Dolphin Intégration
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Dolphin Intégration
106 9 .2. 20 1 2 Dolphin Intégration STMicroelectronics Cyril COLIN-MADAN DESIGN PLATFORM DIRECTOR Louis ZANGARA DIRECTEUR DE LA STRATÉGIE DES SERVICES U ne autonomie d’une heure, 33 cm pour un poids de 800 grammes… C’était le DynaTAC 8000X, premier vrai téléphone mobile ne nécessitant pas de valise pour le transporter, sorti en 1983. La comparaison avec les 130 grammes moyens et les performances de nos actuels smartphones permet de mesurer l’extrême rapidité à laquelle évolue l’industrie microélectronique. Les fonctions qui exigeaient à elles seules des cartes électroniques sont de plus en plus concentrées sur une seule puce. Dans les années 1970, une puce supportait quelques milliers de transistors contre des centaines de millions aujourd’hui, mutation qui tient à la finesse croissante de la gravure des circuits, évaluée en nanomètres. Fondée en février 1985 par cinq anciens collaborateurs de Thomson-EFCIS (Études et fabrication de circuits intégrés spéciaux), Dolphin Intégration tient son rang dans cette course effrénée à l’innovation. « Nous avons créé cette entreprise pour développer des circuits intégrés fabricables chez divers fournisseurs, précise Louis Zangara, directeur de la stratégie des services de la PME. Ce positionnement sur le service pur faisait de nous des précurseurs car, à cette époque les centres de conception étaient associés à un fabricant unique. À partir de 1988, nous avons lancé aussi nos propres produits. » À ce jour, l’activité de Dolphin Intégration, PME en Bourse depuis 2003 et cotée sur Alternext depuis 2007, est structurée en trois branches. « La première, c’est le service à la demande, notre métier initial. La deuxième rassemble ce que l’on appelle des composants virtuels ou “blocs de propriété intellectuelle”. Il s’agit de sous-ensembles de circuits, utilisables comme des briques dans l’architecture générale d’une puce pour assurer diverses fonctions comme le traitement vidéo, l’émissionréception du son de haute résolution, etc. La troisième concerne la conception de circuits intégrés dits fabless, car fabriqués par nos partenaires, et la vente à des industriels de la Défense, du spatial ou de l’aéronautique. » Le développement de Dolphin Intégration s’est appuyé sur l’étroite relation nouée dès 1987 avec STMicroelectronics, lorsque le groupe, issu de la fusion de la société italienne SGS Microelettronica et de la société française Thomson Semiconducteurs, s’appelait encore SGS-Thomson. « Depuis le début, nous avons travaillé avec STMicroelectronics sur le terrain du service. À certaines périodes, le groupe a représenté environ 30 % de notre chiffre d’affaires. Je peux affirmer que nous avons grandi ensemble, notamment au travers de projets de R&D collaboratifs. » Ces projets entrepris ensemble permettent à Dolphin Intégration de monter en compétences et d’élargir sa gamme de produits. « Par exemple, il y a deux ans, nous avons coopéré sur un développement de SOI (Silicon on insulator) – en français, silicium sur isolant –, une technologie qui permet d’élaborer des transistors micro-ondes performants et d’être en avance d’une génération de puce. STMicroelectronics a profité d’ingénieurs et d’experts supplémentaires aux moments cruciaux, tandis que nous avons pu tester des solutions de propriété intellectuelle que nous souhaitions vendre sur le marché. Ce qui aurait été trop cher pour nous sans cette collaboration car les masques de fabrication nécessaires coûtent plus d’un million de dollars. Cette collaboration est emblématique du caractère gagnant-gagnant de notre relation ». Celle-ci va plus loin et s’enracine aussi dans des valeurs convergentes et des souhaits communs pour le rayonnement du bassin de GrenobleCrolles, cœur de l’industrie microélectronique en France. « Je suis président bénévole du conseil de Phelma, la plus grande des six écoles d’ingénieurs du groupe Grenoble INP, précise Louis Zangara. Elle accueille 1 200 étudiants et chaque