Projet Mangrove PROJET DE GESTION ET DE CONSERVATION

Transcription

Projet Mangrove PROJET DE GESTION ET DE CONSERVATION
Projet Mangrove
PROJET DE GESTION ET DE CONSERVATION DURABLE DE LA
MANGROVE AU SENEGAL
Pays
Sénégal
Zones d’intervention
Sine Saloum; Casamance
Durée
Janvier 2012 - Décembre 2015
Par :
Abdou Aziz DIEDHIOU
Ingénieur Forestier-Agroéconomiste
Coordonnateur du Projet Mangrove
Mars 2012
Introduction
Au Sénégal, les plus belles
formations de mangrove se trouvent
au Delta du Saloum et en Casamance
le long des lagunes côtières
principalement. Elle constitue en ce
sens un écosystème particulier de par
ses fonctions, son importance et son
lieu d’implantation. Cet écosystème
mis à part le rôle de séquestration de
carbone reconnu à toute formation
végétale est aussi l’abri de
nombreuses ressources fauniques et
floristiques
dont
dépendent
directement les populations riveraines.
Cette formation forestière jadis luxuriante jusque dans les années 1980 (Dupuy et Verschuren,
1982) a amorcé depuis ces dernières années une dégradation graduelle plus prononcée
d’amont en aval des cours d’eau. Cette dégradation à titre illustratif est estimée à plus de 25 %
des superficies de la mangrove sur le fleuve Saloum (Soumaré, 1992). Encore plus
récemment, l’étude de la dynamique des mangroves, par télédétection et systèmes
d’information géographique, a montré que leur taux de régression est plus important que leur
taux d’apparition (Dièye, 2007). Ce qu’on peut retenir de ces constats est que les zones de
développement de la mangrove au Sénégal, se meurent et disparaissent progressivement avec
un impact écologique, environnemental et socio-économique considérables sur la biodiversité
et sur les populations insulaires qui en dépendent.
Les facteurs explicatifs de cette situation sont d’ordres naturels d’une part liés aux variations
climatiques qui se traduisent, entre autres, par un déficit pluviométrique et une diminution de
la durée de la saison pluvieuse avec leur corollaire sur la salinisation des terres, la faiblesse de
la régénération naturelle, l’échec des reboisements, etc… D’autre part ils sont le fait
d’activités anthropiques qui, en termes de pratiques et de comportement sont non conformes à
la conservation durable des ressources biologiques.
Cette situation de dégradation des écosystèmes et d’exploitation non rationnelle de la
mangrove ne serait pas sans conséquence sur le devenir des populations autochtones et autres
activités socioéconomiques évoluant dans son environnement. En effet, dans ces zones
essentiellement côtières, la valorisation des ressources halieutiques tirées de la mangrove
représente 40% de l'activité économique des communautés, avec plus de 600 à 1000 emplois
directes ou indirectes générés. D’où l’urgence de travailler a leur protection et leur gestion
durable au profit des générations futures.
C’est ainsi que, face à l’ampleur des menaces, qui pèsent sur la mangrove dans les zones du
Delta du Saloum et en Casamance, le WWF/WAMPO en partenariat avec WWF Allemagne
ont initié ce projet qui vise à conserver et à utiliser de manière rationnelle la mangrove au
profit d’un devenir meilleur des communautés concernées.
Le projet s'inscrit par ailleurs dans la Stratégie Nationale de la Conservation de la biodiversité
du Sénégal et les plans d'action régionale de conservation des mangroves en Afrique de
l'Ouest. Il contribue aussi à la stratégie d’adaptation au changement climatique du Sénégal.
I. Objectifs du Projet
Le projet a pour objectif global de contribuer à la sécurité alimentaire des populations par la
gestion durable de la mangrove et la lutte contre les effets des changements climatiques sur la
conservation des écosystèmes.
