Favoriser la réussite : une affaire d`école
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Favoriser la réussite : une affaire d`école
École secondaire de langue française Favoriser la réussite : une affaire d’école Marianne Cormier Publication de la Fédération canadienne des enseignantes et des enseignants Pour obtenir des exemplaires supplémentaires, veuillez communiquer avec nous à : 2490, promenade Don Reid Ottawa (Ontario) K1H 1E1 Téléphone : 613-232-1505 ou 1-866-283-1505 (sans frais) Fax : 613-232-1886 [email protected] www.ctf-fce.ca Auteure Marianne Cormier, Ph. D. Faculté des sciences de l’éducation Université de Moncton Coordonnateur du projet Ronald Boudreau Services aux francophones Fédération canadienne des enseignantes et des enseignants (FCE) Comité de travail Yoan Barriault, Nunavut Carolyn Bussière, Ontario Monique Chiasson, Nouveau-Brunswick Yvette d’Entremont, Nouvelle-Écosse Patrick Lachance, Alberta Éric Landry, Nouveau-Brunswick Jessica Thériault-Doucet, Nouveau-Brunswick Denis Thivierge, Ontario Nicole Tremblay, Ontario Graphisme Nathalie Hardy, FCE Révision linguistique Ronald Boudreau, FCE Marie-Caroline Uhel, FCE Fédération canadienne des enseignantes et des enseignants 2490, promenade Don Reid Ottawa (Ontario) K1H 1E1 Téléphone : 613-232-1505 Fax : 613-232-1886 www.ctf-fce.ca Dépôt legal : 2010 Bibliothèque et Archives Canada ISBN – 0-88989-404-3 © Fédération canadienne des enseignantes et des enseignants, 2010. Nous reconnaissons l’appui financier du gouvernement du Canada par l’entremise du ministère du Patrimoine canadien. Table des matières 1 MESSAGE DU PRÉSIDENT 3 INTRODUCTION 4 STRUCTURE DU DOCUMENT 5 PAR OÙ COMMENCER? 8 Actualisation du potentiel d’apprentissage 9 Rapport positif à la langue 10 Appropriation culturelle 11 Développement de l’autodétermination 12 Négociation identitaire 13 Conscientisation et engagement 14 Leadership communautaire 15 QUI SUIS-JE? QUI SOMMES-NOUS? 15 Un questionnaire pour le personnel enseignant 19 Deux questionnaires pour les élèves 25 COMMENT S’Y PRENDRE? 25 Molière vs. Shakespeare 29 Un français pas tout à fait standard 32 Sachez cacher cette langue 34 Dans le jardin du voisin 36 Travailler, c’est trop dur 38 Brasse pas la cage! 41 BOÎTE À OUTILS 41 Pour approfondir la question de la construction identitaire 42 Des outils pour vous et vos élèves {1 Message du Président Disponible à la FCE dans le cadre des actions portant sur l’adolescence : • À bord ou à dos nos ados? – vidéo produite dans le cadre du Symposium 2008 • Nos ados : qui sont-ils? – article de Michèle Matteau dans le webzine Frenquêtes • Voir grand à l’adolescence – guide de dialogue en construction identitaire • Voir grand à l’adolescence – outil d’animation et présentation visuelle • La douance à l’école de langue française – rapport du Symposium 2009 • L’appropriation culturelle des jeunes à l’école secondaire francophone en milieu minoritaire – Rapport d’analyse des entrevues de groupes, Résultats de l’enquête pancanadienne, Synthèse de l’enquête. Depuis le symposium À bord ou à dos nos ados? que la Fédération canadienne des enseignantes et des enseignants (FCE) a organisé au printemps 2008, la question de l’adolescence est demeurée une préoccupation importante et oriente plusieurs de nos actions. D’une part, comme organisation professionnelle de l’enseignement, nous sommes conscients que cette période de la vie détermine souvent le degré d’engagement de ces adultes en devenir face à la francophonie. D’autre part, le décrochage linguistique de plusieurs ou même le choix d’une autre langue pour les études nous incitent à poursuivre le développement d’outils qui appuieront le personnel enseignant engagé auprès des jeunes. « Favoriser la réussite : une affaire d’école » s’inscrit dans cette démarche. Nous tenons à remercier Marianne Cormier, Ph. D., et le comité pancanadien d’enseignantes et d’enseignants qui ont réalisé le document que vous tenez entre vos mains. Il s’agit d’une contribution importante qui permet de mieux définir la pédagogie propre aux écoles de langue française en situation minoritaire. Le gouvernement du Canada, par l’entremise de Patrimoine canadien, reconnait les spécificités et les besoins particuliers de notre communauté et nous tenons à souligner leur appui constant. Je vous invite donc à profiter des pistes qui vous sont proposées dans ce guide pour mieux comprendre la réalité de la génération adolescente que sont nos élèves des écoles de langue française et à réfléchir sur les moyens qui sont à notre disposition pour mieux répondre à leurs besoins. Après tout, c’est l’affaire de toute l’école! Benoit Mercier Benoit Mercier, président Comité consultatif français langue première, 2009-2010 2} {3 Introduction Le présent document se veut d’abord un outil pédagogique, concret et pratique. Il a pour but de vous aider à accompagner vos élèves du secondaire vers la réussite éducative à l’école de langue française. À l’ère de la net gen, cette génération qui est née et qui vit constamment en contact avec les technologies (cellulaire et texto, messagerie instantanée, Facebook, Twitter, etc.), et à l’ère de la mondialisation et du grand pouvoir d’attraction sociale de l’anglais, comment arriver à donner une raison d’être à l’école de langue française pour nos adolescentes et adolescents? Évidemment, nous voulons leur transmettre la langue et la culture françaises, mais le projet est plus large et s’étend bien audelà d’un projet linguistique. Pour les ados d’aujourd’hui, cette transmission de la langue et de la culture soulève des questions fondamentales : Qui suis-je? Pourquoi? Le projet devient alors axé sur le succès tant personnel et social que scolaire de l’adolescente et de l’adolescent. Cette réflexion sur la réussite éducative des adolescents et des adolescentes en milieu francophone minoritaire est un projet collectif. Les neuf enseignants et enseignantes du groupe de travail, venus des quatre coins du Canada, ont verbalisé leurs défis quotidiens, exprimé le besoin de disposer d’un outil pratique et grandement contribué à la conception du présent document. La collaboration de la Fédération canadienne des enseignantes et des enseignants et, en particulier, l’appui de Ronald Boudreau ont fait en sorte que ce projet a vu le jour et a pu être mené à terme. Je témoigne toute ma reconnaissance à ces personnes. Marianne Cormier 4} Structure du document Chaque contexte linguistique minoritaire est unique. Ce document se veut donc flexible afin que vous puissiez l’adapter selon vos besoins et les réalités de votre milieu. Il comporte quatre sections : • Dans la section « Par où commencer? », vous trouverez des affirmations que vous exprimez probablement souvent en tant qu’enseignante ou enseignant, par exemple : « Je veux aider mes élèves à réussir! ». Ces affirmations s’accompagneront de quelques pistes d’action générales pour concrétiser le projet pédagogique. Chaque axe d’intervention résumera des repères importants pour vous aider à concrétiser les affirmations. • La section « Qui suis-je? Qui sommes-nous? » vous offre des outils pour vous aider à connaître vos élèves et à comprendre leur réalité et les vécus qui conjuguent les multiples facettes de leur identité. • La section « Comment s’y prendre? » vous propose des pistes tangibles d’action et de réaction aux différentes situations qui peuvent se présenter dans les écoles secondaires en contexte minoritaire. Ces pistes concrètes renvoient aux axes d’intervention de la section « Par où commencer? » et les illustrent de façon concrète. • Enfin, la section « Boîte à outils » regroupe différents outils et documents qui peuvent vous appuyer dans votre travail. {5 Enseigner en français en milieu minoritaire : richesse ou inconvénient? Qu’en dites-vous? Le discours est souvent négatif; on se plaint des élèves qui parlent anglais, on déplore le manque de ressources, on s’inquiète des résultats scolaires. Et si on pensait RICHESSE! Les jeunes sont dynamiques et créatifs. Notre intention doit se concentrer à cultiver cette richesse pour amener