La mort est rouge passion - E

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La mort est rouge passion - E
La mort est rouge passion …
A Bleach Fanfiction
Juin 2011
Kim Bok-Sil
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NOTES DE L’AUTEUR NECESSAIRES (ou pas) A LA LECTURE
Disclaimer : les personnages sont la propriété de Tite Kubo, auteur du manga « Bleach »
OOC – AU – Drame – Tragédie (Out Of Character, Alternative Universe) au moins, le ton est donné …
Je vais éviter les appellations typiquement japonaises du style « -kun », « -san », « -chan », « -sama »,
« -sensei » etc. au maximum pour rendre la lecture plus simple.
De la même façon, c’est encore une histoire que j’aurais pu écrire avec mes propres personnages,
sans reprendre ceux de quelqu’un d’autre, mais c’est toujours la même histoire, je suis trop
flemmarde (ou trop pressée d’écrire cette déprimante histoire xD ou les deux … au choix) pour les
créer ! Parce que ça implique de créer un physique, un caractère etc. J’ai déjà assez de mal avec leurs
histoires personnelles et leurs professions, alors de là à en plus imaginer un physique à chacun des
personnages … Parce que oui, comme d’habitude, il y en a une multitude ! Accrochez-vous !
Comme toujours, j’ai quand même fait quelques recherches sur les choses que j’avance, mais niveau
droit, j’y connais strictement rien, donc j’ai fait un peu comme je le sentais ! xD désolée si vous vous
y connaissez et que vous vous rendez compte que je raconte vraiment n’importe quoi ! mdr
Bon allez, équipez-vous de mouchoirs et c’est parti pour la lecture ! (si vous arrivez jusqu’au bout
bien sûr …)
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La jeune femme paraissait minuscule du fait de sa petite taille. Ses cheveux aussi sombres qu’une
pierre noire1 dépassaient de son béret et étaient plaqués sur son visage par le vent glacial de ce mois
de février, cachant en partie ses yeux bleus foncés.
Elle était frigorifiée, mais rien ne pouvait entacher sa bonne humeur en ce jour. C’est avec un sourire
s’étendant d’une oreille à l’autre qu’elle pénétra dans le bâtiment de la police.
_ Oh ! Rukia ! s’exclama gaiment l’agent qui était à la réception en la voyant entrer.
_ Bonjour Rangiku ! répondit-elle à la rousse. Comment vas-tu ?
_ Super bien ! J’ai eu un rencard d’enfer hier soir avec Gin !
_ Gin ?
_ Mais oui, tu sais bien, Gin Ichimaru, l’avocat principal du cabinet Ichimaru et associés !
_ J’avais justement peur que ce soit lui …
_ Pourquoi donc ?
_ Parce que je ne veux rien savoir de la vie personnelle de mon nouveau patron !
Rangiku la regarda surprise avant de comprendre.
_ Oh mon Dieu ! Rukia !! C’est pas vrai ? s’écria-t-elle avant de sortir de derrière son comptoir pour
venir la serrer dans ses bras. Félicitations !! Ton frère est au courant ?
_ Pas encore, je viens juste de l’apprendre ! Je suis venue ici directement pour le lui annoncer !
_ Ho ho ho !! Attends, je t’accompagne ! Hey ! Ritsu ! appela-t-elle en prenant Rukia par les épaules.
Un jeune homme en tenue qui passait par là se retourna.
_ Quoi ?
_ Remplace-moi une seconde tu veux ? Je dois aller voir l’inspecteur Kuchiki !
Il soupira et passa derrière le comptoir en regardant s’éloigner Rangiku et Rukia.
Décidément, il ne pouvait rien refuser à Matsumoto.
_ Kuchiki-sama ? dit Rangiku d’une voix mielleuse en entrant dans le bureau de la section criminelle.
_ Quoi ? répondit le-dit inspecteur, un homme aux longs cheveux aussi noirs que ceux de sa sœur,
sans lever les yeux du dossier dans lequel il était plongé. Je ne veux toujours rien savoir de ta soirée
Rangiku !
_ Et si ça concerne ta sœur ?
_ Qu’est-ce que Rukia a à voir là ded … commença-t-il en levant ses yeux gris vers la subordonnée.
Rukia ? Qu’est-ce que tu fais ici ? Un problème ?
Rukia ne venait pas souvent lui rendre visite à la brigade, ne souhaitant pas le déranger dans son
travail.
_ Non, répondit elle en dansant d’un pied sur l’autre d’excitation. J’ai juste une nouvelle à t’annoncer,
je ne voulais pas attendre et je voulais te le dire en personne !
_ Et bien ? Qu’est-ce-que c’est ? demanda son frère curieux.
_ J’ai obtenu définitivement mon diplôme, le cabinet a signé et en plus, ils me gardent ! Je suis la
nouvelle avocate d’Ichimaru et associés ! s’écria-t-elle laissant exploser sa joie.
1
Le terme de pierre noire peut avoir plusieurs sens. Je l’entends ici comme l’outil de dessin, un crayon ou une craie,
constitué d’ampélite (mélange naturel de carbone et d’argile) qui donne un noir sombre et mat. Ce terme de pierre noire
peut aussi correspondre par exemple à une pierre enchâssée dans la Kaaba de la mosquée de la Mecque. Source :
http://fr.wikipedia.org
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Le jeune homme mit quelques secondes avant de réagir. Sa petite sœur avait fait des études de droit
et elle avait choisi de devenir avocate. Après avoir fait la formation d’un an dans un centre spécialisé,
il fallait qu’elle effectue un stage dans un cabinet qui devait lui accorder son diplôme définitivement.
_ Tu as réussi … souffla-t-il. Tu as réussi ! répéta-t-il plus fort se levant tellement vite qu’il en fit
tomber son siège, attirant par la même occasion plusieurs de ses collègues dans son bureau.
_ Qu’est ce qu’il t’arrive Byakuya ? demanda un jeune homme à la chevelure orange. T’en fais un
bruit !
Il s’arrêta dans le cadre de la porte pour observer la scène. A côté de lui se trouvait Rangiku
Matsumoto qui souriait de toutes ses dents et au centre de la pièce, son co-équipier qui serrait sa
petite sœur dans ses bras à l’en étouffer.
_ Ah ! Kurosaki ! dit Byakuya en desserrant l’étreinte autour de sa sœur. Rukia a une excellente
nouvelle !
_ Ah ouais ? C’est quoi ? On a trouvé une pilule pour faire grandir ? répondit Kurosaki en riant.
_ Tu ne pourras pas me mettre en colère aujourd’hui Ichigo ! répondit Rukia habituée aux taquineries
du jeune homme sur sa petite taille.
_ Ah bon ? Et qu’est-ce qui te met de si bonne humeur ? demanda-t-il curieux.
_ J’ai obtenu mon diplôme aujourd’hui ! Et en plus, le cabinet m’a engagée !
_ Oh ! Félicitations ! s’exclama Ichigo en lui souriant. Il va falloir aller fêter ça !
_ Fêter quoi ? demanda un homme brun qui passait avec une pile de dossiers dans les mains.
_ Rukia est devenue officiellement avocate aujourd’hui ! lui répondit Rangiku.
_ Félicitations !
_ Merci Kaien, répondit Rukia.
_ Décidément, dans la famille Kuchiki, c’est génétique la réussite ! commenta Kaien. Bon alors, on va
fêter ça où ?
_ Pourquoi pas chez Byakuya ? proposa Rangiku.
Byakuya n’aimait pas vraiment qu’on le dérange chez lui et il émit un grognement.
_ Oh allez fais pas ta mauvaise tête ! C’est bien assez grand pour nous tous et puis, c’est la réussite
de ta sœur qu’on fête, tu peux bien faire un p’tit effort !
Il réfléchit un instant, sourit à sa sœur et lui tendit ses clés :
_ C’est pas une si mauvaise idée … Tiens, vas donc préparer ce que tu veux pour fêter ça dignement !
On te rejoindra après le service.
_ Tu veux pas me prêter ta carte de crédit aussi ? demanda Rukia.
_ Hey ! Dis-donc, t’as une bonne paye toi aussi maintenant ! répondit-il en riant. Allons file !
Elle salua tout le monde et partit d’un pas sautillant.
_ Tu dois être sacrément fier ! lui lança Ichigo après le départ de Rukia.
_ Et pas qu’un peu ! Elle a à peine vingt-cinq ans et elle est déjà avocate dans un cabinet ultra
renommé !
Ichigo, Kaien et Rangiku échangèrent un regard moqueur en voyant le grand inspecteur Byakuya
Kuchiki sourire aux anges. Quand il s’en aperçut, il se reprit, se racla la gorge et de son expression
habituelle aboya :
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_ Bon allez ça suffit les conneries maintenant, remettez-vous tous au boulot ! Et si tout ce que je vous
ai demandé n’est pas terminé ce soir, je vous oblige à rester pour terminer !
Byakuya n’était pas leur supérieur, mais puisque le commissaire Ukitake était en vacances, et que
c’était lui qui était considéré comme son second, il avait été désigné pour le remplacer pendant ce
laps de temps et en profitait pour martyriser un peu ses collègues, il fallait bien l’avouer.
Les autres filèrent donc sans demander leur reste, sachant qu’il était parfaitement sérieux.
Rukia se dirigea d’un pas allègre jusqu’à l’appartement de son meilleur ami depuis toujours : Renji
Abarai. Un jeune homme de deux ans son aîné, aux longs cheveux rouges et aux tatouages multiples.
_ J’te réveille ? demanda-t-elle alors qu’il lui ouvrait la porte.
_ Mouais, grogna-t-il.
_ Renji … Il est dix-sept heures passées !
_ J’y peux rien, j’ai passé la nuit complète sur un projet pour la banque centrale, répondit son ami.
Renji était un informaticien de talent. Il travaillait pour une entreprise de sécurité informatique et
était l’un des meilleurs éléments. Rukia savait qu’il était si doué qu’il aurait pu postuler pour
travailler avec les services secrets ou la NASA, mais Renji appréciait sa vie tranquille et ne voulait en
changer pour rien au monde.
_ Bon et toi, dis-moi ce qui t’a poussée à venir me réveiller en personne ? demanda-t-il en servant
deux tasses de café et en tirant les rideaux du salon qui laissèrent entrer la lumière dans
l’appartement au décor spartiate.
_ Tu as devant toi la nouvelle avocate d’Ichimaru et associés, dit Rukia d’un air faussement détaché.
_ Ah ouais, cool, répondit Renji en revenant vers elle.
Elle attendit un moment, un sourire se dessinant sur ses lèvres.
Renji s’installa dans son fauteuil avant de s’en relever d’un bond.
_ Quoi ? Tu es avocate ? Depuis quand ? Enfin depuis aujourd’hui oui c’est évident … Et tu as déjà un
emploi ? Tu l’as dit à Byakuya ? Bien évidemment que tu l’as dit à ton frère et … Mais … Mais … Mais
… FELICITATIONS ! hurla-t-il en la prenant dans ses bras.
Elle rit. Renji avait toujours été un peu long à la détente. En particulier au réveil.
_ Je suis si fier de toi !
_ Merci, répondit Rukia réellement touchée.
Il la serra de nouveau contre lui en la félicitant un demi-million de fois. Une fois que l’euphorie
retomba un peu, Rukia reprit :
_ Byakuya m’a filé les clés de son appart, on va fêter ça chez lui avec les autres. J’espère que t’as pas
de boulot ce soir ?
_ Oh que non ! Et puis même si ça avait été le cas, je l’aurais remis à plus tard, il faut fêter ta réussite !
_ Alors tu viens faire des courses avec moi et tout installer ?
_ Bien sûr princesse, laisse-moi juste le temps de me doucher et de m’habiller et c’est parti !
Il se leva et se dirigea vers la salle de bain. Il s’arrêta sur le pas de la porte, se retourna, la fixa
quelques instants et lui dit en souriant :
_ Qui aurait cru qu’on en arriverait là quand on nous voyait à l’orphelinat ?
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Elle lui sourit en guise de réponse et il entra prendre sa douche.
Il y a quelques années, alors que Rukia n’avait que trois ans, il y eut un terrible tremblement de terre
qui fit de très nombreuses victimes. Il a d’ailleurs été considéré comme la catastrophe naturelle
ayant provoqué le plus de morts du siècle. Rukia avait été retrouvée miraculeusement indemne dans
les décombres d’un immeuble. Rien sur elle n’indiquait son identité et personne ne la rechercha. Elle
fut alors placée dans un orphelinat où elle grandit aux côtés de Renji, qui lui y était depuis sa
naissance. Ils étaient comme frère et sœur là bas, prenant soin l’un de l’autre, s’épaulant dans les
moments difficiles, partageant leur joie dans les moments heureux et les différents évènements qui
eurent lieu entre temps ne changèrent jamais cette relation.
Il était vingt-heures trente-sept quand Byakuya et ses collègues – et accessoirement amis de Rukia –
entrèrent. L’appartement de Byakuya était composé d’une chambre, d’un immense salon avec une
cuisine ouverte et d’une grande terrasse. Rukia et Renji avaient préparé à manger et à boire et les
attendaient devant la télévision.
_ Oh non non non, ça ne va pas ça, Rukia-chan ! s’exclama une jeune femme au teint mat et aux yeux
de chat.
