inqUiets - Festival International du Film d`Histoire de Pessac

Transcription

inqUiets - Festival International du Film d`Histoire de Pessac
Les États-Unis
inquiets
Ice Storm de Ang Lee (d.r.)
des seventies
Les États-Unis inquiets des seventies
À
bout de course
[Running on Empty]
Sidney Lumet – États-Unis, 1988, 116 mn, coul
Anciens militants opposés à la guerre du Viêt-nam,
Annie et Arthur Pope ont jadis organisés le plasticage
d’une usine de napalm, au cours duquel un gardien a
trouvé la mort. Traqué par le FBI, le couple vit depuis lors
dans la clandestinité. Danny, le fils d’Arthur et d’Annie,
supporte de moins en moins cette existence…
Tourné avec une grande économie de moyens, À bout de course
est une œuvre douce-amère qui interroge un certain présent
(celui de l’Amérique reaganienne de 1988 et de la fin de la Guerre
froide) à l’aune des idéaux – parfois des errements – d’un passé
encore récent : les années 70 et leur activisme militant. Les personnages d’Arthur et Annie Pope sont d’ailleurs librement inspirés
de deux figures historiques de la gauche radicale américaine des
seventies, Bill Ayers et Bernardine Dohrn. Servi par une mise
en scène sans effets et une interprétation au diapason, le film
de Lumet pose plusieurs questions essentielles, en se gardant
de « juger » ou – pis encore – de « catéchiser ». Une génération
peut-elle imposer ses erreurs, en un mot son passif, à celle qui lui
succède ? Le passage du temps ne rend-il pas certains combats
anachroniques sinon dérisoires ? La lutte commune a-t-elle encore
un sens dans un monde où l’individualité – sinon l’individualisme – prime toute autre considération ? À ces interrogations,
le metteur en scène et sa scénariste, Naomi Foner n’ont pas cherché à répondre avec partialité. Pour les auteurs, les seuls vrais
enjeux résident, en l’espèce, dans la nécessité d’entretenir un
« dialogue des générations », en conciliant piété filiale et liberté
individuelle. Ni plus, ni moins.
Sortie française 26 octobre 1988 Distributeur Splendor Films
Format 35 mm – 1.85 : 1 Cies de production Double Play/
Lorimar Film Entertainment Producteurs Griffin Dunne et Amy
Robinson Scénario Naomi Foner Image Gerry Fisher
Son Frank Graziadei, Mark Rathaus et James J. Sabat Montage
Andrew Mondshein Musique originale Tony Mottola
– Avec Christine Lahti (Annie Pope), River Phoenix (Danny
Pope), Judd Hirsch (Arthur Pope), Jonas Abry (Harry Pope),
Martha Plimpton (Lorna Phillips)…
À
cause d’un assassinat
[The Parallax View]
Alan J. Pakula – États-Unis, 1974, 102 mn, coul
Le meurtre non élucidé d’un sénateur libéral en 1971
s’accompagne, au cours des trois années qui suivent,
de la mort de tous les témoins de la scène. Convaincu
que ces disparitions successives cachent un complot
de grande ampleur, Joseph Frady, un journaliste tenace,
remonte jusqu’à une mystérieuse organisation,
la Parallax Corporation…
Inauguré avec brio dans les années 60 par John Frankenheimer,
le « cinéma de la conspiration » a fait florès à Hollywood durant
la décennie suivante. D’ailleurs, le réalisateur Alan J. Pakula déclarait volontiers que son film « reflétait notre sentiment commun
d’un secret pesant sur toutes choses, d’une vérité enfouie profondément sans parvenir à être dévoilée ». Distribué aux États-Unis
deux mois avant l’annonce officielle de la démission du président
Nixon (consécutivement au scandale du Watergate), À cause
d’un assassinat témoigne de la crise de confiance sans précédent
de la société américaine à l’égard de ses institutions gouvernementales, en particulier depuis l’assassinat de JFK. Quand des
officines et autres réseaux d’influence aux méthodes fascistes
entreprennent, de museler les opinions dissidentes et de manipuler la vérité pour mieux légitimer l’histoire « officielle », la démocratie et les libertés individuelles s’en trouvent gravement menacées.
Tel est le propos de cette œuvre angoissante, paranoïaque et d’une
totale noirceur, à l’instar de deux autres chefs-d’œuvre produits à
la même époque : Conversation secrète de Francis Ford Coppola
et le méconnu The Nickel Ride, signé Robert Mulligan.
