LES DATES-CLÉS POUR COMPRENDRE
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LES DATES-CLÉS POUR COMPRENDRE
Mod4 12/01/11 14:48 Page 1 © Archives ECPAD / Defives Guy 4 L’après-guerre et la difficile conquête des droits Soldats marocains débarquant au Tonkin, [Vietnam], photographie, 1951. © Deuxième Territoire / DR La guerre s’achève en Europe, les “ troupes indigènes ” sont de nouveau appelées pour réprimer les soulèvements de Sétif en Algérie en 1945 puis de Madagascar en 1947. Plus de 60 000 hommes recrutés à travers l’AOF et l’AEF participent à la guerre que mène la France en Indochine contre le mouvement nationaliste vietminh. Les soldats marocains vont également être engagés lors de ce conflit, notamment lors des batailles de la RC4, en 1950, et de Dien Bien Phu en 1954. En marche vers leur propre indépendance, acquise en 1956, refusant de s’engager contre leurs “ frères ”, peu de militaires marocains participeront à la guerre d’Algérie ■ Les Goumiers marocains en Indochine (opération Nice), photographie du Service de Presse et d’Information, 1953. LES DATES-CLÉS POUR COMPRENDRE 1945 1950 1954 1954 : Début de l’engagement en Indochine (jusqu’en 1954). : Bataille de la RC4 en Indochine (engagement de soldats marocains). : Bataille de Dien Bien Phu en Indochine (engagement de soldats marocains). : Début de la Guerre d’Algérie. 16 Mod4 12/01/11 14:48 Page 2 © Tessalit Productions, photo Roger Arpajou / DR © Coll. part. / DR “ On a été un formidable prétexte pour mettre ce sujet sur la table. Maintenant, il faut que la loi soit appliquée. ” Jamel Debbouze, Europe 1, mai 2009 Tabor, couverture de livre, édition France-Empire, 1954. Indigènes, affiche du film Indigènes de Rachid Bouchareb, 2006. Entre 1954 (Indochine) et 1960 (Afrique sub-saharienne), les indépendances amènent l’État français à progressivement geler (loi de cristallisation) les pensions des tirailleurs de son ex-empire colonial ou à transformer en “ pécule ” fixe (comme dans l’exIndochine) les dites pensions et retraites futures ■ © Loïc Le Loët / DR De l’histoire à la mémoire Douze portraits de Chibanis, photographie de Loïc Le Loët, 2001. LES DATES-CLÉS POUR COMPRENDRE 1954-1962 : Guerre d’Algérie. 1954-1955 : Premières mesures concernant les pensions en Indochine. 1956 : Indépendance du Maroc et de la Tunisie (mars). 1956 : Dissolution des Goums marocains (juin). 1958 : Les unités de tirailleurs sénégalais sont dissoutes. 1959 : Cristallisation progressive des pensions des anciens combattants. 1964 : Dispersion des tirailleurs de la dernière unité africaine. 1965 : Dissolution du 1er Régiment de tirailleurs marocains (RTM) Depuis une dizaine d’années, de nombreux témoignages révèlent au grand public cette injustice de l’histoire. Le photographe Loïc Le Loët a organisé l’exposition L814 en février 2001 à partir de ses photographies d’anciens combattants réalisées en 1999. La même année, le journaliste Dominique Richard leur consacre plusieurs articles dans Sud-Ouest. En 2003, le réalisateur Neus Viala dresse un portrait sans concession de la situation avec son film D’un pays à l’autre, les anciens combattants marocains. En 2005, le réalisateur Jean-Claude Cheyssial offre un portrait engagé d’un de ces anciens combattants avec Mechti le dernier combat. Enfin, en 2006, c’est le film Indigènes, de Rachid Bouchareb, qui dénonce l’injustice dont sont victimes ces anciens soldats, et qui relance avec vigueur le débat sur la revalorisation des pensions d’invalidité et des retraites des combattants, obligeant le président de la République à s’engager. 14:48 Page 3 “ Vu mon âge (j’ai 90 ans), je n’attends pas grand-chose mais au moins pour le principe il faut se souvenir de l’effort que nous avons fait, nous étions comme des frères, nous avons grandi ensemble. ” Mohamed Mechti, ancien combattant marocain, (1919-2010), engagé en 1942 Mohamed Mechti, © Les Oubliés de la République / DR - illustration Bruno Lamenca 12/01/11 © Loïc Le Loët / DR Mod4 Appel “ Les Oubliés de la République ” photographie de Loïc Le Loët, 2009. “ Il ne s’agit pas seulement de reconnaître ces hommes qui ont servi la France. Il s’agit d’assumer l’histoire et de réparer une injustice qui dure depuis cinquante ans. ” Tribune dans Libération, 5 mai 2009 cosignée par Lilian Thuram, ancien footballeur professionnel ; Stéphane Hessel, ambassadeur de France, corédacteur de la Déclaration universelle des droits de l’Homme ; Alain Rousset, député de la Gironde et président du Conseil régional d’Aquitaine ; Naïma Charaï, conseillère régionale et présidente des “ Oubliés de la République ” ; Pascal Blanchard, historien, chercheur associé au CNRS ; Christelle Jouteau, avocate et membre du collectif Coordination décristallisation. Pour