_ Qu’est-ce qui ne te plaît pas Yoruichi ? demanda concernée perplexe devant l’air mutin de son
interlocutrice.
_ Tu as oublié ça ! répondit un homme en brandissant une masse informe ressemblant à un bout de
tissu plié.
_ Prêt Kisuke ? demanda Yoruichi en se saisissant d’un bout du tissu.
_ Prêt collègue ! répondit Kisuke en tenant un autre morceau.
Ils déplièrent la masse informe qui se révéla être une banderole sur laquelle le directeur du
laboratoire de la police scientifique et l’experte en sang avaient tracé les caractères : Félicitations
Rukia-chan !
Emue, la jeune femme les remercia pendant que Renji et Ichigo s’occupaient de l’accrocher dans le
salon. La fête battait son plein quand Shuuhei Hisagi, le co-équipier de Kaien dont le visage était
barré d’une cicatrice formée de trois griffes verticales au niveau de l’œil droit, demanda le silence
pour faire un discours. Comme tous les autres, il avait déjà un certain taux d’alcoolémie dans le sang,
mais il tenta de rester cohérent.
_ Votre attention s’i-vous-plait ! J’voudrai qu’on félicite tous notr’ p’tite Rukia pour sa super réussite
même si on se doutait tous de toute façon qu’elle réussirait à réussir pa’ce que dans leur famille là
des Kuchiki apparemment c’est normal ! Après le frère qui d’vient inspecteur après une promotion
après une arrestation de fou après seulement deux ans de service actif en simple officier et
maintenant bientôt presque pressenti pour devenir commissaire, on a la sœur qui vient à peine
d’avoir son bac, sa licence, son master et qui est diplômée avec un an d’avance pour d’venir acovate !
Euh excusez-moi avocate ! Alors fécilitations ! Merde, félicitations !!
Bon, pour la cohérence, on repassera. L’avantage, c’est qu’étant tous – ou presque - dans le même
état, ils l’avaient parfaitement compris.
L’heure avançait et les invités commencèrent à rentrer chez eux. Il ne resta bientôt plus que Rukia,
Renji, Ichigo et Byakuya.
_ Allez viens, j’te raccompagne princesse, dit Renji à Rukia qui commençait à s’endormir sur le
canapé. Tu travailles demain et à mon avis, tu vas avoir du mal à te lever !
_ J’suis pas saoule !
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_ Non mais t’es un peu pompette quand même ! Et là, je faisais plutôt référence à l’heure avancée de
la nuit, répondit Renji en riant.
_ Et toi, pourquoi t’es pas saoul ?
_ Je suis bien imbibé quand même, c’est juste que je tiens mieux qu’toi ! Comme toujours !
_ Ouais bon ben ça va hein, te la joues pas trop quand même ! dit Rukia en se levant et en lui tirant la
langue. Yaya, je rentre, dit-elle à son frère qui était à moitié ivre mort dans son fauteuil.
Byakuya fit – ou plutôt tenta – de faire un geste de la main pour lui signifier qu’il avait compris et
marmonna quelque chose qui ressemblait à « bonne nuit félicitations je t’aime » quand elle lui
embrassa le front pour lui dire au revoir.
_ Je t’aime aussi, chuchota-t-elle. Ichigo, tu fais quoi ? Tu viens avec nous ? demanda Rukia en se
penchant vers le rouquin qui était dans un état proche de celui de son frère.
_ Bouh … j’crois pas qu’j’sois en état de marcher là …
_ T’as qu’à dormir ici, grogna Byakuya.
_ Oui, c’est une bonne idée, commenta Rukia avant qu’Ichigo ne proteste.
_ Mouais, grommela ce dernier.
_ Bonne nuit, lui dit Rukia avant de partir.
Il lui attrapa la main, elle s’arrêta et se retourna :
_ Encore félicitations, j’sais pas si j’te l’ai dit, mais j’suis fier de toi ! Articula-t-il du mieux qu’il put.
_ Tu ne me l’as pas dit, mais je l’avais compris, répondit Rukia gentiment. Bonne nuit Ichigo.
Il lâcha sa main et retomba lourdement au fond du canapé.
_ Allez, on y va, lança Renji. Bonne nuit les mecs !
_ ‘ne nuit Renji ! répondirent les deux loques dans le salon.
Renji sourit et referma la porte derrière lui.
Le lendemain après-midi, alors que Rukia revenait de sa pause repas, la secrétaire de Gin Ichimaru
l’intercepta :
_ Mademoiselle Kuchiki ?
_ Oui ?
_ Monsieur Ichimaru vous attend dans son bureau, dit la secrétaire avec un air triste. C’est urgent.
Rukia acquiesça d’un signe de tête et se dirigea vers le bureau de son patron, une boule au ventre.
Elle avait beau réfléchir elle ne voyait pas quelle erreur elle avait commise. Et vu la tête de la
secrétaire, ce n’était vraiment pas bon signe. Elle commençait à se demander si elle n’avait pas fêté
sa réussite trop tôt.
Elle prit une grande inspiration et frappa deux coups secs à la porte.
_ Entrez, répondit la voix de Gin.
Elle s’exécuta, ferma la porte derrière elle.
Et se figea quand elle vit que Kaien Shiba et Shuuhei Hisagi étaient là.
_ Mademoiselle Kuchiki, dit Gin d’un air grave. Ces messieurs ont à vous parler.
_ Kaien ? Shuuhei ? dit-elle encore sous le coup de la surprise. Qu’est-ce qu’il se passe ?
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_ Viens t’asseoir, lui dit gentiment Shuuhei en la prenant par les épaules et en la guidant vers le sofa
qui se trouvait dans un angle de la pièce.
Elle s’installa avec lui puis fixa tour à tour Kaien et Shuuhei d’un air inquiet.
Ni l’un ni l’autre ne semblait se décider à prendre la parole et elle perdit patience :
_ Qu’est-ce qu’il y a ? demanda-t-elle avec une pointe d’agacement dans la voix. Vous me faites peur !
_ Rukia, commença gravement Kaien. On a eu un appel d’urgences vers cinq heures du matin et on
s’est inquiété quand on a vu que Byakuya ne répondait pas.
_ Nous nous sommes alors rendus chez lui, continua Shuuhei. Et …
Mais il s’arrêta là.
L’inquiétude de Rukia grandit petit à petit.
_ Et quoi ? demanda-t-elle d’une voix suraiguë. Qu’est-ce qu’il a ? Où est-il ?
Kaien et Shuuhei échangèrent un regard, puis Kaien se lança.
_ Et on l’a retrouvé. Mort. Byakuya a été assassiné.
Rukia ne réalisa pas tout de suite. Le silence s’installa quelques minutes. Puis elle se leva d’un coup.
_ Je savais que vous aviez un humour tordu, répliqua-t-elle en colère. Mais là, vous allez trop loin ! Ce
n’est pas drôle du tout ! Vraiment !
_ Rukia … dit Shuuhei.
_ Oh non pas la peine de vous excuser ! Là, je suis vraiment très en colère après vous !
_ Rukia, reprit Kaien en la prenant par les épaules et en se penchant pour que son visage arrive à la
hauteur de celui de la jeune femme. Rukia, ce n’est pas une blague. C’est la réalité. Byakuya ne
reviendra plus. Rukia, ton frère est mort.
Le silence s’installa de nouveau.
Rukia repassa brièvement et en silence les évènements passés dans sa tête.
Non, c’était impossible. Elle l’avait vu hier, il allait bien, ils avaient fêté sa réussite et il lui avait dit
qu’il l’aimait. Ils avaient été séparés par ce tremblement de terre. Il avait été retrouvé dans les
décombres lui aussi, mais amnésique. On avait su qu’il s’appelait Byakuya à cause de sa gourmette.
Mais n’étant pas originaires de la ville, aucun des survivants de l’immeuble n’avait pu le reconnaître.
Il avait alors dix ans. Les Kuchiki, un couple qui avait perdu leur fils dans la catastrophe, l’avaient
rapidement adopté. Il n’a retrouvé la mémoire qu’à l’âge de dix-huit ans et rechercha alors
activement sa petite sœur Hisana. Il la retrouva un an plus tard, âgée de douze ans et renommée
Rukia. Le seul souvenir de l’enfant était qu’elle avait un frère qu’elle appelait Yaya. Les Kuchiki
l’avaient alors aussi adoptée. Puis décédèrent un an et demi plus tard dans un grave accident.
Byakuya et Rukia se retrouvèrent seuls.
Ils avaient vécu assez de tragédies dans leurs vies.
Elle avait eu sa part de malheur.
C’est ce qu’elle pensait. Mais vraisemblablement, le destin en avait décidé autrement et lui avait
enlevé son frère, sa seule famille.
Rukia sembla soudainement revenir à elle et prendre conscience des évènements.
Toujours debout, elle chancela. Kaien raffermit sa prise sur ses épaules.
Elle leva la tête vers lui. Il bougeait les lèvres, mais elle n’entendait plus rien.
Puis le trou noir.
Rukia perdit connaissance et Kaien la retint juste à temps.
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_ Emmenez-la, dit Gin. Et dites lui que je lui donne un congé indéterminé. Qu’elle prenne le temps de
se remettre et ne se fasse pas de soucis pour sa place. On ne la donnera à personne.
_ Merci, dit Shuuhei en suivant Kaien qui portait Rukia vers la sortie.
Quand Rukia se réveilla, elle avait l’impression d’avoir la tête prise dans un étau. Elle ouvrit les yeux,
mais sa vue était brouillée et elle les referma.
Bon sang, quel affreux cauchemar. Elle se sentait affreusement nauséeuse. Vraiment, quelle vision
affreuse. Le cœur au bord des lèvres, elle ouvrit de nouveau les yeux.
Ces murs blancs.
Cette odeur typique.
Cette aiguille qui était enfoncée dans son bras gauche.
Elle était dans une chambre d’hôpital.
_ Rukia ? appela doucement Renji en lui prenant la main, attirant du même coup l’attention de
Rangiku qui était près de la fenêtre.
_ Rukia-chan, dit simplement Rangiku d’un air triste en s’approchant.
Rukia déglutit difficilement.
Alors, ce n’était pas qu’un cauchemar.
_ C’est bien la réalité ? souffla-t-elle simplement.
Renji ne répondit pas. Il baissa simplement la tête.
_ J’en ai bien peur, lui dit Rangiku en lui passant une main dans les cheveux.
Rukia se mit alors à pleurer. Elle pleura pendant des heures, entourée de Rangiku et de Renji, avant
de se rendormir, trop épuisée par les évènements.
Le lendemain, quand elle se réveilla, elle prit conscience directement que son frère ne reviendrait
plus. Elle s’assit dans son lit. Renji était toujours là, Rangiku aussi. Shuuhei et Kaien les avaient
rejoints.
_ Tu te sens mieux ? demanda Rangiku pour briser le silence.
LA question à ne pas poser dans ces moments là. Mais, c’était la première qui lui était venue à l’idée.
_ Je ne pense pas me sentir mieux un jour, répondit platement Rukia. Mais c’est gentil de demander.
Le silence s’installa de nouveau.
_ Qui a fait ça ? demanda Rukia d’une voix étrangement calme.
Les quatre personnes présentes échangèrent un regard.
Ce n’était pas bon signe.
_ Quoi ? reprit Rukia en fronçant les sourcils. C’est quoi le problème ? Vous ne savez pas ? Mais vous
menez l’enquête non ?
_ Non, dit doucement Shuuhei.
_ Comment ça non ? répondit Rukia sans comprendre.
_ Nous sommes trop impliqués, expliqua Shuuhei.
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_ A d’autres ! C’est pas la première fois que vous devriez résoudre une sombre affaire pour un
collègue ! s’énerva Rukia.
_ C’est que là … On est vraiment trop impliqué, répondit Kaien.
_ Trop … ?
Rukia ne comprenait vraiment pas de quoi il en retournait. Rangiku, Renji, Kaien et Shuuhei
échangèrent de nouveau un regard gêné.
_ Quoi ? C’est quoi ces regards depuis tout à l’heure ? Qu’est-ce que vous me cachez ?
Elle commençait à perdre patience. Elle avait les nerfs à vif et ils le savaient. Qui ne l’aurait pas été à
sa place ? Mais pourquoi diable s’acharnaient-ils à agir ainsi alors ?
_ Renji, dit-elle en se tournant vers lui. Dis-moi ce qu’il se passe.
Renji tourna la tête et baissa les yeux. Elle lui prit le visage entre les mains, le forçant à se tourner
vers elle.
_ Renji. Dis-moi, ce qu’il se passe, reprit-elle en détachant ses mots et en le fixant droit dans les yeux.
Il y eut un moment de silence.
_ C’est Ichigo, répondit-il dans un souffle et en baissant les yeux.
Ichigo ? Non, impossible. Rukia devait avoir mal compris.
Oui. Elle avait mal compris. C’était ça. Elle avait très mal compris. Parce que ça, c’était absolument
impossible.
Ichigo était un très grand ami de Byakuya et était rapidement devenu le sien.
Il avait été affecté à la brigade criminelle il y a cinq ans, ayant obtenu les meilleurs résultats au
concours d’inspecteur. Il n’avait alors que vingt-deux ans. On l’assigna alors en tant que co-équipier
de Byakuya, qui était devenu inspecteur au même âge cinq auparavant. Ichigo apprenait vite et bien.