Plus spécifiquement il s’agira de :
 Restaurer à la mangrove ses différentes fonctions (écologique, socio-économique,
culturelles) par la stabilisation du processus de dégradation et une gestion plus
efficiente de ces ressources
 Reboiser au moins 1000 ha de mangrove dans les zones du projet
 Renforcer les capacités locales pour permettre la participation et la responsabilisation
active des communautés à la base aux activités de gestion de la mangrove ;
 Elaborer et mettre en œuvre les Plans d’aménagement et de gestion concerté de la
mangrove se fondant sur les pratiques de gestion traditionnelle des ressources par les
communautés ;
 Augmenter les revenus par la promotion et le renforcement des activités de
développement socioéconomiques ;
 Développer des mécanismes de financement durable de la gestion de la mangrove
pour assurer la pérennité des actions de conservation de la biodiversité après projet.
II. Résultats attendus
1. L’état de conservation de la mangrove s’est améliorée positivement et les différentes fonctions
vitales de l’écosystème sont restaurées au grand bénéfice des utilisateurs ;
2. Un minimum de 500 ha de mangrove est reboisé dans les zones du projet
3. Les populations responsabilisées et bien formées participent activement aux activités de
conservation de la mangrove des ressources naturelles et comprennent tous les enjeux liées a
la gestion durable de ses ressources;
4. Un cadre légal et institutionnel de gouvernance participative de la mangrove impliquant
l'ensemble des parties prenantes est mis en place et adapté au contexte local par la mise en
œuvre des Plans d’aménagement et de gestion;
5. Les conditions de vie et d’existence des populations sont améliorées par l’augmentation des
revenus et le développement d’AGR;
6. Des mécanismes de financement durable pour la gestion des ressources naturelles sont
développés et assurent la pérennité des actions de conservation de la biodiversité après projet.
III. Zones d’intervention du projet et parties prenantes concernées
3.1.
Zones d’intervention
Le projet va intervenir dans trois (03) zones du Sénégal. Deux des zones (Joal-Fadiouth et
Foudiougne) sont partie intégrante du Delta du Sine Saloum, la troisième se trouve en
Casamance.
Joal-Fadiouth qui se situe sur une baie au Nord du Delta du Saloum, à 100 kilomètres au sud
de Dakar est l'un des plus importants quais de débarquement de la pêche artisanale au
Sénégal. Il est relié au village de Fadiouth en amont de l’île par un pont. En plus de la pêche,
l'utilisation des mangroves est une source importante de revenus pour la communauté locale.
A Joal-Fadiouth, les mangroves sont largement intégrées dans une aire marine protégée créée
en 2003 pour la conservation de la biodiversité marine et côtière. Une importante zone de
reproduction pour les tortues marines se situe à coté de cet écosystème mangrovien. Le
peuplement a été réduit de moitié, passant d'environ 700 hectares dans les années 1950 à 350
en 2003.
Foundiougne se situe dans le Delta du Sine Saloum, à environ 60 kilomètres à l'intérieur du
pays. La région est composée de 25 villages. En plus de l'agriculture, l'utilisation des
mangroves représente la plus importante source de revenus et d’alimentation des
communautés. Les mangroves autour de Foundiougne sont particulièrement affectées par
l'intrusion de sel due à l'absence de précipitations, rendant le reboisement assez périlleux. De
nombreux endroits sont dégradés voire même sans végétation. La zone est incluse dans la
réserve de Biosphére du Delta du Saloum avec le Parc National du Delta du Saloum.
Abené se trouve en Casamance, au sud du Sénégal, zone rendue dangereuse par la rébellion
armée et qui jusqu’à présent reste une zone à risque malgré la diminution des attaques. La
région est touristiquement attractive, mais ce potentiel est peu utilisé en raison des problèmes
de sécurité. Les mangroves dans cette zone sont principalement menacées par l'installation
d’infrastructures touristiques et hôtelières, l’érection de barrages réduisant du coup les
échanges d'eau dans plusieurs zones. Ce qui a favorisé l'intrusion de sel, voire même la
dégradation de grandes zones de mangroves. Une AMP a été en 2004 mais la plus grande
partie des mangroves se situe en dehors de l’aire protégée.
3.2.
