Caroline .................................................................................. 54
Piccaluga Myriam........................................................................ 24, 28
Pichat Cédric ......................................................................................... 50
Pillot-Loiseau Claire ............................................................................ 42
Pillot-Loiseau Claire .......................................................................... 72
Pillot-Loiseau Claire .......................................................................... 74
Pinto Serge ............................................................................................. 46
Pitermann Michel ............................................................................... 25
Puel Jean Luc ......................................................................................... 74
Puel Jean-Luc .......................................................... 16, 65, 69, 70, 71
V
Vaissière Jacqueline ........................................................................... 62
Vallée Nathalie ..................................................................................... 30
Vaxelaire Béatrice ......................................................... 66, 69, 81, 82
Venail Frédéric ............................................................................. 71, 74
Verhaegen Clémence ......................................................................... 28
Veuillet Evelyne ................................................................................... 37
Volkmar Pierre-Philippe............................................................... 69, 81
Y
Ye Si Si ......................................................................................................74
Z
Zaouali Hasna ....................................................................................... 82
85
E-MAIL DES PARTICIPANTS
Nom
ACHER
AMY DE LA BRETEQUE
BADIN
BALESTE
BARBIER
BARKAT-DEFRADAS
BARRIERE
BASIRAT
BAUDIS
BEAUD
BELLEMOUCHE
BILLET
BLACK
BOREL
BOURIEN
BOUYER PREVOTEAU
BRU
BUENO
CADILHAC
CAUSSADE
CECCATO
CHARMASSON
CHEVASSUT
CREVIER BUCHMAN
CROIZER
DELVAUX
DERBAL
DIAZ
DIDIRKOVA
DODANE
DRYBURGH
DUFFAU
EL HAJJ
FABRE
FABRES
FAUTH
FONTAN
FOUGERON
FREDOUILLE
GALANT
GARREL
GAYRAUD
GEORGETON
GERBOUD
GHIO
GIOVANNI
Prénom
Audrey
Benoît
Pierre
Maylis
Guillaume
Melissa
Delphine
Anahita
Marion
Marion
Hacène
Lucie
Charlotte
Stéphanie
Jérôme
Séverine
Jacqueline
Raphaella
Claire
Diane
Jean-Charles
Pauline
Flore
Lise
Gaëlle
Véronique
Amel Naima
Magali
Ivana
Christelle
Caroline
Hugues
Anita
Diandra
Manon
Camille
Lionel
Cecile
Corinne
Camille
Renaud
Frédérique
Laurianne
Soizick
Alain
Antoine
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GRENEZ
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HUET
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