La Maltraitance chez la Personne Âgée

Transcription

La Maltraitance chez la Personne Âgée
La Maltraitance
chez la Personne Âgée
Le
jeudi 12 avril 2007 Anne MOREAU,
psychologue coordinatrice au CAPAM (Centre
d’Aide aux Personnes Âgées Maltraitées) à Liège
(famille, personnel de soin, etc.). Les négligences ou
omissions relèvent elles plus souvent de la non intention, mais pas nécessairement : on peut négliger avec
intention !
Quand on parle de violences on pense d’abord
« violences physiques », mais ce ne sont pas les plus
courantes et il y a malheureusement beaucoup d’au-
en Belgique, intervenait à St André, dans le cadre des conférences-débats du C.L.I.C. Métropole Nord Ouest.
Qu’entend t-on par Maltraitance ? Qui
maltraite ? Quelles sont les formes de maltraitance
pour une personne âgée ? Voilà quelques unes des
nombreuses questions auxquelles Anne MOREAU a répondu concrètement lors d’une conférence très instructive, illustrant ses propos de dessins humoristiques
et de courts métrages évocateurs. La maltraitance
n’est pas toujours celle qu’on croit, le maltraitant celui qu’on pense…
ЖЖЖЖ
De quoi parle-t-on ?
Qu’est-ce que la Violence, la Maltraitance ? Il est important de souligner que l’interprétation de mêmes
faits peut être différente selon le milieu, les valeurs, la culture. Par exemple dans les Pays d’Afrique,
le respect des anciens rend incompréhensible le principe même de nos Maisons de Retraite en Europe ! Autre exemple, dans telle famille la gifle ou la fessée
sera considérée comme éducative et tolérée, mais
bannie et jugée inacceptable dans telle autre. Qui a
raison ? Qui a tort ? L’objet d’une définition de la maltraitance n’est pas de poser un jugement.
La 1ère définition officielle date de 1987, à l’occasion
du Conseil de l’Europe (Strasbourg). IL est dit que les
violences se caractérisent « par tout acte ou omission
commis par une personne s’il porte atteinte à la vie, à
l’intégrité corporelle ou psychique d’une autre personne, à sa liberté, ou compromet gravement le développement de sa personnalité, et/ou nuit à sa sécurité
financière ».
La Maltraitance est un concept large et flou. D’un côté
il y aurait le « Bien traiter » et de l’autre le « Mal traiter » ?
Autre préambule important : L’intention ou la nonintention de faire du mal. L’Abus est un acte commis
volontairement, qui cause un blessure ou un tort, souvent par une personne en relation de confiance
tres formes de violences. On sait que la moitié des
situations de violences sont d’ordre psychologique
et/ou financier. S’agissant des violences physiques on
peut citer par exemple les abus en matière de contention. Pour les violences psychologiques, la liste est
longue : violences verbales, morales, insultes, chantage, intimidation, harcèlement… infantilisation, manque de respect (utilisation intempestive du tutoiement, ton condescendant, « Mémé va faire un gros
dodo ! » etc.). Au niveau des violences financières, il
faut citer les enfants, et plus particulièrement les garçons, qui vont utiliser la pression psychologique et exploiter leurs vieux parents, les voler, détourner leur
pension, s’octroyer un héritage anticipé, etc.
On constate aussi des abus de droit, ou l’absence de
considération des choix, des souhaits de la personne :
utilisation frauduleuse de signature, privation de papiers d’identité, contrôle des relations sociales…
amoureuses ! Viennent ensuite les négligences de tous
ordres, actives ou passives : privation de soins (soins
absents, insuffisants, bâclés, retardés de façon répétitive...), privation d’hygiène, de nourriture, etc. Que
dire de ces personnes âgées à qui l’on met des couches
en permanence, que l’on rend incontinentes ! Enfin il
ne faut pas oublier les violences dites médicales : polymédication excessive ou privation de médicaments.
Qui maltraite ?
Les familles, les professionnels, d’autres personnes âgées… Probablement tous, à des degrés
1/2
divers et certainement « ceux qui ne se posent pas
la question !».
Lorsqu’on a une responsabilité de soins ou d’accompagnement de personnes âgées, il faut s’obliger à prendre le temps de la remise en question « Est-ce que
dans ma pratique je ne suis pas trop brusque ? Est-ce
que je me mets suffisamment à l’écoute de cette personne dont je m’occupe ? »
La non intention : Parfois les familles qui prennent
une personne âgée chez elles ne sont pas toujours
prêtes, pas dans de bonnes conditions pour l’accueillir
comme il se doit. Elles n’ont pas toujours connaissance de ses besoins. La personne âgée est accueillie
dans un environnement trop bruyant pour elle, ou elle
est souvent laissée seule, etc. Mais attention : ces
actes de maltraitance là relèvent de la « nonintention » et il est important de ne pas pointer ces
familles du doigt !
Le silence des victimes : Pourquoi les
personnes maltraitées ne dénoncentelles pas ?
