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LE MAGAZINE J U I N 2 0 1 2 | N°2 N° SPÉCIAL GÉNIE CIVIL DOSSIER Le BTP au carrefour des innovations INTERVIEW Entretien avec Xavier Huillard, PDG de Vinci INTERNATIONAL ECCE, fédération européenne de génie civil ACTUALITÉ La Grande-Bretagne crée un " Nobel des ingénieurs " ANNE DUTHILLEUL Major de Polytechnique en 1972, année de l’ouverture de l’X aux femmes JUIN 2012 N°2 SOMMAIRE ACTUALITES / AGENDA La Grande-Bretagne crée un « Nobel des ingénieurs » LA VIE DE LA FÉDÉRATION L’actualité d’IESF et de ses comités L’INTERVIEW Xavier Huillard, PDG de Vinci DOSSIER Le BTP, un secteur au carrefour des innovations TRAJECTOIRES Dominique Regallet Directeur technique du projet EPR de Flamanville 06 30 08 32 14 34 18 36 24 38 Anne Duthilleul Chargée de mission interministérielle sur les grands projets miniers d'Outre-Mer ZOOM ASSOCIATION TECHNIQUE 40 28 42 L’AFGC, association de promotion du génie civil ASSOCIATIONS DE DIPLÔMÉS AITPE, Association des Ingénieurs des Travaux Publics de l’Etat SID-ETP, Société des Ingénieurs Diplômés de l’Ecole spéciale des Travaux Publics, du bâtiment et de l’industrie PAROLES D'EXPERT L’ingénieur et la prévention des risques sismiques, par Philippe Bisch IESF EN RÉGION L’URIS Midi-Pyrénées FORMATIONS POST-DIPLÔME A l’ESC Toulouse, les ingénieurs acquièrent une double compétence PROMOTION DU MÉTIER IESF, partenaire de la Semaine de l’Industrie TECHNOSCOPIE Avec la 4G, SFR veut garder une longueur d’avance INTERNATIONAL ECCE, l’organe fédérateur européen des ingénieurs en génie civil LE MAGAZINE J U I N 2 0 1 2 | N°2 N° SPÉCIAL GÉNIE CIVIL CNISF - 7, rue Lamennais - 75008 PARIS - Tél. : 01 44 13 66 88 - Fax : 01 42 89 82 50 - www.cnisf.org - [email protected] Directeur de la publication : Julien Roitman - Rédacteur en chef : Patrick Sarfati - Rédactrice en chef déléguée : Céline Jacquot Comité de rédaction : François Blin, Jean-Claude Charlot, Georges Dobias, Estelle Guérif, François Hascoët - Responsable technique : Aïda Pereira - Conception graphique et mise en page : Mandy Vu Van - Régie publicitaire et éditeur délégué : FFE - 15 rue des Sablons - 75116 Paris Tél. : 01 53 36 20 40 - www.ffe.fr - Publicité : David Sellam, Patrick Richard, Jacques Olivier, Fabien Chikli - Impression : Imprimerie de Champagne - Dépôt légal : A parution. 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Êtes-vous prêt à contribuer au développement durable de l’un des plus grands réseaux d’infrastructures en Europe ? Rendez-vous sur www.rff.fr/emploi ÉDITORIAL Julien Roitman Président du Conseil National des Ingénieurs et des Scientifiques de France Enfin sur le radar ! I I l y a quelques jours Sir Peter Ricketts, ambassadeur du RoyaumeUni, réunissait à Paris des représentants de la communauté industrielle pour leur annoncer la création du Queen Elizabeth Prize for Engineering. Ouvert à tous les pays et doté d’un million de livres sterling, ce prix a pour vocation de reconnaître un travail d’ingénieur qui a engendré des progrès remarquables changeant le monde et profitant à l'humanité. Enfin un vrai « Prix Nobel » de l’ingénierie, mettant en lumière notre profession et célébrant l’excellence des meilleurs d’entre nous ! De son côté, le nouveau ministre du Redressement productif (de l’industrie) Arnaud Montebourg énonçait dès sa première déclaration relevée par de nombreux medias, une profession de foi propre à s’attirer notre sympathie et celle des entreprises : « Le producteur, l'entrepreneur, le chef d'entreprise, le créateur, l'ingénieur, le travailleur sont ceux qui assurent la prospérité d'un pays. Et sans eux, il est impossible d'imaginer un avenir. Un pays qui ne produit plus est dans la main des pays qui produisent ». avons assorties de 40 propositions pour réindustrialiser la France ! Comme chacun aura pu le constater, dans le feu de la campagne présidentielle et sans doute un peu grâce à notre action, les candidats ont tous évoqué avec constance l’entreprise, l’industrie et les ingénieurs comme autant de clés pour redresser le pays et son économie. Du coup il est redevenu politiquement correct d’en parler, et même dans les dîners en ville il n’est plus incongru d’évoquer ces sujets… On peut toutefois regretter qu’à ce jour aucun ingénieur ou scientifique ne figure encore au sein du gouvernement français, mais notre voix semble avoir été entendue : pas de croissance sans industrie, pas d’industrie sans ingénieurs. Il faudra bien sûr rester vigilants et nous assurer que les actes suivent bien les paroles. Mais déjà nous apparaissons sur le radar politique, économique et social du pays, ce qui nous laisse espérer pouvoir un jour être réellement associés à sa gouvernance et à ses décisions. Quel plaisir que d’entendre réaffirmer ainsi au plus haut niveau de l’Etat des convictions que nous avons défendues dans le Livre Blanc des Ingénieurs et des Scientifiques de France et que nous 05 JUIN 2012 On peut regretter qu’à ce jour, aucun ingénieur ou scientifique ne figure encore au sein du gouvernement français Agenda 22 juin ACTUALITÉS AGENDA Evènement La Grande-Bretagne lance un « nobel des ingénieurs » David Cameron, le premier ministre britannique, lors de la présentation officielle du prix le 28 février 2012 En février dernier, la Grande-Bretagne annonçait la création d’un véritable « nobel des ingénieurs » : the Queen Elizabeth Prize for Engineering. Doté d’une récompense d’1 million de livres sterling, ce prix sera remis par la reine Elisabeth II tous les deux ans. Qui sont, parmi nos ingénieurs, les équivalents contemporains de Gustave Eiffel ou de Marc-Isambard Brunel ? Difficile d’y répondre sans avoir pour cela identifié de manière impartiale parmi les ingénieurs du monde entier, ceux dont les innovations constituent une rupture technologique indiscutable. C’est tout l’objet du Queen Elizabeth Prize for Engineering. Ce prix lancé par la Grande-Bretagne reflète un souci commun qui s’est fait jour dans les milieux des affaires, des sciences et des technologies et de la politique, celui de mettre mieux en valeur l’engineering mondial au moyen d’une initiative sans précédent. C’est en effet la plus importante et la plus prestigieuse des distinctions jamais créée pour honorer les réalisa- tions récentes des professionnels de l’ingénierie. Le Queen Elizabeth Prize for Engineering répond à trois principaux objectifs : › Découvrir et célébrer les ingénieurs dont les innovations ont eu un impact majeur sur notre quotidien › Promouvoir le métier d’ingénieur auprès du grand public › Donner aux nouvelles générations d’ingénieurs le goût du challenge. Le jury de la première édition de ce prix a été dévoilé en février dernier lors de la présentation officielle. Il est composé de 15 chercheurs de renommée internationale*. Le premier lauréat (il peut y en avoir jusqu’à trois) sera connu en mars 2013. C’est la reine Elisabeth II en per- Enquête « Ingénieurs 2012 » Pour la première fois à l’occasion de son colloque annuel, IESF dévoilera à la presse les résultats de sa 23e enquête annuelle sur les ingénieurs. Cette présentation sera assurée par Gérard Duwat, président de l’Observatoire des Ingénieurs (IESF). Horaire et lieu : de 9h30 à 10h30, Palais d’Iéna - 75016 Paris Septembre 2012 Sortie de l’annuaire 2012/2013 La nouvelle édition de l’annuaire des IESF est en cours de réactualisation. Cet ouvrage de près de 230 pages réunit toutes les informations utiles sur IESF ainsi que sur les quelque 175 associations qu’il fédère. 22 & 23 sept. 2012 Assisses de la SNIPF à Lille Les 60e assisses de la SNIPF (Société Nationale des Ingénieurs Professionnels de France) auront lieu à Lille. Organisées sous le haut patronage d’IESF, elles auront pour thème : « L’Ingénieur professionnel, la valorisation et le partage de ses compétences pour les générations à venir ». Pour plus d’information : www.snipf.org sonne qui, au printemps 2013, remettra ce prix doté d’une récompense d’1 million de livres sterling, soit un peu plus d’1,2 million d’euros. *Pour obtenir des informations supplémentaires sur le Queen Elizabeth Prize for Engineering, soumettre un dossier ou connaître la liste des membres du jury de la première édition, consulter le site : www.qeprize.org 22 juin 2012 / Colloque annuel d'IESF Ingénieurs et scientifiques, artisans du futur Le colloque annuel « ingénieurs et scientifiques, artisans du futur » organisé par IESF avec le BNEI (Bureau National des Etudiants Ingénieurs) aura lieu le vendredi 22 juin au Conseil Economique Social et Environnemental (Palais d’Iéna). Il s’adresse principalement aux ingénieurs et scientifiques en début de carrière ou en année de di- plôme. Il sera articulé autour de 2 tables rondes qui auront pour thèmes : « Ingénieurs et scientifiques : des acteurs engagés » et « Ingénieurs et scientifiques à la barre ». Veuillez trouver ci-contre le programme de cette journée ainsi que le nom des intervenants (inscriptions : www.cnisf.org) 06 JUIN 2012 INGÉNIEURS ET SCIENTIFIQUES 9(1'5(',-8,1'(++$8&(6( Sous le Haut Patronage et en présence de Jean-Paul DELEVOYE Président du Conseil économique social et environnemental Quelle voix les ingénieurs et les scientifiques doivent-ils apporter dans les débats de société ? Avec quelles exigences ? Dans quel cadre doivent-ils se positionner et agir ? Quels impacts ont leurs valeurs et leur éthique dans l’interaction entre technique, économie, société et environnement ? A travers deux tables rondes, les intervenants illustreront, par leur expérience, comment et pourquoi ils se sont engagés, et quelle place tient l’éthique dans leur appréhension des responsabilités et de la prise modérée de risques, caractéristiques de l’exercice du métier d’ingénieur et inhérentes à sa formation. « INGÉNIEURS ET SCIENTIFIQUES : DES ACTEURS ENGAGES » Fabienne KELLER Sénatrice du Bas-Rhin François GOULARD Député, Président du CG du Morbihan Ancien Ministre Roland VARDANEGA Président Société des Ingénieurs Arts et Métiers Pierre COUVEINHES CGIET-MEIE Rédacteur en Chef Annales des Mines Nicolas MOVIO BNEI Associatif humanitaire CLÔTURE DU COLLOQUE « INGÉNIEURS ET SCIENTIFIQUES À LA BARRE » Jacques LEWINER Directeur scientifique honoraire ESPCI ParisTech Claudie HAIGNERE Présidente UNIVERSCIENCES Ancien Ministre Jean-François MINSTER Directeur scientifique TOTAL Jean Yves ROSSI Président fondateur de CANTON-Consulting Ambroise FAVRIE Président du BNEI Anne LAUVERGEON Inscription obligatoire en ligne : www.cnisf.org PARTENAIRES LA VIE DE LA FÉDÉRATION › RUE 2012 IESF à la rencontre des jeunes diplômés IESF ouvre son répertoire aux masters et docteurs scientifiques C’est lors des RUE 2012 et d’une table ronde sur le thème des « docteurs, mal aimés des entreprises françaises ? » que Julien Roitman a annoncé l’ouverture du répertoire des IESF dès la rentrée 2012 à deux nouvelles catégories de diplômés : les masters et docteurs scientifiques. En 20 ans, le répertoire d’IESF est devenu un outil d’échange incontournable entre les ingénieurs diplômés, les ingénieurs en activité et le monde économique. C’est également une base de données très appréciée des DRH des entreprises et des cabinets de recrutement. Toujours attachés à la promotion des métiers et des formations scientifiques et techniques, 10 membres d’IESF se sont relayés sur le stand de la fédération pour apporter leurs conseils aux visiteurs de RUE 2012 dans le cadre de leur projet professionnel. La grande majorité était constituée de docteurs, dont beaucoup ont une expérience de l’entreprise souvent limitée à des stages en laboratoire. La compréhension des attentes de l’entreprise reste une lacune fréquente. Rares sont ceux en effet à avoir constitué une liste d’entreprises, partenaires ou non de leur propre laboratoire ou du secteur disciplinaire, susceptibles d’être intéressées par leur profil. Parmi ces diplômés, nombreux ont suivi des études en biologie, discipline qui forme Xavier Curtat / Grou pe AEF Partenaire officiel de la 5e édition des Rencontres Universités Entreprises organisées les 15 et 16 mars derniers, IESF a marqué son engagement en faveur des échanges entre l’université et les entreprises et de l’accès à l’emploi des diplômés. beaucoup de docteurs mais dont les débouchés professionnels sont actuellement limités. Ces échanges ont été l’occasion de rappeler l'intérêt de développer une double compétence, d'avoir une différenciation de profil attractive pour l’entreprise, et de travailler sur l’expression de ses compétences acquises dans le travail de chercheur, bien audelà de la seule expertise disciplinaire. Le rôle et la mission des écoles doctorales sont apparus une fois de plus comme essentiels pour l’employabilité future des doctorants et l’abolition de clichés parfois simplistes sur l’entreprise. Marie-Christine Creton, Présidente du comité Relation avec l'Université › Formation L’AJE et IESF signent une convention de partenariat De g. à d. : Isabelle Avenas-Payan, vice-présidente d’IESF et présidente de PMIS national, Yvon Gattaz, président-fondateur de l’AJE, Julien Roitman, président d’IESF Jeudi 15 mars 2012, Yvon Gattaz, président-fondateur de l’Association Jeunesse et Entreprises (AJE), et Julien Roitman, président d’IESF, ont signé une convention de partenariat à l’occasion d’une réunion des clubs AJE régionaux. « L'une des raisons principales à l'origine de l'accord entre AJE et IESF que nous signons aujourd'hui vient du fait que des collaborations concrètes sont déjà établies sur le terrain avec les clubs AJE. En effet, la vocation d'AJE étant de rapprocher les entreprises des jeunes, nous avons un domaine où nous pouvons travailler ensemble : la formation aux métiers d'ingénieurs et scientifiques », a souligné Julien