CaliMiossec (Page 1)

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CaliMiossec (Page 1)
W W W . B R E TA G N E N E T. C O M / N O Z . . . Y !
Culture / S e v e n a d u r
« CALI & MIOSSEC - Rencontre au fil de l’autre »
> Entretien cr oisé
Grégoire La ville - Yves Colin
de Miossec, reprise qui a été le
déclencheur de l’idée. Quand j’ai rencontré Cali plus tard à Paris pour un
article, je lui ai proposé l’idée. Il a été
immédiatement motivé. J’ai proposé
le projet à Yves qui m’avait fait
davantage découvrir Miossec.
Quoi de mieux qu’un projet comme
celui-là avec son meilleur ami ?
Yves Colin et Grégoire Laville,
ex-étudiants en journalisme à
l’IUT de Lannion, et enfants du
rock, viennent de sortir un livre
sur deux de leurs « idoles » :
Cali-Le-Sage et Miossec-LeTerrible... Cali, le Catalan mélancolique et Miossec, le Breton a
la dent dure. Une histoire
d’amitiés pluriel en forme de
vagabondages. L’histoire de
deux « Etrangers », « Entre la
Mémoire et la Mer », devenus de
« Vieux Copains » à la Ferré à la
dérive des continents...
Entre les humeurs d’un hiver
à Ouessant, un printemps
à Perpignan et une fin d’année
à Bruxelles-La-Belle...
Un « Road Book » tendre
et attachant. Mélancolique et
délicat... Entre tendre Cali-graphie et Miossec-ologie... active !
Entre babord et tribord.
Entre espoir et énergie du
désespoir. Parsemés de cris
d’amour et de coups de gueule,
de p’tits verres de blanc. De
bordées et de virées... De nuits
sans fin ! Mais aussi un grand
jeu de ping-pong oral entre un
Miossec, pêcheur infatigable de
l’Atlantique nord, qui taquine
promptement comme un sale
gosse de Recouvrance et un
Cali plus sérieux aux longues
tirades méditerranéennes nappées de bonne huile d’olive.
Entretien croisé...
On the Road Again !
- Je suppose que vous vous êtes
connus à l’IUT de Lannion ?
YVES. - On s’est rencontré en 1998
dans le département Journalisme de
l’IUT Info-Com. On est assez vite
devenu très pote. Greg m’a fait entré
dans l’univers de Springsteen. De
mon côté, je lui ai fait écouter
Miossec...
GREG. - Promo 98-2000... Frères de
mélancolie, de Springsteen, et d’envies d’évasions, d’aventures.
- Qu’avez-vous fait après vos
études de journalisme ?
GREG. - Journaliste à Ouest-France,
puis journaliste indépendant pour plusieurs supports.
YVES. - Du journalisme ! Un peu…
J’ai bossé pour Le Télégramme, fait
des petits boulots, intégré un hebdomadaire morbihanais qui se lançait.
Je rejoignais alors Greg dans l’équipe. J’ai bossé 19 jours d’affilée avant
de retourner faire des remplacements
au Télégramme. Et en bossant à la
rédaction de Morlaix, on m’a proposé
de bosser pour Les Vieilles Charrues.
Etant de Carhaix, je n’ai pas hésité.
J’y suis toujours, pour gérer la communication et les relations presse.
Pourquoi Cali et Miossec ?
G. - On aimait beaucoup Miossec.
Ensuite, on a aimé Cali. Pour ce premier livre d’entretiens, ça ne pouvait
être qu’eux.
Y. - J’étais très admiratif de Miossec
et curieux envers Cali. C’est un type
si généreux sur scène comme en
dehors.
Ça n’a pas du être évident de les
convaincre du projet ?
Y. - Et pourtant, à partir du moment
où on leur en a parlé, ils ont accepté
tout de suite. Ce qui a été plus compliqué, c’est de joindre Miossec…
Une fois qu’on l’a eu, il était tout de
suite très motivé.
G. - Ça a été plutôt naturel. Ils s’aimaient et s’admiraient déjà beaucoup
en 2004. Ils on été tout de suite intéressés.
Comment avez-vous choisi
les lieux ?
G. - Ouessant et Perpignan se sont
imposés : les « pays » des deux
chanteurs. Bruxelles est tombé sous
le sens : ville actuelle de Miossec où
jouait Cali au bon moment...
