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2 PAS SAGES.
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SCENARIO.
1 : INT / JOUR - APPARTEMENT N°1 / SALON.
Salon spacieux, une porte-fenêtre aux persiennes entrouvertes, les rideaux ouverts, la tapisserie
vert d’eau, le parquet lustré. Une bibliothèque, des livres jusqu’au plafond. Deux canapés se
faisant face. Une table basse où traînent des journaux dont le dernier numéro du Monde de la
Musique, un livre ouvert, un service à thé... Un téléviseur grand écran, deux lampes, pieds
longilignes, les abat-jours blancs, circulaires.
Allongée sur le canapé contre le mur, un plaid rouge contre le ventre, les jambes, apprêtée et
légèrement maquillée, ANNE regarde attentive les informations d’une chaîne câblée tout en
jouant une partie d’échecs contre elle-même. Elle joue avec les blancs. Ses yeux sont bleu azur,
tristes. Elle a les cheveux roux, un carré court. Elle porte une robe et une veste cobalt, des
chaussettes blanches. Elle affiche une croix en or, un fin bracelet, peut-être de l’ivoire, à sa main
gauche, une alliance, à son auriculaire droit, une aigue-marine. Elle déplace la reine et tourne le jeu
pour prendre les noirs. Elle tripotte la bague autour de son doigt mécaniquement.
À l’écran, un journaliste commente une arrestation de sans-papiers à la sortie d’une école,
(images d’archives du 20 mars 2007). Enseignants, parents ou membres d’associations
s’interposent aux forces de l’ordre, c’est la pagaille… Téodora s’extrait du tumulte forçant le
passage devant elle. C’est une jeune femme brune, les cheveux longs, le teint pâle, des yeux
clairs. Elle est habillée d’un pull blanc sous veste noire, d’un jean sur des bottillons noirs. Elle se
met à marcher, s’éloignant…
2 : EXT / JOUR - RUE.
Un peu plus tard.
Téodora regarde en arrière, la rue est calme. Elle traverse, pressant le pas, inquiète. Elle marche
jusqu’à l’entrée d’un square. Au loin, des cris d’enfants se font entendre. Elle épie autour d’elle,
discrète…
De l’autre côté, s’engage SILVIA, une petite fille brune aux cheveux longs, yeux bleus. Elle est
habillée d’un col roulé rose sous un manteau noir, d’un jean ; elle porte des Convers basses,
noires. Elle marche vite, les mains sur les sangles de son lourd cartable qu’elle a sur le dos. Arrivée
à sa hauteur, Silvia se jette dans les bras de sa mère.
3 : EXT / JOUR - RUES.
Téodora et Silvia marchent main dans la main. La rue est déserte. Large trottoir, propre.
Immeubles en pierre, cossus. Téodora porte de l’autre main le cartable de sa fille.
SILVIA
Où on va ?
TEODORA
Je sais pas.
Elles tournent dans la rue adjacente, aussi peu animée. Elles s’arrêtent devant une entrée
rutilante, une lourde porte rouge. Téodora appuie sur le bouton d’entrée, et entraîne sa fille…
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4 : INT / JOUR - IMMEUBLE N°1 / ASCENSEUR.
La cabine monte au dernier étage, Silvia tient toujours la main de sa mère.
SILVIA
Tournée vers sa mère.
J’ai faim, mon goûter ?
TEODORA
J’ai oublié. Je suis sortie trop tard du travail.
On va voir…
SILVIA
On va voir quoi ? On va encore dormir dans la rue ?
TEODORA
Se raidissant.
Non. Attends… tu vas avoir ton goûter.
La cabine s’arrête. Téodora sort la première.
5 : INT / JOUR - IMMEUBLE N°1 / PALIER N°1.
Silvia reste derrière sa mère. Palier vaste avec lustres, dorures, moquette beige… Deux portes en
bois pour deux appartements. Téodora pose le cartable et prend sa fille par les épaules, la
regardant dans les yeux.
TEODORA
Silvia, écoute ma chérie, hum… On va manger,
et appeler ta maîtresse. Pour ça on rentre chez quelqu’un.
SILVIA
Mais t’es folle !
La fillette se dégage, se ferme, croise les bras.
Téodora s’agenouille pour être à sa hauteur.