les jeunes à investir leurs énergies et leurs forces dans leur propre succès à l’école de langue française. Si le monde entier est attiré par la culture américaine, nos ados le sont également; vivant à proximité de cette culture, ils ressentent ce même attrait et vivent souvent des tensions identitaires. Nous savons que la période de l’adolescence se caractérise par des remises en question, des contre-affirmations et une recherche de soi. Cette phase de remise en question, conjuguée avec un fort attrait pour la culture américaine, fait en sorte que les jeunes se tournent souvent vers l’anglais. Le défi consiste donc à trouver comment puiser à même le dynamisme des jeunes pour en canaliser les énergies à l’avantage de la réussite à l’école de langue française. Le jeune qui est confiant et qui éprouve un fort sentiment d’appartenance réussira à l’école, dans toutes les matières. Le projet de l’école de langue française va bien au-delà de l’apprentissage de la langue et de la culture. Il s’agit d’un projet de construction d’un sentiment d’appartenance à la communauté francophone auquel tous et toutes doivent contribuer. Pour y arriver, il importe d’abord de mieux comprendre l’identité de nos jeunes. Qui sont ces jeunes? Les origines, les valeurs, la famille et la région sont tous des facteurs qui définissent le portrait dynamique d’une personne. Il s’agit de l’identité personnelle qui se définit comme une construction composée d’un ensemble d’éléments qui s’arriment pour décrire le « qui suis-je? ». PAR OÙ COMMENCER? Par où commencer? PAR OÙ COMMENCER? 6} Dans cette identité personnelle se logent plusieurs identités sociales qui dénotent une appartenance à des groupes sociaux et qui coexistent. On peut être à la fois « élève », « joueur de hockey » et « musicien ». Selon le contexte, une de ces identités sociales peut prendre plus d’importance que les autres. Par exemple, l’identité « joueur de hockey » prédomine à la patinoire, alors que l’identité « élève » prime surtout dans la salle de classe. Il arrive cependant qu’une identité sociale devienne si importante que l’individu la priorise tout au long de sa journée. Le « joueur de hockey » s’assure de s’exercer, regarde les nouvelles du hockey, en parle avec ses amis. Or, ce même individu porte peut-être d’autres identités sociales qu’il priorise moins. Il ne leur donne pas autant d’importance dans son quotidien. Pourquoi? Il se peut que ce soit parce qu’il ne ressent pas de sentiment d’appartenance ou de compétence associé à ces identités. Quand un individu priorise une identité sociale par ses actions quotidiennes, il le fait par automatisme parce qu’il sent que cela le valorise et qu’il aime faire partie de ce groupe. Identité personnelle L’ensemble de… -mes origines Identités sociales J’appartiens à des groupes sociaux -les francophones -mes valeurs -les skieurs -ma famille -les élèves -ma région -les filles {7 Pour réaliser cette mission, les élèves doivent d’abord comprendre les réalités sociales de leur milieu de vie et de leur communauté. Ils seront ainsi en mesure de prendre conscience de l’effet de leurs choix (Qu’arrive-t-il à mon identité francophone si je regarde uniquement la télévision en anglais?) et des iniquités présentes dans la société (Est-ce juste qu’on n’offre pas de chaînes de télévision en français dans ma communauté?). Cette prise de conscience peut amener les élèves à s’engager à changer l’état des choses. Si les jeunes sont confiants et qu’ils ressentent un sentiment d’appartenance à leur communauté et à leur école, ils possèderont les ingrédients de la réussite et choisiront d’y investir leurs énergies. Pour que l’enseignement puisse avoir l’impact souhaité auprès des jeunes, sept axes d’intervention sont proposés dans les pages qui suivent. Ces axes s’arriment, se complètent et se superposent pour former un tout cohérent qui guide l’action pédagogique : • Actualisation du potentiel d’apprentissage • Rapport positif à la langue • Appropriation culturelle • Développement de l’autodétermination • Négociation identitaire • Conscientisation et engagement • Leadership communautaire PAR OÙ COMMENCER? L’école francophone a une double mission. Elle vise la réussite éducative des élèves et la construction d’une identité francophone. 8} PAR OÙ COMMENCER? Actualisation du potentiel d’apprentissage Des attentes élevées et des interventions pédagogiques qui correspondent aux besoins spécifiques des élèves entraînent une maîtrise des apprentissages. Cette maîtrise des apprentissages donne lieu à des retombées durables et à des répercussions positives sur les prochaines expériences d’apprentissage. Pistes pour y arriver : • S’assurer, à l’aide d’une évaluation bien ciblée, que les élèves maîtrisent les apprentissages avant de passer aux prochaines étapes des programmes d’études; • Investir du temps au départ pour en gagner à la longue; • Évaluer de manière bien ciblée pour déterminer les besoins spécifiques des élèves et différencier la pédagogie; • Se fixer des attentes élevées pour obtenir de bons résultats. Conseils : • Ne pas se laisser convaincre que les élèves ne sont pas bons en raison de résultats faibles aux tests d’envergure nationale, et ne pas diminuer les attentes en conséquence. Je sais que mes élèves sont intelligents et qu’ils peuvent réussir dans toutes les matières. Je peux avoir des attentes élevées à l’égard du travail de mes élèves. Bien connaître mes élèves me permet de bien cibler mes interventions. {9 Je sais que mes élèves peuvent développer leur confiance dans leur parler et dans leurs capacités linguistiques. Les élèves ont un sentiment de compétence par rapport à leurs capacités linguistiques. Ils aiment le français et sentent que c’est une langue vivante et riche. Pistes pour y arriver : Je crois fermement que mes élèves peuvent développer le goût de lire, d’écrire et de parler en français. Je sais que mes élèves ont la capacité de développer un vocabulaire riche. • Augmenter le nombre d’occasions informelles et formelles de lire, d’écrire, d’écouter et de parler (films, musique, correspondance, recherches signifiantes); • Favoriser la langue comme outil d’apprentissage dans toutes les matières scolaires; • Avoir une attitude d’ouverture par rapport aux variations langagières que présentent les élèves; • Travailler à partir des connaissances antérieures des élèves : ils arrivent à l’école avec des connaissances, même si cellesci ne font pas partie de la langue de scolarisation; • Développer le vocabulaire avec des activités signifiantes; • Favoriser une approche communicative : nous écrivons et nous parlons parce que nous avons quelque chose à dire, et non dans le but de faire évaluer nos compétences langagières; • Observer des signes d’insécurité linguistique chez les élèves et en discuter : Pourquoi parlons-nous ainsi dans notre région? Conseils : • Ne pas dénigrer l’anglais; • Éviter de surcorriger les élèves; • Expliquer les origines du parler local au lieu de le dénigrer. PAR OÙ COMMENCER? Rapport positif à la langue 10 } PAR OÙ COMMENCER? Appropriation culturelle Les élèves découvrent la culture générale et la culture francophone et en connaissent les artistes, les auteurs et les chefs politiques. Les élèves contribuent activement au développement culturel de la communauté francophone. Pistes pour y arriver : • Intégrer les arts et la culture aux programmes d’études; • Engager le dialogue avec les artistes dans une démarche pédagogique; • Découvrir le regard des artistes sur les phénomènes sociaux et en discuter; • Intégrer le processus de création artistique dans le processus d’apprentissage; • Discuter des phénomènes sociaux ou scientifiques et permettre aux élèves d’exprimer leurs opinions sur ces derniers de façon créative en mettant à profit un moyen d’expression artistique de leur choix (écrire un poème, faire une vidéo, etc.); • Explorer les diverses productions artistiques dans la région et faire des liens avec les programmes d’études. Conseils : • Éviter d’avoir un regard trop folklorisant sur les événements et la culture; • Doser les