Roitman. « Une synergie est à créer entre nos deux entités pour agir dans les établissements d'enseignement et auprès des jeunes », a ajouté Sabine de Beaulieu, déléguée générale d’AJE. Il y a urgence. En effet, il a 15 ans, 60 % de jeunes se dirigeaient vers des carrières scientifiques. Aujourd'hui, on en trouve seulement 35 % en terminale S. 08 JUIN 2012 LA VIE DE LA FÉDÉRATION Le chiffre : 45 000 C’est le nombre d’ingénieurs ayant répondu à l’enquête annuelle 2012 d’IESF › Enquête annuelle 2012* Un outil précieux pour la profession L’enquête annuelle réalisée par IESF est un évènement attendu dont les résultats sont largement utilisés par les médias. Elle vise à donner aux ingénieurs français des informations sur la situation de leur groupe professionnel. Ils y répondent massivement (40 à 50 000) donnant une valeur de référence aux résultats qui sont publiés avant l’été. Les sujets étudiés concernent d’abord la situation professionnelle. L’accès à l’emploi des plus jeunes, les données sur le recrutement, les rémunérations mais aussi la satisfaction et les attentes des ingénieurs dans l’exercice de leurs activités sont régulièrement proposés. Des sujets spécifiques, dictés par l’actualité, sont proposés et renouvelés chaque année. En 2012, trois nouveaux thèmes sont ainsi apparus portant sur l’analyse de la situation économique et de ses effets, l’apport de l’apprentissage à la formation des ingénieurs, ou encore les questions d'éthique. Si les ingénieurs, les écoles et les associations sont les premiers intéressés par cette enquête, les entreprises y trouvent de p plus en plus d’informations utiles à leur po-litique de ressources humaines nes et laa presse y puise les données les pluss fiables sur le monde des ingénieurs. génieurss. Enfin, cette étude est remisee désor-rs diplô-mais aux nouveaux ingénieurs més, leur offrant ainsi un état dess é, de laa lieux dans toute sa diversité, profession qu’ils embrassent.. › Billet d’humeur Oscillations et services compris Confortablement installé dans votre rocking-chair, vous oscillez à la fréquence de vos pensées, lisant avec attention le magazine d'IESF. Soudain votre mouvement s'arrête : un caillou s'est glissé sous le berceau caréné de votre fauteuil. Votre journal tombe sur le sol ! Vous tentez de vous relever, vous titubez, vous retombez dans le temps présent. Un escadron de bénévoles agite alors votre assise à cadre mobile. Le Conseil des IESF est votre seule planche de salut : comment puis-je rendre service ? Vous devinez la suite : trop timide pour jouer un rôle politique dans la cité ? Investissez-vous dans PMIS, allez témoigner dans les collèges et les lycées. Expliquez-y les moments d’inertie, suscitez des vocations. Épuisé d'avoir animé votre association d'anciens élèves ? Pratiquez l’ouverture, accueillez les scientifiques. N'ayez pas peur, ils sont dompteurs du pourquoi et alliés du temps long. Lionel de la Sayette (SUP’AERO 79) Vice-président d'IESF Soucieux de vous investir sur des problèmes de société ? Rejoignez un comité d'experts et organisez un symposium avec des orateurs internationaux. Sur ces entrefaites, le fauteuil reprend son mouvement de balancier. Votre nouvelle implication a sublimé le caillou ! Que ce bref billet interpelle chacun pour qu’il contribue à la nouvelle dynamique des IESF : amplifions notre engagement dans nos associations, nos régions et notre fédération. Soyons les ambassadeurs actifs de notre merveilleux métier. En bref ... 12e Prix Chéreau-Lavet : inscriptions jusqu’à fin juin 2012 Vous êtes ingénieur français et votre invention a commercialisée ? Vous n’avez plus que deux été co semaines pour présenter votre candidature au Prix de sema l'Inventeur-ingénieur - Prix Chéreau-Lavet. Pour cela, l'Inve rendez-vous sur le site : rende www.mariuslavet.org/Inscription/Inscription www Votre candidature enregistrée, vous recevrez un courriel précisant le contenu du dossier à constituer. courr votre candidature semble conforme aux attentes du Si vot Prix, vous serez contacté pour compléter votre dossier. Gérard Duwat, président de eurs l'Observatoire des Ingénieurs * L'enquête sera mise en ligne fin juin sur le site d'IESF 09 JUIN 2012 LA VIE DE LA FÉDÉRATION › Comité Eau Après Istanbul en 2009, ce fut au tour de Marseille d’accueillir du 12 au 17 mars 2012, la 6e édition du Forum Mondial de l’Eau. Présents sur l’Espace France, des La production membres du comité Eau et d'énergie, grande utilisatrice de l’URIS Provence sont allés à la rencontre d’industriels Le cas d’EDF est particulier : l’eau utipour les interroger sur leur lisée est soit force motrice, soit liquide de refroidissement pour les centrales politique de gestion de l’eau. thermiques et les 58 centrales nuUn Forum Mondial de l’Eau ne se résume pas à une seule semaine de débats, de rencontres et d’échanges. Celle-ci concrétise trois années d’un travail collectif à l’échelle de la planète, à partager dans un foisonnement de rendez-vous. Présents sur le stand inter-associatif de l’Espace France organisé par l’ASTEE (Association Scientifique et Technique pour l’Eau et l’Environnement), des membres du comité Eau et de l’URIS Provence ont entrepris une enquête sur les industriels et la gestion de l’eau. Les premiers résultats* confirment que les industriels recherchent par tous les moyens à diminuer leur consommation d’eau, et à traiter leurs rejets. cléaires en activité. Deux types de systèmes de refroidissement sont utilisés (hors du réacteur) : le circuit ouvert qui permet une restitution intégrale de l’eau prélevée dans le milieu naturel et le circuit fermé, caractérisé par la présence d’aéro-réfrigérants qui génèrent de la vapeur d’eau dans l’atmosphère. Les prélèvements d’eau pour le parc nucléaire sont de 18 milliards de m3/ an, soit 75 % des prélèvements de l’industrie en France. La majeure partie en est rapidement restituée au milieu environnant, ce qui a un impact non négligeable sur les écosystèmes fluviaux. Le réchauffement du Rhône sur les quarante dernières années est d’environ 2°C, dont un tiers serait imputable aux centrales nucléaires. La conduite des centrales nucléaires prend en compte les autres besoins en eau, dont ceux des centrales hydroé- Copyright photo : © 6th Water World Forum / Christophe Taamourte 6ème Forum Mondial de l’Eau : IESF mène l’enquête auprès d’industriels lectriques et thermiques. Des modèles contribuent à optimiser les arbitrages pour concilier ces différents usages de l’eau ; c’est un élément essentiel du savoir-faire de l’exploitant (stratégie de passage de l’été, soutien des étiages, modélisation des températures, scénario de stress hydrique, localisation de la demande en France et dans les pays voisins). Dans l’agroalimentaire, l’enquête a porté sur la société Bonny (60 personnes, 10 M€ de CA), une PME de traitement de viande destinée à élaborer des produits semi-finis à haute valeur ajoutée pour le marché de la restauration, un institut de malteriebrasserie et un centre technique pour la conservation des produits agricoles. D’importants résultats ont été atteints. La qualité de l’eau est primordiale dans certains secteurs, en particulier l’alimentaire, et fait l’objet de recherches approfondies. Le traitement des effluents est également suivi avec grande attention, à la fois pour des raisons sanitaires et écologiques. Jean-Louis Oliver, Président du comité Eau * Un compte rendu plus complet du 6e Forum Mondial de l'Eau est disponible sur le site d'IESF : www.cnisf.org/ (onglet "Comités", rubrique "Comités sectoriels", puis "Eau" et "Activités") 10 JUIN 2012 LA VIE DE LA FÉDÉRATION › Comité Numérique et Réseaux Sociaux Les communautés IESF tissent leurs réseaux Les réseaux sociaux professionnels et associatifs sont en plein développement. Aujourd’hui, 2 millions de Français sont connectés à Linkedln et 4,5 millions à Viadeo. Créé il y a moins de 2 ans, le comité Numérique et Réseaux Sociaux veille aux bonnes pratiques en matière d'animation de communautés associatives. Les réseaux sociaux ont envahi le paysage des relations interpersonnelles, d’abord et avant tout avec le très médiatique Facebook qui compte aujourd’hui dans le monde plus de 900 millions d’“amis”. Dans le monde professionnel en revanche, la saga des réseaux sociaux est plus récente, mais non moins impressionnante : › Le leader mondial, Linkedln, vient de rentrer en Bourse avec succès. Il revendique plus de 100 millions de membres dont 2 millions en France. › Le challenger français, Viadeo, regroupe 33 millions de membres dont 4,5 millions en France. Il vient de faire une levée de fonds de plus de 20 millions d'euros pour soutenir son développement. Vers une diversification des usages L’usage de ces réseaux s’est fortement diversifié : recrutement, cooptation, échanges et forums techniques et professionnels, formation/information... Dans un premier temps, les réseaux professionnels ont facilité une génération spontanée de communautés d’ingénieurs, en dehors des associations traditionnelles qui ont adopté pendant un certain temps une attitude méfiante, voire frileuse à leur égard. Les plus grosses associations (X, Arts et Métiers...) ont généré dans les années 2005 des réseaux privatifs qui, le plus souvent, se sont développés en périphérie de leur “maison mère” voire en opposition. Or actuellement, on assiste dans ces associations à une nette reprise en main de ces initiatives. La très grande majorité des associations a évolué à partir des années 2008/2009 de la passivité à la réactivité (voire la proactivité) en tentant, le plus souvent avec succès, de fédérer les communautés “officieuses” existantes. Le comité Numérique et Réseaux Sociaux, constitué à l'initiative du président Roitman, s'est donné pour mission d'identifier et diffuser les bonnes pratiques techniques et d'usage en matière d'animation de communautés associatives. Ses travaux ont donné lieu à deux conférences* : l'une "classique" en juin 2011 et l'autre en WebTV en décembre 2011. Récemment une nouvelle priorité a été fixée : développer et animer les communautés IESF, notamment sur le réseau Viadeo (près de 15 000 membres à ce jour). Jean-François Perret Président du comité Numérique et Réseaux Sociaux * L'intégralité des débats est disponible sur le site d'IESF : www.cnisf.org/ (onglet "Comités", rubrique "Comités sectoriels", puis "Réseaux Sociaux" et "Activités") 11 JUIN 2012 LA VIE DE LA FÉDÉRATION › Comité Formation et Cursus L’ingénieur formé par l’apprentissage : un OVNI ? Le 22 mars dernier dans le cadre de la Semaine de l’Industrie, un séminaire consacré à l’ingénieur formé par apprentissage a été organisé par le comité Formation d’IESF. Aperçu des discussions. En liaison étroite avec ses partenaires traditionnels, CGE(1) et CTI(2), le comité Formation a réuni le 22 mars 2012 l’ensemble des acteurs de la formation, écoles et entreprises, autour des apprentis ingénieurs représentés par le BNEI(3). Ce séminaire labellisé « Semaine de l’Industrie » a eu lieu dans les locaux de l’ISEP(4). L’objectif, défini par le comité Formation à la suite de nombreuses auditions, était de lancer un dialogue ouvert entre représentants du monde académique (enseignants, étudiants) et représentants du monde professionnel sur la pédagogie de l’alternance et son appréciation par les apprentis d’une part, par l’entreprise d’autre part. L’apprentissage, un sésame pour l’emploi Les élèves qui choisissent ce type de formation sont souvent attirés par sa composante « ascenseur social » ; ils présentent majoritairement un profil tourné vers le concret et ils ont la volonté de s’intégrer dans l’entreprise pour y exercer rapidement des responsabilités sous l’autorité d’un « maître d’apprentissage ». L'alternance répond à ces exigences avec cependant un certain nombre de difficultés dont la moindre n’est pas le partage du temps entre présence à l’école et présence dans l’entreprise qui, selon l’implantation géogra- *www.cnisf.org/ (onglet "Comités", rubrique "Comités sectoriels", puis "Formation" et "Activités") 12 JUIN 2012 phique de l’école, peut obliger l’étudiant à des déplacements fréquents et coûteux. Le rythme de l’alternance, variable selon les écoles, a aussi été discuté ainsi que la nécessaire coopération entre « maître d’apprentissage » et « tuteur pédagogique », laquelle ne va pas nécessairement de soi compte tenu de l’arrière-plan culturel des uns et des autres. Enfin, l’ouverture internationale et l’apprentissage de l’anglais, sur lesquels la CTI insiste en imposant un stage de 3 mois à l’étranger et qui répondent à une demande de l’entreprise, se révèlent parfois difficiles à mettre en œuvre. Les représentants des entreprises ont tous exposé que les ingénieurs formés sous statut d’apprenti n’ont pas de problème d’emploi, ni d’adaptation au milieu professionnel après l’obtention de leur diplôme. Le recul manque encore pour évaluer le déroulement de leur carrière après 5 ou 10 ans d’expérience. Le souhait a été formulé que les écoles, et les associations d’anciens élèves, lancent des enquêtes spécifiques complémentaires, par exemple, de l’enquête annuelle d' IESF. Le programme du séminaire et une synthèse des exposés seront prochainement consultables sur le site d' IESF*. Nicole Bécarud Présidente du comité Formation et Cursus (1) CGE : Conférence des Grandes Ecoles (2) CTI : Commission des Titres d’Ingénieur (3) BNEI : Bureau National des Elèves Ingénieurs (4) ISEP : Institut Supérieur d’Electronique de Paris INTERVIEW Xavier Huillard Xavier Huillard PDG du groupe VINCI VINCI cultive l’esprit d’entreprendre Biographie Xavier HUILLARD est président-directeur général de VINCI depuis le 6 mai 2010. Diplômé de l’École Polytechnique et de l’École Nationale des Ponts et Chaussées, il a fait l’essentiel de sa carrière dans les métiers de la construction en France et à l’étranger. Il a rejoint le groupe VINCI en 1996. Président de VINCI Construction de 2000 à 2002, puis directeur général délégué de VINCI et président-directeur général de VINCI Energies de 2002 à 2005, il devient administrateur-directeur général du groupe en 2006. 