josé de san martín et l`indépendance

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josé de san martín et l`indépendance
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Les Cahiers du Littoral publient les travaux de recherche réalisés dans le cadre de l’Unité de
Recherche sur l’Histoire, les Langues, les Littératures et l’Interculturel (H.L.L.I.) de l’Université du
LittoralCôted’Opale.
Die Cahiers du Littoral veröffentlichen im Rahmen der interdisziplinären Forschungsgruppe H.L.L.I.
(Geschichte, Sprachen, Literaturen und Interkulturalität) an der nordfranzösischen Université du
LittoralCôted’OpaleentstandeneundvoneinemBeiratgeprüfteForschungsarbeiten.
Herausgeber/Éditeur:Prof.Dr.JacquelineBel
Redaktionsanschrift:
UniversitéduLittoralCôted’Opale
MaisondelaRechercheenSciencesHumaines
17,rueduPuitsd’Amour
F62200BoulognesurMer
Tél.:0033/(0)3.21.99.41.60
Fax:0033/(0)3.21.99.41.61
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JoëlleStoupy
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CarlVetters
.
UNITÉ DE RECHERCHE SUR L’HISTOIRE, LES LANGUES,
LES LITTÉRATURES ET L’INTERCULTUREL
(H.L.L.I.)
CENTRE D’ÉTUDES ET DE RECHERCHE
SUR LES CIVILISATIONS ET LES LITTÉRATURES EUROPÉENNES
(C.E.R.C.L.E.)
JOSÉ DE SAN MARTÍN
ET L’INDÉPENDANCE :
REGARDS CROISÉS
ÉDITEUR
JACQUELINE BEL
COORDINATION SCIENTIFIQUE
XAVIER ESCUDERO
RAMIRO OVIEDO
BENOÎT SANTINI
LES CAHIERS DU LITTORAL
I / N° 11, 2011
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SOMMAIRE
Sommaire……………………………………………………
Avant-propos……………………………………………….
V
VII
Luc Tassart
San Martín sur le chemin de la liberté . . . . . . . . . . . . .
1
Jérôme Louis
Les campagnes militaires du Général San Martín au
Chili (1817-1818) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
13
Ramiro Oviedo
Bolivar et San Martín à Guayaquil : chronique de
l’échec d’une rencontre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
35
Benoît Santini
Les guerres d’Indépendance dans La Lira argentina
(1824) : politique, patriotisme et création verbale . . .
45
Xavier Escudero
Rubén Darío et l’Argentine : un chant à l’Indépendance . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
61
V
AVANT-PROPOS
La ville de Boulogne-sur-Mer et son Université se devaient de
commémorer le Bicentenaire des Indépendances des pays hispanoaméricains. Cet événement majeur, objet de colloques et congrès, a
donné lieu le 12 octobre 2010 à une manifestation scientifique à
l’Université du Littoral Côte d’Opale à Boulogne-sur-Mer, ville où
est mort le Général José de San Martín, libérateur du Chili, du Pérou
et de l’Argentine.
À l’initiative de Max Papyle, Adjoint à la Culture à Boulogne-surMer, et de Maria Fernández, responsable des Études hispaniques et
hispano-américaines, les enseignants-chercheurs se sont joints à la
célébration du Bicentenaire. L’Unité de Recherche H.L.L.I. a soutenu
l’idée et financé la publication du volume José de San Martín et
l’Indépendance : regards croisés. Cet ouvrage regroupe les textes de
Luc Tassart, Président du Cercle Historique San Martín, Jérôme
Louis, membre de l’Institut Napoléon à Paris, Ramiro Oviedo, Benoît Santini et Xavier Escudero, Maîtres de Conférences à l’ULCO.
Loin de se prétendre exhaustif, le présent volume désire inciter à
poursuivre l’étude de cette période effervescente de l’Histoire, quelque peu occultée par des clichés et des idées reçues.
Dans son article San Martín sur le chemin de la liberté, Luc
Tassart trace le portrait de cet homme exceptionnel qui avait reçu une
éducation solide, mené une vie militaire toute de rigueur, appartenu à
la franc-maçonnerie et dont la conscience américaine résulte de son
enracinement sur le sol américain. Ces particularités expliquent le
rôle historique joué par San Martín.
Luc Tassart rappelle le parcours militaire de José de San Martín
en Espagne et, après son retour en Argentine, sa participation aux
campagnes indépendantistes, notamment au Chili et au Pérou, mais
aussi ses liens avec la franc-maçonnerie et les nombreuses créations
de loges. Celles-ci, toujours associées aux guerres d’émancipation, et
bien d’autres activités illustrent son rôle de civilisateur et d’humaniste, notamment dans les domaines de la santé, de l’éducation et de
la culture. Sa conduite de libéral éclairé, malgré les hostilités du Vatican, doit beaucoup aux loges. Enfin, Luc Tassart aborde le parcours
de San Martín en Europe après que le désenchantement et les
VII
déceptions politiques l’ont obligé à s’exiler, à Londres puis à
Bruxelles. Il parcourt alors les pays européens où il maintient ses
liens avec les loges, tout en étant l’objet de nombreux hommages,
avant d’arriver à Boulogne-sur-Mer.
Dans ses actes comme dans ses déclarations et écrits, San Martín
montrera une unité de pensée à toute épreuve. Généreux et détaché
de toute ambition matérielle, fervent lecteur des auteurs classiques,
érudit et polyglotte, San Martín est une référence pour les hommes
publics et les citoyens contemporains.
