(Itinéraire église d`olloix 2)

Transcription

(Itinéraire église d`olloix 2)
L’EGLISE D’OLLOIX
(Edwige Basset)
L’église d’Olloix est
dédiée à St Jean Baptiste.
Sa fondation remonte au
XIIème siècle, ou, du moins,
au début du XIIIème siècle.
Les historiens sont partagés
sur
l’origine
de
ses
fondateurs,
moines
Hospitaliers ou Templiers.
L’hypothèse
la
plus
vraisemblable est que cet
édifice est l’héritage d’une
puissante
commanderie
fondée
par
les
HOSPITALIERS DE ST
JEAN DE JERUSALEM
devenu un ordre religieux en
1113, sous la domination musulmane à JERUSALEM.
L’histoire de ce lieu est donc étroitement liée à celle des CROISADES. Il y en eu, au
total, huit.
Pour les musulmans, comme pour les juifs et les chrétiens romains ou orthodoxes,
JERUSALEM était la Cité Sainte, ainsi que la Palestine et la Judée, sièges de presque tous
les événements rapportés dans la BIBLE. Durant des siècles, les romains puis les bysantins
dominèrent cette région. Puis les conquêtes arabes s’étendirent à partir de 628 après JC
jusqu’aux frontières de l’Inde, gagnant le long des côtes d’Afrique du nord, la Palestine, la
Syrie, l’Egypte, la Perse. Avec les troupes se propageait une nouvelle religion fondée par le
prophète MAHOMET : l’ISLAM, mot arabe qui signifie « se soumettre à Dieu ». Les
musulmans étaient tolérants et les Lieux Saints restèrent ouverts à tous les pèlerins. C’est
ainsi que les Hospitaliers, qui se consacraient aux soins des malades, avaient construit à
Jérusalem un hôpital en face du St SEPULCRE, édifice religieux situé sur le lieu présumé du
tombeau du CHRIST.
Cette harmonie fut rompue à partir de la bataille de MANZIKERT en 1071 entre
byzantins et turcs. L’empire Byzantin y perdit la région d’Anatolie, et ainsi, la route principale
qu’empruntaient les chrétiens vers les Lieux Saints fut mise en danger. L’appel à l’aide des
byzantins à l’Eglise de ROME aboutit en 1095 à la première CROISADE prêchée par le
Pape URBAIN II. Elle fut menée par des chevaliers venant de toute l’Europe de l’ouest,
bientôt suivis par les gens du peuple. Il leur fallait aller « sans plus attendre délivrer les frères
d’Orient » (extrait du discours du Pape Urbain II du 27 novembre 1095 repris pour le peuple
par Pierre l’Ermite).
Emmenés par Adhémar de Monteil, évêque du PUY, des milliers de chrétiens
romains et orthodoxes reconquièrent Jérusalem et la Terre Sainte, ce qui aboutit en 1099 à
la création des Etats Latins d’Orient.
D’autres chevaliers, sous la conduite de GODEFROI DE BOUILLON fondent en 1119
un second ordre religieux : les Chevaliers du TEMPLE ou TEMPLIERS. La petite histoire dit
que leur nom viendrait du fait qu’ils s’étaient installés dans un palais à Jérusalem construit
sur les ruines du TEMPLE de SALOMON. Il n’en resterait aujourd’hui que deux célèbres
vestiges : une muraille : le Mur des Lamentations et une mosaïque : le Pavé.
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Des membres de l’aristocratie germaniques, issus des Hospitaliers créent l’ordre des
CHEVALIERS TEUTONIQUES.
Jérusalem est maintenant un ROYAUME chrétien. Mais après la mort du roi
BEAUDOIN IV, le sultan SALADIN, de la dynastie des Ayyubides, et les croisés, se
trouvèrent pris dans un conflit d’intérêts qui ne pouvait qu’aboutir à une lutte sans merci pour
l’hégémonie de la Terre Sainte. La bataille de HATTIN en 1187 entraîna, avec ensuite la
prise de Jérusalem, la chute des états croisés du « LEVANT », et de fait, celle de ses
défenseurs : Templiers, Hospitaliers et Chevaliers Teutoniques.
Les Hospitaliers s’installèrent à St JEAN d’ACRE, puis trouvèrent un refuge
temporaire à CHYPRE. C’est sur l’île de RHODES qu’ils dressèrent le dernier poste avancé
de la Chrétienté jusqu’à leur totale défaite en 1522. Ils se replièrent alors à MALTE, et
encore une fois attaqués par les ottomans, furent sauvés par l’armée espagnole. Affaiblis,
ayant utilisés toutes les aides financières provenant de leur commanderies implantées en
occident, les Hospitaliers se rendirent finalement à Napoléon BONAPARTE en 1798.