14 JUIN 2012 A INTERVIEW A lors que la crise continue d’affecter l’emploi industriel, le groupe VINCI arbore une belle santé. Son carnet de commandes a atteint un niveau historique et ses perspectives d’embauche pour l’année 2012 restent inchangées avec le recrutement programmé de 20 000 personnes en emploi durable. Explications avec Thierry Huillard, PDG du groupe. On dit du BTP qu’il est le baromètre de l’activité économique. Or, malgré la crise, VINCI a réalisé en 2011 un chiffre d’affaires de 37 milliards d’euros. Les raisons de cette bonne santé ? 2011 aura été un excellent exercice pour VINCI ! Cette bonne performance est la conséquence directe d’un positionnement très clair et surtout très constant qui intègre nos métiers de concessionnaires d’infrastructures et nos métiers du contracting. C’est aussi le résultat d’une organisation très décentralisée donc très responsabilisante qui permet de libérer l’énergie entrepreneuriale de nos collaborateurs. En 2011, la combinaison d’une bonne croissance interne, avec l’effet année pleine des acquisitions réalisées en 2010 - Cegelec et Faceo dans l’énergie, et Tarmac dans les travaux routiers - a permis une croissance à deux chiffres de notre activité. Notre structure financière a également continué à se renforcer. Notre endettement net a reculé d’un demi-milliard d’euros. Enfin, l’année a été exceptionnelle en termes de prises de commandes. Notre carnet de commandes à fin 2011 atteint ainsi le niveau historique de 30,6 milliards d’euros. 2012 s’annonce-t-elle aussi prometteuse ? Nous sommes confiants mais prudents en raison de la conjoncture. Heureusement le profil d’exécution de notre carnet de commandes nous permet d’anticiper les éventuels gestes d’adaptation nécessaires. Cela étant dit, l’année démarre bien dans nos activités de contracting. Nous avons récemment concrétisé d’importants projets d’infrastructures comme le Crossrail au Royaume-Uni, la I-95 aux Etats-Unis ou le chantier de dragage Western Basin en Australie. Dans tous les cas, nous protégerons nos marges opérationnelles qui sont parmi les meilleures de notre profession. C’est la seule manière de conserver les leviers dont nous avons besoin pour continuer à développer notre modèle avec une accélération à l’international. Notre organisation très décentralisée permet de libérer l’énergie entrepreneuriale de nos collaborateurs VINCI via QDVC (détenue à 51% par Qatari Diar et 49 % par VINCI Construction Grands Projets) construit le premier système de transport ferroviaire du Qatar dans la ville nouvelle de Lusail (250 000 hab.), située au Nord de Doha. Avec la LGV Tours-Bordeaux, VINCI a décroché le plus gros contrat d’infrastructure européen. Pouvez-vous nous en dire plus sur ce projet ? La ligne mettra Bordeaux à 2h05 de Paris en 2017. C’est une belle illustration de tous nos savoir-faire, une formidable opportunité de faire travailler ensemble tous nos métiers. C’est aussi le projet de tous les superlatifs : ce projet représente un investissement total de 7,8 milliards d’euros courants, et constitue le plus important partenariat public-privé (PPP) jamais signé dans le domaine ferroviaire en Europe et l’un des plus importants projets d’infrastructure lancés dans le monde au cours de la dernière décennie. Cette ligne totalise 340 km et traverse 117 communes, 6 départements et 3 régions ; elle nécessite la construction d’environ 400 ouvrages d’art, la création de 4 500 emplois dont 1 300 créations nettes… 15 JUIN 2012 INTERVIEW Quelle est votre politique de recrutement pour les 2 à 3 prochaines années ? Nous sommes dans des métiers à haute intensité managériale. Nos performances sont directement la conséquence d’une politique constante et puissante de développement de la richesse humaine du groupe. En 2011, nous avons embauché plus de 20 000 personnes en emploi durable dont près de la moitié en France avec une priorité sur les jeunes. Nos perspectives sont du même ordre pour cette année. Ces chiffres pourraient baisser dans certains pays dans le court terme mais nous continuerons à embaucher beaucoup de jeunes car nous croyons fondamentalement que nos métiers resteront porteurs en tendance lourde. La force de notre modèle tient à la responsabilisation de chacun, à la mise en réseau de toutes les compétences et toutes les énergies. Quel poids représente l’international dans l’activité du groupe ? Notre force est aujourd’hui la diversité de nos métiers, de nos implantations géographiques et de nos clients. Nous avons depuis quelques années élargi notre horizon international, avec près de 14 milliards d’euros de chiffre d’affaires réalisés hors de France, à la fois dans les concessions et dans le contracting, et nous continuons, en nous appuyant sur les têtes de pont que sont nos filiales spécialisées : Freyssinet, Soletanche, DEME, Entrepose mais aussi Cegelec. Nous nous intéressons à de nouveaux projets de concessions à l’international, comme nous l’avons fait hier en Russie et demain en Inde. Nous accélérons notre internationalisation mais en nous souvenant que dans nos métiers risqués, le succès est l’addition d’un excellent savoir-faire et d’une connaissance profonde des pays et des cultures. 16 JUIN 2012 Quels sont les grands défis de VINCI pour les deux prochaines décennies ? Le premier est de continuer à grandir sans grossir. La force de notre modèle tient à la responsabilisation de chacun, à la mise en réseau de toutes les compétences et toutes les énergies. Cette grande autonomie laissée à l’esprit d’entreprendre, à l’ancrage dans les territoires et à l’intelligence du terrain nous devons la cultiver. Notre deuxième grand défi est de donner raison à notre ambition qui est d’être le meilleur partenaire de nos clients et de toutes les parties prenantes, au service de la réussite de leurs projets. Sur la plupart des marchés du groupe, la demande évolue vers des projets de plus en plus importants, globaux et complexes. La capacité de VINCI à mobiliser et coordonner tous les savoir-faire et les ressources de production requis par de tels projets est un avantage concurrentiel déterminant. Au-delà de la compétence technique et managériale, les qualités de transparence, d’écoute et de dialogue sont de plus en plus importantes pour réussir les projets qui nous sont confiés. DOSSIER Les bâtisseurs du cadre de vie L 'ingénierie du BTP n’a jamais autant évolué que ces trente dernières années. La conception assistée par ordinateur, l’émergence de matériaux de plus en plus innovants et la sophistication des équipements et des machines ma ont révolutionné la façon de concevoir et bâtir les ouvrages et les infrastructures inf rroutières. Jean Berthier Jean-François Coste Par le nombre de ses entreprises et de ses salariés, le BTP est l’un des premiers secteurs économiques français. En 2010, les Travaux Publics représentaient un chiffre d’affaires de 39 Mds € en France métropolitaine et 23 Mds € sur les marchés extérieurs, 8 033 entreprises et 266 000 salariés (source FNTP). La même année, le secteur du Bâtiment dégageait 123 Mds € de chiffres d’affaires dont 7 réalisés à l’extérieur (63% en Europe). Il emploie à lui seul 1,2 million de salariés, travaillant dans 349 000 entreprises, dont 327 000 de moins de 10 personnes (estimations FFB). Particulièrement atomisé, le secteur du BTP se caractérise néanmoins par l'existence de quatre grands majors : VINCI, Bouygues, tous deux leaders mondiaux, Eiffage et Spie Batignolles. Pascal Lemoine Bureaux d’études, vers un regroupement des compétences Bernard Raspaud Avant toute réalisation, il y a la phase de conception. C’est l’affaire des bureaux d’études qui assurent pour tout projet les fonctions techniques, administratives 18 JUIN 2012 et réglementaires. « Autrefois, les bureaux d’études étaient intégrés aux entreprises de BTP. Ils ont maintenant pris leur liberté, ont grossi et se sont structurés », souligne Jean Berthier, (X54 - Ponts 59), administrateur d’IESF et ancien directeur des Routes. Aujourd’hui, ces bureaux indépendants (Egis, Setec, Artelia, Ingérop, etc.) cohabitent avec les grands acteurs publics : GDF Suez, SNCF, RATP et EDF. L’autre tendance, plus récente, est le regroupement des compétences. Pour Pascal Lemoine (Arts et Métiers 74), directeur technique et de la recherche à la FNTP, « cela leur permet d’élargir leur champ d’expertise grâce à l’élaboration de modèles de simulation intégrant différents domaines : économiques, environnementaux et sociétaux ». Une concentration des savoir-faire qui devrait s’accentuer. « L’avenir est aux bureaux d’études tous corps d’état », prédit Gilles Charbonnel, président de la Chambre de l’Ingénierie et du Conseil de France - Construction, dans une interview du Moniteur en mars dernier. Les regroupements ne sont pas forcément franco-français. « C’est le cas d’Arcadis ESG, né de l’intégration du bureau d'études français EEG Simec- Les sites à consulter Viaduc de Millau, Tour First à la Défense, réseau ferroviaire… les ingénieurs du génie civil œuvrent au quotidien à l’amélioration de notre cadre de vie. sol au sein du groupe néerlandais Arcadis. Il y a également de plus en plus de bureaux d’études étrangers qui créent des filiales en France, c’est le cas notamment du britannique Ove Arup & Partners et de l’américain Bechtel », note Jean-François Coste (X 57-Ponts 62), président du comité Génie civil et Bâtiment d'’IESF. Pour pénétrer le marché international, les bureaux d’études ont recours à des outils innovants : modélisation informatique de plus en plus pointue, moyens d'essais lourds (manège de fatigue des chaussées, dalle d'essai de structures, soufflerie climatique). Des chantiers toujours plus complexes et audacieux Grâce aux avancées technologiques, les méthodes de construction ont gagné en audace. C’est le cas notamment de la technique des ponts à haubans, rendue possible grâce à la modélisation informatique. « En 1860, des ingénieurs avaient tenté de construire des ponts haubanés. En vain, tous se sont écroulés. Sans l’évolution technologique, les ponts de Normandie, de Rion Antirion (Grèce) et le viaduc de Millau n’auraient jamais vu le jour », note Jean-François Coste. Les techniques de construction se sont également complexifiées. Il faut construire mieux, plus vite, au meilleur coût tout en tenant compte de nouvelles contraintes, telle que l’urbanisation croissante qui rend la gestion des chantiers plus difficile, ou des problématiques environnementales. « Aujourd’hui, plus aucune goutte de pluie ne tombe sur une autoroute sans être traitée par un système d’assainissement », note Bernard Raspaud (Formation universitaire et CHEBAP 65), représentant de la FNTP dans les instances professionnelles européennes. Une dimension durable que les entreprises du secteur ont 19 JUIN 2012 Illustration : Mandy Vuvan DOSSIER La Fédération Nationale des Travaux Publics : www.fntp.fr La Fédération Française du Bâtiment : www.ffbatiment.fr L’Institut français des sciences et technologies des transports, de l'aménagement et des réseaux : www.ifsttar.fr Le Centre Scientifique et Technique du Bâtiment : www.cstb.fr L'Institut pour la Recherche appliquée et l'Expérimentation en Génie Civil : www.irex.asso.fr SYNTEC-Ingénierie : www.syntec.fr “ En 2010, les Travaux Publics représentaient un chiffre d’affaires de 39 Mds € en France métropolitaine et 23 Mds € sur les marchés extérieurs Un savoir-faire qui s’exporte (copyright : Vinci - Freyssinet) DOSSIER Les entreprises de travaux publics françaises réalisent 37 % de leur chiffre d’affaires à l’étranger (23 Mds € en 2010). Parmi les grands ouvrages réalisés ces dernières années dans le monde par ces groupes, on peut citer : le métro du Caire, la Mosquée Hassan II à Casablanca, l’enceinte de confinement de Tchernobyl (en cours) ou encore le pont haubané de Rion-Antirion en Grèce. Une exportation des savoir-faire qui prend aussi la forme de partage de connaissances comme c’est le cas avec le transfert de la technologie EPR en Chine et en Finlande. « Si le savoir-faire français s’exporte, c’est également dû à l’excellente réputation de nos formations en Génie civil et Bâtiment. En France, les ingénieurs reçoivent une formation plus généraliste et plus longue qu’ailleurs. Il faut en effet avoir Bac+5 minimum pour avoir le titre d’ingénieur, souvent complété par une formation spécialisée et éventuellement un doctorat », analyse Jean-François Coste. “ Tout projet de construction implique une gestion des transports, de l’énergie, des pollutions sonores, visuelles et du traitement de l’eau Le pont de Russky Island à Vladivostok, plus grand pont haubané du monde inauguré fin juin 2012 dû intégrer. Tout projet de construction implique désormais une gestion des transports, de l’énergie, des pollutions sonores et visuelles ou encore du traitement de l’eau. La réglementation s’est également durcie en faveur de meilleures conditions de travail et d’une sécurisation accrue des chantiers. « La sécurité et la santé des personnels sont une des préoccupations majeures des entreprises de BTP. Pour cela, un coordonnateur extérieur indépendant veille à l'application du plan de prévention et de sécurité établi par l'entreprise », souligne Jean-François Coste. Pour minimiser au maximum l’impact à la fois environnemental et financier des travaux de construction et de démantèlement, on prolonge la durée de vie des bâtiments et des