Sortie française 16 avril 1975 Distributeur Théâtre du Temple
Format 35 mm – 2.35 : 1 Cies de production Doubleday
Productions/Gus/Harbor Productions Producteur Alan J. Pakula
Scénario David Giler et Lorenzo Semple Jr., d’après le roman
de Loren Singer Image Gordon Willis Son Tom Overton
Montage John W. Wheeler Musique originale Michael Small
– Avec Warren Beatty (Joseph Frady), Paula Prentiss
(Lee Carter), William Daniels (Austin Tucker), Walter McGinn
(Jack Younger), Hume Cronyn (Bill Rintels)…
conquête
du pouvoir
les années la
70 conquête
: la
le grand
du
tournant
pouvoir
- films-
101
Les États-Unis inquiets des seventies
Frost/Nixon
,l’heure de vérité
[Frost/Nixon]
Ron Howard – USA/Grande-Bretagne/France, 2008, 122 mn, coul
1977. Afin de relancer sa carrière, le journaliste David
Frost sollicite et obtient l’interview de l’ancien président
Richard Nixon. Récit de la préparation et du déroulement
d’un duel télévisé qui fascina l’Amérique, opposant
deux personnalités qui – chacun dans sa catégorie –
avait tout à perdre ou à gagner…
Le 9 août 1974, Richard Nixon démissionne de ses fonctions de
président des États-Unis, suite aux révélations de deux journalistes du Washington Post, Bob Woodward et Carl Bernstein.
Le terme de sa carrière politique ? Pas tout à fait, même si « Tricky
Dick » (Richard le tricheur) ne reviendra évidemment jamais
aux affaires. Pourtant, Nixon va ajouter une coda à l’incroyable
thriller dont il avait régalé la vie politique américaine depuis
1972. Comme le rappelle Ron Howard, « ce face-à-face télévisé a
profondément changé la nature de l’interview politique au petit
écran. Jusque-là, on avait l’impression d’assister à un procès scénarisé, où l’on connaissait d’avance les questions et les réponses.
Et puis, en 1977, on a vu Nixon, en pleine disgrâce après le scandale du Watergate, se confier devant la caméra et reconnaître ses
erreurs. Ce fut un choc pour moi, comme pour les 45 millions
d’Américains qui assistèrent à cette confession révélant les détails
d’une affaire largement opaque pour le grand public. C’était la
première fois qu’un dirigeant politique apparaissait humain et
vulnérable. » S’appuyant sur une impressionnante documentation, le cinéaste a trouvé en Frank Langella un épatant Nixon,
suave, mais pétri d’incertitudes et de paradoxes.
Sortie française 1er avril 2009 Distributeur StudioCanal
Distribution Format 35 mm – 2.35 : 1 Cies de production
Universal Pictures/Imagine Entertainment/Working Title Films/
StudioCanal/Relativity Media Producteurs Ron Howard,
Tim Bevan, Eric Fellner et Brian Grazer Scénario Peter Morgan,
d’après sa pièce Image Salvatore Totino Son Daniel Pagan,
Tim Webb, Peter J. Devlin et Anthony J. Ciccolini III Montage
Daniel P. Hanley, Mike Hill et Robert Komatsu Musique originale Hans Zimmer – Avec Frank Langella (Richard Nixon),
Michael Sheen (David Frost), Sam Rockwell (James Reston,
Jr.), Kevin Bacon (Jack Brennan), Oliver Platt (Bob Zelnick)…
Les Hommes du
président [All the President’s Men]
Alan J. Pakula – États-Unis, 1976, 128 mn, coul
Récit authentique de l’enquête menée par deux
journalistes du Washington Post, Bob Woodward
et Carl Bernstein, suite au cambriolage de l’immeuble
du “Watergate”, QG de campagne du parti démocrate.
Leur périlleuse investigation les conduit à révéler
l’existence d’un puissant réseau d’influences,
destiné à assurer la réélection du président Nixon…
Le Watergate est venu clore une séquence – la plus dramatique – de
l’histoire américaine, entamée dix ans plus tôt avec l’assassinat du
président Kennedy. Avec une audace incroyable, Robert Redford
s’empare de l’enquête de Woodward et Bernstein et livre avec Alan
J. Pakula un modèle insurpassé d’histoire « à chaud ». Les Hommes
du président sort en effet sur les écrans américains moins de deux
ans après les faits, qu’il condense, mais relate avec un tel luxe de
détails, que le rédacteur en chef du Washington Post, Ben Bradlee,
en restera bouche bée. Dans son goût pour l’abstraction, Pakula
transforme le Post en berceau de lumière qu’il oppose au parking
noyé d’ombre où Woodward vient recueillir les tuyaux de son informateur, le fameux « Gorge profonde ». Le spectateur croule sous
un déluge d’informations, de noms et de numéros qui sont autant
de méandres du labyrinthe formé par l’administration Nixon. Mais
quand bien même le film est l’occasion d’une véritable logorrhée
102
films
-
les années 70
:
le grand tournant
verbale, la mise en scène de Pakula cerne par les seuls moyens du
cinéma un danger intangible, mais constamment présent.