TEODORA
Rassurante
Écoute, tout le monde oublie une fois de fermer sa porte.
On oublie toujours quelque chose. On cherche un appartement vide.
C’est comme un jeu, et toi tu surveilles…
SILVIA
Solennelle
Et si on se fait prendre ? On ira en prison.
TEODORA
Mais non, je dirai qu’on est se tromper de maison.
Elle se redresse, pousse sa fille de côté.
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Surveille les escaliers. Faut pas perdre du temps.
Apeurée, Silvia se plante sur la dernière marche. Ses bras, le long du corps, s’agitent.
Téodora s’accroupit, colle son oreille contre la serrure de la porte de gauche. Elle regarde sous le
paillasson, et rien. Téodora se lève.
SILVIA
Si on ne trouve pas ?
TEODORA
On prend un autre immeuble.
Téodora tente d’ouvrir en vain. Elle va à l’autre porte. On entend de légers bruits. Elle plaque son
oreille contre la porte. Silvia observe les escaliers, puis sa mère qui ramasse le cartable.
SILVIA
Maligne.
C’est pas la première fois que tu fais ça ?
TEODORA
C’est pas ça. Va descends, faut essayer l’autre étage.
Passant devant sa fille, elle la tire par le bras. Elles descendent.
6 : INT / JOUR - IMMEUBLE N°1 / PALIER N°2.
À l’étage inférieur, on entend encore du bruit, un poste de télé, les aboiement d’un petit chien
résonnent. Téodora se tourne vers sa fille, et fait non de la tête. Elle tend sa main, Silvia s’y
accroche. Elles passent devant les deux portes sans rien faire.
7 : INT / JOUR - IMMEUBLE N°1 / PALIER N°3.
Elles descendent d’un autre étage. Silvia lâche sa mère avant de s’asseoir sur la dernière marche.
Téodora s’avance vers la première porte. Elle recommence. L’oreille contre la serrure, elle écoute.
Elle regarde sous le paillasson, toujours rien. Mais la poignée cède, la porte s’ouvre.
SILVIA
Se levant.
Oh !
TEODORA
Le doigt sur la bouche.
Tais-toi !
Silvia se précipite vers sa mère. La lumière s’éteint de nouveau. Silvia se serre contre elle. Téodora
pousse en grand la porte qui grince, l’appartement est totalement silencieux.
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8 : INT / JOUR - APPARTEMENT N°2 / ENTREE.
Téodora referme vite. Elles s’arrêtent, aux aguets. L’entrée s’ouvre sur un couloir qui sert à
différents rangements, penderie, bibliothèque, et un grand salon dépouillé. Des murs blancs
faisant office de cimaise pour des peintures, photos d’artistes contemporains. Deux Canapés en
tissu rouge, au centre. Elles s’approchent de la porte coulissante du salon, Silvia accrochée à sa
mère.
TEODORA
Silvia. Arrête, tu fais mal. On reste pas longtemps.
Tout va bien se passer.
Elle a du mal à se dégager, à se reprendre.
Silvia, arrête. Sois gentille. Attends…
Téodora ouvre la porte donnant sur les chambres, passe la tête sans y entrer.
Silvia reprend fermement la main de sa mère.
TEODORA
Silvia va dans la cuisine. Sers-toi un goûter.
Je vais voir les chambres. J’appelle ta maîtresse.
SILVIA
Non, je veux être avec toi.
TEODORA
Autoritaire.
Dans la cuisine. Tiens ton cartable.
Téodora la pousse dans le salon avant de disparaître.
9 : INT / JOUR - APPARTEMENT N°2 / CUISINE.
Silvia s’immobilise près de la table en verre. Elle ouvre grand les yeux, surprise. Cuisine spacieuse,
murs blancs, gris, sol carrelé gris. Tout l’équipement est moderne. Le lave-vaisselle est mal fermé.
Sur le plan de travail encombré de robots en tout genre, sont délaissés les restes d’un petit
déjeuner. Sur ses gardes, elle dépose son cartable sur une des chaises de la table où domine la
coupe de fruits remplie. Elle prend deux oranges et les dispose sur le bord de la table, une devant
chaque chaise. Elle traverse la pièce. Fouillant dans les tiroirs, elle y prend couteaux, cuillères…
Elle trouve un reste de baguette dans la panière.
