COLLECTION ON dIspLay - Migros Museum für Gegenwartskunst

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COLLECTION ON dIspLay - Migros Museum für Gegenwartskunst
Une institution du Pour-cent culturel Migros
COLLECTION
on display
Jan Dibbets, Jimmie Durham,
Esther Eppstein, Urs Fischer,
Andrea Fraser, David Renggli,
Tatiana Trouvé
15 février 2014 – 11 mai 2014
Collection on Display présente une sélection d’œuvres issues de la collection du Migros
Museum für Gegenwartskunst. Le cycle présenté ici se consacre aux fonctions, aux possibilités,
aux maquettes et aux interprétations de l’espace et de l’intérieur dans l’art contemporain.
Les installations proposées en trois parties sont consacrées aux arrangements spécifiques
de l’espace et à leurs conceptualisations. Cette première exposition de la collection du musée
en 2014 met un terme au cycle commencé l’an dernier. Dans cette troisième partie sont présentées des installations de Jan Dibbets, Jimmie Durham, Esther Eppstein, Urs Fischer,
Andrea Fraser, David Renggli et Tatiana Trouvé.
Commissaire:
Judith Welter, conservatrice de
la collection du Migros
Museum für Gegenwartskunst
L’intérêt artistique pour les questions ayant trait à l’espace a connu au cours de ces dernières dizaines
d’années un essor particulier, tant dans le contenu que dans les formes utilisées. Sous forme
d’installations, divers espaces, qu’ils relèvent de la sphère privée ou du domaine public, ont été transposés dans un espace d’exposition. Cette partie de l’exposition aborde le cadre institutionnel et
architectural et présente des espaces transformés en « musée dans le musée ». Il s’agit d’œuvres qui
s’interrogent sur les spécificités et les propriétés de l’espace muséal. Les bâtiments institutionnels ne
sont jamais des « espaces neutres », tel que le suggère l’idée du White Cube. Ils sont bien davantage
investis de fonctions précises, chargé de remplir un certain nombre d’attentes, et sont la représentation
d’une position définie. Pour reprendre Foucault et sa description de l’espace comme hétérotopie, le
musée possède justement cette capacité à rassembler en un lieu des espaces inconciliables. Cette
ambigüité ouvre un espace de réflexion sur la fonction et l’histoire de l’architecture muséale, et nous
interpelle avec pertinence sur notre propre histoire en tant qu’institution et sur la transformation qui
s’impose.
Jan Dibbets (*1941) compte parmi les principaux représentants de l’art conceptuel européen. À travers
la photographie, il se consacre tout particulièrement aux questions de perception et de perspective.
Son œuvre en trois volets, Saenredam InK Zürich (1978–1979) a été conçue pour une exposition individuelle de l’artiste au « InK » (« Internationale neue Kunst »), l’institution qui allait devenir par la suite
le Migros Museum für Gegenwartskunst. Les trois tableaux sont des montages de photographies individuelles de l’espace d’exposition d’alors. Pour l’installation, Dibbets photographie les murs, le sol et le
plafond du lieu ultérieur, en tournant systématiquement son appareil sur une rotation toujours identique
de 30°. Les photos rejoignent ainsi le même angle de vue que les trois tableaux et créent une unité. Le
« InK » fait office de précurseur du « musée » d’art contemporain en proposant simultanément la retour
à la vie d’anciens espaces industriels et de réelles innovations architecturales. Il s’agissait alors d’un lieu
de production et d’accueil ouvert et expérimental ; au centre se trouvait un work in progress parfois
accessible au public. Les artistes étaient invités à créer sur place. Certaines des ces œuvres rejoignirent ensuite la collection permanente et le « InK » fut l’un des premiers à défendre le concept, repris
par la suite, d’une possible rencontre des activités de collection et d’exposition. D’une part, l’œuvre de
Dibbets réalise un état des lieux de l’espace muséal présent. D’autre part, l’artiste nous renvoie les
questions relatives à la spatialité, transposée en deux dimensions, mais qui, par son installation dans
l’espace, réinvestit la tridimensionnalité. Le titre de l’œuvre fait allusion au peintre d’architecture
hollandais Pieter Jansz Saenredam (1597–1665) qui a consacré l’intégralité de son œuvre à l’étude de
la perspective.