Il était rigoureux et intelligent. Autant de similitudes avec son formateur qui servirent à les
rapprocher. Leur travail d’équipe était parfaitement coordonné et ils travaillaient plus rapidement
que les autres. Ils devinrent rapidement des amis proches, presque comme des frères.
Rukia le connaissait depuis des années maintenant. Il était impossible qu’il ait fait ça. Elle n’y croyait
pas.
_ C’est impossible, commenta-t-elle après un moment de silence.
_ C’est aussi ce qu’on a pensé, dit calmement Kaien. Malheureusement, toutes les preuves l’accusent
directement.
_ Quelles preuves ? Je croyais que vous ne vous occupiez pas de l’affaire !
_ Yoruichi et Kisuke les ont examinées eux-mêmes.
_ Et ? Qu’est ce qu’ils en disent ?
_ Je ne sais pas si c’est une très bonne idée de discuter de cela maintenant Rukia, dit Shuuhei.
_ Qu’on en parle maintenant ou plus tard, répliqua Rukia, ne changera strictement rien. Mon frère
est mort et Ichigo est accusé.
Elle marquait un point. Shuuhei et Kaien se regardèrent puis lui expliquèrent :
_ Il y avait des traces de lutte chez Byakuya. Pas de signe d’effraction, ce qui implique qu’il
connaissait son agresseur. On a retrouvé des fragments de sa peau sous les ongles d’Ichigo. Les
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traces correspondent aux griffures sur le corps de Byakuya. Sa chemise était tâchée de son sang,
expliqua Kaien.
_ Il y a des traces du sang d’Ichigo sur les phalanges abîmées de … Rukia, tu es sûre que tu veux
continuer à parler de ça ? demanda Shuuhei alors qu’il la voyait pâlir petit à petit.
_ Oui.
_ Très bien, soupira Shuuhei. Il y a donc des traces de sang sur les mains de Byakuya qui
correspondent à celui d’Ichigo. Ils ont tous les deux des éclats de verre provenant de la table basse
du salon de ton frère qu’ils ont du briser en tombant dessus. Ichigo porte une marque de la
chevalière de Byakuya au niveau du coup qu’il a reçu au visage. Les traces de sang sur la chemise
d’Ichigo correspondent à l’angle nécessaire pour un homme de sa taille et de sa corpulence qui se
serait servi de l’arme du crime pour … enfin …
_ J’ai compris. Enfin, des éléments m’échappent, dit Rukia. Mais j’ai compris l’ensemble.
Elle se replongea dans ses réflexions.
Non, elle n’avait pas mal compris. Et pire encore, les preuves accusaient toutes ouvertement Ichigo.
Quelque chose lui échappait et la dérangeait dans tout ça. Mais elle ne put saisir quoi. Trop
d’émotions. Beaucoup trop d’émotions. Elle se rallongea et une infirmière vint lui donner un calmant
prescrit pour faire baisser sa tension. Elle s’endormit alors rapidement.
Elle n’était pas la seule que cette histoire dérangeait. Kaien, Shuuhei, Yoruichi, Kisuke et le
commissaire Ukitake Juushiro avaient du mal à y croire. Ils devaient y croire parce que les preuves
apportées par l’enquête de l’équipe à qui l’affaire avait été confiée étaient là. Mais ils n’y
parvenaient pas complètement. C’était impossible. L’équipe entière se trouvait dans un état de
confusion chaotique.
Rukia sortit de l’hôpital deux jours plus tard. On l’autorisa à voir le corps de son frère et on la
convoqua ensuite au commissariat pour l’interroger. Renji l’y accompagna, mais elle ressortit bien
vite de la salle. On estimait que son témoignage n’apportait rien de plus et qu’il confirmait au
contraire qu’Ichigo était certainement le coupable puisqu’il était resté seul avec la victime. Les
enquêteurs expliquèrent à Rukia les preuves à charge qu’ils avaient contre le suspect et elle
commençait à ne plus savoir que croire.
Etant inquiets pour elle, ses amis se relayaient jour et nuit auprès d’elle de peur qu’elle ait recours à
un acte désespéré. Ce soir là, Kaien et Shuuhei étaient venus lui tenir compagnie. Ils étaient tous les
trois installés devant la télévision quand elle demanda :
_ Quand vais-je pouvoir récupérer le corps de Byakuya ? Ca me rend malade de le savoir seul là-bas …
_ Ils nous le remettront dans deux jours. Après le procès d’Ichigo, répondit Kaien.
_ Ouais … fit Rukia se replongeant un instant dans ses pensées. J’ai du mal à y croire.
_ On a tous du mal à y croire, dit Shuuhei.
_ Je ne sais pas, reprit Rukia. D’un côté j’y crois parce que toutes les preuves sont là. D’un autre je ne
peux pas y croire parce que c’est Ichigo et parce que justement toutes les preuves sont là …
_ C'est-à-dire ?
_ Ben, je sais pas … Mais moi, je fais partie des meilleurs flics de la ville, si je commets un meurtre, je
laisse pas tout en évidence comme ça …
_ C’est aussi ce qu’on s’est dit, mais ils mettent tout sur le compte de l’alcool.
_ C’est pas un peu facile ?
_ L’alcool peut faire faire des choses sacrément étranges, expliqua Kaien. On en a vu un paquet dans
notre carrière … Mais là, je ne sais pas si c’est parce qu’il s’agit de nos collègues, quelque chose nous
paraît étrange à nous aussi. On tourne et retourne les éléments de l’enquête qu’on a pu récupérer
dans tous les sens pour essayer de comprendre, mais c’est difficile. On nous surveille tous de près et
on peut pas trop bouger pour le moment.
_ On vous surveille ?
11
_ Ils ont peur qu’on mette notre nez dans l’enquête, qu’on la perturbe ou qu’on la fausse, dit
Shuuhei. L’affaire est très sérieuse pour les hautes instances. Il s’agit d’un fonctionnaire de l’ordre
public accusé d’en avoir tué un autre. Ca fait beaucoup de bruit dans les médias, dans la hiérarchie …
Partout. On ne sait pas trop comment ça va tourner, mais ça sent mauvais.
Ca, Rukia le savait. Elle avait beau être la sœur de la victime, on lui avait interdit de voir le suspect et
d’assister au procès qui devait se dérouler à huis-clos. Il semblait que dans cette histoire, on
s’occupait beaucoup plus du fait qu’elle impliquait deux policiers très respectés que de la victime et
de sa famille.
Elle soupira. Comment ne pas se perdre dans tout ça ? Elle ne savait même plus si elle devait pleurer
ou être en colère. Alors elle ne montrait plus rien.
Sans surprise, deux jours plus tard, quand le verdict tomba, Ichigo fut déclaré coupable d’homicide et
condamné à la prison à perpétuité.
On rendit le corps de son frère à Rukia, qui, avec l’aide du service concerné de la police, lui organisa
des funérailles convenables. Il y avait beaucoup de monde, la plupart des gens, Rukia ne les
connaissait même pas. On lui serrait la main à la sortie de l’office et on lui présentait ses
condoléances. Machinalement, tel un automate, elle répondait un vague « merci » et passait au
suivant.
Elle rentra chez elle épuisée. Sans prendre la peine de se déshabiller, elle s’allongea et s’endormit
profondément.
_ Qu’est-ce que tu fais allongée là ?
Rukia ouvrit les yeux. Elle était allongée dans l’herbe, sur une couverture, les restes d’un pique-nique
posés à côté d’elle et une colonie de fourmis qui hésitaient à venir en profiter. Elle s’assit et releva la
tête vers son frère.
_ Yaya ?
_ Oui, qui d’autre ? demanda-t-il en levant un sourcil, perplexe.
_ Mais … enfin … Qu’est-ce que tu fais là ? demanda Rukia.
_ A ton avis, lui dit-il en l’aidant à refermer les boîtes en plastiques dans lesquelles elle avait rangé les
restes du repas.
_ Je ne sais pas …
Il lui sourit et s’installa près d’elle sur la couverture.
_ Je suis venu t’aider à trouver ton chemin ! Tu es vraiment perdue sans ton grand-frère hein ? la
taquina-t-il en lui ébouriffant les cheveux dans un geste affectueux.
_ A trouver mon … ?
Rukia ne comprenait pas vraiment le sens de cette conversation.
_ Tu es perdue Rukia. Je le sais, je le sens. Et j’te comprends ! Qui ne le serait pas ? Avec tous ces
évènements …
_ Oui …
_ Tu te souviens de la première fois que j’ai ramené Ichigo à la maison ?
_ Oui.
12
Rukia s’en souvenait parfaitement. C’était il y a cinq ans. Byakuya et elle vivaient encore ensemble à
l’époque. C’était peu de temps après qu’il soit rentré dans la police. La journée avait été difficile, il
avait abattu son premier homme et en était plus que retourné. Même encore maintenant, il disait
qu’on ne s’y faisait jamais. Byakuya l’avait alors ramené chez eux pour ne pas qu’il reste seul. Rukia
et lui s’étaient bien entendus dès le début et étaient devenus amis. Ils discutaient beaucoup tous les
deux. Il l’avait soutenue quand elle avait eu son premier chagrin d’amour, parce qu’elle n’arrivait pas
à en parler à Byakuya ou à Renji. Avec son frère, il l’avait soutenue quand elle avait totalement raté
son oral pour son master. Quand elle avait du le repasser, il l’avait accompagnée et attendue. Son
soutien lui avait fait tellement de bien qu’elle était ressortie avec la note de dix-huit sur vingt.
_ L’intuition chez nous, est très importante, tu le sais ?
_ Bien sûr !
_ Et rappelle-toi, je t’ai toujours dit, depuis que nous avons été réunis, de suivre tes intuitions …
_ Oui, je me souviens … Mais en quoi est-ce que ça va m’aider à « trouver mon chemin » comme tu
dis ?
_ Rukia … Ton intuition te dit-elle qu’on a enfermé le bon coupable ?
Rukia sembla réfléchir un instant. Puis elle regarda son frère droit dans les yeux et déclara d’un ton
calme et résolu :
_ Non. Elle me dit qu’Ichigo est définitivement innocent.
Byakuya lui sourit et lui passa la main dans les cheveux.
_ Suis-la, lui dit-il simplement.
Les pompiers passèrent devant les fenêtres de Rukia, toutes sirènes hurlantes, la tirant brutalement
de son sommeil.
Elle se réveilla en sursaut et s’assit sur son lit. Elle se frotta les yeux et soupira. Le réveil affichait
quatre heures du matin. Elle se leva, alla prendre une douche bien chaude et mit un vieux
survêtement puis s’installa dans son salon. Elle alluma la télévision et zappa d’une chaîne à l’autre
pendant une bonne demi-heure.
_ Rien à faire … soupira-t-elle. Ca ne sort pas de ma tête.
Elle prit alors un bloc-notes et un stylo et commença à gribouiller dessus. Un à un, elle reprit les
éléments de l’enquête qu’elle avait eus pour les lister.
« Pas de trace d’effraction, donc Byakuya connaissait son agresseur.
Traces de lutte, fragments de peau correspondant aux blessures de Byakuya, trace de la chevalière
de Byakuya sur le menton d’Ichigo.
Chemise d’Ichigo tâchée du sang de Byakuya. Les gouttes de sang relevées sur le vêtement
correspondent aux coups portés à l’abdomen et au cœur.
Le sang d’Ichigo retrouvé sur les mains de Byakuya et sur sa chevalière.
Des bris de verre dans leur peau, correspondant à la table basse de Byakuya, impliquant qu’ils sont
tous les deux tombés dedans en la brisant. »
Elle posa son stylo et repassa ses notes. Pendant des heures, elle les relut. Rien n’y faisait. Les
preuves accablaient toutes Ichigo. Mais elle n’arrivait toujours pas à y croire.
« Suis ton intuition »
13
La voix de son frère résonnait dans sa tête.
Rukia regarda l’horloge qui était accrochée dans son salon au dessus de la télévision. Six heures dixneuf. Elle décrocha le combiné qui se trouvait à proximité et composa un numéro.
_ Inspecteur Shiba.
_ Kaien, c’est Rukia.
_ Un problème ? demanda Kaien inquiet.
_ Non. C’est juste que … Je voudrais aller voir Ichigo. Comment fait-on ?
Kaien marqua une pause.
_ Laisse-moi m’occuper de tout, je t’appelle quand j’ai obtenu l’autorisation.
_ Merci.
Ils raccrochèrent. Se trouvant de nouveau sans rien à faire, Rukia se remit à tourner en rond sans son
appartement. Elle arrosa ses plantes, qui allaient finir par mourir noyées, rangea sa cuisine, nettoya
pour la troisième fois consécutive ses plaques à induction. L’heure semblait ne pas passer. Elle
retourna sous la douche.
Alors qu’elle sortait de la salle de bain, une serviette autour du corps et un autre dans les cheveux, le
téléphone sonna. Elle se précipita, manquant de s’étaler de tout son long derrière son canapé et
attrapa le combiné juste avant que le répondeur ne se déclenche.
_ Oui ? hurla-t-elle presque.
_ Rukia ? ça va ? demanda Kaien qui avait perdu un tympan au passage.
