Le catalogue imprimé sur papier Rives.
Transcription
Le catalogue imprimé sur papier Rives.
L’École nationale supérieure des Arts Décoratifs et International Flavors & Fragances (IFF) présentent 7 Sommaire 9 Introduction 13 Metamorphosis Anna Belyavina-Normand 19 Vestiges Marion de Raucourt 25 Celle dont on parle dans le dos Charles Pottier 31 Palimpseste Juliette Gouraud 37 Interlude 57 Flowing Kristina Guseva 63 Muein Jenne Pineau-Ledreney 69 L’Ève future Lysmina Attou 75 Bushid Inès Dufay 83 Portraits 85 Remerciements 89 Partenaires 90 Colophon 9 Introduction L’École nationale supérieure des Arts Décoratifs et International Flavors and Fragrances ( IFF ) proposent, dans ce lieu magique qu’est l’Observatoire de Paris, l’événement Mode & Sens au cours duquel seront présentées les collections des diplômés 2012 du secteur Design vêtement accompagnées, pour chacune d’elles, d’un parfum exclusif, fruit de la complicité entre le jeune créateur et un parfumeur d’IFF. Huit collections, et leurs échos parfumés, pourront ainsi être découverts dans les jardins de l’Observatoire. Et pour s’y rendre, chacun aura le plaisir de passer sous la voûte en stéréotomie du vestibule du plus ancien observatoire encore en activité, dessiné par Claude Perrault, l’architecte de la Colonnade du Louvre. La promotion 2012 des jeunes créateurs se distingue par l’individualité de l’inspiration mais aussi par une approche commune dans l’hybridation des matières. De façon récurrente, les étudiants dépècent le textile pour le tresser, pratiquent le tufetage pour passer du cachemire à la mousseline de satin, plient et découpent le cuir en un montage fonctionnaliste, brodent des vestes d’articulations en cuivre. Que les créations soient structurées ou fluides, mates ou brillantes, elles dénotent toutes une connaissance véritable de l’histoire du design de vêtement. La concision de la structure dispense d’ajouts décoratifs ; la sobriété des camaïeux exalte les lignes. Chaque tandem designer / parfumeur a élaboré dans l’enthousiasme un parfum qui évoque l’idée et la matière des vêtements : Lysmina Attou et Dominique Ropion avec Andréïde, Anna Belyavina et Jean-Christophe Hérault avec Oneiros, Inès Dufay et Nicolas Beaulieu avec Bushid , Juliette Gouraud et Véronique Nyberg pour Ambrosiaque, Kristina Guseva et Domitille Bertier pour Flowing, Jennifer Pineau et Anne Flipo autour de L’Eau de Muein, Marion de Raucourt et Olivier Polge autour de Cendres et, enfin, Charles Pottier et Alienor Massenet pour L’Indécence. Nous remercions très chaleureusement tous ceux qui ont contribué à la réalisation de Mode & Sens, et en particulier les étudiants, les professeurs, notamment Gilles Rosier, coordonateur du secteur Design vêtement, les techniciens de l’École des Arts Déco, les parfumeurs et l’ensemble des équipes d’IFF. Nous disons également toute notre reconnaissance aux partenaires et mécènes qui ont accompagné cet évènement, notamment Hermès, CELC Masters of Linen, Arjowiggins Creative Papers et Antalis, ainsi que Farrow and Ball, Bioplan Beauty, Institut Technique du Maquillage (ITM), Janvier, JX Nippon Anci, L’Oréal Professionnel, MAC Cosmetics, Rexam, et les maisons Duvel et Cognac Bisquit. Enfin, nous tenons à exprimer notre profonde gratitude à l’Observatoire de Paris, et à son Président Claude Catala, pour son accueil si généreux qui permet à Mode & Sens de prendre forme dans un écrin exceptionnel. Geneviève Gallot Directrice de l’École nationale supérieure des Arts Décoratifs Xavier Renard Vice-Président, IFF, Directeur Général régional, EAME 10 11 Anna Belyavina-Normand metamorpho- Parfumeur : Jean-Christophe Hérault Metamorphosis 14 Metamorphosis est le processus au cours duquel l’être vivant passe par différentes étapes de transformation. Si la créature qui en résulte représente un