Migros Museum für
Gegenwartskunst
Limmatstrasse 270
Postfach 1766
CH–8005 Zürich
T +41 44 277 20 50
F +41 44 277 62 86
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pourcent-culturel-migros.ch
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On trouve toujours, au centre de l’œuvre de Jimmie Durham (*1940), la rencontre entre des thèmes
sociétaux et politiques, mais aussi la question de la représentation des valeurs et de l’historicité et celle
de l’identité sociale d’une civilisation. Ses installations et ses sculptures renvoient le reflet du statut de
l’objet entre fétiche et œuvre d’art et sont des métaphores de l’affrontement parfois complexe et problématique de l’homme, de la technique et de la nature, visitées dans différentes perspectives culturelles. De la même façon, Durham aborde les normes euro-centrées et les conséquences qui s’ensuivent
dans les concepts esthétiques de l’art, comme notamment la différenciation traditionnelle faite entre l’art et
l’artisanat d’art. Il évoque continuellement la présence d’éléments indiens dans l’art contemporain et
souhaite ainsi rompre avec les discours et les langages picturaux en vigueur. Durham est l’un des plus
importants « artistes-artistes » de sa période et il a exercé une influence décisive sur toute une génération de jeunes artistes. Maquette for a Museum of Switzerland (2011) est une proposition pour un (pseudo)
musée ethnographique sur la Suisse. À travers une sélection et un agencement de choses en lien avec
l’histoire et la tradition de la Suisse, Durham aborde également la fonction sociétale du musée, en y
incluant la représentation de clichés véhiculés pour la construction d’une identité nationale ou ethnique. Le
musée de Durham se compose d’une série de photos de masques. Les images sont des reproductions
d’un ouvrage ethnographique sur la tradition des masques en Suisse publié en 1942. Le masque n’est
pas seulement un élément folklorique et le symbole par excellence de diverses cultures, mais il est
aussi représentatif d’une vision euro-centrée de l’art moderne sur les cultures indigènes.
L’installation d’Esther Eppstein (*1967) intitulée Message Salon Wohnwagen (1998–2000) fut utilisée
comme espace d’exposition et subsiste aujourd’hui comme une relique parlante de l’action d’Eppstein
sur la scène zurichoise des vingt dernières années. En 1996, Eppstein ouvrit son premier « Message
Salon » sur la Ankerstrasse. Dès ses débuts, cet espace au fonctionnement autonome et non commercial
devint un point de rencontre central de la scène artistique locale et le premier lieu d’exposition de
jeunes artistes. Eppstein restait la figure centrale de ce « salon artistique ». Elle en était la gérante et
la conservatrice mais ne cessa jamais de considérer ce lieu comme partie inhérente de sa propre
pratique artistique. Après sa fermeture sur la Ankerstrasse, le projet trouva un abri temporaire pour une
durée de deux ans : cet offspace mobile sous forme de caravane fut créé dans un premier temps dans
le cadre de l’exposition Wahlverwandtschaften (1998 à Appenzell), à laquelle la commissaire Bice Curiger
invita Eppstein. Le « Message Salon » devint une œuvre d’art dans laquelle différents artistes zurichois
vécurent pour la durée de l’exposition. Par la suite, la caravane trouva un accueil pérenne sur un parking derrière le restaurant Les Halles, dans le Kreis 5 (arrondissement) de Zurich. De 1998 à 2000 y
eurent lieu de nombreuses manifestations organisées par des artistes ainsi que des projets artistiques
temporaires. La caravane fut également invité à voyager et fut accueilli par des institutions, comme par
exemple au Centre culturel suisse de Paris. Cet espace témoigne d’une partie de l’histoire contemporaine de la scène artistique zurichoise. Outre les documents photographiques connus d’Eppstein, elle
accueille aussi une vidéothèque dont l’origine remonte au premier « Message Salon » où les artistes
étaient invités à laisser leurs vidéos à la disposition de ce vidéoclub particulier. Le Message Salon
Wohnwagen est une illustration parlante d’une notion de l’œuvre définie par diverses formes de collaboration mais également par la suppression de la limite existant entre l’activité de l’artiste et celle du
conservateur. La présentation de la caravane sera complétée par une nouvelle acquisition, Fotoskulptur
Message Salon/Perla-Mode 2006–2013 (2014). Dans sa pratique artistique, Eppstein a poursuivi la
collecte de documents sur les différentes activités et n’a cessé d’en faire des photographies qui sont
aujourd’hui rassemblé dans cinquante albums. Les clichés sur le présentoir à cartes postales sont les
« rebuts » de l’époque où le « Message Salon » avait établi domicile sur la Langstrasse. La problématique de la fonction de l’espace muséal soumise à une réflexion artistique dans les années 1990 est
particulièrement forte dans le processus de muséalisation d’une plate-forme initialement dédiée à
l’utilisation et à la communication, comme dans ce cas présent.
