Finance rurale et agricole PDF#5
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Finance rurale et agricole PDF#5
5. Intégration dans le marché financier 1. Pourquoi la microfinance cherche-t-elle à s’insérer dans le marché financier ? Quelles sont les sources de financement de la microfinance ? Pour pouvoir donner des crédits aux populations exclues du système bancaire, la microfinance a besoin de ressources financières. Dans un premier temps de son développement, ces ressources ont le plus souvent été octroyées par des bailleurs de fonds, ou différentes sources d’aide extérieure. Mais pour être durable, l’accès au financement doit s’affranchir de l’aide extérieure. Dans cette optique, bon nombre des institutions de microfinance vont s’appuyer sur la mobilisation de l’épargne locale qui sera retransformée en crédit. Mais très souvent, et notamment en milieu rural, l’épargne locale est difficile à mobiliser et ne suffit pas à couvrir la demande en crédit. Pour pouvoir fonctionner durablement sans dépendre d’une aide extérieure, la microfinance doit alors accéder aux ressources du « marché financier ». De manière générale, le « marché financier » met en relation les acteurs économiques qui ont besoin de capitaux (les emprunteurs) avec les détenteurs de capitaux (les épargnants). Ce marché financier existe à différents niveaux : à un niveau englobant (national, international,…), le marché financier s’appuie sur le système bancaire pour assurer la circulation des capitaux ; au niveau local, l’institution de microfinance qui collecte l’épargne pour la retransformer en crédit est elle-même une forme d’organisation qui participe au marché financier. L’une des ambitions de la microfinance rurale est donc d’étendre le marché financier rural et de donner aux populations rurales un accès durable au marché financier englobant. La microfinance rurale a aujourd’hui quatre principales sources de financement : • L’aide extérieure reste un source non négligeable même si elle tend à diminuer ; elle peut fournir les moyens de fonctionnement des IMF pendant la période de construction de ces organisations, mais elle fournit aussi très souvent des lignes de crédit qui alimentent la microfinance, ou encore des fonds de garantie qui permettront à la microfinance d’avoir accès aux ressources bancaires. • La collecte de l’épargne est une ressource croissante de la microfinance. Cependant, en milieu rural, cette épargne est souvent difficile à collecter : les ménages qui ont une capacité à dégager des surplus financiers préfèreront investir dans des activités économiques, ou utiliser des formes traditionnelles d’épargne. • La constitution d’un capital propre à partir des contributions des membres : certaines institutions de microfinance à base de membres, les mutuelles notamment, constituent un capital propre à partir de la cotisation des membres. Ce capital qui peut être alimenté par une contribution sur chaque crédit pris par exemple, va être partiellement utilisé pour faire du crédit. • Le refinancement bancaire : quand ces ressources propres sont insuffisantes pour couvrir la demande en crédit et les besoins du développement de l’IMF, celle ci peut choisir d’emprunter auprès du système bancaire : c’est une relation de refinancement. La relation de refinancement peut être facilitée par un fonds de garantie, constituée par l’IMF avec d’éventuels appuis extérieurs. 2. Comment s’opèrent les liens de la microfinance avec les banques ? Pendant une assez longue période (1980-1990/95), les relations entre banque et microfinance ont été très limitées. Aujourd’hui, les deux mondes se rapprochent par intérêt réciproque. Les banques et les institutions de microfinance (IMF) font chacune face à des contraintes spécifiques pour répondre à la question du financement de l’agriculture familiale : les banques cherchent à étendre leur clientèle notamment en milieu rural mais n’ont généralement pas de réseaux d’agences décentralisés ; les IMF, décentralisées en zones rurales, manquent souvent de ressources financières adaptées aux contraintes agricoles (volume, durée et saisonnalité) et rurales. 