_ Oui oui t’inquiètes pas, c’est juste que j’étais dans la salle de bain …
_ Ah … Euh oui donc, j’ai obtenu un droit de visite, je passe te prendre dans un quart d’heure.
_ Merci !
Elle jeta le combiné sur le canapé sans prendre le temps de le raccrocher et s’habilla en vitesse.
Quand Kaien arrivait devant son bâtiment, elle poussait la porte d’entrée. Elle sauta dans le véhicule,
une heure de route les attendait.
_ Pourquoi … Tu as subitement décidé d’aller le voir ? demanda Kaien rompant ainsi le silence pesant.
_ Je sais pas … Quelque chose me dérange dans cette histoire et je voulais sa version des faits.
_ Il ne se souvient plus de rien tu sais.
_ Je suis sûre qu’un détail peut lui revenir. Je dois de toute façon lui parler. Je suis convaincue que ce
n’est pas lui.
Kaien l’observa du coin de l’œil.
_ Moi aussi, répondit-il. J’en suis sûr et certain.
Rukia lui sourit.
Ichigo était allongé sur le lit de sa cellule. Il avait mauvaise mine.
Abattu, dépité, déprimé. Voilà ce qu’il ressentait à ce moment là. Son « colocataire » était un homme
étrange mais pas méchant. Il avait tué une personne en conduisant en état d’ivresse et il s’en voulait
réellement, ce qui l’avait rendu un peu dérangé mentalement. Au moins, il avait la paix quand il était
là. Pas comme dans la cour.
_ Inspecteur Kurosaki, fit une petite voix, vous avez de la visite.
14
Ichigo se redressa sur son lit et regarda le petit gardien de prison. Il était chétif et n’avait clairement
pas sa place ici tant il était doux et respectueux même envers les pires prisonniers.
_ Je ne suis plus inspecteur Hanataro, lui dit-il avec un sourire triste.
Il se leva et tendit les bras en arrière au travers des barreaux de la cellule. Hanataro s’excusa en lui
passant les menottes.
_ Ne t’excuse pas, tu ne fais que ton travail.
Il se laissa conduire jusqu’au parloir. Il ne put retenir un murmure de surprise quand il vit qui était
assis de l’autre côté de la vitre :
_ Rukia …
Hanataro ne respecta pas tout à fait la procédure puisqu’il lui enleva les menottes avant de refermer
la grille. Ichigo s’installa face à son interlocutrice et décrocha le combiné.
_ Rukia …
_ Mon Dieu, Ichigo, qui t’a fait ça ? demanda Rukia lui coupant la parole en apercevant le cocard qui
ornait son œil droit.
_ Bah tu sais, quand un flic qui a enfermé une partie des détenus qui se trouvent ici se retrouve avec
eux dans la cour ou au réfectoire, ça ne donne jamais rien de bon …
Rukia le considéra d’un air triste.
_ Rukia je suis …
_ Je suis persuadée que tu n’as rien fait, lui dit-elle. Tu ne peux pas l’avoir tué. J’en suis sûre et
certaine.
_ Comment tu peux en être sûre alors que moi-même je ne me rappelle même pas être rentré chez
moi !
_ Parce que !
Elle hésita un moment.
_ Byakuya me l’a fait comprendre.
Ichigo la regarda perplexe.
_ Je … Enfin j’ai rêvé de lui cette nuit. Il … Il me disait de suivre mon intuition. Et mon intuition me dit
que ce n’est pas toi le coupable.
_ Mais toutes les preuves …
_ Ichigo. Pour moi ces preuves ne signifient rien. Je veux que tu me dises tout ce dont tu te rappelles,
ajouta-t-elle en sortant son calepin. Absolument tout.
Ils laissèrent quelques minutes le silence s’installer puis Ichigo lui raconta tout depuis son départ.
_ Quand tu es partie avec Renji, nous, nous n’avons pas bougé du canapé. Je crois qu’on avait prévu
de dormir là, trop incapables de faire le moindre geste. Après, Byakuya s’est levé pour aller chercher
de l’eau, il avait soif et m’a proposé un verre. Je lui ai répondu que j’allais me lever pour en chercher
un. Il tenait à peine debout alors de là à ce qu’il ramène deux verres d’eau sans les renverser … On a
bu puis nous sommes retournés dans le canapé. Il a allumé la télévision. On avait une vieille série télé
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en fond sonore et j’me suis endormi. Je crois avoir entendu la sonnette de la porte mais … Je n’en
suis pas sûr.
_ Mais c’est super important ça comme détail ! s’exclama Rukia. Ca peut vouloir dire que quelqu’un
d’autre était là !
_ Ouais mais comme je te l’ai dit, j’en suis pas sûr. Et en plus de ça, il aurait tué Byakuya avant de me
ramener chez moi ?
Rukia fit une moue déçue. Elle n’avait pas pensé à ça.
_ Bref, continue.
_ Ben après, je me rappelle juste que j’ai été réveillé parce qu’on frappait violemment à ma porte
d’entrée. J’étais allongé sur mon lit, je me suis demandé un instant pourquoi j’étais là alors que je
m’étais endormi chez ton frère mais je me suis levé et je suis allé ouvrir. Assez difficilement, j’étais
tout engourdi. Là j’me suis retrouvé face aux inspecteurs qui ont mené l’enquête et qui m’ont
demandé de les suivre. Ils m’ont menotté et emmené au poste où j’ai été interrogé. J’ai appris après
qu’ils avaient trouvé dans ma chambre ma chemise tâchée de sang par terre et des résidus de sang
de Byakuya dans le siphon du lavabo. Je ne sais même pas à quelle heure je suis rentré chez moi. Je
ne sais d’ailleurs pas comment je suis rentré.
_ Tu sais à quelle heure ils ont estimé la mort ?
_ Aux alentours de trois heures du matin.
_ Ce qui fait que tu aurais du rentrer chez toi entre trois heures trente et quatre heures.
_ Je pencherai plutôt vers quatre heures voire quatre heures trente vu l’état dans lequel j’étais !
Apparemment, un témoin affirme m’avoir vu marcher vers quatre heures et quart en direction de
mon appartement.
_ Un témoin ?
_ Asano. Le propriétaire du bar devant lequel on passe, tu sais, à deux bâtiments de chez moi. Il
paraît que j’avançais difficilement.
_ Le Lion’s ?
_ Ouais, c’est ça.
_ Ce qui m’étonne, c’est que vous avez eu du mal à atteindre la cuisine de Byakuya, mais vous avez
réussi à vous battre, à le tuer et toi à rentrer chez toi à pieds …
_ Ouais je sais. Moi aussi ça me paraît bizarre. Mais les enquêteurs ont tout mis sur le compte de
l’alcool. Tu sais, pour en avoir vu beaucoup, je sais qu’on peut faire des choses vraiment étranges
sous le coup de l’ivresse.
_ Mais quand même, de là à tuer mon frère, ton ami … Et en plus, tu n’as même pas cherché à
dissimuler les preuves !
_ Ouais … L’alcool quoi …
_ Ichigo ! Arrête d’être aussi résigné ! on dirait que tu te crois toi-même coupable !
_ Ben justement, je ne sais pas ! Je suis complètement paumé dans cette histoire. Moi aussi ça me
paraît complètement fou comme idée ! Comment j’aurais pu le tuer ? Mais à côté de ça, tout
m’accuse et personnellement, je ne me rappelle de rien du tout. Je ne sais pas quoi croire !
_ Moi je crois en toi Ichigo, lui dit-elle d’une voix douce et avec un sourire.
Il la fixa un moment. Elle ne mentait pas.
_ Merci, lui dit-il.
Elle rougit et ajouta précipitamment :
_ Et je ne suis pas la seule ! Kaien m’a affirmé en venant qu’il était persuadé que tu n’étais pas
coupable non plus.
_ Je sais, il me l’a dit. Les autres non plus n’y croient pas apparemment.
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_ Excusez-moi, fit la petite voix timide d’Hanataro. Je suis désolé, mais l’heure de visite est terminée.
_ J’arrive, répondit Ichigo. Rukia, merci d’être venue.
_ Je prouverai ton innocence Ichigo. Je te le promets.
_ Ne prends pas de risques inutiles.
_ Tu peux dire ce que tu veux, je trouverai un moyen de prouver que tu n’as rien fait. Je te sortirai de
là le plus rapidement possible, que tu n’aies plus à subir …
_ Tant que tu crois en moi, répondit Ichigo, je pourrai tout supporter.
Ils se sourirent et raccrochèrent. Rukia resta jusqu’à ce qu’il disparaisse de son champ de vision.
_ Alors ? demanda Kaien qui l’attendait à la sortie, adossé à sa voiture, une cigarette à la bouche.
_ T’avais pas arrêté toi ?
_ Si. Mais j’ai repris. Bon alors ?
_ Alors il ne se souvient de rien ou presque mais je reste persuadée qu’il n’a rien fait. Je vais mener
mon enquête.
_ Ton enquête ? Rukia, commença Kaien avec un ton de reproches.
_ T’inquiètes pas, je vais rien faire d’inconsidéré. Mais si ça sent aussi mauvais que Shuuhei et toi me
l’avez dit, vous ne pouvez pas faire grand-chose vous …
Kaien réfléchit. Il était vrai que même si l’enquête était terminée, on continuait à les surveiller.
_ Très bien. Mais compte sur mon aide. Si tu trouves quoi que ce soit de suspect, n’agis pas seule.
Appelle-moi.
_ Entendu.
Arrivée chez elle, Rukia mit au propre les notes qu’elle avait prises du récit d’Ichigo. Elles ne lui
apportaient pas grand-chose de plus. Il fallait qu’elle ait plus d’éléments … Et pour les obtenir, elle
savait à qui faire appel.
_ Oui ? fit Renji en décrochant dès la première sonnerie.
_ C’est moi. Enfin Rukia.
_ Je sais, ton nom s’affiche sur mon portable t’es au courant ? répondit il en riant.
Elle rit à son tour. Elle avait le chic pour toujours sortir des trucs inutiles et lui pour les lui faire
remarquer.
_ Renji, j’aurai besoin de ton aide, dit-elle en reprenant son sérieux.
_ Vas-y dis.
_ Tu peux venir ? J’ai pas trop envie de t’en parler au téléphone.
_ Tu m’inquiètes là. J’arrive.
En moins de dix minutes, il était chez elle. Ils s’installèrent dans le salon avec une tasse de café.
_ Alors ? demanda-t-il pour entrer dans le vif du sujet.
_ Voilà … Tu sais, je ne crois pas qu’Ichigo soit le meurtrier de Byakuya. C’est impossible.
_ J’ai du mal à y croire aussi. Mais les preuves …
_ Justement, tu ne trouves pas que c’était un peu trop évident tout ça ?
_ Si, maintenant que tu le dis …
_ Et j’ai décidé de mener mon enquête.
_ Quoi ?
_ Ne t’inquiètes pas. Kaien est aussi sur le coup, dès que je trouve quelque chose de tangible, je le
préviens.
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_ Laisse-moi t’aider. Moi aussi je veux prouver qu’il est innocent.
_ J’espérais que tu dirais ça. Mais tu sais que ça peut se révéler dangereux.
_ Comme si ça nous avait déjà arrêtés.
Elle lui sourit sincèrement.
_ Alors voilà … J’aimerai trouver tous les éléments de l’enquête. Mais je ne peux pas les demander à
Kaien ou Shuuhei, ils sont sous surveillance. Alors je me suis dit …
_ Que comme je suis un pro de l’informatique, je pourrai te trouver ça ? termina Renji. Trop facile !
Leur système de sécurité, c’est du haut niveau, mais tu me connais, rien ne me résiste … Alors on va
chez moi ? Parce que ta bécane sera jamais assez puissante, ajouta-t-il en jetant un œil au laptop de
Rukia qui était posé sur la table du salon.
Trois heures plus tard, Renji avait réussi à pirater le système de la police sans que le pare-feu ne le
détecte et ils étaient en train d’imprimer tout ce qu’ils avaient trouvé. Ils passèrent une partie de la
nuit à monter un dossier et à classer les éléments et les preuves. Ils s’endormirent d’épuisement sur
les coups de cinq heures du matin.
Deux journées durant, ils passèrent au crible les rapports des différents services. Mais rien ne leur
sautait aux yeux.
_ Vraiment, soupira Renji. Je ne sais pas quoi en penser. Tous les éléments du dossier se tiennent …
Rukia s’étira et se frotta les tempes. Elle sentait une migraine carabinée arriver.
_ Un café ? proposa Renji en se levant.
_ Volontiers.
Il disparut dans la cuisine pendant que Rukia reprenait un dossier concernant le rapport des
circonstances de la mort de Byakuya. C’est alors qu’un détail la frappa.
_ Renji !! Renji !!! Je crois que j’ai trouvé quelque chose !
_ Quoi ? demanda celui-ci en revenant précipitamment de la cuisine.
_ Regarde, là il est noté en gros que les traces de sang et les angles des blessures provoquées par le
couteau correspondent pour un homme de la taille et de la corpulence d’Ichigo face à quelqu’un
comme Byakuya mais … Ils étaient ivres ! Comment auraient-ils pu se tenir debout correctement ?
Ichigo l’était plus que Byakuya. Donc quand bien même Byakuya aurait pu se tenir droit, comment
Ichigo, aurait pu frapper Byakuya de cette façon alors qu’il avait déjà du mal à tenir à moitié debout ?