nouveau monde, elle porte aussi l’empreinte de ses origines. Cette collection révèle ces états transitoires. Les formes et les surfaces s’y recomposent. On y passe sans cesse du plat au volumineux, du rigide au souple, du Féminin au Masculin. D’improbables hybrides deviennent possibles. M E T A M O R P H Oneiros O S Harmonie du soir, ou peut-être du matin, nous sommes à l’heure du basculement. Les odeurs s’entremêlent, tandis que les couleurs s’étreignent, langoureusement. Pure, limpide, la bergamote éclaire la composition. Premier éclat de la nuit ou du jour, c’est Vénus tout entière… Fille de la nuit, la rose turque impose son velouté. Il faut progresser à tâtons. Quasi aveugles, nos yeux sont délaissés au profit d’autres sens, plus intimes. Le sommeil est proche. Vétiver et patchouli dessinent une constellation sombre sur laquelle se libère un opoponax suave, enveloppant. Dormir ou se réveiller, il faut choisir. Au bord des eaux, le soleil perce, encore ou déjà, cette atmosphère bleue. Il y eut un soir, il y eut un matin. I S 15 16 17 Anna Belyavina-Normand E « Nous vivons dans l’oubli de nos métamorphoses » T Paul Éluard, Le dur désir de durer M A M O R P H O S I S Après mon premier cycle d’études en arts appliqués à l’Académie d’architecture et d’art de Rostov-sur-le-Don ( Russie ), j’ai intégré l’École nationale supérieure des Arts Décoratifs. Dans le cadre de mes études en Design vêtement, j’ai développé un intérêt tout particulier pour le costume scénique. Au cours d’un stage effectué aux ateliers Caraco Canezo, j’ai eu l’occasion de travailler sur les costumes du film Adèle Blanc-Sec de Luc Besson. J’ai remporté le prix spécial du centre culturel Robert-Gourdon, qui accueille le concours « Atout fil » ; il y est depuis exposé. Durant le premier semestre de ma quatrième année, je suis partie étudier à la SAIC ( School of Art Institute of Chicago ) dans le département Fashion Design dirigé par Nick Cave. Soucieuse de développer un profil polyvalent, j’ai effectué mon stage de quatrième année dans la bijouterie haute couture chez le sculpteurbijoutier Alain d’If ( atelier Melo & Alain ). Au cours de mes études, effectuées dans plusieurs pays, j’ai été amenée à développer mes facultés d’adaptation et à développer une curiosité pour plusieurs domaines de la création. E. T. [email protected] + 33 ( 0 ) 6 19 26 70 98 Marion de Raucourt Parfumeur : Olivier Polge Vestiges 20 Enveloppe éphémère, destinée à être jetée, l’emballage industriel répond à de nombreux critères de production. Résultat d’une économie de moyens tant sur le plan fonctionnel que matériel, il en découle une esthétique minimale et fonctionnelle. Cette collection détourne les systèmes de montage du packaging et les réinterprète dans le vêtement. Partant de la surface rigide et lisse du cuir, les pièces se montent sans couture et sont uniquement maintenues par des systèmes de découpe et d’emboîtement. Des lanières permettent de resserrer et de fermer les pièces qui viennent s’articuler autour du corps. Des tissus fluides viennent redonner de la douceur à la rigidité du cuir. Évoquant les vestiges d’un vestiaire, les fragments de cuir traduisent les restes d’un ensemble déconstruit rappelant les ruines d’une architecture. V Cendres Dans Cendres, se joue la distinction entre odeur et parfum, l’une spontanée et involontaire, l’autre construit, prémédité. Certes, Cendres se donne comme une odeur du monde, une odeur figurative même, celle d’un chantier. Le paysage est à construire. Plâtre, métal et bois brûlé s’imposent et nous absorbent. C’est le pouvoir pénétrant de l’odeur. Et pourtant la démarche créative est patente. Minimalisme, désentimentalisation, l’esthétique est brute, l’art est concret. Il s’agit d’un assemblage dont les proportions ont été voulues, les ingrédients pesés. Même