Dolphin Intégration

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Dolphin Intégration
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Dolphin Intégration
STMicroelectronics
Cyril COLIN-MADAN
DESIGN PLATFORM DIRECTOR
Louis ZANGARA
DIRECTEUR DE LA STRATÉGIE DES SERVICES
U
ne autonomie d’une heure, 33 cm pour un
poids de 800 grammes… C’était le DynaTAC
8000X, premier vrai téléphone mobile ne nécessitant pas de valise pour le transporter, sorti
en 1983. La comparaison avec les 130 grammes
moyens et les performances de nos actuels smartphones permet de mesurer l’extrême rapidité à
laquelle évolue l’industrie microélectronique. Les
fonctions qui exigeaient à elles seules des cartes
électroniques sont de plus en plus concentrées
sur une seule puce. Dans les années 1970, une
puce supportait quelques milliers de transistors
contre des centaines de millions aujourd’hui,
mutation qui tient à la finesse croissante de
la gravure des circuits, évaluée en nanomètres.
Fondée en février 1985 par cinq anciens collaborateurs de Thomson-EFCIS (Études et fabrication
de circuits intégrés spéciaux), Dolphin Intégration
tient son rang dans cette course effrénée à l’innovation. « Nous avons créé cette entreprise pour
développer des circuits intégrés fabricables chez
divers fournisseurs, précise Louis Zangara, directeur de la stratégie des services de la PME. Ce
positionnement sur le service pur faisait de nous
des précurseurs car, à cette époque les centres
de conception étaient associés à un fabricant
unique. À partir de 1988, nous avons lancé aussi
nos propres produits. »
À ce jour, l’activité de Dolphin Intégration, PME
en Bourse depuis 2003 et cotée sur Alternext
depuis 2007, est structurée en trois branches.
« La première, c’est le service à la demande, notre
métier initial. La deuxième rassemble ce que l’on
appelle des composants virtuels ou “blocs de propriété intellectuelle”. Il s’agit de sous-ensembles de
circuits, utilisables comme des briques dans l’architecture générale d’une puce pour assurer diverses
fonctions comme le traitement vidéo, l’émissionréception du son de haute résolution, etc. La troisième concerne la conception de circuits intégrés
dits fabless, car fabriqués par nos partenaires, et la
vente à des industriels de la Défense, du spatial ou
de l’aéronautique. » Le développement de Dolphin
Intégration s’est appuyé sur l’étroite relation
nouée dès 1987 avec STMicroelectronics, lorsque
le groupe, issu de la fusion de la société italienne
SGS Microelettronica et de la société française
Thomson Semiconducteurs, s’appelait encore
SGS-Thomson. « Depuis le début, nous avons travaillé avec STMicroelectronics sur le terrain du service. À certaines périodes, le groupe a représenté
environ 30 % de notre chiffre d’affaires. Je peux
affirmer que nous avons grandi ensemble, notamment au travers de projets de R&D collaboratifs. »
Ces projets entrepris ensemble permettent à
Dolphin Intégration de monter en compétences
et d’élargir sa gamme de produits. « Par exemple,
il y a deux ans, nous avons coopéré sur un développement de SOI (Silicon on insulator) – en français,
silicium sur isolant –, une technologie qui permet
d’élaborer des transistors micro-ondes performants et d’être en avance d’une génération de
puce. STMicroelectronics a profité d’ingénieurs et
d’experts supplémentaires aux moments cruciaux,
tandis que nous avons pu tester des solutions de
propriété intellectuelle que nous souhaitions vendre
sur le marché. Ce qui aurait été trop cher pour nous
sans cette collaboration car les masques de fabrication nécessaires coûtent plus d’un million de
dollars. Cette collaboration est emblématique du
caractère gagnant-gagnant de notre relation ».
Celle-ci va plus loin et s’enracine aussi dans des
valeurs convergentes et des souhaits communs
pour le rayonnement du bassin de GrenobleCrolles, cœur de l’industrie microélectronique en
France. « Je suis président bénévole du conseil de
Phelma, la plus grande des six écoles d’ingénieurs
du groupe Grenoble INP, précise Louis Zangara.