En plus de ça, il est dit que le premier coup a été porté à l’abdomen, mon frère a donc du se pencher,
déséquilibré par la douleur et on a déterminé qu’il s’était alors certainement laissé aller sur son
agresseur d’après l’angle de la blessure qui l’a ensuite touché au cœur. Comment Ichigo aurait pu
supporter le poids du corps de Byakuya et le poignarder alors que lui-même n’était pas stable sur ses
propres jambes ?
Renji relut à son tour les quelques lignes du rapport et acquiesça.
_ C’est vrai … murmura-t-il. Mais ça ne sera pas suffisant.
_ Je sais bien ! Mais c’est un bon début !
Elle attrapa le dossier où elle rassemblait tous les éléments de sa propre enquête et se dépêcha de
noter sa théorie.
Ce n’était pas grand-chose, mais cela avait suffit à leur redonner du cœur à l’ouvrage. Un espoir qui
leur semblait perdu venait d’apparaître.
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Elle appela Kaien pour lui faire part rapidement de sa découverte.
_ C’est bon début, commenta celui-ci satisfait.
_ J’ai aussi décidé d’aller voir le témoin qui a dit avoir vu Ichigo rentrer chez lui.
_ Ce n’est pas très prudent.
_ Peut-être, mais peut-être aussi qu’il sera plus détendu avec des gens qui ne sont pas de la police et
que quelque chose lui reviendra alors. Quelque chose d’autre. Chaque détail à son importance.
_ Je sais. Mais surtout, appelle-moi si tu as besoin de quoi que ce soit. Ne prends pas de risques
inconsidérés.
_ Ne t’en fais pas, je n’y manquerai pas.
_ Tu y vas avec qui ?
_ Renji m’accompagne.
_ Bon. Soyez prudents surtout.
Ils raccrochèrent.
_ On y va dès demain matin, dit Renji. Il est un peu tard là.
Rukia regarda sa montre. Effectivement, il était déjà vingt-trois heures et déranger l’homme pendant
les heures d’ouverture de sa boîte n’était pas une bonne idée. Ils allèrent se coucher, mais Rukia ne
trouva pas le sommeil, trop impatiente.
Elle se leva la première. Renji ronflait dans son canapé.
Elle décida de le laisser dormir, il était épuisé à force de travail et c’était elle qui l’avait entraîné dans
cette histoire. Elle prit le combiné du téléphone et retourna dans sa chambre.
_ Pénitencier Sokyokou, répondit une voix à l’autre bout du fil.
_ Euh bonjour, je souhaiterai parler à Kurosaki Ichigo.
_ Un instant s’il vous plaît, je transfère votre appel.
Elle entendit plusieurs bip et enfin un déclic.
_ Pénitencier Sokyokou, quartier B, fit la petite voix à l’autre bout du fil.
_ Bonjour, je suis Kuchiki Rukia, je souhaiterai parler à Kurosaki Ichigo.
_ Oh ! Bonjour, je suis Yamada Hanataro !
_ Ah oui, vous êtes le gardien que j’ai vu l’autre jour, dit Rukia étonnée qu’il se souvienne d’elle.
_ Oui oui c’est cela ! un instant je vous prie, je vais chercher l’inspecteur Kurosaki et transférer votre
appel jusqu’au téléphone des détenus.
Il la remit en attente.
_ Inspecteur Kurosaki, dit Hanataro. Un appel pour vous.
_ Si tôt ? grommela Ichigo en se levant.
Hanataro lui ouvrit la grille et le guida jusqu’à la cabine où il lui défit les menottes, le laissant sous la
surveillance de son collègue. Il retourna ensuite à son poste où il transféra l’appel.
_ Ouais ? fit Ichigo en entendant le déclic.
_ Ichigo, c’est moi.
_ Rukia ? Un problème ? Que se passe-t-il pour que tu appelles si tôt ?
_ Non au contraire, je voulais te tenir au courant de l’évolution … On a peut-être trouvé une faille
Ichigo, on creuse dessus, mais je voulais te le dire.
_ Vraiment ?
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_ Oui. Je te tiendrai régulièrement au courant de ce qu’on a et je viendrai te voir bientôt. Tu tiens le
coup ?
_ J’te l’ai dit. Tant que tu crois en moi, je tiendrai.
_ Mais je veux dire, enfin …
_ Ne t’en fais pas. Hanataro n’est pas un gardien très craint, mais il est respecté de ses collègues
parce qu’il est toujours là pour rendre service et comme il m’aime bien … Il fait en sorte qu’on me
protège.
_ Je suis soulagée alors … Bon j’entends Renji qui se réveille. On va y aller. J’te tiens au courant de
toute façon.
_ Rukia, dit-il avant qu’elle ne raccroche.
_ Oui ?
_ Sois prudente surtout.
_ Ne t’en fais pas.
Quand il raccrocha, Ichigo sentit une faible lueur d’espoir s’allumer au fond de son âme.
Rukia était déjà prête quand Renji émergea de son sommeil pas vraiment réparateur et lui laissa à
peine le temps de prendre une douche et d’enfiler ses affaires avant de le traîner au Lion’s. Arrivés
sur place, le patron mit du temps avant d’ouvrir la porte à laquelle Rukia tambourina près d’une
demi-heure.
_ Quoi, fit l’homme d’une trentaine d’années ses cheveux châtains en bataille.
_ Bonjour monsieur Asano. Je m’appelle Rukia, avocate au cabinet Ichimaru et associés.
_ B’jour, répondit l’homme. Qu’est ce que j’peux faire pour vous ?
_ J’enquête sur l’affaire Kuchiki-Kurosaki, expliqua Rukia. J’ai vu que vous apparaissiez sur la liste des
témoins et je souhaiterai que l’on reparle de votre témoignage.
L’homme sortit et referma la porte.
_ Mes gosses et ma femme dorment encore, expliqua-t-il. Ben écoutez, j’ai rien à dire de plus. Je l’ai
vu rentrer ce soir là, enfin cette nuit là aux alentours de quatre heures du matin. Je m’en souviens
parce que j’étais en train de fermer le bar.
_ Comment était-il ?
_ Il avait du mal à marcher. Il avait plus l’air de se traîner qu’autre chose.
_ Vous n’avez rien remarqué de particulier ?
_ Non.
_ Pourtant d’après ce qu’on dit, il venait de tuer un homme. Vous n’avez rien vu sur lui ?
_ Non. Rien de particulier.
_ Il portait quoi à ce moment là ?
_ Une chemise. Blanche je crois.
_ Effectivement. Rien à dire là-dessus ?
_ Bah non, répondit l’homme en se grattant la tête.
_ Vous en êtes certain ? insista Rukia.
_ J’vous dis que non, répondit l’homme sur la défensive et visiblement mal à l’aise.
_ Monsieur Asano, Kurosaki venait de tuer un homme. Sa chemise a été retrouvée couverte de sang.
Et vous n’avez rien vu ?
_ Vous savez, il faisait noir et il était de l’autre côté de la rue !
_ Et il ne vous a pas remarqué ?
_ Ben j’étais en train de fermer la porte, les lumières étaient toutes éteintes …
_ Et vous avez pu le reconnaître, voir qu’il portait une chemise blanche, mais vous n’avez pas
remarqué qu’il était plein de sang … Savez-vous que vous avez déclaré à la police que vous n’aviez
pas vu le sang sur sa chemise parce que vous avez dit qu’il portait une veste ?
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_ Ah oui, maintenant que vous le dites, il portait une veste.
Rukia soupira et fixa l’homme un instant.
_ Ecoutez monsieur Asano. Vous mentez, je le sais. Kurosaki ne portait pas de veste ce soir là. Et je
puis vous assurer qu’un faux témoignage peut vous mener tout droit en prison. Je ne peux que vous
conseiller de me dire la vérité.
_ Mais …
_ Dites moi ce que vous savez monsieur Asano.
_ Je sais rien du tout !
_ Monsieur Asano. Je peux prouver que vous mentez et on vous mettra en prison. Vous voulez
vraiment que votre femme élève seule vos enfants ?
L’homme soupira.
_ Ecoutez, vous ne pouvez pas m’obliger à parler !
_ Effectivement. Maintenant, je ne peux rien faire. Mais il suffit que j’envoie une requête auprès d’un
juge qui m’autorisera à demander votre arrestation et à vous interroger directement au
commissariat. C’est juste que ça me prendra un peu plus de temps et qu’en plus vous serez
automatiquement mis en cellule pour faux témoignage. Vous rendez-vous compte que c’est peutêtre un innocent qui se trouve en prison, qu’il va payer pour le restant de ses jours un crime qu’il n’a
pas commis pendant que le véritable assassin bat toujours la campagne ? Qu’est-ce qui vous fait
peur ? demanda Rukia sentant la nervosité de l’homme.
_ Je … j’ai … Enfin …
_ Vous ?
_ J’ai reçu des menaces à l’encontre de ma famille si je disais quoi que ce soit, souffla l’homme
écrasé par la culpabilité.
_ Des menaces ?
_ Oui … Des appels anonymes au début disant que si je parlais, on nous tuerait … Et le lendemain j’ai
reçu une enveloppe qui contenait des photos prises de mes enfants à l’école, une cible rouge
dessinée sur leurs visages …
_ Ecoutez monsieur Asano, je vais vous faire mettre sous protection policière immédiatement et je
peux vous obtenir une place pour vous et toute votre famille dans le programme de protection des
témoins. Croyez-moi, il ne vous arrivera rien, ni à vous, ni à vos enfants.
_ Qu’est ce qui me prouve que vous le ferez vraiment ?
Renji se pencha à l’oreille de Rukia et lui chuchota :
_ Je vais appeler Kaien, je reviens.
_ Pourquoi tu pars ? demanda Rukia.
_ Y a pas de réseau ici, je sais pas pourquoi.
Rukia jeta un œil sur son téléphone. Effectivement, elle ne captait rien du tout. Elle acquiesça d’un
signe de tête et Renji s’éloigna.
_ Je ne vous oblige pas à me parler maintenant. Attendez de voir si je fais mes preuves et si vous
estimez que vous pouvez me faire confiance, nous aviserons à ce moment là. Qu’en pensez-vous ?
_ C’est un marché équitable, répondit Asano d’une voix tremblante. Mais, je ne sais pas si … Enfin en
attendant il peut toujours nous …
_ Ne vous inquiétez pas, votre protection policière va débuter dès maintenant. Mon ami est parti
contacter un ami policier qui va vous prendre en charge directement.
_ Je ne voulais pas qu’il aille en prison … dit Asano.
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_ Ne culpabilisez pas trop monsieur. Grâce à vous, il va peut-être en sortir plus rapidement que prévu.
Et puis je le connais bien. Ichigo Kurosaki ne se laisse pas abattre aussi facilement ! Ne vous faites pas
de soucis.
_ Peut-être mais … J’ai lu qu’il était policier lui aussi. Peut-être que j’ai détruit sa carrière à tout
jamais.
_ Oh non, il se relèvera vite. C’est l’un des meilleurs flics que je connaisse.
_ J’espère qu’il me pardonnera …
_ Votre témoignage a contribué à l’envoyer en prison mais il n’est pas l’unique responsable de sa
condition actuelle. Et je suis sûre qu’il ne vous en voudra pas dès lors qu’il saura qu’on vous a
menacé. Il adore les enfants et ne supporte pas qu’on s’en prenne à eux.
_ Vous me faites le portrait de quelqu’un de drôlement bien …
_ C’est parce qu’il l’est !
_ Vous êtes sa petite amie ?
_ Non ! Juste une amie. Et … Je suis aussi la sœur de l’inspecteur qui a été assassiné.
_ Ca doit pas être facile pour vous de mener l’enquête.
_ Je ne m’arrêterai pas tant que le véritable coupable sera dans la nature.
Asano observa la jeune femme en silence quelques minutes. Elle était si petite qu’on aurait pu la
prendre pour une très jeune adolescente de loin. Mais son ton était si déterminé et inspirait
tellement confiance, qu’on aurait été prêt à la suivre n’importe où.
_ Ecoutez, reprit l’homme. Je pense que je peux déjà vous révéler quelque chose.
_ Je vous écoute.
_ Ce soir là, Kurosaki n’était pas …
Une détonation se fit entendre et Rukia vit son interlocuteur s’écrouler devant elle, une balle logée
dans sa tempe. Elle écarquilla les yeux de surprise et ne réagit pas immédiatement.
_ Rukia ! hurla Renji qui revenait en courant.
_ Ren … Appelle une ambulance ! vite !
Au même moment, Kaien arrêtait sa voiture et lançait un appel radio. Il sortit en courant et
s’approcha du témoin.
_ Merde. Il est mort, déclara-t-il d’un ton morne.
Kaien attendit les secours et Shuuhei. Ils firent embarquer le corps d’Asano et emmenèrent Rukia et
Renji au commissariat pour prendre leur déposition.
_ J’peux aller aux toilettes avant ? demanda Renji blême.
_ Vas-y, lui dit Kaien. Rukia ça va ?
_ Pas vraiment. Je venais de lui promettre que tout irait bien et que sa femme n’élèverait pas ses
gosses seule et résultat … En plus de ça il allait me révéler quelque chose, mais il n’a pas eu le temps
de terminer sa phrase.