Silvia ouvre non sans un effort le frigo plein à craquer.
SILVIA
Euh !
Elle tend la main. Elle hésite entre du fromage et les yaourts. Elle se sert des deux qu’elle place à
côté des oranges. Elle soupire. Elle revient au réfrigérateur, s’accroupit…
Téodora entre dans la cuisine. Elle ne voit pas sa fille derrière la porte.
TEODORA
Silvia, tu es où ?
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SILVIA
Se levant.
Ici.
Elle s’avance vers sa fille. Raide, dos au réfrigérateur, Silvia fixe sa mère.
TEODORA
T’as mangé ?
SILVIA
J’ai mal au ventre. On reste longtemps ?
TEODORA
Le temps de manger. L’appartement est habité à plein temps.
Levant la tête.
Tu vois le désordre ?
Regardant l’intérieur du refrégirateur.
Va t’asseoir. Il faut pas trainer.
Courbant les épaules, Silvia déboutonne son manteau, et le laisse glisser de côté. Ses bras sont
menus. Elle s’installe, le regard perdu, et ne touche à rien.
SILVIA
Et Céline ?
TEODORA (Off)
Rien. Elle était pas là. Mange.
Enlève ton manteau, personne va le prendre !
Téodora extrait du frigo de la charcuterie, du jambon de Bayonne, une brique de jus d’orange. Elle
rejoint sa fille et les pose devant elle. Elle s’assied, ouvre sa veste, plus détendue. Elle s’en
débarrasse sur la chaise d’à côté tout en souriant à sa fille. Elle ouvre les bras l’invitant à venir, ce
que fait Silvia enthousiaste. Elles s’enlacent tendrement. Mais la petite monte et s’impose sur les
genoux de sa mère.
TEODORA
Tu veux quoi ? Donne le fromage.
Elle montre la bouteille.
Tu veux boire ?
SILVIA
Elle s’exécute, puis attrape la bouteille.
Oui…
TEODORA
Bois direct à la bouteille. Il faut ranger après.
Téodora repose les deux oranges parmi les autres fruits et se prépare un sandwich au fromage.
Silvia, ayant déballé le jambon, porte un bout à sa bouche…
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10 : EXT / SOIR - RUES.
À la tombée de la nuit. Un large boulevard peu animé, de grands arbres soignés. Silvia, fatiguée,
Téodora, le cartable sur son dos, marchent au pas de l’enfant, en se tiennant la main.
TEODORA
Regarde, une cabine.
Ta maîtresse est peut-être rentrée.
Téodora fait rentrer sa fille la première. Elle ouvre son portefeuille sur la tablette. Elle sort une
carte, un bout de papier, et téléphone.
Silvia, les paupières lourdes, regarde au loin…
TEODORA
Déçue.
Encore le répondeur…
Elles sortent de la cabine.
Elles empruntent le passage des Marais. Silvia, résignée, trottine derrière sa mère.
SILVIA
Oui, et qu’est-ce qu’on fait ?
TEODORA
Volontaire.
On va chercher un autre place pour dormir.
Demain tu iras à l’école. On reparle à ta maîtresse,
elle nous aidera.
Elles débouchent sur une rue calme, les boutiques sont fermées, le bar-tabac y compris. Elles
arrivent à la porte d’un immeuble en pierre de taille, typiquement parisien, d’où sortent deux
hommes murs, plutôt élégants. Le premier passe, le deuxième retient la porte, Téodora saisit sa
fille et la fait entrer.
TEODORA
Les yeux sur sa fille, mais s’adressant au couple.
Merci, bonne soirée.
Elles disparaissent derière la porte qui se ferme.
11 : INT / SOIR - IMMEUBLE N°2 / PALIER N°4.
Le silence se fait pesant. En retrait sur la dernière marche du dernier étage, Silvia regarde tantôt
les escaliers tantôt sa mère. Téodora écoute l’oreille collée contre une grande porte. Elle finit par
l’ouvrir avec précaution. L’ascenseur se met en marche. Silvia se jette contre sa mère.
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12 : INT / SOIR - APPARTEMENT N°1 / ENTREE.
