Synthèse des observations - Les services de l`État en Loir-et-Cher

Transcription

Synthèse des observations - Les services de l`État en Loir-et-Cher
PRÉFET DE LOIR-ET-CHER
DIRECTION DEPARTEMENTALE DES
TERRITOIRES
SERVICE EAU ET BIODIVERSITE
Unité Nature Forêt
Affaire suivie par : Gaëlle DORDAIN
NOTE DE SYNTHESE DES OBSERVATIONS
établie au titre de l’article L120-1-II du code de l’environnement
dans le cadre de la mise en œuvre du principe de participation du public défini à l’article 7
de la charte de l’environnement
Objet :
Période complémentaire pour la vénerie du blaireau
Pièce associée : Arrêté préfectoral
Contexte :
La clôture de la vénerie sous terre intervient le 15 janvier. Toutefois, le préfet peut, sur proposition du directeur
départemental des territoires et après avis de la commission départementale de la chasse et de la faune sauvage et
de la fédération des chasseurs, autoriser l’exercice de la vénerie du blaireau pour une période complémentaire à
partir du 15 mai (article R 424-5 du code de l’environnement).
Rappel des modalités de consultation du public :
En application de la loi du 27 décembre 2012, le projet d'arrêté relatif à la vénerie du blaireau pour la campagne
2015/2016 dans le département de Loir-et-Cher a été mis à disposition du public sur le site Internet des services
de l'état en Loir-et-Cher entre le 17 avril 2014 et le 7 mai 2014.
Pour mémoire, la consultation du public correspondante s'est déroulée de la manière suivante :
- une « note de présentation » conforme à l'article L 120-1-II du code de l'environnement et le projet d'arrêté ont
été mis à disposition par voie électronique en étant hébergés sur le site Internet des services de l’État en Loiret-Cher.
- Les observations du public devaient parvenir le 7 mai au plus tard, par voie électronique par courriel adressé à
[email protected], ou par voie postale à la DDT.
Synthèse des observations :
La synthèse donne une lecture tant quantitative que qualitative des observations transmises.
Durant cette consultation, 35 commentaires ont été adressés. Ils se décomposent en :
- 1 message favorable à la période complémentaire pour la vénerie du blaireau,
- 34 messages contre cette période complémentaire.
Le message favorable à la période complémentaire de vénerie du blaireau apporte juste son soutien au projet
d’arrêté, dans plus d’argumentaire.
Synthèse des commentaires s’opposant au projet d’arrêté :
•
Les associations s’exprimant contre le projet d’arrêté :
5 associations ont signifié leur opposition à ce projet. Toutes formulent comme demande le retrait de cette période
complémentaire de vénerie du blaireau. Les arguments soulevés par ces associations sont les suivants :
1. ASPAS (ASsociation pour la Protection des Animaux Sauvages) :
- La chasse sous terre est une pratique cruelle, barbare et non sélective,
- Le blaireau est une espèce à faible taux de reproduction,
- La période complémentaire envisagée a lieu pendant la période d’allaitement, de sevrage et d’élevage des
jeunes,
- Le blaireau est déjà chassé par tir pendant toute la période d’ouverture de la chasse. Avec la période
complémentaire cette espèce n’a donc que deux mois et demi de répit,
- Des espèces protégées, comme le chat forestier ou les chauves-souris, peuvent utiliser des terriers de blaireaux,
et seront par conséquent inévitablement impactés par ces opérations
- L’arrêté privilégie le loisir de certains au détriment de la nature.
2. Perche Nature
- Nous n’avons pas de chiffres exacts concernant les comptages de ces animaux,
- Cette période complémentaire porte préjudice aux jeunes qui sont incapables de survivre si l’adulte est tué,
- La méthode du déterrage est particulièrement brutale,
- Concernant les dégâts, qui sont souvent imputé au blaireau à tort, il serait préférable de trouver des mesures
alternatives.
3. LPO (Ligue de Protection des Oiseaux) Pays d’Aix
- Le blaireau est chassable par tir pendant la période d’ouverture de la chasse,
- C’est une espèce à faible taux de reproduction,
- La période complémentaire intervient pendant la période d’élevage des jeunes,
- D’autres espèces, comme le chat forestier ou les chauves-souris peuvent occuper les terriers
- Le blaireau est une espèce nécessaire à la biodiversité.