_ Rukia, ça devient trop dangereux, je veux que tu arrêtes.
_ Non ! Je trouverai le véritable coupable et je sortirai Ichigo de là !
_ Sois raisonnable Rukia, intervint Shuuhei.
_ Ecoutez, rien que le fait que le témoin ait été tué va vous donner une occasion de faire rouvrir
l’enquête et je sais que là, vous ferez tout pour qu’on vous la confie.
Kaien et Shuuhei se regardèrent. Décidément, elle les connaissait bien.
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_ Alors c’est pas que je vous fais pas confiance, mais j’ai commencé cette enquête, j’ai promis à
Ichigo de l’aider. Alors je continue.
_ Ichigo ne voudrait pas que tu te mettes en danger.
_ Très bien ! Je n’irai plus sur le terrain. Mais vous ne m’empêcherez pas de continuer à fouiller ce
que j’ai !
_ D’ailleurs, dit Shuuhei. En parlant de ça, comment t’étais au courant pour le témoin ?
_ J’ai réussi à récupérer une copie du dossier.
_ Comment ?
_ Désolée, je ne peux pas révéler mes sources. Et vous n’avez aucun moyen de m’y obliger.
Pas de chance, elle était avocate. Et une bonne en plus.
Ils lui sourirent.
_ Tant que tu nous laisses aller sur le terrain, je pense qu’on peut te laisser fouiner dans la paperasse
… concéda Kaien.
_ Ca va Renji ? demanda Shuuhei en le voyant revenir.
_ Désolé, j’ai pas l’habitude de voir des morts …
Ils prirent leurs dépositions et les laissèrent repartir.
_ C’est bizarre non ? dit Kaien une fois les deux amis partis.
_ Quoi ?
_ Ils ont mentionné tous les deux un problème de réseau sur leurs téléphones. Pourtant quand je suis
arrivé sur les lieux, le mien était en service.
_ Tu veux dire que ça impliquerait un brouilleur électronique ?
_ Ouais.
_ Pas con, dit Shuuhei. Mais ça n’a pas une grande portée ça, si ?
_ Cinquante mètres max il me semble. Mais le tueur n’était pas si loin puisqu’il a pu abattre le témoin
avec un simple neuf millimètres dont la portée est de maximum 10 mètres. Vu l’impact, je pense qu’il
était même plus près.
_ A cinq mètres exactement, dit Kisuke en entrant avec les résultats de la ballistique.
_ P’tain ! T’as travaillé avec un turbo ou quoi ? demanda Shuuhei.
_ Ca va nous permettre de rouvrir l’enquête non ? alors j’ai fait au plus vite, répondit Kisuke.
Kaien lui sourit et fonça dans le bureau du commissaire Ukitake pour demander l’enquête. Ce dernier
n’eut pas de mal à la leur accorder, ayant avancé à ses supérieurs que l’autre équipe n’avait
vraisemblablement pas fait du bon travail puisque le décès d’un témoin aujourd’hui, prouvait
qu’Ichigo n’était certainement pour rien dans l’affaire ou tout du moins qu’elle incluait une autre
personne et que cela n’avait pas été signalé auparavant. On leur donna le droit de rouvrir l’enquête
en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire.
Kaien n’avait pas oublié le détail dont Rukia lui avait fait part et demanda à Yoruichi de refaire toute
une série de tests concernant les traces de sang et les angles des blessures en prenant en compte le
fait que ni l’un ni l’autre ne tenait correctement debout. L’experte avait une affaire en cours très
importante qu’elle ne pouvait déléguer et lui expliqua qu’elle ne pourrait pas s’y mettre avant deux
jours.
Shuuhei et lui se mirent à travailler d’arrache-pied.
Rukia rentra furieuse. Elle était triste pour la famille Asano, mais aussi dans une colère noire.
Si ces abrutis qui avaient fait la première enquête avaient été un peu plus minutieux au lieu de s’en
tenir aux évidences, Ichigo ne serait pas en train de croupir en prison et ce père de famille serait
toujours en vie.
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Elle claqua violemment la porte de son appartement et se remit seule à travailler. Elle avait renvoyé
Renji se reposer chez lui cette nuit. Il était fatigué et la mort d’Asano sous ses yeux l’avait secoué.
Mais elle était tellement énervée elle-même qu’elle n’arriva à rien ce soir là. Elle s’endormit
d’épuisement sur son bureau.
Les rayons du soleil qui filtraient au travers de ses rideaux d’organza la réveillèrent.
Elle était courbaturée et fatiguée mais elle ne pouvait pas abandonner.
Rukia mit en route sa cafetière avant d’aller prendre une douche. Elle cogitait sous le jet d’eau
chaude quand quelque chose lui vint à l’esprit.
C’est à peine si elle prit le temps d’arrêter l’eau quand elle sortit précipitamment de la salle de bain
pour se précipiter sur son ordinateur. Elle ouvrit une page Internet et chercha dans les archives des
journaux les articles correspondants au nom de son frère. Une multitude d’entre eux
correspondaient au meurtre de ce dernier. Elle les passa rapidement et tomba enfin sur ce qu’elle
cherchait dans des archives remontant à dix ans en arrière :
« Byakuya Kuchiki promu au titre d’inspecteur
Le policier Byakuya Kuchiki qui a arrêté la semaine dernière le serial killer Aizen Sosuke a été
promu hier au titre d’inspecteur. En effet, depuis quelques temps, la police courrait après un
tueur qui avait pris pour habitude de faire accuser d’autres personnes de ses crimes, en général
des proches des victimes, par une mise en scène remarquable. Il a fallu douze meurtres
différents pour que la police s’aperçoive que quelque chose n’était pas cohérent et se mette à la
recherche du véritable meurtrier qui a été arrêté grâce à l’exceptionnel esprit de déduction et
d’investigation du jeune policier âgé de seulement vingt-deux ans. »
C’était ça. C’était la même méthode. Le meilleur moyen de prendre sa vengeance. Tuer le policier qui
l’avait arrêté et faire accuser son co-équipier. Mais Aizen Sosuke était en prison. Qui avait bien pu lui
servir d’instrument ?
Elle en était là de ses réflexions quand on sonna. Elle se leva pour aller ouvrir la porte et se retrouva
nez à nez avec Renji.
_ Bordel ! fit celui-ci en rougissant. On t’a pas appris à t’habiller ?
Rukia baissa les yeux sur sa tenue qui ne comportait en tout et pour tout qu’une simple serviette
enroulée autour de la taille.
_ Oh ça va, répondit-elle en fermant la porte. C’est pas comme si c’était la première fois !
_ On était gamin à l’époque !
Rukia arrêta la cafetière pendant que Renji s’installait au salon.
_ Café ?
_ Ouais.
Elle revint avec deux tasses et se dépêcha d’enfiler un survêtement avant que Renji ne finisse par
faire une syncope.
_ J’ai trouvé quelque chose ! annonça-t-elle alors qu’elle revenait dans le salon.
_ Vas-y, répondit Renji en avalant une gorgée de café.
_ Je crois qu’on a affaire à une sorte de copycat. Ou d’instrument de vengeance.
_ Développe, dit Renji en fronçant les sourcils ne comprenant pas où elle voulait en venir.
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_ Tu te rappelles, Byakuya a été promu inspecteur à la crim’ après avoir arrêté un serial killer. Aizen
Sosuke.
_ Euh … Ouais … ?
_ Tu te souviens pas ? Il faisait accuser les autres de ses crimes par une mise en scène extraordinaire !
_ Ah si, maintenant que tu le dis … Mais il est en prison non ?
_ Oui, c’est pour ça que je te parle de copycat. Y a des fous partout, imagine un mec qui soit devenu
« fan » d’Aizen. Il prend contact avec lui et il décide de venger son « idole » !
_ Euh mais le courrier est pas surveillé ? demanda Renji perplexe.
_ Si ! Mais ils sont pas fous, ils ont dû employer un code !
Renji sembla réfléchir.
_ Ca se tient, dit-il. Ca vaut le coup d’essayer d’en savoir plus !
_ Tu peux m’obtenir le dossier d’Aizen dans les fichiers de la prison ?
_ Bien sûr. J’te fais ça en rentrant chez moi. J’étais juste venu voir si t’avais besoin d’un coup de main
parce que j’ai reçu une nouvelle mission, je dois créer un programme de sécurité pour une société de
courtage avant demain soir … Ils se sont fait pirater et je dois réparer ça au plus vite, autant te dire
que je vais pas dormir de la nuit …
_ Courage ! Et t’embête pas, ça presse pas, je vais de toute façon prévenir Kaien et Shuuhei, ils vont
aller faire un petit tour chez le détenu à mon avis.
_ Ca marche, j’te maile le tout dès que je l’ai. T’as besoin de rien sinon ?
_ Non t’inquiètes pas, plus vite tu rentres faire ce que t’as à faire, plus vite tu reviens m’aider !
Il lui sourit et rentra chez lui. Deux heures et demie plus tard, Rukia avait le dossier du prisonnier
dans sa boîte mail. Entre temps, elle avait appelé Kaien pour lui faire part de sa découverte. Il lança
directement une requête pour pouvoir perquisitionner la cellule d’Aizen mais il lui fallait attendre le
lendemain matin puisqu’il y avait plusieurs procédures à respecter.
Aizen Sosuke était en train de regarder la télévision dans sa cellule. Considéré comme très dangereux,
il était isolé des autres et ne s’en plaignait pas, il trouvait qu’il avait droit à plus de confort de cette
façon. Il avait appris au journal télévisé la mort du policier à cause duquel il s’était retrouvé là et il en
avait été très satisfait, d’autant plus qu’il avait pu participer indirectement à son meurtre. Il ne se
retourna pas quand sa cellule s’ouvrit.
_ J’ai fini de manger, vous pouvez prendre le plateau.
_ J’suis pas là pour ça, répondit le gardien.
Sosuke eut à peine le temps de se retourner qu’il sentit une aiguille s’enfoncer dans sa peau au
niveau de son cou. En quelque secondes seulement, il ne put plus bouger un seul membre. Mais il
pouvait toujours parler.
_ Qui êtes-vous ? demanda-t-il.
_ Votre correspondant préféré.
_ Qu’est-ce que tu fais là ?
_ Vos conseils m’ont été bien utiles voyez-vous. Le problème, c’est que je sais que la police va bientôt
venir faire un petit tour ici et que je ne peux pas prendre le risque que t’ouvres ta grande gueule.
Alors je suis venu m’occuper de toi personnellement et récupérer mon courrier.
_ Tout est surveillé ici, tu ne t’en sortiras pas comme …
Sa phrase se perdit quand l’homme qui se trouvait derrière lui trancha le cou d’un seul mouvement.
Le sang gicla sur le mur de la cellule. L’assassin laissa tomber négligemment le corps sans vie sur le
sol et fouilla la pièce. Il tomba rapidement sur un paquet de lettres et reconnut là son courrier. Il le
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fourra dans sa poche, prit garde à ne pas marcher dans la flaque de sang qui se formait sur le sol,
referma la cellule et s’en alla.
Le lendemain matin, Kaien et Shuuhei étaient en route pour la prison, mais une mauvaise nouvelle
les attendait.
_ Inspecteurs Shiba et Hisagi. Nous venons voir Aizen Sosuke.
_ Ah, répondit le gardien. Vous avez pas de chance, il a été tué cette nuit.
_ Pardon ? fit Shuuhei.
_ Ouais, on l’a retrouvé égorgé ce matin dans sa cellule.
_ Vous avez un suspect ?
_ Ouais, mais y a un souci avec justement. Il correspond … sans correspondre.
_ C'est-à-dire ?
_ Ben les gardiens de nuit l’avaient jamais vu avant. Mais on attendait un nouveau alors ils se sont
pas trop posé de questions et puis il avait la tenue, le badge et l’autorisation. Il a dit s’appeler
Hanataro Yamada. On en a un dans l’administration pénitentiaire, mais il est affecté à la prison
Sokyokou. Il était là-bas la nuit dernière d’ailleurs. Il a quand même été arrêté au cas où, mais les
gardiens sont formels et les vidéos le prouvent : c’est le même visage, mais la taille ne correspond
pas. L’assassin était beaucoup plus grand que lui.
_ Merde … Quelque chose à disparu ? demanda Kaien.
_ Ouais, tout son courrier.
_ Comme par hasard … fit Shuuhei. On peut quand même aller jeter un coup d’œil ?
_ Ouais allez-y.
Les deux inspecteurs pénétrèrent dans la cellule. La police scientifique était en plein travail mais ils
avaient déjà récupéré l’essentiel et leur permirent d’entrer. Kaien et Shuuhei fouillèrent la pièce de
fond en comble mais ne trouvèrent rien. Ils allaient repartir quand l’un des scientifiques les interpela :
_ Inspecteurs !
_ Ouais ? fit Shuuhei en se retournant.
_ J’ai trouvé ça. C’était caché dans le matelas. Il semblerait que ce soit une lettre.
Les deux inspecteurs échangèrent un regard.
_ On peut la prendre pour notre labo ?
_ Allez-y, j’ai appelé mon supérieur, votre commissaire lui a demandé de coopérer avec vous, nos
enquêtes vont se croiser.
_ Merci, répondit Shuuhei en se saisissant du sachet en plastique qui contenait la lettre.