Dans la pénombre. L’entrée donne sur plusieurs portes fermées. Le mobilier est réduit, une
commode, un miroir. Tout est silencieux, renfermé. Téodora et sa fille marquent un temps d’arrêt.
Puis, la mère s’avance pour ouvrir la première porte, celle des toilettes, la suivante est celle de la
cuisine. Elle écoute, reprend son souffle et ouvre son manteau. Elle enlève sans gestes brusques
le cartable de son dos et le prend à la main. La porte claque en se refermant. Elle fait signe à sa
fille de ne plus bouger.
13 : INT / SOIR - APPARTEMENT N°1 / SALLE A MANGER.
S’approchant d’un interrupteur, Téodora allume, la salle à manger s’éclaire. Le lustre ancien
diffuse une lumière douce sur une grande table en bois, au centre, sur une galerie de vieilles
photos en noir et blanc exposées tout le long de la commode. Téodora se débarrasse du cartable
sur la table, et invite sa fille à la suivre.
14 a : INT / SOIR - APPARTEMENT N°1 / SALON.
Téodora allume le salon. Elles s’avancent dans le salon par le côté intérieur. Silvia
stoppe pour s’appuyer contre le dossier du canapé mais curieuse elle s’approche
de la porte-fenêtre lui faisant face. Elle regarde la rue, puis sa mère.
TEODORA
Calme, fatiguée. Se dirigeant vers la porte de la chambre.
Y a personne ! On va dormir ici, on va dormir ensemble,
ça t’aimes bien ? Mais on touche à rien. Tu touches à rien.
Changeant de sujet.
Tu as des devoirs ? Beaucoup ?
15 : INT / SOIR - APPARTEMENT N°1 / CHAMBRE.
Anne a ouvert les yeux, perplexe. Elle tourne la tête vers la porte, vers la lumière et saute du lit.
Elle est vêtue d’un pyjama rayé rose et blanc. Anne plus qu’effrayée est surprise par la
conversation mais elle attrape le couteau ayant servi à peler un fruit dont les restes dans l’assiette
traînent à côté d’un livre, d’une boite de chocolat.
SILVIA (Off)
Oui, je crois, une nouvelle poésie. Et Pollux ? Je veux mon doudou.
Anne ramasse sa robe de chambre sur le fauteuil au pied du lit. Elle a juste le temps de se glisser
derrière les rideaux quand Téodora passe la tête mais, distraite, ne remarque rien.
TEODORA
Elle soupire.
Je vais le chercher plus tard.
Elle lache la porte pour revenir à sa fille.
On va dîner avant.
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14 b : INT / SOIR - APPARTEMENT N°1 / SALON.
Téodora revient sur ses pas et embarque sa fille.
TEODORA
Triste.
C’est grand ici ! C’est bien pour habiter !
SILVIA
Et alors !
Téodora regarde sa fille et hausse les épaules. Elles repassent dans la salle à manger mais par le
côté extérieur, le côté rue.
Pieds nus, tenant son couteau à la main, Anne se met à suivre les intruses qui lui tournent de dos.
Elle passe dans la salle à manger par le côté intérieur.
16 : INT / SOIR - APPARTEMENT N°1 / SALLE A MANGER.
Anne les prend à revers bloquant l’accès à l’entrée.
ANNE
Fort.
Qui êtes-vous ? Qu’est-ce que vous faites là ?
Téodora et Silvia se figent en criant. Téodora tente de cacher sa fille derrière elle. Elles reculent.
Anne pointe fermement son couteau vers la mère.
ANNE
Qui êtes-vous ?
TEODORA (Off)
Personne.
ANNE
Sans blague !
Qu’est-ce que vous foutez chez moi ?
Elle lui porte un regard droit, lucide. Elle s’avance de deux pas. Téodora et sa fille reculent
d’autant.
ANNE
Vous n’irez pas plus loin ! Vous faites quoi chez moi ?
TEODORA
Voix étranglée.
Je sais pas. On cherche à fuir de son père.
Anne se décale sur le côté. Elle vient prendre appui, la main sur la table. Elle regarde, cherche à
comprendre qui se cache derrière l’adulte.
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Téodora se pousse un peu plus contre le mur, Silvia se redresse, sort la tête, faisant une drôle de
tête.
SILVIA
Regardant Anne.
On ne fait rien !