interventions pour ne pas saturer les élèves d’informations; • Ne pas présenter la culture par des travaux ennuyeux. Je veux que mes élèves s’approprient la culture générale et celle du Canada français. Je fais en sorte que mes élèves participent de façon active au développement et à l’épanouissement de la culture de la communauté francophone. Mes élèves et moi avons des référents culturels communs. { 11 Je sais que mes élèves peuvent faire preuve d’autonomie. Je veux que mes élèves vivent un sentiment de compétence. Mes élèves sentent qu’ils font partie de la communauté scolaire et de la communauté francophone. Les élèves s’épanouissent et sentent qu’ils font des choix judicieux si, par l’action pédagogique, nous nourrissons leurs sentiments d’autonomie, de compétence et d’appartenance. Pistes pour y arriver : • Donner aux élèves des choix réels dans la production de leurs travaux et dans la démarche d’apprentissage. Ils sentiront alors que leurs choix nourrissent leurs succès. • Favoriser des travaux en équipe qui font appel à la coopération et la contribution de tous et toutes afin de développer un sentiment d’appartenance. • Assurer un climat d’accueil dans la classe. • Faire vivre aux élèves des succès à partir de défis qui sont à leur niveau afin qu’ils ressentent une véritable satisfaction personnelle. Conseils : • Ne pas donner des choix artificiels aux élèves, comme le choix entre deux travaux très semblables; • Ne pas simplifier les tâches à un point tel que le sentiment de succès disparaît. PAR OÙ COMMENCER? Développement de l’autodétermination 12 } PAR OÙ COMMENCER? Négociation identitaire À l’adolescence, il est normal que les élèves ressentent un attrait pour la culture majoritaire, et qu’ils s’y identifient. La négociation identitaire consiste à inviter les élèves à réfléchir sur leur façon de se définir pour déterminer quelle place ils accordent au français dans leur vie. Pistes pour y arriver : • Créer des contextes qui feront ressortir l’identité francophone de façon positive; certains contextes peuvent rendre une facette de l’identité sociale prédominante. Par exemple, le contexte de la patinoire fera ressortir l’identité « joueur de hockey » chez un jeune; • Favoriser des discussions sur les choix quotidiens et les conséquences de ces choix; • Encourager les élèves à réfléchir sur leur identité par des discussions. Conseils : • Ne pas « prêcher » les valeurs de l’identité francophone; • Éviter de communiquer le message selon lequel l’identité francophone est « meilleure »; • Ne jamais donner aux élèves l’impression qu’ils sont de « mauvais francophones ». Je veux que mes élèves se construisent une identité qui fera une place au français leur vie durant. Je désire que mes élèves ressentent une appartenance à la communauté francophone. Je reconnais que les facettes de l’identité peuvent être multiples et qu’elles peuvent coexister paisiblement. { 13 Je veux que mes élèves connaissent les droits des francophones et qu’ils les exercent. Je sais que mes élèves peuvent reconnaître les injustices envers les groupes minoritaires dans la société et qu’ils peuvent s’engager à changer les choses. Je veux que mes élèves fassent preuve de pensée critique et sachent remettre en question les phénomènes sociaux qui agissent sur leur vécu. La pédagogie de la conscientisation consiste à faire vivre aux élèves des expériences qui leur permettent d’analyser, de comprendre et même de remettre en question les réalités sociales qui les entourent. La pédagogie de l’engagement vise à formuler des objectifs vers un changement et de mettre en œuvre un projet pour atteindre ces objectifs. Pistes pour y arriver : • Favoriser des activités de littératie critique, comme le questionnement des buts de l’auteur d’un texte; • Présenter des textes ayant des points de vue différents; • Questionner la couverture médiatique des événements dans la communauté; • Encourager des débats et des confrontations des points de vue; • Inviter les élèves à élaborer des projets qui visent le changement. Conseils : • Éviter de présenter la réalité des francophones minoritaires sous un angle trop critique ou pessimiste. La perte d’espoir et l’effet démoralisateur d’une approche trop négative peuvent avoir des effets dévastateurs. PAR OÙ COMMENCER? Conscientisation et engagement 14 } PAR OÙ COMMENCER? Leadership communautaire Il est important de faire équipe avec la communauté pour donner un sens à nos actions pédagogiques. Une communauté bien présente à l’école démontre aux élèves sa richesse. La pédagogie devrait amener l’élève à s’engager dans la communauté afin de développer ses qualités de leadership. Pistes pour y arriver : • Inviter les élèves à faire des liens entre les programmes d’études et la réalité communautaire; • Inviter les leaders de la communauté à rencontrer les élèves; • Créer des projets en partenariat avec la communauté et en lien avec les programmes d’études; • Favoriser des stages dans les organismes francophones. Conseils : • Éviter de créer des partenariats artificiels qui n’ont pas de véritable raison d’être. Je désire que mes élèves connaissent la communauté francophone et participent à ses activités. Je veux que mes élèves contribuent à l’épanouissement de la communauté francophone. Je souhaite que la communauté contribue à mes efforts pédagogiques. { 15 Qui suis-je? Qui sommes-nous? Un questionnaire pour le personnel enseignant Pour intervenir auprès d’adolescents et d’adolescentes, il faut bien se connaître soi-même. Le questionnaire qui suit vous permettra de réfléchir sur votre identité et vos raisons d’intervenir en milieu minoritaire francophone. Quand une enseignante ou un enseignant vient d’un milieu différent de celui de ses élèves, il est important qu’il réfléchisse sur les différences entre ces deux milieux. Le personnel enseignant vit des situations qui influencent ses pratiques pédagogiques. Il doit donc réfléchir aux moyens de maximiser l’influence de ses référents sur les pratiques pédagogiques pour créer des liens positifs avec les élèves. Le questionnaire qui suit vous permettra de faire le point sur votre propre cheminement identitaire et de vous fixer des objectifs qui vous aideront à cheminer avec vos élèves. QUI SUIS-JE? QUI SOMMES-NOUS? Chaque individu est en constante construction identitaire et continue de faire des découvertes sur son identité tout au long de sa vie. Celui ou celle qui a grandi dans un milieu linguistique minoritaire comprend mieux combien il peut être difficile de s’approprier la culture francophone dans ce contexte. 16 } QUI SUIS-JE? QUI SOMMES-NOUS? Questionnaire à l’intention de l’enseignante ou de l’enseignant En songeant à votre adolescence… En décrivant votre réalité d’aujourd’hui… Où habitiez-vous? À quoi ressemblait ce milieu? Où habitez-vous? À quoi ressemble ce milieu? Vous considériez-vous francophone, anglophone ou bilingue? Peut-être parliez-vous une autre langue? Vous considérez-vous francophone, anglophone ou bilingue? Peut-être parlez-vous une autre langue? Quelle était la langue la plus couramment parlée avec votre famille? Quelle langue utilisez-vous le plus souvent avec vos proches? Quelle langue utilisiez-vous le plus souvent avec vos amies Quelle langue utilisez-vous le plus souvent lors de vos et amis? À l’école? Dans la communauté? activités sociales? En songeant à votre adolescence… En décrivant votre réalité d’aujourd’hui… Quels étaient vos loisirs préférés? Dans quelle langue pratiquiez-vous ces loisirs? Quels sont vos loisirs préférés? Dans quelle langue pratiquez-vous ces loisirs? Quelle était votre matière préférée à l’école? Quelle est la matière que vous préférez enseigner? Lisiez-vous beaucoup pendant vos années à l’école? Quels Aimez-vous la lecture? Dans vos moments de détente, quel étaient vos styles ou vos auteurs préférés? genre de lecture faites-vous? Quel genre de musique écoutiez-vous pendant vos années au secondaire? Quel genre de musique écoutez-vous le plus souvent? QUI SUIS-JE? QUI SOMMES-NOUS? { 17 QUI SUIS-JE? QUI SOMMES-NOUS? 18 } En songeant à votre adolescence… En décrivant votre réalité d’aujourd’hui… Quelles étaient vos émissions de télévision préférées? Quelles sont vos émissions de télévision préférées? Pistes d’objectivation : 1.Quelles sont les principales différences que vous remarquez dans votre parcours personnel depuis l’adolescence? 