Réfugié à ROME, l’ordre de MALTE est le seul à avoir survécu aux affres de l’histoire,
(presque neuf siècles !), puisqu’ ayant conservé sa vocation hospitalière au service des
autres, il est reconnu « souverain » par la République Française.
Nous savons tous que les Templiers ont connu un sort moins enviable. Persécutés
par le roi de France PHILIPPE LE BEL, désireux de s’approprier leurs richesses et d’assurer
sa puissance, celui-ci fit arrêter la plupart d’entre eux, et, accusés des pires maux, ils furent
jugés lors d’un interminable procès qui commença en 1307 et se termina en 1314. Les
Templiers étaient, en effet, devenus au fil du temps les « banquiers » de la papauté et de
nombreux princes.
L’ordre fut dissout en 1312 par la pape Clément V sur l’instigation du roi, leurs biens
et commanderies furent confisqués et revinrent en grande partie aux Hospitaliers. Enfin, tel
le Grand Maître JACQUES DE MOLAY, plus d’une centaine d’entre eux furent brûlés sous
l’accusation de sorcellerie en place publique.
La nef et le chœur voûté
d’ogives à chevet plat fut la chapelle
basse de la COMMANDERIE
d’Olloix.
Avant la pose des premières
pierres de la commanderie, l’habitat
à
cet
endroit
était
vraisemblablement quasi inexistant.
Les
premières
traces
de
peuplement se situent sur le plateau
de LIOZUN, (ou LIAUZUN), situé à
environ 2 kms au nord-est du village
actuel, face à l’abbaye de RANDOL.
Elles remontent à la période du
Néolithique : des fragments de
haches polies en silex et basalte,
des tessons de la période du
Bronze, etc. y ont été retrouvés. Les
Arvernes y établirent ensuite un
oppidum. Puis apparaît un village
au Haut Moyen-Age (entre le V
ième siècle à l’an 1000 environ). On
a retrouvé depuis, sur ce site, la
présence d’anciennes sépultures
car s’y élevait l’église paroissiale
(donc aussi un cimetière) de
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plusieurs villages et hameaux alentours, dont Olloix. Elle n’existe plus mais on peut en
trouver un vestige en l’actuelle église d’Olloix : les anciens Fonds Baptismaux. (Tout de suite
à votre gauche en entrant).
Pour les habitants, l’édification de la commanderie, le défrichement des terres,
signifient sécurité et subsistance possibles. On suppose que c’est la principale raison de
l’abandon progressif du village de Liozun au profit d’Olloix qui prit alors de plus en plus
d’expansion. On parle aussi d’une épidémie de « peste » qui a donné lieu par la suite à la
légende de la Dame de Liozun hurlant, le soir, solitaire et désespérée la perte des siens.
La commanderie était dite « rurale », et fonctionnait en autonomie comme une
seigneurie. Les commanderies, certes fortifiées, étaient de taille plus modeste que les
châteaux édifiés par les croisés en Terre Sainte ; le plus célèbre d’entre eux est le fameux
KRAK des CHEVALIERS tenu par les Hospitaliers de 1142 à 1271.
On possède un dessin de la commanderie d’Olloix dans l’armorial de Guillaume de
REVEL que l’on peut interpréter en fonction du cadastre du début du XIX ième siècle (voir cidessous).
La commanderie d’Olloix d’après l’armorial de Revel
L’église, se situe sur la partie sud du château qui en occupait le centre, lui même
flanqué de cinq tours. Constituée de deux chapelles, elle était directement accolée à la
muraille, à l’angle sud-est. On y pénétrait par l’intérieur du château (voir plan 1, page 5). La
chapelle haute, aujourd’hui disparue était dédiée à Ste Catherine et réservée au
Commandeur (ou Grand Prieur), la chapelle basse, St Jean Baptiste, était ouverte aux
villageois.
Celle-ci était constituée d’une tour servant de sacristie, du chœur voûté d’arcs en
ogive dont les nervures reposent toujours sur des « culs de lampe » à motifs de feuillage, et
de la nef aux voûtes en arcs brisés. On peut assimiler dans ce cas le chœur et la nef à une
« travée formant abside ».
Il n’y avait pas d’entrée extérieure. Il existait une ouverture pour éclairer le fond du
chœur derrière l’autel alors placé contre le mur, le tout légèrement surélevé par rapport à la
nef, et séparé par une balustrade « à l’antique ». Lorsque l’on se place de nos jour à l’entrée,
face au chœur, on voit un alignement de colonnes : 4 sur les piliers à l’intérieur de la nef, 4
sur l’extérieur.