L’œuvre d’Urs Fischer (*1973) se reconnaît à l’utilisation aussi virtuose et modeste qu’expérimentale
d’une hétérogénéité de matériaux, médias et perspectives, renvoyant à divers styles et courants artistiques.
De façon ludique et avec une subtile ironie, Fischer transpose, convoque et réalise des collages d’objets
du quotidien et de décors et thèmes issus des cultures populaire et élitiste. Fischer associe des images
ou des univers picturaux à des objets grâce à des techniques toujours renouvelées, les démettant de
leur fonction initiale ou les replaçant dans un contexte absurde ou humoristique. Avec son installation
imposante Glaskatzensex – Transparent Tale (2000), Fischer analyse des architectures, en quête de
fragilité et d’imperfections. Des fragments de murs de verre, partiellement recouverts de couches de
silicone et posés sur des plaques de bois, façonnent un paysage de ruines, exacerbé par les ombres
que provoque l’éclairage d’un projecteur. L’œuvre a été conçue pour une exposition à l’ICA de Londres,
où l’artiste avait tout d’abord enduit les murs de silicone avant de poser, une fois sèches, les couches
de ce matériau sur les plaques en plexiglas. La simplicité de la disposition évoque l’architecture
moderne. Néanmoins, la poussière et la saleté ainsi que les lambeaux de mur disposés au hasard lui
font perdre une partie de sa « modernité ». Emballé et caché dans ce paysage se trouve l’objet donnant
son nom à l’œuvre, un chat en verre recomposé de manière fragmentée. L’éclairage et la narration
énigmatique renvoient à la théâtralité de l’espace d’exposition, qui se laisse voir, depuis l’époque
moderne, dans des formats d’exposition orientés sur des expériences vécues.
Migros Museum für
Gegenwartskunst
Limmatstrasse 270
Postfach 1766
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Depuis les années 1990, les vidéo-performances d’Andrea Fraser (*1965) font parler d’elles. Dans une
perspective sociologique et féministe, elles abordent les institutions d’un œil critique. L’artiste y évoque
notamment les dimensions sociales de l’étude de l’art ainsi que les institutions muséales. Vu de la sorte,
le musée est principalement un lieu dans lequel s’affrontent certains conflits sociétaux. La performance
vidéo Little Frank and His Carp (2001) a été filmée en caméra cachée dans le musée Guggenheim de
Bilbao. Écoutant des explications sur l’architecture du bâtiment conçu par Frank O. Gehry, Fraser, qui
apparaît toujours dans ses travaux, traverse ici le hall d’entrée du musée avec un audio-guide. Le texte
original que l’on entend dans la vidéo décrit cette construction organique comme un lieu de détente et
de loisirs et invite l’auditeur à caresser les murs en marbre poli. Amplifiant la connotation érotique de
cette consigne, Fraser se frotte lascivement aux imposantes colonnes. L’artiste tourne en dérision une
certaine langue métaphorique qui pousse, de façon pathétique, à faire du musée un lieu d’expérience.
Dans un contexte d’entreprises actives à l’échelle planétaire comme c’est le cas pour la fondation
Guggenheim, le musée en tant qu’espace de formation et d’expérience peut être considéré comme un
modèle commercial néo-libéral qui, à l’instar du monde marchand, doit constamment séduire son
public.