2.La place du français dans votre vie a-t-elle changé depuis l’adolescence? Est-ce que le français est plus présent? Moins présent? Qu’est-ce qui explique la continuité ou le changement, selon le cas? 3.Est-ce que vos élèves connaissent la place qu’occupait ou qu’occupe le français dans votre vie? 4.Comment les réalités que vous avez vécues et que vous vivez actuellement par rapport à la langue française influencent-elles votre enseignement? 5.Quels objectifs personnels ou professionnels ces questions vous inspirent-elles? Y a-t-il des conclusions à en tirer? { 19 Deux questionnaires pour les élèves Dans une réflexion sur l’adolescence d’aujourd’hui à l’école de langue française, il faut tenir compte de la diversité des origines. Certains élèves, de plus en plus nombreux, ne parlent français qu’à l’école, alors que d’autres affichent une identité francophone forte. Savoir dans quelle mesure nos élèves se sentent francophones et connaître leurs origines facilitent nos interventions. Le premier questionnaire a été conçu de manière à assurer l’anonymat des répondantes et répondants, et ainsi à créer un climat de confiance avec les élèves. Il permettra de dresser un profil de classe. Le deuxième questionnaire se veut plutôt un outil de discussion de groupe avec les élèves. Il leur permettra de s’exprimer librement et d’engager un dialogue sur la question de la langue française. QUI SUIS-JE? QUI SOMMES-NOUS? Bien connaître ses élèves constitue un aspect important de l’intervention pédagogique. C’est encore plus vrai auprès des adolescents et des adolescentes francophones qui vivent en milieu minoritaire. De grands changements sont survenus en l’espace d’une génération et même une jeune enseignante ou un jeune enseignant peut se sentir dépassé par le vécu actuel des ados. 20} Questionnaire pour les élèves (no 1) Portrait de classe Voici quelques énoncés qui serviront à dresser un portrait de la classe. Tu n’as pas à t’identifier sur le questionnaire et tes réponses resteront anonymes. Nous voulons seulement savoir comment le groupe d’élèves dont tu fais partie se sent par rapport à ces questions. Encercle le chiffre qui correspond le mieux à ton sentiment. QUI SUIS-JE? QUI SOMMES-NOUS? Je me considère francophone. Je me considère anglophone. Je me considère bilingue. Je me considère d’une autre origine. Je parle français à la maison. Je parle anglais à la maison. Pas du tout Un peu De temps en temps Souvent Toujours 1 2 3 4 5 Pas du tout Un peu De temps en temps Souvent Toujours 1 2 3 4 5 Pas du tout Un peu De temps en temps Souvent Toujours 1 2 3 4 5 Pas du tout Un peu De temps en temps Souvent Toujours 1 2 3 4 5 Pas du tout Un peu De temps en temps Souvent Toujours 1 2 3 4 5 Pas du tout Un peu De temps en temps Souvent Toujours 1 2 3 4 5 Pas du tout Un peu De temps en temps Souvent Toujours 1 2 3 4 5 Je parle une langue autre que le français et l’anglais à la maison. Je parle français avec mes amis et amies. Pas du tout Un peu De temps en temps Souvent Toujours 1 2 3 4 5 Pas du tout Un peu De temps en temps Souvent Toujours 1 2 3 4 5 Pas du tout Un peu De temps en temps Souvent Toujours 1 2 3 4 5 Pas du tout Un peu De temps en temps Souvent Toujours 1 2 3 4 5 Pas du tout Un peu De temps en temps Souvent Toujours 1 2 3 4 5 Pas du tout Un peu De temps en temps Souvent Toujours 1 2 3 4 5 Pas du tout Un peu De temps en temps Souvent Toujours 1 2 3 4 5 Pas du tout Un peu De temps en temps Souvent Toujours 1 2 3 4 5 Pas du tout Un peu De temps en temps Souvent Toujours 1 2 3 4 5 Je parle anglais avec mes amis et amies. Je pratique mes loisirs en français. Je pratique mes loisirs en anglais. Sans compter les lectures que je fais pour l’école, je fais de la lecture personnelle en français. Sans compter les lectures que je fais pour l’école, je fais de la lecture personnelle en anglais. J’écoute de la musique en français. J’écoute de la musique en anglais. J’écoute la télévision en français. QUI SUIS-JE? QUI SOMMES-NOUS? { 21 22} J’écoute la télévision en anglais. Un peu De temps en temps Souvent Toujours 1 2 3 4 5 Mon père est : Anglophone Francophone Autre Ma mère est : Anglophone Francophone Autre Le français pour moi est : QUI SUIS-JE? QUI SOMMES-NOUS? Pas du tout Je trouve que parler français, c’est : La langue de l’école Agréable Une langue seconde Un choix personnel Difficile La langue imposée par mes parents Ennuyant { 23 Questionnaire pour les élèves (no 2) Outil d’animation visant à engager le dialogue avec les élèves Lors d’échanges informels avec les élèves, il est important de maintenir un climat de confiance dans la salle de classe en évitant que les élèves sentent qu’il existe des francophones « meilleurs que d’autres ». Cet exercice se veut une prise de conscience des réalités qui se vivent en milieu minoritaire et ne doit pas mener à la culpabilisation de l’élève qui préfère l’anglais dans certaines circonstances. Les concepts de l’identité personnelle et des identités sociales, tels qu’ils sont présentés dans la section « Par où commencer? », constituent un excellent prétexte pour amorcer une discussion avec les élèves. • Quelles identités sociales les élèves possèdent-ils? • Quelles sont leurs identités sociales préférées? Lesquelles leur permettent de se sentir plus à l’aise? Lesquelles posent des défis? Pourquoi est-ce ainsi? • Quelle importance revêt chacune de ces identités dans le quotidien? • Est-ce que certaines de ces identités sont plus valorisées à l’école que d’autres? • Quelles sont les identités les plus valorisées par le groupe d’amis? Les moins valorisées? Pourquoi est-ce ainsi? • Quelles sont les identités les plus valorisées dans la communauté? • Dans quels contextes est-il plus facile de parler français? • Avec qui les élèves parlent-ils français le plus souvent? • Dans quels contextes est-il plus facile de parler anglais? • Dans quelle proportion la journée se déroule-t-elle en français? En anglais? QUI SUIS-JE? QUI SOMMES-NOUS? Voici quelques pistes susceptibles de favoriser les échanges : QUI SUIS-JE? QUI SOMMES-NOUS? 24} NOTES { 25 Comment s’y prendre? MOLIÈRE VS. SHAKESPEARE Oh! les élèves parlent en anglais dans les corridors et la cour d’école! En milieu minoritaire, il n’est pas rare que les élèves privilégient l’anglais dans diverses situations de communication. Si plusieurs facteurs peuvent expliquer cette réalité, elle n’en demeure pas moins une situation délicate pour le personnel enseignant qui tente de maintenir une ambiance francophone dans l’école. AVANT TOUT La question de l’usage de l’anglais à l’école soulève des débats passionnés! Il importe tout d’abord de comprendre le phénomène et de l’expliquer aux élèves dans son contexte social. L’influence américaine, le poids démographique et le manque de services en français sont autant de facteurs qui font en sorte que l’anglais domine dans bien des domaines… et dans les activités des adolescentes et adolescents. Engager un dialogue avec les élèves permet d’explorer les raisons qui les poussent à privilégier l’anglais. • Ne pas prêcher l’importance du français. Garder en tête que toute solution viable doit provenir des élèves. • Être prêt à la contre-affirmation ou à la nonchalance. Les élèves affirmeront peut-être que le français leur importe peu. Devant une telle attitude, il ne sert à rien de les critiquer. Mieux vaut les amener à réfléchir sur le « pourquoi ». Est-ce qu’ils réagissent ainsi parce qu’ils associent le français à des expériences de correction ou de réprimande? Est-ce parce qu’ils ne voient pas de sens et de raison d’être pour le français dans leur communauté? Il faut également les amener à justifier leur réaction et à comprendre pourquoi ils pensent ainsi. Il est ainsi plus facile de réagir de façon constructive à leurs réalités. Les explications des élèves pour justifier leur comportement langagier sont de trois natures : • Le réflexe ou l’habitude • Le manque de compétence ou de confiance en soi • La contre-affirmation COMMENT S’Y PRENDRE? Aïe! les élèves parlent en anglais en classe! 