si la formule est courte, la forme olfactive a bien été composée, pensée. Plus, elle nous forme. La question posée est donc celle de l’usage. Un parfum est-il prêt-à-porter ? Nous sommes sur un seuil. E S T I G E S 21 22 V E S T I G E S 23 Marion de Raucourt Mon parcours académique s’est enrichi de nombreux contacts et expériences, notamment avec la réalisation et l’exposition d’une ligne d’accessoires en cuir ( No Milk Today ) parrainée par Jean-Charles de Castelbajac, avec mon associée Diane de Malherbe, commercialisée sous le nom de Neurasthenia. J’ai aussi suivi un stage de quatre mois chez Iris Van Hepen, créatrice de haute couture néerlandaise. J’ai eu la chance de passer mon année d’échange à la SAIC ( School of the Art Institute of Chicago ) E. T. [email protected] + 33 ( 0 ) 6 79 39 62 79 Charles Pottier celle Parfumeur : Alienor Massenet Celle dont on parle dans le dos 26 La femme qui incarne cette collection est une provocatrice. Elle est de toutes ces femmes que l’on déteste, que l’on jalouse, que l’on envie. Elle aime le scandale : l’inconvenante, celle dont on cancane. Celle dont on parle dans le dos, dont on dit du mal comme du bien, mais à demi mot. Elle est audacieuse mais inattendue, elle veut surprendre et que les regards se portent sur elle. Elle est dans l’excès justement dosé. Le maître mot est déséquilibre. La silhouette joue avec la façon dont le regard du spectateur circule sur un corps. Volontairement simple de face, la silhouette est comme basculée en arrière. L’attention est détournée, le visage disparaît au profit du dos, dénudant jusqu’à l’extrême la cambrure des reins pour faire parler sur son passage, laisser une empreinte. Cette collection s’inspire de l’iconographie extrêmement féminine des années 50, associée à une dynamique de plis et de contre plis qui structurent le vêtement dans une économie de moyens. De l’intelligence de la matière naît la forme. C E L L E D O N T O N P A R L E L’Indécence D De sa chevelure féline où dorment ses souvenirs, cette femme tire toute sa puissance, du balancement de ses hanches, toute son élégance. Femme, elle fut faite, femme, elle resplendit. Son parfum la prolonge et la précède, comme le silence auréole la présence des reines. C’est un bouquet de fleurs blanches qui signe sa classe. Elle brille, tant par l’opulence du jasmin que par le cristal de la fleur d’oranger. Des épices chaloupent dans son sillage gourmand de cannelle et de rhum. On plongerait volontiers dans ce sourire liquide. Puis on se sècherait à la chaleur de son pelage précieux, une fourrure blonde et musquée qui appelle la caresse, sous le feu de ses prunelles. A N S L E D O S 27 28 29 Charles Pottier E « Le superflu, chose très nécessaire » L Voltaire, Le Mondain C L E D O Stages studio chez Bruno Frisoni ( chaussure ), Maxime Simoens et Alexandre Vauthier N T E. T. O N P A R L E D A N S L E D O S [email protected] + 33 ( 0 ) 6 77 39 73 07 Juliette Gouraud palimp- Parfumeur : Véronique Nyberg Palimpseste Cette collection repose sur l’usage des codes du vestiaire masculin. Par un processus d’évidement de vêtements, apparaissent des structures primaires offrant des ouvertures au travers desquelles de nouvelles silhouettes deviennent perceptibles. De cet effet de superposition, d’une architecture rendue brute sur un nouveau modelage, naît une perspective de synergies de types, de styles et de matières. Comme un texte partiellement effacé pour être réécrit en vue d’en modifier son sens, chaque vêtement peut être revisité. Comme un mot pouvant être remplacé par un autre, les composantes peuvent se substituer jusqu’au point d’en modifier son style et sa fonction. Les genres masculin et féminin peuvent ainsi se mêler dans une seule silhouette, de même que les temps, au sens des époques. Des styles qui a priori