Jérôme Louis, dans Les Campagnes militaires du Général San
Martín au Chili (1817-1818), propose une lecture minutieuse de ces
opérations, mettant l’accent sur la composition cosmopolite de
l’Armée des Andes, la stratégie opérationnelle et le récit de ses
campagnes, tout en décrivant le contexte historique et les enjeux qui
déterminent l’action des forces opposées. Jérôme Louis entre de
plain-pied dans les avatars des prouesses et dépeint avec délectation
les actions épiques ou fait le portrait des héros nimbés de génie et
d’humanité.
Les méandres de la campagne de libération se centrent sur la
Bataille de Chacabuco, le repli d’O’Higgings et les opérations navales, avant d’aborder la Victoire de Maipú et l’indépendance du Chili.
Jérôme Louis montre la clairvoyance de San Martín dans cette période confuse où les Français décident de rester à l’écart. Comme il
le souligne, « la France n’a en effet pas vocation à soutenir une tentative désespérée vouée à l’échec (celle de l’Espagne), ni à soutenir
l’indépendance qui ne profiterait qu’aux Anglais. »
Ramiro Oviedo, dans Bolivar et San Martín à Guayaquil : chronique d’une rencontre manquée, rend hommage à la langue qui,
soumise au phénomène de métissage, unit le destin de l’Amérique et
de l’Espagne.
Ramiro Oviedo analyse parallèlement le caractère des deux héros
ainsi que le contexte historico-politique. Il voit dans l’énigmatique
entretien entre Bolívar et San Martín à Guayaquil le début de la
dernière étape du héros argentin avant son expatriation en Europe.
Cette rencontre manquée aurait donné lieu à d’innombrables spéculations, alimentées par le pragmatisme historiciste et les égocentrisVIII
mes ancestraux dont se sert chaque pays pour sublimer ses héros et
diaboliser les adversaires supposés. Cet article pointe les intérêts
cachés et les négligences qui ont empêché ou favorisé certaines attitudes, et les raisons pour lesquelles elles ont été systématiquement
surestimées ou sous-estimées. Il insiste aussi sur l’effervescence qui
règne dans les pays impliqués et sur les rivalités entre les hommes
qui exercent le pouvoir.
Quoi qu’il en soit, Guayaquil – à peine libérée – devint objet de
convoitise et de discorde entre les deux hommes. En fin de compte,
tous deux prônaient la souveraineté américaine, mais chacun avait
son propre projet politique. La guerre se prolongea par manque de
concertation, en raison du chaos dans les embryons d’État et de
l’échec des tentatives d’unification continentale. Enfin, Ramiro
Oviedo s’interroge sur l’actualité des pays hispano-américains qu’il
met en rapport avec les événements vieux de deux cents ans.
Les guerres d’Indépendance dans La Lira argentina (1824) :
politique, patriotisme et création verbale s’intéresse à l’écriture
poétique de la guerre. Benoît Santini aborde un corpus de poèmes
significatifs d’Esteban de Luca, Vicente López y Planes, Juan Cruz
Varela, et Juan Ramón Rojas, dotés d’un indéniable intérêt documentaire, politique et poétique.
Benoît Santini porte un double regard sur ces textes : il se focalise
d’abord sur la vision qu’ont ces poètes des campagnes militaires (au
Chili et en Argentine), mais aussi sur leurs acteurs parmi lesquels se
distingue la figure du Libérateur San Martín, en voie de mythification. Ensuite, il dégage les stratégies d’écriture grâce auxquelles
ces poèmes deviennent des textes politiques, avant d’analyser l’amalgame entre politique, patriotisme et lyrisme.
Cette écriture de l’urgence en recherche d’efficacité intègre « la
literatura de cordel », qui a recours à des sources à caractère local et
conjoncturel. Ce contre-discours conteste le modèle ibérique et revendique non seulement l’identité des nouveaux états en gestation,
mais aussi l’identité d’une poésie américaine.
Enfin, dans Rubén Darío et l’Argentine : un chant à l’Indépendance, Xavier Escudero aborde de manière circonstanciée des textes
de Darío publiés dans La Nation (en hommage à Bartolomé Mitre,
« le père défenseur de toutes les libertés et de tous les droits »), puis
IX
le poème épique Canto a la Argentina (en hommage à l’Histoire, à
l’Indépendance de l’Argentine et à San Martín, l’un de ses héros, « le
Grand Père séculaire, héros de la Guerra Gaucha »).
Les liens entre Darío, Mitre et Martí ajoutent encore au caractère
cosmopolite du Modernisme ; ils constitueront l’étincelle qui déclenchera une révolution culturelle et esthétique au style protéiforme.
Elle prône la confiance en la parole artistique, la foi dans le pouvoir
messianique de l’art, et fixe par ailleurs les piliers de l’identité continentale contre l’impérialisme nord-américain et solidaire de l’Espagne.
Xavier Escudero établit donc un jeu de miroirs entre deux corpus
génériquement éloignés qui exposent néanmoins l’unité de pensée et
d’attitude de Darío, confirmant les liens entre art et culture et entre
indépendance politique et culturelle. Deux textes complémentaires,
donc, dans le sens où les articles et les poèmes de La Nation, tout
comme le Canto a la Argentina s’inscrivent du point de vue formel et
conceptuel dans la démarche du Modernisme – sorte de syncrétisme
hispanique qui assimile ce qu’il peut des courants européens –,
harmonisant l’universalité de l’art, l’identité hispano-américaine et
les identités nationales.
Boulogne-sur-Mer, avril 2011
Xavier Escudero et Ramiro Oviedo
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