faire vivre leur famille et compléter une pension et une retraite minimes, des anciens combattants marocains commencent à arriver en France dans les années 70 et 80. Ils s’installent notamment à Bordeaux, où se trouvent les archives militaires des unités marocaines et le Tribunal des pensions militaires. Leur combat pour l’égalité est à l’époque peu visible et il faudra attendre 1986 (loi n°86-1025) pour qu’ils puissent bénéficier du titre de séjour de dix ans sur le territoire français. Leurs situations “ juridiques ” les obligent à rester neuf mois à “ minima ” sur le sol français pour recevoir le RMI ou le minimum vieillesse. Devant des situations sociales difficiles, ils sont alors soutenus par des associations telles que le Diaconat, le CAIO1 et l’ATF2, et sont pris en charge par des acteurs institutionnels, tels que le FASILD3, la DDASS, la ville de Bordeaux, le Conseil général de la Gironde, la Direction Départementale de l’Équipement ou encore la Sonacotra4. En 1996, soutenu par les associations d’anciens combattants français, Amadou Diop, ancien sergent-chef sénégalais, porte plainte contre l’État français pour avoir perçu seulement le tiers d’une retraite d’un ancien combattant français. Le Conseil d’État lui donne raison en 2001 (à titre posthume) et juge que la loi de cristallisation a créé une situation de discrimination, sur la base de l’article 14 de la 123456- Convention européenne des droits de l’homme. À partir de 2006, un collectif d’associations, accompagné par le Conseil régional d’Aquitaine, s’engage pour l’égalité de tous. La retraite du combattant et les pensions militaires d’invalidité sont décristallisées, suite à l’émotion suscitée par le film Indigènes. Le collectif obtient, en octobre 2008, le “ jugement Mechti ” auprès du Tribunal administratif de Bordeaux, qui établit l’égalité des pensions entre les anciens combattants originaires des ex-colonies d’Afrique du Nord et ceux nés en France métropolitaine. Dans le même mouvement, en 2008-2009, sous l’égide du RAHMI5 et de la CNHI6, un important travail de collecte de la mémoire orale est initié, permettant de rassembler les “ récits de vie ” de vingt anciens combattants présents depuis de longues années en Aquitaine. Après une décision du Conseil constitutionnel en mai 2010, les anciens militaires des ex-colonies françaises pourront bénéficier désormais des mêmes retraites que leurs homologues français. Selon le secrétariat aux Anciens combattants, 30 000 personnes devraient être concernées par ces mesures de rattrapage à partir de janvier 2011, pour permettre enfin à ces “ oubliés de l’Histoire ” d’obtenir “ un juste retour des choses ” ■ CAIO : Centre d’Accueil d’Information et d’Orientation. ATF : Association des Tunisiens de France, devenue ALIFS : Association du Lien Interculturel Familial et Social (en 2000). FASILD : Fonds d’Action et Soutien pour l’Intégration et la lutte contre la discrimination, devenue l’ACSÉ. Sonacotra : Société nationale de construction de logements pour les travailleurs, aujourd’hui dénommée Adoma. RAHMI : Réseau aquitain sur l’histoire et la mémoire de l’immigration. CNHI : Cité Nationale de l’Histoire de l’Immigration LES DATES-CLÉS POUR COMPRENDRE 1986 : La carte du combattant donne droit à un titre de séjour de dix ans. 1988 : Le titre de « résident » ouvre un ensemble de droits sociaux (RMI, sécurité sociale, retraite classique…). 1992 : Création du Conseil pour la défense des droits des Anciens combattants d’Outre-mer à Paris. 2001 : Loïc Le Loët présente à Bordeaux l’exposition L814 sur les anciens combattants coloniaux. 2002 : Revalorisation des prestations du feu selon un indice du coût de la vie fixé par les Nations unies pour chacun des pays concernés. 2005 : Jean-Claude Cheyssial réalise Mechti le dernier combat. 2006 : Film Indigènes de Rachid Bouchareb. 2006 : Une coordination se crée à Bordeaux, réunissant un ensemble d’acteurs associatifs pour demander l’égalité des droits. 2007 : Loi de finances qui fixe la revalorisation des retraites, des pensions militaires d’invalidité et de réversion des anciens combattants. 2008 : Le Tribunal administratif de Bordeaux établit l’égalité des pensions entre les anciens combattants originaires des ex-colonies d’Afrique du Nord et ceux nés en France (octobre). 2010 : Décision du Conseil constitutionnel de censurer les dispositions législatives qui réservent un sort différent aux anciens combattants français et étrangers (mai). 2010 : Le président de la République annonce l’alignement des pensions de retraite de tous les anciens militaires résidant à l'étranger, quelle que soit leur nationalité (13 juillet). 2010 : La loi de finances pour 2011 crée un droit à décristalisation sur demande des bénéficaires.