Parties prenantes
Les parties prenantes au projet se situent à deux niveaux :
 les acteurs à la base ou groupes cibles représentés par les communautés locales
résidentes et autochtones, les pêcheurs artisanaux, les femmes cueilleuses et
transformatrices de produits halieutiques, les pêcheurs de crevettes, les groupements et
associations actifs dans la mangrove, les piroguiers, les groupements de jeunesse, et
tous autres acteurs économiques actifs dans les zones du projet). Ces groupes
représentent les bénéficiaires directs du projet et artisans principaux de sa mise en
œuvre ;
 les partenaires techniques qui appuient et accompagnent la mise en œuvre par leurs
rôles et leurs actions dans la protection de l’environnement au niveau des zones du
projet. Ce sont les services techniques des Eaux et Forets, parcs nationaux, pêches et
du tourisme ; les Conseils régionaux, les Conseils ruraux, les chefs coutumiers et
leader d’opinion, les programmes et projets actifs dans la zone, la société civile, les
acteurs du tourisme, les médias communautaires, les établissements scolaires, les
Universités de Dakar et Ziguinchor, etc….
IV.
Stratégie d’intervention
Le projet dans sa mise en œuvre
s’appuie sur une démarche purement
inclusive
centrée
autour
des
différentes
parties
prenantes
concernées de prés ou de loin soit
directement ou indirectement par la
gestion de la mangrove. Pour une
réussite des actions et pour mieux
coller a l’engagement volontaire et la
participation responsable attendus,
l’enjeu ne doit pas être de faire des
réalisations grandioses, mais d’arriver
à des scenarios qui mobilisent les ressources locales et encouragent la poursuite des
interventions par soucis de durabilité.
La stratégie d’intervention qui vise par conséquent à installer une dynamique mobilisatrice
autour de la gestion des écosystèmes et l’utilisation responsable de ces ressources, va cibler
trois (03) niveaux d’intervention :
 Au niveau conceptuel : la mise en place d'un mode de perception, d'organisation par
les populations et les acteurs d'un écosystème qui va tenir compte d'un souci de
conservation et de développement durable intégré.
 Au niveau administratif et technique : les services techniques de l’Etat (Eaux et
Forêts, Parcs Nationaux, service des pêches, du tourisme etc…) doivent être
systématiquement sollicités pour tous les mécanismes d’implication et
d’accompagnement des communautés à la gestion durable de la biodiversité par la
formation, le suivi des ressources, la formalisation de règles consensuelles de gestion
et le respect de la législation.
 Au niveau de la mobilisation et la responsabilisation des acteurs : il s’agit de
stimuler une forte participation et un engagement franc par l'adhésion des mouvements
de jeunes, des élus locaux, des femmes, des acteurs socio-économiques, des notables,
des chefs religieux et coutumiers, des partenaires et ONGs et autres segments de la
société civile intervenant dans la gestion de l’environnement.
Cet engagement fort des acteurs à assumer pleinement leurs rôles dans la gestion des
ressources naturelles doit se traduire par la signature et la mise en œuvre de
Conventions Locales pour la gestion de la mangrove au niveau des trois zones
d’intervention du Projet. Ces dernières seront cautionnées et portées par les
collectivités locales.
Pour mieux coller aux objectifs du projet et assurer un bon suivi de la mise en œuvre, les
actions qui seront menées par les populations elle-même vont se mouvoir autour de trois
(03) composantes principales que sont :
a) Composante Conservation de la biodiversité et aménagement participatif: qui concerne la
réhabilitation et la restauration des écosystèmes, le reboisement, le suivi de la diversité
biologique, l’élaboration et la mise en œuvre des conventions locales de gestion de la
mangrove
b) Composante Renforcement des capacités et gouvernance partagée qui vise une meilleure
connaissance des enjeux de conservation de la mangrove et la mise la mise en place d’un
dispositif de gestion, une responsabilisation totale des communautés et le développement de
partenariat fort autour de la gestion des ressources a travers le développement d’une forte
communication sociale avec les acteurs.
c) Financement durable et développement d’AGR qui vise la pérennisation des acquis de
conservation et leur duplication sur l’étendu des zones d’intervention, l’amélioration des
conditions d’existence des communautés par l’obtention de revenus supplémentaires par le
développement de chaines de valeur des produits halieutiques.