année, 400 ingénieurs en sortent et viennent renforcer les rangs « La coopération entre Dolphin Intégration et STMicroelectronics est de longue date et fructueuse. Elle est liée de près au développement de l’industrie microélectronique dans le bassin grenoblois qui s’est accéléré au cours des années 1990 afin de concentrer toutes les compétences nécessaires pour figurer au meilleur niveau international. À cette époque, une vingtaine d’industriels dans le monde étaient en capacité d’innover. À ce jour, STMicroelectronics est le dernier en Europe à pouvoir concurrencer les Taiwanais, les Coréens ou les Américains et notre collaboration avec Dolphin Intégration y contribue. Comment ? Parce que ce partenariat est multidimensionnel. D’abord, il existe une solide relation client-fournisseur sur un modèle certes classique, mais nécessaire. Par ailleurs, nous participons ensemble à un grand nombre de projets de R&D, un peu comme nous le faisons avec le CEA-LETI. Les moyens, les volumes et les méthodes sont différents, mais grâce à la flexibilité et à l’agilité de Dolphin Intégration, les deux démarches sont complémentaires. Par exemple, nous coopérons dans le projet Dynamic ULP, pour une innovation qui conditionne le grand projet différenciant qu’est pour STMicroelectronics le 28 nanomètre FD SOI. Enfin, nous unissons nos forces pour contribuer à la vie et à la santé de l’écosystème local. À ce titre, Dolphin Intégration et STMicroelectronics sont très impliqués dans l’élaboration des programmes éducatifs des écoles d’ingénieurs. Malgré la différence de tailles, il existe une authentique parité entre Dolphin Intégration et STMicroelectronics. Nous nous rejoignons sur une vision d’avenir. Si l’écosystème est vivace, s’il permet de produire plus d’innovation que le reste du monde et de gagner en vélocité de développement et de time to market, alors en conséquence, la raison de s’adresser à des entreprises dans des pays low cost plutôt qu’à des PME locales disparaîtra, car le prix ne sera plus un coût, mais une valeur pour l’industrie. » 107 des entreprises de notre écosystème. Dolphin Intégration fait aussi partie du cercle de PME de Minalogic, le pôle de compétitivité micro-nano, et participe à sa gouvernance. Nous partageons avec STMicroelectronics les mêmes objectifs de création de richesse et d’emplois dans cette région. » Ce partenariat très vivant pourrait prendre bientôt une nouvelle dimension. « Nous réfléchissons actuellement à un accord qui nous placerait dans le rôle d’interface auprès des équipementiers ou des avionneurs. Sur ces marchés de niche à très long terme, impliquant de petites quantités, nous ne concurrençons pas les grands fabricants comme STMicroelectronics ou Texas Instruments. Dès lors que nous vendons des circuits intégrés pour l’A380, et il ne s’agit que de quelques milliers d’unités par an, un avion représente environ dix ans de conception, trente ans de fabrication et un besoin en pièces détachées pendant vingt ans encore, ce qui a un grand intérêt pour nous. En mutualisant les besoins de ces clients et en faisant l’adaptation des puces pour des applications critiques, nous pourrions leur vendre les produits de STMicroelectronics, au bénéfice de nos deux entreprises. » Ᏹ Dolphin intégration en bref www.dolphin.fr Activité Dolphin Intégration est une entreprise de conception en microélectronique, née en 1985, exportatrice de circuits intégrés et de composants dits virtuels pour fabrication à grand volume. Son catalogue, incluant des microprocesseurs, des bibliothèques de cellules standard et de générateurs de mémoires embarquées, ainsi que des composants convertisseurs pour la mesure et le traitement du son haute résolution, trouve ses principales applications dans les téléphones portables, le matériel médical, l’aéronautique, etc. Dolphin Intégration propose aussi des services de conception à la demande. Effectif 190 personnes. Implantation Meylan (38), Duisburg (Allemagne), Montréal (Canada) et Netanya (Israël). Export : 60 % du chiffre d’affaires.