La Revue de Respir.com - Novembre 2006 - n°2

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La Revue de Respir.com - Novembre 2006 - n°2
LA REVUE DE RESPIR.COM
NOVEMBRE 2006 – N°2
BPCO : COMMENT REDUIRE LE HANDICAP ?
Editeur
GERI-Communication – 4 voie romaine – Bât. G – 33610 Canéjan – 05 57 96 45 45
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Respir.com – BPCO : comment réduire le handicap ?
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INTRODUCTION
Le handicap respiratoire est un état clinique imposant une limitation de l'activité personnelle, sociale ou
professionnelle en rapport avec une affection de l'appareil respiratoire, que la PaO2 soit normale ou
abaissée.
Le handicap est classé en 3 stades :
- déficience : perte de substance ou altération d'une structure ou fonction psychologique, physiologique
ou anatomique,
- incapacité : toute réduction de la capacité à accomplir une activité,
- désavantage : limitation partielle ou complète à l'accomplissement d'un rôle normal (en rapport avec
l'âge, le sexe, les facteurs sociaux ou culturels).
L'objectif est, ici, de réduire ce handicap et d'améliorer la qualité de vie. Cela passe par :
1/ Une prise en charge thérapeutique optimale appliquant les principes des recommandations
2/
-
Une réhabilitation respiratoire incluant :
un entraînement à l’exercice,
une éducation, incluant les techniques de drainage bronchique si nécessaire,
un soutien psychologique et social.
3/ Une prise en charge de la nutrition
4/ Un traitement symptomatique de la dyspnée, lorsque c'est nécessaire
Quand elle persiste, sévère, malgré une prise en charge maximale, les opiacés peuvent être utiles, sous
surveillance, et sans oublier le risque d'une dépression respiratoire.
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SOMMAIRE
INTRODUCTION……………………………………….. p. 2
PRISE EN CHARGE THERAPEUTIQUE…………… p. 4
REHABILITATION RESPIRATOIRE………………… p. 5
NUTRITION……………………………………………… p. 9
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PRISE EN CHARGE THERAPEUTIQUE
I. BPCO en état stable : traitement en fonction du stade de sévérité
Stades
Obstruction
bronchique
EFR
0
à risque
normale,
symptômes chroniques
(toux, expectoration)
Obstruction
légère
modérée
sévère
trés
sévère
I
VEMS/CVF < 70 %
VEMS = 80 %
avec/sans symptômes chroniques
(toux, expectoration)
II
50 % = VEMS < 80 %
avec/sans symptômes chroniques
(toux, expectoration, dyspnée)
III
30 % = VEMS < 50 %
avec/sans symptômes chroniques
(toux, expectoration, dyspnée)
IV
VEMS < 30 %
ou
VEMS = 50 % plus
insuffisance respiratoire
(PaO2 < 60mmHg avec/sans
PaCO2 > 50mmHg) ou
insuffisance cardiaque droite
clinique
Traitement
dans tous les cas :
- éviction des facteurs de risque (tabac ; autres),
- vaccinations (grippe ; pneumocoque).
-
bronchodilatateurs d'action rapide à la demande.
- bronchodilatateurs
réguliers,
- réhabilitation.
- bronchodilatateurs
réguliers,
- réhabilitation.
- corticoïdes
inhalés
si
actifs sur les symptômes et la
fonction respiratoire.
- corticoïdes inhalés
si
actifs sur les symptômes et la
fonction respiratoire ou si
exacerbations répétées .
- bronchodilatateurs réguliers ,
- corticoïdes inhalés si actifs sur les symptômes et la
fonction respiratoire ou si exacerbations répétées ,
- traitement des complications ,
- réhabilitation,
- oxygène à long terme si insuffisance respiratoire,
- envisager les traitements chirurgicaux.
Réf :
§ Actualisation des recommandations de la Société de Pneumologie de Langue Française pour la prise en
charge de la BPCO. Rev Mal Respir 2003;20:167-8,
§ Global strategy for the diagnosis, management, and prevention of chronic obstructive pulmonary disease
(GOLD), updated 2005.
II. Autres traitements :
- antibiotiques : non recommandés hors infections,
- mucolytiques : non recommandés,
- agents anti-oxydants (N-acétyl-cystéine) : peuvent être utilisés chez les patients avec exacerbations
répétées (niveau A),
- antitussifs : contre-indiqués,
- vasodilatateurs (NO) : contre-indiqués (peuvent aggraver les échanges gazeux),
- stimulants respiratoires (Almitrine) : non recommandés en prescription régulière,
- narcotiques (codéine et autres ) : contre-indiqués.
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REHABILITATION RESPIRATOIRE
La fonction respiratoire n'est pas le seul paramètre de la sévérité et du pronostic ; il faut aussi prendre en
compte la capacité d'exercice et la capacité à participer aux activités quotidiennes, éléments essentiels de la
qualité de vie liée à la maladie.