Les objets sculptés et les installations spatiales de David Renggli (*1974) se démarquent par la rencontre
inattendue d’une diversité de matériaux et de motifs du quotidien. Renggli crée des objets qui nous
semblent familiers, mais qui, lorsque l’on se penche de plus près sur leurs caractéristiques matérielles
ou sur les autres objets auxquels ils sont associés, se révèlent surréels, absurdes ou grotesques. La
surprise et la pointe d’humour sont des éléments essentiels de la pratique de Renggli. L’installation
spatiale You, Can You Recommend Your Psychiatrist (2007) est composée de 1001 tableaux suspendus
à touche-touche. Les bancs placés devant ont été réalisés par l’artiste. Ils rappellent le style de Marcel
Breuer et évoquent un design vintage. Ces sculptures imitent les bancs de musées sur lesquels on
s’assoit pour pouvoir contempler confortablement les œuvres d’art. Les collages, dessins et assemblages
sont composés de pages de magazine recouvertes de peinture, de cartons d’invitation ou d’impressions
bon marché d’œuvres d’art. Les tableaux apparaissent à l’issue d’un processus rapide et spontané, à la
façon d’esquisses. Ce n’est pas l’œuvre individuelle qui occupe le premier plan mais bien l’entassement
maniaque d’images qui, pour meubler une angoisse du vide, recouvre les murs de bas en haut. La
saturation du spectateur – les motifs individuels sont rendus illisibles – renvoie à une présentation
classique de l’art, aussi bien dans les musées qu’à la cour. Les murs sont tellement recouverts de tableaux
– comme c’était auparavant le cas au musée de l’Ermitage à Saint-Pétersbourg – que l’œuvre individuelle
disparaît dans cette masse angoissante. La fonction représentative de l’art comme critère de distinction
sociale prend le pas sur l’individualité de l’expression artistique. La méthode de travail de Renggli, le
recyclage et l’échantillonnage d’images, témoigne du flux d’images incessant et incontrôlable qui définit
notre réflexion sur les notions de média et d’esthétique.
Tatiana Trouvé (*1968) s’est rendue célèbre grâce à ses constructions spatiales et ses interventions.
Trouvé aborde à maintes reprises le lien entre « intérieur » et « extérieur », dans une dimension aussi
bien matérielle que psychologique. Pour elle, il s’agit tout autant de l’espace muséal à mettre en scène que de
la représentation et la manifestation de mondes oniriques intérieurs. Des espaces psychiques sont
exposés et deviennent ainsi des espaces intérieurs concrets et inquiétants. Trouvé s’attaque alors à la
notion freudienne de « unheimlich » (inquiétante étrangeté) dans l’espace – soit des situations dans
lesquels le Heim (le foyer, ce qui est familier) devient lieu de malaise. Inchoativity : La chambre se
referme / Inchoativity : The room is closing down (2009) a été créé pour l’exposition individuelle de
l’artiste au Migros Museum für Gegenwartskunst. Des radiateurs moulés dans du béton sont répartis
dans l’espace et reliés entre eux. Privés de leur fonction, ils nous apparaissent comme des corps
étrangers. Pour chacune de ses expositions, Trouvé part des spécificités du lieu d’exposition et intervient précisément là où elle peut rompre un système établi, pour le reconstruire et le reconfigurer. Dans
les travaux de Trouvé, l’espace d’exposition est également un lieu dans lequel différentes énergies
psychiques et physiques sont amenées à se rencontrer.
Migros Museum für
Gegenwartskunst
Limmatstrasse 270
Postfach 1766
CH–8005 Zürich
T +41 44 277 20 50
F +41 44 277 62 86
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Jan Dibbets
Saenredam InK Zürich
1978–1979
Pencil, b/w photograph collage on paper
3 parts: 2 parts ca. 145 x 300 cm each,
1 part 73 x 73 cm
Urs Fischer
Glaskatzensex – Transparent Tale
2000
Wood, chip board, silicon, glass, latex,
acrylic, felt-tip pens, spotlight
Ca. 160 x 560 x 600 cm
David Renggli
You, Can You Recommend Your Psychiatrist?
2007
1001 pictures; framed, leather, steel
Dimensions variable
Jimmie Durham
Maquette for a Museum of Switzerland
2011
Wood, glass, c-prints on forex, masks,
paper, various materials
Dimensions variable
Esther Eppstein
Message Salon Wohnwagen
1998–2000
Caravan with awning, furniture, brochures,
photos, various materials, video and audio
works
Dimensions variable
Esther Eppstein
Fotoskulptur Message Salon/Perla-Mode
2006–2013
2014
Photo stand, 125 color photographs on
Fuji photo paper
200 x 100 x 100 cm
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Tatiana Trouvé
Inchoativity: La chambre se referme /
Inchoativity: The room is closing down
2009
Concrete, metal, leather
Dimensions variable
Andrea Fraser
Little Frank and His Carp
2001
Single-channel video on monitor
(color, sound)
6 min. (Loop)
Migros Museum für
Gegenwartskunst
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