26} PISTES D’ACTION Le réflexe ou l’habitude • Changer une routine, ça prend des efforts! D’abord, il faut se fixer des buts collectifs et développer l’habitude de parler français. Il faut également se donner des stratégies pour atteindre ces buts. (Il est essentiel que les élèves s’engagent dans le projet pour qu’il fonctionne. Il faut que ça vienne d’eux.) Il faut trouver des stratégies visant à nous faire prendre conscience des moments où l’on ne parle pas le français, et se donner des moyens d’agir pour changer cette habitude, par exemple, désigner un gardien ou une gardienne de la langue lors du travail de groupe. Il faut que les solutions viennent des élèves! {axe touché : conscientisation et engagement} • Des référents culturels en français! Si les référents culturels sont en anglais, il est normal de vouloir en parler en anglais. La découverte d’artistes francophones et l’adoption de référents culturels en français porteront les élèves à en parler en français et à développer cette habitude. {axe touché : appropriation culturelle} COMMENT S’Y PRENDRE? Le manque de compétence ou de confiance en soi • On apprend à parler en parlant! Et plus on est compétent, plus on est confiant. Beaucoup d’activités intègrent l’oral et permettent aux élèves d’exprimer leurs opinions. Par exemple, en sciences, on peut faire des débats sur des sujets comme le réchauffement de la planète, l’éthique dans le domaine du clonage, etc. Dans le cours d’histoire, on peut débattre des écrits historiques qui présentent parfois un seul point de vue. On peut faire des jeux de rôles et incarner des personnages historiques. Simplement, on peut dire aux élèves de prendre deux minutes pour expliquer à leur voisin ce qu’ils savent du concept à l’étude, s’ils sont d’accord avec l’idée présentée, etc. De cette façon, chacune et chacun a l’occasion de prendre la parole. {axes touchés : rapport positif à la langue, développement de l’autodétermination, maximisation des apprentissages} { 27 • De l’informel au formel On peut faire des activités orales qui visent d’abord des situations de communication informelles et qui vont ensuite vers des situations plus formelles. Par exemple, les élèves peuvent étudier un concept en petites équipes collaboratives et ce faisant, s’approprier le vocabulaire et la langue qui entourent ce concept. Ensuite, les élèves peuvent prendre quelques minutes pour décrire leur compréhension du concept dans leur journal de bord (ils intègront davantage les éléments langagiers autour du concept, y compris le vocabulaire). Puis, de façon un peu plus formelle, ils peuvent expliquer à leurs collègues leur méthode de travail et leurs constatations. {axes touchés : rapport positif à la langue, développement de • Mettez-en, de la langue! Pour améliorer la confiance et les habiletés des élèves, il faut maximiser les activités langagières dans toutes les matières. La lecture demeure l’une des meilleures manières d’apprendre du vocabulaire. On peut demander aux élèves, en petits groupes, d’exprimer leurs idées sur la matière à l’étude. Ensuite, on peut leur présenter un texte sur ce sujet et leur demander d’en prédire le contenu, de se poser des questions au sujet de cette matière avant de lire le texte. Par la suite, les élèves peuvent lire le texte et en discuter entre eux pour vérifier si leurs prédictions étaient bonnes. Ils peuvent réagir à la lecture au moyen d’un court texte. Ainsi, ils ont parlé, écrit et lu au sujet de la matière à l’étude, et ils ont aussi pu développer leurs habiletés langagières. {axes touchés : rapport positif à la langue, appropriation culturelle, négociation identitaire, leadership communautaire} • Engagez la créativité! Regarder des films en français permettra aux élèves d’apprendre beaucoup d’expressions françaises et de développer leur connaissance de la langue. Mieux encore, vous pouvez faire des films en français… ce qui leur donnera la chance de s’exprimer et de dire ce qu’ils ont à dire, selon leur créativité et leurs idées. Les ados connaissent bien la technologie et peuvent faire des vidéos. Entrez en communication avec d’autres classes de votre région ou COMMENT S’Y PRENDRE? l’autodétermination, maximisation des apprentissages} 2 8} d’ailleurs au pays. Envoyez-leur vos vidéos (de sciences, de sciences humaines, etc.) et recevez les leurs. Il s’agit d’une stratégie gagnante. {axes touchés : rapport positif à la langue, maximisation des apprentissages, développement de l’autodétermination} • Collectionnez les mots! Souvent, les élèves du milieu linguistique minoritaire ont peu de vocabulaire français. Créez un environnement où la richesse des mots est valorisée. Faites des activités de développement du vocabulaire signifiantes. Jouez à des jeux qui favorisent le développement du vocabulaire. Prenez quelques minutes au début d’une leçon pour introduire les mots-clés du concept à l’étude. Vos élèves gagneront en compétence et en confiance, et ils réussiront mieux leurs apprentissages. {axes touchés : rapport positif à la langue, actualisation du potentiel d’apprentissage} COMMENT S’Y PRENDRE? La contre-affirmation • Le français, c’est une vraie langue! Si les élèves en viennent à ne pas voir l’importance de la langue française, c’est qu’ils ne la voient pas comme une langue autre que celle de l’école. L’important, c’est de la rendre utile et concrète. Ils doivent pouvoir parler en français avec d’autres. Mettez les TIC à profit pour que les élèves puissent communiquer avec d’autres élèves de leur âge (Skype, par exemple). Donnez un sens au français. {axes touchés : rapport positif à la langue, négociation identitaire} • Le français, c’est plaisant! Souvent, les élèves pensent que le français, c’est ennuyant et compliqué. Au fil des ans, ils ont l’impression de s’être surtout fait corriger alors qu’ils voulaient s’exprimer. Ils peuvent en venir à entretenir la perception qu’ils ne parlent en français que pour pratiquer. Il faut éviter de surcorriger, leur donner la chance de parler, miser sur le contenu du message d’abord et travailler la forme ensuite. {axe touché : rapport positif à la langue} { 29 UN FRANÇAIS PAS TOUT A FAIT STANDARD Les élèves trouvent difficile de s’exprimer en français dans les autres matières. Les élèves disent qu’ils parlent en anglais parce que leur français n’est pas assez bon. Le français parlé dans certaines communautés et par bon nombre d’élèves s’éloigne du français dit « standard » et prend des couleurs locales, souvent empreintes d’archaïsmes ou d’anglicismes. Si les tournures langagières et même les accents régionaux constituent une évolution normale de la langue, celle-ci est confrontée aux objectifs du programme d’études qui préconisent un français plus universel. AVANT TOUT D’entrée de jeu, assurez-vous que l’apprentissage du français à l’école ne va pas à l’encontre du parler local. Il doit plutôt permettre aux élèves d’élargir leur connaissance de la langue française pour y intégrer un nouveau registre plus universel. Il est donc important d’aborder toute intervention en discutant d’abord avec les élèves des caractéristiques du parler local, celui de tous les jours. C’est l’occasion de souligner, par exemple, que les communautés linguistiques minoritaires sont isolées et qu’elles ont conservé des expressions anciennes. De plus, leur proximité avec la langue majoritaire occasionne des emprunts lexicaux et grammaticaux. On peut également leur faire remarquer que toutes les communautés linguistiques, peu importe où elles se situent, parlent un français empreint de couleurs locales. On peut leur fournir des exemples : En France, on dit « mail » pour « courriel »; dans certaines régions du Québec, on prononce « mardzi » au lieu de « mardi ». La langue est porteuse d’identité. Pour les locuteurs d’un parler régional, c’est l’identité qui se loge dans cette langue. S’ils ressentent un jugement négatif envers leur langue, c’est aussi leur identité qui en est victime. Les élèves étant souvent porteurs d’insécurités linguistiques, il faut éviter de dévaloriser leur langue parlée et de leur dire qu’il faut la « corriger » ou la « nettoyer ». Il faut plutôt opter pour des termes comme « élargir » et « étendre ». Le visionnement d’un film comme Éloge du chiac1 (disponible sur www.onf.ca ) et Éloge du chiac, part 2 2 (disponible à l’ONF) permet d’ouvrir la discussion sur la variation linguistique. 