infrastructures. « Le viaduc de Millau et le tunnel sous la Manche, notamment, ont été construits pour une exploitation de plus de 120 ans. Cela si- 20 JUIN 2012 gnifie qu’avec une maintenance suffisante, ils pourront fonctionner en mode d'exploitation totale pendant plus d’un siècle », précise JeanFrançois Coste. C’est également le cas des centrales nucléaires. Autrefois, on les concevait pour 30 ans, aujourd’hui l’EPR de Flamanville est prévu pour fonctionner au moins 60 ans. Mais la longévité d’un ouvrage ou d’une infrastructure ne dépend pas seulement de la solidité et de la qualité de sa construction. L’usage que l’on en fait est primordial. Toute la difficulté aujourd’hui est d’en anticiper l’évolution. « Si le Forum des Halles à Paris a dû être démoli, c’est parce que ses structures n’étaient plus adaptées aux nouveaux modes de vie », souligne Bernard Raspaud. Les problématiques de construction ont changé. « Nous sommes dans une approche globale et durable associant mixité des usages, territorialité et interconnexion des réseaux », affirme Pascal Lemoine. DOSSIER L’innovation à dimension durable Dans le BTP, les réglementations successives en matière de développement durable (plan Bâtiment Grenelle, norme HQE, RTE 2012, plan de prévention et de gestion des déchets…) ont favorisé l’innovation à tous les niveaux, à commencer par l’amélioration des performances des matériaux. « Dans le béton, on a vu l’apparition du béton "vert", consommant moins d’énergie lors de sa fabrication, mais également du béton autoplaçant, se mettant en place sans vibration (minimisation du bruit) et dont l’hyperfluidité permet d’avoir des constructions plus complexes », développe Bernard Raspaud. Du côté des aciers, la sidérurgie a fait d’énormes progrès, produisant des matériaux de plus en plus performants : aciers plus résistants, capables pour les ponts de couvrir des portées plus grandes ou de supporter des charges plus importantes. « On a adapté le matériau à sa mise en œuvre et à son usage », souligne JeanFrançois Coste. L’un des meilleurs exemples est l’acier HLE (Haute Limite Elastique), aux nombreux atouts (résistance, déformabilité et soudabilité), qui a permis d’ouvrir le champ des applications, notamment dans les secteurs du transport et du levage. On fait également de plus en plus de matériaux composites - bois et acier, béton et acier, géotextiles - alliant des performances parfois contradictoires comme la résistance et l’élasticité, utilisés pour les ouvrages neufs mais également pour renforcer et maintenir en exploitation les ouvrages anciens. « Les matériaux de revêtements routiers ont également connu leur révolution verte avec l’apparition de chaussées urbaines drainantes, des enrobés tièdes ou phoniques », Le risque zéro, rêve inaccessible ? L'ingénieur de génie civil doit construire des ouvrages qui répondent aux besoins de qualité de service et de sécurité, de façon durable. Les structures qu'il conçoit en s'appuyant sur les retours d'expérience et les normes telles que les Eurocodes, doivent être adaptées au contexte local, pour assurer avec les coefficients de sécurité requis, le fonctionnement de l'ouvrage dans les cas les plus défavorables. Pour dimensionner les ouvrages, il tient compte de la variabilité des caractéristiques des matériaux utilisés et des combinaisons des différentes sollicitations, y compris celles dues aux aléas tels que : séismes, vent, incendie ou encore choc de bateaux (pour les ponts). Il s'attache à minimiser les risques résultant des incertitudes et aléas à des niveaux de probabilité très faibles, de l'ordre de 1.10-5, sans pour autant pouvoir prétendre au risque zéro, inaccessible comme pour toute réalisation humaine. Jean-François Coste Vues du projet final et des maquettes numériques du Sports hub de Singapour, chantier de Bouygues Contruction dont l'achèvement est prévu pour avril 2014. Ce complexe sportif comprend notamment un stade de 55 000 places. 21 JUIN 2012 DOSSIER “ L’un des gros enjeux des ingénieurs est d’accompagner sur le terrain la mise en œuvre des évolutions technologiques précise par ailleurs Jean Berthier. L’innovation s’est également faite sur le terrain des procédés et des méthodes de construction. « Aujourd’hui, on raisonne davantage en termes de cycle de vie des infrastructures et de leurs constituants. On met en place des méthodes plus globales intégrant les dimensions de rénovation et de recyclage », souligne Jean-François Coste. « C’est le cas des matériaux bitumineux, confirme Jean Berthier. Au lieu d’enlever le matériau sur les chaussées noires, on broie puis mélange la couche d’enrobés avec du bitume pour en faire une chaussée neuve ». La terre-armée utilisée pour les murs de soutènement et les culées de pont repose également sur cette technique de réutilisation des matériaux en place. La branche équipement a également connu des innovations spectaculaires. On construit des tunneliers de plus en plus performants, dont la puissance (jusqu’à 10 mégawatts) équivaut à celle des premières centrales nucléaires. Pour Pascal Lemoine, la plus grande avancée s’est faite au niveau des NTIC (laser, GPS, translateur, capteur, maquette nu- 22 JUIN 2012 mérique, comptage intelligent). « Grâce à la modélisation numérique, on peut suivre l’ensemble du processus de construction, ausculter et surveiller l’évolution des ouvrages. Une meilleure connaissance du comportement des structures, là est l’avenir du génie civil ». Mais toutes ces innovations ne valent rien si elles ne sont pas assimilées. L’un des gros enjeux des ingénieurs est d’accompagner sur le terrain la mise en œuvre de ces évolutions technologiques. La dimension sociétale d’un chantier et son organisation sont primordiales. « La construction d’un ouvrage est d’abord une aventure humaine. Cela ne se fait pas sans la création d’une équipe, la volonté commune d’aboutir et l’acceptation d’une certaine forme de risque», conclut Bernard Raspaud. Céline Jacquot, rédactrice en chef déléguée Jean Berthier, Jean-François Coste, Pascal Lemoine et Bernard Raspaud, les intervenants de ce dossier, sont tous membres du comité Génie civil et Bâtiment d’IESF. LA REGIE CONFIANCE « Plus de 30 ans d’expérience en partenariat avec l’industrie et les Associations d’Ingénieurs » Comme eux, faites-nous confiance ! Pour tout renseignement : Isabelle de la Redonda - Tél. : 01 53 36 20 42 Fax : 01 57 67 50 47 - Email : [email protected] TRAJECTOIRE Bâtir, un acte concret et stimulant D D irecteur cteur tec technique du projet EPR à Flamanville pour te groupement le groupem upem Bouygues, Dominique Regallet a travaillé pendant 20 ans dans l’ingénierie d’abordd tra de conception avant avan de s’intéresser à la coordination technique q de ggrands chantiers. Retour sur le parcours d’un homme fier de particip pparticiper, par p avec ses équipes, au mieux vivre de ses contemporains. Dominique Regallet Directeur technique du projet EPR à Flamanville pour le groupement Bouygues Bio Express 1982 : Diplômé ENSAIS (INSA Strasbourg) 1986 : Ingénieur principal Bouygues TP (pont de l’Ile de Ré, tunnel de la Galaure, A 14…) 1992 : Ingénieur études Razel Technique & Méthodes (pont de l’Iroise…) 2001 : Chef de service études Bouygues TP sur le projet Dublin Port Tunnel 2003 : Responsable études des ouvrages d’art du projet d’autoroute A28 (Rouen-Alençon) 2004 : Directeur technique du projet Laser Mégajoule à Bordeaux Depuis 2007 : Directeur technique du projet EPR de Flamanville Quels sont les projets qui vous ont le plus marqué pendant vos 20 années en ingénierie d’études ? Le pont de l’Ile de Ré fut mon premier grand projet au sein du bureau d’études de Bouygues Travaux Publics, alors que je n’avais que trois ans d’ancienneté. J’étais chargé des études du tablier, au sein d’une équipe études constituée d’une vingtaine de personnes. Le pont de l’Ile de Ré est un ouvrage remarquable à plus d’un titre. Déjà, c’est un pont en mer, ce qui implique des enjeux techniques importants comme les fondations sous-marines. C’est également avec ses 3 kilomètres, le deuxième ouvrage le plus long réalisé en France après le pont de Saint Nazaire. L’autre projet marquant est le pont de l’Iroise à Brest : premier ouvrage d’envergure décroché par Razel en 1991. Outre un défi de diversification pour Razel qui était une entreprise de terrassement, le pont sur l’Iroise représentait également un défi technique avec ses 800 mètres de 24 JUIN 2012 long et sa travée centrale de 400 mètres haubanée : record français pour un tablier béton (le pont de Normandie et le viaduc de Millau ayant des tabliers métalliques). En 2001, vous retournez chez Bouygues TP mais à la direction technique de chantier. Qu’est-ce qui a motivé ce changement dans votre carrière ? Cela faisait vingt ans que je me passionnais pour les calculs de structures. J’ai collaboré à des projets divers : ponts, tunnels, projets linéaires d’autoroutes. Je souhaitais découvrir une autre facette du métier d’ingénieur de génie civil, en travaillant à la direction technique d’un chantier. Mon premier projet fut irlandais avec le Dublin Port Tunnel. Je suivais une équipe design écossaise en charge des études de la partie tranchée couverte de ce projet de section d’autoroute. Au-delà des aspects techniques, je devais gérer les problématiques culturelles entre des in- TRAJECTOIRE tervenants irlandais, anglais, écossais et français. En effet, les anglo-saxons ont une approche beaucoup plus contractuelle et sectorisée de l’ingénierie, alors qu’en France, nous avons une vision plus globale des projets. En 2003, on vous nomme chef de services études sur le projet de l’autoroute A 28. Quelle était votre mission ? C’était le plus gros projet linéaire de concession décroché par Bouygues, avec 125 kilomètres d’autoroute entre Rouen et Alençon. J’avais en charge toute la partie ouvrages d’art, soit deux grands viaducs mixtes (dont l’un de 1km) et une centaine d’ouvrages d’art courants. Outre la mise au point de leur conception, une des principales difficultés était de coordonner les six bureaux d’études en charge des études d’exécution, avec un planning très serré et une pression constante des équipes travaux. Vous êtes actuellement directeur technique sur le projet de la centrale nucléaire EPR de Flamanville. Quelles sont les contraintes auxquelles vous devez faire face ? Avant de démarrer ce projet début 2007, j’avais en charge la direction technique du projet Laser Mégajoule, un centre de simulation d’essai nucléaire du CEA près de Bordeaux. A ce titre, une de mes principales missions était d’assurer la production des notes de calcul, des plans de coffrage et de ferraillage en temps et en heure pour le chantier. C’était également un nouveau type de projet avec une structure relevant autant du bâtiment que des travaux publics, et qui a servi de tremplin pour l’EPR de Flamanville. Bien que le nucléaire militaire soit déjà très règlementé, nous avons franchi un autre palier Dominique Regallet et son équipe devant le chantier de l’EPR de Flamanville avec le monde du nucléaire civil, en termes d’exigences, de spécifications et de traçabilité. Les taux de ferraillage sont extrêmement élevés avec en moyenne 300 kg/m3 d’acier dans le béton, et des zones dépassant 400 kg/m3, soit 2 à 3 fois les ratios des réacteurs de la génération précédente. L’expertise technique du chantier n’est pas le seul aspect de ma fonction. Un directeur technique doit également posséder des qualités d’organisation et de coordination entre les équipes : études, méthodes, travaux et ferraillage, ainsi qu’avec le client EDF. Je manageais en direct une équipe d’une quinzaine de personnes : 8 ingénieurs, chacun responsable d’une zone spécifique, 2 projeteurs et 4 documentalistes et, de manière indirecte, 200 personnes du GIE Flamanville Etudes localisées dans 5 différents pays, en charge des 7 500 plans de ferraillage. Depuis le démarrage du chantier de l’EPR, nous avons saisi plus de 100 000 documents. Enfin j’ai également un important rôle de formateur, notamment vis-à-vis de mon équipe qui est plutôt jeune. Quels conseils donneriez-vous à un jeune désirant devenir ingénieur en génie civil ? Tout d’abord, il faut aimer travailler 25 JUIN 2012 en équipe avec la notion de projet à accomplir. Ensuite, il faut être capable de s’adapter, car un chantier est un projet qui évolue en permanence avec des nombreux aléas. Il est conseillé de démarrer en bureau d’études afin d’acquérir un bagage technique avant d’aller sur le terrain. Les métiers du génie civil demandent une grande disponibilité, mais en contrepartie ils offrent la satisfaction de construire quelque chose de concret, et de participer au mieux vivre de vos contemporains. Propos recueillis par Mathilde Loiseau Etre ingénieur en génie civil, c'est aimer travailler en équipe avec la notion de projet à accomplir TRAJECTOIRE Anne Duthilleul Ingénieur du Corps des Mines Copyright : CRE « J’ai toujours eu la passion de l’intérêt général » I l y a 40 ans, Polytechnique ouvrait son concours d’entrée aux femmes. Anne Chopinet, ingénieur du Corps des Mines, fut une des premières jeunes filles à y Ch être admise. Major de promotion, elle a porté le drapeau lors du défilé du 14 juillet êt 197 1973. Aujourd'hui A chargée de mission interministérielle sur les grands projets miniers d'O d'Outre d'Outre-Mer, elle revient sur son parcours. Bio Express 1972 : École Polytechnique 1975 : Ingénieur au corps des mines 1978 : Conseiller technique au ministère de l’Industrie, puis au ministère du Budget en 1982 1988 : Secrétaire général du CNES 1992 : Chargée du plan stratégique chez Alstom 1995 : Conseiller technique à la présidence de la République 2000 : Présidente de l’ERAP, administrateur d’AREVA