s’opposent, s’épousent. Le sportwear se pare de touches « chic », d’autant que le « chic » se désacralise pour paraître plus décontracté et plus accessible. L’usage même du vêtement en devient changé. Au-delà de l’apparence visuelle des différents styles, les aspects techniques se mêlent aussi : le jersey, la maille et le « chaîne et trame » se côtoient par effets de superpositions où les teintes tiennent une importance toute particulière. La palette de couleurs utilisées pour traduire ces codes se joue sur un camaïeu ( dégradé d’une couleur ) permettant au spectateur de découvrir la réelle composition du vêtement au gré de sa perception. Ambrosiaque Matière première sur laquelle s’érige toute l’histoire de la parfumerie, l’ambre constitue ici la charpente du parfum devenu architecture. Comme une colonnade, un amber extrême rythme la composition de sa vibration particulière. Plus souple et gourmande, la fève de cacao apporte confort et ornement à la construction. Les épices prennent du volume et impriment leurs couleurs. Cardamome, poivre rose et baies de genièvre montent, déliées, comme en une cathédrale. Echo vertical à l’ambre et autre grand pilier de la parfumerie, l’oliban soutient l’assemblage. Pour parfaire le solide édifice, du patchouli et du cuir assouplissent l’ensemble. Des deux règles élémentaires pour faire valoir une structure – la combinaison et l’opposition –, on obtient un équilibre juste, harmonieux. La parfumerie répond aussi à des lois universelles. 32 P A L I M P S E S T E 33 34 P A L I M P S E S T E 35 Juliette Gouraud J’ai commencé en 2005 – 2006 par suivre une première année de licence d’art plastique par le CNED rattaché à l’université Panthéon Sorbonne. En 2007, je me suis perfectionnée aux Ateliers de Sèvres pour, enfin, réussir le concours d’entrée de l‘École nationale des Arts Décoratifs. Stage chez Véronique Leroy. E. T. [email protected] + 33 ( 0 ) 6 14 03 99 10 37 ll Ce ed on t on parle da ns l e s do pa arles Potti r Ch er M ue in pa r Jenne Pine au -L ed re ney p L’Ève future sm Ly ar ina Attou s Ve tiges par M a ri o n de Ra ucourt ar wing p Flo Kr is tin a Gu s ev a Pa lim p s e s t e pa r Ju lie ou tte G raud Bu shid par I ne s Du fay M et o am rph osis par Anna Be lya vi n N a- or ma nd Kristina Guseva Parfumeur : Domitille Bertier Flowing 58 Imperfections, accidents, instabilités. Flowing est une collection où le hasard est invité et valorisé. Le style épuré est perturbé par l’introduction d’éléments inattendus. Les détails et les finitions des vêtements sont comme liquéfiés et figés grâce à une incrustation de silicone dans les matières luxueuses. Les tissus employés font corps avec la souplesse de l’anatomie féminin, tantôt en le moulant ce dernier tantôt en le libérant. Flowing est un vêtement pour une femme qui ne choque pas mais qui surprend. F Flowing Flowing est d’abord un halo poudré. Maquillage du masque, la poudre de riz épouse le visage et lui donne son maintien. Le halo descend, la poudre se fait liquide, puis résine salée. C’est un vinyle. La matière pourtant plastique évolue vers l’organique. La formule se développe en courbes. La chaîne polycarbonée tourne autour de la femme et l’enserre comme un disque évidé, un corset vaporeux. La maîtrise est grande et pour autant un accident survient. Le masculin a percé une brèche. Heureux hasard, le cuir libère un sillage opulent, une trace indélébile. Qui a l’esprit préparé saura remonter jusqu’à sa source. Un jeu de piste et d’intrigue pour les trois princes de Serendip. L O W I N G 59 60 F L O W I N G 61 Kristina Guseva « Et s’il n’y avait jamais d’accidents dans notre vie ? Si tout, absolument tout, avait une signification ? Si le hasard n’était qu’une illusion ? » Extrait de Fernand Ouellette, Lucie ou un midi en novembre Diplômée en design de vêtement à