Voir Tourisme et mondialisation - Cluster Tourisme Paris Val d`Europe
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Les Jeudis du Cluster Conférence de décembre 2013 Tourisme et mondialisation Introduction de Nathalie Fabry a mondialisation est l’accélération du développement de l’activité économique à l’échelle internationale. Tout est dans le mot accélération. Elle a débuté dans les années 1980 et doit être comprise au sens de rupture de rythme, d’échelle et d’envergure. Désormais tout circule : les biens, capitaux, services, entreprises, travailleurs, idées. Tout circule plus ou moins simultanément, plus ou moins virtuellement puisque la dématérialisation est désormais un standard ainsi que son corolaire : l’immédiateté. L Comment en sommes-nous arrivés là ? Grâce à quelques éléments facilitateurs : les déréglementations, les ruptures politiques et les mouvements de régionalisation et, bien sûr, les progrès technologiques. Ces progrès se sont manifestés dans les transports, et dans la généralisation des Technologies de l‘information et de la Communication. En fait le tourisme est le produit de la mondialisation : c’est la mondialisation du tourisme. Le tourisme est aussi producteur de mondialisation : c’est le tourisme dans la mondialisation. La mondialisation du tourisme marque probablement ce que l’équipe du MIT (mobilités, itinéraires et territoires) de Paris 7 qualifie « d’achèvement de la conquête touristique du monde ». Elle nous amène à considérer deux choses : 1 / 2 D’abord la mondialisation des voyages. Les statistiques internationales sur le tourisme nous prédisent 1.6 milliard de touristes internationaux en 2020. Il y en avait 25 millions en 1950. Le tourisme est donc mondialisé parce que les mobilités permettent de fréquenter le monde sans rencontrer beaucoup d’entraves. La mise en tourisme du monde n’est cependant pas universelle. Les arrivées de touristes se font majoritairement au sein des pays développés. On observe toutefois l’émergence de l’Asie et l’importance du tourisme intra-asiatique ce qui amène à faire un lien incontournable entre le niveau de développement économique d’un pays et la capacité à voyager de ses résidents. A cette mondialisation des voyages, il faut ajouter la mondialisation du secteur touristique. Pour nombre d’entreprises dans les transports, l’hôtellerie, le tour operating – pour ne citer qu’eux – la mondialisation permet de repousser les limites des marchés, d’adopter des stratégies de rationalisation ou de mise en valeur de ressources rares. C’est aussi la possibilité de changer de modèle économique : low cost, désintermédiation. LES JEUDIS DU CLUSTER La mondialisation offre une relecture des distances et des hiérarchies régionales. Les distances géographiques sont de moins en moins importantes tandis que les distances culturelles, économiques, organisationnelles et technologiques le deviennent. La dématérialisation pose la concurrence non plus exclusivement sur les produits mais de plus en plus sur l’immatériel et sur les expériences particulièrement dans le tourisme. Les Jeudis du Cluster Conférence de décembre 2013 Venons-en maintenant au tourisme dans la mondialisation. Le tourisme en tant que phénomène social produit et diffuse des normes, des valeurs, des lieux, des imaginaires. Il s’agit alors de questionner les pratiques des touristes, leurs attentes, leurs stratégies. Il s’agit surtout de comprendre comment les lieux se positionnent dans la dynamique mondiale et qu’elle place ils entendent occuper. Comment ils peuvent ou ils veulent se connecter au monde et s’intégrer au monde. C’est dans ce contexte précis que l’enjeu de l’attractivité se pose en particulier pour nos destinations qui doivent affronter non seulement la concurrence des lieux existants mais aussi celle des lieux nouvellement mis en tourisme. Le maintien en tourisme des lieux devient un vrai challenge. Ce maintien passe par la production de modèles touristiques innovants. Il passe nécessairement par un renouvellement de l’accueil touristique basé sur l’expérience, le partage et l’émotion. Il passe enfin par une mise en valeur raisonnée des actifs territoriaux. Nous avons beaucoup à apprendre de la mondialisation en termes de gouvernance et de valorisation des lieux pour transformer, comme le préconise André Suarès, « Un beau voyage » en « œuvre d’art ». Puisqu’il me faut faire bref, citons trois éléments témoins de cette complexification ambiante : Coté pratiques touristiques : jusqu’à l’arrivée des touristes asiatiques (japonais d’abord, chinois ensuite), les pratiques touristiques étaient relativement bien appréhendées : du repos, de la découverte, des jeux, de la sociabilité. Les asiatiques ont ajouté leur emprunte : le shopping et le refus du bronzage. Dans un monde hyper-connecté, le touriste n’a pas besoin de voyager pour connaitre et voir. Il a besoin de voyager pour vivre et expérimenter. La qualité de l’accueil devient alors fondamentale dans l’offre touristique. Enfin, notre époque voit un chevauchement grandissant entre le « voyageur » dont l’objectif est la route et l’itinérance dans la lignée de Stevenson et le « touriste » dont l’objectif - par facilité ou par conformisme social - est la destination donc la résidence. On l’aura compris, dans la mondialisation, le modèle touristique change. Il s’agit de se différencier par le haut et par le sens en sachant que c’est la demande qui fait la loi et non la loi qui fait l’accueil. Je ne suis pas certaine qu’avec une fermeture des magasins à 22 heures et l’interdiction du travail le dimanche nous ayons bien compris ce que signifie être attractif à l’heure de la mondialisation ! 2 / 2 LES JEUDIS DU CLUSTER