NC et membre du CES de 2004 à 2010 2010 : Commissaire à la CRE Depuis 2003 : Chargée de mission interministérielle sur les grands projets miniers d'OutreMer (Nouvelle-Calédonie et Guyane) Quel était votre état d’esprit lors du défilé du 14 juillet 1973 au moment de porter l’étendard de l’École Polytechnique ? J’avais 19 ans et je portais les couleurs de l’école et sa devise : Pour la Patrie, les Sciences et la Gloire. C’était un immense honneur, mais aussi un défi. Aucune femme avant moi n’avait porté ce drapeau. J’ai dû prouver que j’en étais capable. C’est grâce à Michel Debré, alors ministre de la Défense nationale, que les jeunes filles ont pu accéder à l'École Polytechnique. Il était très attaché à la promotion des femmes. Il a dû batailler ferme. Ce n’était pas acquis d’avance. On était à une période de transition avec d’un côté le modèle familial du baby-boom et de l’autre le désir grandissant des femmes pour plus d’autonomie professionnelle. Qu’est-ce qui a guidé vos choix de carrière ? J’avais un attachement particulier pour la filière industrielle, dû notamment à mon père, lui-même ingénieur. J’avais 26 JUIN 2012 aussi le souci de l’intérêt général. C’est pourquoi en sortant de l’X, je me suis orientée vers le Corps des Mines, car je voulais me rapprocher du secteur de la production tout en travaillant au service de la collectivité. Vous avez été conseiller technique au sein de plusieurs ministères. Quelles ont été vos missions ? En 1978, j’ai été nommée chef du bureau mines-uranium au service des matières premières et du sous-sol du ministère de l'Industrie. Un premier poste qui associait l’intérêt collectif et les compétences techniques. Ensuite, je fus chef de bureau Recherche, Commerce extérieur, Aéronautique civile à la direction du Budget. C’était très formateur car il fallait avoir une connaissance approfondie des secteurs pour être en mesure d’affecter les ressources de l’Etat aux domaines les plus prometteurs. En 1986, j’ai rejoint le cabinet du Budget, en tant que conseiller technique chargée de l’agriculture, de l’industrie et de l’artisanat. Mon rôle était d’orienter l’affectation des ressources budgétaires TRAJECTOIRE En quoi votre formation d’ingénieur vous a-t-elle été utile ? Ces missions nécessitaient d’avoir une vision claire de l’ensemble des politiques économiques pour établir des passerelles entre les secteurs concernés. Cela suppose d’avoir une compréhension technique des sujets, une rigueur de raisonnement et de la méthode, qualités propres aux ingénieurs. C’est d’ailleurs toute la force de nos écoles : permettre aux futurs ingénieurs de répondre de façon inventive aux problèmes rencontrés, quelle que soit leur nature. Au début des années 90, vous rejoignez le groupe Alstom. Quelles étaient alors vos ambitions ? Auparavant, j’ai été pendant trois ans secrétaire général du Centre National d’Etudes Spatiales couvrant les services financiers, juridiques et de ressources humaines. J’ai choisi d’aller chez Alstom pour être au cœur de l’activité industrielle. J’étais chargée du plan stratégique à la division Transports. Et je reste convaincue que, même dans le privé, on peut être au service de la collectivité. Avant d’être une source de profits, une entreprise industrielle est d’abord une Copyright : CRE selon une approche à la fois politique et sectorielle. Cela impliquait la mise en place d’actions cohérentes tenant compte des spécificités de chacun des secteurs. Enfin, entre 1995 et 2000, j’ai travaillé comme conseiller technique chargée des affaires économiques sectorielles auprès du président Chirac. Une fois de plus, j’avais en portefeuille des secteurs productifs variés - Industrie, Agriculture, Equipement-Transports, Environnement, PME-Commerce-Artisanat - que j’ai pu aborder avec une vision transversale. micro-société. J’ai toujours en tête cette phrase d’un industriel jurassien qui disait : « J’ai 800 personnes dans mon entreprise. Si je veux réduire les coûts sans sacrifier l’emploi, je n’ai qu’une solution : prendre des contrats et produire plus ». Durant ma formation, on parlait déjà beaucoup de l’humanisation de l’appareil productif et j’avais visité la société Leroy-Sommer. Elle était alors dirigée par Georges Chavannes, ardent défenseur avec son concept des « usines à la campagne » de l’entreprise à taille humaine, seule à pouvoir concilier travail, rentabilité, respect de l’individu. Je partage cette idée. Il faut impliquer les personnes, rendre les salariés acteurs du succès de l’entreprise. Chez Alstom, on avait d’ailleurs créé avec d’autres femmes formant un réseau à l’international un groupe de réflexion sur la qualité du travail, la vie en entreprise. En 1985, vous avez pris part à la création des bourses de la vocation scientifique et technique des femmes. Quel en était l’objectif ? Ces bourses à vocation sociale avaient été créées sous François Mitterrand par Yvette Roudy, alors ministre 27 JUIN 2012 des Droits de la femme. L’idée était de favoriser l’accès des jeunes filles d’origines modestes aux études scientifiques. Une centaine de bourses était délivrée chaque année sur tout le territoire. Si ces bourses avaient pour objectif d’ouvrir les femmes aux carrières scientifiques, elles permettaient également d’aller chercher les compétences au niveau national. Quel est votre point de vue sur l’évolution de la place des femmes dans les entreprises ? Tout est question d’équilibre et de complémentarité entre hommes et femmes, comme dans la vie. Les différences sont enrichissantes. Sur l’évolution économique des femmes néanmoins, il y a un constat que j’ai pu faire : dans l’administration, être une femme ne m’a jamais posé de problème. L’égalité est de mise. Dans le privé et en particulier l’industrie, c’est différent. Le nombre de femmes n’a pas encore atteint la masse critique. Le jour où il y aura autant de femmes que d’hommes à des postesclés, on ne se posera plus la question. Propos recueillis par Mathilde Loiseau ZOOM ASSOCIATION TECHNIQUE Jean-Marc Tanis Président L’AFGC : L L Notre mission, promouvoir le génie civil ’Associat Française de Génie Civil a pour objectif de promouvoir les ’Association structures et les matériaux pour la conception et la réalisation d’ouvrages de structure génie civ civil en France et à l’étranger. Focus. L’AFGC en bref… Président : Jean-Marc Tanis Secrétaire Générale : Jocelyne Jacob Président du comité des Affaires Générales : Bruno Godart Président du comité Scientifique et Technique : Thierry Kretz Date de fondation : 1998 Nombre de membres : 1200 + 100 entreprises et bureaux d’études Domaine d’application : le génie civil Site web : www.afgc.asso.fr Contact : [email protected] Tél.: 01 44 58 24 70 Issue en 1998 de la fusion entre l’Association Française pour la Construction (AFPC) créée en 1934 et de l’Association Française de Recherches et d’Essais sur les Matériaux et les Constructions (AFREM) fondée en 1948, l’AFGC compte aujourd’hui 1200 membres et une centaine d’entreprises et de bureaux d’études. Elle organise chaque année une trentaine de manifestations techniques et scientifiques et touche ainsi entre 3 000 et 5 000 personnes œuvrant dans le domaine du génie civil. Un lieu d'échanges pour les acteurs du génie civil L'AFGC est un lieu privilégié de rencontres et d’échanges entre tous les acteurs du génie civil (ingénieurs ou techniciens, architectes, enseignants ou étudiants), qu'ils soient donneurs d'ordre, concepteurs, réalisateurs ou chercheurs. Elle a pour objectif de rapprocher le monde des matériaux de celui des structures et le monde de l’enseignement et de la recherche de celui de la conception et de la réalisation. Sa voca- 28 JUIN 2012 tion est également de valoriser l’image du génie civil auprès des jeunes et de leur faciliter l’intégration dans le monde du travail. Ses actions s’exercent essentiellement par l’organisation de débats, colloques, séminaires, conférences, congrès ou expositions, par la participation à des manifestations de même nature organisées par d’autres groupements scientifiques ou techniques et par la diffusion de publications écrites, audiovisuelles ou sur réseau. L’AFGC anime également des groupes de travail et organise des visites de chantiers tout au long de l’année. Sont ainsi prévues à l’automne la visite en septembre du stade Jean Bouin à Paris et celle, en octobre, du plus grand pont levant d’Europe à Bordeaux. « L’AFGC a une structure décentralisée qui lui permet de rester proche de ses adhérents, qu’ils soient de Marseille, Lille ou même d’outre-mer », souligne Jean-Marc Tanis, le président. Ainsi, sept délégations régionales sont en charge de l’organisation des manifestations en région : Rhône-Alpes, Sud-Ouest, Méditerranée, Grand Ouest, Grand Est, Nord Picardie et Océan Indien. ZOOM ASSOCIATION TECHNIQUE « L’AFGC se veut également le relais en France des grandes associations internationales de génie civil », poursuit JeanMarc Tanis. L’association est ainsi en contact permanent avec l’IABSE (International Association for Bridge and Structural Engineering), la RILEM (Réunion Internationale des Laboratoires et Experts des Matériaux, systèmes de construction et ouvrages), la FIB (Fédération Internationale du Béton) ou encore l’ACI (American Concrete Institute). A ce titre, l'AFGC constitue un lien entre le génie civil français et la communauté scientifique internationale. Elle permet aussi aux ingénieurs et chercheurs français travaillant à l’étranger de conserver le contact avec les techniques françaises et elle a pour ambition de promouvoir l’ingénierie française à l’international. Un organe de réflexion scientifique et technique tourné vers l’avenir L’association s’est également fixée pour objectif d’organiser la réflexion et de faire émerger les idées et les solutions innovantes de demain. Grâce à son comité Scientifique et Technique divisé en 4 collèges (Enseignement & Recherche – Industrie des matériaux – Entreprises & Bureaux d’études – Maîtrise d’œuvre & Maîtrise d’ouvrage), l’AFGC apporte aussi son concours à l’orientation de la recherche et à l’élaboration de programmes d’enseignement et de formation. Elle travaille ainsi en lien étroit avec l’Association Universitaire de Génie Civil. Les membres du comité Scientifique et Technique planchent sur des sujets aussi variés que : les aciers HLE (Haute Limite Elastique), la durabilité des ouvrages en béton précontraint, Lors d’une conférence de l’AFGC à l’Agence de l’Aménagement de la Vallée du Bouregreg au Maroc - Copyright M.Duviard - Egis la protection des ouvrages contre les chutes de rochers, les structures en bois, le renforcement et confinement des poteaux au moyen de matériaux composites ou encore les risques en génie civil. Ces réflexions donnent lieu à de nombreuses publications. Parmi les productions en cours de finalisation, on peut citer trois guides : un guide sur les aciers HLE, un guide consacré à la conception et à la réalisation d’ouvrages en bois et enfin un guide de recommandations pour les Bétons Fibrés Ultra-performants (BFUP), document de référence au niveau mondial. « A une époque où tout s'apprécie en termes de rentabilité et d'économie, il est devenu primordial de s'accorder du temps pour réfléchir à l’évolution des sciences et des techniques, afin de faire germer les innovations et les solutions de demain. C’est tout l’objet de nos travaux », insiste Jean-Marc Tanis. 29 JUIN 2012 Prix AFGC : le génie civil à l’honneur Chaque année, l’AFGC remet deux prix : › Le prix Albert Caquot qui récompense un ingénieur français ou étranger pour l’ensemble de sa carrière, ses travaux scientifiques et techniques, projets et réalisation mais aussi pour ses qualités et son rayonnement dans le monde de la Construction. C’est le professeur suisse Manfred Hirt qui a reçu le prix en 2012. Spécialiste de la construction métallique et plus spécifiquement des problèmes de fatigue, il avait assumé la présidence de l’AIPC/IABSE de 2004 à 2007. › Le prix AFGC récompense quant à lui des ingénieurs, chercheurs, universitaires ou personnalités compétentes qui se sont distingués par la réalisation d’un travail remarquable dans le domaine scientifique, technique ou opérationnel. Trois lauréats ont été récompensés en 2012 : M. Duviard (Egis JMI), M. Hajar (EIFFAGE) et M. Roussel (IFSTTAR). ASSOCIATION DE DIPLÔMÉS L’Association des ITPE F F ondée en 1963, l'Association des Ingénieurs des Travaux Publics de l'Etat est aujourd’hui le cœur d’un réseau constitué de 600 étudiants et de 8 670 ingénieurs civils ou fonctionnaires dont 6 400 sont en activité. Patrice Coindet Président L’AITPE en bref Président : Patrice Coindet (promotion 1983), directeur de l'Environnement à la Ville de Grenoble Date de fondation : 1963 Nombre de diplômés : 8 668 Site web : www.aitpe.fr Contact : Gilbert Nicolle, directeur, aitpe@ entpe.fr “ L'AITPE, c'est 8 670 ingénieurs civils ou fonctionnaires L’AITPE fédère les anciens élèves de l’Ecole Nationale des Travaux Publics de l’Etat (ENTPE). Ils interviennent dans tous les domaines de l’aménagement durable du territoire (infrastructures, génie-civil, transports, environnement…), dans les services du ministère du développement durable mais également dans les collectivités territoriales, les établissements publics, et le secteur privé. Pour valoriser l’ENTPE et son diplôme, l’AITPE a développé différents produits et services, parmi lesquels des publications (annuaire papier et en ligne des ITPE, lettre électronique mensuelle, revue « TPéchanges ») et un service emploi comprenant notamment une aide personnalisée en développement et suivi de carrière, la publication d’un guide de l’emploi et la mise en ligne d’offres d’emploi. L’AITPE organise par ailleurs de nombreuses manifestations : débats, colloques, tables rondes, à Paris et dans les clubs régionaux. Visite de chantiers par les clubs régionaux Les clubs régionaux réunissent une à deux fois par an les ingénieurs TPE à l'occasion de visites de chantiers. En juin 2011, les membres du club PACA ont ainsi pu découvrir les aménagements du projet Euroméditerranée à Marseille. Ils ont recueilli des informations sur les choix d’aménagement de la maîtrise d’ouvrage (Etablissement public d'aménagement Euroméditerranée) et la méthode de creusement des darses ainsi que sur les contraintes et techniques de chacun des projets, à savoir, le Musée des Civilisations de l’Europe et de la Méditerranée sous maîtrise d’ouvrage du ministère de la Culture ; le Centre régional de la Méditerranée, pôle de multi-activités sous maîtrise d’ouvrage de la région PACA, et un parking privé de 700 places. Cha- 30 JUIN 2012 Les ITPE devant l'un des chantiers d'Euroméditerranée cun des sujets a été présenté par un ITPE directeur de service ou de projet. Favoriser les échanges en faveur de l’emploi Afin d’élargir et renforcer l’ancrage de l’école dans les milieux professionnels, l’ENTPE et l’AITPE ont entrepris une démarche de rencontre d'alumni managers. La dernière journée d’échanges a été organisée le 8 février 2012 au Palais du Luxembourg, sous la présidence d’Alain Anziani, sénateur de la Gironde, et en présence de Christian Leyrit, vice-président du Conseil général de l’écologie et du développement durable. Une trentaine d’ITPE occupant des postes à responsabilités dans le secteur privé, les collectivités et les services de l’Etat, ont participé aux échanges sur les évolutions et les objectifs de développement de l’école en lien avec les besoins des employeurs. à Marseille ASSOCIATION DE DIPLÔMÉS ns Visite du chantier du centre hospitalier d’Amie L L’Association SID-ETP Comme toutes les associations du même type, la SID-ETP a pour but l’entraide et la solidarité entre les membres, la vie du réseau professionnel, ainsi que la promotion, en France et à l’étranger, du diplôme et de l’école qui le délivre. L’évolution des mentalités, le manque d’intérêt des plus jeunes pour la vie associative et une baisse du nombre des cotisants l’ont conduit à se rénover. a créé une nouvelle dynamique. Par exemple, grâce aux relations suivies depuis mi-2009 entre la SID-ETP et le Bureau en France de la RICS (Royal Institution of Chartered Surveyors), les cours dispensés à l’ESTP ont été accrédités par cette organisation mondiale en mars 2012, et les ingénieurs ETP sont les seuls en France à bénéficier de cette mesure. Impliquer les plus jeunes Encourager les échanges professionnels La première action fut d’associer les élèves-ingénieurs à la vie de l’association. Des soirées d’intégration sont organisées pour permettre aux jeunes de rencontrer des anciens et d’être informés sur les évènements organisés par SID-ETP : visites, conférences, sorties culturelles. Ces élèves-ingénieurs ont leur bureau, le BLOC, et leur président siège au Conseil d’administration de l’association. Bien entendu, la SID-ETP continue à soutenir financièrement les associations sportives ou culturelles des élèves, donne des bourses à ceux qui en ont besoin, et participe pour moitié aux frais de la cérémonie de remise des diplômes, créée à sa demande il y a une douzaine d’années. Enfin, des rencontres régionales sont organisées par certains groupements, pour mettre les nouveaux élèves en relation avec les anciens de leur province d’origine. Ce souffle de renouveau En second lieu, la SID-ETP a augmenté le nombre de ses activités (visites de chantiers, conférences, rencontres culturelles), avec un objectif : favoriser les échanges professionnels. Des speed-meetings ont vu le jour : ces rencontres entre de jeunes ingénieurs sortis de l’école depuis deux ou trois ans et les élèves de l’ESTP permettent à ces derniers de faire leur choix de première orientation professionnelle. Des groupements nouveaux ont également été créés, comme ETP au féminin, ou le groupement Management et relations sociales. D’autres ont évolué, comme celui traitant du développement durable. L’action particulièrement dynamique du président Jean de Rodellec du Porzic a permis de relancer le Club des dirigeants qui désormais réunit une centaine de membres occupant des postes à hautes responsabilités dans diverses entreprises. 31 JUIN 2012 Jean de Rodellec du Porzic Président L a Société des Ingénieurs Diplômés de l’École spéciale des Travaux Publics, du bâtiment et de l’industrie (SID-ETP) s’est engagée depuis quatre ans dans une vaste politique de modernisation pour offrir des services plus adaptés aux besoins actuels et valoriser la nouvelle Maison des Ingénieurs ETP. Le SID ETP en bref Président : Jean de Rodellec du Porzic Date de fondation : 1923 (reconnue d’utilité publique le 16 novembre 1950) Nombre de diplômés : environ 29 000, dont 20 000 en activité Principaux partenariats : G16+ (Club carrières Grandes Écoles) Site web : www.sidetp.org/ Contact : Jean Rouffignac, Délégué général, 01 43 54 97 57 PAROLE D'EXPERT Par Philippe Bisch (ENPC 71), président de l'Association Française du Génie Parasismique (AFPS) L'ingénieur et la prévention des risques sismiques Les missions de l’AFPS L'Association Française du Génie Parasismique (AFPS) a été créée il y a bientôt trente ans à l’instigation de l’Académie des Sciences pour favoriser les échanges d’information et de recherches théoriques ou expérimentales intéressant les disciplines du Génie Parasismique. Elle rassemble des ingénieurs, des sismologues, des scientifiques, des architectes et des sociologues qui, à travers leurs spécialités très diverses, constituent le socle de connaissances pluridisciplinaire du génie parasismique. Entre autres actions d’intérêt général soutenues par l’Etat, l’association établit un retour d’expérience à travers des missions postsismiques et édite des guides à usage des professionnels. Pour plus d’informations : www.afps-seisme.org Haïti (janvier 2010, magnitude 7,0), Tōhoku (Japon, mars 2011, magnitude 9,0), deux séismes qui ont marqué nos esprits et ébranlé le monde médiatique, après celui de Banda Ache (2004) dont l’histoire se souviendra par l’étendue des dévastations dues au séisme et au tsunami qu’il a engendré. Et pourtant, il n’y a rien de semblable entre ces événements sismiques, ni dans leurs conséquences. Il faut ajouter le séisme du Maule (Chili, février 2010, magnitude 8,8), qui n’a pas défrayé la chronique, malgré sa ressemblance avec celui du Japon. En effet, il s’agit de deux événements de forte magnitude, dont le foyer est dans une zone de subduction en mer ; dans les deux cas, c’est le tsunami consécutif au séisme qui a provoqué le plus grand nombre de morts, mais pas les effets directs du séisme. Au contraire, le séisme d’Haïti, qui a libéré considérablement moins d’énergie 32 JUIN 2012 que celui du Chili, a été beaucoup plus destructeur. Il faut se rendre à l’évidence : ce n’est pas le séisme qui tue, c’est la construction. Bonne conception et bonne réalisation sont les deux ingrédients de la construction parasismique. L’ingénieur concepteur de structure a donc un rôle essentiel dans la prévention des séismes. L’application des normes, un impératif Le génie parasismique est né il y a environ un siècle. Il a pris naissance après les séismes de San Francisco (1906) et de Messine (1908) et s’est développé avec une meilleure connaissance du mouvement sismique, notamment grâce à PAROLE D'EXPERT La France, également exposée Trois séismes proches de nous (Abruzzes 2009, Lorca 2011 et Émilie-Romagne 2012) ont récemment rappelé que notre pays n’est pas à l’abri des séismes. Proches géographiquement, mais aussi parce que des centres historiques ressemblant aux nôtres ont été partiellement détruits. D’ailleurs, périodiquement, un séisme vient frapper la métropole, comme à Lambesc en 1909 (magnitude 6,2), où il a fait 46 morts. Mais c’est aux Antilles que l’aléa est le plus fort, dans un contexte sismique ressemblant à celui d’Haïti : Pointe-à-Pitre a été quasiment détruite en 1843. Aussi notre pays s’est-il doté dès 1987 d’une législation rendant obligatoire la protection parasismique. Aujourd’hui, la réglementation impose un zonage sismique comprenant 5 zones (les Antilles constituent la zone 5) et l’Eurocode 8 comme norme de conception. Pour plus d’informations : www.planseisme.fr l’instrumentation. L’importance de la dissipation d’énergie et de la ductilité des matériaux dans le bon comportement des constructions est progressivement devenue une évidence. Ces deux notions sont à la base de l’analyse sismique pratiquée par les ingénieurs ; elle a pour base théorique la dynamique des structures. Les normes actuelles sont très performantes. Après le séisme de Kobé, il a été montré (par l'Architectural Institute of Japan ) que les constructions conformes aux normes japonaises les plus récentes n’avaient subi que des dommages mineurs. Aujourd’hui, c’est l’Eurocode 8, constitué en fait de six normes couvrant l’ensemble des types de constructions (bâtiments, ponts, tours, tuyauteries, géotechnique, etc.), qui constitue le référentiel normatif. Il s’intègre dans l’ensemble des Eurocodes et permet d’utiliser tous les matériaux normalisés. Il n’y a donc pas de fatalité : la bonne application des normes traduisant les connaissances acquises, associée à une bonne exécution, conduit à des structures aptes à résister au séisme, avec une fiabilité suffisante pour accepter des sollicitations sismiques supérieures à celles prévues au dimensionnement. C’est ce qu’ont montré les séismes du Chili et du Japon, où les normes sont appliquées depuis longtemps. Il n’en reste pas moins que le tsunami, effet indirect du séisme, a été dévastateur dans les deux cas et constitue donc un nouveau défi pour les ingénieurs. 33 JUIN 2012 Ce n’est pas le séisme qui tue, c’est la construction IESF EN RÉGION L’URIS Midi-Pyrénées fait rimer connaissance avec égalité des chances Les missions des URIS Les URIS (Unions Régionales des Ingénieurs et des Scientifiques) sont des entités juridiques indépendantes ayant signé une convention avec IESF. Leur vocation est de le représenter dans leur région. Promotion et défense des intérêts des ingénieurs et scientifiques, développement des formations, veille scientifique et technique, telles sont leurs missions principales. Les URIS sont composées de groupes régionaux d'associations d'anciens élèves d'écoles d'ingénieurs mais également de membres individuels (ingénieurs et scientifiques). C C onseil, promotion des métiers d’ingénieurs et de scientifiques, formation continue… l’Union Régionale des Ingénieurs et des Scientifiques de Midi-Pyrénées est sur tous les fronts. Focus sur une union qui a fait de la diversité sociale l’un de ses chevaux de bataille. L’Union Régionale des Ingénieurs et des Scientifiques de Midi-Pyrénées (URISMIP) fédère et représente auprès des pouvoirs publics et des organismes officiels l’ensemble de la communauté des ingénieurs et des scientifiques en Midi-Pyrénées. L’Union dispose notamment d’un siège au Conseil Économique, Social & Environnemental Régional (CESER). « Notre représentant, Pierre Molette, est le président de la commission recherche, innovation, transfert et énergie », précise Paul Leparoux, le président de l’URISMIP. L’Union est également représentée au sein du Conseil de Dé- 34 JUIN 2012 veloppement de l'Agglomération de Toulouse (CDAT) et de la Chambre Régionale de Commerce et d'Industrie (CRCI) de Midi-Pyrénées. « Nous sommes au cœur d’un territoire économique dynamique, qui se caractérise principalement par 3 pôles de compétitivité : « Aerospace Valley » (aéronautique, espace, systèmes embarqués), « Cancer-biosanté » et « AGRIMIP » (agriculture et agroalimentaire), souligne Paul Leparoux. Nous disposons également d’un formidable vivier de compétences. Pôle universitaire de renommée mondiale, Toulouse et sa région comptent des écoles d’ingénieurs et des universités couvrant l’ensemble des champs disciplinaires ». IESF EN REGION Valérie Ozier (Supélec 89), ingénieur bénévole au sein de l’URISMIP, lors d’une conférence sur le métier d’ingénieur pendant la dernière édition du salon de l’enseignement supérieur INFOSUP en novembre 2011 Véhiculer les savoirs « L’une de nos missions est de contribuer au rayonnement de la région Midi-Pyrénées grâce à l’apport de nos compétences scientifiques et techniques », poursuit le président. Pour cela, l’Union organise de nombreuses manifestations : colloques (actes consultables sur le site de l’URISMIP), séminaires, tables rondes et conférences. Parmi celles-ci, les Mardis d’Assézat, organisés en coopération avec l'Académie des Sciences Inscriptions et Belles Lettres de Toulouse, ont lieu un mardi par mois. Les thématiques développées lors de ces conférences touchent des domaines aussi variés que la médecine, 'la construction du vivant, le système vasculaire' (janvier 2012), les questions sociétales, 'mondialisation et responsabilité sociétale' (mars 2012) ou encore l’économie, 'l’aéroport Toulouse Blagnac, un développement au service du territoire'. « Nous sommes également présents sur le terrain de la formation continue, grâce au partenariat que nous avons mis en place avec l’Institut National Polytechnique de Toulouse (INPT) pour l’organisation de stages préparatoires à l’expertise judiciaire », souligne par ailleurs Paul Leparoux. Favoriser l’accès au métier d’ingénieur Organe de promotion de l’enseignement scientifique et technique, l’URISMIP participe régulièrement à des sessions de présentation et de promotion des métiers de l’ingénieur et du scientifique dans les collèges et lycées de l’Académie de Toulouse. Favorable à l’égalité des