l’Université d’État du Design et de Technologie de Moscou, je me suis installée à Paris pour réaliser ma passion. J’ai choisi ce métier parce qu’il offre un parcours de vie inséparable de ma personnalité. Pour moi, c’est comme respirer, manger, dormir, etc. Créer le vêtement et l’image de la femme est mon moyen d’extérioriser mes sentiments. Mon stage au musée des Arts décoratifs, autour de la préparation de l’exposition « Madeleine Vionnet », m’a profondément marqué : la vision de la mode de cette créatrice, par son coupé en biais et le tombé du tissu, m’a inspiré dans ma formation et mon style. De même que ma collaboration avec la maison Christian Dior pour leur exposition à Moscou. J’aime étudier les finitions, le découpé, les proportions des créations des grands anciens. D’ailleurs, mon stage en patronage, modélisme et coupe chez Véronique Leroy m’a procuré beaucoup d’assurance technique. E. T. [email protected] + 33 ( 0 ) 6 31 64 22 93 Jenne Pineau-Ledreney Parfumeur : Anne Flipo Muein 64 Il a donné naissance au mystère et dans un monde où l’on cherche à tout expliquer, il intrigue. Il est ce qui séduit irrésistiblement et ce qui terrifie, ce qui pousse à connaître et ce qui doit rester incompréhensible. Un paysage merveilleux, souterrain, aux excavations sombres et à la profondeur abyssale, je parle ici d’un corps doté de pouvoirs mystiques et d’une beauté énigmatique. Ce corps qui fait de nous des êtres vivants puis qui nous rend poussière. Ce corps qui nous donne une âme. Ce corps séduisant et émouvant, pourvu de dentelles, de broderies de perles et de tissus froissés. L’anatomie réserve bien des aventures. En effet, des muscles aux organes en passant par les réseaux nerveux, le corps humain offre incontestablement une diversité d’images, de textures et de systèmes. Les tensions musculaires, telles des peintures de Pierre Soulages, les entrelacs nerveux et les flous organiques à la Hans Bellmer sont au centre de la création. Le tressage et le plissé jouent un rôle primordial dans la conception de cette collection. Les vêtements, travaillés comme des sculptures, laissent une place immense à l’intuition et la spontanéité. Cette construction libre cherche à donner à l’ornementation tout son sens, la rendant indispensable et essentielle. Cette femme organique est sensuelle et animale, intrigante et insaisissable. Elle nous emporte dans un monde pur, raffiné, éthéré, délicat, Muein. M L’eau de Muein C’est une eau qui révèle, une eau pure et incarnée. Et si souvent le poète fait rimer sens et encens, L’eau de Muein nous montre pourquoi. L’oliban, encens universel, transmet à la composition son pouvoir purificateur. Ses volutes ascendantes disent la direction à suivre : toujours plus haut. Une rose tendre, encore humaine, signale le début de la transformation, tandis que vanille et fleur d’oranger soulagent l’ascèse par leur chaleur. Le santal, mystique et pieux, achève la mue. La métamorphose est sublime. L’eau de Muein est un parfum exhausteur de sens, une eau lustrale qui renouvelle les sens. U E I N 65 66 M U E I N 67 Jenne Pineau-Ledreney Très jeune, mon choix de devenir designer est fait. J’intègre alors l’École nationale supérieure des Arts Décoratifs rapidement où je développe ma sensibilité et ma curiosité. Ces années m’ont permis de vivre de nombreuses expériences enthousiasmantes, à la mesure de ma nature passionnée et perfectionniste. Mon attirance pour le textile s’affirme au cours de ma formation « textile and fashion design » au Ravensbourne College de Londres, puis lors d’un stage en tant qu’assistante styliste au sein d’un studio de jeunes créatrices. E. T. [email protected] + 33 ( 0 ) 6 32 18 44 23 Lysmina Attou l eve future Parfumeur : Dominique Ropion L’Ève future 70 La mode invente toutes les saisons pour les femmes une silhouette « idéale ». Elle ne cesse d’apporter des corrections, de pratiquer la chirurgie des corps voire des squelettes. Ainsi, véritable manipulateur de la silhouette, le styliste introduit-il sans cesse de nouvelles proportions et remodèle constamment la silhouette en produisant un « corps de mode », artificiel et fantasmé, qui cherche à annuler ou exacerber, par des jeux de trompe-l’oeil, la structure du corps réel, naturel. La collection se nourrit de cette fascination éprouvée envers ce pouvoir insensé de la mode, qui permet la modification et la réinvention des anatomies, ainsi que de la lecture du roman symboliste L’Ève future. Publié en 1886 par Auguste Villiers de L’Isle Adam, ce récit est considéré comme le premier ouvrage de science fiction. Il décrit la création par un scientifique d’une femme plus que parfaite, « l’Andréïde », créature mécanique, parfaitement programmée, pleine d’esprit et d’intelligence mais sans cœur ni âme… Les volumes dépeignent ainsi un corps qui oscille entre l’anatomie réelle de la femme et une anatomie rêvée. En évoquant un monde médical étrange, les vêtements se construisent telles de délicates orthèses qui auraient fusionné avec des bandages. On y découvre une silhouette redessinée par des coques ou des membranes transparentes où le remodelage anatomique, rendu visible, dévoile les véritables contours féminins. L Andréïde S’il est dit qu’une femme sans parfum est une femme sans avenir, l’Ève future, a fortiori, ne peut se passer de parfum. Or, né dans l’asepsie et dépourvu d’odeur, il faut d’abord donner chair à ce fruit de la science. « Ève future », la promesse est ambitieuse… Cet idéal fait femme s’incarnera dans les fleurs d’ylang et d’osmanthus, enivrantes et sensuelles. Souterrain, l’oxyde de rose rappellera le métal qui forge son anatomie. L’héliotrope poudré se fera peau, enveloppe satinée, et la violette donnera son goût aux lèvres. Pour travestir son immortelle nature, un accord animal – ambrecashmeran – rapprochera encore un peu plus cet ange de la bête. Un plus-que-parfum pour donner, à cette belle mécanique, un petit supplément d’âme. ’ È V E F U T U R E 71 72 L ’ È V E F U T U R 73 Lysmina Attou Design de Mode et Environnement ( option mode ) à l’ESAA-Duperré. Erasmus à l’Universität der Kunst de Berlin dans le cadre du cursus de l‘École nationale supérieure des Arts Décoratifs. Peclers Paris. Assistante styliste, mode femme, chez Andrew GN et Véronique Leroy. E E. T. [email protected] + 33 ( 0 ) 6 83 55 65 49 Inès Dufay Parfumeur : Nicolas Beaulieu Bushid J’ai choisi l’armure japonaise comme source d’inspiration pour cette collection. L’armure japonaise – entre le vêtement et l’objet – comporte en effet trois dimensions qui m’apparaissent essentielles : t MBOPUJPOEFQSPUFDUJPOFUEFNPCJMJUÏ BTQFDUQVSFNFOU pratique et fonctionnel, t MBOPUJPOEFUFDIOJRVFEFDPOTUSVDUJPOQSÏTFOUFTPVT la forme du système d’assemblage des différentes pièces, t MBOPUJPOEBQQBSBUPVEFTUIÏUJRVFFGGSBZFSQBSMB splendeur ). Plus profondément, l’armure japonaise soulève la question essentielle et inhérente à l’art en général, à savoir celle du rapport entre fonction et esthétisme. En effet, dans l’armure, la technique d’assemblage, purement fonctionnelle, devient aussi source d’ornementation puisqu’elle permet de créer une infinité de motifs. Telle est la question qui m’a guidée : comment un système d’assemblage ( pratique ) peut-il devenir source d’esthétisme ? Ainsi, dans cette collection, les coutures disparaissent pour laisser place à un système d’assemblage fait de trous et de liens. D’autre part, l’aspect graphique, géométrique, la simplicité des formes sont des notions essentielles dans mon travail. J’ai donc imaginé ces vêtements « à plat », comme une succession de lignes pures. Enfin, la couleur et la matière jouent un rôle prédominant