V. Planification et actions prévues
Prévue pour une durée de quatre (04) ans , la mise en œuvre opérationnelle du projet va s’articuler
autour des mesures suivantes (Tableau)
Mesures
Mesures préparatoires de mise en place de L’UCP et
organisation de l’atelier de démarrage des activités
Etude de vulnérabilité
2012
2013
2015
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Établissement et mise en œuvre d’un système de
Suivi
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Plans d’aménagement et de gestion
Identification, mobilisation et information des
acteurs-clés.
Elaboration participative des Plans de Gestion
intégrés
Approbation des Plans de Gestion par le Service des
Eaux et forets et des parcs nationaux
2014
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Développement et mise en œuvre des activités de
communication.
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Mise en œuvre des activités d’aménagement et
préparation des plans de Gestion (zonage, contrôle,
etc.)
Reboisement et restauration des écosystèmes
Formation aux techniques de plantation
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Mise en œuvre de campagnes annuelles de
reboisement
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Observation et suivi des nouvelles plantations
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Utilisation durable des mangroves et développement d’AGR
Etude des Chaines de valeurs, opportunités de
marchés, possibilités de revenus alternatifs
Formation et mise en œuvre des activités génératrices
de revenus.
Promotion et développement de l’écotourisme
Établissement d’un fond de roulement et
d’accompagnement pour la mise en œuvre des
activités de développement
Echange d’expérience entre les 03 zones du projet
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Etude de faisabilité du financement REDD
1. Compilation des données en stockage de carbone
(biomasse, sol, cycle de carbone) pour deux zones
pilotes
2. Calcul du taux de déforestation
3. suggestions pour l’intégration de la conservation
des mangroves dans les Stratégies nationales et
régionales sur le Climat et la conservation de la
biodiversité
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Les principales activités prévues dans le cadre du projet sont les suivantes : (i) La mise en
place d’une base de données de la situation réelle de la gestion de la mangrove dans les zones
d’intervention ; (ii) Le développement et la mise en œuvre d’un un plan de communication
ciblé sur l’état de la mangrove au Sénégal ;(iii) La Formation et la sensibilisation des
populations locales au niveau des villages des zones concernées et Promotion de l’éducation
environnementale en milieu scolaire sur la gestion durable des ressources de mangrove ; (iv)
Le déroulement de campagnes de reboisement en partenariat avec les organisations et
associations de jeunes et de protection de l’environnement ; (v) l’installation de pépinière
villageoises de production de plants de Avicennia; (vi) L’accompagnement à la mise en place
de mécanismes permettant de règlementer et contrôler les coupes de bois afin de répondre
aux besoins des populations en bois, tout en favorisant la régénération naturelle de la
x
mangrove ;(vii) Accompagnement et l’encadrement technique des groupements et Mise en
place d’un dispositif de suivi permanent des actions de desserte ; (viii) Développement de
mesures d'accompagnement visant à diminuer la pression sur les ressources des mangroves
en lien avec le bois-énergie: promotion des fours améliorés domestiques, des fours améliorés
de fumage de produits halieutiques, autres types de plantations en dehors des mangroves
pour l'approvisionnement en bois-énergie terres ; (ix) L’Appuie au développement de la
filière de production et des chaines de valeurs des principaux produits d'intérêt économique
des mangroves ; (xi Accompagnement et l’encadrement technique des acteurs et Mise en
place d’un dispositif de suivi permanent des reboisements et (xii) Recherche de financement
durable
VI.
Financement du Projet
Le projet est cofinancé par le WWF/WAMPO, bureau du programme marin pour l’Afrique de
l’ouest qui en assure la supervision et WWD Allemagne.
German Project-executing agency
WWF Deutschland
Reinhardtstraße 14, 10117 Berlin
Project-executing agency in country
WWF WAMER Sacré Coeur III No
9639, Dakar, Senegal
Personnes Contacts
Abdou Aziz DIEDHIOU
Coordonnateur du Projet
Tel : +221 77 641 82 18
+221 33 948 14 42
Email: [email protected]
[email protected]
Dr Arona SOUMARE
Directeur de Conservation du WWF/WAMPO
Tel : 33 869 37 00
Mail:asoumare.wwfsenegal.org

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