chances, l’union apporte également son soutien au projet VIASUP, labellisé « cordées de la réussite »*. « L’objectif de ce dispositif est d’accroître la diversité sociale dans les formations d’accès aux métiers d’in- génieur, notamment en facilitant cet accès aux bacheliers issus des filières technologiques, ou venant de milieux modestes », précise Paul Leparoux. Ce parcours de formation « flexi-sécurisé » se fait en trois ans. La 1e année, les bacheliers sélectionnés sont accueillis dans une CPES (Classe préparatoire à l’Enseignement Supérieur). Ils reçoivent un enseignement complémentaire en sciences de l’ingénieur (maths, physique, chimie...) et des cours de soutien en sciences humaines. Ils acquièrent également des méthodes de travail, d’organisation, ainsi qu’une ouverture à la vie professionnelle grâce au concours de tuteurs, membres de l’URISMIP (élèves ingénieurs bac+4 ou 5, cadres ingénieurs en activité). Ceux-ci les aident à construire un projet personnel et les préparent à intégrer les filières de préparation aux Grandes Ecoles. « Nous encourageons vivement nos membres à s’impliquer auprès des jeunes. Le partage des savoirs est essentiel dans notre métier », insiste Paul Leparoux, rappelant la devise de l’URISMIP : « Par la Technique et la Science pour ta profession dans l’honneur », parfaitement illustrée par les travaux de deux éminents scientifiques occitans, Pierre de Fermat et Pierre-Paul de Riquet. Fiche d’identité de l’URISMIP Créée en 1943, dénommée successivement Union des Ingénieurs de la Région Toulousaine, puis Union des Groupements d’Ingénieurs de la Région Midi-Pyrénées, l’union devient l’URISMIP en 1992. Président : Paul Leparoux Partenariats : avec le Rectorat et le Conseil régional pour la promotion des métiers et des formations d'ingénieur et de scientifique, le Pôle de Recherche et d’Enseignement Supérieur (PRES) pour le projet VIASUP, l’Institut National Polytechnique de Toulouse (INPT) pour la formation aux expertises judiciaires. Tél. : 05 61 62 46 28 Mail : [email protected] Site : www.urismip.com Céline Jacquot, rédactrice en chef déléguée * Partenariats mis en place entre un ou plusieurs établissements d’enseignement supérieur d’une part, et des lycées à classes préparatoires, des lycées et des collèges d’autre part, dont l’objectif est de promouvoir l’égalité des chances à l’entrée dans l’enseignement supérieur. 35 JUIN 2012 FORMATIONS POST-DIPLÔME Sylviane Fontana Directrice Formation continue Jacques Tournut Directeur des Mastères et MBA La double compétence « Ingénieur-manager», un must pour les recruteurs P P rofes rofessionnels ofes aguerris ou ague débutants, déb débu ils i sont près d’une centaine c d’ingénieurs d’in à suivre su chaque chaq année les formations en management dispensées par le Groupe ESC Toulouse. Avec un objectif : acquérir une double compétence, très prisée par les recruteurs. Le point avec Sylviane Fontana, directrice Formation continue et Jacques Tournut, directeur des Mastères et MBA. Quels sont, parmi les mastères dispensés par Toulouse Business School, ceux s’adressant plus particulièrement aux ingénieurs ? Jacques Tournut : Dans la liste des mastères spécialisés proposés par Toulouse Business School, 3 programmes attirent particulièrement les ingénieurs : le mastère Ingénierie et modèle de la finance, le mastère Marketing Management & Communication, s’adressant à de futurs chefs de produit ou chargés d’affaires, et le mastère Management créatif en innovation et entrepreneuriat. Ce dernier permet aux ingénieurs (85% des effectifs) d’acquérir une double compétence, de s’orienter vers des postes de chef de projet ou d’ingénieurs d’affaires, ou de créer leur entreprise. Quel est le profil des ingénieurs inscrits en MBA ? Sylviane Fontana : S’agissant des MBA, le Groupe ESC Toulouse propose trois cursus adaptés aux besoins des ingénieurs : une formation généraliste, l’Executive MBA, et deux formations sectorielles : le Management consulting 36 JUIN 2012 MBA et l’Aerospace MBA. La plupart des ingénieurs participant à ces cursus ont entre 35 et 45 ans et une quinzaine d’années d’expérience. Ce sont des professionnels aguerris désirant donner une nouvelle dynamique à leur parcours professionnel. L’Executive MBA (50% d’ingénieurs) leur permet d’acquérir des compétences managériales aussi bien dans la gestion d’équipe que dans l’organisation des différents services d’une entreprise (RH, finance, logistique…). Pour les ingénieurs souhaitant se convertir dans le consulting, le Management consulting MBA est un tremplin idéal. JT : Lancée en 1999 en partenariat avec le Gifas (1), l’Aerospace MBA est une formation plus ciblée, qui permet chaque année à une quarantaine de professionnels, dont 2/3 d’ingénieurs, d’acquérir une compétence managériale dans le secteur aéronautique et spatial. Vos programmes ont-ils évolué ces dernières années ? JT : Oui, et c’est une nécessité. Chaque formation de Toulouse Business School FORMATIONS POST-DIPLÔME a d’ailleurs un conseil d’orientation composé de professionnels et d’enseignants qui veillent à l’adéquation du programme avec les besoins du marché du travail. De nouvelles thématiques sont ainsi apparues ces dernières années. C’est le cas des TIC et du concept de développement durable, ou encore du management de la sécurité et de la sûreté, devenu une des composantes essentielles du programme de l’Aerospace MBA. La crise a également changé la donne. Aujourd’hui, les dirigeants ne peuvent plus faire de prévisions à 5 ou 10 ans, ils doivent s’adapter en permanence. Toulouse Business School a d’ailleurs choisi comme mission de former des pilotes du changement ayant une vision à 360° de l’entreprise, flexibles, réactifs, innovants. SF : C’est d’ailleurs tout le propos du Leadership de crise, nouveau module enseigné dans le cadre de nos MBA. Comment rester au top ? Quelle politique de ressources humaines adopter pour faire adhérer les équipes au changement ? Comment associer management et dimension humaine ? Autant de questions auxquelles nous répondons par l’acquisition de pratiques managériales innovantes, porteuses de solutions créatives. Quel type d’accompagnement professionnel proposez-vous ? SF : Les participants aux MBA sont tous en activité. C’est un pré-requis. Si ce n’est pas le cas, ils doivent trouver un stage afin de pouvoir mettre en pratique les enseignements du MBA. Nous assurons en permanence le lien entre l’entreprise et l’école. Le tuteur ou le hiérarchique est invité à la soutenance, soutenance dont le sujet est lié à une problématique de l’entreprise. JT : Le Groupe ESC Toulouse est également en contact permanent avec les acteurs économiques de la région Midi-Pyrénées et son réseau d’anciens. De nombreux professionnels interviennent dans nos formations (MBA, mastères), notamment à travers nos études de cas. Ces échanges peuvent également prendre la forme de partenariats. C’est le cas de ceux engagés avec Airbus et ATR (Air Transport Régional), partenaires de l’Aerospace MBA. En quoi vos formations sont-elles ouvertes à l’international ? SF : La dimension internationale fait partie intégrante de nos formations, que ce soit en termes de contenu ou d’origine de nos effectifs. Ainsi, 85% des participants de l’Aerospace MBA sont étrangers. Quel que soit le MBA, des sessions d’immersion à l’étranger sont organisées : les participants de l’Executive MBA partent 15 jours sur notre campus de Barcelone pour y suivre le cursus « International business ». Ceux du Management consulting MBA suivent 4 sessions à l’international afin de découvrir les métiers du conseil dans des pays particulièrement innovants sur ce secteur, Bangalore et Montréal, deux places reconnues pour leur expertise en matière de nouvelles technologies et de conseil. Ils vont aussi à Casablanca au Maroc pour découvrir ce marché à fort potentiel de développement, notamment en matière de conseil en management. Enfin, le « tour du monde » se termine à Bruxelles, où ils découvrent les institutions et les réglementations européennes. JT : L’Aerospace MBA ne déroge pas à la règle et propose également une session de trois semaines à Montréal, capitale mondiale de l’aviation. (1) Groupement de sociétés spécialisées dans le secteur de l’industrie aéronautique, spatiale et militaire 37 JUIN 2012 Pour en savoir plus : Sur les mastères spécialisés : www.esc-toulouse.fr/fr/formations/ masteres-specialises/accueil Sur les MBA : www.esc-toulouse.fr/fr/ formations/mba/accueil A noter : tous les MBA de l’ESC Toulouse sont accrédités AMBA. Contact : 05.61.29.46.30 Email : [email protected] L’occasion pour eux de comprendre les spécificités des modèles aéronautiques anglo-saxons et les approcher de manière concrète en visitant tous les « majors » présents sur la zone : Bombardier, Pratt-Whitney (fabricants de moteurs), CAE (simulateurs de vol) ou encore IATA. Propos recueillis par Céline Jacquot “ Le Groupe ESC Toulouse forme des pilotes du changement ayant une vision à 360 ° de l’entreprise, flexibles, réactifs, innovants PROMOTION DU MÉTIER P IESF, partenaire de la Semaine de l’Industrie P ourr sa première participation à la Semaine de l’Industrie en mars dernier, IESF SF a souhaité s’engager pleinement, comme partenaire, afin de valoriser les nombreux métiers scientifiques et techniques du secteur. Les interventions nombr nombre d’IESF d’IE ont toutes toute été labellisées par le ministère de l’Industrie. Lors de la signature de la convention entre l’URIS Picardie et le rectorat d’Amiens avec de g. à d. : Ludovic Legris (rectorat d’Amiens), Nadia Castain (préfecture de Picardie), Suzanne Mathieu (Femmes Ingénieurs), Jean-Philippe Cambressy (AJE Club Oise) et Michel Coureau (URIS Picardie). Mobilisons-nous ! Que vous soyez ingénieur, scientifique, actif ou retraité, n’hésitez pas à rejoindre l’équipe de bénévoles du programme PMIS. Pour en savoir plus : rendez-vous sur www.cnisf.org, onglet « Promotion Métiers Ingénieurs et Scientifiques », rubrique « Futurs Intervenants » Contact : Isabelle AVENAS-PAYAN, présidente du comité PMIS National, [email protected] Si vous habitez en région Île-de-France, vous pouvez aussi nous contacter à l'adresse suivante : [email protected] La plupart des interventions organisées dans le cadre de la Semaine de l’Industrie ont eu lieu dans des collèges et lycées. « Les élèves ont pu recueillir de précieuses informations sur les nombreux métiers du secteur de l’industrie et les filières qui y mènent grâce aux témoignages d’ingénieurs, issus de domaines aussi variés que l’optique, l’imagerie médicale, l’énergie, la motorisation aéronautique ou la combustion des carburants », précise Isabelle Avenas-Payan, présidente du comité PMIS national. Ces initiatives, orchestrées par le comité PMIS en lien avec les URIS, furent nationales. On peut citer par exemple celle de l’URIS Picardie qui, associée à Femmes Ingénieurs, a permis l’organisation de rencontres avec des classes de 3e et leurs professeurs principaux. Une thématique, l’ingénierie au féminin, qui était également au programme des interventions de l’URIS Alsace. En Savoie, des binômes composés d’élèves de Polytech et d’ingénieurs en activité sont intervenus dans des classes pour témoigner de leur expérience. Des conférences sur tout le territoire Des conférences et tables rondes ont également eu lieu. En Alsace, l’URIS et le SAIO (Service Académique d’Information et d’Orientation) ont organisé un forum dans le cadre de l’égalité des chances sur le sujet « les métiers d’ingénieur : au féminin comme au mascu- 38 JUIN 2012 lin ». Six ingénieurs d’horizons différents se sont adressés à une centaine de jeunes lors de cet événement soutenu par le Conseil Régional d’Alsace et la CCI de Région Alsace. L’URIS Île-de-France et Femmes Ingénieurs ont organisé une table ronde au lycée Condorcet de Montreuil avec au programme un rappel historique de la présence des femmes dans les domaines industriels et des témoignages d’étudiants du supérieur ainsi que d’ingénieurs en poste. A Paris, s’est tenu un séminaire sur « l’ingénieur formé par apprentissage » devant un public averti d’enseignants et de conseillers en orientation. L’URIS Nord-Pasde-Calais s’est quant à elle associée à l’AFDET (Association Française pour le Développement de l’Enseignement Technique), rassemblant des enseignants du secondaire, des conseillers en orientation et des professionnels du recrutement autour des problématiques de formation. Une rencontre qui fut suivie de la visite d’une entreprise industrielle. Ce ne sont là que quelques exemples. Au total, IESF a organisé une vingtaine d’événements sur toute la France. L’occasion pour chacun de découvrir les richesses industrielles de sa région. « Rendez-vous est pris pour 2013 ! De nouvelles idées d’événements sont en train de germer pour encore mieux faire connaître toute la diversité de nos métiers », conclut Isabelle Avenas-Payan. 