dans la lecture de ces formes : le cuir coupé bord franc associé au jeu contrasté des couleurs contribuent à la clarté de cette collection. Bushid Si le parfum peut être envisagé comme une armure qui dessinerait autour du corps une sphère invisible et pourtant difficilement franchissable, il est aussi un excellent miroir de l’âme. Il révèle l’insondable profondeur de l’être, ses obsessions, comme sa détermination. Bushid répond à ces deux rôles. Droit et vertical, le parfum impressionne tandis que sa chaude structure protège. Conçu comme une armure japonaise sans couture, par strates articulées, il est composé de facettes très marquées. Une note de thé Genmaicha – thé noir fermenté et riz soufflé – rappelle l’origine extrême orientale des samouraïs. La fleur d’oranger, introduite comme une charnière noble, précède un cuir incrusté d’épices. Par la qualité des matériaux utilisés, chacune des couches du parfum dit la grandeur de celui qui le porte. 76 B U S H I D O 77 78 79 Inès Dufay H « Les formes primaires sont les plus belles formes, parce qu’elles se lisent clairement. » I Le Corbusier B U S D O Je puise souvent mon inspiration dans l’architecture et dans le design. L’infinie ressource dans l’usage des formes géométriques simples m’a toujours fascinée. La mise en volume des compositions abstraites des cubistes représentée par « l’architecture nouvelle » ainsi que le mobilier des années 30 me paraissent inégalables de par leur puissante simplicité, leur purisme ( le fameux Less is more de Ludwig Mies van der Rohe ) et leur intemporalité ( synthèse du classique et du moderne ). Il s’agit, d’après moi, de parvenir à l’essentiel, à l’objet fonctionnel mais aussi élégant. Durant ma scolarité, j’ai expérimenté de nombreuses activités comme assistante scénographe, dessinatrice de costumes pour le théâtre et stagiaire au studio/création chez Gaspard Yurkievich. E. T. [email protected] + 33 ( 0 ) 6 61 60 35 04 80 81 Les créateurs Photos © Babette Pauthier 83 Anna Belyavina-Normand Marion de Raucourt Charles Pottier Juliette Gouraud Kristina Guseva Jenne Pineau-Ledreney Lysmina Attou Inès Dufay Jean-Christophe Hérault Olivier Polge Alienor Massenet Véronique Nyberg Domitille Bertier Anne Flipo Dominique Ropion Nicolas Beaulieu Photos © Hajime / William Beaucardet Les parfumeurs 85 Remerciements Coordonnateur secteur Design vêtement et chef de projet des 5e années Gilles Rosier Les professeurs du secteur Design vêtement Gilles Rosier Anne Ferrer Véronique Breton Jayne Cure Isabelle Chiariotti Laurent Godart Elisabeth De Senneville Sylvie Megret Nasser Bouzid Joël Dages Merci aux élèves du Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris qui ouvriront et clôtureront l'événement Quatuor Opus 333, saxhorns ( Jean Daufresne, Viammey Desplantes, et Quatuor Absinthe, clarinette ( Mathieu Franot, Vincent Michel, Frank Russo et François Tissot ) Merci à la Fédération Française de la Couture du Prêt-à-Porter des Couturiers et des Créateurs de Mode Production défilé Marie Debaecker ( TwoTwenty ) www.twotwenty.fr Atelier bois Jean-François Dubernard et Alain Brouard Scénographie Marcel van Doorn www.marcelvandoorn.com Assisté de Marion Vassent-Garaud Atelier métal Pascal Autissier Atelier résine Serge Foutrier-Bielakoff Atelier textile Clément Assoun, France Beuque et Catherine Podsadny Matériauthèque Isabelle Rouadjia Service technique Guy Dessaillen Direction des services techniques de l'École Emmanuelle Barbey, JeanClaude Edouard, Claude Marmillod et Estelle Sombie Maquillage ( défilé ) François Regaudie chez ITM www.itmparis.com Corentin Morvan et Patrick Wibart ) Atelier design vêtement Isabelle Lautrette Sabrina Blaise Atelier céramique Sébastien Gadenne Maquillage ( catalogue ) Louise Wittlich www.louisewittlich.com Illustration sonore Mode F Technique