L'intolérance à l'exercice est l'un des principaux facteurs limitant la participation aux activités quotidiennes
des malades respiratoires chroniques.
I. Facteurs contribuant à la limitation de l'exercice chez les malades respiratoires chroniques
l limites ventilatoires : augmentation de l'espace mort, anomalies des échanges gazeux, augmentation des
besoins ventilatoires du fait du déconditionnement et du trouble fonctionnel des muscles périphériques ;
chez l'emphysémateux, en particulier, allongement du temps de vidange des poumons pendant l'expiration
dû à l'obstruction bronchique et aggravé pendant l'exercice avec hyperinflation, augmentation du travail
respiratoire, augmentation de la charge sur les muscles respiratoires et augmentation de la perception de
l'inconfort respiratoire,
l anomalies des échanges gazeux,
l anomalies du fonctionnement cardiaque : augmentation de la post-charge du ventricule droit du fait de
l'augmentation des résistances pulmonaires, de la vasoconstriction hypoxique et de la polyglobulie. En cas
d'hypertrophie ventriculaire droite on peut observer des troubles du rythme et un retentissement sur le cœur
gauche,
l troubles fonctionnels des muscles :
- squelettiques : amaigrissement, déconditionnement, inflammation systémique, stress oxydatif,
anomalies des échanges gazeux, corticothérapie,
- respiratoires : conduisant à l'hypercapnie, la dyspnée, la désaturation nocturne et la baisse de la
capacité d'exercice.
II. Objectifs de la réhabilitation
l réduire les symptômes,
l améliorer l'activité quotidienne,
l restaurer le plus haut niveau possible d'autonomie du patient.
III. Tests d'exercice
l test de marche de 3, 6 ou 12 minutes avec mesure de la distance parcourue,
l test d'exercice sur bicyclette ergométrique,
l test d'exercice sur tapis roulant.
IV. Avantages démontrés de la réhabilitation respiratoire dans les BPCO
Avantages
1. améliore la capacité d'exercice à fréquence respiratoire et cardiaque égale
2. réduit l'intensité de l'essoufflement perçu
3. améliore la qualité de vie liée à la santé
4. réduit le nombre d'hospitalisations et les durées de séjour
5. réduit l'anxiété et la dépression liée à la BPCO
6. l'entraînement en force et endurance des membres supérieurs améliore leur fonction
7. les bénéfices se poursuivent au-delà de la période d'entraînement
8. améliore la survie
9. l'entraînement des muscles respiratoires est bénéfique, surtout quand il est combiné à un
entraînement général
10. une intervention psycho-sociale est utile
La réhabilitation respiratoire doit être indiquée et réalisée par un spécialiste.
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Preuve
A
A
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A
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B
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IV.a. Contenu de la réhabilitation respiratoire
Les programmes incluent :
l un entraînement à l’exercice (recommandations) :
- 20 séances, 3 fois par semaine,
- préférer les exercices à forte intensité,
- entraîner les membres supérieurs et inférieurs. Il peut porter spécifiquement sur les membres
supérieurs dont l'activité est souvent à l'origine d'une dyspnée marquée liée à une augmentation du
travail diaphragmatique. Bien qu'il n'y ait pas de preuve de l'efficacité, on peut aussi entraîner les muscles
inspiratoires (Lötters, 2002),
- combiner puissance et endurance (Ortega, 2002).
è A vant les exercices, optimiser la fonction respiratoire (bronchodilatateurs),
è pendant l'exercice, l'oxygénothérapie peut être utile même s'il n'existe pas de désaturation lors du test
initial.
La stimulation électrique neuro-musculaire peut être utilisée chez les malades affaiblis (Vivodtzev, 2006).
l une prise en compte de la nutrition (Steiner, 2003),
l une éducation (Scherer, 1998), incluant les techniques de drainage bronchique si nécessaire,
l un soutien psychologique (prise en compte de l'anxiété et de la dépression) et social (accompagnement)
(Devine, 1996) mais le réentraînement a, par lui-même, une action sur les paramètres psycho-sociaux
(Guell, 2006).
IV.b. Durée de la réhabilitation respiratoire
l la durée optimale d'un protocole de réhabilitation n'est pas connue (entre 4 semaines et 6 mois)
(Finnerty, 2001 ; Sewell, 2006).
V. Comment conserver le résultat obtenu avec la réhabilitation respiratoire ?
l
l
l
l
le bénéfice obtenu est, le plus souvent, perdu en quelques semaines,
l'observance des programmes d'entretien à domicile est généralement faible,
les programmes de suivi post-réhabilitation semblent peu efficaces (Brooks, 2002 ; Ries, 2003),
la répétition de programmes courts peut favoriser la préservation du résultat.