1 Si les banques et certaines IMF ont pu se trouver en situation de concurrence dans certaines régions, il existe aujourd’hui un consensus assez large sur la complémentarité possible entre les deux types d’institutions pour faire face à la diversité des besoins et à un volume important de demande de financement non couvert à ce jour par les systèmes financiers. Les formes de partenariat entre microfinance et banque peuvent être diverses : • Partenariat financier Le partenariat financier peut prendre plusieurs formes : La plus facile et la plus développée est le placement des excédents d’épargne et de trésorerie par l’IMF auprès de la banque. Celle ci en garantit la sécurisation et éventuellement la rémunération. Dans ce cas, ce sont essentiellement les critères de proximité géographique et les caractéristiques des produits de dépôts qui sont proposés (rémunération, disponibilité) qui vont déterminer le choix de la banque par l’IMF. Le refinancement de l’IMF par la banque requiert un degré de confiance plus important entre les deux institutions : la banque prête des ressources financières à l’IMF qui les reprête à son tour et s’engage à les rembourser. Les conditions de refinancement (taux d’intérêt, échéancier de remboursement de crédit) entre l’IMF et la banque sont souvent difficiles pour l’IMF qui est la plus souvent en situation de faiblesse par rapport à la banque, mais ces conditions peuvent s’améliorer à mesure que la confiance se consolide entre les deux institutions. • Partenariat technique La banque peut fournir à l’IMF des prestations de services en matière de formation, d’audit, de contrôle, de transfert de fonds. Le partenariat peut aussi être plus étroitement lié au service financier de l’IMF : la banque assure à ses guichets l’octroi de crédit et la collecte de l’épargne, pendant que l’IMF se concentre sur un rôle d’intermédiation (constitution de groupes, analyse des demandes de crédit, validation des dossiers, suivi des dossiers, etc.). • Partenariat institutionnel La banque peut être un acteur déterminant de la création d’une IMF : initiateur, maître d’ouvrage, président ou membre du comité de pilotage du projet. Dans ce type de partenariat, la banque participe à la définition du « modèle » institutionnel de l’IMF, au choix de l’opérateur, à la définition du cadre contractuel liant les institutions parti prenantes ; elle peut influer sur les choix stratégiques de l’IMF (zones d’intervention, types de populations ciblées, produits proposés, taux d’intérêt, etc.) et imposer des règles, des normes de développement et des conditions de collaboration entre l’IMF et son environnement. A l’issue de la phase « projet », plusieurs évolutions sont possibles : la banque ne conserve avec le projet que des relations financières et/ou techniques ; si l’IMF ouvre son capital, la banque peut en devenir actionnaire et conserver un rôle dans l’évolution ultérieure de l’IMF. Inversement, on a pu observer quelques tentatives de banques qui souhaitent ouvrir leur capital aux IMF lors de leur privatisation ; mais les exemples sont rares ou peu aboutis pour l’instant. Des exemples de ces différentes formes de partenariats : • Le lien entre IMF et secteur bancaire moderne : exemples camerounais, Mees, M., Bomda, J., (Zoom microfinance n°19), SOS Faim, 2006 http://www.sosfaim.org/pdf/fr/zoom/Zoom19_FR_01.pdf • Garantir des refinancements : des risques calculés en faveur des petits producteurs ruraux (Zoom Microfinance n°28), Mees, M., 2009 http://www.sosfaim.be/pdf/fr/zoom/28-garantirrefinancement-producteurs-ruraux.pdf • L’expérience de refinancement des CVECA de Niono au Mali, Cissé, A., 2009 http://lamicrofinance.org/files/16224_file_B_6_CVECA.pdf Quels types de banques sont concernés ? Si les partenariats entre institutions de microfinance rurales et banques se développent progressivement, ils restent encore largement centrés sur les banques agricoles et les banques de 2 développement partiellement publiques ; les banques commerciales restent très prudentes face à ce type de partenariat. • Le cas de la BRI : métamorphose