Lumière & Son JLT Conception lumière Tony Gueniffet Construction Décor Le Monde du Décor www.lemondedudecor.fr Avec les produits MAC Cosmetics www.maccosmetics.fr Coiffure ( catalogue ) Cédric Conessa Coiffure ( défilé ) Eric Bachelet et son équipe chez l'Oréal Professionel www.lorealprofessionnel.com Coordinateur Backstage Marjolaine Tassin En collaboration avec les agences de mannequins Angels-Models DMA Idole Eye models Oui management JustWM Metropolitan Success Models City Models Slides 87 Remerciements Lysmina Attou remercie Léo, Jennifer, Charles, Dan, ses parents et tous ceux qui l’ont aidée de près ou de loin dans la réalisation de ce projet. Anna Belyavina-Normand remercie Pauline Sanchez (Sfate &Combier), Louise Fety, Isabelle, Maxime, Laurence et Anastasia. Inès Dufay remercie ses fidèles soutiens, Super Mam, J-P « le poinçonneur des Lilas », Jeanne, son modèle, Blanche, Raphaël, Gabriel, Lygie, Marion, Paupiette et les autres. Juliette Gouraud remercie Morin Vincent qui a été son pilier dans cette année de diplôme. Sa famille. Véronique Nyberg pour ce partenariat exceptionnel au sein des locaux d’IFF. Guilhem, Jean philippe Riant et Lise Grosperrin. Kristina Guseva remercie sa famille et ses amis, Domitille Bertier, Marion Kuypers, Noriyuki Yanagi, Takako Kobayashi et Louise Fety. Jenne Pineau-Ledreney remercie ses parents, tata, mamy, Nils, Oslo, Lysmina, Lena, Victor et tous ceux qui l’ont aidé de prêt ou de loin. Charles Pottier remercie Gérard Jacquot ( Laboratoire Cosminter Polydermyl ), Caroline Blandin ( Banque Crédit Mutuel ), Jean Michel Bertrand, Marc Devismes, la Société Lurex, Guillaume Pavageau, Dan Perez, sa famille et tous ceux qui l’ont soutenu dans la réalisation de ce projet. Marion de Raucourt remercie ses parents, Olivier Polge, Melvyn Bonaffe, Juliette Gouraud, Edouard Fabre, Stanislas Coppin, Clovis Labarriere, Laurence Berger, Inès Dufay et Dorian Cayol. 89 Partenaires L’école nationale supérieure des Arts Décoratif et IFF remercient chaleureusement l’ensemble des partenaires et des acteurs qui ont contribué à la réalisation de Mode & Sens. Merci à Corinne Poux-Bernard (Hermès), Isabella Chiariotti ( Développeur produit chaussure et accessoires ), Jean-François Roura ( Reflex Group ) et Jérôme Noyelle ( Arjowiggins Creative Papers ), Master of Linen ( avec le soutien de la CELC Masters of Linen et son Linen Dream Lab, matériauthèque de l'innovation Lin pour tous secteurs, mode, design, lifestyle… ), Pauline Sanchez chez Sfate&Combier et JX Nippon ANCI. Colophon Directeur de la publication Geneviève Gallot Directrice de création Clarita Spindler www.cbyspindler.com Conception graphique et typographique Frédéric Tacer www.frederictacer.net Photographies des créations et portraits des élèves Babette Pauthier www.babettepauthier.co.uk Portraits des parfumeurs Hajime et William Beaucardet Retouche numérique Janvier www.janvier.fr Impression Imprimerie Clasen (Düsseldorf) www.druckerei-clasen.de Papier Couverture imprimée sur Rives Tradition Le Bleu 250g. Pages intérieures imprimées sur Rives Sensation Gloss Tactile Extra blanc 120g et Rives Recycled Shetland Extra-Blanc 120g. Rives et Rives Sensation sont des papiers de création certifiés FSC fabriqués par Arjowiggins Creative Papers et distribués en France en exclusivité par Antalis. Plus d’info sur : www.arjowigginscreativepapers.com www.antalis.fr 90 Contact École nationale supérieure des Arts Décoratifs 31 rue d’Ulm 75 240 Paris Cedex 05 www.ensad.fr T. + 33 ( 0 ) 1 42 34 97 00 Service communication Jennifer Biget E. T. [email protected] + 33 ( 0 ) 1 42 34 98 33 Nathalie Foucher-Battais E. T. [email protected] + 33 ( 0 ) 1 42 34 97 31 International Flavors and Fragrances (IFF) Judith Gross Global Director Fragrance Innovation www.iff.com T. + 33 ( 0 ) 1 46 49 69 10