Au-delà du fait que peu de personnes âgées savent
qu’elles peuvent aujourd’hui être aidées, écoutées, il
y a pléthore de raisons à la non dénonciation de leur
situation. Les victimes craignent les représailles « Si tu
n’est pas contente je vais te placer ! Tu ne pourras
plus voir tes petites-filles !». Elles se sentent impuissantes « Je ne peux rien faire, c’est comme ça… »,
elles culpabilisent « C’est de ma faute, je suis une
charge pour eux… ». Elles ont peur de ne pas être
crues, de causer un scandale « Que vont penser mes
voisins s’ils apprennent que j’ai dénoncé mes enfants ?! », ou encore d’être à l’origine d’un conflit familial.
Souvent également on remarque que les victimes n’ont
pas conscience de la gravité des actes perpétrés
contre elles, mais inconsciemment elles éprouvent une
diminution de la confiance en elles causée par la situation. Souvent encore elles excusent ou justifient les
comportements abusifs « C’est mon fils ! » et tout est
dit, en un seul mot… Tout est dû ?
l’entourage qui minimise ce que dit la personne âgée
« À part qu’elle râle elle est bien ton aide ménagère !
On a déjà eu du mal à en trouver une ! ». Et l’entourage de culpabiliser la victime : « Tu nous en causes du
souci ! ». L’entourage peut aussi choisir de ne pas entendre, parce que ce sont des choses qui dérangent,
par pression à la conformité.
Et si à contrario la personne qui a reçu la confidence
est prête à agir, il se peut qu’elle n’ait pas connaissance des ressources à disposition, de l’aide possible,
ou encore qu’elle se sente tiraillée par une obligation
de confidentialité.
Comment savoir s’il y a risque de
Maltraitance ?
Il existe des facteurs de risque. Toutefois, ce n’est
pas parce qu’il y a des facteurs de risques qu’il y a
maltraitance et inversement il peut y avoir maltraitance sans qu’aucun facteur de risque ne soit identifié.
Ces facteurs de risques peuvent être liés à la personne
âgée elle-même : dépendance physique ou psychique,
troubles du caractère, isolement. Vivre au quotidien
par exemple avec une personne atteinte de la maladie
d’Alzheimer est une épreuve difficile et il y a souvent
là tous les ingrédients pour perdre patience. D’autres
facteurs sont eux liés à l’auteur des violences : fragilité psychologique, troubles mentaux, dépendances
(alcool, drogue, médicaments, jeux, etc.), non reconnaissance (« Je m’occupe de toi tous les jours et jamais un merci ! »). Certains facteurs sont liés à l’auteur et à la victime, comme la cohabitation dans un
espace réduit, la dépendance financière, les antécédents de violence intrafamiliale. L’environnement
peut également être le point de départ de situations
de maltraitance : locaux inadaptés, personnel de soin
insuffisamment formé dans une maison de retraite,
etc.
Dans tous les cas, qu’il s’agisse de maltraitance familiale ou autre, il est préférable de ne pas vouloir juger ou incriminer l’auteur, mais plutôt d’identifier
les raisons pour proposer une aide adéquate.
Agir !
Autre problème : L’ambivalence du rapport victime/
maltraitant. C’est concrètement l’exemple de la personne âgée à qui l’enfant ou le personnel de soin demande ses bijoux « De toute façon tu ne les mets
plus ! ». Si la personne âgée refuse, elle sait qu’il y
aura des conséquences négatives induites : négligences, violences, etc… alors elle accepte, elle paye sa
quiétude, elle tire un bénéfice du sacrifice de ses bijoux, c’est ce qu’on appelle en psychanalyse le
« bénéfice secondaire ». En cédant, elle cautionne
malgré elle l’acte du maltraitant et elle entre dans un
cercle dont elle aura bien des difficultés à sortir. Qui a
bu, boira.
Il existe des associations à l’écoute, c’est le cas du
CAPAM en Belgique « Ne restez pas indifférent ! La
maltraitance des personnes âgées touche près de 6 %
des seniors. (…) Que vous soyez témoin ou victime,
ceci vous concerne. Parlons-en ! ». Le CAPAM est
membre du réseau Libr’âgé.
En France les premières antennes téléphoniques ALMA
ont été créées en 1995 et aujourd’hui il existe un numéro national : 08 92 68 01 18 (0,34€ la minute).
Enfin il convient de souligner également l’importance
de l’attitude du milieu. Parfois la personne âgée décide de se confier, mais son appel n’est pas entendu. On assiste tantôt à la dénégation du problème par
Nathalie MATHIS—[email protected]
Ecrits Journalistiques & de Communication
Tel. 03.20.92.10.33
Renseignements et informations : Monsieur Olivier MILOWSKI- Directeur - CLIC Métropole Nord Ouest—100 rue
2/2
du Général Leclerc—59350 SAINT ANDRE — Tel : 03.20.51.60.83 — Email : [email protected]