d'un crédit rural (BIM), Barlet, K., 2005 http://microfinancement.cirad.fr/fr/news/bim/Bim-2005/BIM-26-04-05.pdf Les réseaux de banques agricoles, à l’image de l’AFRACA en Afrique, ont bien compris l’intérêt de ce type de partenariat et s’organisent pour le développer : • Présentation de l’AFRACA (BIM), Nguyen, G., 1999 http://microfinancement.cirad.fr/fr/news/bim/Bim-1999/BIM-10-08-99.pdf Certains Etats se dotent aujourd’hui de structures bancaires spécifiquement conçues pour refinancer la microfinance, les banques de solidarité. Si le partenariat entre banque et microfinance est aujourd’hui possible, il y a aussi des situations où la concurrence domine et où les moyens mobilisés par les Banques pour pénétrer le milieu rural sont tels que la microfinance se trouve marginalisée. • La microfinance a-t-elle encore une place lorsque l’offre publique de crédit s’étend ? L’exemple du Vietnam (BIM), Creusot, A.-C., 2003 http://microfinancement.cirad.fr/fr/news/bim/Bim-2003/BIM-02-12-03.pdf Pour aller plus loin : • Les banques de développement en Amérique Latine, Communication au Colloque FARM, Quelle microfinance pour l’agriculture des pays en développement ?", Tivelli, C., Venero, M., 2007. http://www.fondation-farm.org/spip.php?article298#plenieretrois • Partenariats entre banques et microfinance : acquis et enseignements, Actes du séminaire de Dakar Le financement de l’agriculture familiale dans le contexte de la libéralisation : Quelle contribution de la microfinance ? Wampfler, B., Lapenu, C., Baron, C., 2002. http://microfinancement.cirad.fr/fr/news/bim/FichDak12BanqIMF.pdf 3. Quels liens entre microfinance et finance informelle ? Les banques et la microfinance font partie du marché financier formel parce qu’elles sont contrôlées par l’Etat. Mais il existe aussi des segments de marché financier qui sont « informels », en ce qu’ils échappent à toute régulation par la puissance publique. Ce marché informel peut prendre différentes formes individuelles ou collectives : ce sont les prêteurs informels souvent qualifiés d’usuriers car leurs taux d’intérêt sont extrêmement élevés ; ce sont les garde-monnaie qui assurent une fonction de collecteur de très petite épargne ; ce sont les tontines qui permettent à un groupe de solidarité d’épargner et d’emprunter à petite échelle. La microfinance s’est souvent inspirée des principes du marché financier informel et notamment du fonctionnement des tontines. Certains systèmes de microfinance sont construits sur la base de systèmes financiers informels pré-existants et tentent de les moderniser. • Les tontines : quelle typologie ? (BIM), Barlet, K., 2000 http://microfinancement.cirad.fr/fr/news/bim/Bim-2000/BIM-10-10-00.pdf Aux premiers temps de la microfinance, on a posé l’hypothèse que le développement du marché formel allait conduire à la disparition du marché financier informel. Au bout de vingt ans de développement, force est de constater que les réalités sont infiniment plus complexes : le marché financier informel subsiste toujours, même dans les lieux où la microfinance est fortement présente ; la microfinance a développé des liens avec le marché informel et les ménages combinent les outils financiers à leur disposition. 3 • Microfinance et la ruée vers l'Or …le prêt sur gage en Inde du Sud, (BIM), Roesch M., 2007 http://microfinancement.cirad.fr/fr/news/bim/Bim-2007/BIM-07-10-16.pdf 4. Le capital risque, une alternative innovante à la microfinance pour les entrepreneurs ruraux ? La microfinance peine à répondre aux besoins des entrepreneurs ruraux. Le capital risque est un outil financier alternatif expérimenté avec les entrepreneurs ruraux. • Capital-risque en Bolivie: une alternative pour le financement rural, Zoom n°15, SOS Faim, de Crombrugghe, A, Aurore, Regamey, C., 2004 http://www.sosfaim.be/pdf/fr/zoom/15_capital_risque_bolivie_alternative_au_financement_rura l.pdf • Le capital-risque, une alternative aux crédits valide et durable pour le financement de certaines activités économiques en Bolivie ? (BIM) Regamey, C., 2005 http://microfinancement.cirad.fr/fr/news/bim/Bim-2005/BIM-23-11-05.pdf 4