4. Oise Nature Animation
- Le blaireau n’est pas un « nuisible » ; les éventuels dégâts occasionnés peuvent être évités par des solutions
relativement simples à mettre en œuvre (répulsifs...),
- La dynamique de population est relativement faible,
- Il est superflu et cruel de prolonger le délai de chasse sur la période d’élevage des jeunes,
- La lutte contre la tuberculose bovine par destruction des blaireaux est inefficace (exemple du Royaume-Uni).
5. MELES (Étude et protection du blaireau)
- Le projet ne respecte pas l’article L424-10 du Code de l’Environnement qui interdit de détruire les portées ou
petits de tous mammifères dont la chasse est autorisée,
- Aux mois de mai, juin et juillet les blaireautins ne peuvent pas survivre sans leur mère, donc la période
complémentaire compromet le succès de reproduction de l’espèce,
- La période complémentaire n’est pas autorisée dans certains départements.
•
Autres commentaires opposés au projet d’arrêté :
Arguments éthiques :
- C’est une méthode de tuerie particulièrement horrible
- C’est un véritable acharnement
- Pour le plaisir de certains on autorise quelque chose dont il ne devrait même pas être question
- Le déterrage est une pratique cruelle, barbare, qui n’est pas digne d’un pays civilisé
- Je trouve vraiment inhumain de (…) les déterrer d’une manière barbare, simplement pour le loisir de personnes
cruelles qui n’ont pas le courage de s’en prendre à quelqu’un qui ait les mêmes moyens de défense pour combler
leurs envies de sang et de meurtre...
- Je ne vois pas pourquoi une poignée d’agriculteurs auraient ainsi le droit de tuer sans autre raison des animaux
en pleine période de reproduction et avec une méthode digne du XIXème siècle
- les blaireaux sont des mammifères comme nous, souffrent comme nous et ont des émotions comme nous. Aucun
humain n’a le droit de générer de la souffrance, surtout sous des prétextes non fondés. Les animaux ont des droits,
tout comme les humains.
- C’est un mauvais exemple pour nos jeunes qui auraient plus besoin d’émerveillement devant de tels animaux
plutôt que de violences qui les marqueront à vie
- Le déterrage est une barbarie inutile que ne connaissait même pas l’homme de Neandertal
- « La chasse est toujours une forme de guerre » Goethe
- Je m’insurge contre tout arrêté français qui ose détruire la Vie !
- Je me révolte (…) de voir les chasseurs s’acharner à persécuter une espèce
- La vénerie sous terre est typiquement une chasse de nuisibles, relique d’un autre âge, totalement incompatible
avec la préservation de la biodiversité
- La pratique du déterrage est fondamentalement cruelle, non sélective et indigne d’un pays qui revendique d’être
en 2015 (« Conférence climat » de décembre prochain) un élément moteur dans la défense de l’environnement sur
notre planète.
Sur la période concernée par le projet d’arrêté :
- (…) elle a lieu en pleine période de reproduction et d’allaitement
- Est-il nécessaire de prolonger la période de vénerie en laissant si peu de temps de survie ?
- La période de vénerie sous terre autorisée a lieu pendant la période d’allaitement, de sevrage et d’élevage des
jeunes, ce qui est catastrophique pour une espèce à faible taux de reproduction
- Le blaireau est déjà chassé à tir pendant toute la période d’ouverture de la chasse. En autorisant une période
complémentaire de vénerie sous terre à partir du 15 mai, cette espèce n’a plus que 2 mois et demi de répit.
- Pratiquer la vénerie sous terre pendant une période complémentaire coïncidant avec la période d’élevage des
jeunes peut rapidement mettre en péril les populations de blaireaux
Utilité de l’espèce :
- Les blaireaux sont très utiles à la faune...