Y. - Il s’agissait de se rendre dans
des lieux chers aux deux artistes. On
savait que Ouessant était un lieu
important pour Miossec, un QG
presque. Lorsqu’on lui a proposé l’endroit, il a répondu, très enthousiaste :
« C’est dangereux… » et ce fut
génial. Cali est de Perpignan et très
attaché à son « Pays ». Quant à
Bruxelles, la ville n’était pas choisie
dès le début mais en novembre dernier, la capitale belge accueillait Cali
pour trois soirs de concerts. Et,
Miossec y habite depuis quelques
temps. L’occasion était trop belle.
Où et comment s’est passée
la première rencontre ?
G. - La première rencontre a eu lieu
à Paris avec Cali, Miossec et
Claude Gassian, le photographe. On
s’est calé facilement, on s’est donné
rendez-vous à Brest quelques mois
plus tard.
Y. - Comme une première ! Une drôle
de première, c’est difficile à résumer !
Nous avions prévu de nous retrouver
sur Brest la veille du départ pour
Ouessant car nous embarquions tôt.
Cali avait pris le train depuis
Perpignan. Miossec, au courant de
ce rendez-vous, était injoignable. Et
alors que Bruno venait de monter
dans le Paris-Brest nous demandant
s’il était vraiment sûr que l’on finisse
pas voir Miossec, nous arrivons
enfin à le joindre… Il appelait de
Bruxelles… et avait oublié notre rendez-vous, il était 14 h ! Cette anecdote résume bien les circonstances de
notre première étape, tout le reste en
a découlé. Nous étions un peu tantôt
© Photos : Claude Gassian.
La bande des quatre : Christophe Miossec, Bruno Caliciuri dit Cali, Yves Colin et Grégoire Laville en vagabondage à Ouessant...
stressés, tantôt heureux de partager
des moments forts avec eux. Ce ne
fut pas évident mais avec du recul,
c’était vraiment riche ! On se découvrait tous.
Cali a dû apprécier sa ballade à
Ouessant. Les virées chez Phiphi
La Boulange, le président du fan
club de Miossec… Pouvez-vous
me raconter une anecdote bien
spécifique de cette rencontre ?
Y. - Cali a en effet beaucoup aimé.
C’était assez marrant de lire dans les
interviews qu’il donnait pour
la sortie de son deuxième album
« Menteur », qu’il avait trouvé la
direction de cet album sur le bateau
entre Brest et Ouessant. Pour le
reste, il nous a dit plus que c’était la
choix idéal pour une première rencontre ! Il est tombé, comme nous,
amoureux de l’île. Et pour les anecdotes, la virée à 8 dans la R25 GTS
de Phiphi fut sans doute le point culminant de deux jours surréalistes !
G. - Ouessant a été pour moi l’étape
la plus marquante : la première, sur
l’île, en vase clos avec les amis
locaux de Miossec, un autre univers... Un anecdote : une balade
dans l’île qui s’est terminée à 8 dans
la R 25 de Phiphi La Boulange entre
deux apéros...
Les autres rencontres à Perpignan
et Bruxelles ont-elles été moins
« terribles » ?
Y. - Elles furent différentes. A
Ouessant, c’est allé vraiment loin
dans le n’importe quoi. Perpignan a
vraiment était très riche et très agréable.
G. - Les étapes à Perpignan et
Bruxelles sont passées plus vite, ont
été moins « typées ». On a eu moins
de temps. Mais elles sont été aussi
festives et joyeuses.
Quels sont vos meilleurs
souvenirs ?
G. - Les premiers petits blancs des
apéros, incontournables quel que soit
le lieu...
Y. - Crier du dEUS à quatre heures
du matin ! Rire des blagues de Phiphi
à Ouessant !
Comment avez-vous procédé pour
les interviews et pour les retranscrire ?
Y. - On s’était défini un plan global
pour les thèmes à aborder et les
questions à poser. On s’est adapté
aux entretiens, aux liens, aux dispo-
nibilités de chacun. Mais au final, on
a pu aborder la quasi-totalité de ce
que l’on s’était fixé.
G. - On a enregistré environ dix heures d’entretiens qui ont été dérushées sur papier, avec quelques aides
(et beaucoup d’écoutes)...
Je suppose que vous avez
enlevé pas mal de matière ?
G. - On a coupé avec un objectif permanent : conserver l’atmosphère et
ne pas changer nos façons de parler.
Y. - Oui, pour éviter les doublons.
Mais nous avons surtout gardé le
grain des discussions
Est-ce que ça a été dur après
d’écrire à quatre mains ?
Y. - C’est un exercice particulier.
Nous voulions faire entendre qui parlait, que le lecteur sache qui cause,
sans que le style soit trop lourd. On
s’est partagé des passages et on a
tout réuni avant de faire des relectures globales et des corrections définitives.