1 Ce film de Michel Breau, tourné en 1968, est toujours d’actualité. Des adolescentes et adolescents discutent du chiac, une variation linguistique présente dans le sud-est du Nouveau-Brunswick. 2 Quarante ans après l’Éloge du chiac, un nouveau film de Marie Cadieux explore le discours actuel autour du chiac. Plusieurs figurants du film original viennent revivre les échanges. COMMENT S’Y PRENDRE? Les élèves parlent le « franglais » et ne font pas d’effort pour s’améliorer. 30} • Jouer avec la variation Les élèves ne sont pas toujours conscients que certaines expressions sont uniques à leur milieu ou qu’une tournure de phrase qu’ils emploient couramment est un anglicisme. À partir de ces constats, on peut faire un « dictionnaire de la variation » comprenant des mots de vocabulaire et des règles grammaticales propres aux élèves. Par ce moyen, les élèves constateront les différences entre leur parler régional et l’usage différent d’autres milieux. Un tel dictionnaire peut également se prêter à des jeux sur la variation linguistique. Avec les classes qui deviennent de plus en plus hétérogènes et multiculturelles, il s’agit d’une excellente occasion de franchir des barrières linguistiques ensemble. Par exemple, combien de mots différents peuvent servir à dire la même chose à travers la francophonie? Voici quelques exemples : capotant, buzzant, freaquant, grave… On peut également étendre le jeu à la nouvelle langue de la messagerie instantanée et des textos. {axes touchés : maximisation des apprentissages, rapport positif à la COMMENT S’Y PRENDRE? langue} • Construire sur les acquis En bon pédagogue, il faut savoir activer les connaissances antérieures avant d’amorcer un nouveau sujet. Il est facile d’oublier ce principe quand il s’agit de faire la transition entre le parler local et le français plus standard. Au lieu de tenter d’effacer ce qui est déjà présent dans le langage des élèves, il faut savoir y puiser une excellente base linguistique sur laquelle construire. Il ne faut pas non plus oublier que les connaissances antérieures des élèves autour du nouveau sujet que vous souhaitez aborder sont elles-mêmes encodées dans ce parler. À vous d’en profiter! {axes touchés : maximisation des apprentissages, rapport positif à la langue} • De l’informel au formel Une excellente façon de construire sur les acquis langagiers est de faire une place à l’écrit et l’oral informels. Donnez aux élèves l’occasion d’activer leurs connaissances antérieures au sujet du concept à l’étude dans cette langue qui leur est plus familière. Invitez-les à écrire les informations dont ils { 31 disposent déjà dans un journal d’écriture informel ou à les partager oralement entre eux. Ces activités donneront lieu à diverses expériences langagières (lire, écrire et parler au sujet du concept à l’étude) qui leur permettront d’étendre leur vocabulaire et leur connaissance de la langue. {axes touchés : maximisation des apprentissages, rapport positif à la langue, développement de l’autodétermination} • Étendre le répertoire en maximisant les activités langagières On apprend une langue en l’utilisant. Il faut maximiser les occasions d’activités orales, de lecture, d’écoute et d’écriture pour intensifier les expériences langagières des élèves et leur permettre d’étendre leur connaissance de la langue. Des suggestions sont proposées dans la section Molière vs. Shakespeare (p. 25). {axes touchés : appropriation culturelle, négociation identitaire, • Intégrer des œuvres locales Les auteurs et les artistes locaux s’expriment souvent dans une langue plus standard et parfois à l’aide d’expressions typiques de la région. Le fait de voir à l’écrit des expressions qui font partie du parler local rend légitimes la langue et l’identité des élèves. Cette légitimité ouvre la porte à vouloir étendre le répertoire existant à de nouvelles formes d’expression. {axes touchés : appropriation culturelle, négociation identitaire, rapport positif à la langue} COMMENT S’Y PRENDRE? conscientisation et engagement, leadership communautaire} 32} SACHEZ CACHER CETTE LANGUE Il arrive que le phénomène minoritaire s’accompagne d’un malaise et qu’on lui prête une connotation d’infériorité. Or, minorité se définit uniquement de façon mathématique : on est minoritaire quand on est moins nombreux! Pourtant, la conjoncture politique et sociale fait en sorte qu’être « moins nombreux » s’accompagne de conséquences qui laissent des marques, surtout dans le contexte nord-américain où l’anglais domine la plupart des sphères d’activités. Les élèves sentent qu’ils sont moins bons que les anglophones. Les élèves ont une attitude négative envers la francophonie en général. AVANT TOUT Une discussion s’impose si vous sentez que vos élèves peuvent être victimes d’un complexe minoritaire. Se sentent-ils moins bons que le groupe anglophone? Pourquoi? Entretiennent-ils des préjugés et des stéréotypes négatifs envers la communauté francophone? D’où viennent ces jugements de valeur? Comment s’en défaire? COMMENT S’Y PRENDRE? • Présentez de jeunes modèles francophones Invitez des jeunes francophones de la région à venir présenter aux élèves leur parcours et leurs succès. Si ces modèles sont peu présents dans l’environnement des jeunes, il faut les rendre visibles et leur donner l’occasion de discuter avec les élèves. {axes touchés : négociation identitaire, développement de l’autodétermination} • Énumérez les acquis Il se peut que les élèves se comparent défavorablement au groupe majoritaire. Ce dernier dispose d’un plus grand nombre de chaînes de télévision, de journaux et de livres. Il faut alors prendre le temps avec les élèves d’énumérer les acquis et les avantages des communautés francophones : le sentiment de solidarité est plus fort dans les plus petits groupes, le bilinguisme permet une plus grande ouverture sur le monde, etc. {axes touchés : leadership communautaire, négociation identitaire, développement de l’autodétermination, conscientisation et engagement} Les élèves disent se sentir intimidés lorsqu’ils vont dans la communauté anglophone. { 33 • Légitimez leur place dans la communauté Offrez aux jeunes la chance de prendre leur place dans la communauté et d’y vivre des succès. Organisez une pièce de théâtre ou un spectacle qui sera présenté au grand public. Travaillez avec des organismes communautaires pour planifier et réaliser des projets communautaires. Les élèves vivront ainsi des expériences enrichissantes en français et mettront à profit leurs talents pour réaliser de grandes choses. COMMENT S’Y PRENDRE? {axes touchés : leadership communautaire, rapport positif à la langue, appropriation culturelle} 34} DANS LE JARDIN DU VOISIN Le vieil adage le dit si bien : C’est toujours plus beau dans le jardin du voisin! Et dans le cas des francophones de l’Amérique du Nord, ce voisin, il est gros et puissant. À l’adolescence, comment ne pas être impressionné par les médias et la scène culturelle largement dominés par la présence anglophone. AVANT TOUT COMMENT S’Y PRENDRE? Les questionnaires de la section « Qui suis-je? Qui sommesnous? » sont d’excellents moyens de mieux vous connaître et de mieux connaître vos élèves. C’est à partir de ces informations et de la discussion proposée que vos interventions seront les mieux orientées pour contribuer à l’appropriation culturelle francophone de vos élèves. • Mettez-y de la culture! Les élèves peuvent avoir une opinion plus favorable à la culture majoritaire sans même vraiment connaître la culture francophone. Offrez-leur la chance de découvrir des