Elle accueille 1 200 étudiants et chaque année, 400
ingénieurs en sortent et viennent renforcer les rangs
« La coopération entre Dolphin Intégration
et STMicroelectronics est de longue date et
fructueuse. Elle est liée de près au développement
de l’industrie microélectronique dans le
bassin grenoblois qui s’est accéléré au cours
des années 1990 afin de concentrer toutes
les compétences nécessaires pour figurer au
meilleur niveau international. À cette époque,
une vingtaine d’industriels dans le monde
étaient en capacité d’innover. À ce jour,
STMicroelectronics est le dernier en Europe à
pouvoir concurrencer les Taiwanais, les Coréens
ou les Américains et notre collaboration
avec Dolphin Intégration y contribue.
Comment ? Parce que ce partenariat est
multidimensionnel. D’abord, il existe une solide
relation client-fournisseur sur un modèle certes
classique, mais nécessaire. Par ailleurs, nous
participons ensemble à un grand nombre de
projets de R&D, un peu comme nous le faisons
avec le CEA-LETI. Les moyens, les volumes et
les méthodes sont différents, mais grâce à la
flexibilité et à l’agilité de Dolphin Intégration,
les deux démarches sont complémentaires. Par
exemple, nous coopérons dans le projet Dynamic
ULP, pour une innovation qui conditionne
le grand projet différenciant qu’est pour
STMicroelectronics le 28 nanomètre FD SOI.
Enfin, nous unissons nos forces pour contribuer
à la vie et à la santé de l’écosystème local. À ce
titre, Dolphin Intégration et STMicroelectronics
sont très impliqués dans l’élaboration des
programmes éducatifs des écoles d’ingénieurs.
Malgré la différence de tailles, il existe une
authentique parité entre Dolphin Intégration
et STMicroelectronics. Nous nous rejoignons sur
une vision d’avenir. Si l’écosystème est vivace,
s’il permet de produire plus d’innovation que
le reste du monde et de gagner en vélocité de
développement et de time to market, alors
en conséquence, la raison de s’adresser à des
entreprises dans des pays low cost plutôt qu’à
des PME locales disparaîtra, car le prix ne sera
plus un coût, mais une valeur pour l’industrie. »
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des entreprises de notre écosystème. Dolphin
Intégration fait aussi partie du cercle de PME de
Minalogic, le pôle de compétitivité micro-nano, et
participe à sa gouvernance. Nous partageons avec
STMicroelectronics les mêmes objectifs de création de richesse et d’emplois dans cette région. »
Ce partenariat très vivant pourrait prendre
bientôt une nouvelle dimension. « Nous réfléchissons actuellement à un accord qui nous placerait dans le rôle d’interface auprès des équipementiers ou des avionneurs. Sur ces marchés de
niche à très long terme, impliquant de petites
quantités, nous ne concurrençons pas les grands
fabricants comme STMicroelectronics ou Texas
Instruments. Dès lors que nous vendons des circuits intégrés pour l’A380, et il ne s’agit que de
quelques milliers d’unités par an, un avion représente environ dix ans de conception, trente ans
de fabrication et un besoin en pièces détachées
pendant vingt ans encore, ce qui a un grand intérêt pour nous. En mutualisant les besoins de ces
clients et en faisant l’adaptation des puces pour
des applications critiques, nous pourrions leur
vendre les produits de STMicroelectronics, au
bénéfice de nos deux entreprises. » Ᏹ
Dolphin intégration en bref
www.dolphin.fr
Activité Dolphin Intégration est une entreprise
de conception en microélectronique, née en 1985,
exportatrice de circuits intégrés et de composants
dits virtuels pour fabrication à grand volume. Son
catalogue, incluant des microprocesseurs, des bibliothèques de cellules standard et de générateurs de
mémoires embarquées, ainsi que des composants
convertisseurs pour la mesure et le traitement du son
haute résolution, trouve ses principales applications
dans les téléphones portables, le matériel médical,
l’aéronautique, etc. Dolphin Intégration propose aussi
des services de conception à la demande.
Effectif 190 personnes.
Implantation Meylan (38), Duisburg (Allemagne),
Montréal (Canada) et Netanya (Israël).
Export : 60 % du chiffre d’affaires.

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