A l’origine, les deux nefs latérales n’existaient pas. Mais on pense que courrait le
long de la travée (nef) primitive une « arcature » (cf. dessin ci-contre). Il s’agissait
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d’une série d’arcades peu saillantes portées par des pilastres ou des colonnes,
destinées à décorer les parties lisses du mur. Cela pouvait aussi être un ensemble
« d’arcs formerets » directement engagés dans les parements des murs, et qui se
profilaient comme des moitiés d’arcs en ogive. A partir du XIII ième siècle, ces arcs
seront plutôt utilisés comme « arcs de décharge », destinés à recevoir la portée des
remplissages des voûtes, et alléger ainsi la structure.
Les moines placèrent par la suite entre ces arcs le tombeau d’ODON de MONTAIGUT,
connu dans la région sous le nom de St GOUERAND, Commandeur et Grand Prieur, mort
vers 1345. Les restes de ce tombeau, qui fut plusieurs fois changé de place au gré des
transformations de l’église, son GISANT et une arcade de pierre, sont actuellement visibles à
votre gauche en entrant. Une fiche vous décrit son habit. Sur le mur du bas de la chapelle se
trouvait le clocher. Il y avait certainement aussi le tombeau de Guillaume de CHALUS, un
autre membre de la communauté, dont la modeste pierre du blason « d’or à la croix engrêlée
d’azur » est aujourd’hui encastrée dans le mur d’une grange près de l’ancienne poste.
Le gisant d’Odon de Montaigut dit Saint Gouérand
Nous savons par les TERRIERS, registres d’inscriptions des redevances, que la
Commanderie fut bien entretenue jusqu’en 1521. Moins d’un siècle plus tard, il n’en était
déjà plus de même. Souvenez-vous : les Hospitaliers combattaient les turcs, étaient repliés à
MALTE et avaient besoin pour cela des revenus pécuniaires de leurs commanderies. A la
longue, faute de moyens, la forteresse d’Olloix se dégrada, le Commandeur résida
désormais à l’annexe de CHAYNAT. Peu avant 1700, la plus grosse partie du bâtiment fut
démantelée, seule la chapelle basse fut gardée, couverte à l’inverse de la toiture primitive,
ainsi que quelques murs et une tour en partie toujours visibles. Enfin, une chapelle,
construite en 1725 côté sud, est dédiée à la VIERGE. Le reste appartient aux souvenirs des
derniers Commandeurs.
Les ultimes changements, qui entraînèrent la « migration » du mausolée d’Odon de
MONTAIGUT à son emplacement actuel, ont eut lieu au XIXème siècle (Plan 3, page 5).
A la chapelle nord, côté gauche, s’ajoutèrent le clocher-porche et des bas-côtés afin
de donner à l’église le traditionnel plan en croix (nef, abside côté chœur, transept barrant la
nef).
Telle se présente aujourd’hui à vous l’église d’Olloix, devenue église paroissiale en
1715 à la place de celle de Liozun, définitivement abandonnée depuis le XVII ième siècle.
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En sortant, levez la tête pour
examiner à loisir les « modillons »,
pierres sculptées de différents motifs
(pomme de pin, tonnelet, visage, eau
…), qui supportent la corniche de
pierre servant à l’évacuation des eaux
pluviales. Si vous passez par le
cimetière vers l’arrière de l’église,
vous verrez les vestiges de l’ancien
mur extérieur de la chapelle basse
correspondant à la hauteur actuelle
du chœur. On y observe un net
changement de la nature des pierres :
larges et lisses en bas, plus
grossières sur le haut jusqu’au toit.
L’église vue de l’Est, on distingue la partie ancienne du coeur
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Espérant que la visite de cette église vous sera agréable, je vous rappelle qu’elle est
avant tout UN LIEU DE PRIERE ET DE RECUEILLEMENT.
Edwige Basset
Remerciements :
aPère Réthoré, Abbaye de RANDOL, pour ses passionnantes explications,
aMlle Carrière et son père pour leurs recherches et leur précieuse
documentation.
Autres sources :
aEncyclopédie Médiévale d’Eugène Viollet Le Duc (1814-1879),
aAtlas historique : les Croisades d’Angus Konstam / Editions St André des
Arts,
a« Olloix d’Autrefois » / Association « l’Essor d’Olloix »,
aPetit Guide « Comment créer son blason » (héraldique) Editions AEDIS.
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