Vive l`Europe douanière
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Vive l`Europe douanière
T&B213_220_truck_fr_fl:48-49 29/04/09 9:34 Page 48 Truck EXPÉDITION CAPE-TO-CAPE DE RENAULT TRUCKS Vive l’Europe douanière ! Quatre ans après la Route de la Soie, Renault Trucks a relancé une grande expédition transcontinentale, optant cette fois pour un trajet nordsud. La section russe de ce grand voyage n’a guère posé de problèmes techniques, mais a montré par l’absurde combien la construction européenne a permis de mieux relier les marchés. 48 - Truck&Business 213 e trajet ne s’annonçait pourtant pas difficile, en comparaison avec les pistes africaines ou le désert jordanien. La caravane est entrée en Russie le 4 mars au poste frontière de Kirkenes, où les formalités douanières ont pris plus de 16 heures. Les véhicules ne pouvaient en effet pas être considérés comme des biens en transit, puisque ce statut aurait obligé la caravane à quitter le pays en un nombre fixé de jours. Or, de nombreux arrêts étaient prévus dans les principales villes russes pour rencontrer conces- L sionnaires et clients locaux. C’est donc sous le régime de l’importation temporaire que les quatre Kerax et les deux Sherpa ont été autorisés à entrer en Russie. Non sans devoir ouvrir toutes les caisses de matériel et photographier jusqu’au matériel médical pour pouvoir prouver, à la sortie du pays, que rien n’avait été vendu entre temps… Un parc roulant hétéroclite Tout au long du trajet russe, l’expédition Cape-To-Cape sera passée de l’hiver le plus rude au dégel le plus humide. Le réseau routier russe avoue en effet rapidement ses limites quand le sol gelé laisse ruisseler des torrents d’eau boueuse, y compris dans le centre des villes. Et si Saint-Petersbourg et Moscou ont largement de quoi séduire l’amateur d’exotisme, les autres villes de province et les routes qui les relient montrent plutôt dans quel état de délabrement se trouve encore une bonne partie du pays. Le visage du transport routier a également de quoi surprendre le néophyte. A côté des camions T&B213_220_truck_fr_fl:48-49 29/04/09 9:34 Page 49 Le volet russe était le plus froid, ce qui n’a pas empêché les panoramas grandioses, comme ici au sud de Mourmansk. Faire fonctionner des moteurs SCR en environnement extrême (jusqu’à -30°C) était l’un des défis techniques de Cape-To-Cape. Les routes russes n’ont pas toujours été de cette qualité, surtout avant St Petersbourg. (photo CY) russes et des vieux véhicules européens, on croise en effet, sur les grands axes de transport, un bon quart de tracteurs nord-américains de trois ou quatre ans d’âge, importés en Russie pour des chauffeurs indépendants, mais aussi pour des flottes importantes. Les plus avertis y décèlent les couleurs des grands LTL et FTL Carriers américains (Schneider, Penske…), mais on y voit aussi de très nombreux Volvo VN 770 blancs à l’aspect quasiment neuf. Les camions chinois, par contre, se font pour l’instant assez discrets, sauf les porteurs 6x4 de chantier et les petits 3.5 tonnes de livraison qui font forte concurrence aux désuets produits locaux. Pour Renault Trucks, une telle opération est évidemment une formidable occasion d’impressionner ses clients locaux. Souvent arrivés à la marque par le biais d’un véhicule d’occasion, ils découvrent tout à la fois une technologie moderne et les vertus d’un service à l’européenne… quand ils sont prêts à y mettre le prix. Un tracteur neuf coûte en Russie le même prix qu’en Europe, mais un Kamaz se négocie CAPE-TO-CAPE EN BREF Aventure technique et humaine, mais aussi opération commerciale de grande envergure, l’expédition Cape-To-Cape reliera en quatre mois le Cap Nord en Norvège à Capetown en Afrique du Sud. Durant la première partie du voyage (jusqu’à Aqaba en Jordanie), la caravane est composée de six véhicules (quatre Kerax 450.26 6x6 et deux Sherpa). A partir d’Istamboul, deux Kerax et quatre Sherpa l’ont complétée avec du matériel de bivouac. Au total, 30.000 kilomètres dans 17 pays différents, qui sont notamment l’occasion de tester les systèmes SCR en conditions de températures extrêmes (de -30°C à 50°C), mais aussi de peaufiner le prototype du véhicule militaire Sherpa avec lequel Renault entend concurrencer Iveco (qui a notamment livré l’armée belge). Pour suivre la progression de l’expédition : www.renault-trucks.com/capetocape Truck&Business 213 - 49 T&B213_220_truck_fr_fl:48-49 29/04/09 9:34 Page 50 Truck 1 2 3 4 5 6 1/ Les Sherpa 2 de l’expédition sont des prototypes de véhicules militaires équipés d’un moteur dXi Euro 4 de 215 ch et d’une boîte automatique Allison. (photo CY) 2/ Dans plusieurs villes (dont ici à Voronezh), le passage de Cape-To-Cape était l’occasion de rameuter des clients Renault Trucks (ou, comme ici, des étudiants d’une école technique). (photo CY) 3/ Beaucoup de villes russes sont fermées aux poids lourds (ici à Moscou). 4/ En Russie, les marques européennes doivent aussi compter avec la concurrence de nombreux tracteurs d’occasion en provenance des Etats-Unis. (photo CY) 5/ Souvent la seule tache de couleur dans un paysage uniformément blanc… et gris sale. 6/ Instantané volé des 28 heures d’attente à la frontière russo-ukrainienne. Et vive l’Europe ! (photo CY) à 50.000 EUR, soit à peine plus cher qu’un Peterbilt ou un Volvo d’occasion de trois ans. Il reste cependant beaucoup à faire pour que le secteur du transport russe rejoigne les standards européens. Le gouvernement russe a décidé de reporter l’introduction de la norme Euro 4, probablement pour protéger ses constructeurs nationaux dont les usines sont déjà pratiquement à l’arrêt. Cela laisse un peu de délai pour développer un réseau 50 - Truck&Business 213 d’approvisionnement en AdBlue, ce qui ne sera pas facile dans un pays où la température descend sous les -10°C pendant plusieurs mois. Les mentalités du transport doivent également évoluer. Les chauffeurs sont toujours payés au kilomètre, parfois bien (jusqu’à 2000 dollars par mois), mais dans des conditions très difficiles… et très peu favorables à la sécurité (10.000 kilomètres par mois… sur un tel réseau). Cap sur l’Afrique Mais avant de rejoindre l’Ukraine, puis l’Europe et la Turquie, la caravane Cape-To-Cape devait encore franchir un double barrage douanier. Cinq heures pour quitter le territoire russe semblaient augurer d’un dénouement rapide. Mais les rigueurs bornées de la douane ukrainienne ont provoqué un nouvel arrêt de plus d’une journée qui devrait rappeler aux anciens chauffeurs ‘inter’ leurs plus mauvais souvenirs de galère. Quand une infor- mation ne rentre pas dans une case prévue à cet effet, les tampons se mettent en grève… et la caravane ne passe plus. La suite du parcours européen de l’expédition Cape-To-Cape fut heureusement plus sereine. A l’heure où vous lirez ces lignes, six Kerax et six Sherpa s’attaquent à son volet africain, de Djibouti à Capetown en passant par le Kilimandjaro et les chutes Victoria. Claude Yvens