Sortie française 22 septembre 1976 Distributeur Warner Bros.
Format 35 mm – 1.85 : 1 Cies de production Warner Bros.
Pictures/Wildwood Producteur Walter Coblenz Scénario
William Goldman, d’après le récit de Carl Bernstein et
Bob Woodward Image Gordon Willis Son Milton C. Burrow,
James E. Webb, Les Fresholtz, Arthur Piantadosi et
Rick Alexander Montage Robert L. Wolfe Musique originale
David Shire – Avec Dustin Hoffman (Carl Bernstein), Robert
Redford (Bob Woodward), Jack Warden (Harry Rosenfeld), Martin Balsam (Howard Simons), Jason Robards (Ben Bradlee)…
Les États-Unis inquiets des seventies
Ice
Storm
[The Ice Storm]
Ang Lee – États-Unis, 1997, 112 mn, coul
1973, New Canaan, Connecticut. À l’approche
de Thanksgiving, la famille Hood traverse une profonde
crise existentielle. Dépression, mensonge et obsession
de nouvelles expériences sexuelles engendrent
un insondable malaise, alors que s’abat une tempête
de glace sans précédent sur le pays…
Thanksgiving, la fête familiale américaine par excellence, était
sans doute la meilleure occasion de questionner l’état et le statut
de la famille, en ces seventies empreintes de permissivité et de
libération sexuelle. S’emparant d’un roman de Rick Moody qui
n’est pas sans évoquer la trilogie consacrée par John Updike à son
héros tragi-comique Rabbitt Angstrom (en particulier le second
volume, Rabbitt rattrapé, publié en 1971), Ang Lee dessine une
étude de mœurs qui ne laisse intact aucun de ses personnages. Parents comme enfants – deux générations frappées de plein fouet
par la dérégulation généralisée de cette communauté bourgeoise
du Connecticut –, tous sont à des degrés divers frustrés et insatisfaits. Tous sont surpris dans des situations embarrassantes qui
font écho à un mal-être infiniment intime et personnel. Tous sont
drossés par le récit vers un climax (la soirée échangiste) qui fera
office de révélateur. Rick Moody et Ang Lee lestent par ailleurs leur
récit d’un symbolisme aux résonances plus vastes, qu’il s’agisse
de la bourgade aux accents bibliques de New Canaan ou de la violente tempête qui donne son titre au film. Là, inscrite dans le
tourbillon des éléments et d’une ivresse des sens plus mécanique
que véritablement assumée, se fait jour une amère vérité.
Sortie française 11 mars 1998 Distributeur Tamasa Format
35 mm – 1.85 : 1 Cies de production Fox Searchlight Pictures/
Good Machine/Canal+ Droits Audiovisuels Producteurs Ang
Lee/James Schamus/Ted Hope Scénario James Schamus,
d’après le roman de Rick Moody Image Frederick Elmes
Son Eugene Gearty, Ghretta Hynd, Drew Kunin et Philip Stockton
Montage Tim Squyres Musique originale Mychael Danna
– Avec Kevin Kline (Ben Hood), Joan Allen (Elena Hood),
Sigourney Weaver (Janey Carver) Henry Czerny (George Clair),
Tobey Maguire (Paul Hood)…
Taking off
Milos Forman – États-Unis, 1971, 93 mn, coul
Lynn et Larry Tyne, parents dépassés d’une adolescente
fugueuse de quinze ans et demi, s’initient à la marijuana
et au sexe débridé pour tenter de combler le fossé
des générations, dans l’Amérique de la contestation…
Exilé aux États-Unis, Milos Forman s’est totalement immergé
dans la culture populaire américaine, au point d’en faire l’un
des pans essentiels de son travail. Hair, Larry Flint ou Man on
the Moon sont redevables de ce processus d’appropriation qui
débute avec Taking Off, le premier film américain de Forman,
dont la genèse à rebondissements témoigne du foisonnement de
l’époque et de la difficulté pour le cinéaste de fixer son attention
sur un projet aux contours précis. Au gré de pérégrinations qui
le conduisent en quelque smois de New York à Prague en passant
par Paris, Forman est témoin de l’apogée du mouvement hippie,
des événements de Mai-68 et du Printemps de Prague – rien de
moins ! Très vite, le cinéaste et son scénariste Jean-Claude Carrière
rentrent à New York pour réorienter leur projet, initialement
focalisé sur les hippies, sur leurs parents et une improbable (mais
très divertissante) association de parents d’enfants fugueurs (Runaway kids). Très consciemment, Carrière et Forman font œuvre
d’anthropologues et investissent avec humour (mais sans l’ironie
décapante d’Au feu les pompiers) une société un peu déboussolée, flottant au gré de repères incertains, désemparée devant le
champ des possibles qui s’offre à elle.
