"Le Soir Magazine" du 16 novembre 2016

Transcription

"Le Soir Magazine" du 16 novembre 2016
Bruno Madinier/ Davy Sardou: "Rire n'empêche pas de réfléchir"
Le Soir Magazine - 16 nov. 2016
Page 42
Théâtre Amour, foi, célibat des prêtres, homosexualité, conscience, sexe... comment tenir tous ces engagements ? C'est le thème des
"Voeux du coeur" que les deux comédiens viennent jouer à Bruxelles. Une pièce drôle qui agite des thèmes essentiels. Photo: DR Il y a
quelques années, Bill C. Davis avait ravi ...
Théâtre
Amour, foi, célibat des prêtres, homosexualité, conscience, sexe... comment tenir tous ces engagements ? C'est le thème des "Voeux
du coeur" que les deux comédiens viennent jouer à Bruxelles. Une pièce drôle qui agite des thèmes essentiels.
Photo: DR
Il y a quelques années, Bill C. Davis avait ravi les spectateurs avec sa pièce "L'affrontement", entre un vieux prêtre rondouillard et
un jeune séminariste inflexible. Elle recueillit un énorme succès et fut jouée d'abord par la paire Jean Piat/ Francis Lalanne, puis par
Francis Huster et Davy Sardou (en Belgique, ce fut par Léonil McCormick et Patrick Ridremont à La Valette, à Ittre). Cet excellent
auteur récidive avec "Les voeux du coeur". Il y multiplie les dilemmes entre quatre personnages, un couple formé par Tom et Brian
(Davy Sardou et Julien Alluguette), le père Raymond (Bruno Madinier) et Irène (Julie Debazac) qui ébranlera ses convictions.
Compliqué ? Non : drôle, enlevé et interpellant, répondent en stéréo Madinier et Sardou. Ces deux piliers de théâtre n'ont qu'un mot
à la bouche sur leurs rôles respectifs : engagement, comment le respecter tout en existant ! « Ce sont des sujets de société débattus
partout et c'est important de le faire au théâtre, intervient Davy Sardou. J'ai lu cette pièce d'une traite. Les personnages ont de fortes
certitudes mais ils changent au fil du temps et ils passent par différents stades de l'émotion. » « On aborde la question centrale de
l'engagement, dans le mariage, dans l'Église catholique, enchaîne Bruno Madinier. La pièce parle d'homoparentalité, de religion, de
tentation. Et puis aussi de la durée, une vraie question de notre époque : on a trop vite tendance à laisser tomber quand on se lasse,
c'est typique d'aujourd'hui. Songeons à Paul Valéry qui disait : "Une vie réussie, c'est une pensée de jeunesse qui se réalise à l'âge
mûr." On a tous des convictions et la pièce nous interroge sur tout ça. » À quoi peut bien servir cette pièce, fondamentalement ? « Le
théâtre ne vise pas qu'à divertir. Il peut aussi faire évoluer les moeurs. On n'essaie pas de choquer, on essaie d'interroger. Ce n'est
pas manichéen non plus. À notre petit niveau, on essaie d'ouvrir les esprits », estime Davy Sardou. « Cette pièce a été écrite il y a une
dizaine d'années, reprend Madinier. On doit à la vérité de dire que son auteur a fait le Séminaire et est homosexuel. Il est bien placé
pour aborder ces questions. Mais sa pièce n'est pas militante. Ses personnages sont pris en tenaille. Ils sont quatre sur scène avec un
point de vue différent : je fais quoi de ma foi, de mon compagnon, de mon couple... Ils sont tous bien intentionnés et ils veulent tous
s'améliorer. Et pourtant, sachez-le, beaucoup de villes en France ont refusé d'accueillir cette pièce à cause du sujet. Or, elle a plu à
tout le monde ! Les direc teurs de salles ont eu peur ! Et c'est bien qu'elle soit jouée à Bruxelles. » « Et tant pis pour ceux qui restent
coincés dans leur paroisse », rajoute Davy Sardou. « Des cathos sont venus voir, raconte Madinier. La pièce a provoqué des débats
nourris et passionnés entre eux sur comment vivre sa religion. » « C'est bien qu'on ait quelque chose à se dire en sortant, embraye
Davy Sardou. La pièce crée un débat mais elle ne crée pas de polémique. Elle lutte aussi un petit peu, sur un mode souple, contre
des comportements arriérés. On voit bien dans le théâtre depuis les événements tragiques d'il y a un an une prédilection pour des
choix rassurants, du divertissement sans risques. Ici, on vise à faire rire et à faire réfléchir. C'est en somme le débat des anciens et
des modernes, qui est la patte de Bill C. Davis. C'est là où le théâtre devient intéressant, quand il n'est pas sectaire. » « C'est ce qui
est vraiment bien ici car le public est invité à venir échanger avec nous, sans se prendre la tête », conclut Madinier. L'un et l'autre
démontrent ainsi qu'eux non plus ne se cantonnent pas au classique 20h50 télévisuel, "Dolmen" ou "Les Cordier, juge et flic" pour
Madinier, "R.I.S. police scientifique" pour Sardou qui a prouvé à foison qu'il n'est pas un simple fils de... Bernard Meeus.
"ON ESSAIE D'OUVRIR LES ESPRITS"
Au CC d'Auderghem, du 13 au 18/12 02-660.03.03. www.ccauderghem.be/
Copyright © 2016 Rossel & Cie. Tous droits réservés
Copyright © 2016 gopress. Tous droits réservés

Documents pareils