G. - On s’est naturellement partagé
les interviews, les questions selon
nos goûts et nos envies. On s’est
ensuite aussi partagé les dérushages
et on a corrigé et coupé ensemble.
Avez-vous écrit ensemble
les passages descriptifs ?
G. - On s’est aussi partagé ces
papiers d’ambiance : j’ai écrit
Ouessant et Bruxelles et Yves a écrit
Perpignan.
N’oublions pas quand même le
cinquième larron de l’équipe,
Caude Gassian, le photographe du
ROCK. Comment s’est fait le choix
des photos ?
Y. - C’était à Claude que revenait le
choix des photos mais il a voulu
qu’on y participe avec lui. Au final, les
photos se sont imposées d’elles
mêmes. Il fallait en laisser de côté,
c’est lui qui s’en est chargé. Les
photos devaient retranscrire ce que
l’on avait vécu, leur relation et leur
caractère propre. On y voit un Cali
enfant sur le bateau, un Miossec
rieur et amical. Claude est l’un des
meilleurs photographes pour mettre
en valeur la sensibilité des personnes
qu’il photographie.
Votre bouquin commence comme
un interview classique avec la distance qui s’impose et on a l’impression tout d’un coup que vous
disparaissez peu à peu pour lais-
Comment vous est venue l’idée
d’écrire un livre en commun ?
YVES. - L’idée vient de Grégoire. Je
l’ai suivi parce que c’est mon pote,
que j’appréciais Miossec et Cali et
que l’on pouvait proposer le projet à
Claude (Gassian). Je suis très heureux d’avoir pu faire cela avec
Grégoire et lui.
GREG. - J’ai vu Cali à Callac. Yves
(Colin Quartet) faisait sa première
partie. Cali a repris « Je m’en vais »
© Photos : Claude Gassian.
ser le dialogue s’instaurer entre
les deux artistes. Est-cela la recette ou la définition même de ce que
vous appelez un « road-book » ?
Y. - Nous avons délibérément choisi
de rester en retrait. L’objectif était de
les faire causer, pas de nous mettre
en avant. Nous étions les témoins,
parfois acteurs au bistrot…
G. - « Road-book » au sens de road
movie. Une aventure sur la route,
retranscrite par écrit. L’idée, en effet,
était de laisser la part belle aux
rebondissements, surtout entre les
deux chanteurs. Il nous fallait simplement parfois les recadrer pour suivre
une ligne directrice qu’on s’était fixée.
Comment avez-vous fait
pour dénicher un éditeur ?
Y. - Greg avait eu des contacts pour
le distributeur avec lequel il bossait
déjà. Nous avons eu l’occasion donc
de les rencontrer eux et les éditions
Le Télégramme. Nous avons failli
signer avec ces dernières, qui ont
choisi de nous laisser tomber, prétextant un risque de n’en vendre que 20
à Brest... (même !)
G.- J’ai travaillé dans la vente de livres pendant un temps comme mon
père qui nous a conseillé cet éditeur
Le Bord de l’eau, immédiatement
séduit.
Après cette belle aventure, avezvous aujourd’hui un autre regard
sur les deux artistes ?
G. - Moins d’idéalisation certainement, plus de lucidité. Un regard tendre où plutôt attendri après les avoir
connus davantage, attendri aussi par
leurs contradictions, leurs côtés un
peu perdus, ultra sensibles.
Y. - Pas vraiment en fait.
Le livre marche bien et votre éditeur est, paraît-il, intéressé par un
autre « Road-book ». Avez-vous
déjà une idée sur les prochains
artistes ? Est-ce le début d’une
longue collection ?
Y. - On espère pouvoir bientôt prendre rendez-vous avec deux artistes
français. L’un d’entre eux a accepté,
c’est une moitié de route d’effectuée,
le reste sera on l’espère rapidement
fait en caravane. Et, si quelqu’un a le
portable de Springsteen, de Michael
Stipe ou de Neil Young, on est preneur !
G. - On lance en effet une collection
(Nota : on est d’ailleurs preneur d’idées et de projets). Le prochain pourrait être Raphaël/Aubert, le premier
est déjà intéressé. On a aussi évoqué
Bashung, Dutronc sans aucun
contact encore. On peut rêver... Et
bien sûr, on poursuit l’inaccessible :
Bruce et pourquoi pas Neil Young
ou Dylan... ? Telle sera ma quête,
mon Graal... Bruce en Graal, il rigolerait sans doute. G
> « CALI & MiOSSEC Rencontre au fil de l’autre ».
Grégoire Laville
Laville - Yves Colin.
Photographies Claude Gassion.
Editions Le Bord
Bord de l’Eau. 20 € .

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