Sortie française 14 mai 1971 Distributeur Carlotta Films
Format 35 mm – 1.85 : 1 Cies de production Crown-Hausman/
Forman Production/Renn Productions Producteurs
Alfred W. Crown et Michael Hausman Scénario Milos Forman,
John Guare, Jean-Claude Carrière et John Klein Image
Miroslav Ondrícek Son David Blumgart et Sanford Rackow
Montage John Carter – Avec Lynn Carlin (Lynn Tyne),
Buck Henry (Larry Tyne), Georgia Engel (Margot), Tony Harvey
(Tony), Audra Lindley (Ann Lockston)…
conquête
du pouvoir
les années la
70 conquête
: la
le grand
du
tournant
pouvoir
- films-
103
Les États-Unis inquiets des seventies
Taxi Driver
Martin Scorsese – États-Unis, 1976, 113 mn, coul
Vétéran du Viêt-nam, Travis Bickle travaille de nuit
comme chauffeur de taxi à New York. Psychotique et
solitaire,
il passe son temps libre à errer – sans but – dans les rues
malfamées de la Grosse Pomme. Horrifié par la décadence
morale qui l’entoure, Bickle ne tarde pas à sombrer
dans la violence radicale et suicidaire…
Ce sont les échos flatteurs rencontrés par Mean Streets et sa
capacité à diriger une comédienne « confirmée » (Ellen Burstyn,
tout juste rescapée de L’Exorciste) dans Alice n’est plus ici, qui
vaudront à Martin Scorsese de diriger Taxi Driver, cette œuvre
si personnelle donnant le signal d’un fructueux compagnonnage
unissant le cinéaste à Robert DeNiro et Paul Schrader. Le film
est au cœur des enjeux thématiques et formels de la décennie,
qu’il condense en une fascinante synthèse livrée dès les premières
images : d’un côté l’hyper-réalisme urbain, âpre et propice aux
accès de violence dont Scorsese va s’avérer coutumier ; de l’autre
la stylisation, le goût du romanesque qui investit les fumées, les
rouges qui tapissent les traits de Travis comme les traînées de
couleur qui maculent son pare-brise. La musique de Bernard
Hermann, aussi (son ultime partition), qui convoque l’écho d’un
monde disparu et lourd de nostalgie, déployant ses fastes dans une
éphémère et envoûtante bouffée de saxophone. Par sa voix-off
écrite au cordeau et une dialectique de la souillure et du péché
inscrite dans la chair – schizophrénique – du personnage, Scorsese
nous rapproche de la fêlure d’un individu qui se révèle tant prêcheur qu’assassin. Un zélote des temps modernes, pour ainsi dire.
Sortie française 2 juin 1976 Distributeur Park Circus
Format Blu-ray – 1.85 : 1 Cies de production Columbia Pictures
Corporation/Bill-Phillips/Italo-Judeo Productions Producteurs
Julia Phillips, Michael Phillips et Phillip M. Goldfarb Scénario
Paul Schrader Image Michael Chapman Son Frank E. Warner
Montage Tom Rolf, Melvin Shapiro et Marcia Lucas
Musique originale Bernard Herrmann – Avec Robert De Niro
(Travis Bickle), Cybill Shepherd (Betsy), Jodie Foster (Iris),
Peter Boyle (Wizard), Harvey Keitel (Sport)…
Les Trois Jours
du Condor [Three Days of the Condor]
Sydney Pollack – États-Unis, 1975, 116 mn, coul
Travaillant pour une unité spéciale de la CIA chargée
de dépouiller l’ensemble des publications internationales
afin d’y détecter d’éventuelles “fuites”, Joseph Turner
échappe de peu à un attentat, au cours duquel tous
ses collègues sont éliminés. Esseulé, Turner découvre
bientôt l’existence d’un réseau clandestin au sein de
l’Agence…
Pollack a bien trompé son monde avec ces Trois Jours du Condor
très éloignés de son registre habituel, lui qui venait de donner
aux années 70 leur épitomé romantique avec Nos plus belles
années. Condor est l’un des fleurons de la veine paranoïaque qui
sous-tend le cinéma américain des seventies et préfigure le Marathon
Man de John Schlesinger. Dans les deux cas, un individu solitaire
(une solitude subie), cerné de tueurs et d’organisations aux motivations opaques, dans un environnement urbain lui-même dur et
indifférent. Chez Pollack, le mystère – la raison d’être de la traque
dont Condor est la cible – prend sa source dans une activité tout
aussi labyrinthique et mystérieuse : le décryptage d’ouvrages de
toute nationalité et en toutes langues, dans lesquels Condor piste
d’éventuels messages codés. De fait, le film est imprégné du culte
du secret et des coups tordus associés à l’administration Nixon.