TEODORA
Tais-toi Silvia.
Anne se raidit. Abaissant le couteau contre sa cuisse, elle regarde Silvia presque avec surprise.
ANNE
Tiens. Une fille, elle est mignonne !
Regardant la mère, se souvenant.
Oui, je vous ai vue à la télé. Vous êtes des sans-papiers.
TEODORA
Éludant. Le regard dans le vide.
Madame, on s’est trompé. Il s’est passé rien.
On peut partir.
Anne tourne le manche du couteau entre ses doigts.
ANNE
Ah oui ! Comme ça ?
TEODORA
Bah oui…
Le regard vers le cartable.
On cherchait un endroit… pour réfléchir.
Anne arrête son geste, elle pose son couteau sur la table.
ANNE
C’est drôle !
Je suis sûre, je vous ai vue. C’est dégueulasse.
Le monde marche sur la tête !
Sortant de sa réserve, Silvia se met face à Anne.
SILVIA
Pourquoi ? C’est quoi marcher sur la tête ?
ANNE
Professorale.
Faire les choses de travers. Faire mal les choses.
SILVIA
Comme nous alors.
Anne a un sourire contenu. A contrario, Téodora se raidit.
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TEODORA
Tais-toi Silvia.
On veut pas déranger.
ANNE
Oh ! D’où vient votre accent ?
TEODORA
Éludant.
On est des Arias du Caucase…
ANNE
Oui ! bien sûr !
TEODORA
Je sais pas. Alors, on s’en va ?
Anne se penche vers l’enfant…
ANNE
Attendez ! Pas encore.
La petite peut aller me prendre mes chaussons et ma canne.
Pivotant, levant le bras vers le salon.
Va, c’est dans la chambre, dans la commode, s’il te plaît.
SILVIA
Pourquoi ?
ANNE
La regardant avec douceur.
J’ai froid aux pieds et je suis fatiguée. Je ne peux pas rester debout
longtemps.
Téodora s’étonne de la demande, et marque un temps d’arrêt afin de comprendre, de réflechir.
Elle se rapproche de sa fille, lui caresse la joue, pose ses mains sur ses épaules.
TEODORA
Fais-le, vas-y. Elle est gentille.
ANNE
Ironique.
C’est ça. Merci !
Anne recule, reprend appui, lasse contre le dossier d’une des chaises.
Silvia regarde la vieille dame, sa mère qui lui sourit, elle s’interroge. Téodora la pousse en douceur
par les épaules. Silvia se résigne, elle contourne la table, revenant sur ses pas pour disparaître.
Anne observe, sans aucune animosité, les gestes de la mère. Leurs regards se croisent.
ANNE
Vous avez besoin d’aide ?
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TEODORA
Ironique.
Je sais pas. Vous plus que moi.
ANNE
Moi !, si on veut. Mais je m’appelle Anne, et vous ?
Téodora s’avance vers Anne, regarde vers la porte d’entrée.
TEODORA
Hésitant.
Moi, Téodora et ma fille Silvia. Elle a presque 8 ans.
Elle travaille bien à l’école. C’est elle qui m’apprend
de parler mieux le français. Elle est douce, gentille.
Anne se penche, regarde en direction du salon. Téodora s’avance encore, les mains en l’air,
longeant le radiateur.
ANNE
Je vous crois mais elle en met du temps !
Anne revient à son interlocutrice. Saisie, elle recule oubliant le couteau. Téodora dépasse la vieille
femme qui la suit du regard.
TEODORA
Je vais rien faire. Mais je dois partir. Je sais pas.
Gardez-la. Elle sait… Je reviens bientôt.
Anne remarque le cartable, elle reste interdite.
ANNE
Quoi !? Non !
Téodora s’échappe et disparaît.
Anne lui emboîte le pas... La porte d’entrée claque avec fracas.
17 : INT / SOIR - APPARTEMENT N°1 / ENTREE.
Anne arrive trop tard, elle reste clouée devant la porte puis se retourne, sombre. Silvia arrive en
courant, les larmes aux yeux, droit sur elle. Anne l’attrape dans ses bras mais Silvia se débat, veut
s’enfuir. Anne la serre plus fort contre elle, lui caresse la tête cherchant à contenir les pleurs de la
petite fille.
Fin.