productions francophones de façon ludique et plaisante (chansons, films, théâtre, etc.). Découvrir des artistes et leurs œuvres sans avoir un travail à faire par la suite peut leur permettre de s’ouvrir davantage à l’activité. Donnezleur plutôt comme responsabilité d’explorer ces œuvres et d’en discuter par la suite en petits groupes. Chaque groupe peut ensuite rapporter l’essentiel des discussions en séance plénière. {axes touchés : appropriation culturelle, négociation identitaire, conscientisation et engagement, leadership communautaire} • Communiquez avec les artistes! Nommer des artistes de la francophonie et goûter à leurs œuvres est une chose, découvrir le message véhiculé par l’artiste et le sens profond de ses œuvres en est une autre. Les artistes posent un regard sur la société, l’interprètent et nous le rendent à leur façon. Quels sont ces messages? Qu’avons-nous à apprendre d’eux? Comment s’y prennent-ils pour communiquer leur message? {axes touchés : maximisation des apprentissages, appropriation culturelle, conscientisation et engagement} Les élèves disent qu’ils veulent partir à l’école anglophone. Les élèves refusent d’écouter de la musique ou des films en français, ou se plaignent qu’ils sont obligés de les écouter. Les élèves veulent de la musique en anglais pour leurs danses. { 35 • Intégrer les arts et la culture dans les programmes d’études Il y a d’innombrables occasions d’intégrer les arts et la culture dans les programmes d’études. Quelles sont les réactions chimiques en poterie? Comment les arts visuels utilisent-ils la géométrie? L’intégration des composantes artistiques et culturelles à l’enseignement donne encore plus de sens aux concepts à apprendre, et les élèves pourront ainsi créer des liens entre leur apprentissage et la réalité de leur communauté. {axes touchés : appropriation culturelle, développement de l’autodétermination, négociation identitaire, maximisation des apprentissages} • De la radio, du théâtre, de l’impro et de l’animation culturelle par les élèves Les élèves auront l’occasion de participer et de découvrir la richesse culturelle francophone lorsque les activités pédagogiques les mèneront à faire de la radio, du théâtre, de l’impro ou de l’animation culturelle. La motivation n’en sera que renforcée et les apprentissages seront solides et durables. {axes touchés : appropriation culturelle, développement de COMMENT S’Y PRENDRE? l’autodétermination, rapport positif à la langue, maximisation des apprentissages} 36} TRAVAILLER, C’EST TROP DUR Les élèves peuvent avoir l’impression que c’est plus facile en anglais. Ils préfèrent la lecture en anglais et trouvent que le cours de français est « plate ». Ils ont la perception qu’étudier en français, c’est travailler plus fort, et ils n’ont pas le goût d’y mettre l’effort. Changer cette perception nécessite que l’enseignement soit orienté vers la culture d’un rapport positif à la langue. AVANT TOUT COMMENT S’Y PRENDRE? On laisse parfois entendre aux élèves que la montagne à escalader est énorme et qu’il faut beaucoup de travail pour arriver à surmonter les défis de l’apprentissage en français. Bien que les attentes doivent demeurer élevées et qu’il soit nécessaire de miser sur des apprentissages de qualité, il faut rendre l’expérience plaisante et ludique afin que le climat favorise l’apprentissage. • Communiquer de façon signifiante Après avoir permis aux élèves de s’approprier les objectifs d’apprentissage de façon informelle grâce à des discussions et de l’écriture libre, il est important de les amener à objectiver leurs apprentissages de façon signifiante. Faire la preuve de ses apprentissages ne doit pas se limiter à remettre un travail à l’enseignante ou à l’enseignant pour l’évaluation, mais doit comprendre le partage de ces apprentissages avec un auditoire diversifié. Publier certains travaux pour les communiquer à d’autres, correspondre avec d’autres écoles francophones ailleurs au pays, correspondre par le biais de la technologie sont autant de moyens qui enrichissent le partage. {axes touchés : maximisation des apprentissages, rapport positif à la langue} • De la grammaire en contexte La grammaire n’a pas toujours la popularité désirée, mais elle n’en demeure pas moins importante pour qu’un message soit livré de façon claire et précise. Dans chaque matière à l’étude, il peut y avoir un aspect qui s’avère plus facile pour les uns et plus difficile pour les autres; il en va de même pour la grammaire. Il importe donc de donner un sens à cet apprentissage afin que les élèves le perçoivent comme un Les élèves refusent de lire en français. Les élèves trouvent le cours de français plate! { 37 moyen de bien communiquer l’information. Puisqu’il est plus facile d’apprendre en appliquant concrètement les nouvelles connaissances, on peut proposer aux élèves des situations de résolution de problèmes : il y a un message à communiquer et le défi consiste à découvrir comment le faire le mieux possible (genre, forme, choix de vocabulaire, etc.). {axes touchés : rapport positif à la langue, maximisation des apprentissages, développement de l’autodétermination} • Des cercles de lecture L’un des meilleurs moyens d’augmenter la motivation en lecture passe par les cercles de lecture. Lorsque les élèves doivent faire des choix de lecture et qu’ils ont ensuite le temps de lire avant d’en discuter avec leurs pairs, la motivation en lecture augmente. Lorsque la motivation augmente, la lecture devient une activité plus agréable. Plus la lecture devient une activité agréable, meilleurs sont les résultats. Et quand les résultats en lecture s’améliorent, les élèves vivent des succès. Or, faire vivre des succès aux élèves est un élément important de la pédagogie en milieu minoritaire. {axes touchés : rapport positif à la langue, maximisation des • Accompagner au lieu de simplifier En voulant aider les élèves, les enseignantes et les enseignants en milieu minoritaire simplifient parfois le vocabulaire afin de faciliter la compréhension. Or, si cette solution s’avère efficace à court terme, elle empêche les élèves de développer leur vocabulaire et d’étendre leurs capacités langagières. Il est donc préférable de traiter des textes qui ont été conçus pour leur niveau d’âge sans les modifier. Bien sûr, les élèves auront besoin d’un accompagnement adéquat et de stratégies de lecture qui les aideront à comprendre le texte (prédire, clarifier le sens des nouveaux mots, résumer, questionner) tout en leur permettant de développer leur capacité de lecture et d’étendre leur bagage langagier. {axes touchés : maximisation des apprentissages, rapport positif à la langue, développement de l’autodétermination} COMMENT S’Y PRENDRE? apprentissages} 38} BRASSE PAS LA CAGE! Il est plus facile de passer inaperçu que de prendre sa juste place. Les adolescentes et les adolescents s’affirment comme personnes et ne souhaitent pas être différents de leurs pairs. Ils ne veulent pas se distinguer en demandant un service en français ou en revendiquant des droits légitimes. Ils préfèrent passer inaperçus et se fondre dans la masse. En fait, sont-ils conscients des injustices et de l’iniquité? AVANT TOUT COMMENT S’Y PRENDRE? On ne peut pas s’attendre à ce que les élèves revendiquent des services en français sans même connaître l’impact de leur démarche. Il importe donc de discuter des droits linguistiques, de leur origine et des répercussions que l’action collective peut engendrer. Au Canada, les anglophones du Québec et les francophones des autres provinces et territoires sont considérés comme des minorités linguistiques. Pourquoi les minorités linguistiques ont-elles des droits? En général, ces groupes exercent-ils ces droits? Quelles sont les conséquences sur l’individu s’il n’exerce pas ses droits? Quelles sont les conséquences sur le groupe si les personnes qui le composent n’exercent pas leurs droits? Ces droits sont-ils légitimes? La communauté francophone occupe-t-elle une juste place dans les institutions? Des améliorations sont-elles possibles? • Des projets conscientisants Nous voulons donner