Ils retournèrent à la brigade et filèrent directement voir Kisuke qui se mit immédiatement à l’étude
de la lettre. Il releva les empreintes qui se trouvaient dessus puis tenta d’élucider le code, tâche
difficile vu qu’il n’y avait pas d’autre lettre pour recouper les mots.
Kaien fonça chez Rukia pour le lui annoncer.
_ T’avais certainement raison, lui dit-il en entrant.
_ C'est-à-dire ?
_ Aizen a été assassiné cette nuit. Ce qui prouve que tu avais raison : il était impliqué.
_ Assassiné ? par qui ?
_ On sait pas justement. Le mec s’est fait passer pour un certain Yamada Hanataro, mais il a été
prouvé que ça ne pouvait pas être lui.
_ Yamada Hanataro ? C’est un gardien de la prison Sokyokou non ?
_ Comment tu le sais ?
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_ Il s’occupe d’Ichigo, j’ai déjà eu affaire à lui.
_ Etrange … La personne qui a assassiné Aizen est très certainement l’assassin de ton frère et d’Asano
et elle sait ou anticipe ce qu’on fait.
_ Nous sommes donc surveillés. Je suis peut-être sur écoute ?
_ Non, j’ai fait vérifié ta ligne dès que tu m’as dit que tu commençais une enquête. Le dernier test a
été fait par Kisuke hier et il n’y avait toujours rien.
_ Et en ce qui concerne Ichigo ?
_ Pour le moment, rien. Il faut que Kisuke déchiffre le code de la lettre qu’on a trouvée. Et ça va être
difficile. Il n’a que celle-ci, il ne peut pas recouper ses résultats. Mais on a déjà une adresse. Même si
elle ne nous sert à rien. Le correspondant d’Aizen faisait envoyer ses lettres à une boîte postale. Bien
sûr, y a rien au niveau du locataire de la boîte. Il règle en espèces et au nom de John Doe.
_ Génial … C’est quoi la boîte ?
_ Numéro quatre-vingt treize, allée bleue, à la poste centrale.
_ Effectivement, ça va pas aider beaucoup, dit Rukia en notant tout de même l’adresse dans son
calepin au cas où.
Ils discutèrent encore un peu puis, Kaien retourna au poste de police pendant que Rukia rassemblait
une nouvelle fois les éléments qu’elle avait obtenus.
Le lendemain, elle avait obtenu un droit de visite et se rendit à la prison Sokyokou pour voir Ichigo.
_ Tu vas bien ?
_ Ouais, comme tu le vois, je suis pas trop amoché. J’ai de la chance d’avoir Hanataro dans la prison
où je suis.
_ Ouais … D’ailleurs, t’as entendu parler d’Aizen ?
_ Ouais, il m’a raconté ça rapidement. Vous avez quelque chose ?
_ Kisuke est en train d’essayer de déchiffrer une lettre. Il est possible qu’elle nous donne des indices.
Je pense qu’on va bientôt réussir à te sortir de là Ichigo.
Il lui sourit.
_ Je pourrai jamais te remercier assez tu sais.
_ Attends ! dit elle en riant, c’est pas encore fait !
_ Peut-être, mais même si ça ne se faisait pas, je ne pourrai jamais te remercier assez pour tout ce
que tu as fait.
Elle rougit.
_ Dis pas n’importe quoi, t’en aurais fait autant pour moi ou pour Byakuya.
_ C’est vrai. Et t’aurais réagi comment ?
Elle réfléchit et sourit :
_ J’aurais pas su comment te remercier.
Trois jours et trois nuits plus tard, Kisuke avait travaillé sur cette lettre sans prendre de repos ou
presque. Les empreintes qu’ils avaient relevées dessus n’appartenaient qu’à Aizen. Yoruichi avait
bien déterminé que les traces ne correspondaient pas pour quelqu’un qui ne tenait pas debout, mais
c’était trop léger. Alors ils avaient donc du se reposer uniquement sur le contenu de la lettre pour
appuyer leurs dires. Kisuke avait fini par définir la majeure partie du code employé et avait trouvé
tout un passage concernant l’assassinat de Byakuya et la machination pour accuser Ichigo. La lettre
était passée entre les mains d’autres experts qui confirmèrent la théorie et une semaine et demie
plus tard, on autorisa enfin l’inspecteur Kurosaki à sortir de prison.
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Rukia, Renji, Kaien et Shuuhei étaient venus le chercher.
Quand il sortit, la petite brune se rua dans ses bras.
_ Tu as réussi, lui murmura-t-il. Merci.
_ Hé ho ! Elle a pas tout fait toute seule non plus ! râla Kaien en souriant.
Ichigo reposa Rukia à terre et vint serrer la main de ses amis et les remercier.
_ Par contre, le véritable assassin court toujours, dit Shuuhei alors qu’ils le ramenaient chez lui. Alors
on a mis des flics en faction devant chez toi. Au moindre truc suspect, ils monteront.
_ Ok … Merci à tous, vraiment.
_ Pas de quoi ! Mais le boulot n’est pas terminé, dit Kaien en lui souriant. Vas profiter du calme et de
la tranquillité à laquelle tu n’as pas eu droit depuis des semaines.
Ichigo sourit à ses amis puis sortit de la voiture. Il entra dans son appartement et ferma la porte à
clés, puis observa quelques temps le deux pièces depuis le couloir d’entrée. Il était soulagé, mais une
sensation de vide l’envahit subitement. Il n’avait pas eu le temps de souffler, il avait été arrêté, mis
en détention préventive, un procès l’avait accusé de meurtre, placé en détention dans une prison où
il était malmené et sans cesse sur le qui-vive. Mais là, une fois au calme, il réalisa. Byakuya, son
collègue, son ami, son mentor était mort. Il ne viendrait plus jamais ici. Il ne passerait plus jamais
cette porte avec un sachet de chips et des bières. Ichigo posa son sac, se laissa glisser le long de la
porte et laissa les larmes qu’il retenait depuis si longtemps, couler le long de son visage sans retenue.
Quelques heures plus tard, il se reprenait et allait prendre une douche. Quand il sortit, on sonnait à la
porte.
_ Oh ! Renji !
_ Re ! J’me suis dit que t’aurais peut-être un coup de déprime ! Alors j’suis passé avec quelques
remontants ! annonça Renji en brandissant un sac de bières.
_ Cool ! J’en avais justement bien besoin ! Vas-y entre !
_ Par contre, elles sont pas fraîches, dit Renji en pénétrant dans l’appartement.
_ Donne, je vais les mettre au frigo.
Ichigo se pencha et plaça le pack de bières au frigo. Quand il se retourna, il eut une mauvaise surprise.
Rukia entra. Elle était soulagée. Ichigo avait enfin été innocenté. Mais elle ne lâchait pas l’affaire pour
autant. Son ami était libéré, mais l’assassin de son frère courrait toujours dans la nature.
Elle se fit une tasse de café et s’installa dans son canapé avec la télévision en fond sonore, puis elle
prit les différents dossiers qu’elle avait montés et les consulta un à un pour essayer de trouver un
indice.
La lumière du jour baissait. Elle avait passé l’après-midi complète sur les dossiers. Elle se leva pour
aller allumer la lumière du salon et se faire un petit quelque chose à grignoter. Elle se réinstalla dans
le canapé, un plateau repas posé devant elle et zappa pour trouver un film. Elle trouva une comédie
romantique et entama son sandwich quand une scène la frappa.
_ Tu fais quoi ? entendit-on sortir de la télévision.
_ Je m’arrête à la poste. Je dois relever mon courrier.
_ Ton courrier ? Et la boîte aux lettres de ton appart, elle sert à quoi ?
_ Ici, c’est ma boîte professionnelle.
Rukia n’entendait plus les répliques bon marché. Elle se revoyait avec Renji à la poste centrale.
_ Pourquoi on vient là ?
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_ Parce qu’il faut que je relève mon courrier !
_ Ton courrier ? demanda Rukia un sourcil levé.
_ Ben ouais, comme ça on me trouve pas directement. Y a plein de trucs qui essayent de me recruter.
Je préfère donner une boîte postale comme adresse pro, je suis sur liste rouge, comme ça, je suis
tranquille !
_ C’est la rançon du succès ça mon brave !
Elle se rappelait. Ils étaient dans l’allée bleue. Mais elle ne se rappelait pas du numéro. Non
impossible. Ca ne pouvait pas être Renji.
Pourtant, maintenant que cette idée avait germé dans sa tête, tout se replaçait.
Quand ils étaient allés interroger Asano, il avait mis du temps à revenir. Pourtant Kaien était arrivé
juste après qu’on ait tiré sur l’homme. Il avait donc été prévenu depuis quelques minutes déjà.
« Au fait, on pense que pour vos portables qui n’avaient plus de réseau, le tueur devait avoir un
brouilleur électronique sur lui »
Un brouilleur électronique. Tout à fait le genre de gadgets qu’aurait pu avoir Renji.
Et quand ils étaient allés au commissariat juste après. Elle se souvenait maintenant.
« Je peux aller aux toilettes ? »
Quand il était revenu, il n’avait plus son sac. Pourtant, quand ils sont repartis ensemble, il portait sa
besace. Le brouilleur et l’arme devaient être cachés dedans et il les avait planqués aux toilettes. Qui
l’aurait soupçonné ? Il ne prenait pas grand risque …
« Un mec s’est fait passer pour Yamada Hanataro »
Rukia lui avait parlé d’Hanataro. Le jour où ils avaient interrogé Asano.
_ T’es déjà levée ?
_ Ouais, je tenais pas en place.
_ Tu parlais à qui ?
_ A Ichigo, je l’ai appelé.
_ Il va bien ?
_ Ouais, un gardien de prison, Yamada Hanataro, s’est pris d’amitié pour lui. Il est entouré.
_ C’est déjà ça.
Et il n’était pas avec elle le soir où Aizen avait été tué.
« Pas de traces d’effraction, Byakuya connaissait son agresseur »
« Je crois que j’ai entendu la sonnette, mais je suis pas sûr »
Renji avait raccompagné Rukia chez elle ce soir là. Mais qui lui disait qu’il était rentré chez lui après ?
Et s’il était retourné chez son frère, ça expliquerait le coup de sonnette que pensait avoir entendu
Ichigo.
« l’assassin sait ou anticipe tout ce qu’on fait »
Il n’avait pas de mal à anticiper … Il était aux premières loges … Mais … Quel était le mobile ? Renji
n’avait absolument aucune raison de tuer Byakuya … Non, il était impossible qu’il ait fait ça. Pas Renji.
Elle le connaissait depuis l’enfance. Ils étaient toujours restés ensemble. Toujours. Renji n’avait pas
pu faire ça.
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Rukia sentit la nausée monter et la tête lui tourner. Elle reposa un instant les dossiers à côté d’elle et
se prit la tête entre les mains.
Les idées se bousculaient dans sa tête. Elle n’arrivait pas à y croire. Et pourtant, elle attrapa le
combiné du téléphone et appela Kaien pour lui faire part d’une voix blanche de ses suppositions.
_ Renji ? fit Kaien à la fin du récit tout aussi secoué que son interlocutrice. Mais … Renji vient d’être
signalé par les policiers qui surveillent le bâtiment d’Ichigo. Il est allé lui rendre visite, il sait qu’ils
sont là, enfin ça serait débile et puis Renji ne … avança-t-il comme si ça pouvait être une preuve de
l’innocence de l’informaticien.
_ Il quoi ? s’écria Rukia.
_ Il est monté chez … allo ?
Rukia avait lâché le combiné et était sortie en courant de chez elle. Elle héla un taxi au passage et lui
demanda de la mener le plus rapidement possible à l’adresse d’Ichigo.
Kaien mit quelques minutes avant de réaliser puis appela Shuuhei pour lui faire part du raisonnement
de Rukia, encore sous le choc.
_ Appelle les agents en faction ! s’exclama Shuuhei nettement plus réactif.
Kaien prit sa radio et lança un appel. Personne ne répondit.
Ils attrapèrent leurs armes de service et foncèrent à leur voiture.
En quelques minutes seulement, Rukia était arrivée chez Ichigo. Elle sortit du taxi en trombes et
entra directement dans le bâtiment.
Les agents Asegawa et Arisawa prirent leur radio pour prévenir de la présence de la nouvelle
arrivante. Ils s’aperçurent alors que la communication était brouillée et ne passait pas.
_ Qu’est ce que tu fais ? demanda Ichigo interloqué en refermant la porte du frigo derrière lui.
_ A ton avis ? demanda Renji en pointant un neuf millimètre sur le jeune inspecteur. Allez vas
t’asseoir.
Ichigo obtempéra et se dirigea vers le canapé du salon, les mains dans les poches, son portable entre
les doigts.
_ Et pas la peine d’essayer de prévenir tes potes, tu vois ça ? demanda-t-il en sortant un petit boîtier
de sa poche. C’est un brouilleur électronique. Pas de communications dans un rayon de cinquante
mètres.
Ichigo sortit les mains de ses poches et s’assit.
_ Renji bordel, à quoi tu joues ? demanda-t-il en fronçant les sourcils.
_ Tu ne te rappelles vraiment de rien alors ?
_ Mais de quoi tu parles ?