4 questions à... PROMOTION DU MÉTIER ..Etienne Dessus de Cérou Président du comité PMIS Ile-de-France Selon vous, à quoi est dû le déficit d’image de la profession d’ingénieur ? Les bases scientifiques formées essentiellement à partir du 17e siècle ont conduit à des développements techniques très visibles entre le 19e, siècle de la naissance du métier d'ingénieur et le 20e, siècle de son apogée. Ils ont établi sa notoriété lors d'inventions révolutionnaires : électricité, moteur, moyens de transports et infrastructures afférentes, chimie, etc. Les chantiers existent toujours, mais ils sont moins spectaculaires et ils font en conséquence moins rêver. Les innombrables ouvertures données par un diplôme d'ingénieur ont migré, pour partie, d'un monde matériel visible vers de l’immatériel moins tangible, donc moins attractif à priori. Est-ce la seule raison ? Non. La désindustrialisation de notre pays est aussi pour beaucoup dans cette désaffection du métier. On est passé d’un modèle industriel basé sur la trilogie recherche-productionfabrication où l’ingénieur avait toute sa place à un schéma économique libéro-financier mu par une logique de rentabilité et non de créativité. Il y a aussi cette idée (fausse) que l’accès aux écoles d’ingénieurs est encore réservé à une élite et aux garçons plutôt qu’aux filles. Heureusement les choses bougent et c’est d’ailleurs tout le travail des associations, notamment de Femmes Ingénieurs, premier partenaire d’IESF dans ce programme, et des URIS que de montrer que ces métiers sont accessibles à tous. Enfin, il y a eu une fuite des ingénieurs vers les métiers de la finance et du commerce, perçus, parfois à tort, comme plus lucratifs. Lors des interventions PMIS, quels sont les messages que vous adressez aux jeunes ? Notre objectif est de combattre les idées reçues. Ainsi chacune de nos présentations commence par une définition du métier d’ingénieur. Que fait-il ? Dans quels domaines d’activité évolue-t-il ? Ensuite, on fait un point sur les formations, les voies d'accès et les qualités attendues. On met également l’accent sur les perspectives d’emploi, l’attractivité des salaires, le côté passionnant du travail de terrain et la possibilité pour les jeunes issus de milieux défavorisés d’obtenir des bourses. Quelle est votre feuille de route pour l’année à venir ? Nous allons continuer nos interventions. Sur la période 2011-2012, plus de 20 000 élèves en France ont pu recevoir les témoignages de bénévoles PMIS. D’autres axes vont être développés. A commencer par les partenariats avec de grands évènements nationaux, comme celui que nous avons engagé avec la Semaine de l’Industrie. Nous souhaitons aussi poursuivre ou établir des ponts avec d’autres associations aux activités complémentaires, telles que l’AFDET (Association Française pour le Développement de l’Enseignement Technique), l’AJE (Association Jeunesse Entreprise), IPE (Ingénieur pour l’Ecole), etc., dans la mesure de nos moyens. Enfin, nous souhaitons élargir les profils de nos bénévoles (seniors/ actifs, hommes/femmes) et créer des binômes senior/jeune. Propos recueillis par Céline Jacquot Rédactrice en chef déléguée 39 JUIN 2012 “ On est passé d’un modèle industriel basé sur la trilogie rechercheproductionfabrication à un schéma économique libéro-financier TECHNOSCOPIE Annie Rozoy Responsable produits à la direction du marketing réseaux La 4G de SFR, L le futur à vive allure L e ma marché de la téléphonie mobile vit une petite révolution. Le design toujours plus m minimaliste des appareils et l’évolution des usages appellent de nouvelles technologies. Chez SFR le futur est en marche. Son nom ? La 4G, une technologie techn d’avant-garde avec laquelle l’opérateur entend bien garder une longueur d’avance. Le point avec Annie Ann Rozoy, responsable produits à la direction du marketing réseaux. “ « SFR affiche sa volonté profonde d’investir sur le long terme pour bâtir les infrastructures très haut débit de demain » Pierre-Alain Allemand, directeur général Réseaux chez SFR. En quoi la 4G représente-elle une rupture technologique ? La 4G, c’est l’abréviation de la 4e génération. C’est une nouvelle technologie destinée à la téléphonie mobile qui s’appuie sur la norme LTE ou Long Term Evolution. Elle permet des débits beaucoup plus rapides que la technologie 3G (déjà développée sur le marché et à laquelle 98 % de la population française ont déjà accès), soit un débit en fonction des fréquences pouvant aller jusqu’à 150 mégabits par seconde (contre 42 Mb/s pour la 3G). La LTE améliore également le temps de latence, c’est-à-dire le temps de réaction du réseau pour récupérer une information. C’est ce que les joueurs en ligne, dans leur jargon, appellent le « ping ». On parle de rupture technologique, car l’arrivée de la 4G va s’accompagner du redéploiement total du réseau, d’un bout à l’autre de la chaîne. Cela signifie l’appa- 40 JUIN 2012 rition de nouveaux terminaux (mobiles, smartphones, tablettes), de nouvelles antennes, d’un réseau de transmission haute capacité ainsi que de nouveaux équipements dans notre cœur de réseau. Cela permettra de gagner en efficacité au niveau de l’utilisation du spectre radio. En parallèle, la 3G continuera à être déployée à travers l’augmentation de la couverture du territoire et de celle des débits. Avec la 4G, on ne substitue pas une technologie par une autre, on les fait coexister. De même que l’on s’appuiera sur le maillage et les infrastructures existants pour déployer les nouveaux équipements qui seront nécessaires. Quels ont été les investissements nécessaires à son développement ? Il aura fallu plus d’une dizaine d’années aux consortiums internationaux pour mettre au point la technologie et les normes 4G. Crédit photo : Lolita Bourdet TECHNOSCOPIE Où en êtes-vous dans le déploiement du réseau 4G ? SFR investit en permanence dans l’évolution de ses réseaux, soit 1,6 milliard d’euros par an ces dernières années, dont la moitié consacrée à son réseau mobile. Dès l’attribution des licences en 2011, nous avons commencé à travailler au déploiement du réseau 4G, ville par ville. Lyon devrait être la première agglomération à être équipée, avec une ouverture commerciale prévue pour début 2013. D’autres villes suivront tout au long de l’année 2013. Déploiement de la fibre (nécessaire au raccordement des sites 4G) par SFR Afin de pouvoir exploiter le spectre radio nécessaire au déploiement de cette technologie, l’ARCEP* a accordé pour un montant total d’1,2 milliard d’euros à SFR plusieurs lots dans les deux bandes de fréquences 2,6 GHz et 800 MHz. L’opérateur dispose ainsi de « fréquences en or », les seules à pouvoir garantir une couverture nationale en 4G. Ces nouvelles bandes de fréquence vont nous permettre d’être capables d’assurer la croissance du trafic data pour tous les usages (smartphone, vidéo, internet mobile, etc.) et pour les dix prochaines années. Aujourd’hui, environ 2 000 ingénieurs et techniciens SFR, sur un total de 10 000 salariés, travaillent sur les technologies mobiles. Parmi les ingénieurs, on a des profils variés de type chef de projet coordination, ingénieur radio, ingénieur IP (protocole Internet, transmission), mais également ingénieur IT (technologie de l’information) travaillant sur les plateformes de service dans le cœur de réseau et les problématiques de smartgrids (réseaux intelligents). L’idée est que le déploiement se fasse de manière progressive et équilibré afin de pouvoir couvrir 99,6 % de la population métropolitaine d’ici 2027. Pour cela, SFR comme tous les autres opérateurs, a des engagements de couverture minimale de déploiement à respecter : ainsi d’ici 2024, 90 % de la population de chacun des départements français devront être couverts. Les zones rurales ne sont pas oubliées, avec un objectif de 40 % de la population couverts en 2017, et 90 % en 2022. Quels sont les enjeux du développement de la 4G pour le groupe SFR ? Ce qui détermine la fidélité d’un client chez un opérateur, c’est sa capacité à innover et le service proposé. Chez SFR, nous investissons continuellement pour être en mesure de répondre à l’explosion des usages data et à la demande croissante des clients pour un confort accru de l’utilisation de leurs appareils de téléphonie. C’est tout l’enjeu du développement de la 4G : anticiper cette croissance des usages et des besoins des utilisateurs. *Autorité de Régulation des Communications Electroniques et des Postes Propos recueillis par Céline Jacquot Rédactrice en chef déléguée 41 JUIN 2012 SFR en bref SFR est le 2e opérateur de télécommunications en France avec plus de 12 milliards d’euros de chiffre d’affaires réalisés en 2011. Opérateur global, SFR répond aux besoins de ses clients grand public, professionnels, entreprises et opérateurs, que ce soit pour des services mobile, fixe, Internet ou de télévision. Doté du réseau le plus complet, SFR a les moyens de ses ambitions : être un acteur ouvert et responsable dont la mission est d’accompagner chaque personne et chaque entreprise pour leur apporter le meilleur du monde numérique. Fin mars 2012, SFR comptait près de 21 millions de clients mobiles, dont plus de 16 millions d’abonnés, et près de 5 millions de foyers abonnés à l’Internet haut débit. SFR est une société détenue à 100% par le Groupe Vivendi et compte près de 10 000 collaborateurs. Pour plus d’informations sur le groupe : www.sfr.com INTERNATIONAL A European Council of Civil Engineers ECCE en bref A Date de création : 1985 Nombre de membres : 25 pays membres représentant environ 250 000 ingénieurs en génie civil Président : Gorazd Humar (Slovénie) Site Internet : www.ecceengineers.eu La Commission Européenne a édicté des directives encadrant le marché de la construction et a suscité avec le Comité Européen de Normalisation (CEN) le développement d'une normalisation propre à ce domaine. En même temps, elle a lancé des programmes de recherche et innovation tels que le 7ème PCRD pour inciter les ingénieurs et chercheurs à coopérer entre pays membres. Dans ce contexte, les ingénieurs en génie civil ont éprouvé le besoin de se rassembler et de faire entendre leur voix. Ainsi est né en 1985, ECCE qui regroupe les ingénieurs en génie civil des 23 pays de l'Europe plus la Turquie et la Géorgie. La France est représentée par IESF (Brice Delaporte). Pour une ingénierie européenne normée et homogène ECCE a pour objectif de promouvoir au niveau de l'Union européenne les normes techniques et éthiques les plus élevées, d'être une source d'avis impartiaux, de conseiller les gouvernements et les institutions professionnelles, de réaliser la compatibilité mutuelle entre les différentes règles contrôlant la profession. Ses activités s'exercent dans le cadre de cinq comités : Education and training, Professional Recognition and Mobility, Environment and Sustainability, Knowledge and Technology, Development and Business Environment, auxquels s'ajoute une "Task force" dédiée au patrimoine du génie civil en Europe. ECCE se situe au cœur d'un réseau d'organismes européens concernés par le génie civil et la construction avec qui il coopère : Crédit photo : Thierry Duvivier u cœur d'un réseau d'organismes dédiés à la construction, ECCE (European Council of Civil Engineers) relie les ingénieurs en génie civil à travers l'Europe. Le pont de Rion Antirion, en Grèce, un pont à haubans de 2 883 mètres de long bien adapté au contexte sismique et aux mouvements tectoniques locaux › ECCREDI (http://www.eccredi.org), European Council for Construction Research, Development and Innovation a été créé à Bruxelles en décembre 1995 et regroupe les organisations des acteurs de la construction : entreprises, ingénierie, consultants, architectes et concepteurs, producteurs de matériaux et produits de constructions, organismes de contrôle, constructeurs de logements sociaux et organismes de recherche. ECCREDI a pour objectif de contribuer à la compétitivité, la qualité, la sécurité et les performances environnementales du secteur de la construction et du développement durable du cadre de vie construit. ECCE est représenté au sein d'ECCREDI depuis 2004 par le délégué d'IESF. 42 JUIN 2012 › ECTP (http://www.ectp.org/), European Construction Technology Platform regroupe les représentants de nombreuses industries de la construction et de l'ingénierie et est membre associé d'ECCE. ECTP a pour objectif de promouvoir le secteur de la construction à un niveau supérieur de performance et de compétitivité, en analysant les enjeux majeurs auxquels le secteur doit faire face en termes de développement durable et technologique, recherche et stratégie d'innovation. › ECF (http://www.ecf.be), European Construction Forum rassemble ECCE, FIEC (European Construction Industry Federation), EFCA (European Federation of Engineering Consultancy Associations), ACE (Architects' Council of Europe) et divers fournisseurs de matériaux (ciments, béton, revêtement routier, etc.). ECF assure le lobbying du secteur de la construction à Bruxelles. Il est très impliqué dans l'application de la Directive cadre sur l'efficacité énergétique Energy Efficiency Framework Directive (EU 22 juin 2011). ECCE est aussi associé à d'autres organismes européens tels que la FEANI (Fédération Européenne des Associations Nationales des Ingénieurs) et les ECEC (European Council of Engineers Chambers). Au niveau mondial, ECCE a soutenu activement la création du World Council of Civil Engineers (WCCE) et coopère avec l'ASCE (American Society of civil engineers, USA. Jean-François Coste, président du comité Génie civil et Bâtiment Stratégie de développement Développement de stratégies INGÉNIEURS H/F Débutants et expérimentés Leader international dans l’industrie du pétrole, du gaz naturel et de la chimie, Total recherche des talents dans près de 500 métiers dont : • Ingénieurs Géosciences • Ingénieurs Forage Puits • Ingénieurs R&D • Ingénieurs Installations • Ingénieurs Maintenance • Ingénieurs Informatique... Pétrolières et HSEQ Rejoignez-nous sur : www.careers.total.com Plus de 600 offres sont actuellement en ligne ! - Crédits photos : Total/Corbis En 2012, Total recrute plus de 10 000 personnes. Pourquoi pas vous ? ESPACE OCÉAN Stand B9 Saint Denis de la Réunion, 17.000 m². Ouverture en 2018. LE MILLENAIRE Aubervilliers, 56.000 m². Ouvert en 2011. ODYSSEUM Montpellier, 45.000 m². Ouvert en 2009. MARQUES AVENUE Colmar, 18.000 m². Ouverture en 2014. BLEU CAPELETTE Marseille, 42.500 m². Ouverture en 2015. Contacts Commercialisation • Manuela Dekovic • Tél. 01 41 57 75 76 Développement • Amaury de Wazières • Tél. 01 41 57 75 40