Les protagonistes du film n’ont pas complètement étouffés en eux
104
films
-
les années 70
:
le grand tournant
cette part romanesque si chère à Pollack et si constitutive de sa vision
du monde. Mais ici, plus que partout ailleurs dans son œuvre, ils
cultivent une âpreté à la hauteur d’un univers sans pitié.
Sortie française 21 novembre 1975 Distributeur Tamasa Format
35 mm – 2.35 : 1 Cies de production Dino De Laurentiis
Company/Paramount Pictures/Tom Ward Enterprises/Wildwood
Entreprises Producteur Stanley Schneider Scénario Lorenzo
Semple Jr., David Rayfiel, d’après le roman de James Grady
Image Owen Roizman Son Dennis Maitland et Josef von
Stroheim Montage Don Guidice Musique originale Dave Grusin
– Avec Robert Redford (Joseph Turner, le « Condor »),
Faye Dunaway (Kathy Hale), Cliff Robertson (Higgins),
Max von Sydow (Joubert), John Houseman (Wabash)…
Les États-Unis inquiets des seventies
Les
Visiteurs
[The Visitors]
Elia Kazan – États-Unis, 1972, 88 mn, coul
Connecticut, début des années 70. Un matin d’hiver,
Mike et Tony – deux anciens soldats ayant purgé
une peine d’emprisonnement pour le viol et le meurtre
d’une jeune Vietnamienne – rendent visite à leur ancien
camarade de section, qui les avait dénoncés…
Avant-dernier long métrage d’Elia Kazan, Les Visiteurs est une
œuvre aussi intense qu’admirable, sur la forme comme sur le
fond. Sur la forme, parce que le cinéaste (alors échaudé par l’échec
de L’Arrangement [1969], adapté d’un de ses romans) choisit de
tourner en marge des studios (donc sans vedette, ni contrainte
syndicale), en 16 mm et en décors naturels : le tout pour un budget
inférieur à 200 000 dollars. Sur le fond, car ce film totalement
indépendant (écrit par le propre fils de Kazan) est aussi le premier
à évoquer frontalement, sinon cliniquement, la manière dont
la guerre du Viêt-nam (toujours en cours au moment du tournage) a fait souche au sein de la société américaine, en brisant des
familles entières, en sapant les fondements moraux de la nation
et en imprégnant d’un insondable sentiment d’amertume et de
culpabilité la conscience collective de tout un peuple. L’image résolument inconfortable et anti-manichéenne de cette Amérique
déboussolée, divisée (entre parents et enfants, pacifistes et vétérans, simples soldats et « bêtes de guerre ») et durablement traumatisée, public et critique n’étaient pas encore prêts à l’accepter,
à l’intérioriser. En un mot, à la digérer. D’où la déroute commerciale inévitable d’un film pourtant incontournable.
Sortie française 17 mai 1972 Distributeur Carlotta Films
Format 35 mm Cie de production Home Free
Producteurs Chris Kazan et Nicholas T. Proferes Scénario
Chris Kazan Image Nicholas T. Proferes Son Dale Whitman,
Nina Schulman et Dick Vorisek Montage Nicholas T. Proferes
Musique Jean-Sébastien Bach (Suite n°1 pour luth)
– Avec Patrick McVey (Harry Wayne), Patricia Joyce
(Martha Wayne), James Woods (Bill Schmidt), Steve Railsback
(Mike Nickerson), Chico Martínez (Tony Rodrigues)…
conquête
du pouvoir
les années la
70 conquête
: la
le grand
du
tournant
pouvoir
- films-
105

Documents pareils