Un gobelet en verre découvert à Vendeuil
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Un gobelet en verre découvert à Vendeuil
Un gobelet en verre découvert à Vendeuil-Caply Découverte Ce gobelet apode1 a été découvert en 2008 durant la première année de fouille de la nécropole de l'Antiquité tardive située au lieu-dit « Les Marmousets ». Il a été prélevé dans la sépulture n°44, une tombe féminine datée du dernier quart du Vème siècle ap. J.-C. Il était accompagné d'un riche mobilier funéraire : une paire de fibules, une boucle de ceinture, une perle et bassin (fig.2) Utilisation Ce type de gobelet avait une fonction utilitaire. Il servait à boire, même si l'absence de pied ainsi que son bouton terminal ornemental devait le rendre instable et impliquait probablement de vider entièrement son contenu avant de le poser. Fig.1 : gobelet apode provenant de la tombe n°44 Fig.2 : documentation graphique et photographique de la sépulture n°44 1 Qui ne comporte pas de pieds Restauration Ce gobelet a fait l'objet d'une première restauration lors d'un chantier-école en 2010 au cours duquel des élèves-restaurateurs de l'Institut National du Patrimoine ont pris en charge une partie du mobilier mis au jour depuis 2008. Il a ainsi pu bénéficier d'une intervention d'urgence durant laquelle il a été nettoyé, remonté à l'aide de scotch et de plastique à bulles et reconditionné (fig.3) en amont de la restauration complète réalisée en 2014. Il a alors été nettoyé plus en profondeur, démonté puis recollé avec une résine et ses parties manquantes ont été comblées avec cette même résine (fig.4). Fig.3 : intervention d'urgence Fig.4 : restauration complète Ce type de gobelet est référencé au n°51 selon la typologie des verres mérovingiens établie par J.-Y. Feyeux. Cette typologie présente des formes assez simples et en nombre plus limité que pour les productions de l'Antiquité, ce qui démontre une certaine régression technique, notamment dû à la raréfaction voire la disparition de certaines techniques (ajout d'anses, décor par soudure, gravure). Fabrication Le verre est composé d'un mélange de trois éléments : le sable siliceux (le vitrifiant), le calcaire sous forme de chaux (le stabilisant) et la soude ou potasse (permet d'abaisser le point de fusion). La soude est le fondant principalement en usage sous l'Antiquité et sera remplacé peu à peu par la potasse au Moyen-Âge. Des colorants pouvaient y être ajoutés sous forme de cobalt, d'oxydes métalliques, de cuivre... Ce mélange est porté à plusieurs températures (800 à 1400°C) dans un creuset afin d'obtenir une paraison (pâte malléable). Cette pâte en fusion est cueillie à l'aide du ferret, canne en fer qui sert également par la suite à arrondir la paraison en la faisant rouler sur une pierre polie. La bosse ainsi formée est ensuite modelée par soufflage et à l'aide de différents outils selon la forme et les décors souhaités : moules en bois, pinces, fers. Avant de procéder au travail de l'ouverture, l'ouvrage fixé de manière temporaire sur un pontil (canne pleine sur laquelle est « posé » le verre pour modeler l'ouverture), est replacé dans le four afin de conserver sa malléabilité puis arrangé à l'aide de ciseaux. L'objet ainsi terminé est mis à refroidir dans un four de recuit qui permet d'atteindre palier par palier la température ambiante, évitant ainsi l'éclatement dû au choc thermique. Bibliographie Pierre Riché (en collaboration avec Patrick Perin), Dictionnaire des francs, Les temps Mérovingiens, 1996, p. 334-335. Claire Gonnier, « Gobelet apode VC2008-T44 n°2 », Rapport de restauration, 2014. Elèves de 3ème année « Arts du feu » encadré par Marie-Anne Loeper-Attia, « Annexe 2 : VC2008-T44 objet 2 », Chantier-Ecole à Vendeuil-Caply, Daniel Piton, « Fouilles de la nécropole des Marmousets », Rapport de fouilles intermédiaire, 2008. René Legoux, « Les verres mérovingiens », Les verres antiques, 1996, p. 8 et 92. Margaux Depaermentier, « La fabrication de la vaisselle en verre au Moyen-âge » [En ligne], https://vaisselledetable.wordpress.com/2015/03/21/la-fabrication-de-la-vaisselle-en-verreau-moyen-age (page consultée le 25 juin 2015). Nicolas Thomas, « Quand Melle enterrait ses métallurgistes », ArcheoSciences, n°30, 2006, p. 45-59.