aux élèves la possibilité d’analyser et de comprendre les réalités sociales de leur communauté. Des projets de résolution de problèmes peuvent permettre ce type d’analyse. Les questions qui suivent peuvent orienter l’élaboration de projets interdisciplinaires qui aideront les élèves à mieux saisir la réalité sociale de la communauté francophone. Quel est le pourcentage de francophones dans la communauté? Est-ce que ce pourcentage est suffisant pour justifier des droits linguistiques? Est-ce que ces droits sont en place? Peut-on, par exemple, se faire servir en français au bureau de poste dans la communauté? Que peut-on faire pour améliorer la situation? {axes touchés : conscientisation et engagement, leadership communautaire, rapport positif à la langue} Les élèves ne demandent pas de services en français. Les élèves sont mal à l’aise quand des droits sont revendiqués au nom de la langue. { 39 • Des projets engageants Pour amener les élèves à prendre conscience des réalités de leur communauté francophone, invitez-les à faire une analyse de leurs comportements langagiers (ou de ceux de la communauté en général), à faire des prédictions et à se fixer des objectifs. Si un sondage, dans le cours de mathématiques, révèle que les élèves n’écoutent jamais la télévision en français, on peut discuter des moyens à envisager pour changer ce courant. Dans le cours de sciences humaines ou de français, on peut concevoir un plan pour provoquer ces changements. L’important, c’est que les solutions viennent des élèves et que ces derniers s’engagent dans la démarche. {axes touchés : développement de l’autodétermination, négociation identitaire, conscientisation et engagement} • Nourrir les sentiments d’appartenance, de compétence et d’autonomie Les jeunes doivent avoir l’occasion de faire partie d’un groupe qui discute de situations problématiques et qui veut travailler de façon coopérative pour les résoudre. Ils sentiront alors qu’ils vivent des succès et qu’ils font preuve de compétence en raison des choix qu’ils ont faits. {axes touchés : conscientisation et engagement, développement de • Exploiter la pensée critique Les élèves tiennent souvent pour acquis que les informations qu’ils reçoivent d’une variété de sources médiatiques sont véridiques. Plus que jamais, il est important de développer leurs habiletés de pensée critique : Qui l’a dit? Pourquoi? Les élèves peuvent commencer par étudier les messages publicitaires, ce qui leur permettra de découvrir comment un message est porteur d’une opinion et d’un désir de convaincre. Par la suite, les élèves pourront examiner des reportages ou même des expositions artistiques pour réaliser que les médias présentent toujours un point de vue sur une question, mais qu’il en existe d’autres! Pour éveiller la pensée critique, on peut comparer des textes qui présentent différents points de vue. Sur la question de l’effet de serre, par exemple, certains scientifiques crient à l’urgence alors que d’autres nient cette situation. Lors d’une lecture, un COMMENT S’Y PRENDRE? l’autodétermination, négociation identitaire, leadership communautaire} 4 0} jeu de rôles peut permettre d’analyser le point de vue de l’auteur. Par exemple, en lisant un texte sur l’histoire de l’Ouest du Canada, les élèves peuvent se partager les rôles d’un Autochtone, d’un commerçant, d’une missionnaire, d’un coureur des bois, etc. On peut ensuite questionner les intentions de l’auteur : Quel était son point de vue? Quel message veut-il livrer? Que souhaite-t-il que nous pensions après avoir lu son texte? {axes touchés : leadership communautaire, négociation identitaire, développement de l’autodétermination, conscientisation et engagement} • Créer des partenariats avec les organismes communautaires Si vos élèves constatent des lacunes dans les services que reçoivent les francophones dans la communauté, ils peuvent profiter de l’occasion pour créer des partenariats afin de mettre sur pied des projets concrets qui remplaceront les services déficients. Par exemple, un projet de création d’un site Internet pour les francophones de la communauté peut se faire en partenariat avec une association francophone de la communauté. {axes touchés : leadership communautaire, négociation identitaire, COMMENT S’Y PRENDRE? développement de l’autodétermination, conscientisation et engagement} { 41 Boîte à outils Voici quelques outils qui vous permettront de poursuivre votre réflexion. Pour approfondir la question de la construction identitaire ASSOCIATION CANADIENNE D’ÉDUCATION DE LANGUE FRANÇAISE. Cadre d’orientation en construction identitaire, Québec, ACELF, 2006, 35 p. ASSOCIATION CANADIENNE D’ÉDUCATION DE LANGUE FRANÇAISE. Cadre d’orientation en construction identitaire. Feuillet synthèse, Québec, ACELF, 2008. BOUDREAU, Ronald, Christine DALLAIRE et Kenneth DEVEAU. L’appropriation culturelle des jeunes à l’école secondaire francophone en milieu minoritaire. Synthèse de l’enquête, Ottawa, Fédération canadienne des enseignantes et des enseignants, 2009, 30 p. CORMIER, Marianne. La pédagogie en milieu minoritaire francophone : un outil de discussion, Ottawa, Fédération canadienne des enseignantes et des enseignants, 2006, 63 p. CORMIER, Marianne. La pédagogie en milieu minoritaire francophone : une recension des écrits, Ottawa, Fédération canadienne des enseignantes et des enseignants, 2005, 39 p. DEVEAU, Kenneth et Christine DALLAIRE. L’appropriation culturelle des jeunes à l’école secondaire francophone en milieu minoritaire. Résultats de l’enquête pancanadienne, Ottawa, Fédération canadienne des enseignantes et des enseignants, 2009, 116 p. BOÎTE À OUTILS DALLAIRE, Christine, et Kenneth DEVEAU. L’appropriation culturelle des jeunes à l’école secondaire francophone en milieu minoritaire. Rapport d’analyse des entrevues de groupe, Ottawa, Fédération canadienne des enseignantes et des enseignants, 2009, 62 p. 42} Des outils pour vous et vos élèves Accueillir, c’est s’ouvrir www.ctf-fce.ca sous « Ressources » et « Écoles de langue française » Banque d’activités pédagogiques www.acelf.ca/bap/ Debout! 2e édition www.ctf-fce.ca sous « Ressources » et « Écoles de langue française » Mieux comprendre pour mieux intervenir www.acelf.ca/mcmi Trousse du passeur culturel www.passeurculturel.ca Voir grand à l’adolescence – guide de dialogue www.ctf-fce.ca sous « Ressources » et « Écoles de langue française » Voir grand à l’adolescence – trousse d’animation et présentations visuelles www.ctf-fce.ca sous « Ressources » et « Écoles de langue française » BOÎTE À OUTILS Voyage en francophonie canadienne www.acelf.ca/outils-pedagogiques/voyage-francophonie-canadienne.php Auteure Marianne Cormier, Ph. D. Faculté des sciences de l’éducation Université de Moncton Coordonnateur du projet Ronald Boudreau Services aux francophones Fédération canadienne des enseignantes et des enseignants (FCE) Comité de travail Yoan Barriault, Nunavut Carolyn Bussière, Ontario Monique Chiasson, Nouveau-Brunswick Yvette d’Entremont, Nouvelle-Écosse Patrick Lachance, Alberta Éric Landry, Nouveau-Brunswick Jessica Thériault-Doucet, Nouveau-Brunswick Denis Thivierge, Ontario Nicole Tremblay, Ontario Graphisme Nathalie Hardy, FCE Révision linguistique Ronald Boudreau, FCE Marie-Caroline Uhel, FCE Fédération canadienne des enseignantes et des enseignants 2490, promenade Don Reid Ottawa (Ontario) K1H 1E1 Téléphone : 613-232-1505 Fax : 613-232-1886 www.ctf-fce.ca Dépôt legal : 2010 Bibliothèque et Archives Canada ISBN – 0-88989-404-3 © Fédération canadienne des enseignantes et des enseignants, 2010. Nous reconnaissons l’appui financier du gouvernement du Canada par l’entremise du ministère du Patrimoine canadien. École secondaire de langue française Favoriser la réussite : une affaire d’école Marianne Cormier Publication de la Fédération canadienne des enseignantes et des enseignants Pour obtenir des exemplaires supplémentaires, veuillez communiquer avec nous à : 2490, promenade Don Reid Ottawa (Ontario) K1H 1E1 Téléphone : 613-232-1505 ou 1-866-283-1505 (sans frais) Fax : 613-232-1886 [email protected] www.ctf-fce.ca