_ Pourtant, tu as dit à Rukia avoir entendu une sonnette ce soir là …
Ichigo fronça un peu plus les sourcils mais ne dit rien.
_ C’était moi. J’ai raccompagné Rukia chez elle, puis je suis revenu. Si tu savais depuis combien de
temps j’attendais de pouvoir faire ça. Et ce soir là, vous m’avez donné l’occasion parfaite.
_ L’occasion parfaite ? Mais je comprends pas …
_ De me débarrasser de vous ! J’ai mis une drogue dans vos derniers verres. Une drogue similaire au
GHB. Indétectable. Efface tous les souvenirs. Ca a super bien marché. Quand je suis revenu, t’étais
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complètement dans les vapes. Byakuya, lui, il a résisté un peu plus longtemps. C’est d’ailleurs pour ça
qu’il s’est écroulé sur sa table lui. Il l’a brisée au passage, ce qui m’a permis de mettre en place plus
facilement ma scène de lutte. Vous étiez comme des pantins entre mes mains. Aizen avait raison,
c’est beaucoup plus simple qu’on le pense de mettre en place une scène de crime. Le plus facile a été
de simuler une bagarre entre vous et de vous mettre des coups l’un avec l’autre. J’ai créé un logiciel
qui permet de calculer l’angle d’entrée d’un couteau dans un corps selon différents paramètres. La
taille, le poids, la musculature. Tout était calculé au millimètre près. J’ai mis ta chemise et je me suis
lancé. C’était tellement simple. Même les experts n’y ont vu que du feu. Après, il m’a fallu te porter
jusque chez toi. C’est pas que, mais t’es vachement plus lourd que je le pensais. Arrivé là bas, j’ai
ouvert avec tes clés, je t’ai jeté sur le lit, j’ai mis ta chemise par terre et j’ai lavé les gants que je
portais dans ton lavabo pour qu’il y ait des résidus de sang. La suite tu la connais. Enfin, j’ai eu chaud,
avec cet abruti qui fermait son bar. J’ai cru que je pourrai me contenter de le menacer, mais Rukia
est bonne oratrice et l’a presque convaincu de parler. J’ai pu m’en débarrasser juste avant qu’il ne
l’ouvre trop. Après, y a eu Aizen. Trop facile. Un masque ça se fait en très peu de temps tu sais,
surtout quand on a le matos qui va bien. Et puis une carte magnétique avec un code référencé … Rien
de plus simple !
Ichigo en resta comme deux ronds de flan. Il ne réalisait toujours pas.
_ C’était presque bon. Mais j’ai sous-estimé la confiance que Rukia a en toi. C’est ma seule erreur.
Ichigo sembla se réveiller un peu.
_ Mais … Pourquoi ? Je veux dire … T’as pas fait tout ça juste pour t’amuser si ? C’est … Enfin … Ton
mobile, c’est quoi ? demanda-t-il toujours abasourdi.
_ Mon mobile ? Mais voyons, c’est simple … Byakuya et toi, vous me l’avez prise dès que vous êtes
entrés dans nos vies … Nous étions biens elle et moi … Et puis un jour, alors qu’elle avait que douze
ans, il est apparu, clamant qu’il était son grand-frère. Cet enfoiré l’a laissée tomber pendant neuf ans
et il se dit son grand-frère ? C’est moi qui ai pris soin d’elle depuis qu’elle est gamine !
_ Mais Renji … Tu connais pourtant les circonstances, dit calmement Ichigo. Ils ont été séparé par une
catastrophe naturelle, tu sais l’amour que Byakuya portait à sa sœur, si il avait pu la retrouver plus
tôt, il l’aurait fait …
_ De l’amour ? De la culpabilité ouais ! Il s’est rappelé qu’il avait une sœur, l’a prise sous son aile et
puis après il a tellement culpabilisé qu’il lui passait tout ! Et moi dans tout ça hein ? Moi j’me suis
retrouvé tout seul comme un con après ça !
_ Rukia ne t’a jamais laissé tomber.
_ Ouais je sais, c’est pour ça que je lui en veux pas à elle ! Mais à cause de lui, elle n’était plus près de
moi ! Et puis après, toi, t’es arrivé ! D’où tu sortais hein ? T’es arrivé et pareil ! Encore moins de place
pour moi !
_ Renji …
_ Quoi ? T’as rien à dire ! C’est la vérité ! Byakuya, puis toi … Et moi ? On ne peut pas tenir à trois ! On
ne pouvait pas tenir à trois ! Mais maintenant c’est réglé. Plus de Byakuya. Plus d’Ichigo. Elle n’aura
plus que moi.
_ Tu es prêt à la rendre aussi malheureuse ?
_ Malheureuse ? Mais elle ne le sera plus quand elle sera avec moi ! Tu ne comprends pas ?
Non, Ichigo ne comprenait pas. Mais il valait mieux éviter d’énerver quelqu’un de dérangé avec des
questions débiles, surtout si ce quelqu’un pointe un joli neuf millimètres à très peu de distance de
son crâne.
_ Ecoute Renji …
_ Non ! Non j’écoute pas ! Je vais te buter et tout rentrera ENFIN dans l’ordre !
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_ Ok, ok … Mais dans ce cas là, pourquoi l’avoir aidée à prouver que j’étais innocent ? J’veux dire …
_ Je sais c’que tu veux dire ! J’avais pas l’choix ! Je savais qu’elle ferait son enquête avec ou sans moi !
Et il valait mieux que ce soit avec moi ! Ainsi, j’avais toujours une longueur d’avance pour retirer
toute trace de mon implication dans l’affaire !
_ Mais …
_ Maintenant tais-toi ! J’veux plus t’entendre ! J’veux plus jamais t’entendre ! J’veux que tout
redevienne comme avant !
Rukia monta les escaliers quatre à quatre. Elle sortit son trousseau de clés. Elle avait la clé de
l’appartement d’Ichigo depuis qu’elle avait du venir arroser ses plantes quand Byakuya et lui étaient
partis en formation trois semaines en rase campagne. Elle entendait la voix de Renji de l’autre côté
de la porte et ouvrit le plus discrètement possible.
Il hurlait tellement fort qu’il n’entendit pas quand elle poussa tout doucement la porte d’entrée.
Kaien et Shuuhei étaient arrivés devant le bâtiment quand l’agent Asegawa sortit du véhicule.
_ Inspecteurs ! On vient d’essayer de vous prévenir que Rukia Kuchiki est entrée dans le bâtiment
mais les communications sont brouillées !
_ On sait ! cria Shuuhei avant de s’engouffrer dans le bâtiment.
Il suivit Kaien dans l’escalier. Ils ouvraient la porte de l’étage quand une détonation retentit.
Renji retira le cran de sécurité de son arme et tira.
_ Non !! hurla Rukia en s’interposant.
Renji voulut stopper son geste quand il la vit dans son angle de tir. Mais c’était trop tard.
Rukia sentit une violente douleur la traverser et elle s’écroula.
Ichigo se figea un instant.
Un autre coup de feu retentit. Kaien avait tiré dans l’épaule de Renji qui lâcha son arme. Shuuhei se
jeta sur lui et le plaqua au sol. Kaien écarta l’arme d’un coup de pied et écrasa le boîtier du brouilleur.
_ Appelle une ambulance ! lui hurla Ichigo en compressant la blessure de Rukia qui avait été touchée
à l’abdomen.
_ Ici l’inspecteur Shiba ! Envoyez immédiatement une ambulance à l’adresse de l’Inspecteur Kurosaki !
C’est urgent !
_ Je vais mourir ? demanda Rukia d’une voix faible.
_ Rukia ! Je suis désolé ! hurlait Renji au travers de ses larmes.
_ Mais non tu ne vas pas mourir ! s’écria Ichigo en appuyant de toutes ses forces sur la plaie pour
tenter de stopper l’hémorragie. Je te l’interdis ! Tu m’entends ?
Rukia lui sourit faiblement avant de fermer les yeux.
Quelques minutes plus tard, les secouristes entraient dans l’appartement.
Les experts psychiatriques déclarèrent que les crimes de Renji étaient des crimes passionnels. Il avait
construit depuis toujours son monde autour de Rukia. Renji n’avait jamais connu l’amour d’une
famille et pour lui la seule personne qui comptait vraiment dans sa vie, c’était elle. Il n’avait pas
supporté que d’autres personnes lui soient proches et les voyait comme des menaces au fragile
équilibre qu’il avait élaboré autour de la jeune femme. Il avait totalement perdu pieds et avait
commis des actes irréversibles en les voyant comme salutaires à sa relation avec elle. Il fut jugé
coupable et enfermé sous surveillance pour ne pas qu’il se suicide. Il sombra dans une profonde
dépression quand il réalisa ce qu’il avait fait à la seule personne qui comptait réellement pour lui.
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L’inspecteur Kurosaki fut lavé de tous soupçons et rétablit dans ses fonctions. On lui présenta des
excuses publiques et les enquêteurs qui s’étaient chargés de l’affaire furent rétrogradés à la
circulation pour une durée indéterminée. Les médias avaient mis tant de pression que les hauts
gradés avaient voulu faire de lui un exemple en prouvant que l’on traitait tous les criminels de la
même façon, de quelque milieu qu’ils soient issus. Leur empressement fut une grave erreur.
Quatre mois plus tard …
Ichigo se pencha sur la tombe et déposa un bouquet de roses blanches. Il passa un coup sur la pierre
pour retirer la poussière et alluma un bouquet de bâtons d’encens avant de se recueillir dans le
silence quelques minutes.
_ Tu me manques, tu sais ? dit-il à voix haute. C’est pas pareil sans toi. J’arrive pas à m’y faire. C’est
dur de se relever après tout ça. Tous ces évènements … Enfin, j’suis pas seul, c’est ce qui me fait
tenir ! Il y a Kaien, Shuuhei, Yoruichi, Kisuke … Le commissaire Ukitake aussi se montre très présent.
Et puis …
_ Et puis il y a moi ? demanda une petite voix derrière lui.
Il se retourna et considéra un instant la jeune femme.
_ Qu’est ce que tu fais ici ? demanda-t-il en fronçant les sourcils.
_ Je pensais bien te trouver là.
_ Je t’avais dit que je revenais. Tu n’aurais pas du sortir, les médecins t’avaient demandé de rester
tranquille. Tu es toujours en convalescence !
_ Je sais mais …
_ Tu ne m’écoutes donc jamais ?
_ Comme si c’était nouveau !
_ Rukia … dit-il avec une pointe de reproche.
_ Tu lui as dit ?
_ Pas encore. J’allais le faire, mais tu m’as interrompu !
_ Pff … souffla la jeune femme encore bien pâle. Des fois je me demande pourquoi j’ai accepté ! Tu as
toujours peur alors qu’il n’est même plus physiquement là !
_ J’ai pas envie qu’il hante toutes mes nuits !
_ Je serai à tes côtés pour te défendre, répondit la brune avec un sourire.
Ichigo se retourna et fit face à la tombe de son ancien co-équipier.
_ Bon voilà. Comme j’te disais, je suis pas seul. Il y a les collègues et puis … Et puis je vais bientôt
épouser ta sœur.
_ Et ben voilà, tu l’as dit, sourit la jeune femme.
Ichigo et Rukia fixèrent un instant la tombe en silence. Il enleva ensuite sa veste et la posa sur les
épaules de sa jeune fiancée.
_ Tu n’es quand même pas prudente !
Cette nuit là, quand ils s’endormirent dans les bras l’un de l’autre, ils firent le même rêve …
_ Félicitations Kurosaki !
_ Tu ne vas pas me frapper jusqu’à ce que mort s’en suive ?
_ Ne sois pas ridicule, je ne l’ai jamais vue avec un sourire pareil.
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Les deux hommes se tournèrent vers la jeune femme qui se dirigeait vers eux avec une brassée de
fleurs.
_ Vous avez vécu de sales trucs ces derniers temps.
_ Surtout elle, répondit Ichigo.
_ Mais je suis rassuré de savoir que tu seras désormais auprès d’elle pour la protéger.
_ Tu seras là toi aussi.
_ Bien sûr. Je veillerai toujours sur elle.
Ichigo regardait Rukia avancer vers eux d’un regard voilé de tristesse.
_ Elle s’en remettra, laisse lui le temps. L’homme qu’elle considérait depuis plus de vingt ans comme
son meilleur ami s’est révélé être l’assassin de son frère. Et il a failli te tuer. Elle ne sait toujours pas si
elle doit lui en vouloir jusqu’à la fin de ses jours ou lui pardonner.
_ Moi je ne lui pardonnerai pas.
_ Tu feras comme elle, répondit Byakuya avec un sourire et un clin d’œil.
_ Qui fera quoi ? demanda Rukia en arrivant à sa hauteur.
_ Je lui disais que je lui ferai payer éternellement si jamais il te faisait, ne serait-ce qu’un tout petit
peu, souffrir.
Rukia rit, Ichigo se renfrogna.
_ C’est bientôt le matin les enfants, annonça Byakuya. Mais sachez que vous avez ma bénédiction.
Soyez heureux.
Le réveil sonna, tirant du sommeil les amoureux.
_ Tu es rassuré ? demanda Rukia alors qu’Ichigo se tournait vers elle.
_ Je ne suis jamais inquiet quand tu es avec moi …
THE END
Kim Bok-Sil
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