- Tous les animaux ont leur utilité dans la nature et le classement de certains en nuisibles est intolérable
- La notion d’espèce nuisible est une invention anthropocentrique totalement désuète
- Aucune espèce n’est nuisible d’un point de vue biologique, les déséquilibres des écosystèmes sont tous
introduits par l’homme
- (…) grand atout pour le tourisme écologique bien plus porteur que les activités cynégétiques du passé
- Les blaireaux participent à nos écosystèmes et doivent se reproduire dans de bonnes conditions
- Les espèces sauvages sont toutes naturellement régulées par la nourriture disponible, l’homme n’a donc pas à
intervenir et surtout pas de cette façon
- Le blaireau est un hôte indispensable des milieux naturels, il participe efficacement à la régulation de
nombreuses espèces ravageuses des cultures comme les escargots et les limaces. Par son régime alimentaire
omnivore, en consommant de nombreux fruits sauvages et en l’occurrence des cerises, il contribue très
efficacement çà la plantation de merisiers, essence forestière rare et précieuse.
Niveau de population du blaireau :
- Ceux-ci sont déjà en minorité
- La population de blaireau est méconnue, donc son extermination systématique est une hérésie intellectuelle !
- Les blaireaux sont des animaux discrets, qui meurent souvent heurtés par les voitures et qui se reproduisent peu.
Il ne sont pas « en surnombre »
-Aucunes études ne sont réalisées à ce jour concernant les effectifs de blaireaux
- Les populations de blaireaux restent fragiles et leur dynamique est particulièrement lente. Elles souffrent de la
disparition de leurs habitats (haies, lisières, prairies...) et sont fortement impactées par le trafic routier.
- Les prélèvements réalisés dans le cadre de la vénerie sous terre ou lors de battues administratives (...) affectent
ses effectifs et peuvent entraîner la disparition locale de l’espèce
Dégâts agricoles :
- Animal (…) sans impact majeur sur l’activité humaine
- Les vrais agriculteurs savent cohabiter avec les blaireaux ou toute autre espèce animale
- L’atteinte aux cultures qui n’est pas quantifiée ni chiffrée mais juste rapportée est ridicule par rapport aux
conséquences bien plus importantes et néfastes de l’élevage de sanglier sur les cultures agricoles
- Si les dégâts des cultures par le blaireau existent, ils sont certainement minimes puisque les chiffres
n’apparaissent jamais
- Tuer parce qu’il vous manque quelques grains de maïs ?
- Et quels dégâts ? Les agriculteurs sincères vous diront que les blaireaux ne s’aventurent jamais dans les
champs... à peine aux abords !
- On ne connaît pas l’évaluation réelle des dégâts qui lui sont reprochés
- (…) un animal ne posant pas de problème économique majeur
- L’installation d’un fl électrique ou l’utilisation d’un produit répulsif sont des mesures préventives efficaces
Atteintes aux autres espèces :
- Ce sont aussi d’autres animaux protégés qui peuvent pâtir de cette pratique, les chats forestiers, ainsi que les
chauve-souris, pouvant utiliser ces terriers
- Quand on voit la disparition des oiseaux, des insectes, des vers de terre et maintenant des abeilles...à qui le
tour ?
- La chasse sous terre est une pratique (…) non sélective
- Les terriers de blaireaux servent également de gîte à de nombreuses espèces
- L’exercice de la vénerie sous terre (…) endommage le terrier au point de le rendre inhabitable, alors que celui-ci
sert également de gîte à part entière pour d’autres espèces cohabitantes, renard, lapin de garenne, martre des pins,
putois d’Europe, et pour certaines protégées, chat forestier, petit rhinolophe, salamandre tachetée.
Comparaison avec la situation du blaireau en dehors du Loir-et-Cher :
- C’est un animal sensible et protégé un peu partout en Europe
- Nous sommes le seul pays européen à maintenir cette barbarie
- La période complémentaire n’est d’ailleurs pas autorisée dans les départements des Alpes-de-Haute-Provence,
des Hautes-Alpes, des Alpes-Maritimes, de l’Aude, de l’Hérault (…)
- (…) on ne peut pas parler de nécessité de réguler les populations. Dans les pays voisins de la France où le
blaireau est protégé, ou dans le Bas-Rhin où il n’est plus chassable, aucune explosion démographique n’est
observée
- Inscrit à l’annexe III de la convention de Berne, le Blaireau d’Europe, Meles Meles, est une espèce protégée. A
titre dérogatoire, la Convention de Berne encadre strictement la pratique de la chasse et la destruction
administrative de cette espèce. Le ministère de l’écologie doit soumette « au Comité permanent un rapport
biennal sur les dérogations faites ».