Au total, recommandations :
l la réhabilitation respiratoires est un élément majeur de la prise en charge des malades atteints de
BPCO, dyspnéiques et intolérants à l'effort. Elle améliore la qualité de vie (A),
l la réhabilitation est organisée en programmes multidisciplinaires, proposés à des sujets motivés, à
l'optimum de leur traitement pharmacologique (C),
l le réentrainement des membres inférieurs est un volet indispensable de ces programmes (A). Les
contenus médicaux et psychosociaux des programmes doivent être individualisés (A),
l il est recommandé de réaliser, avant la mise en œuvre d'un programme de réhabilitation, une épreuve
d'effort maximale à charge croissante (A),
l la réhabilitation est efficace quel que soit son lieu de réalisation, en institution, en ambulatoire ou au
domicile du malade (A),
l il n'est pas recommandé de prescrire plus d'un programme médicalisé par an ; la poursuite de
l'entraînement à domicile doit être privilégiée (B).
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VI. Place de la réhabilitation dans la prise en charge thérapeutique du BPCO en état stable
Le réentraînement à l'exercice doit être conseillé aux patients dyspnéïques, avec une limitation
d'activité dont la BPCO est modérément sévère ou sévère. Mais elle n'est efficace, dans le long terme, que
dans la mesure où le patient est résolu à maintenir une activité physique régulière après la période de
réentraînement (Heppner, 2006).
Après une exacerbation, elle doit être envisagée précocement et améliore l'état clinique du malade (Man,
2004).
Elle est contre-indiquée chez les patients ayant des problèmes orthopédiques ou neurologiques gênant la
mobilité ou la participation, chez ceux ayant des co-morbidités mal contrôlées (psychiatrique, cardiaque).
Une simple activité physique régulière peut, déjà, être utile (Garcia-Aymerich, 2006).
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of
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COPD?
A
double-blind,
placebo-controlled,
randomized
trial. Chest 2004;124:1733-42,
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NUTRITION
Les troubles nutritionnels font partie des manifestations systémiques des BPCO. La situation nutritionnelle
est inadéquate chez 25 à 50% des malades atteints de BPCO. 20% sont en situation de réelle dénutrition
2
(IMC < 20 kg/m ) (Budweiser, 2006). Elle est liée, pour une part, au tabagisme en sachant que l'alimentation
du fumeur est, en moyenne, différente de celle du non fumeur. Elle se traduit par une perte de la masse
maigre mais aussi par une perte de la densité minérale osseuse (Bolton, 2004). Elle conduit à une
dégradation fonctionnelle des muscles squelettiques et respiratoires, sans doute multifactorielle
(déséquilibre énergétique, hypoxie tissulaire, corticothérapie) que l'on a aussi rapporté à :
- une apoptose musculaire (Agusti, 2002),
- une inflammation systémique chronique (Eid, 2001).
La dénutrition de ces malades semble liée à l'hyperinflation mesurée par le rapport VR/CPT (Budweiser,
2006).
Elle a plusieurs modes explicatifs chez les malades : anorexie, symptômes dyspeptiques, diarrhée, crainte
de perdre du poids, régime amaigrissant, dyspnée, dépression, anxiété, solitude (Gronberg, 2005).
On doit toujours l'envisager :
l du fait de :
- forte prévalence et association à la morbidité (fréquence des exacerbations ; Hallin, 2006) et à la
mortalité (Prescott, 2002 ; Chailleux, 2003 ; Mari, 2006),
- forte demande calorique pendant les exercices, en particulier lors de la réhabilitation respiratoire,
l et devant :
2
- IMC < 21 kg/m ,
- amaigrissement involontaire de plus de 10 kg pendant les 6 derniers mois, ou plus de 5 % dans le
mois précédent,
- diminution de la masse maigre (masse cellulaire : organes, muscles, os ; eau).
Prise en charge :
Les supplémentations nutritionnelles n'ont pas, aujourd'hui, globalement fait la preuve de leur efficacité
(Ferreira, 2005). Cependant, chez certains patients, la supplémentation en hydrates de carbone semble
améliorer les résultats de la réhabilitation respiratoire (Steiner, 2003). L'excès de production de CO2 par un
excès d'absorption d'hydrates de carbone n'est pas un problème.
Les tentatives de traitement pharmacologique sont restés, jusqu'ici, globalement infructueuses (Berry, 2004)
même si quelques résultats ont été obtenus avec des stéroïdes anabolisants (Schols, 1995 ; Yeh, 2002 ;
Creutzberg, 2003 et 2004), la testostérone chez l'homme, l'hormone de croissance, le megesterol
(progestatif) (Weisberg, 2002) et la ghréline (peptide stimulant la production d'hormone de croissance)
(Nagaya, 2005).
Mais il faut noter que certains traitements de l'insuffisance respiratoire (VNI : Budweiser, 2006 ; chirurgie de
réduction de volume dans l'emphysème : Mineo, 2006) s'accompagnent d'une nette amélioration de l'état
nutritionnel des patients.
Réf :
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Pour en savoir plus sur la BPCO, consultez le dossier
"en savoir plus" disponible sur Respir.com
http://www.respir.com/Membres/Base/BPCO_ESP.asp
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